Lavage automatique cliquez pour afficher en grand

date: samedi 28/05/1983 (7 ans) lieu: Gennevilliers

Avant de passer au supermarché Carrefour de Gennevilliers, ma mère va parfois laver la Renault 14 dans la station de nettoyage automatique à rouleaux. Après avoir acheté un jeton, il faut faire la queue et attendre que la place soit libre. Avec ma soeur, on négocie souvent pour rester dans la voiture pendant le nettoyage. Il faut dire que c'est un spectacle fascinant ! Les fenêtres bien fermées, on assiste au déchaînement des éléments. En somme, il s'agit de "montagnes russes" sans mouvement. Les tuyaux envoient de fortes quantités d'eau sur les vitres et le pare-brise. Puis ce sont les rouleaux qui se mettent à tourner d'un seul coup, envoyant taper contre le véhicule des milliers de gouttes d'eau qui créent une écume dans un fracas ahurissant. En tournant, les rouleaux occultent la lumière du jour et occupent une place énorme autour de nous. On se fait tout petit, tant on a l'impression d'être entré dans le corps d'une baleine. La seule chose qui nous protège de ce monstre bruyant est cette fine couche de verre Securit. C'est impressionnant de voir ces lamelles bleues qui tournent à toute vitesse. Les rouleaux glissent d'avant en arrière pour nettoyer entièrement l'auto, ce qui nous donne l'impression de faire des mouvements, alors que les roues sont bien calées dans des fentes sur le sol. Enfin, la machine commence à s'arrêter, et l'eau savonneuse disparaît au profit d'une pluie translucide qui glisse en grosses perles sur les vitres de la voiture. La rotation des cylindres s'arrête tout aussi soudainement qu'elle a démarré. La machine ne fait plus aucun bruit. Le jour revient tout doucement à mesure que l'eau s'écoule de la lunette arrière. Ma mère ouvre la porte côté conducteur et met en route les essuie-glaces pour mettre fin à ce spectacle son et lumières. (écrit le: 2016-02-06) catégorie: enfance année: 1983

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Concert au Bataclan d'Avishai Cohen cliquez pour afficher en grand

date: samedi 11/04/2009 (33 ans) lieu: Paris

Le dernier album d’Avishai Cohen, Aurora, était sorti. Philippe nous avait conseillé cet artiste jazz, un célèbre contrebassiste israélien. En écoutant ses titres « Elli » et « Remembering » du précédent album, nous étions vite devenus fans de ce musicien édité par le label Blue Note. Comme j’avais envie de le voir en « live », j’ai cherché les dates de ses concerts sur Paris. Il se trouve qu’il se produisait au Bataclan, un week-end de la fin de l’hiver, dans le cadre d'un Festival de jazz. Nous avions réservé une place assise près de la scène, le placement était libre. Je m’apprêtais à passer une bonne soirée, comme pour oublier les nombreuses déconvenues qui avaient émaillé ce début d’année. Sauf que non. Les musiciens arrivent sur scène mais le concert ne commence pas. D'un coup, le signal d’alarme nous explose les oreilles sans prévenir! C’est une alerte incendie, et la sirène ne s'arrête plus. Nous entendons un message qui nous demande de sortir de la salle. Tout est annulé ? Cela fait quelques dizaines de minutes que nous attendons les consignes. Doit-on sortir ? Doit-on rester ? C'est le chaos, mais nous préférons attendre à nos places. Les mains sur les oreilles, à cause du bruit strident, l’attente devient interminable. Puis, au bout de 45 minutes, nous entendons une annonce: “c'était une fausse alerte”. Le signal d'alarme s'arrête. Tout le monde se rassoit. Nous attendons encore une demi-heure pour que les techniciens remettent tout en place. Les musiciens reviennent, visiblement émus et, la main sur le coeur, nous remercient de ne pas être partis. Avishai Cohen lance un « You're the best audience i've ever had ». Nous applaudissons en retour. Le contrebassiste commence, mais une corde de son instrument se détache. Il faudra qu'une spectatrice lui prête une lime à ongles pour résoudre le problème. "Décidément". Un magnifique concert suivra ce qui aurait pu être une grosse déception. Je me souviens des improvisations talentueuses de ce grand gaillard au crâne rasé, jamais avare avec son public. Je me souviens aussi de son percussionniste (Itamar Doari) qui rythmait les morceaux à mains nues sur les cymbales et les djembés posés à côté de lui. Enfin, je me souviens de la voix lumineuse de Karen Malka, associée au piano délicat de Cohen. Lui aussi a chanté (il ne le faisait pas dans ses précédents albums), en anglais en espagnol et en hébreu. Évidemment, on peut se demander si l'origine israélienne du musicien a provoqué des réactions déplacées de certaines personnes. Je me suis dit, ce soir là, que cette alarme ne s'était pas déclenchée par hasard. Associer des individus à la politique d'un pays, voilà ce que font tous les extrémistes "Si vous n'êtes pas avec moi, vous êtes contre moi". Pour ma part, je préfère retenir l'élan créatif des personnes qui résistent à l'adversité, qu'ils soient juifs ou arabes. J'étais dans cet état d'esprit après cette soirée. L'attentat du 13 novembre 2015 dans cette même salle de concert nous a une nouvelle fois prouvé à quel point le spectacle vivant est fragile et à quel point on doit le défendre. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: concert année: 2009

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Trust Me cliquez pour afficher en grand

date: samedi 28/10/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

Le film « Trust Me » de Hal Hartley est diffusé dans un amphi de la fac un samedi soir. C'est l'association des élèves qui a organisé cette projection, à petit prix pour les étudiants fauchés comme nous. J'invite Elka à voir le film avec moi. Cette élève d'origine bulgare est un peu perdue à Strasbourg. Son accent et ses cheveux bruns et bouclés me plaisaient. Elle était dans le même cours de sciences économiques que moi l'année dernière. J'imagine que j'ai une chance de la séduire, mais je découvre qu'elle a un petit ami. Il s'agit donc de profiter de la soirée, sans arrières pensées. Quoi qu'il arrive, j'ai déjà vu cette comédie dramatique sortie en 1991, quelques années plus tôt. Il s'agit d'une rencontre entre deux personnages paumés. L'action se passe dans un New Jersey industriel, une banlieue typique du Nord-Est des États-Unis. Lui ne supporte pas les carcans et vit chez son père alors qu'il a déjà plus de 30 ans. Il est incapable de garder un boulot car il a du mal à supporter les compromis. Il lit beaucoup et a du mal à s'opposer à l'autorité que lui impose son père. Elle, beaucoup plus jeune, vient de découvrir qu'elle est enceinte et n'arrive pas à se persuader d'avorter. Elle se sent coupable d'avoir provoqué l'infarctus de son père et fugue dans l'espoir de trouver la force de se pardonner à elle-même. Sa mère l'oblige finalement à se comporter en adulte, mais elle manipule son entourage pour y parvenir. Dans ce rôle de jeune fille à la moue boudeuse, Adrienne Shelley est parfaite. Elle change physiquement entre le début et la fin du film, signe que le passage à l'âge adulte est en cours. C'était un choc d'apprendre que cette actrice est décédée en 2006, après avoir presque disparue des écrans. J'avais aimé cette ambiance un peu irréelle, le jeu des acteurs assez théâtral, et la relation des deux personnages est délicatement saisie par Hartley. Certaines scènes, un peu burlesques, semblent sorties d'un rêve. D'une certaine façon, cela représentait bien la frange indépendante du cinéma américain. L'économie de moyens n'enlevait rien à l'émotion transmise par les images. Hal Hartley a continué à sortir quelques films dans la même veine (Simple Men, Amateur,...). Dommage que les films suivants de ce réalisateur n'aient pas trouvé leur public. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: cinéma année: 1995

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Je suis myope cliquez pour afficher en grand

date: lundi 15/09/2008 (32 ans) lieu: Paris

En octobre 2007, j'avais besoin de nouvelles lunettes. Celles que je mettais depuis cinq ans étaient démodées. Elles me servaient uniquement au travail, pour corriger mon hypermétropie. Sur les conseils de Philippe, je suis allé voir une ophtalmologue près de la gare St Lazare. Ce médecin donnait des rendez-vous très rapidement, et je ne voulais pas attendre. Cette femme avait la soixantaine, mais elle en faisait moins car son visage était complètement refait. La chirurgie esthétique devait être pour elle une passion, mais il faut avouer que de près le résultat était assez monstrueux. Dans le cabinet où elle travaillait se trouvait également un orthoptiste. Comme par hasard, elle m'a fait une ordonnance pour des séances chez son collègue ! Je n'y suis bien sûr jamais allé. Une autre chose m'avait choqué, c'était la nécessité de payer en liquide. Comme je ne l'avais pas prévu, il a fallu que je descende retirer 60€ au distributeur à la fin de la consultation. Je lui avais parlé de mes yeux rouges, une sorte de conjonctivite. Elle m'a fait une ordonnance pour des gouttes de « Cromedil », un collyre antiallergique. Il fallait mettre les gouttes trois fois par jour dans chaque oeil, ce que j'ai fait consciencieusement dans les semaines qui ont suivi. Ce médicament avait eu comme conséquence de rendre ma vue « floue ». Je ne m'inquiétais pas outre mesure, cela devait être normal. Quand la luminosité a commencé à baisser en novembre 2007, je n'arrivais plus à voir clair. De loin, le contour des objets était trouble. Quand je regardais la lune, je ne voyais plus un cercle, mais une ellipse. Au cours d'une visite médicale, à mon travail, j'étais incapable de lire les petits caractères lors du test oculaire. Il n'y avait plus de doute possible, j'allais avoir besoin de nouvelles lunettes. Mais je n'arrivais pas à m'y faire. Pendant le début de l'automne 2008, j'étais dans le déni. J'avais la nostalgie de ma vue perçante, et j'imaginais que j'allais la récupérer comme par magie. Je plissais les yeux pour lire les horaires de départ des trains dans les gares, mais ça ne marchait pas. Moins il y avait de lumière, plus ma vue était brouillée. Incapable de lire les panneaux routiers quand je conduisais la voiture, et très malvoyant la nuit, il fallait bien que je me rende à l'évidence. Je suis allé voir l'ophtalmologue à côté de chez moi (à Houilles) pour qu'elle pose le diagnostic. Elle se rend bien compte que je ne vois pas bien de loin, mais je suis obligé de poser la question pour entendre le mot qui me fait peur: « Je suis myope ? ». Elle acquiesce, et je sais que ça ne va pas me plaire. Porter des lunettes toute la journée, c'est ce qui me chagrine. Ce n'est pas tant le changement d'apparence physique qui me gêne, que le fait de dépendre d'un artifice pour vivre normalement. Cette forme de handicap léger m'éloignait de mon idéal de vie simple et naturelle. J'avais arrêté le café pour cette raison. J'essayais de comprendre pourquoi j'avais perdu ma précision visuelle d'antan, je cherchais des coupables. J'ai fini par accepter cette perte comme un signe des années qui passent. Comment capter ce que mes yeux ne peuvent plus voir « à l’oeil nu » ? Et si je me remettais à la photographie ? Ce sont autant de questions qui me préoccupaient à cette époque. (écrit le: 2015-07-28) catégorie: santé année: 2008

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J'arrête le café cliquez pour afficher en grand

date: samedi 15/03/2008 (32 ans) lieu: Paris

J'adorais le café. Mon truc, c'était le café serré, type expresso. J'avais une cafetière de type italienne en acier inoxydable. Le rituel était immuable. Je commençais par verser de l'eau dans la partie basse, puis le café moulu (gardé au réfrigérateur) dans le récipient en métal équipé d'une grille, et enfin je vissais la partie haute destinée à recevoir le breuvage. Je mettais ensuite la cafetière à moka sur la plaque électrique et j'attendais que le précieux liquide remonte par la cheminée sous l'effet de la pression. Ça c'était le matin. Le midi, je buvais le café du bureau, très amer. Parfois, je buvais une tasse à quatre heure. Et parfois, j'arrivais à boire quatre ou cinq tasses par jour. Des effets secondaires difficiles à supporter m'ont incité à arrêter de boire du café. Le week-end, j'avais des sensations de manque si je n'avais pas ma "dose". Des problèmes gastriques se rajoutaient à cela, ainsi qu'une forme légère de tachycardie. C'est décidé, j'essaye de me désintoxiquer, mais je vais boire un peu de thé pour remplacer. le thé contient un peu de caféine, la théine. Pendant les deux premiers mois, j'avais besoin de ma tasse de café, je le ressentais physiquement. Je ne buvais plus de Coca-Cola/Pepsi, car ce genre de soda contient de la caféine. Chaque fois qu'une personne s'approchait de moi un café à la main, je me sentais mal à cause de l'odeur. Par la suite, j'ai eu une forme de dégoût pour le "mauvais" café, les cafetières qui restent branchées toute la journée, ou les gobelets des distributeurs automatiques dans lesquelles restait un peu de ce liquide brunâtre. Au bout de six mois, je n'y pensais même plus. Finalement, j'ai réussi sans problèmes à m'en passer complètement. Ce n'est pas l'addiction la plus difficile à arrêter. J'imagine la galère pour ceux qui sont alcooliques. (écrit le: 2015-07-05) catégorie: santé année: 2008

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L'Ours et l'amateur des jardins cliquez pour afficher en grand

date: jeudi 10/05/2001 (25 ans) lieu: Houilles

« Certain Ours montagnard, Ours à demi léché, Confiné par le sort en un bois solitaire, Nouveau Bellérophon vivait seul et caché : Il fût devenu fou ; la raison d'ordinaire N'habite pas longtemps chez les gens séquestrés :». Je me suis mis en tête d'apprendre par coeur une fable de la Fontaine que j'apprécie particulièrement. D'un certain point de vue, cette fable parle de moi, elle parle de nous. « Il est bon de parler, et meilleur de se taire, Mais tous deux sont mauvais alors qu'ils sont outrés. ». Allongé sur ma mezzanine, assis sur ma chaise de bureau, en ballade dans les rues de Houilles, chaque moment libre est l'occasion de répéter les vers ciselés du fabuliste. Il faut dire que l'histoire de cet homme, qui s'entiche d'un Ours pour tromper sa solitude, mérite bien l'adjectif de « tragi-comique ». « Non loin de là certain vieillard S'ennuyait aussi de sa part. Il aimait les jardins,(...) Les jardins parlent peu ; si ce n'est dans mon livre ; De façon que lassé de vivre avec des gens muets, notre homme un beau matin, va chercher compagnie, et se met en campagne. ». Tous les mots sont importants, et les fables les plus courtes sont les meilleures (c'est mon avis). Celle-ci fait deux pages, et n'est pas si facile à retenir. La Fontaine doit nous présenter les personnages et nous faire comprendre pourquoi deux individus si incompatibles se retrouvent « bons amis » ! Les deux anachorètes finissent en effet par se rencontrer et à trouver un « gentlemen's agreement ». L'ours et l'homme vivent ensemble. A la fin, arriva ce qui devait arriver: la maladresse du plantigrade finit par tuer l'amateur de jardin. Pour quelle raison ? Une simple mouche s'était posée sur le nez de l'homme qui dormait, et l'Ours écrase l'insecte avec un pavé...« Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ; Mieux vaudrait un sage ennemi.». Finalement, la morale de cette Fable n'a pas beaucoup d'importance. Pour La Fontaine, le chemin est souvent plus intéressant que le but du voyage. Dans « Le Fou qui vend la sagesse », la morale précède le texte, comme si l'auteur voulait s'en débarrasser le plus vite possible. Dans « Le Héron La Fille », deux Fables jumelles se succèdent, et la morale (carpe diem) se glisse entre les deux. Ici, la leçon que nous donne La Fontaine tient en deux parties: il faut de la mesure dans la parole et dans le silence - et - mieux vaut être seul que mal accompagné. Le moment le plus savoureux de l'histoire est le récit de la rencontre des deux solitaires, quand l'Ours dit « Viens-t'en me voir » et que l'homme lui propose des fruits et du lait! J'avais imprimé le texte sur une feuille A4, plié dans une poche de mon pantalon. Cela me permettait de rectifier les erreurs que je faisais en déclamant la fable à haute voix. J'essayais d'imiter la voix rauque de l'animal qui tentait de se faire un ami. Le simple fait d'imaginer la scène me fait encore sourire. Ajoutons une morale toute personnelle à cette histoire: à trop chercher un environnement calme, par misanthropie sans doute, je finissais par m'éloigner des amis qui me supportaient encore ! J'avais l'impression que si peu de gens arrivaient à le faire à l'époque... (écrit le: 2015-05-23) catégorie: livres année: 2001

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Berlin cliquez pour afficher en grand

date: lundi 18/08/2003 (27 ans) lieu: Berlin

Les vacances étaient posées depuis quelques mois et l'hôtel avait été réservé. Avec la Renault Clio rouge de Véronique, nous partons pour l'Allemagne. Après 8 heures de route, nous passons une nuit à l'Etap Hotel de Dortmund. Le réceptionniste était aimable comme une porte de prison. Nous avons diné dans un restaurant grec où les portions étaient trop généreuses, impossible de finir nos assiettes. Le lendemain, encore 5 heures et demi de route, puis nous arrivons enfin à Berlin, le but de notre voyage. Nous avions réservé quatre nuits à l'hôtel Christophorus, tenu par des religieuses. Il se situe à Spandau, un quartier au nord-ouest de Berlin. Cet endroit avait été choisi pour le calme de la forêt qui environne la résidence. C'est Véronique qui avait fait la réservation. Comme elle parle très bien allemand, nous n'avons eu aucun mal à nous faire comprendre. Évidemment, il s'agissait d'un lieu plutôt destiné aux personnes âgées, mais le personnel était aux petits soins, et le petit-déjeuner délicieux. Pour aller au centre-ville, nous devions rejoindre la gare à environ 5 km en voiture, puis avions une vingtaine de minutes de train dans une sorte de RER jusqu'à Potsdamer Platz. Dans mon sac à dos, j'avais mon appareil photo reflex argentique avec 2 bobines de 24 poses. Il faisait bon, nous n'avions pas trop chaud. Après nous être installés, nous sommes partis diner au Tiergarten Quelle. Nous avons vu le centre-ville et l'église du souvenir, ainsi que le Kurfurstendamm. Le lendemain, après avoir mangé dans un bar à soupes, nous sommes passés devant le Reichstag, la porte de Brandebourg et avons visité le musée historique. Nous sommes ensuite partis dans le quartier typique d'Oranienburg, via le Neues Museum, et la tête de Nefertiti. Nous sommes allé voir le musée de Checkpoint Charlie (témoin de l'époque sombre pendant laquelle le "Mur" se dressait encore). Puis nous avons vu Gendarmenmarkt dans la partie Est de la ville. Ce soir là, nous avons mangé dans un restaurant chinois près de la gare de Spandau. Le troisième jour, nous sommes partis à Potsdam. Le parc et les monuments de cette ville nous ont vraiment surpris. Pour décrire cet endroit, je dirais que cela m'a fait penser à un château de Versailles qui aurait été coincé dans un pays de l'Est pendant 50 ans. Les bâtiments de l'époque de Frédéric II sont tout de même bien conservés. Le château Sanssouci, entouré de vignes en escalier, est absolument magnifique. Le jeudi, nous avons vu une partie du mur de Berlin qui a été conservée car des peintures très célèbres le recouvre. C'est une véritable galerie d'art à ciel ouvert, dont les oeuvres ont été rénovées. Puis nous avons vus Charlottenburg, la colonne des Victoires, le parc Tiergarten et le mémorial Rosa Luxemburg. Il est difficile de quitter une ville aussi agréable. Ce n'est pas tant l'accueil des habitants (on réserve souvent ce traitement aux touristes du Monde entier) qu'un ensemble de petits détails qui font la différence. L'aménagement de la ville, l'équilibre entre les zones vertes et les habitations, la place laissée aux activités humaines... mais aussi la vie culturelle foisonnante, c'est tout cela qui est charmant dans cette cité que l'histoire a déchirée plusieurs fois. Le vendredi, nous sommes partis de Berlin vers Altena pour aller voir Andrea, la correspondante allemande que Véronique a rencontrée au lycée. Sur la route du retour, je me suis dit que si je devais vivre ailleurs (pour paraphraser J.F.K.), je choisirais sans doute d'être un berlinois. Si le front national passe aux élections présidentielles, je sais où me réfugier. (écrit le: 2014-12-26) catégorie: voyages année: 2003

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Nuit blanche sur Sim City 4 cliquez pour afficher en grand

date: lundi 25/08/2003 (27 ans) lieu: Houilles

Les jeux de stratégie/gestion sur PC permettent de créer un monde en exploitant les ressources mises à notre disposition. Sim City est le jeu le plus représentatif de cette catégorie, et sans doute l'un des plus connus. On y joue le rôle d'un Maire qui construit une ville en définissant trois types de zones (résidences, commerces et industries), et en cherchant à augmenter le nombre d'habitants: les Sims. J'y jouais le soir, après le travail. A mesure que je commençais à me passionner pour ce jeu, mes heures de sommeil disparaissent dans une zone "grise" dans laquelle j'oubliais tout le reste. D'autant qu'en ce mois d'août, la chaleur caniculaire m'obligeait à vivre la nuit. En tant que touriste, j'avais aimé Londres, Barcelone, et je revenais de Berlin. Après avoir visité des villes aussi belles, on a envie de les recréer dans ce jeu. C'est ce que je faisais, passant des heures à créer ma ville parfaite. On commence par créer la région dans l'éditeur de paysage. Puis on prend les rennes de la Mairie, la partie la plus intéressante mais aussi la plus difficile, car il faut garder le budget à l'équilibre. On peut organiser des échanges commerciaux avec les villes des alentours. On dispose des immeubles de service public (Hôpital, Pompier, Police,...), mais aussi des routes, des parcs... Il faut aussi penser au réseau électrique, aux tuyaux d'eau. La carte est de forme carrée. Chaque "objet" du jeu a une influence à 360° autour de lui, mais les bâtiments et les routes sont à angle droit. Tout le problème consiste donc à faire entrer des petits carrés dans des cercles d'influence plus ou moins larges. C'est la quadrature du cercle! Pour corser la difficulté, le jeu oblige constamment à faire des emprunts et à micro-manager les dépenses de chaque administration en fonction du nombre d'habitants. Arrivé à un certain niveau d'endettement, il devient extrêmement difficile de faire quoi que ce soit, on doit même rogner sur les frais d'entretien des routes pour continuer à jouer. Les Sims nous font payer cette mauvaise gestion en quittant la ville, et on efface la partie pour recommencer. Heureusement, on ne devient pas Maire de cette cité virtuelle grâce à une élection démocratique! De la même façon, il est impossible d'avancer dans le jeu dès qu'on essaye de prendre des décisions bien "françaises" (mettre des centrales nucléaires, augmenter les impôts, limiter le développement urbain, protéger l'environnement, installer des lignes de transports en commun,..). Si vous faites ça, le nombre de chômeurs explose et vous devez tout recommencer. Qui a dit que les jeux vidéos n'étaient pas politisés! Pour attirer rapidement de nouveaux habitants, le mieux est d'appliquer des préceptes que Ronald Reagan approuverait sans doute: favoriser le véhicule individuel, les industries polluantes et les centrales à charbon, baisser les taxes et prendre un arrêté pour autoriser les jeux d'argent. Hé oui, les concepteurs du jeu sont américains... Je suis même surpris qu'on ne puisse pas gérer le niveau de corruption des flics pour tirer parti du trafic de drogue ! Point de salut en dehors de la méthode "Made in USA". On pouvait quand même développer des industries de pointe "non polluantes" après avoir traversé une longue phase laborieuse. Mais j'étais impatient, et je n'étais jamais satisfait du résultat en suivant ces règles sur de courtes périodes de temps. J'avais trouvé un moyen efficace de fabriquer ma cité idéale: je trichais. En tapant le code "WEAKNESSPAYS" à l'écran, "la faiblesse paye" en français, je remplissais mon compte en banque. J'achetais de nouvelles routes, je fabriquais une ferme à la campagne. Je construisais cette villa au bord de l'eau dans cette ville utopique qui me faisait rêver, comme quand je jouais, enfant, avec mes maquettes de trains miniatures. Avec des ressources illimitées, cette ligne de train ne m'avait rien coûté, mais personne ne l'utilisait car les habitants devaient...marcher pour aller de chez eux jusqu'à la gare. Sur ce point, le jeu est assez fidèle à la réalité. Si l'arrêt de bus est à plus de 10 mètres de chez eux, les "Sims" ne l'utilisent pas. Vous avez dit "fainéants"? Notez que si vous mettez des arrêts de bus partout, ça ne résout pas le problème, à cause des embouteillages qui bloquent la circulation. Rendons hommage à Will Wright, le concepteur du premier Sim City, qui a réussi à intégrer les conséquences des pires défauts humains dans son jeu. Côté graphismes, l'interface est colorée et les animations sont superbes. Il suffit de regarder ces immeubles sortir de terre, c'est fascinant. La musique est assez légère, tantôt jazzy, tantôt planante. Elle vous invite à rester des heures devant votre écran. Je me souviens avoir passé des nuits blanches à peaufiner des cités qui finissaient détruites par un incendie en quelques minutes. Que reste-t-il de ces séances interminables ? Des cendres... mais pas que ça. Ce qu'on apprend avec ce jeu vidéo reste en nous de manière indélébile. Nos actes ont des conséquences, parfois à court terme, parfois à long terme. Dans ce jeu d'échecs (au sens propre et au figuré) à visage "urbain", il faut réfléchir avant de prendre chaque décision. Heureusement, il est possible d'arrêter le cours du temps dans Sim City. On a pas cette chance dans la vraie vie. (écrit le: 2014-12-08) catégorie: jeux vidéo année: 2003 son

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Jim Power cliquez pour afficher en grand

date: samedi 25/04/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'ai récupéré une nouvelle démo de jeu vidéo pour mon ordinateur Amiga. Ça s'appelle "Jim Power". Le personnage ? Une sorte de body-bulder au visage enfantin, avec une casquette et des lunettes de soleil. Il saute d'une plate-forme à l'autre en tirant sur des ennemis extra-terrestres. En même temps que je joue, j'écoute l'album de Nirvana en boucle sur mon lecteur de CD. Ça recouvre la musique du jeu composée par Chris Huelbeck, un nom qui est pourtant signe de qualité. Les couleurs du jeu (orange, vert et marron principalement) font mal aux yeux, et les graphismes sont infâmes, mais je joue quand même. Je me lassais très vite des anciens jeux, il me fallait de la nouveauté même si cela m'obligeait à gratter les fonds de tiroir. Le personnage était vraiment difficile à maîtriser, je recommençais donc régulièrement cette démo. J'essayais de finir sans me faire toucher par les abeilles géantes ou tomber sur des pics acérés, ce qui tuait le personnage dans une animation indigente. La raison pour laquelle j'étais quand même assis devant mon écran à jouer à cette poubelle vidéo-ludique ? C'est simple. Tout était bon pour ne pas faire mes devoirs... J'avais besoin d'un exutoire, et cet ordinateur me le fournissait à peu de frais. Ça calmait mon stress, mes crampes d'estomac disparaissaient. (écrit le: 2014-11-23) catégorie: jeux vidéo année: 1992 son

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Notre-Dame de Bury cliquez pour afficher en grand

date: lundi 11/06/1990 (14 ans) lieu: Margency

Pour la rentrée de septembre, ma mère m'inscrit dans un lycée privé à Margency. Elle avait constaté l'effet bénéfique des méthodes éducatives de cette école sur ma grande soeur. Elle espère qu'il en sera de même pour moi, même si elle ne m'a pas demandé mon avis. Cet établissement assure principalement l'enseignement secondaire pour les enfants des villes avoisinantes. Le catéchisme y est assuré par des pères maristes. Ils s'occupent de l'éducation religieuse facultative. C'est la première fois que je ne serai pas scolarisé dans une institution publique. Le proviseur souhaite me rencontrer, ma mère va donc m'accompagner là-bas. Cet établissement privé sous contrat s'appelle "Notre-Dame de Bury". J'aurais du me méfier, ou disons me préparer. En anglais "to bury" signifie "enterrer", c'est la sensation que me fait cet endroit en y entrant. Le domaine, qui appartient aux pères, est assez grand. Il y a un château du XIXème et un grand parc à entretenir. Dans des constructions d'un ou deux étages se trouvent les classes. Nous arrivons dans le bâtiment moderne mais déjà bien fatigué où se trouvent les lycéens. Le proviseur a un bureau au rez-de-chaussée, il nous invite à entrer. Il me pose des questions, sur ce que je souhaite faire dans la vie. On dirait un entretien d'embauche, sauf que je ne m'étais pas du tout préparé à ça. "Qu'est-ce que tu regardes à la TV?". Je me voyais mal lui répondre que je passais mon temps devant le "Club Dorothée". Épuisant dans ma tête la liste des programmes tous plus inavouables les uns que les autres, j'ai fini par répondre "La Météo" en bafouillant. Ça l'a bien fait rire. Je me souviens aussi de ses airs supérieurs. J'avais les larmes aux yeux, de celles qui montent quand on se sent impuissant. Il devait avoir l'impression de nous rendre à ma mère et à moi un immense service en m'acceptant dans "son" école. J'avais surtout le sentiment de lui inspirer de la pitié, au regard de mes bulletins de note et des revenus pourtant honorables de ma mère. Il faut dire que l'admission se fait sur la base de critères scolaires et financiers, le tarif évoluant en fonction du quotient familial. Je mettais les pieds dans un univers totalement étranger à mon mode de pensée. Beaucoup d'élèves de Bury étaient plus doués que moi, ce qui n'était pas difficile, et les revenus de leurs parents dépassaient largement la moyenne nationale. Encore peu enclin à soutenir une confrontation, je faisais aussi l'entrée dans un monde compétitif qui ne me plaisait pas. J'étais prêt à me faire gober comme un huître. Je n'ai compris cela qu'après les vacances scolaires... (écrit le: 2014-11-23) catégorie: scolarité année: 1990

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