La Petite Histoire

Toute l'histoire dans l'ordre chronologique

Naissance
date: samedi 29/11/1975 lieu: Paris

Je suis né dans le XIVème arrondissement, à la Maternité Notre-Dame de Bon-Secours à 9 heures 55 du matin. J'étais tout bleu paraît-il, né après terme, deux ans jour pour jour après ma grande soeur. Poids: 3,320 Kg, Taille: 50 cm. Cheveux: brun foncé et fin duvet partout. Yeux: bleu-gris foncés. Pieds et mains allongés, ongles fins et longs. Le journal précisait: " LES ENFANTS NÉS SAMEDI 29 NOVEMBRE seront aimables et équilibrés. Ils chercheront toujours à tirer du monde ses meilleures possibilités sur le plan le plus élevé. Noblesse de coeur, grandeur, générosité et humanité. Un peu dispersés ceux de l'après-midi, un peu lunatiques ceux du soir. Tous charmants". Le 7 décembre, on rentre à la maison. (écrit le: 2011-07-29) catégorie: enfance

Voyage au Canada
date: samedi 15/07/1978 (2 ans) lieu: Calgary

Mon père a une présentation à faire au Canada. Nous y allons tous les quatre. Je n'ai aucun souvenir de ce voyage. Avec un camping-car de location, nous parcourons les villes des alentours de Calgary, comme Banff par exemple. En passant sous un pont, ma mère a coincé le haut du camping-car. C'était un jour où mon père n'était pas là. Évidemment, il n'était pas facile de lire les hauteurs sur les panneaux. Ils indiquent des mesures en pieds et en pouces, il n'y a pas de système métrique en Amérique. Un policier est venu l'aider. Il a fallu dégonfler les pneus et faire une marche arrière. Une autre fois, nous sommes partis dans la forêt. Les gardes forestiers nous ont donné des conseils en cas de rencontre avec un ours: s'il s'agit d'un grizzly, éviter de courir, s'il s'agit d'un ours brun, monter aux arbres. Il est déconseillé de faire le mort, sauf si l'ours essaye juste de défendre son territoire. De toutes façons, il vaut mieux éviter de rencontrer cet animal ! D'autant qu'on ne se souvient plus des consignes lorsqu'on est devant lui. Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas vu d'animaux dangereux. C'est à peu près tout ce qu'en ont retenu mes parents et ma grande soeur. Pour ma part, j'ai le souvenir d'un livre pour enfant où un ours décrivait la région que nous avons visité, et les animaux, comme les castors ou les cerfs qu'on y rencontrait. J'ai gardé longtemps ce livre dans mes affaires avec quelques jouets. (écrit le: 2012-08-19) catégorie: voyages

Premier souvenir
date: mercredi 13/09/1978 (2 ans) lieu: Colombes

Je me souviens avoir joué avec un puzzle en bois dont chaque pièce était un animal. Il s'agissait d'une simple planche sur laquelle était fixée un cadre avec les emplacements pour les animaux. Chaque pièce du puzzle était découpée artisanalement, et se tenait grâce à un petit cylindre en bois peint en rouge. Il devait y avoir un chien, un chat et d'autres animaux que j'ai oublié. C'est mon premier souvenir. (écrit le: 2011-06-30) catégorie: enfance

Leçons d'éducation, voler c'est mal
date: lundi 10/03/1980 (4 ans) lieu: Gennevilliers

Quand on ne connait pas la différence entre le bien et le mal, il est difficile de comprendre une punition. Nous étions au supermarché Carrefour de Gennevilliers, j'étais tout petit. Arrivé à la caisse, il y avait des articles en libre-service. J'aimais bien cette boîte bleue, je l'attrape et personne ne me vois faire. Arrivé à la maison, il faut bien que je montre ce que j'ai dans la main à ma mère. Elle découvre une petite boîte de lames de rasoirs, et me gronde comme jamais je ne m'étais fait gronder avant. Il ne faut pas voler, c'est mal. Leçon retenue. (écrit le: 2011-07-11) catégorie: imprudences

Peluche Crédit Lyonnais
date: vendredi 04/04/1980 (4 ans) lieu: Colombes

Comme mes parents avaient un compte au Crédit Lyonnais, je me souviens qu'ils ont reçu en cadeau un sorte de peluche. C'était une sorte de lion en plastique dont la tête était recouverte de fourrure, et le corps d'une espèce de fibre coupée très courte. Nous avons joué avec, et à un moment nous avons versé du parfum dessus. Le résultat est que le plastique a commencé à sentir très mauvais, genre fromage pourri. Il a fallu jeter le jouet à la poubelle. (écrit le: 2011-07-01) catégorie: enfance

Le stand bonbons au marché
date: Dimanche 19/04/1981 (5 ans) lieu: Colombes

Le marché couvert à Colombes... Nous y allions presque par tradition. Il fallait prendre un petit caddie pour ramener les achats. L'accès se fait encore aujourd'hui par plusieurs entrées dont celle de la Place de la République. Le passage chez le charcutier se terminait toujours par une tranche de saucisson à l'ail que le marchand offrait aux enfants. Il y avait un vendeur de bonbons, aujourd'hui à la retraite, qui étalait en libre-service des nougats, coquelicots, violettes et autres réglisses. Nous prenions toujours au moins un sachet de sucreries avant de rentrer à la maison. Le bonbon dont je me souviens le mieux était une sorte de nougat recouvert par une feuille décorée en pain azyme (comme une hostie très fine) représentant une carte à jouer. (écrit le: 2011-07-12) catégorie: enfance

Arc-en-ciel dans le jardin
date: samedi 15/08/1981 (5 ans) lieu: Colombes

Il fait chaud et nous arrosons la pelouse. Il y a un arroseur oscillant de marque "Wolf", branché à un tuyau jaune, placé au milieu du carré de verdure devant la maison. Il envoie des jets d'eau en les dirigeant successivement à gauche et à droite. L'herbe est humide, et nous courons pied nus sur le gazon. Nous nous amusons à passer en dessous des jets que l'arroseur automatique envoie. Nous essayons de ne pas trop nous faire tremper. Si on cours assez vite, on a l'impression de de se tenir sous une voûte (un "tube" diraient les surfeurs). Quand il y a une éclaircie, un arc-en-ciel se forme autour du jet d'eau. Si on se tient au bon endroit, on peut voir un arc de cercle complet. (écrit le: 2012-12-23) catégorie: enfance

Bogue
date: vendredi 25/09/1981 (5 ans) lieu: Colombes

Il y a des petites bogues au pied du marronnier qui pousse à côté du portail du 62 rue Hoche. Les fruits de cet arbre ne sont pas vraiment encore mûrs, et n'ont pas encore atteint leur taille adulte, comme mon cerveau semble-t-il. J'en ramasse une, et joue avec une de ces petites boules un peu piquantes, et trouve cela amusant. Puis je la fais rouler sur mon visage, et la fait rentrer dans mon nez, jusqu'à me l'enfoncer au fond d'une narine. Je n'arrive plus à l'enlever. Les petits picots ont coincé ce corps étranger dans mon conduit nasal, ça m'empêche de respirer. Je pleure et ma mère est obligée de m'amener chez l'oto-rhino. Le médecin va réussir à extraire cette petite boule à l'aide d'une pince métallique. Cet objet sphérique improbable était couvert de morve et de sang. (écrit le: 2012-12-23) catégorie: imprudences

Game&Watch
date: Dimanche 04/10/1981 (5 ans) lieu: Colombes

Les premiers jeux électroniques. De temps en temps, mon père rentrait de voyage avec un nouveau jeu. Nous avions une sorte de Pacman, avec des lumières led rouges pour représenter les personnages. Nous avions quelques jeux de Nintendo: Parachute et Snoopy. Ce sont les célèbres "Game & Watch". De petite taille, ces consoles de la taille d'une carte à jouer affichaient l'heure, et avaient des boutons pour contrôler un personnage à l'écran. On peut dire que ces jeux étaient très difficiles. En même temps il n'y avait qu'un niveau, avec plusieurs modes de jeu et une difficulté croissante. Si c'était trop facile, on aurait eu aucun intérêt à l'acheter. Le but était d'attraper des parachutistes avant qu'ils tombent dans l'eau, ou de renvoyer des balles de tennis envoyées par Charlie Brown. Dans d'autres jeux, on devait sauver des personnages qui essayaient d'échapper à un immeuble en feu. Les réflexes étaient vraiment sollicités. Au bout d'un moment, on devenait expert, mais les muscles des mains étaient tellement tétanisés qu'on finissait toujours par perdre. (écrit le: 2012-01-27) catégorie: jeux vidéo

Déménager
date: vendredi 20/08/1982 (6 ans) lieu: Colombes

Ma mère a trouvé un appartement au dernier étage d'un immeuble avec ascenseur, à côté de la gare de Colombes. Après le divorce, il fallait bien qu'elle trouve un endroit où se loger. C'est un trois pièces, avec un balcon qui donne sur les lignes de chemin de fer, la gare étant située en hauteur. Nous avons une chambre avec ma soeur, et des lits superposés. J'étais en bas, et Sylvaine en haut. Dans les toilettes, ma mère a installé un buffet, et dessus, il y avait un puzzle qui était vraiment difficile à résoudre. Dans le salon, il y avait une table. Elle était souvent recouverte par les copies à corriger de ma mère, qui travaillait au collège d'Argenteuil. Dans la petite cuisine, on pouvait manger à quatre sur la petite table. Au début, j'étais gêné par les passages des trains, relativement bruyants. Mais rapidement, je m'y suis habitué. Les sons dégagés par les wagons sur les rails me berçaient, et m'aidaient même à m'endormir. (écrit le: 2012-11-18) catégorie: déménagement

L'étrange créature du lac noir
date: mardi 19/10/1982 (6 ans) lieu: Colombes

Dans l'émission « La dernière séance », passent des westerns, des films américains, des classiques... Ce soir là, Eddy Mitchell propose une innovation, que dis-je, une révolution ! Un film en relief, « l'étrange créature du lac noir ». Ce vieux film d'horreur en noir et blanc date de 1954. Mais pour apprécier le spectacle, il faut avoir un téléviseur couleur, et une paire de lunette spéciale. Ces lunettes étaient équipées d'un film transparent bleu sur un oeil et d'un filtre transparent rouge sur l'autre. Elles étaient vendues chez le marchand de journaux pour 2 francs (en collaboration avec Télé 7 jours). Sur le pont entre les deux films colorés se trouvait dessinée la fameuse créature. Bien sûr, il fallait trois paires : une pour ma mère, une pour ma soeur et une pour moi. En génie du marketing, c'est Gérard Jourd'hui qui posait à côté d'Eddy Mitchell sur la couverture du journal. Par contre, le frisson n'était pas vraiment là. La seule peur que nous ayons ressenti est sans doute celle de perdre nos yeux, tant le procédé était mal en point. Un ou deux autres films auront été diffusés avec le même système, mais nous ne les avons pas vu. Les fameuses lunettes n'auront donc servi qu'une fois, puis sont restées au fond d'un tiroir. (écrit le: 2018-08-04) catégorie: télévision

Les tables de multiplication
date: lundi 25/10/1982 (6 ans) lieu: Colombes

Depuis le début de l'année scolaire, je me découvre une allergie aux mathématiques. Je dois apprendre les tables de multiplication. Ce qui me terrifie le plus, ce sont les exercices de vitesse. Il s'agit d'écrire le résultat de la multiplication de deux chiffres annoncés par la maîtresse, sur notre ardoise, et le plus vite possible. Plus d'une fois, je suis obligé de copier sur mes voisins pour arriver à suivre le rythme. Pourtant, tout le monde a l'air de trouver ça facile. J'ai beau les réciter, demander de l'aide, je n'y arrive pas. On me donne quelques astuces: essayer de les chanter, utiliser des images pour les retenir,... Rien n'y fait, je ne me souviens que des tables les plus simples (de 1 à 5). « -Combien font 2 x 2 ? - 4 -Combien font 6 x 7 ? -48 ? ». Je tombe toujours dans le panneau à partir du chiffre 6. En plus, j'arrive parfois à retenir le résultat dans un sens, et pas dans l'autre (6 x 8 ou 8 x 6 étaient deux calculs complètement différents pour moi). Ma plus grande hantise: 7 x 8. Avec ces deux chiffres là, je n'ai aucun repère, contrairement aux chiffres plus petits, ou de la table de 9 qui semble obéir à une loi plus logique (9 x 6 = 60-6 = 54). Comme je semble hermétique aux maths, malgré les efforts de mes parents et de mon institutrice, je me dit qu'il faudra attendre d'avoir une calculatrice pour renouer avec cette matière dangereuse, dans laquelle il semble obligatoire d'exceller. J'étais fasciné par cette petite machine marron, que ma mère utilisait pour faire ses comptes, et qui semblait beaucoup plus capable que moi d'arriver à retenir ces fichues tables. Parfois, je me suis dit que j'étais vraiment trop bête. Plus tard, j'ai pensé qu'on ne m'avait probablement pas appris ces tables avec la bonne méthode, ou que j'avais une mauvaise mémoire. (écrit le: 2012-10-08) catégorie: scolarité

Tron avec Catherine
date: mercredi 15/12/1982 (7 ans) lieu: Paris

J'ai toujours aimé la science-fiction. Le film "Tron" est sorti en 1982, et a innové dans beaucoup de domaines. Si "Avatar" a introduit la 3D au cinéma, "Tron" a été le premier long métrage incluant des images de synthèse, un peu "fil de fer" quand même. Catherine, la petite soeur de ma belle-mère nous a amené voir la film avec ma grande soeur. Après le film, nous avons retrouvé mon père et ma belle-mère dans un café. (écrit le: 2011-07-07) catégorie: cinéma

Gilles Vigneault
date: samedi 15/01/1983 (7 ans) lieu: Colombes

Nous allons à un concert à la MJC de Colombes. Mes copains de classe sont venus eux aussi. Jean et Guillaume, et leur mères étaient probablement là. C'est un chanteur québecois, Gilles Vigneault, qui se produit dans la salle de spectacle ce soir là. C'est peu dire que ce style de musique ne m'intéressait pas, il faut préciser que j'avais 7 ans. Quand les lumières se sont éteintes, nous avons réellement commencé à nous ennuyer. Je ne comprenais pas pourquoi il fallait battre nos mains l'une contre l'autre à la fin des chansons. Ca me faisait mal aux paumes et aux oreilles. Par contre, nos parents semblaient vraiment apprécier le spectacle. Nous en avons profité pour nous éclipser. Nous étions assez petits pour nous glisser sous les planches de bois de l'estrade sur laquelle nous étions assis. L'échafaudage des gradins ressemblait à une cage à singe. Cet espace s'est donc transformé rapidement en aire de jeu, pour nous qui étions de gamins. On s'est tellement amusé qu'on a fini par faire trop de bruit. Je me souviens que je me suis fait gronder. (écrit le: 2013-09-21) catégorie: enfance

Le Carrefour de Gennevilliers
date: samedi 05/02/1983 (7 ans) lieu: Gennevilliers

Nous allions faire nos courses dans le supermarché de Gennevilliers, peut-être pour les prix, le choix, et il faut dire que ma mère n'avait aucun risque de rencontrer mon père là-bas. Arrivés aux caisses, il fallait mettre les courses dans les sacs plastiques, puis dans le caddie, mais je n'y arrivais pas. L'odeur de ces sacs me coupait la respiration. J'ai également ce problème avec les fleurs de glycine violettes, avec les blanches ça va. Je retenais ma respiration pour ne pas suffoquer, mais ça ne m’angoissait pas tant que ça. Après tout, Superman avait la kryptonite...chaque super-héros a ses défauts. Les éléments qui entrent dans la composition de ces sacs ont du changer depuis, car je ne ressent plus cette gêne. Quoi qu'il en soit, quand nous sortions du magasin, nous arrivions sur une petite place où se trouvait un manège, et un marchand de glaces. On avait le choix, ma soeur et moi entre un tour de manège ou une glace. On devait tendre le ticket au monsieur avant que le manège ne démarre. On pouvait gagner un tour gratuit si on attrapait le pompon que le monsieur agitait au bout d'une corde. Après, nous nous dirigions vers le parking souterrain pour rentrer chez nous. (écrit le: 2011-11-12) catégorie: courses

Ulysse 31
date: vendredi 25/02/1983 (7 ans) lieu: Colombes

Je suis fan des aventures de ce héros dont le vaisseau spatial a la forme du logo de FR3 ! Très inspiré par Star Wars, l'histoire d'Ulysse n'a plus grand chose à voir avec l'Odyssée d'Homère. Les Dieux de l'Olympe s'acharnent sur le héros, condamné à errer sans fin dans l'espace au 31ème siècle. Le chemin de la Terre a été effacé de la mémoire de l'ordinateur central du vaisseau, Shyrka. Une malédiction a touché l'ensemble de l'équipage, à l'exception d'Ulysse, Télémaque son fils de 12 ans, et Thémis une jeune extra-terrestre qui détient des pouvoirs magiques. Des vaisseaux spatiaux en forme de trident attaquaient sans relâche nos trois héros. Il y avait aussi un petit robot malicieux de couleur rouge, Nono, qui se nourrissait de petits clous. Ulysse l'avait offert à son fils en cadeau. Les épisodes de cette série animée passent tous les soirs de la semaine par tranche de 5 minutes sur la troisième chaîne, et l'épisode est rediffusé en intégralité le week-end. Il m'est arrivé d'insister pour voir un épisode alors que nous étions invité chez des amis de peur de rater un passage important. Pendant les 26 épisodes de la série, Ulysse rencontre des personnages qui peuvent éventuellement l'aider à guérir ses compagnons ou à retrouver le chemin de la Terre. Hélas, il y a toujours un problème à résoudre, et les personnages reviennent à leur point de départ, leur seul espoir étant de continuer le voyage. J'étais fasciné par les vaisseaux spatiaux, j'en ai eu certains en cadeaux sous forme de jouets en métal et en plastique sous le sapin de Noël... L'un de ces jouets était composé de trois parties qui s'emboitaient pour former un vaisseau plus grand. J'ai également eu le vaisseau Odysseus, qui pouvait envoyer des missiles en plastique jaune. Ce qui m'effrayait, c'était la voix de Zeus. Jean Topart interprétait cette voix sombre et théâtrale, celle d'un être tout puissant qui jugeait Ulysse coupable de l'affront qu'il avait fait aux Dieux. Évidemment, je ne savais pas grand chose de la Grèce antique à l'époque. Aujourd'hui encore, la simple évocation d'Ulysse me fait penser à ce dessin animé de science-fiction! (écrit le: 2012-07-15) catégorie: télévision

Maquettiste
date: samedi 05/03/1983 (7 ans) lieu: Colombes

On m'a offert un train électrique. Je l'ai mis dans ma chambre. Il y a des petits bâtiments à assembler: gares, maisons, passage à niveau,... Je m'amuse à créer un monde en miniature. On va acheter les boîtes dans un petit magasin à côté de la Bastille. Les maquettes sont de marque Jouef. Il y a de toutes petites pièces à coller les unes aux autres. J'ai beaucoup de mal à ne pas laisser de grosses traces de doigt sur les surfaces plastifiées que la colle a fait fondre. A l'échelle des bâtiments, j'ai de petits personnages: chef de gare, voyageurs pressés, hommes d'affaires en costume...ils sont collés sur le sol. De grosses malles et des fûts sont disposés à l'entrée de la gare de marchandise dont les murs en brique et le toit en tôle ondulée ne tiennent pas ensemble. Ce dont je suis le plus fier, c'est d'une maison de plein pied, avec un grand toit et un salon entièrement décoré couleur caramel. Mon train corail s'arrête à la gare de Bellegarde. Si j’appuie trop fort sur le bouton, il déraille dans les virages, alors il faut remettre les bogies sur les rails une par une. (écrit le: 2012-08-19) catégorie: jouets

Vacances au Tréport
date: mardi 29/03/1983 (7 ans) lieu: Le Tréport

Nous allons en vacances sur les plages du Tréport. Ce n'est pas loin, c'est au bord de la mer, et c'est un endroit assez grandiose. En tout cas, c'est ce que se sont dit les premiers "congés payés", ces ouvriers qui partaient "à la mer" en 1936. Cinquante ans plus tard, les lieux sont moins remplis. On dirait que ce n'est pas la saison de toutes façons. Nous sommes à l'hôtel, face à la plage. On joue au Jokari sur le parking à côté des galets. C'est une sorte de petite balle en caoutchouc reliée par un élastique à un morceau de bois. Il faut l'envoyer chacun son tour, en frappant la balle le plus fort possible avec une raquette en bois. Mais j'ai aussi des jouets plus récents: un personnage de Batman d'environ 20 cm, avec un costume gris, et tous les accessoires: la cape bleu, le masque,... Dans notre hôtel, le fils de la famille des propriétaires veut jouer avec "mon" Batman. Je ne suis pas d'accord, mais ma mère va finir par me faire accepter de lui prêter. On ne s'est évidemment pas baignés, mais on a profité de la vue, et fait des balades en voiture et à pied. Les galets étaient trop ronds pour faire des ricochets. On s'amuse donc à envoyer les cailloux dans la mer, et à courir près du rivage en essayant de ne pas se faire rattraper par les vagues. (écrit le: 2012-08-19) catégorie: voyages

Tom Pouce
date: mercredi 20/04/1983 (7 ans) lieu: Colombes

Avec les copains de classe, on allait parfois dépenser notre argent de poche dans une boutique de farces et attrapes. Elle était à côté de la Mairie de Colombes, et vendait des pétards "Tom Pouce". Ces petits explosifs, inoffensifs, étaient vendus par paquets de vingt. On allait dans le terrain vague à côté de chez Jean, pour les faire exploser. Quand on avait un peu plus de courage, on les faisait exploser dans la rue, par exemple dans une bouteille de bière laissée à l'abandon. J'avais aussi un pistolet à pétards, à six coups. On mettait une sorte de disque à l'intérieur du pistolet, et quand on pressait la détente, ça faisait exploser une petite charge. Ça sentait la poudre, et ça faisait du bruit ! On pouvait mimer les scènes d'action au cinéma avec des jouets pareils. Par contre, les parents n'étaient pas enchantés que nous fassions exploser des pétards dans la rue ou les merdes de chien... (écrit le: 2012-11-03) catégorie: bêtises

Lavage automatique
date: samedi 28/05/1983 (7 ans) lieu: Gennevilliers

Avant de passer au supermarché Carrefour de Gennevilliers, ma mère va parfois laver la Renault 14 dans la station de nettoyage automatique à rouleaux. Après avoir acheté un jeton, il faut faire la queue et attendre que la place soit libre. Avec ma soeur, on négocie souvent pour rester dans la voiture pendant le nettoyage. Il faut dire que c'est un spectacle fascinant ! Les fenêtres bien fermées, on assiste au déchaînement des éléments. En somme, il s'agit de "montagnes russes" sans mouvement. Les tuyaux envoient de fortes quantités d'eau sur les vitres et le pare-brise. Puis ce sont les rouleaux qui se mettent à tourner d'un seul coup, envoyant taper contre le véhicule des milliers de gouttes d'eau qui créent une écume dans un fracas ahurissant. En tournant, les rouleaux occultent la lumière du jour et occupent une place énorme autour de nous. On se fait tout petit, tant on a l'impression d'être entré dans le corps d'une baleine. La seule chose qui nous protège de ce monstre bruyant est cette fine couche de verre Securit. C'est impressionnant de voir ces lamelles bleues qui tournent à toute vitesse. Les rouleaux glissent d'avant en arrière pour nettoyer entièrement l'auto, ce qui nous donne l'impression de faire des mouvements, alors que les roues sont bien calées dans des fentes sur le sol. Enfin, la machine commence à s'arrêter, et l'eau savonneuse disparaît au profit d'une pluie translucide qui glisse en grosses perles sur les vitres de la voiture. La rotation des cylindres s'arrête tout aussi soudainement qu'elle a démarré. La machine ne fait plus aucun bruit. Le jour revient tout doucement à mesure que l'eau s'écoule de la lunette arrière. Ma mère ouvre la porte côté conducteur et met en route les essuie-glaces pour mettre fin à ce spectacle son et lumières. (écrit le: 2016-02-06) catégorie: enfance

Yayatola
date: samedi 18/06/1983 (7 ans) lieu: Colombes

Nous allions parfois au Monoprix de Colombes en voiture. Pour se garer, il fallait trouver une place dans le parking souterrain du marché couvert, en centre-ville. Après avoir fait nos achats, ma mère poussait le caddie jusqu'à la voiture, en passant par l'ascenseur. Nous étions alors devant le gardien du parking. Cet homme, assez âgé, était probablement originaire d'Afrique du Nord. Ses sourcils très noirs et sa barbe grise nous avaient fait pensé à ce personnage que nous voyions souvent à la télé à ce moment là: l'Ayatollah Khomeiny. Pour le remercier de s'occuper des caddies, et de surveiller les voitures, ma mère nous donnait une pièce de 5 francs que nous devions remettre à cet homme. Parfois c'était à moi de le faire, d'autres fois c'était à ma grande soeur de lui apporter. Nous l'avions surnommé « yayatola », car on n'arrivait pas à prononcer autrement. Il est probable que cet homme, qui parlait à peine le français, n'avait aucune idée de la comparaison que nous faisions de lui avec le guide religieux extrémiste iranien. Toujours est-il qu'il avait dans les yeux une reconnaissance exagérée quand nous posions la pièce de monnaie dans sa main ridée. Malgré son sourire, on avait quand même un peu peur de lui. (écrit le: 2012-11-18) catégorie: enfance

L'Italie en Renault 14
date: vendredi 15/07/1983 (7 ans) lieu: Terracina

Nous partons en Italie en Renault 14 avec mon cousin Philippe qui a 17 ans, et qui a amené avec lui une K7 audio avec Thriller de Michael Jackson. La K7 tournera en boucle sur l'autoradio. Le soleil est tellement fort que nous brûlons dans la voiture. Dans le centre de vacances où nous arrivons, il y a la plage et un club pour garder les enfants. Je me souviens que nos goûters étaient composés de morceaux de pain fourrés avec une barre de chocolat noir. Les vendeurs de sucreries ont une glace au parfum très particulier au nom de "Panthère rose", très chimique mais agréable quand même. Nous en avons beaucoup mangé. Au lieu du petit parasol, il y a une petite panthère rose sur un petit bout de bois planté dans la glace. Pour faire une blague, Philippe empruntera la voiture le jour de notre départ pour faire croire à ma mère que sa voiture avait disparue. Ça a si bien marché qu'elle a failli appeler les flics ! (écrit le: 2011-09-06) catégorie: voyages

Tennis après l'école
date: mercredi 14/09/1983 (7 ans) lieu: Colombes

J'allais faire du tennis au gymnase Smirliant, à côté de l'école, dans la rue Hoche. Cette activité sportive avait lieu tous les Mercredi. Notre professeur était chauve, et nous faisait faire le B.A.B.A. du petit tennisman en herbe. Il fallait faire rebondir la balle à la verticale sur le tamis de la raquette. Ensuite, le niveau se corsait car il fallait utiliser chaque côté de la raquette alternativement. Enfin, pour valider notre apprentissage, il fallait faire rebondir cinq fois de suite la balle à l'intérieur du cercle d'un panier de basket. D'autres exercices consistaient à viser un carré dessiné sur un mur. Je me souviens de la méthode pour ramasser la balle sans se baisser, en coinçant la balle entre son pied et la raquette, puis en pliant la jambe pour la soulever suffisamment et la faire rebondir. J'étais assez habile et j'adorais ma raquette en bois qui était recouverte de peinture noire et orange. L'odeur des balles fraîchement sorties de leur tube sous pression était synonyme de bon moments passés sur le court. On gagnait une sorte de badge métallique en forme de raquette après avoir validé notre apprentissage. Quand est venu le temps d'apprendre à servir, à rattraper la balle au filet, à faire un passing-shot, un lob ou un coup « slicé » j'arrivais encore à suivre. Les conseils de l'instructeur nous permettaient de prendre les bonnes postures. Je manquais encore de précision dans mes tirs, mais je m'amusais. Puis est venu le moment, inévitable, du premier « match ». Là, je me suis rendu compte qu'il fallait mettre en oeuvre d'autres compétences que celles que j'avais apprises. Le prof devait penser que l'envie de gagner allait de soit. Il me manquait évidemment cet esprit compétitif, que j'aurais sans doute acquis avec un peu d'encouragements. Mais il me manquait surtout la capacité à supporter l'échec. Surpris par la hargne et l'énergie déployée par mes adversaires, je perdais tous mes moyens. Je ne gagnais jamais un seul point. Ajoutez à cela la colère que je ressentais à chaque match qui se terminait, l'amusement avait disparu. J'ai donc assez rapidement abandonné le tennis. (écrit le: 2016-02-06) catégorie: sport

Bicross
date: mardi 29/11/1983 (8 ans) lieu: Colombes

Pour mon anniversaire, ma mère m'offre un vélo. Mais pas n'importe lequel. Nous avions vu le film E.T., et depuis cet instant, je tannais ma mère pour avoir le même vélo qu'Elliott, le héros qui devient ami avec l'extra-terrestre (peut-être en pensant pouvoir m'envoler comme lui ?). En fait, j'avais besoin de temps en temps de m'échapper de l'appartement pour faire le tour du quartier. Parfois je me contentais de sauter sur les trottoirs du parking derrière l'immeuble du 14 avenue Menelotte. C'était un BMX Raleigh, une sorte de vélo de petite taille, très maniable, avec des jantes en plastique, des pneus de couleur bleue et un cadre chromé qui brillait comme un pare-choc de camion. Il y avait des protections en mousse sur le cadre et le guidon, pour amortir les chocs en cas de chute. A chaque fois que je sortais, je n'allais jamais exactement au même endroit, j'utilisais mon environnement et trouvais des passages secrets. Je me faisais mon histoire, échappant aux méchants ou faisant fuir mes ennemis en donnant un coup de frein au bon moment. Souvent, ce qui me faisait peur, c'était les chiens qui bondissaient sur les clôtures et aboyaient au dernier moment quand je m'approchais d'un peu trop près de chez eux. Le mieux était quand même de pouvoir se balader avec les copains dans les rues de Colombes. Je ne sais pas si les parents laisseraient leurs enfants sortir comme ça dans cette ville aujourd'hui. (écrit le: 2012-08-19) catégorie: enfance

Ne bouche pas ton nez
date: Dimanche 15/04/1984 (8 ans) lieu: Rueil-Malmaison

Chez Mémé, il y a une drôle d'odeur. Dans le salon, il y a un buffet énorme avec des dragons dessus. Dans un coin, il y a un petit bureau avec des buvards et des récipients pour les stylos à encre dont se servait mon grand-père. Son poste de télévision en noir et blanc doit dater d'un autre temps. On mange les groseilles qui poussent derrière la maison, et la rhubarbe du fond du jardin sert à faire des confitures. Avec ma soeur, on joue à 1,2,3 soleil contre le mur de la cave. On s'assoit à la table de la cuisine et on boit un lait au sirop (menthe ou cassis). On mange des bonbons "Batna". Dans les placards, elle garde plein de sacs en papier: "Ça peut toujours servir" nous dit-elle. Je ne sais pas pourquoi mais elle sourit rarement. On dirait qu'elle est toujours de mauvaise humeur. J'éternue, elle me dit: « ne te bouche pas le nez quand tu éternues, ça va faire des trous dans tes oreilles ». (écrit le: 2011-08-16) catégorie: enfance

Le magasin Provencia à Evian
date: samedi 14/07/1984 (8 ans) lieu: Evian

Rien n'a vraiment la même saveur quand on est en vacances. Les courses sont plus cool, l'air sent bon, et même les émissions de télévision nous semblent différentes. A Evian, où nous partions en vacances dans la résidence secondaire de nos grands-parents, il y avait un magasin Provencia, aujourd'hui devenu "Marché U", avec un petit parking devant. Il était situé au rez-de-chaussée d'un immeuble, et avait plusieurs rayons réservés aux produits locaux savoyards. Après avoir mis les provisions dans le coffre de la voiture, nous retournions à la maison, ou alors, nous faisions un détour dans la rue Nationale, en partie piétonne. Mon grand-père rapportait le Dauphiné libéré, et d'autres magazines. Ma grand-mère passait souvent par la Boulangerie-Pâtisserie et ramenait des éclairs et des religieuses. (écrit le: 2011-07-12) catégorie: voyages

Refaire les peintures
date: mercredi 25/07/1984 (8 ans) lieu: Colombes

Nous faisons de grands travaux dans la maison de Colombes. Pour une raison que je comprend maintenant, Christine tient à tout repeindre en blanc. Il y aura du crépis partout, je ne pourrais plus désormais m'appuyer sur un mur sans me piquer ou m'écorcher les mains. Nous participons un peu au bricolage, et nous jouons au frisbee dans le jardin. Il y a « Still loving you » à la radio, la musique de la pub pour "Fruité", où Michel Platini fait de la figuration. C'était avant la tragédie du Heysel bien sûr. Un soir où il faisait chaud, nous faisons une séance de spiritisme pour rire autour de la table de jardin sur laquelle nous posons le frisbee. Puis nous mettons tous nos mains sur le disque. Le fait que le frisbee était phosphorescent a bien aidé à nous mettre dans l'ambiance. (écrit le: 2011-08-10) catégorie: travaux

Rentrée du CM1
date: lundi 03/09/1984 (8 ans) lieu: Colombes

Dur de retourner à l'école après deux mois de vacances. Avec des copains, les choses sont plus faciles. Jean, Guillaume, Pacôme et Mickaël sont mes plus proches amis. Du point de vue scolaire, je bute sur les multiplications. Même en chantant la table des multiplications, je n'arrive pas à la retenir. J'ai malgré tout l'impression de faire partie des bons élèves de la classe. A la récréation, nous fabriquons des avions en papier. Le but du jeu est les de faire tenir le plus longtemps possible en l'air. Après avoir marché dessus par mégarde, un de mes avions en papier est très abimé. Malgré tout, je plie le papier dans le bon sens et le lance. Par le biais d'un courant d'air opportun, mon avion fait deux tours de la cour, et finit par se poser délicatement. Je suis heureux. (écrit le: 2011-08-02) catégorie: scolarité

Gymnastique le mercredi après-midi
date: mercredi 24/10/1984 (8 ans) lieu: Colombes

Tous les mercredi après-midi, comme l'école était fermée, j'allais à un cours de gymnastique. Ma mère m'avait inscrit à la MJC de Colombes, proche du centre-ville, et je devais y aller seul. Avant de partir, je regardais avec ma soeur les dessins animés sur l'une des trois chaînes de télévision (je crois que c'était Antenne 2). Au moment d'y aller, je me souviens que le programme changeait. Ils diffusaient des reportages de l'Onisep, à destination des chômeurs, c'était pour moi le signe que je devais partir. L'idée d'être en retard me glaçait le sang. Une fois arrivés, le professeur, jeune et assez cool, nous faisait faire des étirements. Nous étions une vingtaine d'enfants à enchaîner les équilibres, saltos, et autres roulades. Les tapis du gymnase puaient les pieds, et l'atmosphère était pleine de poussière. A la fin du cours, j'avais mal aux mains et dans toutes mes articulations. L'année scolaire terminée, nous donnions une representation de ce que nous avions appris à faire devant nos parents. (écrit le: 2011-07-22) catégorie: enfance

La gelée aux fruits rouges
date: samedi 19/01/1985 (9 ans) lieu: Colombes

Ma mère préparait souvent des desserts qui nous changeaient du traditionnel yaourt sucré. Nous avions droit à des salades de fruits et des gâteaux au chocolat. La cuisine était pleine d'ustensiles Tupperware. J'adorais racler le fond de la casserole dans laquelle on avait fait fondre le chocolat avec la spatule en plastique de cette marque. Il faut dire que nous donnions un coup de main à la cuisine uniquement pour pouvoir lécher les cuillères! Mon dessert préféré était la gelée anglaise, qu'elle accompagnait parfois d'une boule de glace, ou tout simplement d'un peu de lait. On ne trouvait les ingrédients nécessaires que dans certains magasins, dont Marks & Spencer. Cette 'jelly' était vendue dans un petit emballage plastique transparent. Il y avait le choix entre les parfums fraise, cerise et citron ou orange je ne sais plus. Cette sorte de petit pavé souple, d'environ un centimètre d'épaisseur, était prédécoupé pour faciliter le dosage. J'adorais presser le paquet mou et élastique avant de l'ouvrir. Il fallait en tremper le contenu dans une casserole remplie d'un peu d'eau bouillante. Après avoir attendu que le liquide refroidisse, on le versait dans un grand bol et on le mettait au réfrigérateur pendant une heure. Dans l'esprit des gens, cette gelée était l'archétype de la nourriture anglaise molle, flasque et sans goût. Je ne sais pas ce qui me plaisait dans ce dessert, mais je trouvais amusant de manger un aliment transparent et élastique, et je n'étais pas le seul. On pouvait s'amuser avec cette matière molle quand elle était dans notre assiette. C'était un peu comme un jouet qu'on mange finalement. (écrit le: 2013-03-20) catégorie: cuisine

La tête dans les bandages
date: mercredi 20/03/1985 (9 ans) lieu: Colombes

C'est la récréation. On s'amuse dans la cour, mais ce n'est pas un jeu pas dangereux, une farandole. Nous sommes une dixaine d'enfants à nous tenir la main et à courir entre les piliers du préau, et je suis au bout de la farandole. Le groupe frôle un des piliers carrés en béton, entraîné par l'élan, je tape le haut du crâne sur le coin du poteau. Je m'attends à avoir une bosse, ça m'arrive souvent de prendre des coups. Sauf, que là mon crâne est tout collant. Je regarde ma main, qui est pleine de sang. Les copains appellent la maîtresse, et je suis pris en charge tout de suite à l'infirmerie. On me met un bandage improvisé tout autour de la tête, et j'arrive à la cantine pour le déjeuner. Tout le monde me regarde, car j'ai l'air estropié. Finalement, ma mère vient me chercher pour m'amener à une clinique et poser les points de suture. (écrit le: 2011-07-20) catégorie: santé

Le yoyo Roll'in
date: jeudi 18/04/1985 (9 ans) lieu: Colombes

S'il y a bien un objet que tous les enfants avaient dans leur poche à ce moment là, c'est le yoyo. Il en existait différents modèles (Coca-cola, Sprite et Fanta). Le bord était blanc, et le disque central rouge, vert ou orange. Les plus chanceux avaient une version dont le bord était transparent ou rempli de paillettes. La différence avec les yoyos de nos parents, c'était la ficelle qui n'était pas fixée à l'axe central. Ça permettait de faire des figures, car le yoyo tournait encore, une fois arrivé au bout de la ficelle. Un petit fascicule était livré avec le jouet, pour nous montrer comment faire les dites figures. On voyait aussi des démonstrations à la télévision, chez "Dorothée". Il fallait fixer le bout de la ficelle sur un doigt, de préférence le majeur pour plus d'équilibre, puis démarrer le mouvement. Quand on n'accompagnait pas son déplacement vers le bas ou vers le haut, le yoyo redescendait, puis s'arrêtait assez vite. Tous mes copains avaient au moins un yoyo dans leur sac. Au bout de quelques heures d'entraînement, j'ai réussi à faire le "loop the loop". C'était un peu acrobatique. Il fallait envoyer le yoyo vers l'avant puis le ramener vers soi, le faire passer au dessus de sa main et le faire tourner. Je dois avouer que la plupart du temps, mon mouvement se terminait pas un entortillage de ficelle. Souvent, la rotation n'était pas correcte, et comme le mouvement n'était plus circulaire, le yoyo s'arrêtait tout seul. On passait alors plus de temps à rembobiner la ficelle qu'à jouer... (écrit le: 2012-08-19) catégorie: jouets

Caché...et puis non
date: mardi 14/05/1985 (9 ans) lieu: Colombes

Mes grands-parents allaient me chercher tous les jours à la sortie de l'école. On peut dire que marcher avec ma grand-mère n'était pas ce que je préférais faire quand je sortais de classe. J'ai dit à mes copains que je ne pouvais pas les suivre pour aller jouer après les cours. On était 6 ou 7. L'un d'eux à eu une idée: on sort groupé, je me cache au milieu d'eux et on tourne à droite au carrefour. L'idée était bonne, mais je me sentais un peu honteux d'avoir à faire ça. Arrivé à 2 m des grands-parents, je me décale du groupe car je suis persuadé que mon grand-père m'a vu. Les autres n'en sont pas sûrs, mais je leur dit "désolé, et merci d'avoir essayé". "Essayé quoi ?" me demande ma grand-mère, "Rien" je réponds. (écrit le: 2011-07-11) catégorie: lâcheté

Textile Art
date: Dimanche 07/07/1985 (9 ans) lieu: Paris

Le magazine que mon père dirigeait s’appelait "Textile Art". Il s'agissait d'un bi-mensuel qui traitait de l'art textile, comme son nom l'indique. Si la couverture était en couleurs, le noir et blanc dominait à l'intérieur des pages. Le sujet était assez pointu, mais il y avait de nombreux abonnés. Tout cela se passait au 3 rue Felix Faure dans le XVème arrondissement de Paris. Dans une sorte de boutique transformée en bureau, il y avait des tables et des chaises, des piles de livres, des oeuvres d'art... C'était un lieu de rencontres, avec une secrétaire, des rédacteurs,... Je me suis parfois retrouvé là-bas pour aider à timbrer les courriers ou mettre un coup de tampon derrière des enveloppes. Le plus impressionnant à mon avis, c'était les ordinateurs, qui permettaient de faire du traitement de texte. Les locaux étaient assez grands. Dans le sous-sol, des étagères étaient remplies de prospectus, journaux et d'objets en tout genre. Mon père était tellement passionné, qu'il pouvait travailler dans cette boutique toute la journée, la pipe à la bouche. (écrit le: 2012-11-03) catégorie: magazines

Venise en touristes
date: jeudi 15/08/1985 (9 ans) lieu: Venise

Venise avec ma mère et ma grande soeur. Le logement que ma mère a trouvé est en dehors de la ville, c'est moins cher. Nous sommes en pleine période de lutte contre les poux, et je me souviens avoir passé la nuit avec une poudre dans les cheveux: l'oreiller était recouvert de ces petits insectes lorsque je me suis réveillé. Le matin, nous allons en voiture jusqu'à un parking proche du centre-ville. Le prix des gondoles semble incroyablement élevé, nous prenons le Vaporetto, ce qui est quand même plus sympa que le métro ! Ma mère rentre dans une boutique de vente d'oeuvres d'art. Le vendeur parle français, et lui propose une lithographie qui représente les chevaux de St-Marc. Nous irons au pont des soupirs, et dans différentes églises dont j'ai oublié le nom. Le spectacle des pigeons qui s'envolent sur la place St Marc restera dans ma mémoire comme un excellent souvenir. (écrit le: 2011-09-18) catégorie: voyages

Le pont-neuf emballé
date: samedi 05/10/1985 (9 ans) lieu: Paris

Nous allons voir l'oeuvre de Christo, l'emballage du Pont-Neuf à Paris. Il faisait beau, je crois me souvenir qu'on a pris des photos. Il y avait une ambiance un peu surréaliste dans ce quartier, où les gens s'arrêtaient, se parlaient, c'est rare ! Ils reconnaissent que le moment qu'ils étaient en train de vivre était exceptionnel. Dans quelques jours, l'installation sera démontée. Nous voyons un attroupement, ce sont les deux artistes qui arrivent, un peu agacés par la foule qui se presse autour d'eux. Nous repartirons avec un morceau de la toile qui a servi à entourer le pont, une sorte de polyester brillant très fin de couleur beige. (écrit le: 2011-08-20) catégorie: évènements

Tout l'univers
date: vendredi 01/11/1985 (9 ans) lieu: Colombes

Ma mère a acheté une encyclopédie à un représentant qui a sonné à la porte de l'appartement. Cette collection, en plusieurs volumes, s'appelle 'Tout l'univers'. On y retrouve, les articles présents dans n'importe quel dictionnaire, avec beaucoup plus de détails. Les livres, reliés avec une couverture en cuir rouge épaisse, sont rangés en bas de la bibliothèque dans le salon de notre appartement. Parfois, je prend un des 17 tomes pour m'y plonger, et lire des articles sur les panneaux solaires, l'histoire de France, ou l'agriculture. Chaque volume au format A4 fait presque 4 centimètres d'épaisseur. Un des livres référence tous les articles par ordre alphabétique, pour pouvoir les retrouver dans l'ensemble de la collection. La raison pour laquelle ça prend autant de place tient au contenu, composé de dessins mais assez peu de texte. Au bout d'un moment, à force de compulser cette source de connaissance, j'ai fini par en faire le tour. Il faut dire que ces livres étaient destinés à des adolescents, et traitaient les sujets assez superficiellement. Je retournais quand même assez régulièrement sur une page consacrée à la reproduction humaine, les dessins étaient assez explicites, et représentaient un couple en train de faire l'amour ! J'imagine assez peu aujourd'hui des parents acheter ce genre d'encyclopédie à leurs enfants, alors qu'on peut tout savoir grâce à internet (enfin surtout Wikipedia !). (écrit le: 2012-10-08) catégorie: livres

Cohabiter
date: Dimanche 16/03/1986 (10 ans) lieu: Colombes

Les élections législatives de 1986 ont mis un peu de piment dans la vie politique. Je me souviens être allé à l'école avec mon père pour le voir mettre le bulletin dans l'urne. A l'annonce du résultat, je dois avouer que je n'ai pas vraiment compris ce qui se passait. Raphaël, un camarade de classe en CM2 se moque de moi quand je lui dit que mes parents ont voté Divers Gauche: "C'est le plus petit score!". Il est hilare, mais je ne sais pas quoi lui répondre. Il faut dire que ce copain de classe, fan de football, est un vrai compétiteur. Il veut toujours être le meilleur. Il était toujours en survêtement, ses cheveux bruns en frange sur son front, et la forme de son nez était bizarre. Je me souviens être allé avec lui à vélo au Stade de Colombes. Ça faisait une grande distance à parcourir tout seuls pour des enfants de notre âge. il y avait une rumeur sur une éventuelle distribution de ballons de football là-bas. Nous étions rentré bredouilles, et il en était malade. A chaque fois qu'il ratait quelque chose, ça le mettait dans une colère noire. Dans une certaine mesure, je suis mauvais perdant, mais j'étais battu à plates coutures par ce gars là. Quoi qu'il en soit, Chirac est devenu Premier Ministre. Nous avons eu un cours d'éducation civique, mais je n'ai pas bien compris ce qu'était la cohabitation. C'est un peu comme si des parents divorcés devaient à nouveau vivre ensemble ? J'avais du mal à l'imaginer à ce moment là étant donné les discours que j'entendais de la part de mon père et de ma mère. (écrit le: 2012-08-19) catégorie: politique

La cuisine est un jeu d'enfants
date: samedi 12/04/1986 (10 ans) lieu: Colombes

Christine fait la cuisine avec nous. On lit les recettes sur des livres de Michel Oliver: "La cuisine est un jeu d'enfants", et "La pâtisserie est un jeu d'enfants". Il y a des dessins aux crayons de couleurs. Ça ressemble beaucoup à une histoire à lire aux enfants avant qu'ils s'endorment. Il fallait cependant être suffisamment réveillé pour suivre les recettes! Les plats que nous préparions étaient assez simples, mais souvent assez réussis. Chaque étape est très bien illustrée. Certaines phrases sont manuscrites, souvent pour souligner une information importante à ne pas oublier. On peut dire que la pédagogie et l'esthétique se rencontrent de façon très harmonieuse dans cette série de livres. Je me souviens de la salade niçoise, du lapin à la moutarde et autres bananes fondues. Quand nous avons fait le poulet au sel, il a fallu casser la croûte de sel avec un marteau. Ça m’intéressait de préparer tout ces plats. J'avais dit sans savoir ce que ça impliquait, que je voulais être cuisinier quand je serai grand. Quand on y pense, beaucoup d'enfants ont du avoir la vocation à la lecture des livres de Michel Oliver. Cette idée m'a vite passé. (écrit le: 2012-09-18) catégorie: cuisine

Les ordinateurs Thomson
date: jeudi 15/05/1986 (10 ans) lieu: Colombes

Avec l'école, on va une fois par semaine apprendre à se servir d'un ordinateur. Nous allons en centre-ville de Colombes pour découvrir une machine fabriquée par Thomson: le TO7. Nous étions deux par poste de travail. Ces machines fonctionnaient avec un clavier, et un boîtier muni d'un lecteur de K7. On relie tout ça à un téléviseur. Je fais mes premiers pas en langage Basic. On lance des programmes, et au bout de 5 minutes le logiciel est en mémoire. Mes rares satisfactions venaient d'un programme pour dessiner. Je me souviens d'une de mes créations: il s'agissait d'une fusée. On utilisait des fonctions qui définissaient la position de début et de fin du rectangle, ainsi que la couleur de remplissage (par exemple: box[15,10, 20,25, blue]). Ma mère a fait l'achat d'un MO5 à la même époque. Ce modèle était légèrement différent du TO7, mais permettait de faire la même chose. Les touches du clavier étaient fabriquées dans un plastique souple, et elles restaient souvent coincées quand on appuyait trop fort dessus. En suivant péniblement les instructions trouvées dans un livre, nous avions réussi à créer un jeu, qui consistait à lâcher des bombes sur une ville depuis un petit avion qui descendait progressivement. Si les immeubles n'étaient pas détruits, l'avion se crashait dessus. (écrit le: 2012-09-18) catégorie: informatique

Grèce
date: vendredi 15/08/1986 (10 ans) lieu: Porto Heli

Avec Sylvaine et ma mère direction Ancône en Italie. En bateau jusqu'à Patra. Nous sommes dans un club de vacances Nouvelles Frontières à Porto Heli. Il y a une île proche (Hydra) sur laquelle nous serons déposés en bateau pendant une après-midi. Nous verrons ensuite Athènes, et tout ses trésors. Il sera ensuite temps de rentrer chez nous. Des paysages magnifiques mais déserts nous émerveillerons en chemin. Ma mère pensait qu'il n'était pas nécessaire de réserver le bateau vers l'Italie, et nous sommes un peu pressés. Il n'y a plus de places sur le bateau. Du coup, il va falloir passer par la Yougoslavie, et foncer en voiture. Le premier jour, nous nous arrêtons pour acheter des légumes sur le bord de la route. Nous allons ensuite faire un pique-nique dans l'actuelle Serbie, qui sera écourté car des gens s'approchaient de nous. Nous dormons au camping de Belgrade, brrr, l'ambiance est glaciale. Le lendemain matin, nous prenons rapidement notre petit déjeuner, puis sans nous arrêter nous roulons pour vite sortir de ce pays arrêté dans le temps, et terriblement anxiogène. (écrit le: 2011-09-07) catégorie: voyages

Rentrée à St Leu la Forêt
date: lundi 01/09/1986 (10 ans) lieu: St Leu la forêt

Ça y est, j'entre en 6ème. Je suis terrifié à l'idée d'aller au collège. Ce n'est pas tant le fait d'aller à l'école qui me gêne que d'arriver dans un groupe déjà constitué. Mes futurs camarades de classe étaient ensemble en CM2, moi j'arrive de nulle part. Le matin de la rentrée, je fais ma crise. Je me retient aux poignées des portes de l'appartement mais ma mère arrive quand même à me porter jusqu'à la sortie. Devant l'entrée du collège, on énonce les noms des élèves par classe. J'ai un pic de stress quand ils prononcent mon nom. (écrit le: 2011-08-05) catégorie: scolarité

Allemand première langue
date: mercredi 01/10/1986 (10 ans) lieu: St Leu la Forêt

Comme tous les enfants de parents enseignants, je fais allemand première langue au collège. D'abord parce que nous avons des heures de cours en plus, ma mère sait que je suis en classe plutôt que dans la cours de récréation! Ensuite, c'est bien connu, les classes d'élèves qui font allemand en première langue sont meilleures que les autres. Me voici donc dans un groupe manifestement plus intelligent que moi. Comme je suis de la fin de l'année, j'ai en plus de cela un petit retard de croissance sur les autres. Je suis déjà à l'écart, du fait de ma timidité. Premier cours de langue vivante N°1. Mme Cazenave, une femme d'origine allemande, nous lit la première leçon du livre illustré qui nous a été confié au début de l'année, "Komm mit nach Deutschland". Stefen et Uwe, deux collégiens allemands, se rencontrent dans la rue. Ils se saluent, et se demandent tout simplement s'ils ne vont pas aller jouer au football sur le terrain de jeu (?). Notre professeur d'allemand met en route la bande magnétique audio. Il s'agit d'une mince bobine accrochée à une sorte de lecteur relié à un haut-parleur de couleur noire. "-Hallo Stefen -Hallo Uwe -Wohin gehst du ? - Auf den Spielplatz -Willst du Fußball spielen ? -Ja natürlich -Moment, ich komme auch !". Puis une flûte joue un petit morceau. La raison pour laquelle je m'en souviens encore, c'est qu'il fallait apprendre le dialogue par coeur. Tous les cours vont être basés sur des discussions virtuelles entre de jeunes élèves allemands. On apprend à conjuguer les verbes et à maîtriser la grammaire complexe de la langue de Goethe. Enfin, maîtriser c'est un grand mot... Le but de ces exercices consiste à noter notre application à faire la différence entre le datif et le gérondif, et à connaître le genre des noms propres qui traversent les discussions de "Stefen" et "Uwe". Nos évaluations sont entièrement basées sur des devoirs écrits dans lesquels on doit restituer ce que l'on a péniblement retenu. Ce n'est pas glorieux, mais à la fin de l'année, je ne savais toujours pas tenir une simple discussion sur la pluie et le beau temps en langue allemande. A de rares exceptions près, ceux qui ont appris l'allemand à l'école ne s'en servent jamais dans leur vie professionnelle. D'abord parce que les allemands sont très bons en langues étrangères, et ensuite parce que l'anglais s'est imposé en Europe comme langue "par défaut". Ce qui ne veut pas dire que ceux qui ont appris l'anglais dans une école française sachent le parler. On peut se demander d'une manière générale pourquoi le système éducatif français met l'accent sur l'écrit plutôt que sur l'oral. Combien d'élèves de troisième sortent du collège en sachant conjuguer les verbes irréguliers en anglais, mais seraient incapables à Londres de demander un « fish and chips » à un vendeur dans la langue de Shakespeare ?... (écrit le: 2012-07-01) catégorie: scolarité

Anniversaire avec les anciens amis
date: samedi 29/11/1986 (11 ans) lieu: St Leu la Forêt

Mes amis de Colombes ont fait le déplacement pour venir fêter mon anniversaire. Quelle chance, la distance en aurait rebuté plus d'un. En plus, il fait très froid, comme souvent fin novembre. Je porte plusieurs vêtements les uns sur les autres, avec un Teddy bleu et rouge par dessus. C'est sûr, je ne reverrais plus certains d'entre eux, même si je retourne souvent à Colombes pour voir mon père. En attendant, je leur montre les terrains de jeu de la résidence des Diablots, et je m'amuse avec des copains qui me manquent. C'est déjà l'heure de partir, cette journée sera passée trop vite. (écrit le: 2011-08-20) catégorie: anniversaires

Une swatch sur les Champs-Élysées
date: samedi 06/12/1986 (11 ans) lieu: Paris

Pour notre anniversaire, mon père et Christine vont nous offrir une montre Swatch. Je n'avais jamais mis les pieds dans la boutique des Champs-Élysées et j'étais émerveillé par tous les modèles exposés. Je me souviens des montres colorées, brillantes, elles étaient toutes originales, on peut dire aussi un peu 'kitsch'. La plupart d'entre elles sont complètement démodées aujourd'hui. J'ai flashé sur une montre transparente, avec un cercle jaune-vert fluorescent tout autour du boitier. L'aiguille des heures est rose fluo, celle des minutes représente un éclair blanc et la trotteuse est vert foncé. Le bracelet est en plastique gris. C'est celle là que je veux, elle me plaît! Le modèle s'appelait 'Techno Sphere'. Ma grande soeur a choisi également une montre partiellement transparente. Elle était plus petite (bien sûr, un modèle féminin). Le décor au fond du boîtier représentait une paysage marin stylisé: le bleu du ciel, la mer turquoise et des végétaux au premier plan. Pour suivre cette logique, les deux morceaux du bracelet étaient bleu ciel en haut et bleu turquoise en bas, avec une boucle rouge. C'était le modèle 'Black Coral'. On est sorti de la boutique avec les longues boîtes transparentes contenant nos montres, et on était vraiment contents. Je crois qu'ils n'auraient pas réussi à trouver un plus beau cadeau d'anniversaire à nous faire que celui-là. Malheureusement, nous n'en avons pas vraiment pris soin. Ces montres sont fabriquées dans un plastique assez fragile, et leur point faible est le cadran qui se raye très facilement. J'étais également déçu par la qualité du plastique transparent du boitier qui devenait de plus en plus jaune, et le bracelet s'abîmait. Au bout d'un an ou deux, on ne pouvait plus les mettre. La Swatch est un produit périssable, un accessoire de mode qui capte l'essence d'une époque. J'étais assez amoureux de celle-là. (écrit le: 2014-07-24) catégorie: cadeaux

La Mode, une industrie de pointe
date: samedi 27/12/1986 (11 ans) lieu: Paris

Mon père se passionnait toujours pour l'art textile. Son magazine évoquait les artistes et les techniques liées à cette activité. Il avait participé à la préparation d'une exposition à la Cité des sciences et de l'industrie. Un numéro de son magazine bi-mensuel décrivait les stands et servait de catalogue à cette occasion. Ce journal de grande taille, "Textile Arts industries" avait une couverture en couleur, mais la plupart des pages étaient en noir et blanc. De grand artistes, mais également des mécènes, étaient présents pour l'évènement. Cette expo, dont il était l'un des commissaires, représentait les avancées technologiques liées à la mode. La mécanique, la robotisation, mais également la chimie, ont radicalement changé notre façon de nous vêtir en quelques décennies. C'était l'époque du Minitel, et la micro-informatique était évidemment présente sur ces stands. Les appareils étaient fournis par la marque française "Bull", aujourd'hui disparue. Pour ma part, je me souviens avec difficulté de ce qui était présenté à cet espace Diderot, sur un espace relativement important. C'est la première fois que j'ai vu du tissu Lycra, sous forme d'une sorte de collant moulant fabriqué avec de l'élasthanne. Il y avait une machine, entourée de vitres en plastique transparent, qui pouvait fabriquer des chaussettes complètement personnalisées, juste en appuyant sur un bouton. On pouvait choisir la taille, la couleur et le motif qui était cousu dans la fibre. J'étais fier d'en rapporter une paire chez moi. Des écrans présentaient des individus, vêtus de manière futuriste, incrustés sur un paysage imaginaire. Il fallait faire correspondre (ou pas) le modèle avec l'univers dont il était issu. C'était « La Banque des Imaginaires ». Il y avait aussi des mannequins habillés avec des vêtements dont les tissus venaient des dernières nouveautés de la recherche scientifique. Un appareil permettait de faire l'essayage virtuel d'un vêtement par l'intermédiaire d'un écran. Cela préfigurait les évolutions technologiques que nous avons connues par la suite. C'est d'ailleurs surprenant qu'avec tout ces trouvailles, cette industrie de pointe ait disparue du continent européen. Qui sait, avec l'ère post-pétrole, serons-nous obligé de relocaliser toute la production de vêtements réalisés aujourd'hui en Asie... (écrit le: 2012-11-03) catégorie: expositions

En skate à Cergy
date: samedi 17/01/1987 (11 ans) lieu: Cergy-Pontoise

Avec mes anciens patins à roulettes, et une planche de lambris, j'ai fabriqué un skateboard. Il fallait dévisser les roulettes et faire des trous dans la planche de bois. Au bout de quelques jours, j'ai réussi à assembler les éléments ensemble. Les 8 roues n'étaient pas complètement alignées avec la planche, mais ça roulait. Il faut dire aussi qu'un vernis a été appliqué sur le bois, ce qui rendait la planche glissante. Pour tester ce bricolage pas très solide, il me fallait une surface lisse. C'est toujours plus agréable de rouler sans avoir de secousses. Mon copain Jean est de passage à la maison. Ma mère va nous accompagner en voiture faire un tour à Cergy, dans le nouveau quartier dessiné par Dani Karavan, l'"Axe majeur". Un immeuble de l'architecte Ricardo Bofill, le « Belvédère » y a été construit en 1985. Cet espace complètement épuré, avec un sol comme un carrelage en marbre, est parfait pour faire rouler mon skate. Nous allons donc de la Place de l'Horloge jusqu'à la tour du Belvédère. La planche de bois n'est pas très épaisse, et casse par endroits, sur les bords. Il fait extrêmement froid, et la rue est absolument vide. Le design totalement impersonnel des lieux, et l'impression de marcher dans une ville fantôme, me glacent le sang. Je pense que Jean ne s'amusait pas tellement. A un moment, j'ai du glisser du skate. Un morceau de bois m'est rentré dans le talon, et m'a légèrement entaillé le pied. Au retour, je vais donc boiter avec mon skate cassé sous le bras. (écrit le: 2012-12-23) catégorie: imprudences

La copie est translucide
date: vendredi 13/03/1987 (11 ans) lieu: St Leu La Forêt

Ma prof d'Histoire-Géographie Mme LAFONT me terrifiait. Elle nous demandait d'apprendre nos leçons par coeur, pour demander à un des élèves au hasard ce qu'il a retenu du cours précédent. Cette prof était parfois comparée à une flingueuse. Nous avions également appris que son mari était décédé pendant la guerre d'Algérie. Grace à elle, je peux encore aujourd'hui citer de mémoire le nom de tous les pays africains de l'ouest à l'est et du nord vers le sud... Cette fois-ci, elle nous avait demandé de noter sur notre cahier de texte de lui rendre une rédaction dont j'ai oublié le sujet. J'ai pris du retard, et je n'avais pas eu le temps de terminer alors que le cours commençait après le déjeuner. J'ai rédigé la fin du devoir sur mon plateau à la cantine. Le plat principal ce jour là était accompagné de pommes de terre à l'huile. Au moment de rendre ma copie, je me suis rendu compte que le papier était transparent, à cause de l'huile, mais il était trop tard pour tout réécrire au propre. Pour tout dire, j'étais sur le peloton d'exécution "C'est inadmissible, vous me rendez un torchon, j'ai honte pour vous (...)". Finalement, j'ai eu une punition, et je crois que je n'ai plus jamais rendu de copie salie ou tâchée de toute ma vie. (écrit le: 2011-07-22) catégorie: scolarité

Les comprimés dans du Nutella
date: jeudi 30/04/1987 (11 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Je suis malade. Il faut que je prenne les médicaments que m'a prescrit le médecin. Ce sont des comprimés ronds et blancs, avec un goût amer. Sauf que je n'ai aucune envie de les manger, et je n'arrive pas à les gober. Pour ne rien arranger, il faut en prendre matin et soir. Le soir, ça va, mais le matin... tout le monde est pressé de partir. Ma mère a trouvé une astuce: les concasser et les mélanger à du Nutella. Il faut bien que je les avale après tout. Ce petit jeu va durer quelques jours, le temps indiqué sur l'ordonnance. Le problème c'est que le goût du chocolat à tartiner va me rappeler ces médicaments toute ma vie... (écrit le: 2012-04-22) catégorie: santé

Les têtards de l’Étang Godard
date: Dimanche 31/05/1987 (11 ans) lieu: St Leu la Forêt

Nous allions souvent nous promener en forêt le week-end. Comme beaucoup d'enfants, on traînait les pieds pour ce genre de sortie. Il y avait une balade plus tranquille que les autres, celle de l’Étang Godard: cela consistait à aller en voiture jusqu'au parking de l’Étang, puis à faire l'aller-retour de l'allée de la Croix Saint-Jacques. Ce chemin est plat, alors que les routes grimpent pas mal à cet endroit de la forêt. C'était le fin de l'après-midi et le concert de la nature était presque assourdissant. L'étang était d'une forme complètement circulaire, ce qui permettait aux gens de marcher tout autour. Des chiens, qui accompagnaient des promeneurs, allaient parfois tremper leurs pattes ou plongeaient pour chercher un bâton que leur maître avait lancé dans l'eau. En nous penchant au dessus de l'étang, on pouvait apercevoir des têtards qui cherchaient de la nourriture sur les berges. Il y avait de nombreuses espèces de grenouilles dans cette retenue d'eau fabriquée par l'homme. On avait amené un grand pot à confiture vide et son couvercle pour prendre quelques têtards et les observer. Et puis, comme on les avait attrapés, on les a ramenés à la maison. On avait même aménagé un aquarium dans ma chambre, pour les faire grandir et les voir se transformer progressivement. Ça sentait un peu l'eau croupie. Il y avait un niveau d'eau assez faible et une sorte de plan incliné pour leur permettre de grimper dessus dès qu'ils auraient des pattes. Peu ont survécus à leur nouvel environnement. Au bout de quelques jours, on a vu les survivants se métamorphoser, leurs petites pattes arrière étaient sortis pendant la nuit. On ne savait pas quoi leur donner à manger, je crois qu'on a mis du pain dans l'aquarium. Quand les derniers têtards ont commencé à avoir quatre pattes, le niveau de l'eau avait vraiment baissé. Le lendemain, c'est à mon retour de l'école que j'ai vu qu'il n'y avait plus d'eau, ni de spécimen vivant. Une forte odeur de marécage boueux emplissait alors ma chambre. J'ai tout jeté dans les toilettes. (écrit le: 2013-06-08) catégorie: enfance

La Cinq
date: vendredi 12/06/1987 (11 ans) lieu: St Leu la Forêt

Je regarde les séries télé sur le cinquième chaîne. La télé de Berlusconi, comme on disait à l'époque, venait d'arriver avec son flot continu de séries américaines style Star Trek et compagnie...J'aime surtout K2000, Supercopter et Tonnerre mécanique. Ces séries mettent en scène des véhicules futuristes qui me font rêver. La moto de "Tonnerre mécanique" roule à 500 km/h dans les rues en évitant les autres véhicules dans le trafic. Il s'agissait en fait d'un trucage qui consistait à passer les images en accéléré, mais je marchais à fond. Je voulais aller aussi vite avec mon vélo mais je crois que je n'y suis jamais arrivé... La voiture de K2000 parle à son conducteur, et saute des précipices. L'hélicoptère de "Supercopter" est capable de disparaître des radars et envoie des missiles à tête chercheuse. Le point commune entre ces appareils est leur couleur noire brillante. J'arrivais à reproduire ces véhicules avec certains de mes jouets (en ajoutant un peu de feutre noir s'il le fallait!). Même si la programmation de la Cinq n'était pas d'un très haut niveau, c'était toujours plus amusant que ce qui passait sur les autres chaînes à ce moment là. Il y a un point sur lequel tout le monde sera d'accord: les publicités qui passaient entre deux programmes étaient vraiment navrantes... (écrit le: 2012-08-19) catégorie: télévision

Anniversaire avec les nouveaux amis
date: Dimanche 29/11/1987 (12 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'ai demandé à quelques camarades de classe du collège de venir à mon anniversaire. Certains sont venus, et je suis content de les voir. Mon objectif était surtout de faire venir Élise Prats, dont je suis raide dingue. Cette fille arrive à plonger la tête la première dans la piscine, et elle ne fait pas de vagues quand elle traverse la surface de l'eau. J'oublie de préciser qu'elle est très jolie, mais parfois il suffit d'un détail pour tomber amoureux. Elle est venue avec un cadeau que j'ai gardé précieusement, un livre de "Contes des 1001 Nuits" illustré. (écrit le: 2011-08-11) catégorie: anniversaires

Amiga 1000
date: vendredi 25/12/1987 (12 ans) lieu: Colombes

J'ai un cadeau pour Noël. Il s'agit de l'ordinateur Commodore Amiga 1000. C'est une machine de couleur beige, reliée à un petit écran, un clavier et une souris. Cette appareil était utilisé dans les bureaux d'une rédaction dans un objectif professionnel, pour faire du traitement de texte. C'est un informaticien qui ne s'en servait plus: il travaillait avec mon père, sur le journal mensuel qu'il écrivait à l'époque: 'Textile Art'. Au premier abord, j'ai été surpris de voir ce que cette machine était capable de faire. Du son stéréo et des images en 4096 couleurs passaient par l'écran. J'ai assisté a beaucoup des démonstrations techniques auxquelles nous n'étions pas habitués à l'époque. J'avais même un joystick, nécessaire pour les jeux vidéos. L'inconvénient, c'est qu'il n'y a pas de disque dur, il faut changer les disquettes toutes les 2 minutes. Pas pratique. D'ailleurs, il faut mettre une disquette avec un programme spécial, 'Kickstart', pour démarrer le système d'exploitation, ou plutôt le 'Workbench' puisque c'était son nom. L'ordinateur était installé dans la chambre où nous dormions Sylvaine et moi, au premier étage de la maison de mon père. J'ai donc le droit d'essayer tous les programmes et les jeux le week-end et la moitié des vacances. Il y avait une sorte de programme de dessin très intuitif. Je m'en servais parfois pour m'amuser. Sur une disquette se trouvaient des dessins qu'un des amis de mon père, l'artiste Cueco, avait fait grâce à ce logiciel. Je crois qu'il avait fait une série de croquis qui représentaient des meutes de chiens. Mon père était très fier de posséder cette oeuvre numérique. Il faut avouer que pour moi l'utilisation principale de cette machine était ludique. J'ai rarement travaillé, ou essayé de programmer des logiciels ! Mon jeu préféré était "Test Drive". Il consistait à conduire des bolides de luxe dans ce qui semblait être une route de montagne. Chaque fois qu'on dépassait les vitesses autorisées, une voiture de flic se mettait à notre poursuite, il fallait alors doubler les véhicules sur cette route à deux voies sans percuter une voiture en contre-sens, rentrer dans un mur ou tomber de la falaise. Le jeu, fait par la société 'Accolade', était vraiment en avance sur le plan technologique. Par la suite, je vais découvrir qu'il est très facile de copier des jeux sur des disquettes vierges. Il suffit d'emprunter un jeu à un ami, puis de le copier avec un logiciel 'X-Copy'. C'est certainement ce qui a entraîné la faillite de la société Commodore en 1994. (écrit le: 2012-04-15) catégorie: informatique

Relais 4 x 100m
date: mercredi 02/03/1988 (12 ans) lieu: Ermont

Journée de compétition au Stade du complexe sportif Auguste Renoir. J'étais inscrit aux cours d'athlétisme au Collège Wanda Landowska de St Leu La Forêt. De temps en temps, nous participions à des épreuves sportives. Ces évènements nous permettaient de confronter notre niveau à celui des autres athlètes. Je m'étais spécialisé dans le saut en longueur et le sprint. Pour les autres disciplines, j'avais plus de mal. Ma croissance avait commencé, c'était l'époque de la puberté et des boutons d'acné... J'avais parfois moins mal aux jambes du fait des courbatures après les exercices du mercredi après-midi qu'à cause de ce changement physique. Par contre, ma force n'égalait pas celle de certains de mes concurrents au 100m. Notre professeur mettait beaucoup d'énergie et de motivation pour nous aider à nous surpasser. Nous avions appris la technique du passage de relais. Comment positionner la main gauche vers l'arrière lorsque l'on reçoit le bâton, puis tendre le bras droit vers l'avant lorsqu'on donne le bâton. Au cours de cette compétition, nous avions aligné notre équipe sur le 4 x 100m. Nous étions bien placés, dans un couloir du milieu à la suite des séries. Je finissais la course. Démarrage en 5ème position, mon passage de relais se passe bien, je passe la bâton dans ma main droite, puis dépasse deux concurrents et finis 3ème. J'étais content d'avoir offert une place sur le podium à mon équipe ! (écrit le: 2012-01-27) catégorie: sport

Une console dans le garage à vélo
date: jeudi 31/03/1988 (12 ans) lieu: St Leu La Forêt

Il y a un garage à vélo en bas de l'immeuble de l'avenue des Diablots dans lequel je vis. Cet endroit sombre permet de stocker des bicyclettes poussiéreuses à force de ne pas être chevauchées, des mobylettes ou des scooters. Ce jour là, j'aperçois une boîte en carton qui n'a rien à y faire. Comme un paquet cadeau, je me l'approprie et regarde ce qui s'y trouve. Une console de jeux Nintendo "Table Top" apparaît sous mes yeux ébahis. Elle doit appartenir à quelqu'un, mais pourquoi l'a-t-il (ou elle) laissée ici ? Je m'en empare, tellement je crève d'envie d'y jouer. Comme les "Game & Watch" auquel j'ai joué longtemps, cette console Nintendo dispose de deux modes de jeu dans un décor unique. Il s'agit d'une cimenterie, dans laquelle les camions s'arrêtent pour se recharger en ciment frais. Le jeu consiste à ouvrir les vannes sans quoi les réservoirs de l'usine se remplissent et débordent. Pour éclairer l'écran, il fallait mettre la console sous une lampe. Je joue en cachette. J'ai peur de me faire gronder, et en même temps je ne pense pas vraiment avoir volé cet objet. Le garage à vélo appartient à tout le monde. Mais j'aurais du laisser ce jouet là où il était. Ça me rend malade de culpabilité. Après y avoir joué quelques semaines, je pense qu'il est temps de m'en débarrasser. Je finis par démonter complètement la console pour la jeter discrètement. En quelques sortes, je fais disparaître le corps pour ne pas être accusé du crime ! (écrit le: 2018-01-28) catégorie: mensonges

La Planète miracle
date: mardi 12/04/1988 (12 ans) lieu: St Leu la Forêt

Nous profitons de l'absence de ma mère pour regarder "La Planète Miracle" sur Antenne 2. Cette émission scientifique passe très tard, il faut donc avoir une autorisation spéciale pour la regarder, et on ne l'a pas toujours ! Les images de synthèse sont très impressionnantes, et permettent de comprendre les étapes qui ont permis à la Terre de devenir habitable. Des interviews de chercheurs permettaient de comprendre la formation de l'atmosphère, la disparition des dinosaures, le mouvement des plaques tectoniques... Je me souviens de quelques animations mémorables. Des rayons ultra-violets ondulaient et traversaient la couche supérieure de l'atmosphère pour réchauffer la surface de la Terre. Le tout, était raconté par les voix de Macha Méril et Bernard Murat. Le programme, conçu par une télévision japonaise, était accompagné d'une musique électronique. Cette bande-son un peu new-age ou easy-listening, nous mettait presque dans un état hypnotique. Nous avions aussi un peu peur de nous faire attraper en train de regarder la télé après 22h30, mais c'était vraiment passionnant. (écrit le: 2012-08-20) catégorie: télévision

Le survêtement Laser
date: jeudi 05/05/1988 (12 ans) lieu: St Leu la Forêt

La mode... j'ai toujours eu du mal à la suivre. Dans une ville de la banlieue parisienne, pour un élève au collège, ce n'est pas le critère le plus important. Il fallait surtout porter des « marques » à l'époque pour ne pas qu'on se moque de nous. Le "Laser", de marque Adidas, c'était le survêtement à avoir cette année là. Je faisais mes entraînements d'athlétisme avec, mais on pouvait aussi le porter dans la rue. Le tissu, une suédine assez fine, était assez beau, en tout cas pour un survêtement. Ma mère m'avait accompagné pour l'acheter dans un magasin de l'Avenue de la Gare à St Leu. Il faut dire qu'un de mes camarades de classe, Antonini, avait toujours les derniers modèles de baskets et de survêtement avant nous. On demandait à nos parents d'acheter les mêmes vêtements que lui, car on en était jaloux. J'avais également demandé qu'on m'achète des chaussures de sport "torsion": ce modèle se démarquait par sa capacité à se tordre par le milieu, un gadget vendu par des génies du marketing. Mais je n'en ai finalement jamais eu. (écrit le: 2014-03-30) catégorie: mode

Orthodontiste
date: lundi 05/09/1988 (12 ans) lieu: Ermont

J'ai la dentition de travers. Mon sourire...ce n'est pas vraiment ça. Pour éviter à mes dents de se chevaucher, de pousser dans tous les sens, ma mère insiste pour prendre rendez-vous chez l'orthodontiste. C'est un soin qui est pris en charge jusqu'à 16 ans. Après cela, il est beaucoup plus difficile de faire bouger l'implantation des dents car la croissance est terminée. Ce dentiste va me poser des bagues en haut et en bas, reliées entre elles avec des fils très solides. Ces appareils sont en acier très coupant, et j'ai souvent du sang dans la bouche. Je me souviens que mes brosses à dents avaient une durée de vie très courte avec ce genre d'obstacle sur leur chemin! En plus de cela, il faut que je porte un appareil (de torture) toutes les nuits. Sur mes dents du fond, il y a des petits supports pour faire entrer un arc métallique relié à des élastiques et à une sorte de serre-tête. Il faut changer les petits élastiques toutes les nuits, car ils perdent rapidement de leur efficacité. Un jour sur deux, l'appareil tire les dents du bas, le lendemain, les dents du haut. Ça tire tellement fort que la douleur irradie dans tout le crâne. Évidemment, je ne dois pas me retourner la nuit sous peine de voir l'appareil se décrocher, ce qui signifie devoir le réinstaller dans le noir... Et si je rate le petit tube dans lequel se loge la tige en acier, je me rentre les bouts métalliques dans les gencives. J'oublie de dire qu'il est impossible de parler avec un tel attirail sur la tête. J'ai cru comprendre que pour faire avouer leurs secrets à leur prisonniers, des hommes de guerre s'attaquaient aux dents, c'est ce qui fait le plus mal. Sauf que je n'ai rien à avouer, à part que j'en ai assez de tout cet attirail. Régulièrement, je passe à Ermont pour que ce médecin regarde l'avancement du travail de traction sur mes dents du fond. Dans la salle d’auscultation, il y a trois ou quatre sièges côte à côte, et le dentiste passe d'un patient à l'autre sans changer de gants. Je suis souvent réprimandé, car le résultat ne le satisfait jamais, signe que je n'ai pas suffisamment fait d'effort avec l'appareil. Je lui réponds difficilement: « Veu fui désolé », alors qu'il garde un doigt dans ma bouche. Les visites chez les dentistes où je suis allé par la suite m'ont semblé de véritables parties de plaisir...même la roulette est comme une caresse. (écrit le: 2012-01-29) catégorie: santé

Maquettes d'avions
date: samedi 15/10/1988 (12 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'allais souvent chez le vendeur de journaux du Centre commercial des Diablots pour acheter des boîtes de maquette d'avion avec l'argent de poche que me donnait ma mère. L'homme qui tenait cette papeterie semblait être constamment en état d'ébriété. Il arrivait péniblement à sélectionner les petits pots de peinture de marque Humbrol nécessaires à chaque maquette (les couleurs changeaient pour chaque avion). J'avais fait des modèles de Spitfire, de Corsair, de Fokker,... et même l'Alphajet de la patrouille de France. Chaque modèle me demandait une grande patience pour être terminé. Je découpais au cutter les petites pièces en plastique accrochées à leur support, puis je les ébarbais. Je collais ensuite toutes les pièces entre elles avec une colle liquide à appliquer au pinceau. Puis je peignais l'avion. Parfois, je faisais la peinture avant de coller les pièce entre elles, mais ça demandait plus de travail. Certaines peintures "métallisées" donnaient vraiment un aspect réel aux maquettes. Souvent la colle débordait des petites pièces en plastique, et déformait un morceau ou rendait opaque le plastique transparent du cockpit. Je n'aimais pas que cela arrive. Ce qui me demandait le plus de soin, c'était la "touche" finale. Les sigles et les logos à coller sur les ailes (par exemple: USAF pour US Air Force) se trouvaient sur une feuille au fond de la boîte de la maquette. Après avoir découpé la feuille en morceaux, on trempait ces petits dessins dans l'eau chaude, ce qui permettait de faire fondre la colle. Parfois, le dessin se cassait au moment de faire glisser la feuille transparente sur le fuselage, car l'eau chaude la rendait très fragile. (écrit le: 2013-08-13) catégorie: enfance

Chef de classe
date: lundi 07/11/1988 (12 ans) lieu: St Leu la Forêt

Par un concours de circonstances que je ne m'explique pas encore, les différents votes de chefs de classe depuis le début de l'année n'ont pas réussi à déterminer une majorité pour l'un ou l'autre des candidats. Cette année, j'avais décidé de me présenter, car mon père était chef de classe lui aussi. Au bout du cinquième vote, les deux élèves qui ressortent sont moi et ma camarade Kahina. Cette fille légèrement plus âgée que les autres élèves a toutes les qualités pour faire des compte-rendus du conseil de classe et porter les demandes des élèves auprès du professeur principal. Quant à moi, je n'ai aucune de ces compétences, et je dois avouer que je suis l'un des plus mauvais élève de la classe. Participer à la vie du collège sera tout de même une expérience enrichissante, même si je ne le méritais pas. (écrit le: 2011-08-11) catégorie: scolarité

Collet d'Allevard
date: lundi 26/12/1988 (13 ans) lieu: Allevard

Sports d'hiver dans un centre de vacances du nom de "Valcoline" à côté de Chambéry. Nous sommes avec Sylvaine Loris, Cédric, ma mère et Gérard. C'est la première fois que j'apprécie le ski. Les fois précédentes avaient été catastrophiques. Je refusais autrefois de prendre des cours collectifs, je tombais sur le tire-fesse et ne voulais plus me relever, etc... L'ambiance est familiale, et il y a une piscine au sous-sol. Cédric ne peut pas se séparer de ses Stan Smith, alors qu'elles sentent le rat crevé. A la fin des cours de ski, on prend un goûter dans la cantine, je me régale de tartine de pain beurré avec de la confiture dans du chocolat chaud. (écrit le: 2011-08-05) catégorie: voyages

Plouf
date: Dimanche 15/01/1989 (13 ans) lieu: St Leu la Forêt

Mon poisson rouge est dans un aquarium sur un meuble de ma chambre. Je l'ai appelé Plouf, et je lui donne à manger tous les jours. Le bulleur fait beaucoup de bruit. En retour, cet animal me regarde en bougeant les lèvres comme s'il mâchait du chewing-gum. J'ai beaucoup de mal à changer son eau. Il faut d'abord l'attraper avec une épuisette, et il ne se laisse pas faire. Ensuite, il faut le mettre dans un verre d'eau, et vider le contenu du bac dans les toilettes. Ca pèse vraiment lourd. Quand l'eau est propre, je verse un liquide qui neutralise le chlore, puis je remet Plouf dans l'aquarium. Au bout de quelques mois, ce poisson n'était plus très en forme. Il a fini par mourir, mais je n'en ai pas racheté d'autre. Quelle corvée quand même que de s'occuper d'un poisson. (écrit le: 2012-09-23) catégorie: animaux

Volley-Ball
date: mercredi 01/02/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Parmi tous les sports que j'ai pratiqué, le volley-ball est celui que j'ai préféré. Pourtant, ce n'était pas évident. On ne peut pas dire que ce sport soit très agréable à regarder, contrairement au football où la situation peut basculer à tout instant. Le fait de smasher, de contrer, de réceptionner, tout ça me plaît énormément. Pour commencer, il y avait un dessin animé japonais "Jeanne et Serge", qui a contribué à populariser ce sport en France. C'était l'histoire d'une jeune fille assez extravertie, Jeanne Hazuki. Elle voulait devenir la meilleure joueuse de volley, et elle était amoureuse d'un joueur professionnel. Dans la série télévisée, le ballon se déformait sous les smashs pour prendre la forme d'une balle de rugby. Les balles flottantes ressemblaient à des météores, impossibles à rattraper. Tout cela nous inspirait énormément. Je crois qu'une grande partie de mes camarades qui ont commencé à jouer à ce moment là étaient fans de ce dessin animé. Je m'étais inscrit dans le club de St-Leu-la-forêt. Le gymnase était tout neuf, et le revêtement du sol sentait encore le plastique. L'équipe était composée principalement de gens de ma classe au collège. On se connaissait bien, et on avait un niveau correct, même si certains étaient plus doués que d'autres. J'étais dans la moyenne, à part en "passes" où j'étais assez mauvais. Je suis assez grand, sans plus, mais ma taille convenait plus à ce sport qu'au basket. Un problème se posait quand je prenais un ballon sur le visage, les bagues en acier collées sur mes dents me coupaient l'intérieur de la bouche, et me faisait saigner. Nous participions à des tournois départementaux, contre des villes proches, comme Enghien, Ermont ou St-Prix. Nous avions parfois l'impression que nos adversaires avaient le double de notre âge, certains avaient de la barbe. Enfin, nos profs de volley-ball avaient un niveau excellent, ce qui nous a donné du courage pour affronter des montagnes, sans toutefois nous permettre de les soulever. (écrit le: 2012-03-26) catégorie: sport

Romuald
date: samedi 18/02/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Un de mes amis au collège s'appelle Romuald. Il habite dans une maison avec sa mère et sa grande soeur à côté de l'école. Assez petit, avec ses grosses lunettes, il fait plus que son âge. On dirait qu'il a emprunté sa manière de parler à un grand-père. Ses vêtements d'un autre temps sentent un peu le renfermé, et il garde un mouchoir en tissu plié en boule au fond d'une des poches de son pantalon en velours côtelé. Je le trouvais gentil avec moi, ce qui n'était pas le cas de beaucoup de mes camarades de classe. Il était un des meilleurs élèves, en tout cas il était beaucoup plus intelligent que moi. On dirait aujourd'hui qu'il était un "geek". Nous sommes allés un week-end à la patinoire, car il y allait souvent faire du hockey sur glace. Sa soeur m'a appris à avancer à reculons avec des patins à cette occasion. Une fois rentrés chez lui, je me souviens qu'il m'a fait écouter une chanson sur son lecteur de cassette. Ça n'était pas du tout de la musique de son âge, on aurait dit du cor de chasse ou quelque chose dans le genre. Je l'ai répété à un autre élève de ma classe en sa présence, ce qui a beaucoup choqué Romuald. Il faut dire que j'ai tendance à traiter les gens que je connais de façon assez dure, peut-être car j'attends la même chose de leur part. Un copain qui ne vous dit pas tout est forcément un peu hypocrite. Les gens les plus seuls sont ceux qui disent toujours ce qu'ils pensent être la vérité. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas gardé beaucoup d'amis. Je le regrette aujourd'hui. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: scolarité

Au hasard, Penette
date: mercredi 01/03/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Au collège, mes camarades de classe m'appellent « Penette », ils me connaissent comme ça. Il faut dire que mon nom composé est difficile à retenir. J'aurais préféré qu'ils m'appellent Florent. Mes notes sont souvent assez basses, mais je suis dans une classe dont le niveau est quand même assez élevé. Les professeurs se tournent souvent vers moi pour poser une question à quelqu'un « au hasard ». Ils essayent peut-être d'améliorer mon niveau en m'obligeant à répondre. Ma timidité rentre évidemment en ligne de compte pour choisir la personne à qui ils posent des questions. Étant donné qu'ils n'entendent pas souvent le son de ma voix, il faut bien qu'ils m'interpellent pour me faire réagir. "Comment appelle-t-on la droite passant par le centre et limité par les points du cercle ? Je choisis un élève au hasard... Penette". Comme je suis celui sur lequel tombe toujours le hasard, ma classe change mon surnom: je deviens « Au hasard, Penette ». L'explication est évidente, pour eux je dois forcément attirer la malchance. De même, il est facile de désigner quelqu'un, quand on ne veut pas faire une tâche ingrate: "Qui va chercher la balle, tombée dans le ravin ? Au hasard... Penette". Être le sujet de moqueries n'est jamais agréable. Tout les élèves ne me traitaient pas de cette façon, heureusement. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: scolarité

Jouer à la pelote
date: mercredi 15/03/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Au collège, on s'ennuie un peu pendant la récré. Du coup, on joue à la pelote, avec une balle de tennis. C'est un jeu qui consiste à taper chacun son tour dans une balle: elle doit toucher le sol puis le mur. Si on laisse la balle retomber, on a perdu, et les autres continuent la partie. Le gagnant est celui qui reste à la fin et gagne le duel. On joue parfois à 6 personnes, devant un mur de 3m de large et on se bouscule énormément. A force de taper dans cette balle, on finit par avoir la paume de la main complètement tannée. On jouait partout où il y avait un mur, aussi petit soit-il. Le professeur de technologie nous chassait souvent car on jouait sur la porte métallique de son atelier, ce qui faisait un bruit monstrueux. Parfois, la balle roulait dans la bouche d'égout, et il fallait la rechercher en passant le bras assez profondément (au risque de se coincer l'épaule, ce qui est arrivé parfois). La technique payante dans ce jeu était de taper le plus fort possible, pour que la balle soit impossible à rattraper. Une autre technique consistait à donner une trajectoire en cloche à la balle, ce qui la faisait rebondir à la base du mur (c'est l'équivalent de l'amorti en tennis). Je passais parfois l'intégralité de la récréation à jouer à ce jeu, même sous la pluie. Si elle était mouillée, la balle se gorgeait de saletés qui restaient collées au mur à chaque impact. Quand nous n'avions plus de balles, car elle s'abimaient et étaient parfois confisquées, on jouait avec des chiffons recouverts d'élastiques. Ça ne rebondissait pas très bien... (écrit le: 2012-10-09) catégorie: scolarité

Les Châteaux de la Loire avec le collège
date: samedi 10/06/1989 (13 ans) lieu: Chambord

Nous partons avec l'école visiter les châteaux de la Loire. Un bâtiment destiné aux colonies de vacances a été réservé spécialement pour les élèves de quatrième de mon collège, soit environ une centaine d'adolescents. Depuis notre foyer près de Chambord, nous allons à bicyclette sur les routes pour en apprendre un peu plus sur cette région. Nous verrons Amboise, Cheverny, les usines de chocolat Poulain à Blois. Nous irons également voir une centrale nucléaire à St Laurent des eaux. Depuis l'explosion de la centrale de Tchernobyl, la psychose s'est emparée des gens autour du nucléaire. Le guide a beau nous rassurer, en nous expliquant les mesures de sécurité qui entourent cette activité, nous sommes totalement paniqués. La visite de cette usine nous a fait froid dans le dos. Le soir, il y a des fêtes organisées. On devait participer à des jeux, comme deviner un mot en le mimant, ou sauter d'une chaise avec les yeux bandés. Mais il y avait aussi des soirées dansantes. Ça flirtait beaucoup dans les chambres, bien qu'elles n'étaient pas mixtes. Pour ma part, je continuais à regarder Elise avec des yeux de merlan frit, alors qu'elle était en couple avec un camarade de classe. Une autre fille "s'intéresse" à moi, et me prête une montre, alors que c'est celle d'un autre garçon. Il est venu la récupérer un peu plus tard, sans comprendre pourquoi elle me l'avait prêtée. Pendant nos balades à pied ou à vélo, on s'ennuyait toujours un peu. On s'amusait à lancer des cailloux dans la Loire. L'un d'entre nous était fort en maths. Il disait qu'à force égale, on envoyait plus loin le caillou en le lançant à un angle de 45° que sous n'importe quel autre angle. Il avait cependant oublié que nous les lancions depuis un chemin situé à 10 mètres au dessus du fleuve. Du coup, il n'arrivait jamais à prouver son hypothèse ! L'ambiance était décontractée. J'essayais de m'amuser, mais je me sentais mal à l'aise dans cette promiscuité. (écrit le: 2013-02-17) catégorie: scolarité

La Pologne en Transporter
date: vendredi 30/06/1989 (13 ans) lieu: Pologne

Nous partons pour une expédition. Nous sommes 8 dans un van Volkswagen de couleur jaune. Il y a ma mère, Gérard, ma grande soeur, Cédric, Loris, Anna et son mari. Anna est notre guide polonaise. Elle a une soixantaine d'années, et s'occupe d'une association qui envoie des colis dans son pays natal, pour améliorer le quotidien des personnes qui sont restées là-bas. Son mari est hémiplégique, et ne parle quasiment pas. Nous avons prévu de passer par différents endroits: Varsovie, Cracovie, Poznan. Il faut aussi aller voir la famille éloignée de Gérard, une cousine de son père notamment. Après une nuit en Allemagne de L'Ouest, où tout nous semble confortable, nous arrivons à la frontière, le fameux "rideau de fer". De l'autre côté, le contraste est saisissant. Tout est gris, sale ou rouillé. Le premier soir, nous dormons chez l'habitant. Anna a réussi à trouver un hébergement dans une ferme. Comme il n'y a pas d'éclairage, il est difficile de voir où nous allons. Les draps sont froids et humides, mais nous arriverons à dormir. Les jours suivants nous permettrons de nous acclimater aux rigueurs des pays de l'Est. Nous arrivons dans des restaurants vides, où les Menus sont remplis de plats que le cuisinier ne peut pas nous préparer. A chaque fois que nous pointons notre doigt sur une photo sur le menu, la serveuse nous réponds "Nie ma" (il n'y en a pas). Nous mangerons donc à chaque repas une escalope panée et des haricots. Il est aussi prévu une escale à Auschwitz. Le silence et la solennité du lieu étaient vraiment pesants. Le mari d'Anna profite de ce silence pour nous adresser quelques phrases, émouvantes mais incompréhensibles. Il terminera par ce mot: "Kaputt", en désignant sa tête. Il mourra quelques semaines plus tard. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: voyages

Le défilé du bicentenaire
date: vendredi 14/07/1989 (13 ans) lieu: Colombes

200 ans depuis la Révolution française. Mitterrand voulait que ce soit une grande fête. Comme il avait été réélu l'année précédente, on était encore dans cet état de grâce qui suit l'euphorie des élections présidentielles. Il a demandé à Jean-Paul Goude de faire un "show", et de voir grand. Par conséquent, Goude avait prévu un défilé le long des Champs-Élysées, de nuit, comme un contrepoint au traditionnel défilé militaire. Cette semaine là, nous étions chez mon père pendant la moitié des vacances que nous passions chez lui. Nous regardons ce spectacle sur la petite télévision du salon, dans l'appartement qu'il occupait avec Christine et Marie avenue François Bernier. De nombreux spectateurs s'étaient massés sur les deux côtés de l'avenue. Des danseuses avançaient en valsant dans des robes rondes gigantesques équipées de roues. La fanfare passait en tapant sur de grosses caisses. On peut dire que l'ambiance était à mi-chemin entre un Fest-noz de Quimper et un défilé de mode de Jean-Paul Gaultier. Christine attendait avec impatience le premier "couac" de la soirée. A un moment, un des artistes équipé d'un chapeau en forme de tube s'étale de tout son long et Christine était contente. Une grande locomotive, escortée par des musiciens qui tapaient sur des bidons, évoquait la révolution industrielle. De petites lampes portatives éclairaient les visages des comédiens qui défilaient. Les différentes révolutions du Monde entier étaient représentées dans de véritables tableaux vivants. Vu depuis la lucarne de la TV, ce show semblait un peu lointain, tout était surtout très sombre, car les caméras captaient mal les faibles lumières. Les costumes rappelaient le passé colonial, les manifestations politiques, et la diversité des origines de la France. Le sommet du G7 avait lieu à Paris ce jour là. Georges et Barbara Bush étaient donc dans le public, et semblaient dans leur élément, ce qui peut sembler étonnant, car l'état d'esprit de cette fête était franchement éloigné de leurs valeurs. A un moment, Jessye Norman a chanté la Marseillaise, et a éclairé la soirée d'une lumière inoubliable. (écrit le: 2012-12-09) catégorie: évènements

Aspirine pour les genoux
date: mardi 05/09/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Mes genoux me font souffrir. J'ai mal quand je joue au volley-ball, un sport très exigeant avec les articulations. Les plongeons me font de plus en plus peur malgré les genouillères. Je vais voir un médecin, pour me faire prescrire un traitement. Vous avez dit « surmédicalisé »? Le médecin est spécialisé dans le sport. Il va me faire une ordonnance pour une pommade gélifiée à appliquer tous les soirs sur les zones douloureuses. Cette crème transparente a un parfum très fort (probablement à cause du camphre). Ce médecin a une idée très arrêtée sur ce qui provoque ces douleurs: « C'est la circulation sanguine». Il va me demander de prendre de l'aspirine. Une tonne d'aspirine. Je me retrouve à prendre de l'aspégic 500 tous les jours, ce qui fluidifie mon sang. Très utile pour saigner dès qu'on se fait une égratignure. Je ne sais pas si ça m'a beaucoup aidé, en tout cas, ça ne m'a pas évité d'avoir mal aux genoux. Cette histoire m'a servi de leçon. L'adolescence est une période de remise en question des opinions dominantes, surtout celle de nos parents. A partir de cet instant, j'ai compris qu'il n'était pas nécessaire de voir le médecin trop souvent... du moins quand on peut supporter la douleur. (écrit le: 2012-04-22) catégorie: santé

Tir à l'arc
date: jeudi 12/10/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Je pratique depuis peu le tir à l'arc dans le gymnase à côté du collège tous les jeudis soir. Il faut s'équiper en arc, flèches, carquois,… Le professeur est très doué pour nous apprendre les subtilités de ce sport. C'est un homme qui bégaye, mais bizarrement, il perdra son bégaiement l'année suivante. Les cibles sont à environ 25 mètres, mais les débutants commencent à 10 mètres environs. Les élèves ont de 10 à 70 ans, et l'ambiance est agréable. En plus de l'arc classique, démontable, j'ai été obligé d'acheter beaucoup d'accessoires, notamment des protections. La palette sert à protéger les doigts quand on tire la corde, le protège-bras évite de recevoir la corde sur le bras gauche quand on la relâche. Les branches de l'arc sont interchangeables, pour s'adapter à notre force. Les flèches en aluminium sont moins chères mais plus fragiles que les flèches en carbone. Nous pouvons également ajouter des stabilisateurs, qui facilitent la visée. Il y a plusieurs phases à respecter pour réussir un tir. L'arc est dirigé vers le sol. On met la flèche sur son support. Puis on ramène l'arc à la verticale d'un même mouvement, en tirant la corde avec la main droite, et en poussant l'arc avec la main gauche. Ensuite, on met la corde en contact avec le bout des lèvres, le pouce droit en contact avec la mâchoire et on vise (en fermant un oeil). Enfin, on essaye de se décontracter, on lâche la corde dans un mouvement ample. Quand la flèche touche son but, on dirige l'arc vers le sol. C'est un sport exigeant. J'ai énormément de mal à tenir la position avant de lâcher la corde car mes bras ne sont pas très musclés. La position du corps et les mouvements sont très précis, il n'y a pas de place pour l'improvisation. Parfois, on va chercher des fournitures dans une remise à l'intérieur du gymnase. Dans cette petite pièce se trouvent des feuilles qui seront fixées sur les supports en paille, ce sont les blasons. Bleu, vert, rouge, jaune, plus la couleur est chaude, plus on se rapproche du centre. Mais il y a aussi des dessins assez réalistes d'animaux sauvages, que le professeur n'utilise pas avec nous. Pour s'entraîner, on accroche parfois des ballons de baudruche sur la cible, histoire de varier un peu. Au bout d'un moment, les cours deviennent inutiles, car nous ne nous améliorons qu'avec la pratique. Ce qui compte le plus, c'est alors les conseils de ceux qui visent mieux que nous. Je n'étais pas un très bon archer, ce qui explique que j'ai fini par arrêter ce sport dans le courant de l'année suivante. Un arc est un accessoire de sport, mais c'est aussi une arme. Un soir, j'ai raté mon tir, et ma flèche est partie sur la gauche, à 3 ou 4 mètres d'un spectateur (qui ne devait pas se trouver là de toutes façons). J'ai une peur bleue de lui infliger une blessure. Je suis allé le voir pour lui demander de s'assoir ailleurs, et j'en ai profité pour m'excuser. C'est à ce moment là que je me suis dit que ce sport n'était pas fait pour moi. (écrit le: 2012-03-05) catégorie: sport

La poupée Lio
date: mardi 28/11/1989 (13 ans) lieu: Paris

Nos professeurs de Français et d'Histoire avaient décidé de nous amener au Tribunal de Paris. L'exercice judiciaire était quelque chose de nouveau pour moi qui était au collège en classe de 3ème. Nous voyons des consommateurs de drogue défiler, refusant des avocats commis d'office, avec les conséquences dramatiques qu'on peut imaginer. Puis nous changeons de salle, et nous devenons les spectateurs d'un combat assez coquasse sur le thème des droits d'auteurs. Lio était assignée en justice par Mattel, la société qui vend les poupées Barbie. Sur une pochette d'album, elle ressemblait à la fameuse poupée. Certains de mes camarades de classe ont demandé un autographe à la chanteuse mais j'ai toujours senti une gêne en présence de gens connus, alors je ne l'ai pas fait. Nous avons appris plus tard que les juges n'avaient pas donné suite à la plainte de Mattel. (écrit le: 2011-07-14) catégorie: scolarité

Une correspondante allemande
date: mercredi 07/02/1990 (14 ans) lieu: St Leu la Forêt

Suite au jumelage de notre ville avec Wendlingen, nous accueillons une allemande à la maison. Elle est très curieuse et me pose beaucoup de questions. Par contre, elle n'est pas très jolie. Suite à un quiproquo, elle me croit plus âgé qu'elle, ce qui est possible car j'ai beaucoup grandi depuis deux ans. Elle m'a demandé dans quelle classe j'étais, et j'ai dit "Zum Gymnasium", donc elle croit que je vais au lycée, alors qu'en fait je suis encore au collège. Comme elle rigolait à toutes mes blagues, je crois qu'elle avait un faible pour moi, mais je n'avais aucune envie de le vérifier. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: rencontres

Le cercle des poètes disparus
date: vendredi 09/02/1990 (14 ans) lieu: Paris

Nos profs de français et d'anglais ont organisé une sortie au cinéma. Nous allons voir « Le cercle des poètes disparus » au cinéma UGC de Châtelet-les-Halles. 21 F pour le ticket d'entrée, et 13,10 F pour le billet SNCF aller-retour à Paris. Le débat qui suivra ce film, dans lequel un prof charismatique incite ses élèves à l'anti-conformisme, sera un des plus enrichissants dont je me souvienne au collège. L'attitude du professeur, joué par Robin Williams, aboutit en effet au suicide d'un des élèves, interprété par Robert Sean Leonard, qui ne supporte pas que ses parents refusent qu'il devienne acteur. Faut-il encourager l'imagination, quitte à risquer ce genre de conséquence ? Faut-il garantir une éducation minimale à tous, quitte à brider le développement intellectuel de certains ? Il n'y a pas eu de réponses définitives lors de ce débat qui a eu lieu en classe, après avoir vu ce film. La question restera ouverte. (écrit le: 2011-09-18) catégorie: cinéma

Vous avez mis trop de points Monsieur
date: jeudi 15/03/1990 (14 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Cours de mathématiques, en classe de 3ème. Notre professeur est calme, assez enveloppé, un visage très rouge et les cheveux couverts de Pento, avec un brushing "mini-vague". Lorsqu'il nous rendait les copies, il commençait par les meilleures notes. Autrement dit, quand on recevait son devoir corrigé en dernier, cela ne signifiait rien de bon... J'étais parfois avant-dernier, ante-pénultième, mais rarement dans les premiers. Ce jour là, le professeur nous remet nos devoirs de géométrie, et j'avais une note correcte. Ni le premier, ni le dernier: au milieu du troupeau. 14 sur 20, j'étais content pour une fois ! A la relecture de ma copie, il s'avère que le prof a fait une erreur d'addition. Il m'a mis trois points en trop. J'hésite, j'en parle à mon voisin de table qui me chuchote: « Ne lui dit paaaaas! ». Finalement, je lui rend ma copie en lui disant qu'il y a une erreur. Je n'ai jamais su s'il avait mis des points en trop pour m'encourager ou s'il avait réellement fait une erreur. Je me souviens lors de la réunion parent-professeur qu'il avait prévenu ma mère: "Attention: au lycée, le niveau est plus élevé. Pour lui ça va être dur, très dur...". (écrit le: 2012-02-11) catégorie: scolarité

Un enfant sage
date: samedi 05/05/1990 (14 ans) lieu: Colombes

Christine m'offre un livre de Jean-Denis Bredin paru chez Gallimard, « Un enfant sage ». Elle rajoute une note manuscripte sur la page de garde qu'elle termine par: "...nous en reparlerons...". La politesse extrême de cet enfant lui rappelle mon caractère. C'est l'histoire d'un garçon dont les parents sont divorcés. Il obéit à tous les ordres de son père et de sa mère, qui viennent de deux univers très différents. L'action se situe dans les années 30 et s'inspire fortement de la vie de l'auteur. Ça ne me dérangeait pas de lire des romans, mais celui-ci était sans doute trop sérieux. Je crois me souvenir de ne pas avoir apprécié l'ambiance stricte et le désarroi que vivait le personnage principal, plus jeune que moi. Quand on m'a donné ce livre, il est possible aussi que je l'ai ressenti comme une nouvelle tentative de me catégoriser: timide, étourdi et maintenant... sage, trop sage. Quand on essaye de capturer un adolescent, il s'échappe. Les grosses ficelles de ceux qui pensaient devoir me bousculer pour me faire réagir, je les voyais arriver à des kilomètres. Pour me dire ce que je devais faire, il suffisait de me le demander, et quand on me posait une question, je prenais le temps avant de répondre. Tout cela n'explique pas vraiment mon état d'esprit à l'époque, mais les coups que je prenais dans la figure me faisaient plus mal que ce que je voulais bien exprimer. Revenons au livre. Sans doute l'auteur voulait-il exorciser son excès de docilité, ce comportement qui a accompagné la séparation de son père et de sa mère. On finit par dire à chacun d'entre eux ce qu'ils veulent entendre, pour leur faire plaisir. C'est une réaction que doivent avoir eu de nombreux enfants, comme moi, dans cette situation. Ce réflexe n'aide évidemment pas un individu à se définir lui-même comme la synthèse de deux parties, lorsque celles-ci se déchirent. Comment suis-je né, et de quelle façon se comporter, si les personnes dont je suis issu ne s'accordent sur rien ? Il est difficile de répondre à cette question avant d'avoir pris un peu de bouteille. J'imagine qu'à 60 ans, Bredin avait l'expérience nécessaire pour accepter la situation et rédiger ce livre. (écrit le: 2014-09-13) catégorie: livres

En terre irlandaise
date: vendredi 25/05/1990 (14 ans) lieu: Cork

La famille d'accueil nous a trouvé une chambre dans leur grande maison, que je partage avec Romuald, celui qui fait les photos du voyage avec moi. Ce couple assez âgé nous fait goûter les spécialités de la région. Ils ont un fils qui est un peu plus jeune que nous. La journée, nous allons visiter différents lieux aux alentours. Nous verrons Cork, Galway et de nombreux châteaux. La chanson des Christians, "Words", atteint des sommets au TOP50 et passe tout le temps à la radio. Cette chanson, inspirée de "Women of Ireland", composée par Seán Ó Riada colle tout à fait à l'endroit où je me trouve. Le père de la famille d'accueil souhaite savoir si nous voulons aller à l'église. Je dis "Pourquoi pas?", mais en fait il veut savoir si nous sommes croyants au point de devoir aller prier le dimanche. Le malentendu dissipé, nous n'irons finalement pas à l'église. Nos parcours se font la plupart du temps en bus. La couleur qui prédomine est le vert, ce n'est pas un hasard si le "shamrock", le trèfle, figure partout sur les drapeaux et les enseignes en Irlande. Les publicités pour la bière "Guiness", fleurissent également sur notre parcours. Le jour de notre départ, des profs ont retrouvé un tag dans les toilettes publiques (les seules du village). Catastrophe: les correspondants irlandais ont peur que cette mode s'exporte chez eux. Nous aurons droit à un sermon de la part des accompagnateurs. Le retour en ferry sera beaucoup plus tranquille que l'aller, sur une mer d'huile. On aurait dit qu'il s'agissait d'une croisière. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: scolarité

Sécher la cantine avec Matthieu
date: vendredi 01/06/1990 (14 ans) lieu: St Leu la Forêt

On mange bien à la cantine ? Pas vraiment, mais bon ça reste mangeable. Matthieu m'invite à déjeuner chez lui certains midis. Nous devons aller jusqu'à l'entrée de la cantine et tromper la vigilance des surveillants pour mettre notre carte de cantine dans une boîte. En effet, les élèves qui ne mangent pas à la cantine sont punis s'ils n'ont pas prévenus à l'avance de leur absence. Si une carte manque dans la boîte, cela signifie que l'élève n'est pas venu. Et comme on veut faire ça en douce, sans prévenir personne, il faut un peu tricher. Une fois le forfait réalisé, nous sortons de l'école par un trou dans le grillage. Arrivé dans la grande maison, chez Matthieu, il faut se préparer rapidement un repas. En général, il fait des oeufs brouillés, avec un peu de rhum pour donner du goût. Puis on a la maison pour nous tout seuls. C'est surtout les matchs de Roland-Garros à la télévision qui nous intéressent en fait ! Et si les cours ne reprennent pas avant 15 heures, on peut retourner au collège au dernier moment. Le problème c'est que la conseillère d'éducation va se rendre compte de mon absence une fois, un peu avant la fin de l'année scolaire. Je vais être obligé de faire une heure de colle ! Pas cher payé pour les nombreuses fois où on a mangé à l'extérieur sans rien dire à personne. (écrit le: 2012-09-18) catégorie: scolarité

Notre-Dame de Bury
date: lundi 11/06/1990 (14 ans) lieu: Margency

Pour la rentrée de septembre, ma mère m'inscrit dans un lycée privé à Margency. Elle avait constaté l'effet bénéfique des méthodes éducatives de cette école sur ma grande soeur. Elle espère qu'il en sera de même pour moi, même si elle ne m'a pas demandé mon avis. Cet établissement assure principalement l'enseignement secondaire pour les enfants des villes avoisinantes. Le catéchisme y est assuré par des pères maristes. Ils s'occupent de l'éducation religieuse facultative. C'est la première fois que je ne serai pas scolarisé dans une institution publique. Le proviseur souhaite me rencontrer, ma mère va donc m'accompagner là-bas. Cet établissement privé sous contrat s'appelle "Notre-Dame de Bury". J'aurais du me méfier, ou disons me préparer. En anglais "to bury" signifie "enterrer", c'est la sensation que me fait cet endroit en y entrant. Le domaine, qui appartient aux pères, est assez grand. Il y a un château du XIXème et un grand parc à entretenir. Dans des constructions d'un ou deux étages se trouvent les classes. Nous arrivons dans le bâtiment moderne mais déjà bien fatigué où se trouvent les lycéens. Le proviseur a un bureau au rez-de-chaussée, il nous invite à entrer. Il me pose des questions, sur ce que je souhaite faire dans la vie. On dirait un entretien d'embauche, sauf que je ne m'étais pas du tout préparé à ça. "Qu'est-ce que tu regardes à la TV?". Je me voyais mal lui répondre que je passais mon temps devant le "Club Dorothée". Épuisant dans ma tête la liste des programmes tous plus inavouables les uns que les autres, j'ai fini par répondre "La Météo" en bafouillant. Ça l'a bien fait rire. Je me souviens aussi de ses airs supérieurs. J'avais les larmes aux yeux, de celles qui montent quand on se sent impuissant. Il devait avoir l'impression de nous rendre à ma mère et à moi un immense service en m'acceptant dans "son" école. J'avais surtout le sentiment de lui inspirer de la pitié, au regard de mes bulletins de note et des revenus pourtant honorables de ma mère. Il faut dire que l'admission se fait sur la base de critères scolaires et financiers, le tarif évoluant en fonction du quotient familial. Je mettais les pieds dans un univers totalement étranger à mon mode de pensée. Beaucoup d'élèves de Bury étaient plus doués que moi, ce qui n'était pas difficile, et les revenus de leurs parents dépassaient largement la moyenne nationale. Encore peu enclin à soutenir une confrontation, je faisais aussi l'entrée dans un monde compétitif qui ne me plaisait pas. J'étais prêt à me faire gober comme un huître. Je n'ai compris cela qu'après les vacances scolaires... (écrit le: 2014-11-23) catégorie: scolarité

Brevet des collèges
date: lundi 18/06/1990 (14 ans) lieu: Saint-Leu-la-forêt

Je passe le brevet. Je planche sur l'examen dans une relative décontraction. Ce sont des questions très faciles. On nous demande par exemple ce que signifie 'TGV' ? Quoi qu'il arrive, échouer à cette épreuve n'empêchait pas de passer du collège au lycée. Après l'annonce des résultats, je n'ai pas osé allé voir sur les panneaux affichés à l'extérieur du collège pour savoir si je l'avais eu ou pas. J'ai menti en disant à ma mère que j'avais été voir et que j'étais admis. J'avais un peu honte de ce mensonge, surtout que je n'étais pas sûr d'avoir eu une bonne note. Mathieu ne comprends pas pourquoi je me retrouve dans cette situation, il insiste pour que nous allions vérifier. Je suis retourné au collège quelques jours plus tard avec lui pour voir si les résultats étaient toujours disponibles. Malheureusement, les affiches avaient été détachées. Il faut dire que l'année scolaire était terminée. Le gardien du lycée a bien voulu nous ouvrir la porte et nous a expliqué que les résultats étaient rangés dans un coin. J'ai vu mon nom avec la mention 'Admis'. J'ai remercié le gardien et je suis parti. (écrit le: 2017-03-31) catégorie: scolarité

Nourrir un goéland
date: vendredi 22/06/1990 (14 ans) lieu: St Malo

Vacances avec ma grande soeur. Nous sommes hébergés chez des amis de ma mère à St Malo. Des oiseaux passent leur temps sur les toits des immeubles, et un goéland finit par atterrir à côté de la fenêtre de ma chambre. Je lui met du pain sec sur le rebord de la fenêtre. Chaque matin, il revient à heure fixe, tapant au carreau pour obtenir sa pitance. Après notre départ, j'apprends que l'oiseau continue à réclamer du pain, et j’espère qu'il ne salit rien. Drôle d'animal de compagnie quand même. (écrit le: 2011-07-17) catégorie: voyages

Elles sont sur mon ventre
date: mardi 24/07/1990 (14 ans) lieu: Pont-Saint-Martin

Colonies de vacances à l'époque de l'adolescence. A un moment donné, on croit qu'il est impossible d'avoir moins d'intimité que dans ces instants là. C'était dans les Alpes, et nous apprenions à jouer au tennis. A l'époque, on écoutait l'album de la Mano Negra: Puta's Fever. L'hébergement était dans des bâtiments en dur pour les filles, et des tentes militaires pour les garçons. On peut dire que les soirées étaient agitées, sûrement à cause des hormones. Ca flirtait, et pour certains groupes de garçons, le challenge était de conclure le plus vite possible. Pour les plus cons, dans la tente d'à côté, l'occupation se limitait à des concours de branlette. Du coup, en arrivant dans notre tente même au milieu de la nuit, les moniteurs vérifiaient qu'on se tienne à carreau. L'un d'eux me dit un soir, "sors les mains de ton slip !", je lui réponds, un peu outré, qu'elles sont sur mon ventre. (écrit le: 2011-07-16) catégorie: voyages

La guerre du Golfe
date: jeudi 02/08/1990 (14 ans) lieu: Colombes

Il y a des évènements qui marquent. Parfois, il n'est pas nécessaire d'être personnellement impliqué dans une histoire, pour avoir le sentiment de la vivre de l'intérieur. C'était la première fois que des images aussi précises d'une guerre en cours nous parvenaient par les écrans de télévision. Plus tard, la guerre de Yougoslavie nous marquera par l'absence d'images qui la rendait encore plus mystérieuse. Cette transparence était assez suspecte. Surtout, aux yeux des français, on était là-bas "pour le pétrole". Il y avait d'autres conflits armés sur Terre, mais nous ne n'y envoyions pas nos soldats rendre la justice. On craignait sûrement un nouveau choc pétrolier. Je me souviens des conférences de presse du Général Schwartzkopf, nous détaillant les objectifs à atteindre par le "dispositif" mis en place. Les journaux télévisés passaient en boucle des images filmées en infra-rouge, montrant des colonnes d'obus vert clair s'envolant dans les airs comme des feux d'artifice dans un ciel vert foncé. On pouvait également voir des vidéos en noir et blanc, montrant un missile à tête chercheuse s'abattre sur des sites irakiens 'stratégiques'. Ce sont les frappes soi-disant chirurgicales de l'armée américaine. C'était fascinant. Le présentateur nous mettait en garde: "ces images peuvent heurter". Et pourtant, on ne voyait pas de morts. A posteriori, c'est terrifiant quand on pense aux dommages collatéraux. Tout se passait en direct, devant nos yeux, on ne pouvait donc pas nous mentir se disait-on. (écrit le: 2012-12-09) catégorie: évènements

Sailor & Lula
date: samedi 06/10/1990 (14 ans) lieu: Paris

Je vais à Paris voir un film de David Lynch. D'habitude, je vais à Enghien-les-Bains, mais la salle de cinéma ne joue pas « Sailor & Lula » (« Wild at Heart » en version originale). Ce film raconte la cavale d'un couple éperdument amoureux sur fond d'hommage au Magicien d'Oz et à Elvis Presley. Présenté à Cannes en Mai, le film y a gagné la Palme d'Or. Ce qui m'a attiré, c'est d'abord la bande-annonce. La musique que j'y ai entendue me mettait en transe. Les violons de Richard Strauss y côtoient les guitares métalliques de Powermad. Et puis les images très colorées, l'inquiétante étrangeté toute particulière au cinéma de David Lynch, tout cela me semble familier. Enfin, la beauté des décors et celle de l'actrice principale ont fini de me décider à aller dans une salle parisienne pour voir ce film que j'imagine déjà culte. Avec sa violence morale et physique, teinté de phénomènes surnaturels, il a de quoi perturber les jeunes enfants. C'est pourquoi l'entrée de la salle est interdite aux moins de douze ans. Le film passe en version originale, « V.O. » est aussi le nom que nous avons donné avec Mathieu à notre fanzine de passionnés de cinéma. Je me souviens de cette allumette, filmée en très gros plan, et de cet incendie criminel dans lequel le père Lula décède. Laura Dern, et sa mère, Diane Ladd, jouent le rôle de la mère et de la fille. Nicolas Cage, y campe un gangster au grand coeur, admirateur du « King », brutal et peu porté sur l'ironie. Sa belle-mère fera tout pour le faire disparaître, croyant qu'il a assisté au meurtre de son défunt mari. C'est aussi un « road-movie », dans lequel les personnages passent de la Nouvelle-Orléans au Texas, en donnant une certaine vision désabusée des Etats-Unis. Lula, à bout de nerf, éteint l'auto-radio après avoir écouté le récit de faits divers choquants (et sans doute réels) sur différentes stations. De bout en bout, la chanson de Chris Isaac « Wicked Game » hante une scène dans laquelle le couple, au volant d'une décapotable, discute au milieu de la nuit quand ils croisent une famille victime d'un accident de la route. Une jeune femme, seule survivante du crash, est sérieusement blessée à la tête. Soucieuse uniquement de son apparence physique, elle décèdera sous leurs yeux quelques instants plus tard. La route des amants croisera celle de Perdita, jouée par une Isabella Rossellini méconnaissable, et compagne de Lynch à l'époque. Willem Dafoe y joue le rôle de Bobby Peru, un braqueur de banque pervers au rire niais et aux dents gâtées. Il est inoubliable lorsque, le visage masqué par un bas, il se fait sauter la cervelle d'un coup de fusil à pompe. Seule l'intervention de la bonne fée à la fin du film permettra au personnage principal de retourner vers sa femme et son fils, alors qu'il sort à nouveau de prison. Nicolas Cage, de sa propre voix, termine le film en chantant à sa belle « Love Me Tender », symbole de son amour absolu. Le spectateur ne sort pas indemne de cette expérience traumatisante, dans le bon sens du terme. (écrit le: 2017-07-30) catégorie: cinéma

Une fois par jour
date: vendredi 23/11/1990 (14 ans) lieu: Paris

Nous allons assister au tournage d'une émission de télévision présentée par Claude Sérillon. Réalisée au studio 102 de la Maison de la Radio, « Une fois par jour » est un programme qui est diffusé depuis quelques jours sur la chaîne Antenne 2. Sérillon ne présentait plus le journal télévisé depuis 1987, en partie à cause de son indépendance et la façon dont il avait interviewé le préfet de Paris sur l'affaire Malik Oussékine. Je me souviens avoir vu Isabelle Giordano, Cabu et Wolinski, ainsi que d'autres chroniqueurs, dans cette émission qui était diffusée entre 18h30 et 20h. Malheureusement, en face d'elle se trouvait des programmes plus populaires (la Roue de la Fortune, Santa Barbara,...). Diffusée pendant quelques mois, cette émission a finalement été déprogrammée faute d'audience. Après avoir attendu dans le hall de la Maison Ronde, nous entrons dans un studio où tout semble beaucoup plus petit qu'à la télévision. Nous ne voyions pas grand chose, assis au balcon, à part les spots accrochés au plafond et qui servaient à éclairer le plateau. Le décor était assez typique des années 1990, brillant, fluorescent. Le costume du présentateur était visiblement trop grand pour lui, au sens propre comme au figuré. (écrit le: 2018-08-04) catégorie: télévision

Stage à Science et Vie Junior
date: lundi 17/12/1990 (15 ans) lieu: Paris

Nous étions obligés de trouver un stage en entreprise pendant notre année de seconde. C'était le moyen qu'avait trouvé le lycée pour nous frotter au monde de l'entreprise, car les années suivantes étaient consacrées au Bac. J'avais signé quelques semaines auparavant ma convention de stage avec ma mère dans les anciens locaux parisiens de Science et Vie Junior. J'étais abonné à ce journal depuis quelques temps, et travailler dans le domaine de la vulgarisation scientifique était mon rêve. Me voici donc dans les locaux un lundi matin, très tôt, accueilli par une jeune femme qui n'a pas l'air de savoir où m'installer. Dans le sud de Paris, à côté de l'héliport, les bureaux sont tout neufs. Finalement, le rédacteur en chef Sven Ortoli arrive et me met dans un coin. Il me demande de rédiger des brèves sur des sujets qu'il a choisi. Aucune ne sera publiée. Je dois taper mes textes sur un Macintosh Classic, un ordinateur que je trouve très pratique. Entre midi et deux, il y a un jeu de Mah-jong qui me permet de passer le temps. La secrétaire que tous le monde appelle "Coco" s'occupe de moi le reste du temps, on déjeune ensemble à la cantine. Le slogan de ce mensuel était "la curiosité n'est plus un défaut". Je leur conseille de le ré-utiliser pour une publicité. Ça sera ma seule participation active au cours de cette semaine. J'ai eu le sentiment d'être là où les décisions étaient prises, malgré mon incompétence je n'ai jamais été mis de côté. Pour cela, je leur suis évidemment reconnaissants. (écrit le: 2011-10-23) catégorie: stages

Un porte-monnaie à Londres
date: lundi 31/12/1990 (15 ans) lieu: Londres

Nouvel an 1991. C'est la liesse sur Trafalgar Square. On est collés les uns aux autres. Mon père, et ma grande soeur sont là. On me colle la main aux fesses (c'était un homme ou une femme ?), pas grave. J'arrive devant le barrage de policiers en tenue, les bobbies, qui fouillent les passants. Ma mère avait eu la bonne idée de me prêter un porte-monnaie assez féminin. le flic me prend pour un pickpocket, je ne comprend rien à ce qu'il me dit, mais mon père arrive à lui expliquer la situation. Ouf ! On peut faire le compte à rebours avec les autres... (écrit le: 2011-07-01) catégorie: voyages

Akira
date: Dimanche 20/01/1991 (15 ans) lieu: St Leu la forêt

Le premier volume du manga de Katsuhiro Otomo est édité chez Glénat. Ma mère l'a commandé chez France Loisirs. On peut dire que c'est le premier manga disponible en français. C'est vraiment un choc, et pour moi c'est la découverte d'un continent. Akira était une porte d'entrée vers un autre monde. L'offre de mangas est gigantesque, et ne s'adresse pas qu'aux enfants. Bien sûr, la plupart sont en noir et blanc, et très peu sont déjà traduits à l'époque. Mais chaque volume est vraiment plus long que la très grande majorité des bandes dessinées proposées par les dessinateurs européens ou américains. Cela laisse le temps de rentrer dans un univers foisonnant de personnages et de lieux qui me permettent de m'évader. Dans Akira, cet univers est composé d'un monde futuriste apocalyptique. La ville de Néo-Tokyo se remet péniblement d'une explosion cataclysmique qui a entraîné la troisième guerre mondiale. L'auteur a commencé à dessiner cette histoire au début des années 1980, mais pour moi qui débute la lecture dix plus tard, le style est vraiment actuel. Au coeur de cette intrigue se trouvent deux amis se déchirent. Tetsuo et Kaneda se disputent le leadership de leur gang de motards junkies. Suite à une expérience scientifique, Tetsuo acquiert des pouvoirs psychiques et devient l'enjeu de machinations politico-militaires. Le récit est dense et laisse imaginer les raisons du cataclysme fondateur. L'ombre d'Hiroshima plane sur cette histoire où Akira, un jeune garçon (Little Boy en anglais), a le rôle d'un outil de destruction. Le dessin est très fouillé, presque documentaire, et les éléments futuristes sont finalement assez discrets. Un film est sorti en cassette vidéo peu de temps après. La musique était un élément important de ce dessin animé. Elle est influencée par des sonorités balinaises, japonaises et la musique classique, j'ai acheté le CD quelques années plus tard. Ce film a fait l'objet d'une polémique quant à l'animation de certaines scènes, effectuée image par image à partir de prises de vue réelle. Mais la vraie polémique est la fin du manga: contrairement au film, l'armée des Nations Unies débarque à Néo-Tokyo pour y instaurer l'ordre. Les japonais, menés par Kaneda, s'insurgent contre eux et déclarent leur souveraineté. Il faut savoir que le Japon n'a plus le droit de se doter d'une armée depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Un conflit armé impliquant ce pays est donc un véritable tabou. Cette fin a fait l'objet d'une censure aux États-Unis. Elle a toutefois été publiée dans une des versions françaises. (écrit le: 2013-08-13) catégorie: bandes dessinées

HeldenPlatz
date: mercredi 06/02/1991 (15 ans) lieu: Paris

Le texte de Thomas Bernhard est adapté par Claude Porcell, et la pièce a été mise en scène par Jorge Lavelli. Annie Girardot jouait le rôle de la gouvernante. La pièce se jouait au Théâtre national de la Colline dans le 20ème arrondissement. Nous allons voir cette pièce avec mon père et ma grande soeur. 50 ans après le cataclysme qui s'est abattu sur cette famille juive de Vienne, l'histoire est vécue par les personnages comme une fatalité. Hitler a réalisé l'Anschluss, et l'occupant allemand a appliqué des persécutions contre les juifs. Ils habitent sur la "place des héros", d'où le nom de la pièce. Pourquoi le propriétaire de cet appartement s'est-il défenestré ? Sa famille s'est réunie. Au début, ces gens se souviennent. Ils ont été obligés d'envisager toutes les possibilités: l'exil, la lutte? La colère laisse place à la dépression, jusqu'à la folie. Quand mon père m'a dit que nous allions voir une pièce de théâtre, j'ai fait une drôle de tête. J'y suis allé à reculons. Après avoir vu la pièce, j'avais des sentiments plus mitigés. "Non, je ne peux pas dire que je n'aime pas", dirait Thérèse dans "Le Père Noël est une ordure". Ce qui m'a le plus surpris, c'est quand quelques mois plus tard, notre professeur d'histoire-géographie a évoqué Thomas Bernhard dans un de ses cours. Cet enseignant, Mr Cuenot, nous exhortait à suivre les programmes de France Culture, et à n'écouter comme musique que celle de Mozart (comme si c'était la seule qui vaille d'être entendue). "Qui ici a vu une pièce de cet auteur ? Personne bien sûr!". Il avait une vision un peu désabusée de notre génération. Je réponds: "Si, moi...". Je participais peu, voire jamais pendant son cours. Ça m'a un peu surpris moi-même d'être le seul à avoir fait une chose aussi simple que d'aller voir une pièce de théâtre. D'habitude, en classe, il fallait lire en diagonale de grands livres classiques, pour pouvoir se vanter d'en avoir retenu le sens. "J'ai vu 'Heldenplatz' ". "Ça raconte l'histoire d'une famille juive de Vienne qui voit sa fin arriver quand les nazis envahissent l'Autriche dans les années 30". Comme toujours, je résumais beaucoup. Je résume encore énormément. (écrit le: 2012-07-29) catégorie: théâtre

Twin Peaks
date: lundi 20/05/1991 (15 ans) lieu: St Leu la forêt

Cette série télévisée était diffusée sur la Cinq tous les lundi soir. David Lynch débutait dans la réalisation pour le petit écran. Au départ du scénario, il y avait la découverte au bord d'un lac du corps de Laura Palmer, une adolescente. Mais c'était pour Lynch le prétexte à toutes sortes d'expérimentations visuelles. Cette histoire n'avait ni queue ni tête. Dès le départ, Lynch nous dévoile les petits secrets, et la condition humaine des personnages. Adultères, alcoolisme, folie douce ou troubles plus profonds, cette communauté n'est pas celle de la « Petite maison de la Prairie ». Dale Cooper, joué par Kyle MacLachlan (l'alter-ego du réalisateur), est un agent du FBI chargé de trouver le tueur de Laura. Très maniéré, toujours souriant et mystérieux, il avait une méthode bien à lui de mener l'enquête. Roi de la digression, il se faisait des remarques à lui-même sur des tartes aux fraises ou des arbres de la région. Dès qu'il le pouvait, il enregistrait sur son magnétophone un compte-rendu à destination d'une mystérieuse « Diane ». Seul le shérif semble avoir gardé un peu de santé mentale. L'ambiance pesante de la série tenait d'abord au lieu du tournage, le nord-ouest des Etats-Unis, dans une ville imaginaire près de Seattle. Ensuite, il y a la musique composée par Angelo Badalamenti et Julee Cruise, planante et parfois inquiétante. Au bout de quelques épisodes, on était véritablement hypnotisé par le rythme extrêmement lent de l'enquête, la découverte des personnages secondaires, et la mise en scène qui mélangeait le rêve à la réalité. Il fallait vraiment avoir envie de regarder pour tenir sur la longueur. D'autant que ma mère n'était pas particulièrement contente de nous laisser devant ce programme atypique, plutôt que de faire nos devoirs... (écrit le: 2013-08-13) catégorie: télévision

Feutrer de la laine
date: jeudi 01/08/1991 (15 ans) lieu: Mouzon

Mon père anime un stage artistique à Mouzon. Ce stage "workshop", fait intervenir des artistes européens dans le cadre d'une recherche plastique iconoclaste et non conventionnelle sur le thème du feutre (la matière obtenue par cuisson de la laine). Inutile de préciser que je n'y comprend absolument rien. Ma grande soeur va nous rejoindre plus tard. En attendant, je suis un peu livré à moi-même, car mon père est l'intermédiaire entre les artistes et les directeurs du musée de fabrication de feutre. Grâce à la petite radio de mon père, j'écoute France Info et je perd mon temps. L'atelier baigne dans l'humidité et les odeurs de mouton. L'un des jeunes qui travaille dans le musée viendra me voir et me dira "Sowa?". Je lui ferais répéter trois fois, sans comprendre qu'il me demandait comment j'allais (vive l'accent ch'ti). C'est la dernière fois qu'il m'adressera la parole. L'une des artistes autrichienne a besoin d'un traducteur, pour donner des instructions à un ouvrier. C'est un peu la seule chose d'utile que j'ai eu à faire pendant ces deux semaines. (écrit le: 2011-08-08) catégorie: voyages

Musée Horta à Bruxelles
date: Dimanche 18/08/1991 (15 ans) lieu: Bruxelles

Voyage dans un pays que je connais peu. Mes seuls souvenirs de traversée de la Belgique en voiture sont assez mauvais. Bruxelles fait exception. Cette ville est à part dans un pays qui n'a selon moi jamais réussi à trouver son identité. Nous allons avec mon père et ma soeur visiter le Musée Horta, dont le style flamboyant est représentatif des années 20 et de "l'art nouveau". Nous allons au musée de la bande dessinée, ainsi que sur la fameuse Grand-Place. Nous touchons l'Everard 't Serclaes, qui paraît-il rend amoureux pendant un an. Puis nous irons à une exposition sur Tintin à Welkenraedt. Mon père s'énerve contre un contrôleur, car nous avons pris un train qui va à la même destination que celui pour lequel nous avons pris un billet, mais qui passe par un autre chemin. L'exposition temporaire est très impressionnante, et toute la ville est décorée aux couleurs des dessins d'Hergé. Un excellent souvenir. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: voyages

Terminator 2
date: samedi 26/10/1991 (15 ans) lieu: St Leu la Forêt

Je vais voir ce film, et je m'attend à du grand spectacle: j'ai vu les bandes annonces à la télévision. Un camarade de classe me décerne le titre de fan N°1 du film...Il faut dire que je collectionne les images de « Terminator 2 » dans le magazine "Première" auquel je suis abonné, et que j'ai acheté l'album des Gun's and Roses « Use your illusion » juste pour la chanson que John Connor écoute sur le ghetto blaster de son pote dans le film. Je m'imagine sur une moto-cross au guidon de ma 103 Peugeot, en train d'échapper à un robot fabriqué en métal liquide. Je dessine aussi des têtes de Terminator dans mon agenda. Avec mon argent de poche, je me suis acheté aussi le jeu « Terminator 2 Judgment Day» pour Amiga. Quand on sait qu'il faut moins d'une heure pour finir le jeu, j'ai regretté un peu cette dépense par la suite. A cette époque, je mâchais des chewing-gum pour avoir l'air cool et ressembler à un dur à cuire. Mon baladeur de marque SABA crachait un son relativement pourri dans mes écouteurs, mais ça me suffisait largement pour m'isoler dans les transports en commun. Le titre "You could be mine" tournait en boucle dans mes oreilles. (écrit le: 2013-09-21) catégorie: cinéma

Cours de maths pendant les vacances
date: vendredi 01/11/1991 (15 ans) lieu: Paris

A peine commencée, mon année scolaire s'annonce difficile, surtout en maths. Impossible de comprendre certains concepts, ou alors quand je finis par les comprendre, l'exercice est terminé, et la méthode de résolution ne nous servait plus jamais. Ma mère a insisté pour que je fasse des mathématiques pendant cette semaine de congés. Du coup, j'ai des cours de soutien scolaire pendant mes vacances de la Toussaint. Les cours ont lieu près de la station Boulainvilliers dans le très chic XVIème arrondissement de Paris. Pour arriver à l'heure, je dois prendre plusieurs correspondances dans les transports en commun. Je ne sais pas trop ce que je fais là. Les élèves sont accueillis dans l'appartement d'un immeuble haussmannien, converti en école privée. On nous offre un carambar au début de chaque cours, ce qui nous fait comprendre que l'ambiance sera décontractée. Les autres élèves sont dans les mêmes difficultés que moi. Le niveau était quand même beaucoup moins élevé que dans les cours que j'avais au lycée. L'un dans l'autre, je finis donc la semaine en ayant eu très peu de mal à faire les exercices. Je soupçonnais les professeurs de brider la difficulté pour nous redonner confiance en nous. Quant aux mathématiques, ça ne servait à rien de s'acharner. L'année prochaine, je ne ferai pas de 1ère scientifique. (écrit le: 2013-06-08) catégorie: scolarité

16 Ans au Nirvana
date: vendredi 29/11/1991 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'ai fêté, comme l'année d'avant, mon anniversaire en famille. Je n'avais aucune envie de m'amuser. J'essaye déjà de survivre à l'épreuve du lycée, principalement en faisant le gros dos. La chanson de Nirvana "Smells like teen spirit" fait un carton, et je l'écoute en boucle. C'est un défouloir. Quand la chanson passait à la télé, j'avais juste envie de sauter au plafond. Pourtant, le clip présente les membres du groupe comme des mecs qui n'en ont rien à foutre. Il y a des pom-pom girls, et des joueurs de basket dans un gymnase sombre et enfumé. Un vieil homme de ménage chauve a l'air de battre la mesure au ralenti avec son balai à franges. Cette vidéo ne répondait cependant pas à la question suivante: "Comment peut-on marquer un panier quand on ne vise même pas". C'est la question principale que tout le monde se pose. Les mimiques de Kurt Cobain sont comme un signal "n'achetez pas mon disque", devant une armée de champions du marketing. Et pourtant il s'est vendu ce CD, je l'ai même acheté. Le titre est numéro un partout dans le Monde. "Je ne suis pas un putain de porte-parole" aimait à rappeler Kurt. Et pourtant, on aimait sa musique car elle disait quelque chose sur nous, les ados des années 90. Je n'étais plus la même personne après avoir découvert Nirvana. Sur toutes les chansons de l'album, je me suis rendu compte que le titre phare ne représentait pas vraiment l'ensemble du style musical de ce groupe. J'ai fini par préférer une autre chanson, "Lithium", pour sa richesse rythmique. Découvrir de nouveaux horizons, c'était ça mon cadeau d'anniversaire. (écrit le: 2013-08-13) catégorie: musique

Stage à France-Soir
date: lundi 16/12/1991 (16 ans) lieu: Paris

Nous sommes à nouveau invités à faire un stage en entreprise. Comme je n'ai pas trouvé, je m'adresse à l'administration du lycée, qui se charge de trouver des stages. Un membre de la famille d'un des profs du lycée travaille à France-Soir. J'ai donc rendez-vous au mois de novembre à Paris pour rencontrer cette personne qui doit me présenter le stage que je vais faire au mois de décembre. Je stresse. Je me perds, je rate le rendez-vous avec ce Monsieur. Heureusement, il n'est pas susceptible et le rendez-vous est reporté la semaine suivante. La rencontre a lieu dans les locaux du journal "Le Figaro". Mon stage doit commencer en décembre, dans les bureaux de Bercy du journal. La loi Évin est passé peu de temps auparavant, ce qui aura des conséquences financières importantes sur l'entreprise. Par contre, il n'y a pas encore d'interdiction de fumer sur le lieu de travail, ce qui ne m'arrange pas! Les cigarettes se consument dans l'ensemble des locaux et créent cette atmosphère particulière, que je trouve irrespirable. Je suis accueilli lundi matin par le responsable des ressources humaines. Certains journaux sont vendus sous la marque « L’Aurore », que France-Soir a racheté, car des clients sont nostalgiques de ce nom, synonyme de l'article d’Émile Zola "J'accuse". D'ailleurs, l'histoire prend une part importante dans l'organisation de la salle de rédaction. La trace de Pierre Lazareff est encore présente lorsque je fais ce stage. Évidemment, le tirage a fondu depuis l'époque glorieuse de cette légende. Les corps de métier me sont présentés par le responsable de mon stage: rédacteurs, correcteurs, comptables, vendeurs d'espace publicitaire... Le quotidien de ce journal, ce sont surtout les plans de licenciement et les grèves. Je vais passer chaque jour dans un bureau différent, mais l'ambiance est délétère et les employés ont peu de temps à me consacrer. A leur décharge, je dois dire que je n'insiste pas beaucoup pour participer: je dégage assez peu d'enthousiasme. Je ne sais même plus à quoi j'ai passé mes journées: sûrement à la rédaction de mon rapport de stage bidonné. Le jeudi, le responsable de mon stage me demande d'accompagner en Seine et Marne un vendeur-placeur balafré qui écoute "Les Grosses Têtes" sur son auto-radio. Celui-ci m'offre le "Pariscope", alors que nous allons voir les imprimeurs du journal. Il m'explique les ficelles du métier, comment fidéliser les buralistes pour placer le journal à un endroit stratégique sur les présentoirs, offrir des exemplaires gratuits, etc... Le lendemain, dernier jour du stage, je présente ma journée de la veille de manière désabusée: "J'ai fait une balade". Cette réponse va rendre le responsable des ressources humaines furieux. En gros, je leur ai fait perdre leur temps pendant ce stage. Ce à quoi je lui répond doucement que mon but est d'écrire des articles, pas de vendre du papier. Il m'annonce que mon stage est terminé, à 10 heures du matin. Je rentre chez moi, et je n'ai plus aucune envie de devenir journaliste. (écrit le: 2011-10-23) catégorie: stages

Visite de Vienne
date: mardi 31/12/1991 (16 ans) lieu: Vienne

Voyage à Vienne. Quand nous marchons dans les rues, il fait très froid, et mes chaussures ne sont pas adaptées à ces conditions. Je dois régulièrement me réchauffer les pieds. Voir la maison de l'artiste Hundertwasser a été une grande expérience, tant nos repères sont chamboulés par l'architecture atypique. Sinon, l’autrichienne que mon père est venu voir s'appelle Elisabeth Weissensteiner. Cette artiste était présente au stage de travail sur le feutre à Mouzon. Nous irons voir où elle vit, rencontrons sa famille. Puis elle veut nous faire visiter un endroit. Nous verrons l'entrée d'un monastère, où un moine semble agréablement surpris de voir une femme. Cette année là, c'est le bicentenaire de la mort de Mozart, pour nous ce sera surtout l'occasion de voir des portraits de lui partout, y compris sur les emballages des confiseries ou les cartes postales. Après avoir passé la journée à visiter cette ville magnifique avec mon père et Sylvaine, nous rentrons nous préparer pour le repas du soir. Malheureusement il ne se passe pas comme prévu. Le réveillon a lieu dans le bar d'à côté, faute d'avoir réservé une table dans un vrai restaurant. Les clientes qui mangent à côté de nous sont probablement des prostituées. (écrit le: 2011-08-13) catégorie: voyages

Copier des disquettes
date: mercredi 15/01/1992 (16 ans) lieu: Margency

Un de mes camarades de classe possède des jeux vidéo sur disquettes pour l'ordinateur Amiga 500, que je possède également. Je vais parfois le ramener chez lui sur le porte-bagage de ma mobylette, ce qui était dangereux car il n'avait pas de casque. Il me prête parfois des jeux que je copie avec le logiciel X-Copy. Il n'y avait aucune protection. Même si les disquettes vierges coûtaient beaucoup moins cher que les jeux originaux, ça commençait à faire de grosses dépenses. Surtout quand le jeu tenait sur 9 disquettes (comme « Legend of Kyrandia »!). Il arrivait souvent que j'efface un jeu auquel je ne jouais plus pour arriver à copier l'intégralité d'un nouveau titre. Cependant, tous les modèles ne convenaient pas à l'utilisation qu'on voulait en faire. Simple couche, double couche, haute densité,... la quantité de données qui pouvaient être copiées dessus passait de 360 Ko à 1,4 Mo. Ce support était extrêmement lent en comparaison des disques durs, et trop restreint, déjà à l'époque. Le lecteur faisait un bruit de brosse métallique ou une sorte de cri d'animal assez rauque. Avec les démos qui étaient distribuées dans des magazines, les disquettes vierges achetées au supermarché, les jeux originaux et les compilations, je croulais littéralement sous ces petits rectangles en plastique. D'ailleurs, certaines ne fonctionnaient plus du tout, car elles se démagnétisaient très facilement, ou bien le cache métallique ne s'ouvrait tout simplement plus car le ressort était cassé. Ce n'était pas le plus sûr moyen d'archiver ses données. Les disquettes étaient donc destinées à disparaître, malgré le côté « portable » bien pratique. Il a fallu attendre les graveurs de CD et les clés USB vers 2001-2002 pour les remplacer définitivement. C'est d'autant plus frappant que le logo qui symbolise la sauvegarde de données dans les interfaces informatiques reste cette disquette, alors que les plus jeunes d'entre nous n'en n'ont jamais touché une de leur vie. (écrit le: 2014-05-08) catégorie: jeux vidéo

Pierre Gilles de Gennes
date: jeudi 20/02/1992 (16 ans) lieu: Margency

A la suite de son prix Nobel de Chimie, Pierre Gilles de Gennes avait décidé de rencontrer les étudiants, lycéens et collégiens de France, à travers une série de conférences. 200 conférences, un vrai marathon! Ce jour là, il était à Notre-Dame de Bury, et nous étions rassemblé pour écouter la parole du sage. Le spécialiste des matières molles, les « objets fragiles » qu'il évoquera dans un livre paru en 1994, nous parle simplement de choses compliquées. Il souhaite aussi savoir ce que nous pensons, nous invite à poser des questions. Très peu d'entre nous ont eu le courage de parler face à ce génie des sciences. Il a un drôle de look: un mélange entre le professeur Tournesol et Fernandel. Les questions que nous avons posé portaient principalement sur ce qui l'avait amené sur la voie de la recherche scientifique. Très peu de gens connaissaient les motivations qui l'on conduit sur ce chemin, ce qu'on sait aujourd'hui, c'est que ce prix Nobel l'a incité à partager son savoir avec le plus grand nombre. C'est un grand honneur de l'avoir vu en personne. (écrit le: 2012-04-10) catégorie: scolarité

Lotus Turbo Challenge avec Cock Robin
date: mercredi 04/03/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

Avec ma soeur, on aimait jouer à un jeu de voitures sur mon ordinateur Amiga 500. Ce jeu en 2D en vue arrière était fortement inspiré de « Out Run », une référence à l'époque. Il permettait à chacun de commander son bolide sur le même écran, coupé en deux dans le sens de la longueur (écran splitté). Les véhicules étaient exclusivement de la marque « Lotus » (Esprit, Elan,...). Avec mes deux manettes, il était possible de nous affronter sur des courses qui se déroulaient en contre-la-montre (on devait atteindre des checkpoints pour gagner). Très fluide, le jeu était extrêmement bien réalisé, et il permettait de se concentrer sur la course. La principale difficulté était d'éviter les autres concurrents et les obstacles sur la route. On devait prendre les virages parfaitement pour aller plus vite, et même parfois faire sauter sa voiture sur des rondins de bois (!) pour ne pas être ralenti par des flaques d'eau... Quand on finissait un niveau, il fallait noter le code qui permettait d'accéder au stage suivant (par exemple 'SLEEPERS'), on pouvait ainsi commencer sur le niveau qu'on choisissait en tapant le code. A part les bruitages, le jeu n'avait pas de musique, j'allumais donc ma stéréo pour mettre un peu d'ambiance. Ma radio faisait également lecteur de K7 et CD. Je n'avais pas beaucoup de CD et Sylvaine non plus, et on avait pas tout à fait les même goûts en matière de musique. Je lui proposais donc souvent d'écouter le best-of de Cock Robin. Je savais qu'elle aimait bien les chansons de ce groupe, comme moi. Malgré le niveau de difficulté du jeu, j'avais parfois l'impression de conduire sur une autoroute bien tranquille, avec en fond sonore les balades du groupe de Peter Kingsbery sur mon autoradio. Quand ma soeur était ralentie par les autres voitures ou par moi, elle troublait cette atmosphère en criant pour se motiver. Aujourd'hui quand elle conduit sa voiture, c'est sur les autres automobilistes qu'elle se défoule en les insultant... (écrit le: 2013-06-08) catégorie: jeux vidéo

Une correspondante américaine
date: lundi 30/03/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

On installe un rideau de douche, car il paraît que les américains ne prennent pas de bains. Une jeune fille, correspondante américaine de ma grande soeur, va être hébergée dans notre appartement. Elle vient de Brooklyn, elle est d'origine juive. Venue avec quelques cadeaux, elle m'offrira une cassette des "Greatest Hits" de Queen. Il faut dire que ce groupe est revenu sur le devant de la scène après la mort de Freddy Mercury. Elle hésite un peu à nous parler français. Elle est brune et un peu boulotte, elle semble intelligente. Elle ne veux pas trop nous embarrasser, mais on sent que la France qu'elle découvre ne lui plaît pas tellement. C'est une sorte de retour en arrière dans le temps pour elle, et nous le comprenons bien. Nous savons par la télévision ce que sont devenus les États-Unis à cette époque. Sylvaine y est d'ailleurs allé deux fois. Nous allons ensemble au cinéma d'Enghien-les-Bains mais en sortant je l'emmène dans la mauvaise direction, et ma soeur nous attendais ailleurs avec la voiture. Bon, ce n'est pas si grave. Nous avons un débat sur le sens du mot "bitch", à ne pas confondre avec "beach". J'ai des progrès à faire en anglais... (écrit le: 2011-09-02) catégorie: rencontres

My Fair Lady
date: mercredi 08/04/1992 (16 ans) lieu: Margency

Cours d'anglais. Visionnage du film de George Cukor. Le rétroprojecteur restituait mal les couleurs et me donnait mal à la tête. Notre professeur est une quinquagénaire qui prend plaisir à parler avec un fort accent anglais. Elle s'imaginait sans doute naïvement qu'elle pouvait partager ses passions avec ses élèves adolescents. Sa vie tournait autour des maisons victoriennes, de la peinture anglaise romantique du XVIIIème siècle et du raffinement vestimentaire des spectatrices assistant aux courses d'Ascot. J'avais du mal à accrocher, cette comédie musicale ne me passionnait pas trop, même si certaines chansons restent encore dans ma mémoire, ainsi que le visage angélique d'Audrey Hepburn. Notre prof nous demandait aussi de visionner "Continentales" sur FR3 , l’émission d'Alex Taylor (un présentateur d'origine anglaise), mais je n'arrivais jamais à le faire... Ce programme présentait des extraits de journaux télévisés européens en version originale (dont des extraits de la BBC). Cela permettait à notre professeur "bien aimée" de nous poser des questions sur l'actualité. J'avoue que l'horaire de diffusion (très tôt le matin) n'était pas compatible avec mon rythme de sommeil ! Il est presque sûr que l'audience pour ce type de programme ne devait pas être extraordinaire, raison pour laquelle l'horaire était vraiment matinal. Je n'étais pas en phase avec la pédagogie de cette professeur en décalage avec la réalité. J'avais développé un accent américain assez prononcé à force d'entendre les chanteurs de rock. L'ex-femme de mon père, Christine parlait souvent anglais (elle a vécu aux USA pendant une grande partie de sa vie). J'avais donc plutôt un bon niveau mais des mauvaises notes dans cette matière qui n'était pas la plus importante de toutes. Mon niveau scolaire était assez faible dans les autres matières. (écrit le: 2020-03-23) catégorie: cinéma

Analyser les images
date: jeudi 16/04/1992 (16 ans) lieu: Margency

Notre presseur d'économie insiste cette année encore pour que nous apportions des photos de publicités découpées dans des magazines. Cet homme est souvent mal coiffé, mal rasé, mais il porte un costume et une cravate. Il n'est pas vraiment du genre à se laisser faire. Il n'est pas non plus du genre à survoler son sujet. Ce ne sont pas des jeunes « imbéciles » comme nous qui allons le faire marcher. J'aime bien son cours, même si oralement, je ne participe pas beaucoup. J'échappe miraculeusement à sa verve sarcastique, bien que mes notes dépassent rarement la moyenne avec lui. Nous voici donc dans son cours d'analyse des images. Un homme averti en vaux deux, et je redouble ma seconde. L'année dernière, ce cours a eu lieu à peu près au même moment de l'année, j'ai donc pris mes précautions. Certains élèves moins au courant que moi ont apporté des images de publicités pour des biscuits, des voitures,... Mais la seule chose qui intéresse Mr Cuénot, ce sont des publicités, clairement sexistes, qui représentent des femmes dans des poses plus que suggestives. J'ai donc ramené une dizaine de pages découpées dans « Télérama », ou le magazine de cinéma « Première » auquel je suis abonné. Ce sont des publicités pour du parfum par exemple. Il n'en faudra pas plus pour faire démarrer la machine à analyser les images de notre cher professeur. « Regardez comme cette femme est penchée en avant, elle s'offre littéralement au regard lubrique des futurs clients ». Il met en lumière une autre tendance des publicitaires à ne faire apparaître que le corps des femmes. Les têtes disparaissent souvent comme par hasard du cliché! Nous sommes complètement fascinés par la description minutieuse qu'il fait de ces publicités. Pour une fois que le cours devient intéressant. Au delà du côté « voyeur » de cette leçon d'économie un peu spéciale, j'ai découvert grâce à lui un domaine passionnant que j'ignorais jusque là. Quand nous regardons la télévision, nous sommes assaillis par des tonnes d'images. Elles sont devenues tellement difficiles à « lire » qu'il faut beaucoup d'expérience pour les décoder. Dans l'émission « Culture Pub », on pouvait déjà assister à une analyse intéressante des tendances en matière de films publicitaires. J'ai été par la suite accro à l'émission de Daniel Schneidermann, « Arrêt sur images ». Derrière chacune de ces images se cachent des intentions, des manipulations,... et des clichés (sans jeu de mot !). Commencer à les analyser permet de se libérer de l'influence qu'elles peuvent avoir sur notre vie, sur notre opinion et nos choix. Sans ce cours, je ne me serai probablement pas autant intéressé à ce sujet. (écrit le: 2013-04-24) catégorie: scolarité

Jim Power
date: samedi 25/04/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'ai récupéré une nouvelle démo de jeu vidéo pour mon ordinateur Amiga. Ça s'appelle "Jim Power". Le personnage ? Une sorte de body-bulder au visage enfantin, avec une casquette et des lunettes de soleil. Il saute d'une plate-forme à l'autre en tirant sur des ennemis extra-terrestres. En même temps que je joue, j'écoute l'album de Nirvana en boucle sur mon lecteur de CD. Ça recouvre la musique du jeu composée par Chris Huelbeck, un nom qui est pourtant signe de qualité. Les couleurs du jeu (orange, vert et marron principalement) font mal aux yeux, et les graphismes sont infâmes, mais je joue quand même. Je me lassais très vite des anciens jeux, il me fallait de la nouveauté même si cela m'obligeait à gratter les fonds de tiroir. Le personnage était vraiment difficile à maîtriser, je recommençais donc régulièrement cette démo. J'essayais de finir sans me faire toucher par les abeilles géantes ou tomber sur des pics acérés, ce qui tuait le personnage dans une animation indigente. La raison pour laquelle j'étais quand même assis devant mon écran à jouer à cette poubelle vidéo-ludique ? C'est simple. Tout était bon pour ne pas faire mes devoirs... J'avais besoin d'un exutoire, et cet ordinateur me le fournissait à peu de frais. Ça calmait mon stress, mes crampes d'estomac disparaissaient. (écrit le: 2014-11-23) catégorie: jeux vidéo

Goûter devant la télé
date: mercredi 20/05/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'ai faim. Très faim. Quand je rentre du lycée, mon estomac crie famine. A l'heure du goûter, la seule chose qui me permet de tenir, c'est une préparation relativement calorique. J'empile 4 ou 5 biscuits « Prince » de Lu à la vanille dans un bol de lait, puis je passe cette préparation au micro-onde. Le biscuit se gorge de lait et devient spongieux. Parfois, je suis obligé de faire un deuxième bol pour calmer mon ventre. Pour m'occuper pendant que je mange cette bouillie sucrée parfumée à la vanille, je regarde la télé. Des séries comme « Parker Lewis ne perd jamais », ou « Sauvé par le gong » passent à cette heure là. Ce sont des sitcoms qui ne monopolisent pas vraiment mon cerveau, mais m'amusent énormément. L'une des répliques cultes de Parker Lewis est « Aucun problème » (ou en latin "Nulla Questio"). Il garde son calme, malgré les pièges dans lesquels sa petite soeur et la principale de son lycée veulent le faire tomber. Un autre personnage, Larry Kubiak, ne dit rien à part "Manger..., Maintenant !". Il était interprété par Abraham Benrubi, une véritable armoire à glace. Cet acteur jouera le rôle de Jerry, le réceptionniste, dans la série, "Urgences". J'ai l'impression d'être un mélange entre Parker et Kubiak. Ca me permet surtout d'oublier que j'ai des tonnes de devoirs à faire, des cours à réviser, des fiches à mémoriser... (écrit le: 2012-09-22) catégorie: télévision

Portes des frigos ouvertes
date: samedi 06/06/1992 (16 ans) lieu: Paris

Ce quartier du XIIIème arrondissement proche de la rue de Tolbiac était comme un immense terrain vague. Au milieu, il y avait un bâtiment assez imposant, les anciens frigos de Paris. Mon père nous y emmène avec Sylvaine pour voir les ateliers d'artistes qui ont organisé une opération porte ouverte. Il pleut, et nous marchons depuis la gare d'Austerlitz dans un no man's land en chantier. Qu'est-ce qu'on va faire là-bas? Une fois à l'intérieur, c'est la surprise: on a plus du tout l'impression d'être dans un entrepôt. L'art contemporain à l'état brut s'expose dans chaque recoin de ce lieu hors du commun. Derrière une porte rouge, nous tombons dans le baroque le plus total, le style Louis XIV construit avec des matériaux de récupération. C'est l'atelier de Paolo Calia, décoré avec du stuc et de la peinture dorée. L'artiste est là et guide les visiteurs dans l'espace extrêmement réduit qu'est devenue cette pièce remplie à raz bord de visiteurs de tous poils. Derrière une autre porte, il y a une installation vidéo. Certaines pièces ressemblent à des squats. Les lieux sont mal éclairés, mais il y règne une ambiance de liberté créatrice rafraîchissante. (écrit le: 2011-08-27) catégorie: expositions

Oeuf explosé dans ma main
date: samedi 25/07/1992 (16 ans) lieu: Au large de la Bretagne

Vacances d'été, les parents d'un ami m'ont invité sur leur bateau pour une croisière. Le voilier d'environ 12m de long est à Cherbourg. Les premiers jours sont difficiles, à cause du mal de mer. Je finis par prendre de l'assurance dans les derniers jours du voyage. Dans l'"espace" cuisine (tous est dans la même pièce en fait) je commence à parler du fait qu'il est impossible d'écraser un oeuf dans sa main du fait que les forces s'annulent. La forme particulière de l'oeuf équilibre la pression exercée par les muscles de la main. Je finis par une démonstration, en oubliant que ces derniers temps, la coque (de l'oeuf pas du bateau) devient de plus en plus fine. Clac ! L'oeuf explose, et repeint l'intérieur du bateau en jaune poussin. Les coussins s'en souviennent encore. La honte de ma vie... (écrit le: 2011-07-01) catégorie: imprudences

Une exposition universelle
date: samedi 15/08/1992 (16 ans) lieu: Séville

A Séville, découverte de l'Espagne que je ne connais pas, avec mon père qui m'emmène dans ses "bagages". Notre train s'arrête dans une gare flambant neuve. La chaleur est étouffante. Nous allons dans un hôtel très luxueux, mais dans lequel nous n'aurons pas le temps de nous prélasser. Il y a beaucoup de choses à voir, entre le village de l'expo universelle, et la ville de Séville où les orangers nous tendent les bras. Les palais nationaux de la Suède et de la France sont très impressionnants. Nous mangeons des gaspacho, de la queue de taureau,… La musique qui passe à la radio, comme partout sur Terre à ce moment là, c'est Nirvana qui devient mon groupe préféré. Le soir, nous profitons de températures plus clémentes, et un spectacle son et lumière est présenté sur un plan d'eau artificiel. C'est aussi un période faste pour l'Espagne, avec les jeux Olympiques qui viennent de se terminer à Barcelone. Le référendum du traité de Maastricht arrive bientôt, mon père m'explique à quel point il est important qu'il soit adopté... mais il a déjà prévu que le résultat va être serré. (écrit le: 2011-09-19) catégorie: voyages

Demo Scene Amiga
date: mardi 15/12/1992 (17 ans) lieu: St Leu la Forêt

L'arrivée de l'informatique personnelle a créé une révolution. Les personnes qui assistaient à ce phénomène avaient le sentiment d'appartenir à une communauté privilégiée. Le futur se fabriquait sous nos yeux, littéralement. Cela se passait quelques années avant que l'internet n'envahisse les foyers, et rende ces avancées technologiques plus banales. Pour ma part, je profitais de mon ordinateur Commodore Amiga en jouant gratuitement à des jeux de voitures, de plateforme ou de sport. Parmi mes disquettes de jeux copiés illégalement, j'avais quelques démos fabriquées par des développeurs indépendants. Il s'agit pour celui qui a piraté le jeu de démontrer ses qualités de programmeur ou tout simplement d'écrire son nom de manière suffisamment visible. De ce point de vue, on s'approche beaucoup de l'univers des « grapheurs ». De grand noms du jeu vidéo ont commencé en réalisant ce genre d'animations. Il restait souvent peu de place pour mettre des fichiers sur les disquettes, le programme devait donc être léger mais avoir un maximum d'impact. C'est donc avec ces contraintes qu'ils travaillaient. Ils devaient trouver des astuces pour compresser les images, et se servir de la puissance de calcul de la machine pour compenser l'absence de contenu. Parfois, les meilleurs programmeurs se réunissaient pour réaliser des concours de démos plus ambitieuses, qui tenaient sur une ou deux disquettes. Leurs productions se retrouvaient alors copiées et recopiées comme une traînée de poudre parmi les possesseurs d'Amiga. Les capacités de la machine étaient poussées à leur paroxysme, j'avais même peur que mon écran n'explose tant les images étaient contrastées et défilaient avec un rythme élevé. Je me souviens avec émotion de certaines démos. « State of the Art », créé par le groupe norvégien « Spaceballs », montrait des silhouettes qui dansaient sur une musique techno extrêmement énergique. « Hardwired », créé par les danois « Crionics & The Silents » regroupait une succession d'exploits techniques sur fond d'univers de science fiction. Le compositeur des musiques de cette démo (Jesper Kyd) a ensuite travaillé sur de nombreux jeux vidéo dont Assassin's Creed, Hitman et bien d'autres. (écrit le: 2017-07-30) catégorie: informatique

Street Fighter II
date: lundi 11/01/1993 (17 ans) lieu: St Leu la Forêt

Depuis le réveillon de Noël, Loris a eu une console de jeu « Super Nintendo ». Il joue à Street Fighter II, un jeu de combat. Il faut se battre contre la console ou contre un autre joueur. Le premier opus de cette série n'a pas marqué les esprits car les graphismes n'étaient pas du tout impressionnants. Par contre, cette version est quasiment la copie conforme de la version disponible en borne d'arcade, ce qui constituait un exploit pour l'époque. Le magazine « Joypad » lui a même décerné la note de 97%. Il faut noter aussi que le jeu coûtait près de 500F, et la console coûtait pas loin de 1000F, ce qui n'était vraiment pas donné. Les personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres sont sensés représenter les cinq continents. Il y a le karatéka, le sumotori, le lutteur russe, une sorte de militaire américain avec une coupe de cheveux en brosse,... Loris s'est entraîné à lancer des boules de feu avec Ryu et Ken et à faire l'hélicoptère avec Chun-Li. J'ai énormément de mal à gagner contre lui, les coups spéciaux n'arrivent pas à sortir de mon personnage. Il faut dire que ce jeu est relativement complexe à maîtriser. La petite manette de la console nous glissait entre les doigts dès qu'on transpirait. Les manipulations demandaient un rythme précis dans leur exécutions (droite,bas,droite+bas + Y pour le « Dragon punch »), certaines d'entre elles semblaient se déclencher quand elles voulaient. Les enchaînements de combinaisons de coups permettaient de gagner un match même si le combat semblait perdu. J'adorais les graphismes colorés, et les musiques entraînantes qui accéléraient progressivement jusqu'à ce que le match arrive à sa fin. Mes pouces étaient couverts de cloques à force d'appuyer sur la petite croix directionnelle de la manette. Je finissais par appuyer sur tous les boutons en espérant que cela finirait par déstabiliser mon adversaire. Je vous le dit tout de suite, cette méthode ne fonctionne pas du tout. (écrit le: 2012-10-09) catégorie: jeux vidéo

Le bac français
date: vendredi 11/06/1993 (17 ans) lieu: Margency

Au cours d'une partie de basket-ball, je me suis fêlé le petit doigt de la main droite. Il a fallu faire de nombreuses radios, et le médecin de l'hôpital m'a fait porter un attelle pendant un mois. Pile au moment du bac français… Ce n'est pas encore trop grave pour l'épreuve orale. Ça l'est un peu plus pour l'écrit. La plaque métallique qui protège mon doigt frotte sur la feuille quand je rédige mon résumé, du coup, ma copie est couverte de volutes grises qui suivent ma calligraphie hésitante. Pour l'oral, notre professeur nous fait présenter une liste de textes qui sont sur le thème du "culte de soi". Rousseau, Sartre et Voltaire sont dans cette liste, qui me sort par les yeux tellement je suis en désaccord avec le parti pris par notre prof. Si j'avais eu l'intelligence et le courage de faire ma propre liste, j'aurais certainement choisi d'autres textes. Plutôt que "cultiver son for intérieur", il me semblait plus important de "cultiver son rapport aux autres". Probablement qu'un extrait des "Raisins de la colère" de Steinbeck aurait été dans cette liste. L'un dans l'autre, j'ai passé l'épreuve, avec la moyenne puisque j'ai eu 11 à l'écrit et 9 à l'oral. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: scolarité

Rage Against The Machine
date: vendredi 25/06/1993 (17 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Le premier album de ce groupe de rock était sorti aux Etats-Unis en 1992. J'avais 17 ans quand j'ai entendu "Killing in the name" pour la première fois. Ça me rappelait la sensation que j'avais ressentie en écoutant Nevermind de Nirvana. Même si je ne comprenais pas toutes les paroles, je savais que le chanteur, Zack de la Rocha, parlait de rébellion, de renverser l'ordre établi et de reprendre le pouvoir. A mi-chemin entre le rap, le rock et la chanson engagée, cet album arrivait pile au bon moment dans ma vie. Ça me parlait, car j'étais dans un état d'esprit propice à entendre ce genre de discours. Pour un adolescent, c'est une évidence: il faut faire la révolution! A bas l'autorité ! Surtout celle des professeurs...et des parents. Dans les faits, je ne suis pas un rebelle, surtout à cette époque. Ma seule excentricité c'est de me faire pousser les cheveux. Les riffs de guitare de Tom Morello me mettent en transe, mon corps s'électrise complètement à chaque fois que j'entends "Bullet in the head". J'écoute en boucle la copie K7 faite par Martin qui était mon fournisseur officiel de musique gratuite. Il utilisait pour cela la chaîne Hi-Fi de ses parents. J'avais presque toutes les chansons, sauf la dernière, car il était impossible de tout enregistrer sur une cassette de 60 mn (une des chansons dépassait sur la première face). (écrit le: 2018-08-04) catégorie: musique

Pas de stéréo à l'arrivée
date: lundi 05/07/1993 (17 ans) lieu: Strasbourg

Lors du déménagement de mes affaires pour Strasbourg, j'ai reçu des cartons à remplir. Mes meubles en bois ont fait le voyage, ainsi que l'ordinateur Amiga 500. Un objet ne rentrait dans aucun carton, c'était ma stéréo. Ce lecteur de CD, K7 + FM de marque AIWA ne pouvait pas rentrer en longueur. J'ai quand même mis le scotch autour pour bien le protéger. Malheureusement, les déménageurs ont peut-être vu que cet objet était intéressant, ou ils n'ont pas regardé pendant qu'ils laissaient la porte du camion ouverte... Toujours est-il que je n'ai pas retrouvé ce compagnon musical à mon arrivée dans la capitale alsacienne. L'assurance a remboursé quelque chose comme 500F, mais je n'ai pas eu de musique dans ma chambre avant d'avoir un baladeur CD. (écrit le: 2011-07-12) catégorie: imprudences

Santorin
date: lundi 12/07/1993 (17 ans) lieu: Santorin

Ma mère et moi allons en Grèce, sur l'île de Santorin. Il y a un certain nombre de sites archéologiques à visiter, et le lieu ne ressemble à aucun autre endroit sur Terre. La caldera est très impressionnante, ce sont les restes du volcan qui a explosé. Elle a fait pensé à certains scientifiques que ce lieu est l'endroit exact où la cité imaginaire de l'Atlantide se trouvait avant sa destruction. Pour nous, ce sera surtout un endroit où nous reposer, et profiter de la vue et de la piscine de l'hôtel. En fait, ce sont des vacances que je n'ai pas mérité. Mes profs ont fait des difficultés pour accepter mon passage en Terminale. J'ai été obligé de rédiger un texte ridicule où je devais expliquer les raisons pour lesquelles il fallait me laisser passer dans la classe supérieure. Outre le fait que je quittais l'établissement, et qu'il n'y avait donc aucun risque que je fasse baisser leurs statistiques, mes notes au Bac français étaient tout a fait moyennes mais acceptables (9 à l'oral et 11 à l'écrit). Quoi qu'il en soit, je me sentais comme un mendiant, à qui il manquait des neurones. Ce voyage m'a un peu changé les idées, et j'ai encore le souvenir d'un repas constitué d'une salade à la feta et d'une moussaka, sur la terrasse d'un restaurant, avec une vue inimaginable. (écrit le: 2011-11-02) catégorie: voyages

Les Essarts
date: vendredi 10/09/1993 (17 ans) lieu: Strasbourg

Mon dossier scolaire était plombé. Impossible d'entrer dans le lycée qui était en face de chez moi. Me voilà inscrit dans une boîte à bac, le lycée des Essarts, à un peu plus d'un kilomètre de chez moi. L’établissement est tenu par une quinquagénaire au fort accent des pays de l’est. Ma classe était composée de quinze élèves tous plus insouciants les uns que les autres. Comme dans une prison, on faisait connaissance avec les camarades de classe en se posant une question "Pourquoi t'es là ?". Certains avaient été exclus du lycée public. D'autres étaient inscrits car leurs parents pensaient qu'ils seraient mieux encadrés dans une petite structure. En fait, c'était tout le contraire. J'étais libre comme l'air, la quantité de travail à fournir était à peine la moitié de ce que je devais faire à Notre-Dame de Bury. Pour le cours d’Histoire-Géographie, j’arrivais à la fin de la première heure, et personne ne trouvait à y redire. Je savais que j'aurai à le payer à la fin de l'année, mais en attendant je profitais de ma liberté pour faire connaissance avec Strasbourg et son quartier étudiant. Le plus étonnant était peut-être le prof de philo, un jeune type hirsute mais très rigoureux, et qui nous a fait faire le programme à sa manière. Nous avions du mal à comprendre ce qu'il disait à cause de sa barbe, et il désespérait de lire quelque chose d'intelligent sur nos copies. Il a remarqué avec une surprise émue un passage d'une de mes dissertations où j'expliquais que "l'instant est au temps ce que le point est à la géométrie, il n'a ni longueur, ni largeur". La plupart du temps, il était déçu par ce que j'écrivais. (écrit le: 2011-07-26) catégorie: scolarité

L'amant dans Le Corbusier
date: samedi 25/09/1993 (17 ans) lieu: Strasbourg

Dans la bibliothèque de mon père se trouvent des tas de livres, surtout des romans. Certains évoquent quelque chose pour moi, d'autres rien du tout. Je connaissais celui de Marguerite Duras, surtout grâce à l'adaptation réalisée par Jean-jacques Annaud. C'est "L'amant" bien sûr, et le film était sorti l'année précédente. Le nombre de pages, moins de 150, n'a pas l'air trop important. Comme je m'ennuie un peu, je commence à lire une feuille, puis deux... L'histoire, à Saïgon, de cette jeune fille qui tombe amoureuse d'un homme chinois, était en grande partie autobiographique. Elle avait reçu le prix Goncourt en 1984 pour ce livre. Je m'allonge dans le fauteuil Le Corbusier, mais j'ai le cou tordu et je n'arrive pas à trouver de position confortable. J'étais tellement passionné que je n'ai pas senti la douleur qui s'installait en moi tandis que je lisais. Cela ne m'empêchera pas de finir le livre, en quelques heures. Le petit coussin cylindrique peinait à amortir le poids de mon corps, alors que j'étais appuyé sur le bras droit. Le mal de dos va me poursuivre tout le reste de la journée. (écrit le: 2016-06-24) catégorie: livres

Florent
date: mercredi 20/10/1993 (17 ans) lieu: Strasbourg

Une personne de ma classe de Terminale B s'appelle Florent. Je n'avais pas l'habitude de rencontrer des gens qui portaient mon prénom jusqu'à présent, et surtout pas des gens de mon âge. Il y avait bien une personne connue: Florent Pagny, mais je ne connaissais personne d'autre. Florent est alsacien, contrairement à moi, qui incarnait le parisien auprès de mes camarades de classe. Il est surtout très sportif, et fait du VTT en compétition. Son asthme le fait souffrir de temps en temps, il doit prendre de la Ventoline pour calmer ses crises passagères. C'est la raison pour laquelle il ne sépare pas de son inhalateur. Il ne pense absolument pas aux études, et n'est pas ce qu'on peut appeler un bon élève. Je vais probablement être contaminé par son insouciance, dans cette école où il n'est pas vraiment nécessaire de faire des efforts. Nous profitons des pauses déjeuner pour nous balader avec Haingo en centre-ville. Il marche tellement vite que nous avons du mal à le suivre. Il crache par terre et n'a pas l'air de trouver ça dégoutant. Passionné par l'histoire de sa ville, il est intarissable sur l'origine du nom des places, des avenues ou des bâtiments remarquables de la capitale alsacienne. Nous mangeons dans un des restaurants universitaires de la ville. Il y a le choix: un self à côté de la Place St Etienne ou des pizzas dans le "Gallia". Nous rencontrons souvent là-bas des amis à lui qui sont déjà à la Fac. Certains étudient des langues étrangères, comme le sanskrit. Je dois avouer que j'ai besoin d'aide pour m'adapter aux changements. Je suis à Strasbourg depuis deux mois à peine. D'une certaine manière, mon homonyme est comme un guide touristique, qui organise tout. C'est bien pratique, car je ne sais absolument rien faire tout seul dans cette grande ville. C'est la première fois que je vis dans un centre urbain comme celui-là. Même si je vivais en banlieue parisienne, l'ambiance y était tout à fait différente et nécessitait des moyens de transports qui ne facilitaient pas les sorties. Ici, j'étais libre. (écrit le: 2013-02-17) catégorie: scolarité

Histoire de walkman
date: mercredi 29/12/1993 (18 ans) lieu: Rome

Arrivé à Rome, ville chaotique par excellence, nous trouvons une place pour la Renault 21 de location de mon père. Parti le matin avec Christine, Sylvaine et Marie, la voiture est bien remplie. J'ai un bon livre à lire. Tout le monde sort de la voiture, nous allons à pied en direction de l'hotel. Je suis le dernier à sortir. La fermeture centralisée n'existait pas sur ce modèle. J'oublie de fermer une des portes, et il restait quelques affaires, dont le walkman de ma petite soeur. Les affaires ont disparues à notre retour à la voiture, et je suis bien sûr désigné comme responsable du vol. (écrit le: 2011-07-01) catégorie: voyages

Appleseed
date: lundi 31/01/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Le manga de Masamune Shirow sort en France. C'est une découverte totale pour moi, tant au niveau du dessin, du scénario que des idées qui y sont exposées. Des scènes d'action, des jolies filles, d'accord… mais pas que ça. La cité utopique d'Olympus est un îlot de calme sur une Terre futuriste dévastée. Cette ville est un symbole. Le dernier espoir que l'homme peut encore être autorisé à vivre sans surveillance, ni contrôle excessif. Qu'il n'a pas à être remplacé par des clones ou des cyborgs, bien plus faciles à manipuler ou à calmer. Les machines. Il y a celles qui aident les humains. Des armures articulées, des moyens de transport, des serviteurs humanoïdes. Mais on retrouve aussi l'obsession d'Isaac Asimov. L'ordinateur qui régente la ville est chargé de la protéger, à tout prix: Gaïa. La machine, assistée de quelques sages, prend des décisions logiques mais moralement inacceptables. Le seul moyen de l'arrêter, c'est de la désactiver. Le petit pépin d'une pomme génétiquement modifiée (Appleseed) que l'héroïne met dans une cartouche de Berretta est la seule chose permettant d'empêcher l'ordinateur de mettre ses plans à exécution. Entre deux exemples de "simplicité fonctionnelle, complexité structurelle", on assiste à un débat philosophique où l'un des sages nous invite à nous rappeler de Scipion. Et puis l'architecture. La ville est dessinée avec un niveau de détail inouï. Certaines planches de l'album représentent des bâtiments avec une précision saisissante. Il manquerait peu de chose pour les construire dans la réalité. Un ingénieur, capable de créer un Monde cohérent, voilà ce qu'est Shirow. (écrit le: 2013-11-10) catégorie: bandes dessinées

La mort de Kurt Cobain
date: mardi 05/04/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Le choc de la nouvelle m'a fait bondir. Comment en est-il arrivé là ? Rien ne pouvait arriver de pire pour moi que la mort de Kurt Cobain, si ce n'est que ce soit un suicide. C'est un peu comme si on m'avait amputé d'un bras. Toute la musique que j'écoute à l'époque est influencée par lui, ou son groupe, Nirvana. J'écoutais en boucle les albums Bleach, Nevermind et In Utero. J'y trouvais un univers qui me réconfortait. En classe, je tapais sur la table avec un stylo le rythme des chansons qui ne quittaient pas mon esprit: Lithium, Dumb, Aneurysm, Drain you,... Je fredonnais « The Man who sold the World » de Bowie, repris par Cobain dans ce fameux show « Unplugged in New York ». Ce n'est que plus tard que j'ai compris dans quel situation inextricable il était en 1994. Ses contradictions intérieures étaient pourtant bien visibles: il voulait réussir dans la musique, pas devenir célèbre. En conflit avec ses proches, drogué, sous médicaments, souffrant d'un ulcère,... j'en passe. Je m'imaginais, omniscient, remontant le cours du temps. J'allais réconforter cet homme avant qu'il passe à l'acte, essayant de trouver des solutions là où il n'en avait trouvé aucune. Puis je me réveillais, frustré, inutile, incapable de changer le passé: comme tout le monde. Personne n'aurait voulu être à sa place, si seulement on avait su l'enfer qu'il vivait au quotidien. Son attitude "punk" pure et dure lui valait l'inimitié de la plupart de ses pairs. Il maîtrisait l'ironie dans un pays qui la pratique si peu. Il était atteint d'une maladie mentale, probablement une bipolarité, qui l'empêchait de vivre une vie "normale". Seule la musique lui permettait de toucher du doigt ce qu'on cherche tous à atteindre, la plénitude, le nirvana. Comme la plupart des français, j'ignorais tout du massacre qui avait lieu au Rwanda à ce moment précis. (écrit le: 2014-04-05) catégorie: musique

On a volé mon VTT
date: mardi 10/05/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Tout nouveau vélo. Un VTT de marque Specialized offert pour mon anniversaire. J'en suis tellement fier qu'il ne sort jamais de la cave de notre immeuble. Une sortie en forêt, une ballade de temps en temps. Quelques mois après l'avoir inauguré, je dois aller chercher un billet de train à la gare de Strasbourg pour aller à Paris. En travaux pour la construction du tramway, la gare n'offre aucun endroit sûr pour attacher mon vélo. Je l'accroche à une grille le temps d'aller chercher mon billet. 5 mn après le vélo n'est plus là. Un camarade de classe m'affirme quelques jours plus tard qu'il a vu des clochards avec un VTT orange. (écrit le: 2011-07-01) catégorie: imprudences

Nourredine
date: lundi 23/05/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Je n'ai pas beaucoup d'argent pour les loisirs, et notamment pour les magazines de cinéma ou de jeux vidéo. Heureusement, Nourredine est là pour nous fournir des journaux à bon prix. Ce camarade de classe a quelque chose d'Arsène Lupin. Il a des ardoises partout, deale un peu de shit. Avec ses tenues plutôt classiques et ses petites lunettes, on ne peut pas imaginer qu'il fait du trafic. Il sortait avec la jeune fille BCBG de l'école. Accessoirement, il passe dans des librairies pour les délester de quelques articles discrètement. Sa technique, bien rodée, consiste à laisser ouverte la pochette de sa sacoche, et à glisser dedans tout ce qui passe à sa portée, du moment que ce n'est pas trop épais. En classe, il participait à tous les cours, surtout s'il s'agissait de plaisanter. Il est poli avec tout le monde, et tient la porte aux vieilles dames. En somme, c'est le gendre idéal. On peut dire que je l'enviais un peu, même si je trouvais qu'il gâchais son temps, et son intelligence. On allait parfois jouer ensemble aux jeux d'arcade dans le bar 'la ville de Paris' où il avait ses habitudes. On jouait aussi à la console de jeu quand il passait chez moi. Un soir, son père m'a appelé, je ne sais pas comment il a eu mon numéro. C'était un peu avant la fin de l'année scolaire. Cet homme, né en Algérie, voulait me demander si son fils était sérieux, et s'il allait avoir son bac. Je n'ai pas eu le courage de lui répondre la vérité. Ceci dit, ce n'était pas vraiment à moi de le faire. Je l'ai revu une ou deux fois après le lycée, il essayait de suivre des cours pour entrer dans une école d'informatique, il était séparé de sa copine à l'époque. Il vivait chez son grand-frère, qui avait une plantation d'herbe installée sous les toits d'un immeuble. Les lampes marchaient 24/24 pour éclairer les plants de cannabis. Les clients venaient se fournir à leur appart. Autant dire qu'il y avait de la circulation dans cet espace confiné. Ça générait un revenu suffisant pour leurs dépenses courantes. Je ne sais pas combien de temps il est resté dans cette situation, mais j'ai pensé qu'il méritait mieux que de suivre l'exemple de son frère. (écrit le: 2013-03-20) catégorie: scolarité

Je passe mon Bac
date: vendredi 10/06/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Il faisait très beau, et j'attendais ce moment avec impatience. On va enfin passer notre baccalauréat. L'épreuve commence avec le devoir de philosophie. Notre boîte à bac n'a pas le droit d'organiser l'examen, nous sommes donc convoqués au Lycée Jean Monnet à 8h00. Les sujets étaient: « Peut-on attendre tout de l’État ? », «  Le temps est-il pour l'homme une limite ? » et un texte d'Aristote. L'examinateur attend le début, puis nous annonce: "Vous avez 4 heures". Notre professeur de philo nous avait fait étudier longuement un texte de Bergson, extrait de son livre « Essai sur les données immédiates de la conscience ». Il y était question de temps, d'espace et de la perception que les hommes ont de ces deux notions. Mais je n'ai pas osé m'attaquer à ce sujet. Comme je ne fais pas confiance à mes capacités d'analyse (pour d'excellentes raisons !), j'ai laissé comme d'habitude le texte philosophique de côté. Je me suis donc mis à écrire sur le l’État, et ce qu'on pouvait en attendre. On peut citer des auteurs dans son devoir, mais pas trop (j'ai du citer Montesquieu). La structure classique (thèse-antithèse-synthèse) de mon texte de six pages n'a pas du être suffisante pour m'assurer un bonne note. 7/20, ça ne m'a pas trop surpris. La philo, c'est un peu la loterie: ça passe ou ça casse. Enfin, ça casse souvent quand on ne sait pas de quoi on parle. Heureusement que les mathématiques et le sport m'ont rapporté des points. Pour la dernière épreuve, l'oral d'anglais, je me retrouve dans le Lycée de Bischheim. Heureusement que Marjorie, une élève de notre classe, a une petite voiture pour nous amener à destination. C'était le 29 juin. Malgré mon aisance à parler anglais, j'ai un peu séché sur le vocabulaire. Incapable de me souvenir du mot « télécommande » en anglais ("remote control" !), j'ai du perdre quelques points. Il y avait aussi un texte sur les concerts de Woodstock en 1968 à analyser. Quelques jours après, j'avais mon bac avec une moyenne de 10,04. Mention « passable ». J'étais le seul de ma classe à l'avoir... (écrit le: 2013-09-21) catégorie: scolarité

X-Files
date: Dimanche 12/06/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Ma grande soeur m'a prévenu par téléphone: "X-Files" passe sur M6. Elle voulait que je regarde pour lui dire ce que j'en pensais. La série a eu un certain succès aux États-Unis, ce qui a fait parler d'elle jusqu'en France. Le générique est réussi: très bien réalisé pour l'époque, il invite déjà à croire que tout est possible. Mutations génétiques, soucoupes volantes,... il se termine traditionnellement par la phrase "The truth is out there": "La vérité est ailleurs". La musique colle parfaitement à cette ambiance inquiétante. Puis l'épisode commence, et je suis surpris par ce mélange si particulier de complot gouvernemental, d'invasion alien et de paranormal. La tension romantique sous-jacente entre les deux agents du FBI, Fox Mulder et Dana Scully, nous donne ce petit ingrédient supplémentaire sans lequel la sauce n'aurait pas pris. Afin de détendre un peu l'atmosphère, Mulder est toujours là pour apporter une pointe d'humour. Ses remarques sarcastiques seront plus tard désignées des « muldérismes ». Si on devait désigner l'origine de cette série, le lien avec "Twin Peaks" serait évident. En tout cas, l'univers des deux programmes télévisés est très proche. La présence d'agents du FBI, de mystères et de monstres (style "Freak Show") n'est pas étrangère à cette affinité. Il y a aussi les forêts du Nord-Ouest des États-Unis, qui rappellent fortement les alentours de Seattle, où a été tourné Twin Peaks. En fait la plupart des épisodes sont tournés à Vancouver au Canada. On doit d'ailleurs à nos amis québécois le titre "Aux frontières du réel", sous lequel M6 a commencé à diffuser la série. Cette chaîne diffusait aussi une série « Au delà du réel », ce qui a un peu créé la confusion dans la tête des gens. La chaîne passait deux épisodes à la suite le dimanche soir. En regardant la télévision, j'arrivais à ne pas penser au lendemain, alors que je venais tout juste de passer mon Bac. Par la suite, un nombre important de programmes ont emboîté le pas à X-Files, de par son succès et son originalité. L'excellente série « Fringe » de J.J. Abrams en est la plus digne représentante. (écrit le: 2014-03-30) catégorie: télévision

Concours Sciences Po
date: vendredi 15/07/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Motivé par un prof d'éco ambitieux, je tente le coup. J'envoie mon dossier à l'IEP, et j'attends. Je n'ai eu que la mention "passable" au Bac, il faut donc passer le concours, qui est payant. L'absence de préparation va me détourner de mon objectif. Le jour du concours arrive. Je vois un ancien camarade de classe de Notre-Dame de Bury, d'origine indienne, à quelques tables de moi. Il était beaucoup plus intelligent que moi, j'ai un peu peur de ne pas être à la hauteur. Sur la dissertation, j'utilise des trucs que j'ai appris en première B. En Histoire, je ne sais pas du tout quoi écrire. En langue, je choisis anglais, mais je suis meilleur à l'oral qu'à l'écrit, c'est d'ailleurs la seule matière où ce soit le cas. J'ai planté littéralement les épreuves, fin de l'histoire. Je crois que j'ai eu moins de 7/20 de moyenne sur les 3 épreuves. (écrit le: 2011-08-05) catégorie: concours

The Pandemonium Group
date: mardi 01/11/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Mon père m'avait demandé de choisir un ordinateur de marque Apple, et j'avais trouvé le modèle Performa 6200. Il correspondait aux critères qu'il m'avait demandé de respecter. Quelques mois après cet achat, j'étais chargé de trouver un moyen de nous connecter à internet. Autant parler de marcher sur la Lune quand on parlait d'internet en 1994. En tout cas, ils ne savaient pas grand choses sur le sujet à la Fnac. Un des employés du magasin Mac du quartier ne connaissait pas la différence entre Ethernet et Internet. Un collègue à lui semblait plus au courant, et me conseille d'acheter un modem "Global Village Teleport" et de contacter "The Pandemonium Group", ce qu'on appellerait aujourd'hui une start-up. Le siège de la société, aujourd'hui disparue, était en banlieue de Strasbourg. Je ne sais pas si le nom de l'entreprise était le signe d'une ambition démesurée chez leur dirigeant! En tout cas, la pandémie continue à se propager sans eux. Il y a trois ou quatre personnes, certainement les premiers associés de l'entreprise, qui reçoivent leurs clients dans un petit appartement. Ils s'occupaient de livrer un accès un peu aléatoire à un univers que les français résumaient encore un peu vite à un « Minitel en couleur ». Par un système d'abonnement mensuel, nous avons un accès 52k au réseau, la communication téléphonique au tarif local restant à notre charge. La connexion est d'ailleurs tout sauf aisée, d'autant que les réglages sont plus faciles sur PC. On appellera à l'aide les gens de Pandemonium plusieurs fois pour savoir comment régler les paramètres PPP, et entrer les signes cabalistiques qui permettent à Netscape de naviguer dans ce far-ouest qu'était le web à cette époque. Le quasi totalité du contenu accessible est en anglais, et la recherche se fait par le biais de la barre de navigation. Le moteur de recherche le plus efficace est Altavista, mais « efficace » n'est pas le maître mot, surtout quand on cherche une information précise sur ce média encore balbutiant. J'avoue que j'ai pesté plusieurs fois quand la connexion plantait, ou que les images mettaient plusieurs minutes à s'afficher. Pour ce qui est des e-mails, j'en ai envoyé très peu car personne d'autre dans mon entourage n'avait internet ! (écrit le: 2011-11-12) catégorie: informatique

Apprendre le japonais
date: Dimanche 15/01/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

Ca y est, je me suis décidé. Ma passion pour le Japon, les mangas et les jeux vidéos m'amène tout naturellement à m'intéresser à la langue de ce pays. J'ai envie de dépasser cette barrière et de comprendre enfin ce que je tente de deviner maladroitement. Je me penche vers la méthode "Assimil", un ouvrage assez simple à prendre en main et qui donne les rudiments de la langue nippone. Arrivé à la caisse de la Fnac, l'employée qui me voit arriver avec le petit livre à couverture blanche et brillante me met en garde. Elle pense qu'il me sera impossible d'apprendre quoi que ce soit avec pour seul atout les leçons illustrées de ce bouquin. Cette mise en garde a sonné en moi comme un défi. Dès que je suis rentré chez moi, je me suis mis sérieusement à étudier la langue du pays du Soleil levant avec une assiduité qui me manquait sans doute dans mes études de micro-économie à la fac. J'avais d'ailleurs déjà abandonné l'idée que je réussirais quoi que ce soit dans cette voie du DEUG de Sciences Eco, vu mon niveau en mathématiques. Le japonais "sans peine", comme le précise la couverture du livre, n'est pas tout à fait honnête dans sa promesse. Et de la peine, j'en ai eu à apprendre les hiéroglyphes qui me sautent aux yeux dès les premières pages. Ce sont d'abord les idéogrammes qui me semblent compliqués, tous petits et dessinés avec des pattes de mouches. J'arrive déjà un peu mieux à déchiffrer les hiraganas et les katakanas. Il s'agit de l'écriture japonaise dans laquelle les mots sont décomposés en syllabes. Les hiraganas sont en fait une forme simplifiée des "kanjis", les idéogrammes chinois qui sont utilisés au Japon. Les katakanas ont la même caractéristique mais sont encore plus simplifiés, avec leur forme rectiligne et plus proche des lettres alphabétiques "romaines" que nous connaissons. C'est pourquoi on les utilise principalement à exprimer un mot étranger dans la langue japonaise. Pour écrire des mots anglais surtout, mais également des mots français. Je suis avec attention les aventures d'un groupe d'amis qui s'amusent à décliner les subtilités grammaticales du japonais. Des mots à la consonance exotique se mettent à occuper mon esprit, sans que je sache vraiment si tout cela me sera utile un jour. (écrit le: 2021-09-17) catégorie: études

L'exponentiel
date: jeudi 01/06/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

J'écris un fanzine. C'est un magazine écrit par un fan sur un sujet qu'il affectionne. Par contre, le sujet n'est pas bien défini: j'écris un peu sur tout ce qui me plaît. Comme je suis incapable de faire un travail d'équipe, je fais tout. Écriture, mise en page, impression, photocopies,... Le principe est le suivant: le tirage est exponentiel (quelle idée ré-vo-lu-tion-naire !). Le numéro 0 est tiré à un exemplaire...logique non ? les numéros suivants seront tirés à 2.72, puis 7.39, 20.09 exemplaires. J'ai arrondi à l'entier supérieur pour faciliter la tâche! En ce mois de juin 1995, j'arrive au 4ème numéro, qui sera donc imprimé (photocopié) en 55 exemplaires noir & blanc. L'ordinateur de mon père, un Mac avec un logiciel relativement rudimentaire de mise en page (RagTime), me sert à réaliser chaque numéro. J'imprime sur une machine StyleWriter d'Apple. Je distribue ce magazine autour de moi, la famille, les amis. C'est gratuit. Il y a des articles sur les sujets qui me passionnent: la musique, la BD, le Japon, le cinéma. Le journalisme, ce n'est pas pour moi. Je sais déjà que ça ne sera pas mon métier. Les raisons qui me poussent à écrire sont plus simples. Le fait est que mes études se passent mal, c'est un échec complet, et je cherche à m'en échapper grâce à une activité sans enjeux particulier, qui m'amuse et fait appel à des techniques que j'ai envie d'apprendre. Qu'est-ce que les gens en pensent ? Ça peut sembler bizarre, mais je m'en fous un peu, je fais ça pour moi. C'est plein de fautes d'orthographe. Ce 4ème opus sera le dernier numéro de ce fanzine. L'année suivante, j'aurais un peu plus de passion pour mes études, et donc un peu moins de temps libre pour ce loisir jouissif qu'était ce "laboratoire" d'écriture complètement libre. (écrit le: 2011-12-12) catégorie: loisirs

Examen de conduite
date: vendredi 16/06/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

J'avais réussi de justesse le code. Il me restait à convaincre l'examinateur pour la conduite. Nous avions rendez-vous le matin, à Hautepierre dans un quartier un peu excentré de Strasbourg. Nous sommes nombreux à attendre notre tour pour passer avec les examinateurs. Il m'a fallu plusieurs cours supplémentaires de conduite dans les semaines précédentes pour réviser les nombreux pièges à éviter pour ce jour important. Angles morts, retrogradages, priorités à droite et démarrages en côte n'ont plus de secret pour moi. Seul problème, je n'ai pas réussi à faire le créneau pour garer la voiture pendant ces cours supplémentaires. Nous partons dans la Clio blanche à double commande avec les deux examinateurs et une jeune fille. Je suis le deuxième à passer. La jeune fille qui se fait examiner n'est pas très sure d'elle. Elle cale souvent, oublie de regarder dans le rétroviseur de temps en temps, et bien sûr n'arrive pas à faire son créneau. C'est mon tour, je suis prêt. Je passe sans problèmes les vitesses, je roule dans les limites autorisées, et je sens que tout va bien. Au moment de faire le fameux créneau, mes mains deviennent moites. Je passe la marche arrière, et je recule doucement. Un des examinateurs m'arrête. -"Vous ne regardez pas dans le rétroviseur?" -"Si, si". Ouf, ça passe. Je suis garé, je débraye et j'arrête le moteur. Sur le chemin du retour, un véhicule me laisse la priorité car il y avait une chicane, je fais un signe de la main au conducteur. Là je sais que j'ai mon permis. Yeeessss! On me donne le fameux papier rose, et je souffle comme si j'avais évité une météorite. Je rentre chez moi fier comme un paon, sauf que je suis à pied, évidemment. (écrit le: 2011-07-25) catégorie: voiture

Fou rire
date: lundi 10/07/1995 (19 ans) lieu: Roquefort-sur-Soulzon

Nous étions dans la région des grands Causses. C'était pendant un détour par le Massif Central alors que nous nous dirigions vers les Pyrénées. Partis faire une visite guidée dans le lieu de production d'un des fromages français les plus "prestigieux", j'ai eu le plus long fou rire de ma vie. La raison m'en échappe encore. Les deux marques "Papillon" et "Société" fabriquent leur produits dans le sous-sol calcaire de cette région. Il faisait chaud, et entrer dans ces souterrains à l'ambiance plus fraîche était une véritable bénédiction. Nos étions dans les caves du Roquefort Société. Quand le guide a commencé à nous décrire l'activité du site, je me suis montré intéressé. A partir du moment où une présentation vidéo (dithyrambique) a été lancée, je n'arrivais plus à m'arrêter de rire. Le petit film qu'il nous a montré laissait penser que la découverte du Roquefort avait sauvé l'humanité. Dans cette vidéo, les termes 'magie', 'miracle' et 'légendes' passaient en boucle. Le contraste entre la réalité et la fiction m'ont fait sourire. Puis, n'y tenant plus, j'ai franchement rigolé. Le problème est que les voûtes de ces caves ont tendance à amplifier les bruits. Je me bouchais le nez pour essayer de ne pas trop gêner le guide qui nous menait d'une salle à l'autre. J'étais rouge pivoine, et à ce moment là, mon fou rire m'empêchait presque de respirer. Je me tenais à l'écart du groupe pour éviter de me faire trop remarquer, mais l'écho de mes éclats de rire ne pouvait pas passer inaperçu. Il m'a fallu quelques dizaines de minutes à l'extérieur des caves pour retrouver mon état normal. Le manque d'oxygène était-il à l'origine de mon état ? A chaque fois que quelqu'un me parle du Roquefort, je pense à cette histoire, et je ne peux m'empêcher de sourire... (écrit le: 2013-06-08) catégorie: voyages

Parapente dans les Pyrénées
date: lundi 17/07/1995 (19 ans) lieu: Luchon

Stage de parapente pendant une semaine à Luchon. Nous sommes ma mère, Gérard et Loris, partis en Renault Espace direction les Pyrénées. Je fais le stage avec les débutants, et Loris et Gérard font le stage "avancé", car ils ont déjà pratiqué avant. Loris et moi dormons sous des tentes igloo, ma mère et Gérard délaissent assez vite leur tente pour aller à l’hôtel tout proche. Les cours ont lieu sur des pentes douces des alentours. Nous revoyons nos exploits en vidéo le soir, pour comprendre nos erreurs. Il y a également des cours théoriques de météorologie pour comprendre les masses d'air, et les dangers de ce sport de vol libre. Après quelques sauts de puce, de quelques dizaines de mètres, nous sommes prêts à nous élancer sur les pentes de la montagne. Les sauts sont très encadrés, nous prenons de l’élan face au vent, puis nous sommes guidés par radio dans le casque pour tourner à gauche ou à droite. L’atterrissage se fait sur le bord d’un lac dans la vallée. Nous avons fait quatre ou cinq sauts. Comme nous avons des VTT, nous faisons également des balades aux alentours. Malheureusement, je crève un pneu, et je dois rentrer à pied au milieu d’un parcours. Après le stage, nous sommes invités à participer à du canyoning dans l'Espagne toute proche. Cette activité n’était pas prévue, et les sensations fortes sont au rendez-vous. Le moniteur me demande si mon sac à dos est résistant, car le parcours est assez exigeant. Avec une combinaison en néoprène, nous nageons dans un cours d’eau vive, mais glacé. Quand il y a une cascade, nous devons sauter parfois de plusieurs mètres dans les vasques. Mon sac à dos craque sous la pression, et le moniteur doit prendre les affaires qui étaient dedans, j’étais pourtant sur qu’il tiendrait. Nous finissons par rentrer à Paris, je dois me préparer à un stage de protection du patrimoine qui commence bientôt. (écrit le: 2011-07-27) catégorie: voyages

BD Expo
date: samedi 14/10/1995 (19 ans) lieu: Paris

Situé à Bercy Expo, aujourd'hui appelé « Immeuble lumière », ce festival se tient une fois par an. Mais un clivage s'est créé entre l'espace animation/culture japonaise, et la bande dessinée traditionnelle. Personne du côté bande dessinée franco-belge...les dessinateurs pleuraient devant les rares visiteurs pour leur proposer une dédicace. Les éditions suivantes vont devenir plus compliquées pour les organisateurs, qui n'arriveront plus à réunir ces deux genres à l'intérieur de cet événement consacré au « 9ème art ». Puis la Japan Expo va être créée en 1999 et deviendra l’événement phare du domaine du manga en région parisienne. Pour l'instant, je fais des aller-retours entre deux espaces qui s'ignorent. J'étais abonné à un fanzine "Coyote", je vois l'éditrice de ce magazine très spécialisé, qui se faisait appeler « Kaori », mais je n'ose pas m'approcher. Je vois Greg, un rédacteur très connu dans le domaine de la presse jeux vidéo japonais, entouré d'une horde de suiveurs. Dans la partie plus traditionnelle, j'achète un exemplaire de la BD d'Enki Bilal « La foire aux immortels », 65F ? non c'est une erreur, c'est 650F. Je prend quand même, mais c'est limite au niveau de mon compte en banque. Ça doit être ça être fan. (écrit le: 2011-08-17) catégorie: festival

Trust Me
date: samedi 28/10/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

Le film « Trust Me » de Hal Hartley est diffusé dans un amphi de la fac un samedi soir. C'est l'association des élèves qui a organisé cette projection, à petit prix pour les étudiants fauchés comme nous. J'invite Elka à voir le film avec moi. Cette élève d'origine bulgare est un peu perdue à Strasbourg. Son accent et ses cheveux bruns et bouclés me plaisaient. Elle était dans le même cours de sciences économiques que moi l'année dernière. J'imagine que j'ai une chance de la séduire, mais je découvre qu'elle a un petit ami. Il s'agit donc de profiter de la soirée, sans arrières pensées. Quoi qu'il arrive, j'ai déjà vu cette comédie dramatique sortie en 1991, quelques années plus tôt. Il s'agit d'une rencontre entre deux personnages paumés. L'action se passe dans un New Jersey industriel, une banlieue typique du Nord-Est des États-Unis. Lui ne supporte pas les carcans et vit chez son père alors qu'il a déjà plus de 30 ans. Il est incapable de garder un boulot car il a du mal à supporter les compromis. Il lit beaucoup et a du mal à s'opposer à l'autorité que lui impose son père. Elle, beaucoup plus jeune, vient de découvrir qu'elle est enceinte et n'arrive pas à se persuader d'avorter. Elle se sent coupable d'avoir provoqué l'infarctus de son père et fugue dans l'espoir de trouver la force de se pardonner à elle-même. Sa mère l'oblige finalement à se comporter en adulte, mais elle manipule son entourage pour y parvenir. Dans ce rôle de jeune fille à la moue boudeuse, Adrienne Shelley est parfaite. Elle change physiquement entre le début et la fin du film, signe que le passage à l'âge adulte est en cours. C'était un choc d'apprendre que cette actrice est décédée en 2006, après avoir presque disparue des écrans. J'avais aimé cette ambiance un peu irréelle, le jeu des acteurs assez théâtral, et la relation des deux personnages est délicatement saisie par Hartley. Certaines scènes, un peu burlesques, semblent sorties d'un rêve. D'une certaine façon, cela représentait bien la frange indépendante du cinéma américain. L'économie de moyens n'enlevait rien à l'émotion transmise par les images. Hal Hartley a continué à sortir quelques films dans la même veine (Simple Men, Amateur,...). Dommage que les films suivants de ce réalisateur n'aient pas trouvé leur public. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: cinéma

Univers >Interactif
date: lundi 15/01/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Parmi tous les magazines disponibles chez le libraire, il y en a un qui sort du lot. Alors qu'internet fait ses premiers pas sur le sol français, Univers >Interactif nous accompagne vers le changement que cela implique, à plus ou moins long terme. Ce mensuel analyse la nouvelle technologie, défriche les tendances, le tout dans une maquette résolument futuriste. Toutes les pages contiennent des photos en couleur, ça fait même un peu mal aux yeux quand on le relit aujourd'hui. Un CD-ROM était offert aux lecteurs, dans lequel on trouvait une sélection pointue de vidéos, de musiques et d'images inédites. Des planches de la BD "Dilbert" se trouvaient à l'intérieur, c'est là que j'ai découvert les histoires de cet employé de bureau un peu geek. Quand on pense à la révolution qu'Internet a provoqué dans le monde de l'édition et du journalisme dix ans plus tard, on imagine que cet univers "interactif" n'est pas devenu un rêve mais plutôt un cauchemar pour certaines professions. Sans doute le caractère précurseur de ce magazine et son coût de fabrication ont précipité sa chute. Il a disparu en juin 1996 après seulement 11 numéros. (écrit le: 2017-03-31) catégorie: magazines

Théâtre du Peuple
date: mercredi 15/05/1996 (20 ans) lieu: Bussang

J'ai un examen important la semaine prochaine, c'est déjà la fin de la première année à la fac d'administration économique et sociale. Mais je n'en parle à personne. Je ne sais pas comment réussir mes épreuves de toutes façons. L'année a été dure, je n'ai pas compris certains cours, il y a peu d'espoir que mon année soit validée. La semaine précédent l'examen, il y a un festival de théâtre à Bussang, qui s'adresse à des étudiants du monde entier. Ce sont les « Théâtrales pour les jeunes » au sein du Théâtre du Peuple. Nous y allons avec mon père et mes deux soeurs, mais j'avais clairement autre chose à faire. Je vais assister aux spectacles et, de loin, à quelques cours. Les « jeunes » dont il est question prennent en effet des cours d'art dramatique, et participent à des débats auxquels je ne comprends rien. Le lieu est magnifique, et il y a une ambiance assez détendue. Il faut au moins une fois dans sa vie voir cette salle de théâtre nichée dans les Vosges. De grandes portes au fond de la scène s'ouvrent parfois au milieu du spectacle, laissant apercevoir la forêt, dans toute sa splendeur. L'inconvénient c'est qu'il fait très froid, même quand ces portes sont fermées. Les spectateurs doivent amener des vêtements chauds, à cause des courants d'air. En dehors de ces instants, magiques certes, je n'ai pas fait grand chose. J'ai amené mes notes de cours, et quelques bouquins pour réviser. Malheureusement, je n'ai pas vraiment le courage de travailler. D'autant que les conditions ne sont pas optimales, nous sommes souvent sortis de la chambre du logement où nous dormons, et les moments où je peux me concentrer sont rares. Du coup je suis en complet décalage avec les personnes réunies pendant ce festival. J'ai soit montré franchement ma mauvaise humeur, soit je me suis isolé en fermant carrément la porte à ceux qui pouvaient essayer de me faire sortir de cette bulle. En faisant une balade avec ma petite soeur, je prend un sentier un peu raide, en oubliant que Marie n'est pas équipée pour crapahuter dans les bois. Heureusement la fin de ce tour en forêt se termine bien, nous rentrons sans problèmes, à part des chaussures crottées. Je pensais que je n'aurais pas du venir, mais finalement il aurait été dommage que je ne vois pas à quoi ressemblait ces rencontres. (écrit le: 2012-03-05) catégorie: quiproquo

Putain, 10 mois…
date: mardi 28/05/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Le service militaire va disparaître… C'est ce que les journalistes ont annoncé en tout cas. Je me fait toute une histoire de cette période de ma vie que je m'apprête à traverser. L'idée de pouvoir échapper à tout ça me rassure. Ce soir, Chirac fait une intervention. Il va nous expliquer ce qu'il a décidé: "Je propose donc que le service national tel que nous le connaissons aujourd'hui soit supprimé dès le 1er janvier 1997". Ça commence bien, je me dit que c'est bon pour moi. Les jeunes pourront faire un service civil à l'âge de 18 ans, s'ils le décident. C'est le fameux 'rendez-vous citoyen', qui sera remplacé par l'appel de 'préparation à la Défense' et enfin par la 'Journée défense et citoyenneté'. Mais revenons au discours! Chirac continue, et quelques phrases plus tard: "Le nouveau système s'appliquera à partir du 1er janvier 1997 à tous les jeunes gens nés après le 1er janvier 1979." Aïe, j'ai parlé trop vite. On dirait bien que je vais être obligé de le faire ce service militaire. Je prend un coup au moral...Je me suis renseigné, ça dure 10 mois, mais ils attendent qu'on ne soit plus étudiant pour venir nous chercher. Pas de temps à perdre, j'ai un sursis de 2 ans. Je peux essayer de passer un BAC+2 ? En tout cas, il me faut un diplôme avant de servir sous les drapeaux. C'est évident que je n'aurais plus le courage d'étudier après cette épreuve. (écrit le: 2012-05-05) catégorie: service militaire

Le magazine BIKINI
date: samedi 01/06/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

J'achète régulièrement un magazine à la librairie près de la Place de l'homme de fer. Contrairement à ce que son nom pourrait faire croire, BIKINI n'est pas un journal érotique ! C'est un mensuel américain qui décode les styles, la musique, l'art et la mode. Son format carré et sa mise en page d'avant-garde est un souffle d'air frais dans le monde de la presse. Classé tout en haut de l'étalage, avec les magazines étrangers, il faut vraiment le connaitre pour avoir l'idée de l'acheter. Les photos en couleur un peu retro donnent une impression étonnante, on ne sait plus trop dans quelle époque ont été rédigés les articles. Il y a des interviews d'acteurs américains, des articles sur le skate, la musique, et des pages de bandes dessinées. Certaines phrases me semblent carrément obscures car mes capacités de traduction sont limitées. J'avais envie de faire la même chose, avec mes moyens bien sûr. Je reprend donc certaines de leurs idées dans mon fanzine "L'exponentiel". La vendeuse de la librairie m'a dit une fois: "C'est super ce magazine, et puis la forme des pages, carrées, c'est original". Je n'ai su que lui répondre "Ouais, c'est vrai", et je suis parti. (écrit le: 2012-05-30) catégorie: magazines

Un Rempart au bord de la Loire
date: lundi 05/08/1996 (20 ans) lieu: Montjean-sur-Loire

Je me suis à nouveau inscrit à un stage de bénévole « Rempart ». Cette association organise des chantiers dans toute la France afin de sauvegarder le patrimoine en péril. L'année dernière, j'avais fait ce type de stage au château du Coudray-Salbart, mais en avais gardé un souvenir très douloureux. Peu à l'aise dans le groupe, je m'étais senti exclu. Mais je vais quand même essayer de tenter ma chance sur un autre site. La brochure parlait d'un chantier à Montjean-sur-Loire, au bord du fleuve. Mon inscription a été acceptée par l'association, j'organise donc mon voyage. D'abord Strasbourg-Paris, je fais une escale chez ma mère à St-Leu-la-Forêt. Puis je prends le train à Paris Montparnasse, direction Champtocé-sur-Loire, après un changement à Angers. Arrivé dans cette petite gare perdue au milieu des champs, je rencontre un homme souriant qui me tend une main ferme et calleuse. Il se présente: « -Gaby ». Cet homme est un agriculteur quinquagénaire qui porte le bouc. Il a un caractère un peu bourru mais s'avère sympathique et peu causant. Cet été, il est en charge du groupe de bénévoles pour l'association. En quoi consiste le chantier ? Il s'agit de participer à la restauration des Fours à Chaux. Ces énormes bâtisses en pierre de forme conique servaient à fabriquer la chaux à partir du calcaire. Gaby m'accueille dans sa 4L, et m'emmène à Chateaupanne, le lieu-dit où se trouvent les fours. Il semble un peu dépité, mais essaye de garder un certain enthousiasme. Il faut dire que l'endroit est bien détérioré : un corps de ferme délabré cache une vieille cuisine ainsi que les sanitaires. Une grange sert à ranger les outils. Les ronces et les ruines s'éparpillent sur le reste du site, au bord de la Loire. Dans le groupe se trouvent trois étudiants (un couple et leur ami qui viennent du Sud de Paris), ainsi qu'une jeune femme seule. Le soir même, nous allons à Montjean visiter l'éco-musée et assister à un spectacle de Chants marins. Nous dormons sous des tentes individuelles, sauf Gaby qui a sa maison à côté. Les trois étudiants sont scouts, et mettent une bonne ambiance dans le groupe, même s'ils ne travaillent pas beaucoup. Je me souviens être allé boire du muscat de Frontignan avec eux en regardant le coucher du soleil. Ce n'est pas du goût de notre responsable de chantier, qui tel un vieux sage, me demande si c'est bien raisonnable. Plutôt que de remettre en état le four, cette grande tour cachée par la végétation, nous essayons de réparer une petite maison attenante. Au vu des « ouvriers » présents, ce manque d'ambition apparent est à mettre au crédit de la sagesse. Et Gaby n'en manque pas, d'ailleurs il aura l'occasion de nous le montrer lors de nos discussions au coin du feu le soir après le dîner. Malheureusement, les moyens et la main d’oeuvre sont trop limités pour réaliser le moindre ouvrage. Le travail consiste à mélanger le sable, la chaux et l'eau pour faire un mortier. On charge ensuite une brouette pour remonter cette colle à l'intérieur du bâtiment. Un tas de pierres est entassé au centre de cette ruine. Il faut poser ces pierres les unes sur les autres avec le mortier en suivant la verticalité du mur. La jeune fille scout se met parfois en haut de l'échafaudage, et je lui passe les pierres ainsi que le mortier dans un seau. Elle me donne ainsi l'occasion de remarquer qu'elle ne porte pas de culotte. Et je pense qu'elle le fait exprès. Bref. Je m'inspire des techniques apprises à Coudray-Salbart, mais n'arrive pas à faire avancer les travaux car les pierres sont ici dures comme du silex. Arriver à emboiter ces objets aux formes aléatoires relève du casse-tête. Dès qu'il se met à pleuvoir, la colle qui n'a pas séché se désagrège, ce qui nous oblige à tout recommencer. Entre les séances de travaux, Gaby organise des activités, comme des cours de vannerie, une balade à cheval ou des concours de pétanque. Nous irons également visiter la carrière, toute proche. Nous ferons également un tour en « Gabarre », ces bateaux à voile dont le fond plat permettait la circulation de marchandises sur la Loire avant l'invention des péniches. Pour nous occuper avant le dîner, nous faisions parfois un tour à Montjean. Nous allions à la piscine municipale ou au cinéma. Il fallait un peu plus de 3/4h à pied pour faire le trajet jusqu'au centre-ville par la route, et nous tendions quelques fois le pouce pour faire du stop (ce qui marchait assez peu). Un vieil homme en 2CV nous a pris une fois, mais il a conduit tellement mal que nous aurions préféré qu'il nous laisse derrière lui. Quelques jours plus tard, la jeune femme seule s'en va alors que nous n'avions pas vraiment fait connaissance. Elle est assez vite remplacée par deux garçons, des cas sociaux envoyés par la justice, pour être remis dans le droit chemin en accomplissant un travail d'intérêt général. Le premier est un jeune homme qui vit dans les environs, et passe son temps à boire. Il est sympathique mais un peu collant et surtout très bavard. Toutes ses anecdotes se terminent irrémédiablement par « j'étais blindé », c'est-à-dire qu'il avait trop bu. Le deuxième garçon tremble constamment. Il vient d'une grande ville, et semble planer très haut dans le ciel. Il tape des clopes à un des scouts, jusqu'à ce que celui-ci en ait assez de lui en donner. Son regard est perdu, son discours décousu. Cela suffira à nous inquiéter, si bien qu'il finira par nous raconter son histoire: la drogue dure, la folie, l'internement. Ces deux arrivants ont donc une histoire assez similaire : l'addiction à l'alcool pour le premier, et à la drogue pour le second. Inutile de préciser qu'avec ces deux lascars, les travaux n'avancent pas très vite. D'autant que les scouts vont devoir partir, car leurs vacances se terminent. Le soir, avant de m'endormir dans ma tente, je lis le roman de Milan Kundera, « La Lenteur », que Christine m'a prêté. Un jour, le capitaine qui nous a fait faire un tour de Gabarre m'appelle. Il organise une sortie pour des chinois en balade à Montjean, et a besoin de mon aide pour mener la barque. Son coéquipier habituel n'est pas là, il me confie donc la barre ainsi qu'un gilet de sauvetage. Ma tâche consiste simplement à guider le bateau en bois entre les bouées rouges à droite, et les bouées vertes à gauche. Je me souviens du tracé parcouru quelques jours plus tôt, et je mène la Gabarre avec habileté. Arrivé au milieu du trajet, le capitaine me fait un léger signe de la tête que je ne comprends pas. Il essayait de me prévenir que je me dirigeais à gauche d'une bouée verte... Il saute sur la barre mais n'arrive pas à faire changer de cap à temps à son bateau. En fait, la bouée s'était détachée de son support et se trouvait dans une mauvaise position. J'avais donc pris la bonne décision, mais les chinois à bord ont eu la peur de leur vie ! Rentré au port, le capitaine me remercie pour mon aide. Afin de me récompenser, il remet en état un vieux vélo qui me permettra de faire le trajet plus rapidement entre le chantier et le centre-ville. Arrive le dernier jour, et je dois bien admettre que les travaux n'ont pas avancé du tout. Pour protéger notre travail jusqu'à l'été prochain, Gaby pose un mortier imperméable au dessus des pierres. Nous allons faire une dernière balade, au cours de laquelle nous allons rencontrer un des élus de la région. Il me demandera ce qui pousse quelqu'un comme moi à m'intéresser au patrimoine, et plus particulièrement aux Fours à Chaux. J'ai eu un peu de mal à lui répondre ! Le lendemain, mon train part de la gare de Champtocé. Gaby n'a pas osé me demander le paiement du séjour (une très faible somme qui permet de payer les repas). Je signe le chèque sur le capot de la 4L en lui disant que j'aurai du y penser avant. « Voilà mon chauffeur » lui dis-je. Le train me ramène à Paris tard dans la soirée. (écrit le: 2016-12-07) catégorie: stages

2 ans de comptabilité
date: lundi 23/09/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Cette fois, il faut choisir une école. L'ESIG est l'école supérieure d'informatique et de gestion, un petit établissement qui prépare les élèves aux différents cursus en BAC+2. On me reçoit dans les locaux du centre-ville de Strasbourg: je décris mon parcours à l'université, et demande comment se déroule la scolarité. Il va falloir sortir une grosse somme d'argent pour les frais de scolarité, et trouver un stage ou un contrat de qualification dans une entreprise. Je me suis fait à l'idée que la comptabilité était la seule chose que j'allais réussir à apprendre. Il faut aussi se ré-habituer à une salle de classe, et à des camarades pas toujours très sympathiques. Heureusement, les professeurs sont très rigoureux, ce qui n'est pas le cas des dirigeants de la boîte qui semblent constamment en train de plaisanter. C'est parti, coûte que coûte, il me faut un BTS. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: scolarité

Tout seul
date: mardi 01/10/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Déménagement dans un petit studio 301 rue de Colmar dans le sud de Strasbourg. Lorsque j'étais allé visiter ma future chambre, le gardien voulait me proposer un appart au black. J'ai du lui expliquer que j'avais déjà signé le bail au mois de juillet avec l'agence, il était confus. C'était un alsacien de 45 ans, avec un visage très rouge. Il souffrait probablement d'hypertension et décèdera l'année suivante. Le tram vient d'être inauguré, je peux donc aller rapidement au centre-ville de Strasbourg. Le premier soir, après l'état des lieux, je me souviens que l'ambiance a été mortelle. J'ai eu l'impression d'être enfermé dans une boîte vide de 19 m2 où chaque bruit résonnait à l'infini. Personne à qui parler, ma fenêtre donne sur un parking et je suis stressé à l'idée de ne pas trouver de stage rapidement. Grâce à Sylvaine, j'ai un vieux poste de télévision pour tromper ma solitude. Elle m'a aussi fourni des ustensiles de cuisine dont personne ne se servait à Evian. Il y a aussi mon ancien radio-réveil, qui me permet d'écouter un peu de musique. Le téléphone que me loue France Telecom (à un prix prohibitif) sonne avec un bruit strident, quelle que soit la sonnerie que je choisis. A chaque fois qu'on m'appelle, je sursaute. Comme je ne sais pas faire la cuisine, je mange n'importe quoi. J'ai un lit trop petit pour moi, dont il manque des lattes au sommier. Mon moral chute en flèche. (écrit le: 2011-09-19) catégorie: déménagement

La tour en ivoire
date: mardi 15/10/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Première année de BTS. Les cours de français sont obligatoires. Cela fait trois ans que je n'ai plus fait de rédaction. Je m'amuse. Pour expliquer le terme "Tour d'ivoire", je fais un jeu de mot: "on est tenté d'y voir une référence au caractère luxueux de cette matière". La prof a souligné la phrase en rouge et précise: "style pompeux". (écrit le: 2011-07-01) catégorie: scolarité

L'île du jour d'avant
date: Dimanche 10/11/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Je reçois toujours des livres que je n'ai pas choisi, grâce ou à cause de France Loisirs. Le livre qu'ils ont sélectionné ce trimestre est signé Umberto Eco. C'est un pavé de presque 500 pages, avec une couverture bleue représentant un bateau à voile qui ressemble à l'Hispaniola ou la Santa Maria. L'histoire, comme souvent chez Eco, se situe au moyen-âge. Roman d'aventure, mettant en scène un jeune homme embarqué malgré lui sur un bateau qui fera naufrage sur une île du Pacifique, la solitude du personnage principal donne un prétexte à l'auteur pour lui faire raconter ses péripéties. Cette île est située sur la ligne de changement de date (le lieu où le décalage horaire positif et négatif par rapport à Greenwich s'annule). Il suffit donc de passer la ligne pour être le jour d'avant. l'écrivain italien s'amuse à imaginer ce jeune homme luttant pour sa survie dans un bateau remplit d'horloges, toutes plus imprécises les unes que les autres. La peau brûlée par le soleil, le sel ou le corail qui vit juste sous la surface de l'eau, Roberto de la Grive doit composer avec les éléments qui concourent à sa perte. Avant son naufrage, le personnage aurait rencontré des personnes réelles ou fictives du XVIIème, ce qui permet à Eco de rendre hommage à Blaise Pascal, Cyrano de Bergerac,... Chaque soir, j'aimais me plonger dans ce roman d'aventure pour partir dans ce monde imaginaire plein d'érudition. (écrit le: 2012-12-23) catégorie: livres

Exposition
date: jeudi 20/02/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

Mon père a invité un de ses amis. Patrice Hugues est artiste textile et écrivain. Le livre qu'il vient de publier s'appelle "Tissu et Travail de Civilisation" aux éditions Médianes. Les signatures se déroulent dans une petite librairie, le "Quai des Brumes", 35 quai des Bateliers. Peu de clients se bousculerons pour obtenir une dédicace, mais il y aura quand même de belles rencontres. La suite se passe dans l'atmosphère feutrée de notre appartement où mon père a invité des amis, ses collègues et d'autres personnes, à admirer le travail de l'artiste. Notre salon est transformé en salle d'exposition. L'accrochage des oeuvres s'est fait au centimètre près sur les murs peints de crépis blancs de la pièce principale. Les textures, les couleurs et la finesse des tissus nous éblouissent. Une vidéo passe sur le téléviseur. J'ai passé un quart d'heure à expliquer à Patrice les différents réglages possibles sur le magnétoscope. Il veut me poser des questions, sur ma vie, sur ce que je pense de l'état du Monde. Je décline. Au fond de moi je n'ai rien à dire, j'estime que mon avis importe peu. (écrit le: 2012-05-30) catégorie: expositions

Le vélo coincé
date: lundi 10/03/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

Je me déplace quasiment exclusivement en vélo dans Strasbourg. C'est le moyen le plus rapide pour atteindre une destination en centre-ville. Aucun ticket de stationnement, aucun garage à payer pour entretenir mon véhicule, aucun carburant à verser dans le réservoir. La liberté. La plupart des étudiants sont arrivés à la même conclusion que moi. Les supports installés par la ville pour accrocher ses bicyclettes sont donc remplis plus que de raison. Il n'y a souvent aucune place, il faut donc trouver une rambarde ou un poteau signalétique pour poser le vélo et fixer l'antivol. Ce jour là, j'avais un cours à l'ESIG, rue du 22 Novembre. C'est à côté d'un autre vélo que j'ai mis le mien, et le câble qui bloque mon cadre sur le tube métallique est un peu serré. Quelques heures passent, et ma prof de français déboule dans la salle de classe. Elle est visiblement paniquée. Cette jeune femme donne des cours pour financer ses études. De taille moyenne, assez jolie, j'aime la regarder quand elle ne fait pas attention. Mais elle est tellement farouche et stressée qu'il ne vaut mieux pas s'y frotter. Elle est furieuse. Son vélo est coincé. "Qui a un vélo orange ?". Je me sens visé, c'est de moi qu'il s'agit. J'ai trop forcé lorsque j'ai posé mon VTC. Une pédale est enfoncée dans ses rayons. Je descends de l'immeuble pour l'aider à décoincer son destrier. Elle fait la tête. Pas "merci", pas "au revoir". Elle s'en va et j'en profite pour admirer sa chevelure alors qu'elle fonce vers la fac de lettres. (écrit le: 2016-09-11) catégorie: scolarité

Marcher contre le FN
date: samedi 29/03/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

Le congrès national du FN a lieu à Strasbourg, contre l'avis du Maire. Il faut bien que les habitants disent "non" d'une manière ou d'une autre. Un grand nombre de strasbourgeois se retrouvent donc place de l'Etoile pour marcher dans la ville et s'opposer à l'idéologie haineuse du "Front". Environ 60 000 personnes ont fait le trajet, pacifiquement, jusqu'à la Mairie. J'y ai croisé, entre autres, Catherine Trautmann, Rodolphe Burger. Je crois que Jospin s'est fait un peu chahuter. D'une manière générale, les organisateurs de la manifestation se méfiaient des récupérations politiques. Il faut dire que les législatives approchaient à grand pas. La veille, c'était vendredi saint (férié en Alsace). Nous passons dans le quartier juif, on nous encourage depuis les balcons. Les magasins sont fermés. Quelques personnes un peu excitées vont essayer de s'approcher du palais des congrès, mais les CRS bloquaient le passage avec des lacrymo. A l'époque, ce parti était dirigé par Jean-Marie Le Pen, et Bruno Mégret était son bras droit. Je me suis demandé pourquoi les frontistes s'étaient donné rendez-vous en Alsace. Il faut dire que la droite extrême a un certain echo dans les campagnes alsaciennes (25% aux présidentielles), mais pas dans sa capitale. Strasbourg. Cette ville française, mais surtout un symbole, ne sera pas le fer de lance des simplifications populistes qui nous ont conduit à la guerre. Il était aussi important de rappeler le caractère européen et progressiste de cette ville à ceux qui en doutaient. Sur ce point là, cette journée a été une réussite. (écrit le: 2012-04-22) catégorie: politique

Powerbook 100
date: lundi 31/03/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

J'ai des rapports à taper pour mes études. Il faut bien que j'écrive les comptes-rendus de mes stages, et que je rédige mon dossier mémoire si je veux avoir mon BTS. Pour me dépanner, mon père me donne son ordinateur portable Macintosh acheté en 1992, car il ne s'en sert plus. Il s'agit du tout premier ordinateur portable d'Apple. Il est petit, léger, et passe pour être très facile à utiliser. Premier écueil, la batterie au plomb n'est plus fonctionnelle, il faut donc que je laisse l'ordi branché à une prise, adieu la portabilité. Ces batteries devaient rester un peu chargées, mais jamais complètement déchargées sinon il n'était plus possible de les utiliser. Petit désagrément supplémentaire: la fiche métallique qui sert à l'alimenter en électricité ne rentre plus en contact avec la prise à l'intérieur de la machine. En fait, la soudure du circuit imprimé s'est fissurée, mais je ne le sais pas encore. Seule solution pour utiliser cet ordi: poser un objet très lourd sur le câble relié au transformateur pour que le contact électrique se fasse. Quel objet lourd est-ce que j'utilise ? Mon père a pensé à tout: il me prête son marteau de géologue, un outil très pratique pour casser des pierres, un peu moins pour garantir le fonctionnement de mon matériel informatique. Le moindre faux mouvement arrête la machine, car la batterie ne contient aucune réserve d'énergie. Ce Powerbook 100 est cependant, quand il marche, un outil d'une redoutable efficacité. L'écran, noir & blanc, est très clair. Le « trackball » situé en dessous de la barre d'espace est pratique, sans être vraiment optimal. J'avais déjà testé les PC à ce moment là, et je dois avouer que les Mac sont intuitifs et remarquablement bien conçus. Des sons plus ou moins caverneux sortaient du petit haut-parleur: parfois ces sons étaient tellement dramatiques qu'on pouvait deviner qu'un gros problème était arrivé ! J'ai quand même réussi à écrire des documents assez longs, au prix d'une sauvegarde régulière. Il faut dire que lorsqu'on perd le texte qu'on a pas pensé à sauvegardé, suite à un faux mouvement sur le fil électrique, c'est rageant. Le deuxième effet inattendu de ce défaut, c'est que lorsqu'on ré-écrit le texte qu'on a perdu, on l'écrit mieux qu'avant! Génial non ? Vu le temps qu'on perd à tout retaper au clavier, c'est la moindre des récompenses! Last but not least, le format des disquettes, illisible sur PC, m'empêche d'aller imprimer les documents n'importe où. De plus, à cette époque, je n'avais pas encore « Word » pour Mac, j'ai donc pour obligation de faire une conversion peu pratique des documents que j'écris (dans un format exotique du nom de mon logiciel: « Ragtime »). Par contre, contrairement à aujourd'hui, je n'avais aucun problème de place sur le disque dur (de 20 Mo seulement), il faut dire qu'on ne pouvait remplir ce disque qu'avec le contenu qu'on pouvait créer soi-même: principalement des longs textes et des feuilles de calcul, ou ce qu'on pouvait transporter sur une disquette de 1.44Mo... (écrit le: 2012-03-26) catégorie: informatique

Cabaret Begovic
date: lundi 09/06/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

Le théâtre dans lequel je fais mon stage monte une pièce adaptée d'un texte de Milan Begovic. Le projet voit le jour au Palais des Fêtes dans véritable capharnaüm, mais Pierre semble être comme un poisson dans l'eau. Les spectateurs doivent suivre les acteurs à l’intérieur du théâtre. Pour une scène qui est jouée dans le café situé à l'étage, on sert des expresso aux spectateurs qui ont réussi à s'assoir à une table du bistrot ! Tout est financé par l’État et les collectivités territoriales. De ce joyeux bordel, je retiens l'énergie de certains acteurs et actrices, principalement d'origine serbe. Ce monde reste cependant étranger à mon système de pensée. J'arrive à peine à comprendre ce que font les techniciens pour les lumières et les effets sonores, alors le jeu des acteurs... Comme je suis à la caisse, j'apprends les bases du métier. Je m'occupe aussi un peu de servir les boissons, mais je ne suis pas très doué et je finis par renverser du champagne sur une VIP. Un soir, je rencontre Esther, une ancienne camarade du lycée. Elle passe devant le théâtre après le début de la pièce, elle est juive et vit dans le quartier. Elle ne veut pas entrer voir. Je me dis, tant pis pour elle. (écrit le: 2011-08-12) catégorie: théâtre

Acheter une Nintendo 64 pour Cédric
date: jeudi 10/07/1997 (21 ans) lieu: Taverny

Cédric veut s'acheter une Nintendo 64 grâce à l'argent que sa grand-tante Edwige lui a donné. Cette dame vit en Allemagne, elle est veuve et elle a beaucoup d'argent. Cédric ne peut pas échanger ses deutschmarks contre des francs, car les frais de change sont trop élevés. Il va me confier l'argent pour que j'aille acheter une console de jeu en Allemagne. Je vais aller m'acquitter de ma tâche à Kehl. Il faut dire que le trajet n'est pas très long pour moi, depuis Strasbourg, à peine 20 minutes. En plus, le trajet en train est gratuit, suite à un accord entre les deux villes. J'arrive dans le centre, et je marche jusqu'à la boutique de jeux vidéo. Je demande s'ils parlent français, "Sprechen Sie französich ?". Évidemment que non. "Ich möchte die neue Nintendo vier und sechsich zu kaufen". Ouf, ils ont compris. Je prend aussi des manettes de différentes couleur, vert et rouge, et le jeu Mario Kart 64. Je paye, quelque chose comme 300 ou 350 Marks, je ne me souviens plus. La console n'est pas encore sortie en France. Je prend ensuite le train pour Paris, avec un paquet assez volumineux. J'arrive donc chez Cédric avec cette machine en avant-première. Il vit dans la maison que sa mère lui a laissé à Taverny. Loris et de nombreux amis à eux sont présents pour l'occasion. On va jouer à Mario Kart 64 pendant quelques heures, en se passant les manettes à tour de rôle. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: jeux vidéo

Kafé Théâtre
date: lundi 01/09/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

Je ne pouvais pas faire les deux ans de mon BTS en stage dans la même entreprise. Je vais donc devoir à nouveau chercher des opportunités. Une des employées de l'OGACA, le cabinet comptable avec lequel travaillait le Théâtre où j'avais fait mon précédent stage, connait une personne qui cherche un stagiaire. Thierry MEYER est le comptable du "Kafteur". Il s'agit d'un café-théâtre situé à côté de la gare de Strasbourg. J'ai rendez-vous avec lui à l'entrée de la salle de spectacle, là où se trouve la caisse. Il m'explique l'histoire de cette association, née quelques années plus tôt, au "Café des Anges", près de la rue de Zurich. Ils ont ensuite racheté une petite salle pour produire des spectacles. Je suis engagé en tant qu'aide-comptable, avec une indemnité de 1800 francs par mois. Je m'occupe de la caisse certains soirs. Mon boulot consiste surtout à vérifier que les comptes sont justes. Le contexte dans lequel j'arrive est assez tendu: l'association a organisé un festival de spectacles d'humour quelques mois auparavant. Les places se sont bien vendues, mais le coût de l'opération a fragilisé les comptes. Les recettes ne couvraient pas les dépenses. Tous les voyants sont dans le rouge. Il faut serrer les boulons, et essayer de tenir le coup financièrement. Je me souviens être allé dans une boutique d'à coté pour faire des photocopies de documents administratifs. J'avais photocopié deux feuilles blanches, que j'avais jeté. La facture de la boutique ne collait pas avec le nombre de photocopies que j'avais effectué. j'ai eu droit à un petit cours sur le gaspillage de la part de la secrétaire. Thierry me terrifiait un peu. Il arrivait en fin de journée, après avoir travaillé dans son entreprise qui gérait des employés en Intérim. Il garait sa moto, arrivait avec son casque et son air maussade pour vérifier la trésorerie. Jean-Luc est l'âme de cette bande de copains. Il est acteur et se produit dans le rôle du Capitaine Sprütz. Nathalie occupe le poste dans lequel je vais devoir la remplacer pendant son arrêt maternité. Il se dégage de cet endroit une bonne humeur qui rayonne chez tous les membres de l'association. Leur enthousiasme était vraiment communicatif... (écrit le: 2013-12-15) catégorie: stages

Ciné Concert Métropolis
date: samedi 27/09/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

Un film muet, en noir et blanc, ça n'est pas très engageant. Mais, il s'agissait de Metropolis. Un des films de science-fiction les plus impressionnants de l'histoire du cinéma, réalisé 70 ans plus tôt par Fritz Lang, et que j'allais redécouvrir ce soir-là. Je profite d'une invitation que mon père m'a donné pour aller voir ce film avec une orchestration inédite, au Palais de la Musique et des Congrès. Le film est projeté dans le cadre du festival Musica à Strasbourg. Alors qu'un écran est suspendu au dessus des musiciens, c'est l'Ensemble Avanti!, dirigée par Ernest Martinez-Izquierdo qui est à la manoeuvre. La musique est composée par Martin Matalon. J'arrive dans la salle de concert. Alors que je lis le programme, je reconnais un des techniciens au fond de la salle. Je le salue, car il travaille un peu pour le Kaf'teur, le café-théâtre dans lequel je fais mon stage. Puis le spectacle commence. Ouf, le film est sous-titré. Je ne sais pas si j'aurai réussi à tout comprendre en allemand. Imaginez la puissance des caisses et des cymbales dans les scène où Fritz Lang montre cette immense machine industrielle en action. Ou encore les violons et la flûte traversière quand le héros essaye d'échapper à ses poursuivants. La musique est clairement influencée par Pierre Boulez. Même si le film est assez long, je n'ai pas senti le temps passer. J'étais chez moi un peu avant minuit, après avoir vu un spectacle musical de très grande qualité. En tout cas, c'est une expérience qu'on n'oublie pas. (écrit le: 2012-12-23) catégorie: cinéma

Magnésium chez le dermato
date: mercredi 15/10/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

Depuis plus de cinq ans, je me bats contre les verrues plantaires qui couvrent mes mains. Impossible de s'en débarrasser. Je les coupais aux ciseaux régulièrement quand elles dépassaient un peu trop. Ma mère m'avait amené voir un dermatologue en 1992. Ce médecin détestait faire mal. Il les avait brûlées à l'azote liquide, mais ça n'avait pas résolu le problème. Cette fois, je décide d'aller voir un médecin sur la place de l’Étoile. Je me débarrasserai de ces saloperies coûte que coûte. Ce médecin est très sympathique. Il commence par m'expliquer ce qu'est une verrue. C'est très compliqué, je n'ai rien compris. Par contre, il m'a dit une chose que j'ai retenue: "vous manquez de magnésium". C'est la première fois que j'apprends la relation entre les verrues et le manque de sels minéraux... Il me prescrit des ampoules de Mag2, une sorte de cure. Je vais prendre ces ampoules matin, midi et soir pendant quinze jours. Deux semaines de bonheur... Je me rends compte que je vais mieux, je ne suis plus stressé, je dors bien,... Je ne suis plus angoissé, mes spasmes gastriques s'arrêtent. En fait, mon manque de magnésium est chronique, mais je ne le comprends que quelques semaines après avoir fini mes ampoules. Mes verrues sont toujours là, mais c'est le cadet de mes soucis. Tout ce qui s'était arrangé chez moi redevient comme avant. J'ai même des tremblements quand j'écris et que je suis sous pression. Il me faut du magnésium, sous n'importe quelle forme, c'est une question de qualité de vie, tout simplement. Par manque de temps, je met de côté ce problème, avec l'idée de le résoudre une fois mon BTS en poche. (écrit le: 2013-08-13) catégorie: santé

Noël en Trabant
date: jeudi 25/12/1997 (22 ans) lieu: Strasbourg

Thierry, le comptable de l'association a deux véhicules de l'Allemagne de l'Est de marque Trabant. Il ne sait jamais où les garer, et les laisse souvent dans la rue. Ce n'est pas vraiment une bonne méthode car les voitures qui semblent abandonnées sont automatiquement mise en fourrière. Jean-Luc lui propose de garder une des deux voitures dans son garage, mais il faut la déplacer en la tractant, car le moteur ne démarre plus. Je vais conduire ce véhicule pendant que Thierry va le tracter, il suffit de freiner et de tourner le volant. Après avoir rempli mon devoir, il me raccompagnera, et je suis encore une fois seul, mais je n'ai rien prévu pour le réveillon. Je vais me préparer un repas, avec un sachet de saumon fumé et d'autres victuailles que quelqu'un avait oublié dans un sac de course dans le parking souterrain. Mon plat sera un peu raté, même si les ingrédients étaient frais, j'ai mis trop de sel. J'ai encore du mal à me faire la cuisine. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: stages

Trois jours
date: jeudi 08/01/1998 (22 ans) lieu: Mulhouse

Je savais que je n'y couperais pas. Ma lettre de convocation arrive, et je dois me rendre à Mulhouse en plein mois de janvier. Les fameux "trois jours", se sont résumées à quelques heures. J'arrive par le train de bonne heure, et je me trompe de bus en arrivant à Mulhouse. Je me perds, il y avait bien 30 cm de neige sur le trottoir. Je finis par arriver frigorifié et avec 3 heures de retard au rendez-vous. Il n'ont pas l'air de s'en inquiéter, et puis nous sommes nombreux. Les tests se déroulent au pas de charge: audition, vision, analyse d'urine, coordination des mouvements. Un petit jeu vidéo dans lequel il fallait déplacer une fusée dans un labyrinthe, pour savoir si je pouvais être pilote de char. Finalement, je rencontre un conseiller d'orientation. Je lui dit que j'irai là où on me dira d'aller: ce sera l'armée de Terre. "Merci, au revoir". (écrit le: 2011-07-16) catégorie: service militaire

Etudier tout seul
date: lundi 12/01/1998 (22 ans) lieu: Strasbourg

L'école n'a plus de fond propres et doit assurer notre enseignement malgré l'absence d'argent. Déjà que je n'avais pas de cours d'informatique, il va être difficile d'assurer le minimum pour réussir les épreuves. En plus, le déménagement va encore m'éloigner de l'école qui s'installe à Schiltigheim, au nord de Strasbourg, donc à l'opposé de mon logement. Je suis obligé de prendre le tram, puis de faire un changement pour prendre un bus en centre-ville. Je vais d'ailleurs essayer de gagner du temps en y allant parfois à vélo, ce qui est épuisant. C'est un bâtiment qui appartenait à une entreprise dans lequel l'école a du se déplacer pour faire des économies. Rien n'est adapté pour les cours. Il y a des bureaux assez grands pour faire des réunions, mais pas de tableaux: on doit se débrouiller avec les paper-board. Je suis seul à passer le BTS comptabilité-gestion, car les autres se sont découragés ou ont changé d'école. Le stress va monter progressivement jusqu'au mois de mai. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: scolarité

Migraines ophtalmiques
date: mercredi 15/04/1998 (22 ans) lieu: Strasbourg

Je travaille beaucoup pour atteindre mon objectif, passer mon BTS comptabilité-gestion. En même temps, je continue mon stage de comptable dans la salle de Café-Théâtre qui m'accueille en alternance une semaine sur deux avec l'école. J'ai le sentiment de devoir franchir une barre qui est placée très bas, si je regarde mes compétences en toute objectivité. Mais cette barre pourrait me faire trébucher tant elle est stressante pour moi. Derrière un échec, je n'aurais d'autre choix que de partir au service militaire sans autre diplôme que mon baccalauréat. Je suis bien loin de mes ambitions d'adolescent. Pour éviter de faire un faux pas, je révise mes cours, je rédige mon dossier-mémoire, et je dors très peu. Quand je n'ai pas assez dormi, et que je me concentre sur un écran, je m'expose directement à une conséquence inévitable, la migraine ophtalmique ou migraine "accompagnée". Le cerveau nous joue parfois des tours improbables. J'imagine que les adeptes des paradis artificiels voient aussi toutes sortes de choses défiler devant leurs yeux quand ils se shootent. Voici l'expérience que me provoquent ces migraines... Je ressens d'abord une fatigue oculaire, et une grande sensibilité à la lumière. Ensuite, vient un petit point lumineux clignotant quelque part dans mon champ de vision. Ce point commence à s'étendre comme une tâche, sur laquelle mon regard n'arrive pas à se poser. C'est un peu comme une guirlande de Noël composée de tout petits points de lumière qui clignotent indépendamment les uns des autres. Les médecins appellent cela des scotomes. La tâche s'étend et devient de plus en plus translucide. Même en gardant les yeux fermés, cette pollution visuelle est présente. Inutile de dire qu'à cette étape j'essaye de m'isoler dans le noir et de ne pas trop bouger. On ne voit pas grand-chose et on est un peu déboussolé dans cette situation. Cela m'oblige à arrêter complètement le travail que je suis en train de faire. Ce genre de migraine arrive toujours au moment où on ne l'attend pas. Si on ne peut pas s'enfermer dans le noir, la seule chose à faire est de fixer un objet du regard. Si on nous pose des questions, il suffit d'expliquer la situation, si on y arrive ! Puis la tâche vibrante quitte doucement le champ de vision. C'est là que la douleur commence. Le mal de crâne arrive très fort, comme un étau qui entoure la tête, des vagues lancinantes de pointes enfoncées dans le cerveau. C'est à ce moment que je prends un comprimé d'ibuprofène. En général, ça calme un peu l'inflammation. On est partagé entre la joie de retrouver la vue et la peur de devoir affronter la souffrance physique, on a plus que ses yeux pour pleurer. Ce sentiment ambivalent est très déstabilisant. Les gens qui n'ont pas vécu cette expérience ne comprennent pas ce qui nous arrive. Le corps nous dit stop, et on est las. Toute résistance est inutile, signe que le repos est absolument nécessaire. Je suis hypermétrope, mais je n'avais pas de lunettes de vue. Même quand j'ai eu des lunettes par la suite, si la correction n'est pas bonne, les migraines arrivaient plus souvent. Je me suis demandé si la cause venait de là. Ce type de migraine pouvait arriver fréquemment, une à deux fois par mois. Cela n'arrive probablement que les jours où je n'ai pas assez dormi, mais c'est assez terrifiant. Quand je les sens venir, j'essaye de les empêcher en arrêtant immédiatement de travailler ou de me concentrer. Parfois, ça marche. (écrit le: 2014-10-04) catégorie: santé

Conseiller pour un piano
date: jeudi 04/06/1998 (22 ans) lieu: Haguenau

Après les épreuves du BTS comptabilité-gestion au lycée technique, j'avais besoin de me détendre. J'étais à Haguenau, et il faisait une chaleur étouffante. J'avais une méthode de piano, et suffisamment de temps libre pour me lancer dans l'apprentissage du solfège et des gammes. Il me manquait juste un clavier, et pour débuter, je pensais m'équiper d'un petit synthétiseur, vu l'état de mes finances. Je rentre dans un magasin d'instruments de musique sur le chemin entre le lycée et la gare, et je demande si ils ont des pianos pour enfants. "C'est pour quel enfant ?", je commence à m'embrouiller tout seul, "C'est pour ma petite soeur". Je me rend vite compte qu'il ne s'agit pas du style d'objet qu'ils vendent dans cette boutique. Il commence à me montrer un piano droit à 5000F. "Ca lui fera une bonne base pour commencer". Sauf que j'étais loin d'avoir plus de 400F à mettre dans un loisir que je n'aurai certainement pas le temps de pratiquer pendant mon service militaire. Le magasin était climatisé, j'en profite pour me rafraîchir, quitte à m'enferrer dans mon mensonge. Il commence à me faire écouter le son d'un autre piano, encore plus cher, et me joue un morceau entier. Le vendeur est vraiment doué, et je n'ose pas lui dire la vérité. Je botte en touche: "Il faut que je demande à mon père, c'est lui qui va lui offrir, et puis je n'habite pas ici". Je sors du magasin un peu honteux. (écrit le: 2011-07-18) catégorie: quiproquo

Trois zéros
date: Dimanche 12/07/1998 (22 ans) lieu: Strasbourg

La victoire de la France à la Coupe du Monde de Football. Avant cette date, je dois dire que le foot évoquait quelques mauvais souvenirs pour moi. Je n'ai jamais été un bon joueur de champ, j'avais donc souvent le rôle du gardien de but. C'est un sport où on s'emporte souvent, grisé par l'objectif de marquer. On oublie parfois qu'on joue sans protections, et j'ai parfois blessé quelqu'un sans le vouloir, et pris aussi quelques coups. Il est vrai que le niveau d'une cour d'école est très différent de celui d'une Coupe du Monde! Cette fois, il était question de beau jeu, celui qu'on aime voir. C'est un sport télégénique, et cette fois, c'était au tour de la France de l'organiser, et de la gagner. Les français n'arrivent toujours pas à admettre que leur tactique en 1998 consistait à fermer le "cadenas" plutôt qu'à créer des occasions. Et puis, reconnaissons-le, on jouait à la "maison". On peut quand même tirer un coup de chapeau à ces joueurs: Zinédine Zidane, David Trézeguet, Thierry Henry... Lizarazu, Blanc, Thuram. Ils nous ont montré qu'il y avait quelque chose d'harmonieux dans ce sport qui dépasse parfois les barrières culturelles et idéologiques. Ce qui m'a définitivement réconcilié avec le foot, c'est cette émission sur France 5, qu'animait Stéphane Paoli: "Planète Ronde". Il évoquait avec le footballeur Max Bossis l'histoire des Coupes du Monde successives, et leur impact sur la société. Il y a quelque chose d'universel dans ce sport. Mais c'est aussi un des derniers à donner un sentiment de fierté aux européens. Les premières places sont souvent occupées par les Etats-Unis et la Chine dans les autres évènements internationaux. Je n'ai suivi que les matchs importants, sur mon petit poste de télévision dans le studio de Strasbourg que j'occupais. Ce 12 juillet, je suis sorti de chez moi après le match pour voir les cortèges de voiture agitant le drapeau tricolore, et voir les gens heureux faire la fête. L'"effet" Coupe du Monde n'a pas duré longtemps, mais je dois avouer que j'en ai un peu bénéficié dans les mois qui ont suivi cet évènement. Moi qui ne vais pas naturellement vers les autres, je dois dire que ce sujet de conversation a favorisé le dialogue. D'autant que je me préparais à entrer dans une période incertaine, où les rapports humains allaient prendre une part importante: le service militaire ! (écrit le: 2012-02-11) catégorie: évènements

Avant de partir au service…
date: jeudi 30/07/1998 (22 ans) lieu: Saint-Leu-la-forêt

Plus que quelques jours avant de devoir partir faire mon service militaire. De passage en région parisienne pour dire au revoir à ma mère, je suis stressé. J'ai surtout mal aux dents. Plus précisément, j'ai une dent de sagesse qui pousse. Ma gencive est infectée, à droite, au fond de la bouche. Ma mère prend un rendez-vous avec la remplaçante de la dentiste, partie en vacances tout le mois de juillet. Cette jeune femme regarde le fond de ma bouche écarlate. Elle me demande si j'ai pris un anti-inflammatoire. Je lui réponds que non, j'ai pris un comprimé d'ibuprofène. Elle me répond que c'est un anti-inflammatoire ! Après quelques hésitations, elle remarque ma molaire du haut qui semble un peu saillante et décide de la limer pour éviter que ma gencive du bas saigne. Je rentre à la maison mais j'ai toujours mal, cette dentiste a du louper quelque chose. Je sens avec ma langue comme un morceau de dent qui bouge en bas. Je m'enferme dans la salle de bain. Avec mon index, j'essaye de l'enlever en poussant avec mon ongle, mais ça résiste. J'ai du sang plein la bouche et sous mes ongles. Le morceau finit par venir, mais ça ne provient pas d'une dent. C'est de l'os, un petit tétraèdre de 3mm environ, responsable de ma grande douleur depuis quelques semaines. En poussant, la dent de sagesse l'avait détaché de ma mâchoire. Cette fois, le problème est réglé, je peux partir à l'armée l'esprit tranquille. Sans que cela ait le moindre rapport, ma mère m'offre un couteau suisse, en m'expliquant que ça va me servir dans les prochains mois. Je dois dire qu'elle avait complètement raison. (écrit le: 2014-09-14) catégorie: service militaire

Servir
date: mardi 04/08/1998 (22 ans) lieu: Colmar

Incorporation 152ème régiment d'infanterie: les « diables rouges ». Arrivée Caserne Rapp, un endroit sinistre, à 10 minutes en camion de la caserne Walter. Pour les repas, le paquetage et les démarches administratives, il faut prendre ces satanés camions de transport de troupe. Le coiffeur coupe mes cheveux à 1 cm du crâne, je me regarde dans la glace et ne peux m'empêcher de sourire. Nous apprenons rapidement les contraintes: promiscuité, levé à 5h30, TIG (travaux d'intérêts généraux), rangement de l'armoire et lit au carré. Il faut saluer les gradés constamment: on se tient droit et on porte la main au béret, sauf à l'intérieur d'un bâtiment, où il faut lever le menton et taper sur sa cuisse droite pour faire du bruit. Extinction des feux à 22 h. Chaque jour, nous apprenons de nouveaux mots. La cantine s'appelle l' « ordinaire », le postier un « vaguemestre ». On nous prend en photo le 9 aout. Le plus dur reste l'"ordre serré". Il faut marcher au pas cadencé pendant des heures, et apprendre à suivre les ordres à la seconde près. Le caporal dit "ça roule", sauf que ce n'est pas un compliment. Ça signifie que tout le monde ne pose pas le pied par terre en même temps. Je sens que ces 10 mois vont être longs. (écrit le: 2011-08-04) catégorie: service militaire

Orientation
date: lundi 10/08/1998 (22 ans) lieu: Colmar

Suite à notre incorporation, il faut décider de notre affectation: dans quelle compagnie allons-nous être orienté ? Nous partons à la Caserne Walter, où nous rencontrons un par un l'officier orienteur au BGRH (bureau de gestion des ressources humaines). C'est mon tour, je m'assoie sur la chaise et j'enfonce malencontreusement mes grands genoux dans son bureau en acier. "Ce n'est pas grave". Le lieutenant Poidevin est l'un des premiers militaires sympathiques que je rencontre. Il veut savoir d'où je viens, ce que je fais dans la vie. Je lui parle de mes compétences, de ma mère qui travaille à Cergy. Il a besoin de deux développeurs pour créer des applications et d'un secrétaire pour son bureau. Il me demande quel logiciel tourne sur son ordinateur « Excel ? » raté, c'était « Access ». Bon, secrétaire après tout ça ne serait pas mal. La semaine suivante, je passe faire un test bureautique avec d'autres soldats appelés. Il faut reproduire une lettre dans Word à l'identique d'après un modèle sur papier et dans un temps limité. L'autre candidat avec lequel je passe les tests essaye vainement d'enlever les « vagues » rouges sous les mots qui apparaissent à l'écran. « Tu sais comment faire ? », c'est juste des fautes d'orthographe. Je lui dit, mais il n'a pas l'air de connaître les subtilités de Word 97...Bon, on dirait que j'ai le poste. (écrit le: 2011-08-27) catégorie: service militaire

BGRH
date: lundi 14/09/1998 (22 ans) lieu: Colmar

Je travaille au bureau de gestion des ressources humaines. Je suis secrétaire, derrière un bureau. Photocopier, faire le café, rédiger des courriers. C'est dans mes cordes ! Je partage mes tâches avec Emmanuelle, une jeune fille assez paumée qui s'est engagée volontairement dans l'armée. D'ailleurs, la quasi totalité des femmes de la caserne travaillent dans mon service. Il y a peu de tâches à accomplir, mais elles sont répétitives. Les journées sont longues. Chaque matin, nous découvrons de nouvelles notes de service pour telle opération à l'étranger, ou des courriers insignifiants qui doivent être archivés soigneusement. Dans le couloir d'en face travaille Thierry, qui est le clown de l'équipe. Arrivé quelques mois avant nous, cet appelé originaire de Picardie multiplie les facéties, et frôle le manque de respect à chaque fois qu'il est en présence d'un gradé. Le service est dirigé par le lieutenant Poidevin. C'est lui qui m'a reçu pendant les classes. Visiblement abimé par un cancer des poumons, il dirige le bureau d'une main de fer dans un gant de velours. Son grade assez bas en comparaison du travail qu'il effectue me surprend un peu. En effet, il gère tous les effectifs pour les différentes compagnies du régiment. Sébastien et François sont arrivés avec moi. Leur parcours dans l'informatique leur permet quelques libertés, car ils sont chargés de créer des programmes, et personne d'autre qu'eux ne sait faire ce genre de chose. Ils ont donc droit à un bureau où ils sont seuls. Du point de vue pratique, notre tenue veste et pantalon de treillis est vraiment incongrue par rapport à notre environnement. Notre uniforme et nos rangers sont totalement inadaptés à nos journées de travail, mais il faut suivre les règles. Ce ceinturon ma serre à la taille et mes reins me font souffrir. (écrit le: 2011-09-19) catégorie: service militaire

Acronymes
date: lundi 05/10/1998 (22 ans) lieu: Colmar

Efficace. Il faut faire vite, quitte à oublier un peu le sens des mots. Les militaires nous mettent vite au parfum, mais en tant qu'appelés du contingent, on s'y perd un peu. Du coup, on commence à faire une overdose de mots comprimés. RAS: rien à signaler. MEP: montée en puissance. TIG: travaux d'intérêt général. VBL: véhicule blindé léger. VAB: véhicule amphibie. les acronymes à trois lettres nous envahissent la tête. VSL: volontaire service long (il faut être un peu dingue pour être volontaire à ça!). Le LTC est le CDC (lisez lieutenant-colonel, et chef de corps). Tous les grades sont abrégés (1CL, CPL, CCH, SGT, SGC, ADJ, ADC, MJR, ASP, LTN, CPT, CDT, LTC, COL, GEN, GBD, GDI), on oublie pas ceux qui sont TAB (ça signifie qu'ils sont au tableau d'avancement pour passer au grade supérieur). Evidemment, on finit par tout mélanger. Le CPL fait son TIG à la CCL (Compagnie de commandement et de logistique, qui se nomme aussi compagnie des chaises longues !). Hé oui, même les compagnies portent des noms abrégés: CEA (compagnie d'éclairage et d'appui), etc... D'un autre côté, il faut avouer que c'est très pratique, car les rapports sont très courts à écrire et dépassent rarement une page. C'est aussi un moyen de classer très facilement dans des cases tous les courriers que l'on reçoit dont l'objet, la référence et les expéditeurs sont codifiés à l'extrême, ne laissant aucune place à l'ambiguïté. C'est d'autant plus drôle quand le contenu de la lettre est écrit dans un français approximatif ou quand les phrases prennent des tournures qui laissent parfois dubitatif... (écrit le: 2012-03-05) catégorie: service militaire

Ocarina Of Time
date: lundi 21/12/1998 (23 ans) lieu: St Leu La Forêt

J'ai quelques jours de répit au cours de cette épreuve qu'est mon service militaire. Les fêtes de fin d'années sont l'occasion pour moi de retourner chez ma mère en région parisienne. Loris vit encore chez son père et ma mère, dans la maison qu'ils occupent à St Leu la forêt. Je me laisse prendre en charge totalement, car la période qui vient de s'écouler m'a épuisé nerveusement. J'ai peu d'idées sur mon avenir, si ce n'est de chercher un travail en tant que comptable après le service militaire. Je pensais avoir le courage de reprendre des études après ces dix mois passés à Colmar, mais cela me semble désormais impossible. Cet état d'esprit défaitiste est contrasté par l'enthousiasme que je ressens à l'idée d'essayer un nouveau jeu que Loris a acheté. C'est le nouveau « Zelda », le premier développé pour la console Nintendo 64. L'attente des joueurs était donc forte, comme la mienne (même du haut de mes 23 ans !) et elle n'a pas été déçue. La presse est unanime sur « Ocarina Of Time », l'Ocarina du Temps, puisque c'est de ce grand classique vidéoludique dont il s'agit. Tout le monde est en admiration devant cette grande réussite. Faisons la liste de tout ce qui a été inventé pour ce jeu. D'abord, c'est le premier Zelda en trois dimensions, avec un monde ouvert, la plaine d'Hyrule, un espace gigantesque dans lequel des évènements se déroulent de manière scripté. Mais c'est aussi un univers cohérent, avec une alternance du jour et de la nuit dans certaines zones du jeu. C'est également la première fois qu'on peut verrouiller un ennemi avec un bouton situé derrière la manette (le bouton « Z »). Sous le pouce gauche, on trouve également un stick analogique en plastique dur, sur lequel je me souviens m'être fait quelques ampoules. Parlons justement de la manette de cette console qui était vraiment très particulière. Sa forme, et le nombre de boutons qui la composait se prêtait tout particulièrement à une utilisation en tant qu'instrument de musique. Car certaines séquences du jeu ne peuvent être résolues qu'avec l'exécution de petites mélodies d'ocarina sur la manette. Le moteur sonore du jeu permettait donc de laisser libre court à l'imagination du joueur afin qu'il compose lui-même des mélodies à l'ocarina. Mais tout était plutôt encadré, car ils avaient peu de chances d'inventer des mélodies harmonieuses avec les cinq notes mises à leur disposition ! On peut aussi parler des sauts automatiques, de la gestion de la caméra, qui se place souvent au bon endroit, à quelques exceptions près ! D'autant que l'on peut recentrer la visée, toujours en appuyant sur ce fameux bouton « Z »... Tout cela ne serait rien sans une bonne histoire, et surtout une cohérence immersive. C'est ce qui permet de rejouer encore aujourd'hui à ce phénomène de l'histoire des jeux vidéo. Comme un bon roman, ce Zelda nous entraîne avec lui dans un univers que l'on accepte assez facilement. Imaginez être dans un rêve où on vous rappelle toutes les cinq minutes que vous êtes en train de dormir, vous n'auriez pas envie d'y rester ! Les énigmes, l'interaction avec les personnages rencontrés, les phases d'exploration, tout concourt à vous arracher à votre quotidien. Le joueur est impliqué dès le début dans une aventure où il joue un rôle central. On ne peut rester insensible à ce monde qui va basculer dans les ténèbres. Les qualités requises pour le sauver, ainsi que la princesse Zelda en détresse, sont toujours les mêmes : Le courage, la force, la sagesse. Ce sont les piliers de la fameuse « triforce ». Sans l'une de ces qualités, tout s'effondre. Les pouvoirs que nous donnent les trois déesses peuvent servir à faire le bien ou le mal. Cette allégorie du libre arbitre fait écho à nos vies, comme pourrait le faire une religion. Et il ne s'agit pas simplement d'imaginer comment appliquer les principes, il va falloir les mettre en application, même si tout cela est bien virtuel. Le courage, d'abord, en osant affronter des ennemis effrayants. La force, en sortant son épée face à des monstres qui nous agressent. La sagesse, en trouvant la faille qui permettra de les battre. En corollaire, on pourrait ajouter la patience, la persévérance, l'intelligence. Car il faut quelques heures pour finir ce jeu, une cinquantaine tout de même !! Je n'aurais évidemment pas le temps de le finir pendant ces vacances de Noël, mais j'aurais l'occasion de le faire un an et demi plus tard sur une console achetée d'occasion, alors que je vivais dans un studio après avoir trouvé du travail en région parisienne. (écrit le: 2018-12-23) catégorie: jeux vidéo

Récupérer les données du disque dur
date: vendredi 19/03/1999 (23 ans) lieu: Strasbourg

L'ordinateur Mac de mon père a complètement planté. C'est un peu de ma faute, j'ai voulu mettre à jour le système d'exploitation (passer du 7 au 8) sans vérifier la compatibilité du matériel. Impossible de redémarrer l'ordinateur "Performa 6200". J'ai peur de perdre toutes les données ! Il faut que je demande de l'aide à la boutique "Mac" du quai St Nicolas. Il me donnent l'adresse d'une société, en banlieue nord de Strasbourg, qui récupère les données sur les disques durs. Comme je n'ai aucun moyen de transport, à part mon vélo, je vais faire l'aller-retour à la force de mes mollets pour déposer le fameux disque. Il faut quand même attendre un jour où j'ai une permission: on ne fait pas toujours ce qu'on veut quand on fait son service militaire ! Après avoir réussi à démonter le boîtier de l'ordinateur, je dévisse le disque de son support. Puis, muni d'un plan de Strasbourg et de l'adresse du réparateur, je pars avec mon sac à dos vers l'objectif situé à une dizaine de kilomètres de chez moi. J'arrive à l'accueil, dans une sorte de PME, probablement une 'start-up'. Ils me demandent de repasser la semaine d'après, pour récupérer le disque formaté, ainsi que la sauvegarde sur CD. J'y retourne le samedi d'après, un peu en avance, et ils m'annoncent que le travail n'est pas terminé. Je dois repasser dans une heure. Comme c'était le temps qu'il me fallait pour rentrer chez moi, j'ai préféré attendre...en me baladant dans les environs. Je fais le tour de cette zone d'activité économique, où il n'y a pas grand chose à faire. J'essaye de rentrer chez "Office Depot", mais on m'arrête rapidement, car je n'ai pas de carte d'entreprise. Ce magasin est en effet réservé aux professionnels. Au bout de l'ennui, je me balade dans les rues vides de ce quartier industriel. Finalement, je retourne les voir pour savoir si le travail est terminé. Ils ont enfin terminé de graver le CD. Je paye, l'équivalent de ma solde du mois, même si je trouve ça un peu cher. Puis je rentre, et réinstalle le système d'exploitation sur le Mac. Après avoir entré le CD de sauvegarde dans la machine, je me rends compte que tous les fichiers sont triés par ordre alphabétique... Des extensions de Photoshop et des fichiers sons "Midi" côtoient les textes de mes rapports de stage, dans un mélange savant qui me donne des sueurs froides. Des milliers de fichiers dont le nom m'évoque vaguement quelque chose doivent donc être replacés au bon endroit sur le disque dur. Il faut parfois créer des répertoires qui manquent, et faire confiance à la chance. Je lance une cinquantaine de fois le logiciel "Word", juste pour voir le message d'erreur qui me dit à quel endroit manque tel fichier, et ainsi régler les problèmes un par un. Petit à petit, j'arrive péniblement à rendre l'ordinateur fonctionnel. Les applications se lancent parfois après avoir affiché des dizaines d'avertissements de sécurité. Mais ça marche, malgré tout. Je me dis que si j'avais fait des sauvegardes régulières, j'aurais évité cette mésaventure. (écrit le: 2013-02-17) catégorie: informatique

Fêter la victoire
date: samedi 08/05/1999 (23 ans) lieu: Siegolsheim

Les cérémonies du 8 Mai 1945, nous sommes chargés de participer à des démonstrations d'ordre serré au Ladhof à Colmar, puis à Siegolsheim. Nous sommes en treillis camouflé tout neufs. Il pleut, mais il faut faire bonne figure. Nous tapons sur les crosses de nos fusils quand le sous-officier dit « Portez...Armes ! ». Nos mains claquent sur nos FAMAS après que l'adjudant crie « Présentez...Armes ! ». Les anciens combattants ont l'air d'apprécier notre prestation. Je me demande ce que je fais là, encore une fois. (écrit le: 2011-08-04) catégorie: service militaire

Intérim dans la VPC
date: lundi 12/07/1999 (23 ans) lieu: Schiltigheim

La conseillère de l'agence d'intérim m'avait prévenu, une mission ça peut être n'importe où, pour faire n'importe quoi. Je suis pris pour une semaine, et je suis relativement bien payé. L'employeur est Neckermann, une entreprise de vente par correspondance. Cette succursale de Quelle en Alsace est aujourd'hui fermée. Ma mission précisait « rédaction des documents suite à la mise en place du plan social ». J'improvise un costume avec des vêtements usés et des emprunts à la garde-robe de mon père. Louis me prête sa voiture, sans laquelle je ne pourrais pas aller travailler. J'ai un peu d'appréhension, car mon travail consiste à envoyer des courriers aux personnes qui vont être dans la charrette. Le DRH est très avenant, il a même acheté un sandwich le premier jour car on n’avait pas prévu de repas pour moi le midi. Les jours suivants, je mange à la cantine, mais j'ai comme consigne de n'adresser la parole à personne. La secrétaire du DRH est très méfiante, et refuse mes diverses propositions pour faire mon travail plus rapidement. Le directeur financier est un alsacien assez débonnaire, qui semble assez proche de la retraite, et s’inquiète énormément de la réaction des représentants syndicaux. Le deuxième jour, il y a des soldes d’objets invendus. Le DRH me presse de choisir quelque chose: j’achète une montre de très mauvaise qualité pour 15F. Le 14 Juillet l'entreprise est fermée, mais je suis payé quand même, c’est comme ça dans l’intérim. La fin de semaine arrive. Je finis la rédaction des lettres, et prépare un compte-rendu. Le vendredi, avant de partir, la secrétaire est finalement assez impressionnée par ma méthode de publipostage dans Word. Elle me demande si je peux lui montrer comment ça marche. Je lui fais une formation accélérée. Je quitte cet endroit, et je sens qu’il n’a pas d’avenir. (écrit le: 2011-08-01) catégorie: travail

Pour une éclipse
date: mercredi 11/08/1999 (23 ans) lieu: Dambach-Neunhoffen

Éclipse solaire de 1999, j'ai décidé d'aller dans les Vosges pour la voir. Train jusqu'à Niederbronn-les-bains, puis avec mon vélo jusqu'à Dambach pour être plus proche de la zone de totalité. Je visite un peu la ville, un peu déçu par la météo qui va nous gâcher le spectacle. Arrivé sur un terrain de foot, je suis entouré par une centaine de personne, des curieux, équipés des fameuses lunettes qui étaient vendues dans certains magazines. J'ai encore les miennes aujourd'hui. 12h, ça y est, le spectacle commence, il fait un peu plus sombre. Malheureusement il pleut. Progressivement, on entend les chiens aboyer, puis les oiseaux chanter. Par une trouée dans les nuages, nous observons le soleil se cacher. Il est 12h30, la nuit tombe, les oiseaux arrêtent leurs chants. Je prend une photo avec l'appareil de mon père. Les gens sont médusés. Quelques minutes qui durent des heures. Le jour revient, j'ai l'impression d'avoir vécu la même chose que des millions d'autres gens. Je redescend la colline et reprend le train. Retour sur Terre. (écrit le: 2011-08-04) catégorie: évènements

Chercher du travail à Paris
date: mercredi 15/09/1999 (23 ans) lieu: Paris

Je n'ai pas trouvé de poste à Strasbourg, à part en intérim. Je vais donc tenter ma chance à la capitale. Il me faut un travail, je ne peux plus étudier après ces 10 mois de service militaire. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je n'ai plus l'état d'esprit pour apprendre de nouveaux concepts. Je loge chez ma mère en attendant de trouver un travail, et postule à des entretiens pour des offres que j'ai trouvé dans les petites annonces du Figaro. Ça commence mal: alors que je me rend à un rendez-vous à la Tour Société Générale de la Défense, j'ai le tournis. La foule en habits uniforme qui se hâte d'arriver à l'heure au bureau m'oppresse. Incapable de marcher vers cette "usine à bureaux", je me défile et je ne retournerai plus jamais là-bas. J'ai un rendez-vous à côté des Champs-Élysées, mais l'entretien se passe mal: ils me posent des questions sur la dernière loi de finance...je ne sais évidemment pas y répondre. Dans une société d'affacturage, dans le sud de Paris, le recruteur veut savoir comment je m'exprime quand je dois imposer mes décisions. Je lui réponds que ça m'arrive rarement, il n'arrive pas à me croire. Il insiste, et me demande à quelle occasion j'ai exercé des compétences de leadership... j'essaye de me souvenir d'un chantier Rampart à Montjean-sur-Loire, en 1996. J'y ai donné des consignes à un jeune gars de la campagne, bourré la moitié du temps, et à un drogué en phase de sevrage qui taxait des clopes à tout le monde. Il fallait leur dire comment fabriquer du mortier, et choisir des pierres pour le mur que nous étions en train de monter. Ce n'était pas le meilleur souvenir de ma vie. Même en y mettant de la bonne volonté, j'avais du mal à expliquer ce que j'avais fait à ce moment là, à part leur crier dessus. Essayer de prouver que j'avais de l'autorité était mission impossible. Tout simplement parce que je n'en avais aucune. Après ces entretiens peu glorieux, il faut changer de stratégie. Je dois chercher un travail dans lequel les bureaux ne sont pas étouffants, le niveau de connaissances à avoir n'est pas trop élevé et où j'aurais à obéir à des ordres. Pas si facile à trouver. (écrit le: 2011-12-07) catégorie: travail

Engagé à la retraite
date: lundi 04/10/1999 (23 ans) lieu: Paris

J'arrive sur mon poste de travail, rue Laffitte dans le 9ème. Il m'a d'abord fallu passer un premier entretien, puis un test de compétences. Mon poste consiste à liquider des dossiers retraite. En fait, il s'agit surtout de comprendre l'organisation interne très codifiée du monde du travail. Comme souvent, les nouveaux arrivants sont rapides et inexpérimentés, et les plus expérimentés sont moins rapides mais ne font pas d'erreurs. L'un dans l'autre, les gens font donc la même quantité de travail, mais pas pour le même salaire. Ça ne me pose aucun problème. Pour ma part, toucher un peu plus que le SMIC est suffisant pour prendre pied et ne pas avoir trop de responsabilités. Je rentre le soir en ayant les doigts et les yeux meurtris par tant de saisie à l'écran. Je repense à mon grand-père qui avait prévu une "génération de presse-boutons". Je ne vais pas me plaindre, il me reste assez d'énergie le soir pour me détendre sur des jeux vidéos, lire un livre ou "Les Fables de la Fontaine". Je prend un abonnement à "OLA", le service de téléphonie portable de France Telecom. En fait, je souhaite pouvoir appeler ma famille, et lorsqu'ils ne sont joignables que sur le portable ça coûte une fortune par le fixe. Mais dans le studio de la rue Beaubourg, on ne capte rien. J’espère quitter cet endroit de toutes façons. Je renomme le modèle Alcatel que j'ai choisi: "la brique", ça ne passe pas inaperçu un engin pareil. (écrit le: 2011-09-03) catégorie: travail

Studio avec vue sur la Tour Eiffel
date: mardi 12/10/1999 (23 ans) lieu: Paris

Je cherchais un studio sur Paris et la Région, mais je suis incapable de trouver un appartement tout seul. Ma grande soeur a demandé à Jean-Christophe, un pote à elle, de me montrer une des chambres de bonne qu'il loue dans le 7ème arrondissement. J'ai rendez-vous avec lui en sortant du travail à la sortie du métro "Ecole Militaire". J-C est photographe, il a un cheveu sur la langue et est accompagné d'une jeune femme coréenne avec qui il semble intime. Elle a l'air contrariée de ce contre-temps que je leur impose. Nous finissons par arriver dans l'"appartement", situé au dernier étage sans ascenceur d'un immeuble haussmanien, dans une des avenues les plus cotées de Paris. Nous entrons dans ce studio meublé de 12 m² sous les toits. Les toilettes sont sur le palier. Dans un coin: douche-lavabo-kitchenette, dans l'autre: une table. Je demande "Et pour dormir ?". J-C me montre le matelas, qui doit rester debout sur un mur si la table n'est pas repliée. Puis il monte sur la chaise et ouvre le vasistas. Il me demande de regarder sur la droite, "Tu vois la Tour Eiffel ?". Il a tous les arguments, et le loyer est a 2500F au black. "C'est une aubaine dans le quartier". Il me dit que pour quelqu'un qui sort le soir, ça permet de rentrer à l'heure qu'on veut. Sauf que je ne sors jamais, et que les beaux quartiers ne m'attirent pas du tout, je préfère le calme. "Je vais réfléchir...". Évidemment, j'ai déjà réfléchi, c'est impossible pour moi de vivre là-dedans. Je vais continuer à chercher. (écrit le: 2011-07-25) catégorie: déménagement

Le cafard de Paris
date: samedi 30/10/1999 (23 ans) lieu: Paris

Je ne supportais plus les transports de la gare du Nord, alors j'ai déménagé dans le studio de ma grande soeur à Paris, quartier Beaubourg. Elle ne se servait plus de ce petit appart, que mon père avait gardé et utilisait un peu comme pied à terre. Mon domicile était comme ça beaucoup plus près du boulot, même si je détestais ce quartier. Je m'ennuyais un peu le soir, j'ai donc acheté une console de jeu Playstation d'occasion chez "Cash Converters". En rentrant, j'ai ouvert la trappe du CD, et j'ai eu comme une hallucination, un petit insecte est passé et a disparu le temps que je cligne les yeux. Quelques jours après, c'est sur les persiennes que je vois un cafard. Puis, encore un peu plus tard, dans le radio-réveil. Ma technique pour m'en débarrasser consistait d'abord à asperger les zones contaminées de spray anti-odeur, parfum marine (aucun résultat). Comme mes poumons étaient intoxiqués par cette odeur maritime, j'ai investi dans des boîtes à appât au BHV, ce qui a éradiqué immédiatement l'invasion. Par contre, la Playstation n'a jamais vraiment marché correctement après ça, et je suis persuadé qu'il devait rester quelques insectes morts dedans quand je l'ai revendue sur une brocante en 2008. (écrit le: 2011-07-19) catégorie: imprudences

Un studio avec mezzanine
date: jeudi 02/03/2000 (24 ans) lieu: Houilles

Visite de l'appart d'Olivier, un collègue de ma grande soeur, dans la banlieue ouest de Paris. Rencontre à la station Chatelet-Les-Halles avec Olivier et Sylvaine pour aller visiter son appartement. Il fait nuit, nous allons là-bas après le boulot. Olivier penche souvent sa tête vers la gauche et la droite pour faire craquer son cou. C'est peut-être un tic ? Au bout de 20 minutes environ, nous arrivons à destination. Le RER est assez rempli, et la gare de Houilles-Carrières-sur-seine n'est pas très accueillante: peu éclairée, assez vétuste. Par contre, il n'y a pas beaucoup de marche à pied entre la sortie de la gare et l'entrée de l'immeuble, 45 secondes tout au plus ! Le studio est propre, et presque neuf. Il y a une mezzanine en bois, que je vais racheter à Olivier. De la fenêtre, on voit des maisons particulières, des jardins. C'est tout petit, mais enfin pas aussi petit que la chambre de bonne que j'ai visité en octobre. Enfin un endroit qui me convient... J'accepte de reprendre le bail, et je vais assez vite déménager. (écrit le: 2011-10-09) catégorie: déménagement

Euro 2000
date: Dimanche 02/07/2000 (24 ans) lieu: Houilles

Dans mon petit studio, les murs sont peu épais. Entre choisir de regarder la finale et de ne pas la regarder, il n'y a finalement pas beaucoup de différences. Ce match a lieu à Rotterdam, et c'est la finale du Championnat d'Europe des nations. La tension est palpable. La ferveur populaire est immense, et j’entends mes voisins réagir à chaque attaque de Zinédine, et crier à chaque occasion italienne. Je ne sais pas comment on peut soulever un immeuble, ni comment reboucher une bouteille de champagne. Et pourtant les habitants de ma résidence et les supporters italiens ont respectivement réussi à faire les deux à 21h48 précisément. En égalisant à quelques instants de la fin du match, Wiltord a déçu les espoirs de tout un peuple, et donné des frissons à la France entière. Sur un centre de Pirès, Trézéguet marquera ensuite le but de la victoire au cours de la prolongation. Un but en or, comme dans un rêve. (écrit le: 2012-04-22) catégorie: sport

Débutant, à l'IRIHA
date: vendredi 01/09/2000 (24 ans) lieu: Paris

Je rejoins un groupe de jeunes salariés débutants à l'IRIHA, une caisse de retraite spécialisée dans les entreprises de l'habillement. Nous sommes huit employés du Groupe à être sélectionnés pour apprendre à calculer des dossiers de retraite ARRCO. A terme, il nous sera peut-être proposé un CDI. Quelle chance de suivre une formation avec un groupe constitué de gens de mon âge! Les bureaux sont dans le XVIIème, à côté du Parc Monceau. Le responsable du service est d'origine corse. Il s'appelle Leccia, et doute du bien fondé de ma présence dans une équipe exclusivement féminine. Même notre agent de maîtrise est une femme. Pour ma part, j'essaie de faire de mon mieux. L'ambiance est très familiale, et le monde de l'habillement est cosmopolite: yougoslaves, chinois, turcs,... sont des origines courantes chez les travailleurs du textile. Nous mangeons avec des tickets restaurant, dans un quartier où il y a des bistrots et des troquets un peu partout. Le responsable financier oubliera de nous facturer ces tickets pendant quatre mois, ce qui nous permettra de manger à l’oeil. Le seul sentiment étrange que j'ai à cet instant, c'est que nous sommes un groupe quasiment clandestin. Notre consigne principale: ne pas faire parler de nous. Nous n'avons pas encore le même statut que les autres employés, et notre retour sur terre environ un an plus tard sera un peu rude. (écrit le: 2011-09-19) catégorie: travail

La truite hongroise
date: jeudi 28/12/2000 (25 ans) lieu: Budapest

Budapest, décembre 2000. Nous allons en avion dans cette ville magnifique, moi, mon père mes deux soeurs et l'ami de ma grande soeur. Le voyage commence mal, nous sommes en retard à Roissy, il fait très froid et nous arrivons dans le mauvais hôtel. Heureusement, tout se règle facilement, et la ville est accueillante. Premier dîner dans un resto un peu bizarre, où de jeunes femmes dînaient avec des hommes beaucoup plus vieux qu'elles. Mon père commande une truite. La serveuse revient désolée et lui dit "ze trout iz toubig". Il est seul à comprendre que la truite est trop grosse...Quelques jours plus tard, c'est la nuit du nouvel an. Elle a été un peu trop arrosée, je ne m'en souviens pas énormément. (écrit le: 2011-07-06) catégorie: voyages

Zelda Majora's Mask
date: vendredi 26/01/2001 (25 ans) lieu: Houilles

Je suis fan de ce jeu. Je l'ai acheté sans regarder, après avoir terminé le premier Zelda sur N64: Ocarina of Time. C'est sûr qu'il sera excellent. Du point de vue graphique, il est complètement identique au précédent Zelda. Par contre, il y a une notion de temps qui passe: tout le jeu doit être terminé en 3 jours. Que se passe-t-il au bout de ce trois jours ? (72 minutes, car chaque heure dure une minute). En fait, il faut arriver à récupérer un instrument de musique (l'ocarina du précédent Zelda) qui permet de remonter le temps, le ralentir ou l'accélérer. On peut alors recommencer les 3 jours sans perdre sa progression dans le jeu. Contrairement à son prédécesseur, il y a un léger côté "effrayant" dans cet opus. La mort est omniprésente, la lune s'approche chaque jour un peu plus de la Terre, rendant le cataclysme inéluctable. Il faut sans cesse résoudre des problèmes dans des limites de temps extrêmement court, et penser à sauvegarder sous peine de devoir recommencer ! L'esthétique du jeu est particulière: très colorée, avec des angles très pointus un peu partout. La musique est envoûtante, tantôt douce, tantôt plus énergique, pour marquer les temps forts du jeu. Cette grande aventure épique contrastait avec le calme de ma vie quotidienne. Mes journées se ressemblaient beaucoup depuis mon entrée dans le monde de l'entreprise. Avec tout ce temps libre, le soir, j'ai réussi à finir le jeu en totalité, arrivant avec peine jusqu'au niveau final équipé du fameux "masque des fées". J'aurais du écrire sur mon CV: a réussi à battre le boss de fin... plutôt que de parler de mes expériences professionnelles. C'était ça ma grande aventure, sur le petit téléviseur de mon studio de 17 mètres carrés. (écrit le: 2012-07-29) catégorie: jeux vidéo

Jour de grève
date: jeudi 22/03/2001 (25 ans) lieu: Paris

Encore une fois, je ne sais pas comment rejoindre mon lieu de travail. Évidemment, je sais à quoi sert une grève, je ne remet pas en cause les raisons de son existence. Cependant, pour moi, elle se traduit par une recherche du moyen le moins couteux pour les nerfs de me déplacer. A la gare de Houilles, on nous fait courir d'une voie à l'autre par les sous-terrains à chaque annonce contradictoire. Quand un train finit par arriver, ceux qui sont à côté des portes arrivent à rentrer dedans. Bref, il m'avait fallu deux heures pour venir. J'avais travaillé d'humeur maussade, et la fin de la journée arrivait... Le métro 6, qui fonctionnait encore, m'amène à la station Alma Marceau, clairement pas le bonne direction. Je n'ai pas vraiment pris une bonne décision, mais mes nerfs ont lâché, je préfère marcher plutôt que de me serrer encore dans un wagon. Je remonte l'avenue Montaigne pour rejoindre la gare St Lazare à pied, je m'en fous. Alors que je bouillais intérieurement, je croise en chemin une personne qui me demande si ça ne me dérange pas de me faire couper les cheveux. C'est vrai que j'avais les cheveux longs, mais je ne comprend pas pourquoi il me demande ça à moi. Il me montre l'entrée de ce qui semble être un club privé dans un immeuble de grand standing. En fait, il passe un entretien d'embauche. Le patron du salon de coiffure de luxe lui a demandé de coiffer une personne gratuitement pour prouver ses capacités. Je ne me suis pas fait prier, je remercie tout le monde et m'installe dans le fauteuil tout confort. Autant profiter de l'occasion. Mes cheveux sont durs à couper, épais et assez raides. Malgré cela, le candidat est doué, et je sors avec une coupe réussie et un joli dégradé au niveau du cou. Même si je n'y connais rien, je dois admettre que le résultat est pas mal. Le patron m'a même offert des rasoirs jetables, ceux pour lesquels André Agassi faisait la pub à ce moment là. Le bilan de la journée est finalement assez positif. Vive la grève ! (écrit le: 2011-11-27) catégorie: événements

Loft Story
date: jeudi 26/04/2001 (25 ans) lieu: Houilles

Je regarde cette émission distraitement. C'est assez fascinant comme je me sens éloigné des participants à Loft Story. Pas du tout exhibitionniste, un peu coincé, je suis l'anti-thèse de tout ces Jean-Edouard, Loana et autres Steevy. Et pourtant je regarde. J'ai l'impression d'apprendre quelque chose, sur les relations avec les gens, les rapports humains que je n'ai pas ou si peu. Je ne sors jamais de chez moi, sauf pour aller voir un film avec Olivier de temps en temps. Les expressions qu'ils utilisent, je ne les connais pas, ou alors je fais semblant de les connaitre. Leur enthousiasme m'étonne énormément, au vu des activités qu'on leur propose (dormir, faire la fête, manger). Souvenez-vous, lors de la première saison, il fallait appeler un numéro surtaxé pour éliminer le candidat qu'on aimait le moins. Suite à une plainte, la règle a été modifiée pour permettre aux gens d'appeler pour soutenir leur candidat. Pourtant, c'était peut-être un peu moins hypocrite! Observé, jugé, enregistré, il fallait effectivement être inconscient pour se jeter dans cette arène destructrice. Panem et Circenses, ceux qui sont sortis indemnes de cette expérience ne sont pas nombreux. Citons la déchéance de sa figure de proue, la très siliconée Loana Petrucciani, qui a remporté la victoire ex-æquo avec un certain Christophe. Elle n'a connu en fait qu'une gloire éphémère, sa vie ne tient qu'à un fil aujourd'hui, et sa participation à Loft Story n'est pas étrangère à cette situation. (écrit le: 2012-04-22) catégorie: télévision

L'Ours et l'amateur des jardins
date: jeudi 10/05/2001 (25 ans) lieu: Houilles

« Certain Ours montagnard, Ours à demi léché, Confiné par le sort en un bois solitaire, Nouveau Bellérophon vivait seul et caché : Il fût devenu fou ; la raison d'ordinaire N'habite pas longtemps chez les gens séquestrés :». Je me suis mis en tête d'apprendre par coeur une fable de la Fontaine que j'apprécie particulièrement. D'un certain point de vue, cette fable parle de moi, elle parle de nous. « Il est bon de parler, et meilleur de se taire, Mais tous deux sont mauvais alors qu'ils sont outrés. ». Allongé sur ma mezzanine, assis sur ma chaise de bureau, en ballade dans les rues de Houilles, chaque moment libre est l'occasion de répéter les vers ciselés du fabuliste. Il faut dire que l'histoire de cet homme, qui s'entiche d'un Ours pour tromper sa solitude, mérite bien l'adjectif de « tragi-comique ». « Non loin de là certain vieillard S'ennuyait aussi de sa part. Il aimait les jardins,(...) Les jardins parlent peu ; si ce n'est dans mon livre ; De façon que lassé de vivre avec des gens muets, notre homme un beau matin, va chercher compagnie, et se met en campagne. ». Tous les mots sont importants, et les fables les plus courtes sont les meilleures (c'est mon avis). Celle-ci fait deux pages, et n'est pas si facile à retenir. La Fontaine doit nous présenter les personnages et nous faire comprendre pourquoi deux individus si incompatibles se retrouvent « bons amis » ! Les deux anachorètes finissent en effet par se rencontrer et à trouver un « gentlemen's agreement ». L'ours et l'homme vivent ensemble. A la fin, arriva ce qui devait arriver: la maladresse du plantigrade finit par tuer l'amateur de jardin. Pour quelle raison ? Une simple mouche s'était posée sur le nez de l'homme qui dormait, et l'Ours écrase l'insecte avec un pavé...« Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ; Mieux vaudrait un sage ennemi.». Finalement, la morale de cette Fable n'a pas beaucoup d'importance. Pour La Fontaine, le chemin est souvent plus intéressant que le but du voyage. Dans « Le Fou qui vend la sagesse », la morale précède le texte, comme si l'auteur voulait s'en débarrasser le plus vite possible. Dans « Le Héron La Fille », deux Fables jumelles se succèdent, et la morale (carpe diem) se glisse entre les deux. Ici, la leçon que nous donne La Fontaine tient en deux parties: il faut de la mesure dans la parole et dans le silence - et - mieux vaut être seul que mal accompagné. Le moment le plus savoureux de l'histoire est le récit de la rencontre des deux solitaires, quand l'Ours dit « Viens-t'en me voir » et que l'homme lui propose des fruits et du lait! J'avais imprimé le texte sur une feuille A4, plié dans une poche de mon pantalon. Cela me permettait de rectifier les erreurs que je faisais en déclamant la fable à haute voix. J'essayais d'imiter la voix rauque de l'animal qui tentait de se faire un ami. Le simple fait d'imaginer la scène me fait encore sourire. Ajoutons une morale toute personnelle à cette histoire: à trop chercher un environnement calme, par misanthropie sans doute, je finissais par m'éloigner des amis qui me supportaient encore ! J'avais l'impression que si peu de gens arrivaient à le faire à l'époque... (écrit le: 2015-05-23) catégorie: livres

Terrasson à la Gare de Périgueux
date: samedi 02/06/2001 (25 ans) lieu: Terrasson

Rendez-vous à la gare de Terrasson, à 17h30. Je prends le train à Austerlitz pour Périgueux avec ma petite soeur, et nous arrivons à l'heure pour prendre la correspondance vers Terrasson, ville magnifique du Périgord, dont le nom me fait tout de suite penser à l'Espagne. Il s'y déroule chaque année un festival des jardins. Le petit train nous laisse dans cette gare SNCF sortie tout droit de la fin du XIXème siècle, et pour rejoindre l’hôtel, nous attendons notre chauffeur, mon père. Avec Marie, nous décidons de l'attendre dans un café. Il finit par répondre au téléphone : - « Où êtes-vous ? » - « Comme convenu, à Terrasson » - « Mais je suis à Périgueux » Il finira par arriver avec sa Skoda Fabia de location, environ 45 minutes plus tard. Il ne savait même pas qu'il y avait une gare dans cette petite ville, et c'est la raison pour laquelle il nous attendait dans la grande. Pourquoi nous a-t-il donné rendez-vous à Terrasson, par contre, cela restera un mystère. (écrit le: 2011-07-20) catégorie: quiproquo

Traverser la forêt en VTT
date: samedi 30/06/2001 (25 ans) lieu: Houilles

J'achète un vélo tout terrain de marque Decathlon d'occasion. C'est un modèle Rockrider 5.4. On a rendez-vous sur le parking devant chez moi. Le jeune vendeur est accompagné d'un ami. Je lui pose plein de questions. "Etes-vous êtes tombé avec ?". Je décide de lui prendre. Je fais le chèque sur le capot d'une voiture. Dès les premiers essais je découvre à quel point il est confortable, je ne sens plus les creux et les bosses dans la forêt de St Germain en Laye. J'ai l'impression de flotter sur l'amortisseur. Il me sert à partir en balade le week-end et pendant les vacances. Mon parcours est assez souvent le même. Je pars en direction de Maisons-Laffitte en traversant la Seine sur une route qui m'offre une perspective sur le château. Puis je rejoins la forêt de St Germain par la route forestière en passant devant le centre aquatique. Une longue ligne droite réservée aux promeneurs, la route des Brancas, m'amène à croiser la D308, que j'ai peur de traverser étant donné le nombre de véhicules qui passaient par là. Puis je rejoignais le parc du château de St Germain en passant devant une maison de retraite. Pour finir, je descendais la D910 en dépassant souvent les 50 km/h. Après avoir traversé la Seine, je prenais la route de Montesson puis la route de St Germain direction la gare RER de Houilles/Carrières sur Seine, à côté de laquelle se trouvait mon logement. (écrit le: 2022-07-04) catégorie: loisirs

Au revoir les verrues
date: lundi 20/08/2001 (25 ans) lieu: Houilles

Ma dermatologue m'a détaillé précisément comment faire pour se débarrasser des verrues. Il s'agit d'un plan d'attaque en 3 étapes: brûler, desquamer, râper. Je rajoute deux petites choses: il faut prendre du magnésium, ce qui limite la progression des verrues. Et surtout, il faut aider la peau à cicatriser avec une crème spéciale. Bien sûr, on doit traiter toutes les verrues. Si on en laisse une, il y a un risque que les autres se reconstituent. J'ai suivi les conseils du médecin à la lettre. Il n'y a que la brûlure à l'azote liquide que je ne peux pas faire chez moi, une visite chez la dermatologue est nécessaire. Il a quand même fallu que j'y retourne trois fois. A l'application sur un coton-tige du liquide à -190°, on ne sent rien, c'est quand on rentre chez soi que la peau "vivante" autour de la verrue se réveille, et que ça fait le plus mal. L'application du "Duofilm" réveille la blessure à chaque fois, car ce produit contient de l'acide. Mon plan de bataille est arrivé à bout de ces satanées « choses ». Je n'ai jamais vraiment compris ce que c'était d'ailleurs une verrue: un virus, une algue, un champignon, ou un mélange des trois ? (écrit le: 2012-03-31) catégorie: santé

Quatre dents de sagesse
date: vendredi 05/10/2001 (25 ans) lieu: Le Port Marly

J'avais 4 dents de sagesse à enlever. Ma mère se proposait pour me raccompagner chez moi, sachant quelle épreuve c'était. Les deux premières à gauche sont sorties difficilement, une en haut, une en bas. L’anesthésiant n'était pas assez fort. Pendant que le stomatologue sciait les racines, j'ai eu un mouvement de tête et la scie a coupé quelques nerfs. Résultat, je ne sens plus la moitié de ma langue, définitivement. Quinze jours après, je retourne à la clinique de l'Europe pour les deux dents à droite. Là ça se passe mieux, et j'arrive même à discuter avec le chirurgien après l'opération. Arrivé chez moi, j'enlève les cotons, mais la plaie n'avait pas du tout cicatrisée en bas. Je pisse le sang. Ma mère m'appelle pour savoir comment je vais, mais je n'ai pas été très convaincant, alors elle viens me voir au milieu de la nuit. Je lui dit de ne pas s'inquiéter, et elle s'en va. Entre le sang que j'ai bu, et celui que j'ai craché dans le lavabo, il devait bien y avoir un demi-litre. (écrit le: 2011-07-14) catégorie: santé

Millenium Mambo
date: samedi 03/11/2001 (25 ans) lieu: Paris

Je vais au cinéma avec Isabelle et son petit frère à côté de la place de la Bastille. Le film nommé au festival de Cannes de 2001 est réalisé par le taïwanais Hou Hsiao Hsien. Ce qui m'a marqué d'abord quand j'ai regardé l'affiche, c'est le visage parfaitement harmonieux de l'actrice Shu Qi. J'ai essayé de la dessiner, car elle me fascinait. J'étais assez satisfait du résultat. Cette jeune femme assez connue à Hong-Kong se révèle au public occidental dans ce drame réaliste. L'histoire est celle de Vicky, en couple avec Hao-Hao, un jeune homme violent et très jaloux qui travaille comme DJ dans une boîte de nuit. Ce qui rythme la vie de Vicky, c'est la drogue, l'alcool et le clopes. Elle va quitter son compagnon devenu insupportable et se réfugier chez Jack, un homme plus âgé et un peu mafieux avec lequel elle va nouer une relation ambiguë. Le côté contemplatif et hypnotique de la réalisation est sans doute ce dont je me souviens le plus de ce film. L'intrigue est assez secondaire, et le réalisateur s'en désintéresse assez vite. Il prend visiblement plaisir à filmer l'actrice marcher au ralenti en soufflant de manière désinvolte sa fumée de cigarette. J'avoue n'avoir pas compris les raisons qui poussaient cette magnifique jeune femme dans les bras d'hommes aussi énigmatiques. Il faut dire que j'ai très peu d'expériences des relations amoureuses. La plupart des femmes que j'ai aimé ne m'aimaient pas en retour, et la séduction reste un mystère, ou un poison, selon mon humeur. A la fin du film, les personnages se retrouvent étonnamment dans un ville japonaise enneigée. Ces scènes ont été tournées dans les rues de Yubari, sur l'île d'Hokkaido. Un festival de cinéma y avait lieu tous les ans, ce qui explique que le réalisateur ait pensé à cet endroit pour terminer par une ouverture lumineuse ce film assez noir. Je rêve de visiter le Japon, et j'étais aux anges en sortant de la projection. (écrit le: 2021-03-25) catégorie: cinéma

Amsterdam
date: vendredi 16/11/2001 (25 ans) lieu: Amsterdam

On avait cherché un billet de train pas cher pour Amsterdam au mois de septembre, mais les tarifs les moins élevés étaient au mois de novembre. Il faut dire que le "Thalys" n'est pas vraiment rempli à cette saison. J'étais à peine remis de mon opération des dents de sagesse. On peut dire que je n'étais pas en forme, et que ça tombait mal, mais ça faisait plus de deux mois que ce voyage était organisé et on ne voulait pas le reporter. Nous allons, Isabelle et moi, retrouver là-bas un ami hollandais qu'elle a rencontré sur internet. Finalement, nous nous retrouvons à la Gare du Nord. J'avais préparé une compote de pommes à la cannelle que nous avons mangé dans le train. Nous dormons dans une sorte de chambre d'hôtes sur un péniche amarrée au port. Isabelle a insisté pour que nos lits soient séparés. Nous louons des vélos à la gare, et parcourons les bords des canaux de cette ville magnifique. J'ai même pris quelques risques, en brûlant certains feux rouges, ce qui n'est pas trop mon habitude. Ce qui m'a vraiment surpris, c'est qu'il n'y avait aucun enfant dans les rues, la fécondité des néerlandais est assez faible, mais quand même... Isa veut absolument faire toutes les activités possibles en l'espace d'un week-end, ce qui est évidemment impossible. Nous avons visité le Rijksmuseum, le musée Van Gogh,...A la maison d'Anne Frank, j'ai été surpris de voir qu'Isabelle était de mauvais poil. Il faut dire que je n'arrête pas de la prendre en photo, ce qui devait passablement l'énerver. J'étais très amoureux. L'ami hollandais d'Isabelle, René, est légèrement plus âgé que nous. Il parle français et nous fait visiter sa ville. Dans le "Quartier rouge", je me souviens avoir été approché par un vendeur de drogue dont je ne comprenais pas un traître mot. René l'a fait partir. Un soir, nous allons au casino pour nous amuser. Il faut déposer nos cartes d'identité à l'entrée. Je n'ai jamais aimé les jeux d'argent. Isabelle gagne quelques pièces à la machine à sous. Je me dit: "Heureux au jeu, malheureux en amour". Le dernier soir, René prend nos bagages et nous amène dans un bar, "La gare de l'Est", où nous avons mangé un morceau. Puis nous allons directement prendre le train après avoir acheté des gâteaux hollandais. J'ai un peu dormi dans le train au retour. Arrivés à la Gare du Nord, je la raccompagne chez elle, puis je m'en vais. Au bout de quelques mètres, je me rends compte que j'ai gardé les gâteaux dans mon sac, mais je ne connais pas son digicode, ni son numéro de téléphone fixe. Je me rends compte avec effroi que je ne fais pas vraiment partie de sa vie. Je me sens coincé dans la "friendzone" dans toute sa splendeur, sorte d'écueil que toutes les personnes gentilles ont connu avec la personne qu'ils aiment. Je repars au bout de quelques minutes, dépité. Presque arrivé à l'entrée de la station RER B "Cité Universitaire", je la vois qui court derrière moi avec son chien "Rigolo". Elle est essoufflée, et me demande de lui rendre ses gâteaux. Elle pensait que j'allais les manger tout seul... (écrit le: 2020-12-03) catégorie: voyages

Renault 19
date: jeudi 29/11/2001 (26 ans) lieu: Houilles

Ma mère essayait de vendre sa Renault 19 depuis quelques mois. Elle va me proposer de la reprendre en tant que cadeau d'anniversaire. Il faut dire que j'ai bien besoin de mobilité depuis quelques mois! Ce véhicule est relativement puissant et l'auto-radio est excellent, ce qui ne gâche rien... J'avais une place de parking assurée dans le sous-sol de ma résidence (restait à obtenir une télécommande pour ouvrir la porte du garage). Par contre, j'ai un mal fou à assurer mon nouveau véhicule. La compagnie d'assurance de ma mère, la MAIF, n'accepte pas de me faire un contrat, par la filia-MAIF. Je vais donc rouler sans assurance pendant quelques semaines. Finalement, j'irai à la MACIF pour assurer ma Renault. Un an plus tard, j'ai revendu ce véhicule car je n'en avais plus besoin. Véronique avait une Clio dont elle ne voulait pas se séparer. J'ai vendu en urgence, et largement sous le prix du marché, cette voiture à une de mes collègues de travail, via les petites annonces de l'intranet. (écrit le: 2012-12-23) catégorie: anniversaires

Le Pen au second tour
date: Dimanche 21/04/2002 (26 ans) lieu: Paris

"Oh Putain…" On a tous prononcé les même mots au même instant, quand ils ont annoncé la nouvelle. Peu importe si la campagne de Jospin était ratée, ça ne méritait pas cette sanction. La plus grande abstention jamais connue, éparpillement des voix à gauche. Bien sûr, on se souvient de tout ça... après coup. Ce dont je me souviens surtout, c'est de ce rassemblement républicain qui a eu lieu le 1er Mai, auquel j'ai participé pour ne pas laisser croire au Monde entier que nous étions des fascistes. Je pensais, en marchant vers la place de la République, "Et si tout ces gens étaient allé voter?". (écrit le: 2012-12-23) catégorie: politique

Raid VTT au Mont Lozère
date: Dimanche 12/05/2002 (26 ans) lieu: Le Bleymard

Avant de rejoindre ma future belle-famille à Montpellier, je vais au Mont Lozère pour un stage UCPA de VTT que ma mère m'a aidé à financer. Je pars en voiture direction Le Bleymard en passant par l'A71, puis la D901. Arrivé au sommet, je rencontre les organisateurs, pleins de bonne volonté. Ils nous distribuent les équipements, notamment le vélo, le casque, le sac à dos et le "sac à viande" qui nous permettra de dormir dans les refuges. Il fallait se procurer le reste des fournitures: cuissards, gants, et vêtements de pluie nous-même avant le stage. Nous sommes un groupe de 5 personnes, entre 25 et 40 ans. Après nous être réveiller le lendemain de notre arrivée, nous commençons des exercices avec les vélos. Puis nous partons en direction de Bagnols vers le gîte d'Auriac. Le parcours passe par Queyzac, Florac et Ste Enimie. Nous sommes toujours bien accueillis le soir et préparons nos repas en groupe. Le deuxième soir, les coups de soleil sont tellement nombreux qu'on sort la Biafine pour calmer la douleur. J'ai beaucoup de mal à passer dans les virages serrés, car j'ai pris un VTT beaucoup trop grand pour moi. Dans certaines côtes, j'ai le coup de pompe, car il fait très chaud. Je suis souvent devant dans les descentes, et les faux plats mais pas dans les montées. Arrivés à La base de plein air de Sainte Enimie, nous avons la chance de voir la finale de la Ligue des Champions du 15 Mai, car il y a une télévision. La victoire du Real Madrid et la reprise de volée de Zidane sont d'excellents souvenirs. Nous passons sur le Causse Méjean, et dormons au gîte de Toulousette. Sur le chemin du village des Vignes, ma roue explose, et je ne m'en rend compte qu'après quelques mètres. Le jante est très abîmée, et la roue est coupée par endroits. Le moniteur mettra une demi-heure à réparer, et m'en tiendra rigueur jusqu'au bout du stage, car j'ai fait une erreur de pilotage. Le soir, nous discutons du dopage, et le moniteur me dit que prendre de l'aspirine, c'est déjà du dopage. Je suis d'accord avec lui, mais je ne comprend pas sa remarque. En fait, je prend du magnésium tous les matins pour faire disparaître mes verrues, et je pense avec le recul qu'il a cru que c'était de l'aspirine. Finalement, nous arrivons dans la ville du Rozier, et nous sommes ramenés en bus jusqu'au Mont Lozère. Nous avons tous crevé les deux pneus au moins une fois, et nous comprenons que les jantes étaient de mauvaise qualité. Les magnifiques paysages resterons dans ma mémoire plus longtemps que ces petits désagréments! (écrit le: 2011-07-25) catégorie: voyages

Bienvenue au pays du rose
date: mardi 03/09/2002 (26 ans) lieu: Houilles

Ma future épouse et moi déménageons dans un appartement ensemble pour la première fois. Nous avions deux petits studios, et la surface de l'appartement que nous avons choisi est plus grande que la somme des deux petits logements que nous quittons. La personne qui vivait dans cet appartement au troisième étage d'une résidence était une jeune femme, visiblement attirée par tout ce qui est rose, appellons-la "Miss Rose", même si elle était rousse. Elle avait deux chiens, trois chats, et d'autres animaux de compagnies qui squattaient chez elle. Le jour de l'état des lieux, Miss Rose n'a pas encore vidé ses affaires, alors qu'elle avait deux mois pour le faire. Nous finissons par obtenir les clés, très tardivement, et commençons à regretter notre choix. Tous les murs sont peints en rose, dans toutes les nuances possibles: du fushia au rose pêche. Il va falloir faire les travaux après avoir emmenagé, ce qui est toujours un peu difficile. Les meubles que la Miss ne voulait pas garder, elle les a laissé dans l'appart, et j'oublie de préciser que le ménage n'a pas été fait pendant au moins cinq ans (approximativement). Nous découvrons également les animaux de compagnie que notre Miss a laissé derrière elle, des puces, dont les nids sont situés entre les dalles du carrelage. Nous arriverons à nous en débarrasser environ six mois après. Dans la chambre (rose donc), une fourmilière vit en dessous du linoléum. Quand nous rendrons ce "F2", environ deux ans après, l'agent immobilier nous fera la reflexion "Ah, c'était pas rose ici avant ?". (écrit le: 2011-07-21) catégorie: déménagement

Spiderman en Divx
date: samedi 28/09/2002 (26 ans) lieu: Houilles

Nous venions d'arriver dans un appartement de deux pièces, que nous louait un couple de retraités. Après avoir passé plusieurs jours à nettoyer, repeindre et enfin meubler les lieux, il ne manquait plus que la connexion à internet pour rendre ce lieu confortable. J'ai commandé la Freebox, afin d'avoir l'ADSL pour un prix raisonnable de 30 euros par mois. Une vraie révolution! Enfin pour moi, c'était surtout l'arrivée d'une nouvelle source de divertissement: les films piratés. Avec une vitesse de téléchargement de presque 300kb/s, je pouvais me permettre d'aller piocher dans le catalogue du cinéma (surtout américain), sur les réseaux peer-to-peer. Le "Divx" (prononcer divix), une méthode de compression vidéo, associée au mp3, pour restituer le son, permettait de faire tenir un film de 2h sur 700 MB, soit l'équivalent d'un CD. Des "pirates" les convertissaient dans ce format et nous les mettaient à disposition. A l'époque, le meilleur moyen pour trouver des films récents en "partage", était de lancer le logiciel "eMule". Il suffisait de choisir un titre dans une liste et d'attendre, attendre, et ...encore attendre. Hé oui, ce n'était pas rapide. On regardait la barre grise se transformer en barre verte avec impatience. Chaque petit bout du fichier reçu était en effet matérialisé à l'écran par une ligne verte très fine. L'indisponibilité d'une section du fichier chez l'ensemble des « participants » était colorée en rouge: c'était le signe qu'il serait sans doute impossible d'obtenir le fichier entier, quel que soit le temps que j'attendrais. Dans ce cas il fallait abandonner le téléchargement. Sinon, j'allumais l'écran du PC de temps en temps afin d'estimer grosso modo à quel moment le fichier serait complètement téléchargé. Avec un peu de chance, et en sélectionnant un « blockbuster », on arrivait finalement à l'obtenir en un peu moins d'une semaine. Plus le nombre de gens qui partageaient était élevé, plus on avait de chances de recevoir le fichier rapidement. Le premier film que j'ai réussi à obtenir ainsi, c'est « Spiderman », avec Tobey Maguire. Il était sorti en salles quelques mois plus tôt, mais n'était pas encore disponible en DVD. Bref, il était temps de profiter de mon petit larcin, je m'en frottais déjà les mains. J'avais tourné l'écran de l'ordinateur qui était sur le bureau afin de nous permettre de regarder ce film gratuit, confortablement installés dans notre lit. Le sentiment que j'avais à ce moment là, était une légère impression de culpabilité. J'étais un hors-la-loi à la petite semaine. Pour décoder le fichier, j'avais récupéré un "pack" de codecs qui s'appelait "K-Lite" et permettait de le regarder sur un ordinateur. On constatait à cette occasion que la décompression du film avait des conséquences sur sa qualité. De grands aplats de couleur verte apparaissaient parfois quand il y avait beaucoup de mouvements de caméra, comme dans les scènes d'action. Les images se mélangeaient ensuite étrangement à celles qui suivaient, puis tout redevenait normal. Les plans un peu sombres n'étaient pas très détaillées. Dans ce cas, l'image ressemblait souvent à une bouillie de pixels marrons. C'était le cas du célèbre "baiser inversé" entre Peter Parker et Mary Jane, une scène inoubliable qui avait lieu après une bagarre sous la pluie, dans une rue peu éclairée de New York. Le plus amusant était la voix des acteurs qui faisaient le doublage. Comme ces films américains étaient disponibles au Québec avant de l'être en France, on les trouvait le plus souvent dans des versions doublées avec l'accent de Robert Charlebois. Tabernacle ! L'homme araignée en québecois, ça vaut son pesant de cacahuètes. Après tout, c'est gratuit. On ne va pas faire la fine bouche me disais-je. (écrit le: 2016-05-28) catégorie: cinéma

Wagon-lit vers Barcelone
date: Dimanche 20/10/2002 (26 ans) lieu: Barcelone

Pour aller à Barcelone, vous pouvez prendre le train, mais c'est long... 13 heures environ. Nous avons décidé de prendre le Talgo en wagon-lit. Les cabines de quatre personnes sont très bien conçues, sauf qu'elles ne sont pas mixtes. Il faut donc se séparer de sa chère et tendre le temps du trajet. Nommé aujourd'hui Elipsos, il ne s'agit pas du service de wagon-lit le plus luxueux d'Europe. J'ai partagé le trajet avec des personnes sympathiques mais dont je ne comprenais pas la langue. La promiscuité et la taille de la cabine m'a également permis de découvrir de nouvelles odeurs corporelles que je ne connaissais pas. (écrit le: 2011-07-08) catégorie: voyages

Halo
date: vendredi 15/11/2002 (26 ans) lieu: Houilles

J'ai récemment acheté un Xbox en solde à Carrefour. Nous utilisons cette console pour regarder des DVD, principalement. Ça devenait un peu difficile de regarder des films sur l'écran de l'ordinateur portable! J'ai un jeu de baston (Dead or alive) et un jeu de courses (Project Gotham). La manette est vraiment trop volumineuse, et la couleur noire donne un air effrayant à cette machine bruyante de Microsoft. Fabrice, qui en possède une également, me prête un jeu d'action, Halo. Après avoir mis le disque de jeu dans la console, je suis accueilli par une sorte de champ grégorien, un anneau gigantesque sur fond de ciel étoilé défile sur l'écran de notre petite télé. Un sentiment étrange me traverse, et je ne m'attend à rien de particulier. Puis le jeu commence. Il faut apprendre à manier le personnage, une sorte de soldat casqué, protégé par une armure verte. Le stick analogique gauche nous dirige vers l'avant, l'arrière, la gauche et la droite. Le stick analogique droit permet de diriger le regard. La gâchette droite permet de tirer, celle de gauche d'envoyer des grenades. En quelques instants, je me déplace dans un jeu avec une aisance que je n'avais encore jamais connue. Au bout de deux minutes, je suis dans la peau du "Master Chief". Le début de l'aventure se situe dans un vaisseau en perdition. Les couloirs sombres et étroits me laissent penser que tout le jeu va être assez terne, bien que les aliens soient de couleur fluorescente. Et tout d'un coup, on est largué à la surface du "Halo", une sorte de planète en forme d'anneau, créé par une civilisation ancienne, les "Forerunners". La profondeur de champ est immense. Je suis surpris, car il n'y a aucun ralentissement dans l'animation. J’attrape le fusil sniper, et tire en pleine tête d'un alien situé à environ un kilomètre de moi. Je progresse avec plaisir sur des plaines verdoyantes et des paysages enneigés. Une de mes grandes surprises est de pouvoir conduire un véhicule pour transporter mes coéquipiers, et parcourir ainsi plus vite les immensités de ce monde fantastique. Je découvre les différentes armes une par une, avec un fascination pour le lance-roquettes, dont le pouvoir de destruction est énorme. Je suis totalement conquis par l'univers. J'ai très vite rendu le jeu à Fabrice, et j'ai été l'acheter en magasin. (écrit le: 2012-10-09) catégorie: jeux vidéo

Spid
date: mercredi 15/01/2003 (27 ans) lieu: Paris

Alors que j'avais été engagé en 1999 dans un service qui utilisait des fiches cartonnées pour compter les dossiers, je m'étais dit: "Pourquoi ne pas informatiser tout ça?". J'ai pris l'initiative de créer une base de données sous Access avec mes dossiers, pour faciliter le calcul de mes statistiques. Comme je n'avais pas le logiciel installé sur mon poste au travail, j'utilisais mon ordinateur personnel pour développer des fonctionnalités. Je pouvais ensuite les tester au boulot, puis corriger les erreurs, le soir, de chez moi. Ca faisait un an que je développais de nouvelles fonctions. Au cours d'une démonstration de mon outil, notre responsable a pensé que c'était un moyen efficace pour piloter notre activité en temps réel, et qu'il fallait le généraliser dans notre service. Je suis donc chargé de faire rentrer les données de mes collègues dans mon outil, mais certains n'étaient pas d'accord. J'appelle cette application "les fiches retraite", en référence aux fiches en "T" que nous utilisions jusqu'à présent. Rapidement, ma méthode intéresse le contrôle de gestion. Tous les services de retraite de Paris devront utiliser mon outil, et il faut que je rentre les informations de tous les dossiers, gestionnaire par gestionnaire. Ça représentait beaucoup de travail. Après cela, les sites de province du groupe vont avoir leur version de l'outil. J'aurais préféré ne faire qu'une version, mais il aurait été alors nécessaire de demander une autorisation spéciale aux instances qui développent des outils informatiques (DSI). Je me déplace avec le consultant en charge du projet dans les sites de province pour présenter "les fiches retraite", non sans mal. A mon grand étonnement, il y a comme sorte de méfiance, un "a priori" négatif. Quelques semaines plus tard, un intervenant renomme mon application "Spid", comme "Suivi et pilotage des dossiers", mais je déteste ce nom! C'est un peu comme si on avait renommé mon animal de compagnie sans m'en demander la permission. J'arrive rapidement à la limite de mes compétences en matière de développement. D'autant que j'essaye de tout faire tout seul, je fonctionne mieux comme ça. C'est à ce moment que le service informatique commence à s'interroger sur ma légitimité dans ce projet. Chaque site du groupe veut faire évoluer l'outil dans une direction différente (mettre des couleurs sur les dossiers urgents, calculer les statistiques individuelles pour "noter" les gestionnaires,...). A un moment, je me rends compte que je suis dépassé par l'enjeu. En fait, le consultant qui est en charge du projet était en train de développer une solution alternative, un Web Service, nommé "eSpid". Il profite simplement du fait que les données de ma base vont pouvoir être reversées dans le nouvel outil. Je me retrouve donc totalement déchargé de ce projet que j'aurais contribué à faire naître ? Je comprends rapidement que l'outil alternatif qui sera mis en place n'aura pas la souplesse du mien (je développais chaque jour de nouvelles fonctions), ni la rapidité (ce qui est dommage pour un outil qui porte un nom pareil). J'essaye de garder un peu la main sur la suite du projet en participant à des ateliers, mais il est clair que je n'ai plus rien à apporter techniquement ou fonctionnellement. Finalement, on m'oblige à prendre mes congés au mois de mai. A mon retour de vacances, mon rôle n'est plus qu'anecdotique dans le développement de "eSpid". D'autant qu'avec les grèves des trains au mois de juin, je m'épuise dans les transports en commun. Je suis dans un état où je me sens trahi, et totalement impuissant. Je plonge à nouveau dans une forme de dépression. Mes proches le ressentent, surtout Véro. Grâce à son soutien, j'arriverai finalement à digérer cette histoire... On m'associera quelques mois plus tard au développement des évolutions de l'outil. J'apportais mes connaissances métiers, et même si le coeur n'y était plus, j'étais content de garder un lien avec quelque chose que j'avais contribué à créer. (écrit le: 2012-08-11) catégorie: travail

Canicule Aout 2003
date: mardi 12/08/2003 (27 ans) lieu: Houilles

Une si longue période de chaleur, je n'en avais jamais connue. Il a suffit de quelques jours à 40°C pour me transformer en loque humaine. Le début du printemps avait été chaud, mais le début août 2003 a été pire que tout. En l'absence de climatisation dans l'appartement Rue Marceau à Houilles, nous avons essayé différentes techniques. La plus inefficace a été de poser une bassine d'eau par terre. Nous avons tenté les bains glacés, les fenêtres ouvertes (mais rappelez-vous il n'y avait pas de vent). Le pire c'était la nuit, les températures restaient élevées, plus de 30°C, et quand on a enlevé les draps et les vêtements, il ne reste plus qu'à espérer que la vague de chaleur va s'arrêter. Heureusement qu'il y avait la clim' au bureau. J'ai retrouvé la forme vers le mois de novembre. (écrit le: 2011-07-08) catégorie: catastrophe

Berlin
date: lundi 18/08/2003 (27 ans) lieu: Berlin

Les vacances étaient posées depuis quelques mois et l'hôtel avait été réservé. Avec la Renault Clio rouge de Véronique, nous partons pour l'Allemagne. Après 8 heures de route, nous passons une nuit à l'Etap Hotel de Dortmund. Le réceptionniste était aimable comme une porte de prison. Nous avons diné dans un restaurant grec où les portions étaient trop généreuses, impossible de finir nos assiettes. Le lendemain, encore 5 heures et demi de route, puis nous arrivons enfin à Berlin, le but de notre voyage. Nous avions réservé quatre nuits à l'hôtel Christophorus, tenu par des religieuses. Il se situe à Spandau, un quartier au nord-ouest de Berlin. Cet endroit avait été choisi pour le calme de la forêt qui environne la résidence. C'est Véronique qui avait fait la réservation. Comme elle parle très bien allemand, nous n'avons eu aucun mal à nous faire comprendre. Évidemment, il s'agissait d'un lieu plutôt destiné aux personnes âgées, mais le personnel était aux petits soins, et le petit-déjeuner délicieux. Pour aller au centre-ville, nous devions rejoindre la gare à environ 5 km en voiture, puis avions une vingtaine de minutes de train dans une sorte de RER jusqu'à Potsdamer Platz. Dans mon sac à dos, j'avais mon appareil photo reflex argentique avec 2 bobines de 24 poses. Il faisait bon, nous n'avions pas trop chaud. Après nous être installés, nous sommes partis diner au Tiergarten Quelle. Nous avons vu le centre-ville et l'église du souvenir, ainsi que le Kurfurstendamm. Le lendemain, après avoir mangé dans un bar à soupes, nous sommes passés devant le Reichstag, la porte de Brandebourg et avons visité le musée historique. Nous sommes ensuite partis dans le quartier typique d'Oranienburg, via le Neues Museum, et la tête de Nefertiti. Nous sommes allé voir le musée de Checkpoint Charlie (témoin de l'époque sombre pendant laquelle le "Mur" se dressait encore). Puis nous avons vu Gendarmenmarkt dans la partie Est de la ville. Ce soir là, nous avons mangé dans un restaurant chinois près de la gare de Spandau. Le troisième jour, nous sommes partis à Potsdam. Le parc et les monuments de cette ville nous ont vraiment surpris. Pour décrire cet endroit, je dirais que cela m'a fait penser à un château de Versailles qui aurait été coincé dans un pays de l'Est pendant 50 ans. Les bâtiments de l'époque de Frédéric II sont tout de même bien conservés. Le château Sanssouci, entouré de vignes en escalier, est absolument magnifique. Le jeudi, nous avons vu une partie du mur de Berlin qui a été conservée car des peintures très célèbres le recouvre. C'est une véritable galerie d'art à ciel ouvert, dont les oeuvres ont été rénovées. Puis nous avons vus Charlottenburg, la colonne des Victoires, le parc Tiergarten et le mémorial Rosa Luxemburg. Il est difficile de quitter une ville aussi agréable. Ce n'est pas tant l'accueil des habitants (on réserve souvent ce traitement aux touristes du Monde entier) qu'un ensemble de petits détails qui font la différence. L'aménagement de la ville, l'équilibre entre les zones vertes et les habitations, la place laissée aux activités humaines... mais aussi la vie culturelle foisonnante, c'est tout cela qui est charmant dans cette cité que l'histoire a déchirée plusieurs fois. Le vendredi, nous sommes partis de Berlin vers Altena pour aller voir Andrea, la correspondante allemande que Véronique a rencontrée au lycée. Sur la route du retour, je me suis dit que si je devais vivre ailleurs (pour paraphraser J.F.K.), je choisirais sans doute d'être un berlinois. Si le front national passe aux élections présidentielles, je sais où me réfugier. (écrit le: 2014-12-26) catégorie: voyages

Nuit blanche sur Sim City 4
date: lundi 25/08/2003 (27 ans) lieu: Houilles

Les jeux de stratégie/gestion sur PC permettent de créer un monde en exploitant les ressources mises à notre disposition. Sim City est le jeu le plus représentatif de cette catégorie, et sans doute l'un des plus connus. On y joue le rôle d'un Maire qui construit une ville en définissant trois types de zones (résidences, commerces et industries), et en cherchant à augmenter le nombre d'habitants: les Sims. J'y jouais le soir, après le travail. A mesure que je commençais à me passionner pour ce jeu, mes heures de sommeil disparaissent dans une zone "grise" dans laquelle j'oubliais tout le reste. D'autant qu'en ce mois d'août, la chaleur caniculaire m'obligeait à vivre la nuit. En tant que touriste, j'avais aimé Londres, Barcelone, et je revenais de Berlin. Après avoir visité des villes aussi belles, on a envie de les recréer dans ce jeu. C'est ce que je faisais, passant des heures à créer ma ville parfaite. On commence par créer la région dans l'éditeur de paysage. Puis on prend les rennes de la Mairie, la partie la plus intéressante mais aussi la plus difficile, car il faut garder le budget à l'équilibre. On peut organiser des échanges commerciaux avec les villes des alentours. On dispose des immeubles de service public (Hôpital, Pompier, Police,...), mais aussi des routes, des parcs... Il faut aussi penser au réseau électrique, aux tuyaux d'eau. La carte est de forme carrée. Chaque "objet" du jeu a une influence à 360° autour de lui, mais les bâtiments et les routes sont à angle droit. Tout le problème consiste donc à faire entrer des petits carrés dans des cercles d'influence plus ou moins larges. C'est la quadrature du cercle! Pour corser la difficulté, le jeu oblige constamment à faire des emprunts et à micro-manager les dépenses de chaque administration en fonction du nombre d'habitants. Arrivé à un certain niveau d'endettement, il devient extrêmement difficile de faire quoi que ce soit, on doit même rogner sur les frais d'entretien des routes pour continuer à jouer. Les Sims nous font payer cette mauvaise gestion en quittant la ville, et on efface la partie pour recommencer. Heureusement, on ne devient pas Maire de cette cité virtuelle grâce à une élection démocratique! De la même façon, il est impossible d'avancer dans le jeu dès qu'on essaye de prendre des décisions bien "françaises" (mettre des centrales nucléaires, augmenter les impôts, limiter le développement urbain, protéger l'environnement, installer des lignes de transports en commun,..). Si vous faites ça, le nombre de chômeurs explose et vous devez tout recommencer. Qui a dit que les jeux vidéos n'étaient pas politisés! Pour attirer rapidement de nouveaux habitants, le mieux est d'appliquer des préceptes que Ronald Reagan approuverait sans doute: favoriser le véhicule individuel, les industries polluantes et les centrales à charbon, baisser les taxes et prendre un arrêté pour autoriser les jeux d'argent. Hé oui, les concepteurs du jeu sont américains... Je suis même surpris qu'on ne puisse pas gérer le niveau de corruption des flics pour tirer parti du trafic de drogue ! Point de salut en dehors de la méthode "Made in USA". On pouvait quand même développer des industries de pointe "non polluantes" après avoir traversé une longue phase laborieuse. Mais j'étais impatient, et je n'étais jamais satisfait du résultat en suivant ces règles sur de courtes périodes de temps. J'avais trouvé un moyen efficace de fabriquer ma cité idéale: je trichais. En tapant le code "WEAKNESSPAYS" à l'écran, "la faiblesse paye" en français, je remplissais mon compte en banque. J'achetais de nouvelles routes, je fabriquais une ferme à la campagne. Je construisais cette villa au bord de l'eau dans cette ville utopique qui me faisait rêver, comme quand je jouais, enfant, avec mes maquettes de trains miniatures. Avec des ressources illimitées, cette ligne de train ne m'avait rien coûté, mais personne ne l'utilisait car les habitants devaient...marcher pour aller de chez eux jusqu'à la gare. Sur ce point, le jeu est assez fidèle à la réalité. Si l'arrêt de bus est à plus de 10 mètres de chez eux, les "Sims" ne l'utilisent pas. Vous avez dit "fainéants"? Notez que si vous mettez des arrêts de bus partout, ça ne résout pas le problème, à cause des embouteillages qui bloquent la circulation. Rendons hommage à Will Wright, le concepteur du premier Sim City, qui a réussi à intégrer les conséquences des pires défauts humains dans son jeu. Côté graphismes, l'interface est colorée et les animations sont superbes. Il suffit de regarder ces immeubles sortir de terre, c'est fascinant. La musique est assez légère, tantôt jazzy, tantôt planante. Elle vous invite à rester des heures devant votre écran. Je me souviens avoir passé des nuits blanches à peaufiner des cités qui finissaient détruites par un incendie en quelques minutes. Que reste-t-il de ces séances interminables ? Des cendres... mais pas que ça. Ce qu'on apprend avec ce jeu vidéo reste en nous de manière indélébile. Nos actes ont des conséquences, parfois à court terme, parfois à long terme. Dans ce jeu d'échecs (au sens propre et au figuré) à visage "urbain", il faut réfléchir avant de prendre chaque décision. Heureusement, il est possible d'arrêter le cours du temps dans Sim City. On a pas cette chance dans la vraie vie. (écrit le: 2014-12-08) catégorie: jeux vidéo

Pucer une xbox
date: Dimanche 09/11/2003 (27 ans) lieu: Houilles

J'avais une Xbox depuis un an environ, mais finalement assez peu de jeux, à part ceux qu'on m'a offert (Dead or alive 3, Project Gotham Racing et Jet Set Radio Future). Souvent, j'étais obligé de les payer. Pour éviter de le faire, et jouer avec des copies, on m'a dit qu'il était possible de souder une puce pour la "débloquer". Passé le stade où je me suis documenté, il a fallu s'y mettre. Je démonte la machine pièce par pièce. J'avais commandé la puce sur internet, et j'ai acheté les outils à Leroy Merlin. Il me fallait: un fer à souder, de la soudure, des câbles minuscules et des tournevis "Torx". Après quelques heures de galère, j'ai fini par réussir la soudure. La machine redémarre, complètement libre de tout système de vérifications ! Je peux donc installer tout ce que je veux: des jeux copiés, des émulateurs d'anciennes consoles de jeu, un media center... J'en ai parlé à un collègue qui souhaitait que je fasse la même chose pour lui. Pas de problème ! J'amène mes outils et la puce dans son appartement. Seulement, là, ça n'a pas marché. La soudure n'était pas possible. Je vais donc essayer de la ramener chez moi pour terminer le travail. Rien ne marche. Je vais donc donner ma console à ce collègue, et garder la xbox non modifiée. Après quelques semaines de recherches, j'ai découvert un moyen pour "débloquer" la console avec un simple jeu et une cartouche de sauvegarde. Un DVD de "Splinter Cell", était nécessaire. Plus besoin de démonter la machine, souder, etc... J'ai bien profité de cette console, tous les jeux étaient disponibles gratuitement sur internet. (écrit le: 2013-06-08) catégorie: jeux vidéo

Baladeur MP3
date: mardi 03/02/2004 (28 ans) lieu: Houilles

Pour écouter de la musique pendant mes trajets en transports en commun, j'achète un baladeur MP3. Il s'agit du modèle ISM Lynx 256. Un petit appareil qui tient dans la poche et consomme des piles AAA. L'afficheur (noir et blanc) est rétroéclairé avec un choix de 7 couleurs différentes, ainsi qu'un réglage du contraste. Il y a assez peu de place sur la mémoire interne de l'appareil. Je suis donc obligé de faire un choix dans les chansons que je peux écouter. Il y a quand même de quoi insérer l'équivalent de 4 ou 5 albums de musique, ce qui est bien mais pas top. Quand j'en avais assez d'écouter les mêmes chansons, je pouvais basculer sur la radio. Cependant, mon trajet en RER A entre Auber et Houilles étant principalement sous-terrain, je ne captais pas la radio très souvent ! Last but not least, ce petit boîtier est aussi un dictaphone. Je m'en suis servi pour enregistrer des mémos vocaux, et cela marchait plutôt bien. Le jour où j'ai voulu enregistrer un discours auquel j'assistais, le résultat était moins probant. Il faut dire que j'avais posé le baladeur dans la poche de ma chemise, et le son n'arrivait pas jusqu'au micro. J'ai fini par donner cette machine bien utile à ma grande soeur qui s'en est servi un peu. Il faut dire que je m'étais acheté un iPod Touch. (écrit le: 2018-01-28) catégorie: musique

Euro 2004 Paris sportifs
date: samedi 12/06/2004 (28 ans) lieu: Paris

Quelques collègues m'avaient demandé si je ne voulais pas créer un jeu de pari à l'occasion de l'Euro… "Pas de problèmes". On mise quelques centimes sur chaque match, le gagnant emporte la mise. Ça semblait simple. En fait, c'est un vrai casse-tête ! Qui est le gagnant? Celui qui trouve le résultat (ex: 2-1) ou celui qui donne le nom de l'équipe gagnante ? Est-ce celui qui a trouvé le plus de bons résultats à la fin qui remporte l'ensemble des gains ? Ou bien est-ce celui qui trouve le résultat pour un match qui remporte les mises de ce match ? ...Pour combler les failles de mon organisation, je suis obligé de créer une question subsidiaire au beau milieu du tournoi pour éviter que deux joueurs sortent ex-æquo. En plus de cela, il faut gérer toute la monnaie. C'est le boulot de mon collègue Fabrice. Faire la comptabilité, verser les gains aux gagnants, aller réclamer les sous à ceux qui ont parié mais qui n'avaient pas d'argent sur eux. C'est un boulot à plein temps, ou presque ! Il n'y avait que 14 joueurs, mais j'avoue que ça m'a plu énormément. Je me dit que je vais renouveler l'expérience dans deux ans: pour la Coupe du Monde 2006... (écrit le: 2013-06-08) catégorie: paris sportifs

Visiter des appartements
date: jeudi 17/06/2004 (28 ans) lieu: Carrières-sur-seine

Ce deux pièces au dernier étage d'un vieil immeuble ne nous convenait plus. Il nous faut payer un loyer assez élevé en pure perte. La chaleur de l'été 2003 achèvera de nous convaincre de quitter ce lieu. Nous cherchons à acheter un appartement de trois pièces. Malheureusement, mon salaire est assez faible, et nettement inférieur à celui de ma compagne. Nous devons donc chercher un logement éloigné de Paris, notamment à Cergy-le-haut, Maisons-Laffitte, voire plus loin de Paris… Cela représente une distance importante avec notre lieu de travail, et je ne souhaite pas trop passer deux heures et demi par jour dans les transports en commun. En l'espace de trois mois, nous aurons été dans une vingtaine de lieux tous plus inadaptés les uns que les autres. Aucun de ces appartements ne semble me convenir. C'est peu dire que le sujet des investissements immobiliers ne me passionne pas. Peu motivé par le sujet, je laisse Véronique s'en occuper. Il faut faire un choix stratégique. Soit prendre un appartement plus grand mais trop loin, soit prendre un deux pièces dans le quartier où nous vivons actuellement. C'est cette deuxième proposition qui sera finalement choisie, même si ce n'est pas une très bonne solution si nous devons avoir un enfant par la suite. Un agence nous propose un deux pièces à Carrières-sur-seine, à une quinzaine de minutes à pied de la gare de RER A. Le critère principal du choix est le temps de trajet. Le deuxième critère, c'est de quitter Houilles et nous éviter les blagues débiles de nos amis et de notre famille sur le nom de cette ville. C'est beaucoup plus chic de vivre à Carrières...sur Seine. Après avoir grimpé une côte en marchant pendant un temps qui m'a paru vraiment trop long, nous arrivons dans un quartier flambant neuf construit au dessus de l'autoroute A14. L'ensemble des immeubles suit la courbe de la voie rapide. Nous voici dans l'allée des poètes, une petite impasse avec des jardins au rez-de-chaussée. Arrivée au troisième étage, nous sommes charmés par la vue dégagée qui nous permet de voir jusqu'à Cormeilles en Parisis. Il n'y a pas de vis-à-vis, et l'appartement est orienté au nord. Tout le contraire de notre appartement de location à Houilles. Il manque des commerces aux alentours, mais il est prévu qu'un centre commercial ouvre bientôt ses portes à 50 mètres. Le prix est assez élevé, mais les frais de notaire sont réduits car l'immeuble est récent. C'est surtout les frais d'agence qui me semblent hallucinants. Nous devrons payer plus de dix mille euros pour rémunérer le travail assez superficiel qu'aura fait l'agent au cours de quelques semaines qui ont séparé la visite de la signature de l'acte d'achat. Nous finissons par voir le notaire au mois d'août et prévoyons d'emménager en novembre. (écrit le: 2021-03-10) catégorie: immobilier

En fauteuil électrique sur l'île de Batz
date: mercredi 21/07/2004 (28 ans) lieu: Ile de Batz

J'avais rencontré en 1997 un responsable culturel de la ville de Strasbourg. Il souffrait de phocomélie, une atrophie des membres, et se déplacait en fauteuil électrique. Malgré son handicap, il avait une réussite personnelle et professionnelle éblouissante. Longtemps après avoir déménagé de Strasbourg, nous sommes allés à l'île de Batz avec ma future épouse. Après avoir fait le tour de l'île, nous sommes monté en haut du phare. En regardant le paysage, je vois un homme en fauteuil électrique. C'était le même homme, Michel Krieger. Peu après, mon père me racontera qu'il avait une résidence secondaire sur l'île, ce qui explique qu'il n'était pas là par hasard. (écrit le: 2011-07-08) catégorie: rencontres

Les Masters de Tiger Woods
date: Dimanche 10/04/2005 (29 ans) lieu: Carrières-sur-Seine

Je suivais le golf par intermittence. La télévision souvent rend assez mal la tragédie que vivent les golfeurs sur les parcours. Pour les Masters d'Augusta, ce n'est pas le cas. Le lieu est magnifique, le moment de l'année est parfaitement choisi. C'est le début du printemps, et la nature est florissante. La première fois que j'ai vu ce tournoi, c'était en 1996. Voir un champion comme Greg Norman s'effondrer en quelques minutes et laisser Nick Faldo gagner a été une leçon que je n'ai pas oubliée. Regarder cette compétition était devenu pour moi comme un rite de passage signifiant que l'hiver était passé. J'étais principalement abonné à Canal + pour suivre cette compétition ! Peut-être est-ce à cause de la pelouse bien verte qui couvre véritablement l'écran de télévision qui agit comme une thérapie chromatique sur moi. Le rythme extrêmement lent des golfeurs rend le programme hypnotique, et sans que je sache pourquoi, j'aime regarder ces sportifs se prendre la tête pour un brin d'herbe qui recouvre un balle minuscule. Depuis quelques années, je suivais la carrière de Tiger Woods, qui s'avère être né un mois après moi. Je me sentais plus proche de lui que de la plupart des autres compétiteurs plus âgés qui parcouraient ce tournoi. Il était proche de la victoire. Au 16ème trou, le dernier jour, il a fait partir la balle sur la gauche du green, à la limite du « rough ». Ce par 3 est composé presque exclusivement d'eau, suivi d'un green terrifiant. Pour dépasser son adversaire, Tiger devait rentrer un chip de l'extérieur du green, sans taper trop fort sinon la balle serait allé dans le lac. Après une période de concentration intense, il a dosé son coup à la perfection. Après avoir rebondi à l'entrée du green, la balle est partie dans la pente, à la bonne vitesse, droit vers l'objectif. S'arrêtant un instant au bord(certains disent: pour que l'on voit bien la marque de l'équipementier !), elle a fini sa course dans le trou. J'étais fou, je sautais en l'air. Jamais de ma vie je n'avais vu une chose pareille. (écrit le: 2013-11-10) catégorie: télévision

Collioure
date: jeudi 12/05/2005 (29 ans) lieu: Collioure

Nous partons avec Véronique, profiter du joli mois de mai. Après une escale à Montpellier chez ses parents, nous allons vers Perpignan. On s'arrête juste pour boire un café sur la place de la République. Puis direction Collioure, où nous avons réservé une chambre d'hôtel au « Madeloc ». Cet établissement proche du centre-ville est un peu vieillot, mais le charme opère tant nos hôtes sont accueillants. La porte-fenêtre de notre chambre donne sur un petit jardin privatif, avec une table et des chaises pour prendre le petit-déjeuner. Le mobilier en rotin ne dépareille pas avec les papiers-peints à motifs colorés de cette chambre restée coincée en 1960 ! Mais ce qui est formidable en cette saison, c'est d'avoir accès à une piscine en terrasse, et comme il n'y a personne au mois de mai, la piscine est à nous... Nous visiterons les alentours, qui bénéficient d'un micro-climat toute l'année. Nous irons voir également Ille-sur-têt, et ses fameuses « orgues », des formes géologiques naturelles sculptées dans l'argile. On a surtout apprécié le repas du midi dans un restaurant « L'entre mers », et son foie gras mi-cuit tout simplement inoubliable. Le soir du 12, on ira voir le coucher de soleil devant l'église de Collioure. J'ai réussi à faire quelques ricochets sur la mer avec des cailloux bien plats, et on est rentré se coucher quand le soleil a disparu derrière le Fort. (écrit le: 2012-05-30) catégorie: voyages

Xbox 360
date: lundi 20/02/2006 (30 ans) lieu: Carrières-sur-Seine

J'avais envie d'acheter la nouvelle console de Microsoft. Possesseur de la première Xbox, les présentations commerciales m'avaient donné envie de profiter des qualités de cette nouvelle machine. La transition n'était pas facile, car je sortais d'une période où tous les jeux de ma console actuelle étaient piratables, donc accessibles gratuitement. J'allais désormais devoir payer pour jouer ! Au début, j'avais mes jeux de la génération précédente dont certains étaient rétro-compatibles avec la 360. Je jouais donc à Halo 2 en ligne avec mon abonnement au Live. Puis j'ai acheté une simulation de Tennis de table assez déjantée « Rockstar Table Tennis ». J'ai eu « Gears of War », « Call of Duty 4 Modern Warfare », « Forza Motorsport 2 », « Lost Planet » et « Mirror's Edge » un jeu de parkour en vue à la première personne qui m'a beaucoup impressionné mais difficile à prendre en main. Mon ami Marc avait essayé sans succès d'y jouer. Quand Halo 3 est sorti, je l'ai acheté immédiatement. La grande force de cette console était le réseau pour jouer en ligne, télécharger des démos et des jeux. Après avoir joué de manière intensive à GTA IV en mars 2009, la machine s'est arrêté de fonctionner. J'avais le « Red Ring of Death », une panne très répandue, qui a pour symptôme principal le clignotement de trois lumières rouge en façade de la console. J'ai remplacé cette machine par une autre que j'ai racheté le 12 juin de la même année pour trois raisons: j'avais un équipement (manettes, micros, câbles,...), j'avais des jeux, j'avais un abonnement au Xbox Live. En plus, il y avait une prise HDMI et une connexion wifi sur ce nouveau modèle. Mais surtout, j'avais besoin d'une console pour m'occuper pendant mes périodes de solitude. Véronique était à nouveau à l’hôpital, je me trouvais donc livré à moi-même. Quand le jeu « Limbo » est sorti, je l'ai trouvé tellement extraordinaire que je l'ai recommencé immédiatement. Bien qu'il soit assez court, et dans une ambiance glauque en noir et blanc, c'est devenu mon jeu préféré. Fan de rock depuis longtemps, j'ai eu envie d'essayer « Rock Band ». J'ai acheté le jeu et un guitare en plastique. Mes doigts se raidissaient beaucoup trop vite quand je jouais, donc je n'étais pas très bon. Impossible de toucher la cinquième touche du manche, étant donné que je n'avais que quatre doigts dessus. Je ressentais le frisson de créer de la musique avec mes mains, ce qui ne m'était pas arrivé souvent, à part avec un synthétiseur. A la fin de l'année 2010, j'ai eu raz-le-bol d'avoir des tas de machines (et donc de télécommandes) sous la TV. J'ai revendu beaucoup d'appareils, dont cette console et tous les accessoires, que j'avais depuis à peine plus d'un an. J'ai fait ça aussi pour me prouver que cette période de ma vie était révolue, et qu'à 35 ans il est temps de s'intéresser à autre chose qu'aux jeux vidéo. Au fond de moi, je pensais qu'il était encore temps d'avoir un enfant, même si les chances étaient minces, étant donné que Véronique devait arrêter ses médicaments pour être enceinte. Une chose est certaine, on ne devient pas quelqu'un d'autre du jour au lendemain. Je me suis beaucoup ennuyé pendant les mois qui ont suivi. (écrit le: 2021-03-30) catégorie: jeux vidéo

Les frites de Bayonne
date: mercredi 08/03/2006 (30 ans) lieu: Bayonne

Nous étions à Bayonne, et il était assez tard pour déjeuner. 14h pour être précis. Nous avons cherché une brasserie ou un restaurant, et cette échoppe située à côté d'un lycée nous a plu. La serveuse n'a pas osé nous dire qu'il était trop tard pour manger. Jamais je ne regarderai les frites de la même façon. Cuites dans une huile de friture périmée depuis longtemps, elles vous font une belle gastro-entérite aigüe. J'ai eu les premiers symptômes vers 18h, nous sommes allés dîner dans un bar à huitre, mais j'ai repeint les toilettes de l'établissement. La nuit a été agitée, je tremblais sans avoir froid, quand je n'étais pas carrément coincé à quatre pattes devant la cuvette des toilettes. Le lendemain, la visite de Cambo-les-bains s'est faite à la vitesse d'un escargot, je n'arrivais pas à marcher pendant plus de deux minutes d'affilé. (écrit le: 2011-07-08) catégorie: voyages

Anti 4x4
date: vendredi 09/06/2006 (30 ans) lieu: Carrières-sur-seine

En m'intéressant à la pollution générée par les véhicules, je me suis arrêté sur celle que provoquait les voitures "tous terrains". Avoir un 4x4 en ville me semblait être une pure aberration. La seule raison valable de posséder ce type d'automobile avait quelque chose à voir avec l'égoïsme de son propriétaire. Quand on est assis dedans, on est un peu plus haut que les autres conducteurs. Très probablement, on prend moins de risque d'être blessé lors d'un accident. Certains, m'a-t-on dit, posaient de la fausse "boue" sur leurs jantes pour faire croire qu'ils avaient vraiment roulé sur de la terre. La vanité était donc à l'origine de la mode du véhicule tout-terrain ? Je le pense en tout cas, surtout quand ces quatre roues motrices ne touchent jamais autre chose que le bitume. Je vais faire imprimer un autocollant dans des centaines d'exemplaires. Il y est écrit: "4x4 PLUS DE POLLUTION. J'AUTO STOP. CLIMAT CHAUFFE QUI PEUT". Mon but ? Coller ce message sur le plus de Rav4 tout propre, de Tiguan, de Cayenne ou de Qashquai (casse-couilles) possible. Il s'avère que j'ai des convictions mais assez peu de courage. Je n'arrivais pas à passer à l'acte. Je n'ai posé que deux autocollants. C'était sur des voitures garées dans des parkings sous-terrains. A chaque fois, je m'étais assuré que personne ne me voyait faire. (écrit le: 2016-02-06) catégorie: lâcheté

Point finale
date: Dimanche 09/07/2006 (30 ans) lieu: Carrieres-sur-seine

Comme en 2004, j'organise un pari sportif avec des collègues. On va enregistrer nos pronostics afin de savoir qui a le plus de talent pour prédire les résultats de la Coupe du monde de football. Il y a une petite base de données que j'ai fabriquée avec Access. J'ai fait en sorte que toutes les informations s'enregistrent automatiquement. J'étais plutôt content du résultat, et les meilleurs joueurs gagnaient quelques centimes quand ils prévoyaient le bon résultat. Si personne ne trouvait, la cagnotte était reportée sur le match suivant. Le jour de la finale est arrivée. Je regarde le match entre la France et l'Italie avec Véronique. Zinédine Zidane termine sa carrière professionnelle, et veut faire forte impression. Il avait fait une démonstration face au Brésil en quart de finale, et avait marqué le penalty de la victoire en demi-finale contre le Portugal. Le match commence assez bien. Un pénalty est accordé aux français suite à une faute de Marco Materazzi, un défenseur assez rugueux, sur Malouda. Zidane le transforme de la manière la plus surprenante qui soit. Il tente une panenka, mais le ballon touche la barre transversale et rentre dans le but de justesse. Des sueurs froides me parcourent le dos. Il lève le doigt en l'air pour qu'il n'y ait aucun doute sur le fait que le ballon a traversé la ligne. Puis, quelques minutes plus tard, c'est Materazzi qui va égaliser pour l'Italie sur une tête après un centre de Pirlo. Les adversaires se rendent coup pour coup, et la situation est bloquée sur le score de 1-1. A la 80ème minute, Zizou se déboite l'épaule suite à un contact aérien. La douleur se lit sur son visage alors qu'il esquisse un geste qui signifiait qu'il devait sortir. Le soigneur arrivera malgré tout à le remettre sur pied. Arrivent les prolongations. A la 107ème minute, c'est l'incompréhension. Le coup de boule de Zizou sur le torse de Materazzi. Qu'est-ce qu'il a fait ? Pourquoi il a fait ça ? A la suite du match, on aura un début d'explication: les insultes et le rôle joué par Materazzi dans ce match particulier on fait bouillir le sang du joueur le plus doué de sa génération. L'arbitre n'a pas vu le geste, mais les écrans du stade de Berlin l'affichent en boucle. C'est donc le début de l'arbitrage vidéo, non officiellement. Puis arrive le moment des tirs aux buts. Un tir manqué de justesse par Trézéguet, qui touche la transversale grève nos chances. Fabio Grosso marque et l'Italie gagne le match. Depuis le début de la soirée, mon quartier grondait des cris des supporters français. Lors de la fin du match, on entend une petite voix de l'immeuble d'en face: "Et ils sont où les français ?", qui venait probablement d'une supportrice italienne. Puis, plus rien. Le silence est pesant. Je suis lessivé, et n'arrive pas à réaliser ce qu'il vient de se passer. Rien ne s'est déroulé comme je l'avais imaginé. (écrit le: 2021-01-15) catégorie: sport

Retour en Irlande
date: vendredi 21/07/2006 (30 ans) lieu: Irlande

J'avais envie de retourner en Irlande. Ma femme a trouvé un voyage organisé par "AlainnTours". Il s'agit d'une société qui réserve des bed & breakfast, des voitures de locations, le vol et délivre un carnet de voyage des lieux à visiter au jour le jour. Après un vol assez rapide, nous prenons une Volkswagen Polo à l'aéroport de Dublin. Il faut se faire à la conduite à gauche ! Levés très tôt, nous sommes à la limite d'être incorrects avec nos premiers hôtes. On leur demande s'il est possible de rentrer dans la chambre vers 16h (car nous sommes crevés), ce qu'ils finissent par accepter. Notre voyage est organisé étape par étape, mais nous sommes finalement assez libres. Nous pouvons nous arrêter, ou pas, dans le lieu qui nous a été conseillé. Les villes de Galway, Limerick, Dingle, Killarney et Cork font partie de notre voyage. Nous apprenons le décès de la grand-mère maternelle de Véro alors que nous visitons les falaises de Moher, presque au début du voyage. Cette nouvelle, déprimante, contrastait avec la beauté fascinante de l'endroit où nous étions. Un plateau venteux, recouvert de tourbe et de mousse, suivi d'un précipice, fait d'une pierre très noire qui tombait à pic vers l'océan. C'est un des endroits les plus visités en Irlande. Tout est vert, végétalisé, il faut dire qu'il pleut presque constamment. Les "wheather forecast", ou disons la météo à la télévision irlandaise, est très différente de chez nous: ils ont des dizaines de noms pour les différentes sortes de pluies qui tombent (showers, light rain, mild rain, dizzle,..). Il faut dire aussi que le vent souffle constamment: nos cheveux sont en bataille sur toutes les photos que nous rapporterons ! Nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi la formule voiture+B&B. Dans les méandres des routes étroites du sud-ouest irlandais nous rencontrons d'autres touristes, perdus. Certains panneaux indicateurs sont écrits en gaélique, ce qui ne facilite pas l'orientation. Ce que j'adore surtout ce sont les gens, si chaleureux. On ne les comprend pas toujours, mais on est toujours bien reçus. Entrés dans un pub à Limerick, on s'assoit à une table en attendant le serveur, qui n'est jamais venu: et pour cause, il faut aller au comptoir pour être servi ! Le propriétaire du pub a du se demander pourquoi on est repartis sans avoir rien commandé... Le dernier soir, on s'offre un resto un peu chic au bord de la mer, près de Dublin. Toujours pas très au fait des coutumes irlandaises en matière de pourboires, nous vidons nos poches après avoir réglé la note. Au lieu d'ajouter la somme de 10% du montant sur le ticket, on a mis une dizaine de pièces de 2€ sur la table, ce qui a du fortement étonner le serveur, qui heureusement parlait français. Ce breton d'origine discutera un peu avec nous. Le lendemain matin, avant de prendre l'avion, nous prenons le petit-déjeuner chez notre hôte avec deux jeunes femmes françaises qui vivaient en couple. Les propriétaires du B&B étaient au petit soin avec nous quatre, comme si nous étions leurs enfants. Force est de constater que la plupart des bed and breakfast dans lesquels nous nous sommes arrêtés étaient tenus par des gens d'un certain âge dont les nombreux enfants étaient partis du foyer. Il fallait bien occuper toutes ces chambres vides d'une manière ou d'une autre. C'est une sorte d'échange de bon procédés, comme il en existe de nombreux en Europe. Nous sommes rentrés à Paris, ravis d'avoir fait ce parcours dépaysant, et presque trop court. (écrit le: 2012-07-29) catégorie: voyages

Boîtier papillon
date: mardi 15/08/2006 (30 ans) lieu: Carrières-sur-Seine

Nous avions une Renault Clio II depuis quelques années. Achetée en 2004 à Montpellier dans le réseau du constructeur (une occasion collaborateur), ce véhicule de couleur "gris hologramme" n'était pas franchement original. Sans histoires, on avait pas eu de pépins jusqu'à ce jour. Nous l'avions choisie en raison de sa climatisation en prévision de notre voyage à Florence. Lors d'une accélération après le péage de Saint Arnoult, le véhicule n'avance plus. J’appuie sur le champignon, mais rien ne se passe. Les véhicules autour de nous doivent nous éviter de justesse, je dois me ranger sur la bande d'arrêt d'urgence et j'éteins le moteur. Je n'ai aucune idée de ce qui se passe, et la seule chose qui me vient à l'esprit est d'appeler une dépanneuse. Pourtant, j'attends quelques instants, je redémarre et le véhicule accélère normalement. De manière totalement aléatoire, la voiture s'arrête, puis repart. J'imagine que c'est un problème électronique, car le voyant s'allume sur mon tableau de bord pour m'indiquer que l'anomalie vient de là. Difficile de reprendre le volant en confiance après cette mésaventure. Quelques jours plus tard, j'amène la Clio au garage Renault le plus proche. Je sors ma carte Garantie Or et je demande à la secrétaire ce qu'elle peut faire pour moi. Sauf que la garantie de deux ans est dépassée de quelques jours. Il n'y a aucune solution selon elle, à part changer le boitier papillon. Derrière ce nom poétique se cache un dispositif assez complexe, dont la défaillance est connue chez le constructeur. La réparation est coûteuse, plus de 1000 euros. De l'argent bien dépensé, pour rien. Quelques mois plus tard, le problème se reproduit, mais cette fois-ci, je sais que la seule chose à faire est de revendre ce véhicule le plus vite possible. (écrit le: 2016-09-11) catégorie: voiture

Le Grand Journal
date: mercredi 20/09/2006 (30 ans) lieu: Paris

Je vais de temps en temps sur le plateau de l'émission "Le Grand Journal" en tant que spectateur dans le public. On nous installe sur des gradins en forme de cercle autour d'une grande table triangulaire. Quand on regarde l'émission sur l'écran, il nous semble que le lieu de tournage est immense, mais une fois sur place on se rend compte que le plateau est plutôt exigu. La très courte focale des objectifs fixés sur les caméras qui filment les plans d'ensemble donne cette impression. Pour s'inscrire, il suffit d'envoyer un message à la société qui organise la présence du public. Puis on se présente au 2 rue des Cévennes dans le 15ème, environ une heure avant le direct, pour être installé sur les places assez peu confortables il faut l'avouer. Un physionomiste détecte les personnes les plus belles (hé oui) afin de les positionner juste derrière Michel Denisot. Puis, un chauffeur de salle arrive pour mettre l'ambiance. Je me souviens de Thomas N'gijol en train de faire le pitre pour réussir à nous dérider avant le début de l'émission. En 2006, j'avais été placé derrière les invités, si bien qu'on me voit derrière Alain Souchon et Lily Allen. Comme Patrick Devedjian était présent en première partie, on me voit un peu faire la gueule. J'y étais allé en 2007 avec Marc. Sogolène Royal était présente. Manu Chao devait être là, mais il a finalement annulé sa présence, ce qui nous avait beaucoup déçus. Je soupçonne la physio de nous avoir mis en haut des gradins pour éviter que Marc soit filmé. Une autre fois, le 14 septembre 2009, j'étais assez bien placé. C'était François Hollande qui était invité en première partie, ainsi que Justine Levy. En deuxième partie, il y avait Patrick Timsit et Michel Cymes. A chaque fois que je me trouvais dans le champ de la caméra, j'avais l'impression d'être une star. (écrit le: 2021-04-26) catégorie: télévision

Une vérité qui dérange
date: Dimanche 11/02/2007 (31 ans) lieu: Carrières-sur-seine

Je ne crois pas être quelqu'un d'influençable. Et pourtant, il a suffit d'un film pour m'aider à prendre conscience d'un problème auquel je n'avais pas vraiment pensé jusque là. La pollution visible, le manque de considération pour notre environnement, la destruction de la faune et de la flore, tout cela n'avait pas de secret pour moi. Je me rendais compte que j'avais peu de moyens d'agir, et j'avais presque réussi à me convaincre qu'il n'y avait rien à y faire. Mais depuis la canicule de 2003, une vérité échappait à mon esprit focalisé sur mon travail, mon quotidien et l'organisation d'un mariage qui avait lieu en juillet. Al Gore, cet ancien vice-président des USA, était passé à deux doigts d'être élu président lui-même. Le scrutin de 2000 était entaché de quelques irrégularités, mais on ne va pas refaire l'histoire. Dès lors, il était assez disponible pour se consacrer à d'autres tâches, comme parcourir les Etats-Unis et d'autres pays pour présenter ses découvertes sur... le réchauffement climatique. Car c'est la première fois que je comprends ces mots, même si je les ai entendus souvent jusqu'à cette date. Ce film documentaire réalisé par Davis Guggenheim alterne le one-man-show du politicien dans des amphithéâtres, et des images de sa vie quotidienne, alors qu'il répond à une interview sur sa vie en voix off. L'exposé est simple, compréhensible, indéniable. La très grande majorité des scientifiques s'accordent à le dire, mais ils crient dans un désert. D'ailleurs, le désert est l'environnement qui va sans doute finir par recouvrir la plupart des surfaces émergées de la Terre d'ici quelques décennies. En tout cas, la survie de l'espèce humaine est en jeu. La faune et la flore finiront par revenir, mais qu'en est-il de nos enfants, et des enfants après eux ? Pas d'avenir, ou en tout cas un avenir peu radieux, avec des températures caniculaires toute l'année. Al Gore commence tout simplement par rappeler le principe d'incertitude et les bases de la technique scientifique. Dans sa présentation, il utilise un écran géant, des dessins animés, des graphiques et l'humour ou l'ironie. Tout est éminemment visuel. Comment faire comprendre au plus grand nombre ce qui est si compliqué à voir ? Le CO2 est invisible, mais plus on en consomme, et plus l'économie se porte bien. Il est donc logique que les acteurs économiques aient intérêt à ne pas freiner la consommation de combustibles fossiles. Le problème est que cette tendance s'aggrave, car les pays émergents rattrapent leur retard sur les pays riches car ils puisent dans leurs gisements de gaz, charbon et de pétrole. Et la seule réponse que l'on imagine apporter à ce danger, c'est la technologie. Toujours plus de technologie, alors qu'il faudrait surtout moins de consommation d'énergie. La sobriété, à laquelle personne ne souhaite s'astreindre, ou plutôt à laquelle on souhaite que "les autres" s'astreignent. Car il en est de ce sujet comme de celui de la pauvreté ou des guerres. "Débrouillez-vous, car je ne suis pas coupable" nous semblent dire les masses silencieuses dont je fais partie. C'est cette passivité que je ressens tout d'un coup comme une faute. Ce film a profondément influencé ma vie. Et à compter de cette date, toute ma grille de lecture, tous mes choix se feront à l'aune de la lutte contre le réchauffement climatique. A-t-on vraiment besoin de rouler si vite sur l'autoroute ? Comment capter le CO2 qui sort inexorablement des cheminées et des pots d'échappement ? Ai-je vraiment envie de manger une mangue qui vient du Pérou ? Je remets en cause mes décisions antérieures, et pèse le poids de la responsabilité de faire naître un enfant dans ce monde condamné. Se pose alors la question de la méthode utilisée pour que le doute s’immisce dans les esprits, y compris celui de représentants de la communauté scientifique. L'homme est-il à l'origine du réchauffement ? Comment se fait-il que nous n'ayons pas vu le fossé qui existait entre les rapports sérieux et les articles de presse ou les débats télévisés qui terminaient souvent par une absence de conclusion entre l'origine humaine ou celle de la nature. La raison est simple, pour alimenter le débat et la "culture du clash", on oppose l'un des milliers de chercheurs qui savent ce qui nous attend dans 25 ou 30 ans à un soi-disant expert qui prétend, sans prouver quoi que ce soit, que tout cela est une théorie et que rien ne permet de conclure à l'influence de l'homme. Ce statu quo a duré quelques années, et nous a permis de continuer à polluer sans se sentir coupables. Mais il a bien fallu se rendre à l'évidence, et installer des climatiseurs dans les Ehpad pour éviter de voir mourir tous nos anciens chaque été. Il reste quelques climato-sceptiques, surtout aux USA, mais on voit désormais concrètement les effets du réchauffement. Crues, inondations, tempêtes, disparition des glaciers et de la calotte glaciaire... Vient alors le temps du désespoir. Al Gore nous met en garde, et nous invite à rester entre ces deux extrêmes: le déni ou la dépression. Rester conscients, mais se dire que tout est encore possible et que l'être humain ne va pas disparaître, même si on peut imaginer que les conséquences du réchauffement vont mettre un frein à son expansion. Si nous arrivons un jour à dix milliards d'êtres humains, et nous y arriverons, il sera sans doute impossible de maintenir une certaine qualité de vie à tous. La grande pauvreté, que certains pays ont réussi à réduire fortement ces dernières années, va toucher de plus en plus de gens. Les réfugiés climatiques en sont les premiers représentants. Comment agir ? Le documentaire y répond en partie, avec les solutions imaginables en 2006... En fait, chacun d'entre nous peut agir pour réduire, recycler et ré-utiliser, ce sont les trois "R". Mais le chemin pour parvenir à la diminution des émissions de gaz à effet de serre est semé d'embûches. La première est l'absence de tableau de bord, le fait qu'on ne voit pas l'influence de nos choix sur l'environnement, et qui les rend inutiles à nos yeux. D'ailleurs, notre horizon sur ce point se limite souvent à notre quartier, notre région ou notre pays. La seconde est notre addiction aux énergies fossiles. Notre plaisir et notre confort augmentent à mesure qu'on rejette du CO2 dans l'atmosphère. La troisième est bien sûr le mirage de l'invention providentielle, qui n'arrivera pas. Pour donner un exemple, ce n'est pas la voiture électrique qui va résoudre le réchauffement climatique. Le générique de fin l'explique assez bien, c'est un ensemble de mesures qui vont nous mettre sur la bonne voie: planter des arbres, économiser l'énergie, choisir des fruits et légumes de saisons... On sort de ce film secoué, mais motivé par l'objectif de sauver notre mode de vie. Dans le film "Une suite qui dérange" réalisé en 2017, juste après l'élection de Donald Trump, Gore y expose ses doutes d'arriver un jour à ce résultat. (écrit le: 2021-03-31) catégorie: cinéma

Cours de management
date: mardi 27/03/2007 (31 ans) lieu: Paris

Cela fait deux ans que je suis le responsable d'une petite équipe du service de retraite. Au début, je passais mon temps à demander de l'aide à Florence qui était responsable de l'équipe avant moi. Grâce à elle je connaissais toutes les règles de fonctionnement du métier, elle m'a pratiquement tout appris. D'autre part, je crée de nouveaux outils, des logiciels qui facilitent le travail... L'objectif était de nous éviter des tâches répétitives, pour nous concentrer sur autre chose que de simplement appuyer sur des boutons. D'un autre côté, je ne sais absolument pas comment gérer la partie humaine de mon activité ! Il y a trois personnes qui travaillent sur les dossiers, et moi qui organise tout cela dans une certaine improvisation. Et pourtant j'arrive tant bien que mal à faire tourner le service. Je patauge un peu. Surtout avec Margarita, qui communique peu avec moi. J'ai tendance à préparer mes actions sans concertation, ni avec mes responsables, ni avec mes collaboratrices. J'ai bien besoin de conseils pour éviter de faire d'autres erreurs... C'est à ce moment là que nos responsables décident de nous faire suivre des cours de management. L'objectif est de faire monter en compétence les agents de maîtrise du service retraite. L'organisme chargé de nous former est très bien organisé. L'opération s'étale sur 8 mois, à raison d'un jour par mois de mars à novembre. Nous sommes séparés en trois groupes de dix participants, soit trente personnes qui viennent des différents sites nationaux de l'entreprise. Ce mardi, j'arrive un peu en retard à l'espace Aurore, dans le 13ème arrondissement de Paris. Notre formateur, Arnaud, fan de high-tech et imitateur d'Antoine De Caunes, ressemble un peu à Julien Courbet. Tout me semble artificiel chez lui : que ce soit sa façon de s'adresser à nous, sa manière de sourire ou de s'habiller. Il m'accueille en me serrant la main et en me souriant avec insistance. Parmi les membres du groupe, la seule personne que je connais s'appelle Claire, et encore je la connais peu. Dès cette première session, je ressens une gêne que j'exprime en m'interrogeant sur le fait de ne pas me sentir à ma place. Le formateur met en effet l'accent sur l'expression orale, les mises en situation type « jeu de rôle » et les entretiens en face-à-face avec des collaborateurs ou des responsables que nous jouions à tour de rôle. Or, je ne suis pas à l'aise dans ce genre d'exercice. Je vois mal le rapport avec mon travail quotidien et reste sur la défensive. A chaque nouveau thème abordé, on nous distribue des petites fiches sous forme de pense-bête à insérer dans un classeur. L'un des premiers thèmes évoqué sera le « quitus ». Sous ce nom latin se cache un secret bien connu des négociateurs et de tous ceux qui veulent désamorcer les conflits. Le réflexe que nous avons tant de mal à perdre, c'est le fait dans une discussion de contredire immédiatement la personne qui n'est pas d'accord avec nous. Le « quitus » consiste à accuser réception du point de vue de notre interlocuteur, avant de lui opposer nos arguments. On peut le faire par exemple en reformulant son idée. Si on oublie cette règle basique, on perd un temps précieux, car les deux personnes font un monologue sans interagir avec l'autre. Nous apprendrons aussi le pouvoir du silence… Savoir se taire est très efficace pour mieux entendre ce que nous disent les autres. L'un des cours qui sera le plus difficile à appréhender pour moi est celui du « recadrage ». Il s'agit de faire comprendre à un collaborateur qu'il n'a pas suivi les règles, tout en essayant de le remobiliser. Puis nous parlerons d'un événement qui n'arrive pas assez souvent chez les managers, le fait de manifester de la reconnaissance pour ses collaborateurs. On pense souvent à rectifier ce qui ne va pas chez nos collègues, mais on oublie aussi souvent de les féliciter quand ils ont fait du bon travail. A chaque intervention orale de ma part, Arnaud me fait remarquer que je devrais sourire beaucoup plus, et que mon auditoire se trouve par conséquent sur la défensive. Je tâche de suivre son conseil depuis ce jour, sans toutefois y arriver à chaque fois ! Arnaud nous fait rire involontairement en imitant Jean-Claude Vandamme : il nous demandait en effet d'être « aware ». Une façon de nous conseiller l' « écoute attentive ». A la fin de chaque journée, je me sens vidé, très fatigué nerveusement. Avant de repartir, Arnaud nous confiait pour mission d'appliquer ce que nous venions d'apprendre dans notre équipe avant la prochaine session de formation. Nous avions alors un mois pour exercer un des sujets : « savoir dire non », « gérer son temps » ou « négocier avec son N+1 »... Au début de la session suivante, il fallait alors présenter oralement cette expérience, qu'elle se soit bien passée ou pas. Entre chaque journées, nous avions pour mission de répondre à des questionnaires « e-learning », pour vérifier que nous avions retenu les leçons apprises lors de la session précédente. Lors des quatrième et cinquième journées, l'organisation est un peu différente. Nous sommes réunis dans une grande salle, les trente participants, nos responsables, ainsi que les formateurs. Ce sera l'occasion de pratiquer l'esprit d'équipe et de simuler une réunion de travail. La représentante des ressources humaines en profitera également pour nous expliquer la conduite à tenir pendant les entretiens annuels d'évaluation professionnels. Nous irons dîner sur une péniche le soir du quatrième jour. Pendant la septième journée, au mois d'octobre, lors d'un cours sur la gestion des conflits, nous sommes allé très loin dans la simulation. Le jeu de rôle nous faisait jouer un échange entre un collaborateur et son responsable qui ne s'était pas rendu compte qu'il avait fait une erreur d'appréciation. Laurence et moi avons eu du mal à sortir de ce jeu de rôle. Elle me reprochais la mauvaise foi que j'avais réussi à feindre, bien après que l'exercice soit terminé ! C'était le signe que tout cela commençait à avoir des conséquences sur notre façon de penser. J'avais peur que ces outils soient utilisés pour manipuler l'opinion des gens, ou plutôt que je devienne un manipulateur. Je remarquais tous les signes de cet apprentissage chez les responsables politiques, et même chez Steve Jobs, alors qu'il venait d'annoncer l'arrivée du premier iPhone devant une foule conquise. Je me sentais à la fois privilégié, mais aussi un peu coupable de connaître ces techniques de communication, proches de la PNL (Programmation Neuro Linguistique). J'avais depuis longtemps tendance à mentir un peu, à être un peu hypocrite ou consensuel. Ces outils de management allaient sans doute m'aider à le faire de manière plus subtile. Tout cela m'effrayait et me posait question. Arrivé au mois de novembre, c'est la fin du stage. Afin de témoigner notre amitié à Arnaud, nous allons lui offrir un T-Shirt blanc que nous aurons recouvert de phrases de remerciements écrites au stylo indélébile (j'y ai écrit le mot « aware !»). Puis viens la fin de la journée. Nous sommes chargés de nous écrire une lettre à nous-même. Cela semble absurde de m'envoyer une lettre dans le futur ! Il fallait tout simplement se poser une question : a-t-on réussi à appliquer les principes appris pendant ces 8 journées ? Quelques mois plus tard, alors que je reçois ce courrier, j'avais complètement oublié cette histoire de lettre. Qui pouvait bien m'avoir fait parvenir cette lettre (en imitant mon écriture) ? J'ai pourtant assez vite trouvé la réponse à la question que je me posais. Ce que j'ai appris au cours de cette formation m'a transformé. J'ai eu le sentiment d'évoluer, d'être mieux armé face aux aléas de la vie quotidienne, et pas seulement au travail. Ma timidité n'avais pas disparue, je manquais toujours d'autorité, mais je me sentais enfin à ma place en tant que manager. Le problème que je découvrirais plus tard, c'est que ma future femme n'a pas eu la même formation. Elle n'a pas du tout évolué dans le même sens que moi, ce décalage va créer une fissure qui ne cessera de s'élargir au cours des années qui ont suivi. (écrit le: 2017-02-05) catégorie: travail

J'arrête le café
date: samedi 15/03/2008 (32 ans) lieu: Paris

J'adorais le café. Mon truc, c'était le café serré, type expresso. J'avais une cafetière de type italienne en acier inoxydable. Le rituel était immuable. Je commençais par verser de l'eau dans la partie basse, puis le café moulu (gardé au réfrigérateur) dans le récipient en métal équipé d'une grille, et enfin je vissais la partie haute destinée à recevoir le breuvage. Je mettais ensuite la cafetière à moka sur la plaque électrique et j'attendais que le précieux liquide remonte par la cheminée sous l'effet de la pression. Ça c'était le matin. Le midi, je buvais le café du bureau, très amer. Parfois, je buvais une tasse à quatre heure. Et parfois, j'arrivais à boire quatre ou cinq tasses par jour. Des effets secondaires difficiles à supporter m'ont incité à arrêter de boire du café. Le week-end, j'avais des sensations de manque si je n'avais pas ma "dose". Des problèmes gastriques se rajoutaient à cela, ainsi qu'une forme légère de tachycardie. C'est décidé, j'essaye de me désintoxiquer, mais je vais boire un peu de thé pour remplacer. le thé contient un peu de caféine, la théine. Pendant les deux premiers mois, j'avais besoin de ma tasse de café, je le ressentais physiquement. Je ne buvais plus de Coca-Cola/Pepsi, car ce genre de soda contient de la caféine. Chaque fois qu'une personne s'approchait de moi un café à la main, je me sentais mal à cause de l'odeur. Par la suite, j'ai eu une forme de dégoût pour le "mauvais" café, les cafetières qui restent branchées toute la journée, ou les gobelets des distributeurs automatiques dans lesquelles restait un peu de ce liquide brunâtre. Au bout de six mois, je n'y pensais même plus. Finalement, j'ai réussi sans problèmes à m'en passer complètement. Ce n'est pas l'addiction la plus difficile à arrêter. J'imagine la galère pour ceux qui sont alcooliques. (écrit le: 2015-07-05) catégorie: santé

Brocante à Carrières
date: Dimanche 15/06/2008 (32 ans) lieu: Carrières-sur-Seine

Nous avons réservé un stand sur la brocante de Carrières-sur-seine. Il y a bien longtemps que je n'ai pas vendu de vieux objets sur une brocante... Nous essayons d'arriver tôt sur notre emplacement, à environ 900 m de chez nous. Je fais deux allers-retours en voiture, et au moment de repartir la deuxième fois je roulais à 2 kilomètres/heure. J'ai même frotté ma carrosserie sur un véhicule mal garé. A partir de 8h, il était totalement impossible de passer en voiture. Nous disposons les vêtements, des livres, une cafetière, des vieilles consoles de jeux vidéo,... Arrivent les premiers passants. Nous avions tout prévu, j'ai été chercher des pièces de monnaie à la banque, et nous avons des sacs plastiques pour donner aux clients. Véro est très à l'aise dans le rôle de la marchande. Elle est juste un peu inexpérimentée. Elle refuse de vendre un objet pour un tarif qu'elle juge trop faible: on arrivera péniblement à le vendre une heure plus tard pour la moitié du prix. Notre stand se vide assez rapidement, il n'y a plus grand chose à vendre. Vers 12h, je vais rentrer chercher d'autres objets pour remplir notre étalage. Nous avions également des objets à vendre pour d'autres personnes. Gérard m'avait donné une valise de vêtements qui appartenaient à son père. Ma mère nous avait donné un guide sur l'Ouzbékistan car elle l'avait en double. Ce livre nous a permis de faire la rencontre d'une personne qui était allé dans ce pays, nous a raconté son voyage, et qui a fini par acheter le guide. Olivier nous avait confié une table basse, tellement volumineuse que nous n'avons pas réussi à l'amener jusqu'au stand. Nous l'avons donné à Emmaüs quelques mois plus tard. Finalement, on aura réussi à récupérer 200 euros avec la vente d'affaires que nous aurions probablement jetées. (écrit le: 2020-11-18) catégorie: brocante

Je suis myope
date: lundi 15/09/2008 (32 ans) lieu: Paris

En octobre 2007, j'avais besoin de nouvelles lunettes. Celles que je mettais depuis cinq ans étaient démodées. Elles me servaient uniquement au travail, pour corriger mon hypermétropie. Sur les conseils de Philippe, je suis allé voir une ophtalmologue près de la gare St Lazare. Ce médecin donnait des rendez-vous très rapidement, et je ne voulais pas attendre. Cette femme avait la soixantaine, mais elle en faisait moins car son visage était complètement refait. La chirurgie esthétique devait être pour elle une passion, mais il faut avouer que de près le résultat était assez monstrueux. Dans le cabinet où elle travaillait se trouvait également un orthoptiste. Comme par hasard, elle m'a fait une ordonnance pour des séances chez son collègue ! Je n'y suis bien sûr jamais allé. Une autre chose m'avait choqué, c'était la nécessité de payer en liquide. Comme je ne l'avais pas prévu, il a fallu que je descende retirer 60€ au distributeur à la fin de la consultation. Je lui avais parlé de mes yeux rouges, une sorte de conjonctivite. Elle m'a fait une ordonnance pour des gouttes de « Cromedil », un collyre antiallergique. Il fallait mettre les gouttes trois fois par jour dans chaque oeil, ce que j'ai fait consciencieusement dans les semaines qui ont suivi. Ce médicament avait eu comme conséquence de rendre ma vue « floue ». Je ne m'inquiétais pas outre mesure, cela devait être normal. Quand la luminosité a commencé à baisser en novembre 2007, je n'arrivais plus à voir clair. De loin, le contour des objets était trouble. Quand je regardais la lune, je ne voyais plus un cercle, mais une ellipse. Au cours d'une visite médicale, à mon travail, j'étais incapable de lire les petits caractères lors du test oculaire. Il n'y avait plus de doute possible, j'allais avoir besoin de nouvelles lunettes. Mais je n'arrivais pas à m'y faire. Pendant le début de l'automne 2008, j'étais dans le déni. J'avais la nostalgie de ma vue perçante, et j'imaginais que j'allais la récupérer comme par magie. Je plissais les yeux pour lire les horaires de départ des trains dans les gares, mais ça ne marchait pas. Moins il y avait de lumière, plus ma vue était brouillée. Incapable de lire les panneaux routiers quand je conduisais la voiture, et très malvoyant la nuit, il fallait bien que je me rende à l'évidence. Je suis allé voir l'ophtalmologue à côté de chez moi (à Houilles) pour qu'elle pose le diagnostic. Elle se rend bien compte que je ne vois pas bien de loin, mais je suis obligé de poser la question pour entendre le mot qui me fait peur: « Je suis myope ? ». Elle acquiesce, et je sais que ça ne va pas me plaire. Porter des lunettes toute la journée, c'est ce qui me chagrine. Ce n'est pas tant le changement d'apparence physique qui me gêne, que le fait de dépendre d'un artifice pour vivre normalement. Cette forme de handicap léger m'éloignait de mon idéal de vie simple et naturelle. J'avais arrêté le café pour cette raison. J'essayais de comprendre pourquoi j'avais perdu ma précision visuelle d'antan, je cherchais des coupables. J'ai fini par accepter cette perte comme un signe des années qui passent. Comment capter ce que mes yeux ne peuvent plus voir « à l’oeil nu » ? Et si je me remettais à la photographie ? Ce sont autant de questions qui me préoccupaient à cette époque. (écrit le: 2015-07-28) catégorie: santé

Wyplayer
date: mardi 07/04/2009 (33 ans) lieu: Carrières-sur-seine

Le décodeur TNT, la box internet, les consoles de jeu, l'ordinateur et le lecteur de DVD/Divx… tout ces appareils s'accumulaient sous ma télévision. Mes télécommandes remplissaient un meuble, certaines ne fonctionnaient plus, à d'autres il manquait des piles. J'essayais désespérément de trouver un appareil qui remplisse toutes les fonctions: lire des vidéos, regarder la télé, l'enregistrer, regarder des podcasts. Je me tenais donc régulièrement au courant des dernières nouveautés en matière d'appareils à brancher sous mon téléviseur pour simplifier tout ça. La société Wyplay communiquait depuis quelques jours sur la sortie de son appareil: le Wyplayer. Sur le papier, cette machine faisait tout. Décoder la TNT HD, enregistrer les programmes sur disque dur, le timeshift, guide des programmes, lecture des vidéos divx, connexion à internet (en Wifi ou Ethernet). J'achète le décodeur 314€ après avoir lu l'article de SVM Mac. A la réception du paquet, je constate que la machine est solide, démarre facilement et affiche bien les chaînes en HD. J'essaye ensuite de lire des vidéos, qui passent presque toutes sans problèmes. L'enregistrement des chaînes HD est plus difficile que prévu: l'interface devient très lente dès que j'essaye de regarder la TV en même temps. Mais les problèmes commencent vraiment au bout de quelques jours, car il faut relancer régulièrement la machine sans quoi elle s'arrête de fonctionner. Mes enregistrements programmés ne sont donc pas toujours effectués. Tout cela me gêne un peu mais après tout, la société Wyplay nous annonce des mises à jour qui devraient résoudre ces problèmes. J'attends, mais je ne vois rien venir. Je passe mon temps sur des forums d'utilisateurs, tous plus ou moins mécontents de leur décodeur. Certains n'arrivent pas à recevoir les chaînes de la TNT, ce qui était lié à leur installation probablement. Les développeurs du produit participaient également à ces forums, mais ils ont rapidement arrêté de le faire car ils ont senti une atmosphère hostile s'installer. Ce que j'attendais avec impatience, c'était de pouvoir streamer mes vidéos stockées sur mon PC vers l'écran de la TV avec la Wyplayer. Mais c'était impossible en attendant cette mise à jour. Pour aider les nouveaux utilisateurs, j'ai créé un guide utilisateur sur un site que j'ai créé (http://www.propofyl.fr). Il me faudra presque un mois pour réunir toutes les informations et mettre en ligne la page Mediawiki au mois de septembre. Mon projet a peut-être eu l'avantage de clarifier les annonces disséminées au compte-gouttes sur les quelques 300 pages de forums. Pourtant j'ai senti assez peu de soutien de la part des autres utilisateurs de ce décodeur. Cet appareil nouveau, fabriqué en France aurait du être pris pour ce qu'il était: un expérimentation assez bien menée. Mais les français sont des râleurs, et ils considèrent que tout produit doit être parfait à sa sortie. Je voyais les choses autrement, mais j'avais du mal à comprendre que le firmware n'évolue plus du tout, ce qui signait la mort de cette machine dysfonctionnelle. J'ai du arrêter les frais quand j'en ai eu assez de redémarrer la machine une fois par jour, fin 2010. Je l'ai donné à ma mère, qui me l'a rendu quelques mois plus tard, car l'image bloquait trop souvent. Quand j'ai essayé de la revendre sur Priceminister, j'ai eu une longue attente avant de trouver une personne intéressée. J'ai ensuite eu droit à un retour produit à mes frais car l'acheteur n'arrivait pas à la faire fonctionner. Quand le paquet m'a été retourné, j'en avais assez et la Wyplayer a fini à la poubelle. Heureusement, j'avais acheté un Mac Mini, beaucoup plus cher, mais qui a rempli complètement les besoins qui étaient les miens. (écrit le: 2014-06-07) catégorie: télévision

Concert au Bataclan d'Avishai Cohen
date: samedi 11/04/2009 (33 ans) lieu: Paris

Le dernier album d’Avishai Cohen, Aurora, était sorti. Philippe nous avait conseillé cet artiste jazz, un célèbre contrebassiste israélien. En écoutant ses titres « Elli » et « Remembering » du précédent album, nous étions vite devenus fans de ce musicien édité par le label Blue Note. Comme j’avais envie de le voir en « live », j’ai cherché les dates de ses concerts sur Paris. Il se trouve qu’il se produisait au Bataclan, un week-end de la fin de l’hiver, dans le cadre d'un Festival de jazz. Nous avions réservé une place assise près de la scène, le placement était libre. Je m’apprêtais à passer une bonne soirée, comme pour oublier les nombreuses déconvenues qui avaient émaillé ce début d’année. Sauf que non. Les musiciens arrivent sur scène mais le concert ne commence pas. D'un coup, le signal d’alarme nous explose les oreilles sans prévenir! C’est une alerte incendie, et la sirène ne s'arrête plus. Nous entendons un message qui nous demande de sortir de la salle. Tout est annulé ? Cela fait quelques dizaines de minutes que nous attendons les consignes. Doit-on sortir ? Doit-on rester ? C'est le chaos, mais nous préférons attendre à nos places. Les mains sur les oreilles, à cause du bruit strident, l’attente devient interminable. Puis, au bout de 45 minutes, nous entendons une annonce: “c'était une fausse alerte”. Le signal d'alarme s'arrête. Tout le monde se rassoit. Nous attendons encore une demi-heure pour que les techniciens remettent tout en place. Les musiciens reviennent, visiblement émus et, la main sur le coeur, nous remercient de ne pas être partis. Avishai Cohen lance un « You're the best audience i've ever had ». Nous applaudissons en retour. Le contrebassiste commence, mais une corde de son instrument se détache. Il faudra qu'une spectatrice lui prête une lime à ongles pour résoudre le problème. "Décidément". Un magnifique concert suivra ce qui aurait pu être une grosse déception. Je me souviens des improvisations talentueuses de ce grand gaillard au crâne rasé, jamais avare avec son public. Je me souviens aussi de son percussionniste (Itamar Doari) qui rythmait les morceaux à mains nues sur les cymbales et les djembés posés à côté de lui. Enfin, je me souviens de la voix lumineuse de Karen Malka, associée au piano délicat de Cohen. Lui aussi a chanté (il ne le faisait pas dans ses précédents albums), en anglais en espagnol et en hébreu. Évidemment, on peut se demander si l'origine israélienne du musicien a provoqué des réactions déplacées de certaines personnes. Je me suis dit, ce soir là, que cette alarme ne s'était pas déclenchée par hasard. Associer des individus à la politique d'un pays, voilà ce que font tous les extrémistes "Si vous n'êtes pas avec moi, vous êtes contre moi". Pour ma part, je préfère retenir l'élan créatif des personnes qui résistent à l'adversité, qu'ils soient juifs ou arabes. J'étais dans cet état d'esprit après cette soirée. L'attentat du 13 novembre 2015 dans cette même salle de concert nous a une nouvelle fois prouvé à quel point le spectacle vivant est fragile et à quel point on doit le défendre. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: concert

Bruxelles et Magritte
date: vendredi 03/09/2010 (34 ans) lieu: Bruxelles

Avec la Fnac, j'avais la possibilité de réserver un voyage à Bruxelles couplé avec l'achat de billets pour découvrir le musée Magritte qui venait d'ouvrir ses portes. J'en parle à Véronique, qui est d'accord pour faire cet aller-retour rapide dans la capitale de la Belgique. Le temps d'un week-end, nous voilà partis en Thalys vers la gare de Bruxelles-Midi. Notre hôtel, le Novotel de la Tour Noire, se situe à deux pas de la station de métro Sainte Catherine. Nous arrivons rapidement dans notre chambre, et je descends dans le hall d'entrée pour me connecter à l'un des ordinateurs en libre service. Cela m'a permis de mettre à jour mon statut Facebook, ce qui me semblait indispensable à l'époque ! J'ai prévu un programme assez chargé pour profiter de chaque instant volé à notre quotidien répétitif et ennuyeux. Nous arrivons dans un quartier résidentiel en proche banlieue de Bruxelles, et je ne comprends pas qu'à cet endroit se trouve la maison dans laquelle Magritte a vécu et peint ses toiles. Je me crois au musée qui vient d'ouvrir aux Beaux-Arts, et je présente mes billets à l'entrée, qui sont évidemment refusés ! Nous sommes peu nombreux à entrer dans ce lieu excentré dans lequel de nombreux souvenirs du couple Magritte sont présentés. Une jeune femme nous distribue des protections à mettre sur nos chaussures pour éviter d'abimer les lieux, nous dirige vers les étages et nous invite à la rejoindre quand nous retournerons au rez-de-chaussée. J'ai l'impression d'être dans la maison d'Anne Franck à Amsterdam. L'ambiance est à la fois douce, inquiétante et trop calme. Il ne fait pas très beau. Puis nous verrons le véritable musée Magritte au centre-ville, qui présente la plupart des oeuvres du peintre provocateur et génial. Je me souviens avoir visité le musée de la bande-dessinée avec mon père il y a longtemps, du coup nous irons le voir le samedi. Nous verrons également une rétrospective des dessins de Philippe Geluck. Nous irons bien sûr manger des gaufres, des moules et des frites, c'est la moindre des choses ! Près de la place royale, nous sommes entrés dans un restaurant italien "Lucca Cucina" où nous avons beaucoup apprécié le cadre et le service impeccable. Il y a toujours quelque chose à faire dans cette ville. Sous un soleil radieux, et avec mon appareil photo Canon, je m'amuse à prendre des clichés de l'"Atomium", ce monument qui date de l'exposition universelle de 1958 et qui représente un atome de fer. Ce voyage préfigurait celui que je souhaitais organiser à Londres l'année suivante, mais qui ne se présenterait pas sous les meilleures conditions. (écrit le: 2018-11-15) catégorie: voyages

Guppies
date: samedi 26/02/2011 (35 ans) lieu: Carrières sur seine

Après la mort du dernier poisson rouge, il n'y avait plus d'eau dans l'aquarium du salon. J'essayais de comprendre pourquoi il était si difficile de maintenir en vie ces animaux. En faisant quelques recherches, j'ai compris que les déchets produits par les poissons rouges étaient incompatibles avec la taille de notre aquarium. Au mieux, on pouvait avoir un poisson pas plus, qui tournerait en rond et finirait par devenir fou. C'est là que je me suis souvenu des guppies. Mes parents avaient un aquarium rempli de ces petits poissons faciles à vivre quand ils vivaient à Palaiseau. Ils pourraient être très nombreux dans notre bassin de 60 litres, car il ne produisent que peu de déchets. La condition nécessaire à leur reproduction est d'avoir des plantes qui poussent dans l'aquarium. Je me mets en quête de matériel dans une animalerie près de mon lieu de travail. Après avoir fait des essais avec différentes plantes, j'ai fini par en trouver une qui survit. Le substrat leur permet de vivre en équilibre avec leur environnement, et le néon leur donne la lumière nécessaire à la photosynthèse. J'ai beaucoup de mal à me débarrasser d'une cyanobactérie qui recouvre toutes les surfaces planes d'une substance verte et gluante. Il m'a fallu protéger le bassin des rayons du soleil pendant deux semaines pour m'en débarrasser. J'arrive enfin à obtenir un résultat satisfaisant. De belles petites feuilles poussaient un peu partout le long de tiges qui se balançaient tranquillement au rythme du courant d'eau pulsé par la pompe située au niveau du filtre. Le bruit du mécanisme est un peu désagréable, mais on ne l'entend pas depuis la chambre de notre appartement. C'est le moment pour moi d'ajouter un peu de vie à cet univers végétal. Nous allons acheter quelques guppies chez Truffaut à la patte d'oie d'Herblay. Choisi en fonction des couleurs, nous prenons deux mâles et un cinq femelles dont une qui attend des petits. C'est le bon équilibre selon la vendeuse qui nous conseille ce jour-là. Après avoir mis le sachet plastique transparent dans l'eau, nous attendons le moment propice pour lâcher les nouveaux arrivants. Avec une paire de ciseaux, je coupe un trou dans le sachet et lance les sept petits poissons qui commencent déjà à prendre connaissance de leur environnement. Au bout de quelques jours, la femelle enceinte ne se comporte pas normalement, et nous décidons de la mettre en quarantaine. Elle finit par donner naissance à cinq poissons minuscules. Mais ça ne sera pas la dernière fois que nous verrons cet évènement se produire ! Et le rythme de reproduction de ces animaux est tel que l'aquarium est rapidement rempli. Il y a évidemment un risque de surpopulation, mais leur espérance de vie étant relativement faible, un équilibre se forme rapidement. Il fallait parfois jeter aux toilettes les nouveaux-nés quand il y en avait trop, mais ça n'arrivait pas souvent. Je me souviens que quand un poisson rouge mourrait, c'était un pincement au coeur de devoir s'en débarrasser. Quand un guppy décédait, il était plus facile de le jeter dans les toilettes, tant le bassin était plein d'autres bestioles toutes plus colorées les unes que les autres. L'entretien prend du temps, mais je m'en occupe principalement le week-end. Il faut nettoyer le filtre, changer l'eau, ajouter des produits pour neutraliser l'eau de javel. Je prends des photos des mâles, dont la queue flottait dans l'eau en charmant le regard avec leurs reflets bleus et rouges. Véronique était heureuse de voir des animaux aussi calmes, qui vivaient leur vie sans se poser de questions. (écrit le: 2018-09-09) catégorie: animaux

Rencontres photographiques
date: samedi 06/08/2011 (35 ans) lieu: Arles

J'ai gagné avec la Fnac une entrée pour les rencontres photographiques d'Arles qui ont lieu du 4 juillet au 18 septembre. Depuis quelques mois, j'ai cette passion pour la photo, et prends plaisir à m'exprimer avec un appareil. J'avais suivi quatre stages à Paris pour apprendre à maîtriser mon Canon 500D, un reflex d'entrée de gamme acheté en 2010. Je me languissais d'obtenir de meilleurs résultats. Il y avait un monde entre mes photos et celles qui me plaisaient. Le site internet de la Fnac proposait un quiz sur le vocabulaire photographique, et j'avais été un des premiers à répondre correctement. Me voilà donc doté d'un pass gratuit en poche, valable pour tous les lieux d'exposition. J'espérais voir des oeuvres contemporaines qui allaient m'inspirer, et me sortir un peu de la routine légèrement ennuyeuse dans laquelle je me sentais enfermé depuis quelques années. Mais comment allais-je me déplacer dans le sud de la France? Mes seuls jours de congés payés étaient déjà posés pour aller en Bretagne et à Londres. Je prends alors la décision de faire l'aller-retour dans la journée, pendant un week-end de début août. Le samedi matin, je prends un TGV pour Nîmes, puis un TER pour la gare d'Arles. Il est l'heure de déjeuner quand j'arrive sur place, le soleil écrase le bitume du parking sur lequel je tombe en sortant. J'avais emporté un sandwich et une bouteille d'eau. Je marche un kilomètre et demi depuis la gare jusqu'aux "Ateliers", des entrepôts situés sur des terrains que la Sncf a mis à disposition des organisateurs du festival. Une statue représentant un zébu multicolore marque l'entrée des expositions. Le lieu est immense, et je rencontre assez peu de visiteurs dans certaines salles. Je prends quelques photos de l'environnement un peu lunaire. Je n'ai avec moi que cet iPhone 3GS sur lequel l'application Hipstamatic est installée. Elle donne un aspect "vintage" aux prises de vue. Le thème des Rencontres cette année est "non conforme". Le programme est donc assez large, tant l'ensemble de la production photographique contemporaine répond à ce critère. J'ai de bonnes surprises malgré tout. Par exemple, j'ai pu voir des clichés d'artistes connus (Robert Capa: la valise mexicaine, JR, Chris Marker) et d'autres qui méritaient sans doute de l'être un peu plus (Jo Ractliffe, Mark Ruwedel). Je profite de ces instants volés à mon quotidien pour flâner dans les rues d'Arles, voir les arènes. j'échappe aux moustiques et vais chercher un peu d'air frais dans les jardins, les églises et le Cloître St-Trophime. La plupart des lieux que je visite participent aux Rencontres photographiques. Je montre mon sésame pour entrer partout gratuitement. A la fin de la journée, je me promène le long du Rhône, puis vers 19 heures, je prends le train pour rentrer chez moi. (écrit le: 2020-06-26) catégorie: expositions

Rock en Seine
date: Dimanche 28/08/2011 (35 ans) lieu: Saint-Cloud

J'ai eu un coup de coeur pour une artiste anglaise, Anna Calvi, dont le premier album sorti en début d'année était une véritable révélation. Comme elle se produit à "Rock en Seine", je vais prendre un billet pour découvrir l'ambiance si particulière de ce festival qui a lieu fin août depuis 2003. Les concerts ont lieu au parc de St Cloud, dont l'accès est assez compliqué quand on vient en transports en commun de l'ouest de Paris. Il faut rejoindre la place de l'Etoile puis prendre la ligne 10 du métro jusqu'au bout. Arrivé sur Boulogne, on continue en marchant de l'autre côté du pont de St Cloud. Mais le voyage vaut le coup, surtout quand on arrive devant la scène de la cascade pour entendre chanter Anna Calvi. J'ai eu la chance d'assister à d'autres concerts à la même occasion (Lykke Li, The Horrors,...). Les gens qui m'entourent sont presque tous détendus, amicaux et souriants. Il y a bien sûr quelques troubles-fêtes, harceleurs, racistes ou soûlards, comme partout, mais je n'y fais pas attention. Sous le charme de ce lieu et de la programmation éclectique, je suis bien décidé à y aller tous les ans à l'avenir si je suis disponible. (écrit le: 2018-09-09) catégorie: musique

Canard PC
date: vendredi 20/01/2012 (36 ans) lieu: Paris

J'achète pour la première fois le magazine "Canard PC" au point Relay de la gare St Lazare. Il faut dire que j'en entendais parler de façon très positive par les présentateurs d'une émission sur le site Gamekult. Bien installé dans un wagon en direction de la gare d'Houilles, je commence à lire l'édito en vérifiant que mon train n'est pas arrivé à destination. Assez vite je n'ai plus regardé par la fenêtre, trop absorbé par ce que je découvrais. D'abord, j'ai été assez étonné de voir autant de texte dans un magazine qui parle de jeux vidéos. Ensuite, il y a les jeux de mots, omniprésents. La couverture met en avant un jeu qui devait sortir dans un état assez catastrophique quelques mois plus tard: Sim City, en le sous-titrant "la fête des maires". Le nom du magazine est bien sûr un hommage au Canard enchaîné. Le papier sur lequel il est imprimé n'est pas épais, et il y a assez peu de couleur sur les pages. Il y avait des articles sur les jeux Metro Last Light, Devil May Cry 4, Dota, auxquels je n'ai jamais joués. J'essaye de tout comprendre mais parfois les références m'échappent un peu. A cette époque, il y avait deux parutions par mois, sans doute pour coller au plus près de l'actualité dans un contexte où les sites internet foisonnaient d'informations immédiates et gratuites mais remplies de publicités. Je trouve dans ce journal ce qui me manque pour juger de la qualité des dernières sorties, et j'avoue avoir volé certaines des blagues pour faire croire que j'avais de l'esprit. En tout cas, j'étais impatient que le numéro 269 sorte pour continuer ma lecture. Je me suis abonné ensuite pour le recevoir le plus vite possible. Les anciens numéros s'accumulaient dans les WC, quoi de plus normal me direz-vous. C'est le numéro 274 qui m'a inspiré un article écrit sur ma pratique vidéoludique. Assez vite, j'ai été chercher mon ancien boîtier de PC qui traînait à la cave pour reconstruire un ordinateur digne de ce nom. En effet, je me débrouillais avec un Mac mini qui me permettait de jouer de temps en temps, mais ce n'était pas idéal. j'ai commencé à acheter quelques jeux en solde sur Steam, et c'est comme ça que le virus s'est réactivé. Mais je ne jouais plus si souvent, car mon métier était très chronophage. Je m'amusais souvent bien plus à lire Canard PC qu'à jouer, et c'est toujours le cas. (écrit le: 2023-10-09) catégorie: magazines

Maurice Berteaux
date: samedi 21/07/2012 (36 ans) lieu: Chatou

Vous êtes-vous déjà senti seul ? Il me fallait une occupation, n'importe laquelle, pour ne pas trop penser, même si mon travail était chronophage. Je me lance un défi, celui de suivre les traces d'un homme dont le nom apparaît partout autour de moi. Pas une ville des alentours sans une rue, une avenue, ou un boulevard qui porte le nom de Maurice Berteaux. Qui est cet illustre inconnu ? Pourquoi a-t-il laissé son empreinte sur l'environnement qui m'entoure directement ? Je commence par consulter sa page Wikipédia. Issu de la bourgeoisie, il réussit brillamment ses études et devient agent de change, une position prestigieuse qu'il hérite de son beau-père. Puis il devient maire de Chatou, député et enfin ministre, chargé du budget et de la guerre au gré des gouvernements de l'époque. Il est un pilier de la IIIème République, tant décriée pour l'immobilisme qui pouvait découler de son mode de fonctionnement, et l'instabilité des coalitions qui la définissait. Mais ce sont surtout les circonstances de sa mort qui rendront Berteaux inoubliable, aux yeux de ses contemporains du moins. Je me sens investi d'une mission, chercher tous les lieux qui lui rendent hommage, à commencer par le cimetière de Chatou, la sculpture érigée à côté de la mairie, les plaques des rues, avenues, etc... mais également le lieu de l'accident. Il faut dire que ce n'est pas banal d'être percuté par un avion. Au cours de l'année 1911 a eu lieu un évènement qui marque les débuts de l'aviation, une course entre Paris et Madrid. Organisée par le journal "Le Petit Parisien", le concours récompenserait l'équipe qui arriverait à joindre le plus rapidement les deux villes par les airs. Un prix de 100.000 francs était promis au vainqueur. Le trajet entre les deux villes était découpé en trois étapes, mais c'est bien au décollage que s'est déroulé le drame. Plus précisément sur la piste de décollage d'Issy-les-moulineaux. Alors que seuls quatre concurrents ont réussi à décoller, Louis-Emile Train démarre son moteur devant de nombreux spectateurs, fascinés par ce nouveau mode de transport. Il n'était pas encore démocratisé, et pour cause, il venait tout juste d'être inventé. L'avion de Train, plus lourd que celui de ses concurrents, pouvait accueillir un passager et peut-être est-ce là l'explication de l'accident. Il n'a pas assez de puissance et doit atterrir en urgence. Evitant de justesse les forces de l'ordre, chargées d'éloigner la foule qui se presse sur l'aire de décollage, l'avion s'écrase sur un groupe de personnalités, dont Maurice Berteaux. Il meurt quelques minutes après avoir reçu le coup fatal. Aujourd'hui, le lieu de sa mort est occupé par l'héliport de Paris, bien connu des parisiens, à deux pas de l'Aquaboulevard. Equipé de mon nouvel appareil photo, un Fujifilm X10, je capte des images afin de réaliser un petit film qui pourra expliquer son omniprésence énigmatique dans mon quotidien. Peut-être aussi est-ce un moyen de faire la part des choses entre le mythe et la réalité. Cet homme auquel on a rendu hommage le méritait-il vraiment ? La fiction en politique peut créer une telle confusion que la confiance des électeurs s'en trouve ébranlée. Pour ma part, j'étais dans une démarche de remise en question permanente des manipulations politiques. J'espérais que cette attitude me rende imperméable aux chimères. Mais l'enquête que je menais sur cet homme se heurtait à l'épreuve du temps. Le manque de documentation m'obligeait à aller chercher dans des archives, sans que j'arrive vraiment à trouver ce que je cherche. J'abandonne mon idée de film. J'ai dû attendre la publication du livre rédigé par son arrière-petit-fils pour trouver les réponses. Plus tard, je me suis demandé ce qui m'avait entraîné dans cette quête. Je pense qu'en m'intéressant aux traces qu'il avait laissé derrière lui, je compensais un peu le manque d'empreinte que je laissais sur mon entourage et mon environnement. Pas d'enfants. Je jugeais que mon rôle n'étais pas essentiel dans mon travail, aucunes de mes actions n'avait d'effet bénéfique sur mon épouse, qui continuait à s'enfoncer dans ses crises maniaques ou dépressives. En somme je me sentais transparent, mais en voyant ces signes de la présence de Maurice conservées après tout ce temps, je me sentais rassuré. Il m'aidait à continuer d'espérer. (écrit le: 2022-04-15) catégorie: biographie

Marseille, tout seul
date: vendredi 13/09/2013 (37 ans) lieu: Marseille

J'avais réservé des congés, dont j'ai désespérément besoin. Les circonstances avaient voulu que le voyage soit annulé, mais je décide d'y aller seul. Je pars pour attraper le tgv à la Gare de Lyon, mais arrive avec quelques minutes de retard à cause du RER A qui fonctionnait mal ce jour là. Aucun échange de billet n'est possible. Tant pis, j'en achète un nouveau, et pars avec le train suivant. Le tgv me propulse en quelques heures à Marseille, un univers lumineux auquel je ne m'attendais pas. Même avec les lunettes de soleil sur le nez, je cligne encore des yeux. Depuis la gare St Charles, je fais rouler ma valise dans les rues du centre-ville. Passé la Place Castellane, je continue sur l'avenue du Prado jusqu'à l'hôtel Ibis. Puis je m'écroule sur le lit. Je ne sors que quelques heures plus tard pour m'acheter une salade à Carrefour Market. Le lendemain matin, je commence à découvrir les alentours du quartier, sous un ciel parfaitement bleu. J'arrive d'abord dans le parc du 26ème centenaire, dont les fontaines, les nombreux cyprès et les palmiers me charment. Puis j'arrive sur la plage du Prado alors qu'une démonstration de cerfs-volants a lieu sous mes yeux ébahis. Ces objets volants bien identifiés se meuvent au gré du vent, qui souffle fort d'ailleurs depuis mon arrivée. Certains imitent la forme d'animaux, comme des goélands, des poissons ou des méduses, et sont tous très colorés. D'autres sont plus artistiques, voire conceptuels, et sont là pour célébrer la fragilité ou la beauté de la nature. Il s'agit de la fête du vent, un festival international du cerf-volant qui a lieu tous les ans sur cette plage. Après avoir été chercher un sandwich à la boulangerie, et observé une scène de ménage entre les membres d'un jeune couple accompagné de nombreux enfants, je pars vers le parc Borély. Cet espace sert souvent de cadre à des tournages, notamment ceux de la série "Plus Belle la Vie". On y trouve des bâtiments anciens bien restaurés et des belles statues. Encore une fois, j'assiste à des confrontations assez impudiques entre des personnes visiblement amoureuses, évènements auxquels on est pas trop habitué à Paris. Puis je passe devant le chantier du stade Vélodrome, qui est fini à moitié. On dirait que le toit de ce bâtiment en construction est formé d'une sorte de couche de tissu matelassé. Je rentre pour me reposer un peu. Force est de constater que le point culminant de la ville est un point d'attraction qui me tente depuis que je suis descendu du train. J'engage alors mon ascension vers l'église Notre-Dame de la Garde. Le quartier est l'un des plus chic de la ville, on le comprend quand on observe le panorama. J'arrive au but vers 19h00, un peu essoufflé et observe le paysage avec enchantement. Le soleil est bas dans le ciel et touche presque les îles du Frioul. Des bateaux de croisières naviguent sous le regard des visiteurs qui sont comme moi assez émerveillés par la vue. Le lendemain, je commence la visite du vieux port alors que des files d'attente se forment devant quelques lieux qui participent aux Journées Européennes du patrimoine. Pour ma part, je visite la mairie puis me promène dans le quartier du Panier et ses jolies petites ruelles. Puis c'est le Mucem, avec son architecture qui réussit la synthèse de la légèreté et de la solidité, une sorte de mariage entre la dentelle et le béton. En début d'après-midi, je prends une navette pour les îles du Frioul. Arrivé sur place après une traversée agitée, le silence et la tranquillité me surprennent. Il faut dire que la frénésie du centre-ville n'est qu'à quelques minutes en bateau. C'est le contraste permanent que je ressens dans cette ville, entre le plein et le vide, l'ordre et le chaos, le très riche et le très pauvre. Ces extrêmes se frôlent en permanence sans phase de transition. En posant le pied sur ces îles très sèches, on entre dans un univers incroyable. Un monde minéral couvert d'agaves où les pierres sont reines, souveraines à l'état sauvage ou bien taillées pour être entassées sur des murs et de colonnes antiques. Des vestiges anciens y côtoient ceux de bâtiments militaires plus contemporains. Je rentre avec le Henri-Jacques Espérendieu, le bateau qui me renvoie vers des lieux plus civilisés. Le lendemain, j'avais décidé de découvrir le musée des beaux-arts, et d'errer dans le centre-ville avec mon appareil photo. Après une escapade dans cette ville lumineuse, j'ai pris le train pour revenir à une vie plus normale et moins belle. (écrit le: 2022-03-16) catégorie: voyages

Arcs 2000
date: samedi 15/03/2014 (38 ans) lieu: Bourg Saint Maurice

Je pars à la station de ski "les Arcs" pour une semaine. Cela faisait sept ans que je n'avais pas glissé sur des pistes. La dernière fois, c'était à Serre-Chevalier, dans une résidence de la RATP. Cette fois, j'ai loué un meublé, et l'échange des clés avec le propriétaire se fait à la station de métro Olympiades, pas très loin de l'endroit où je travaille. J'avais choisi le site Promovacances, sur les conseils d'une collègue de travail. C'est la première fois que je pars en vacances seul à une période où Véronique n'est pas internée. Pour moi, c'est comme une double libération. Mon travail pèse énormément sur mes épaules, et la responsabilité que je ressens à m'occuper de Véronique m'oblige à vivre deux journées de boulot en vingt-quatre heures. Je pars donc avec l'espoir de me reposer totalement. Après huit heures de route, j'arrive en voiture dans cette station à deux mille mètres d'altitude. Mais il n'y a aucune place de parking disponible. Garé en double file, je descends mes bagages dans le studio du rez-de-chaussée, puis reprend le volant, exténué. Je cherche pendant plus d'une heure à mettre mon véhicule à l'abri, et finis par trouver par hasard un emplacement au fond d'un parking payant un peu avant 22h. Le petit appartement lambrissé est équipé d'un canapé-lit et de deux lits superposés. La kitchenette n'est pas extraordinaire, et le balcon semble avoir été abandonné depuis bien longtemps. Mais tout ces détails sont bien vite effacés par le plaisir de me sentir presque chez moi. Après avoir avalé un repas composé des restes de mon pique-nique du déjeuner, je m'affale sur un lit puis m'endors tout de suite pour douze heures de sommeil. Le lendemain, je regarde par la fenêtre en plissant mes yeux ébahis. La ligne de crète est majestueuse mais le paquet de neige entassé sur plusieurs mètres d'épaisseur gêne mon point de vue. C'est encore les vacances scolaires d'hiver pour la zone A. La pollution a entraîné l'application d'une circulation alternée en région parisienne. De loin, je vois la nappe de gaz toxique dans la vallée, alors qu'ici l'air est pur et le temps magnifique. Je passe les deux premières journées à dormir presque tout le temps. La fatigue accumulée et l'altitude couplée au grand air me donnent des envies de farniente. Je joue sur mon smartphone et regarde un peu la télé. Je fais quand même quelques courses alimentaires. Les logements sont interconnectés par des passerelles et des couloirs, ce qui permet de sortir en chaussures de skis. Je me perds un peu dans ce dédale sombre qui contraste avec la luminosité ambiante. J'aime aussi me promener dans les rues désertes mais seulement à la nuit tombée. Le troisième jour, je prends un forfait pour accéder au domaine skiable. Je profite ensuite d'une réduction sur la location des skis négociée par le propriétaire de l'appartement. L'enneigement est idéal pour parcourir les pistes vertes et bleues situées aux alentours de mon logement. L'environnement sur lequel je glisse est immaculé, le silence est à peine troublé par les autres skieurs. Une sorte de grand cercle tracé sur un aplat dans la neige attire mon regard. Il s'agit d'une des oeuvres d'art éphémères qui jalonnent la montagne. Quelques jours plus tard, c'est l'arrivée de ma mère et Gérard qui ont appris que j'allais seul dans cette station. Ils ont décidé de faire un détour pour passer deux nuits dans l'appartement que j'ai loué. Ils en profiteront pour se balader en montagne et visiter une exposition de sculpture sur glace avec moi. Ils repartent le vendredi et je me sens à nouveau très seul. Avant de faire mes bagages pour partir le lendemain matin, je parcours les pistes une dernière fois afin de profiter au maximum de mon forfait. Je ne sais pas encore quand je pourrai à nouveau chausser des skis. Je passe une dernière nuit dans un sommeil profond, les rêves remplis de souvenirs du séjour. Alors que je sors du parking avec ma voiture le samedi matin, je suis arrêté à la barrière par l'automate qui refuse mon paiement. L'employé du sous-terrain vient m'aider en m'expliquant que j'ai atteint le maximum de facturation possible, et il me fait régler ma dette dans sa cabine. Je suis ensuite assez vite arrêté sur la route par la file ininterrompue de voitures qui se dirigent comme moi vers la région parisienne. Je roule au pas, mais ne suis pas pressé, car rien de bien excitant ne m'attend chez moi. (écrit le: 2023-04-07) catégorie: vacances

Cosmos
date: samedi 19/07/2014 (38 ans) lieu: Carrières-sur-seine

Au cours d'un podcast de Gameblog, que j'écoutais dans les transports en commun, un intervenant parle d'une série de documentaires de vulgarisation scientifique: "Cosmos, Une odyssée à travers l'univers". Il s'agit d'un programme diffusé sur la télévision américaine en 2014, et qui fait suite (ou plutôt rend hommage) à la fameuse série de Carl Sagan, celle qui date des années 1980. J'ai attendu que tous les épisodes soient disponibles pour regarder l'intégralité de la série. L'ensemble des connaissances qui y sont présentées est bien connu des scientifiques. Je connaissais la plupart des concepts, mais la manière de les présenter aide énormément à comprendre et à assimiler les informations qui sont distillées dans les treize épisodes. L'évolution, le réchauffement climatique, les mécanismes qui régissent l’univers, la naissance du temps et de l’espace, tout est abordé de façon très naturelle. Neil deGrasse Tyson est le maître de conférence de luxe qui nous tient la main à chaque épisode. Cet astrophysicien a un réel talent pour vulgariser les découvertes scientifiques les plus récentes. Les effets spéciaux, dignes de films hollywoodiens, s’appuient toujours sur les études des spécialistes. Ils ne servent pas qu’à amuser la galerie. J’avais le sentiment que cette présentation éclairait les bribes de connaissances que j’avais assimilé au cours de mes lectures ou pendant mes études. Tout devenait plus clair. Par exemple mes questions sur la nature humaine trouvaient quelques réponses. Qu’est-ce qui nous anime, si ce n’est la conséquence d’un avantage donné par l’évolution à notre espèce ? Cet atout, c’est cette capacité à nous adapter, à apprendre, à transmettre à notre descendance ce qui a bien fonctionné pour nous. Là où il fallait des milliers de générations et du hasard pour forger nos corps par une sélection impitoyable, une simple idée suffit désormais pour corriger un défaut… ou faire une erreur épouvantable. Car la réflexion nous permet de résoudre les problèmes, mais elle s’accompagne d’un prix insupportable à payer. Elle n’offre aucune garantie contre les fautes de logique, les raccourcis et les choix à court terme. Et les religions ont bien compris que ce paradoxe est la source de nos tourments. On en viendrait presque à envier nos compagnons sur Terre, ces animaux sauvages capables de vivre toute une vie sans se poser de questions. On pourrait avoir envie de les rejoindre et retourner vivre sous les arbres. Mais ce serait un leurre. Les êtres humains peuvent tout faire, le meilleur comme le pire, c’est bien tout ce qui compte. Comment éviter notre propre extinction ? Un peu plus de curiosité, d’imagination et de bienveillance, ce sont sans doute les seules choses dont nous manquons. Et aussi la sobriété peut-être ? (écrit le: 2016-07-01) catégorie: télévision

Valence-Montélimar à vélo
date: samedi 20/09/2014 (38 ans) lieu: Montélimar

ViaRhôna. Ce nom désigne une longue piste cyclable qui relie le lac Léman à la Méditerranée en suivant le cours du Rhône. J'avais l'idée de suivre le tracé de cette piste, quand j'aurais le courage… et le temps. Mais j'étais souvent pris par mes obligations professionnelles et familiales. Il faut plus d'une semaine pour rejoindre la Camargue en organisant les étapes qui relient les Alpes à la mer. Je cherchais un moyen de réaliser mon rêve, hélas je n'avais trouvé aucune solution réalisable au bout de quelques mois. J'avais fini par renoncer. Et puis une ouverture s'est présentée. Un voyage dans la Drôme avec Véronique pouvait se faire au mois de septembre, et je décidais d'y coller une activité solitaire: rouler au bord du Rhône entre Valence et Montélimar. Je me renseigne sur le tracé, et découvre sur un site internet que le parcours est en pointillé: la ViaRhôna existe en grande partie dans l'imagination de ses concepteurs, il n'est pas possible de maintenir un chemin aussi long sans y mettre d'immenses moyens, mais ceux-ci n'étaient pas à la hauteur de leurs ambitions. De toutes évidences il n'y a pas de cohérence globale, à part quelques panneaux qui vont m'aider à ne pas dévier du chemin. Nous partons donc vers Montélimar, où nous avons réservé une chambre à l'hôtel "Beausoleil**" proche du centre piéton de la vieille ville. Les lieux sont empreints de nostalgie et les touristes viennent y chercher le souvenir du passage de la Nationale 7 et des fameux embouteillages de la route des vacances sur la côte d'Azur. La route nationale chantée par Trénet a subi une hémorragie en 1966 quand l'autoroute A7 a transfusé le flot des voyageurs sur une belle ligne droite. Mais le patient respire encore et la ville reste accueillante, comme nous le constaterons après quelques heures de route. Le parfum du nougat nous caresse les narines alors que nous parcourons les alentours du théâtre et du château. Nous avons garé la voiture dans le parking de l'hôtel et prenons possession de notre chambre. Je demande à l'accueil un endroit pour poser mon vélo à l'abri, et l'employé de l'hôtel pose mon VTT à la cave. Avant de m'endormir, je scrute minutieusement les sept feuilles de papier sur lesquelles j'ai imprimé le détail de mon parcours, les passages les moins évidents sont surlignés au stabilo. Après avoir pris le petit déjeuner, nous partons vers Valence. Après avoir fait quelques détours, nous finissons par trouver le point de départ. Véronique prend le volant pour rentrer à l'hôtel. Je lui ai donné rendez-vous à l'heure du déjeuner. A cet instant, une impression de liberté m'enivre. Plus d'entraves d'aucunes sortes, c'est la première fois depuis des mois que je n'ai aucun compte à rendre. J'ai juste à suivre le cours d'un fleuve, une perspective des plus reposantes. Je traverse le pont afin de rejoindre la rive droite du Rhône et passe par la même occasion en Ardèche. Il fait un temps magnifique, et le paysage est sauvagement canalisé par des infrastructures de toutes sortes. Des routes, des ponts, un chemin de fer et un barrage hydroélectrique ponctuent ma balade. C'est aussi la France des années 60 que j'ai sous les yeux. Celle de l'agriculture intensive, du TGV, des autoroutes et des centrales nucléaires. Ces ajouts très récents contrastent avec la topographie marquée par la fonte des glaciers millénaires. Des arbres fruitiers et des zones maraîchères longent ma route dominée par les monts d'Ardèche à l'ouest. Devant moi s'envolent d'énormes volutes blanches depuis les cheminées de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse. J'ai soigneusement suivi le plan mais suis souvent obligé de faire demi-tour après avoir compris les signes inscrits sur mes petites feuilles de papier. Arrivé au bout d'un chemin longeant un champ de panneaux photovoltaïques, je suis bloqué par des barrières, et suis obligé de passer dans un conduit en béton avec de l'eau jusqu'aux mollets. Puis je finis ma route à côté des champs de lavande avant de traverser une zone d'activité commerciale au nord de Montélimar. J'arrive à destination après trois heures et demi de pédalage intensif, les jambes et les bras cuits par le soleil. Juste à l'heure pour le repas de midi. (écrit le: 2020-06-26) catégorie: voyages

Séparé dans mon studio
date: mardi 14/04/2015 (39 ans) lieu: Voisins-le-Bretonneux

J'avais décidé de louer un petit studio à Voisins-le-Bretonneux. Cette ville a gardé un caractère tout à fait charmant malgré le développement de la ville "nouvelle" aux alentours. Le clocher de l'église est là pour en témoigner. J'ai identifié une zone qui me semble idéale au nord de la ville. Ce qui m'a décidé à louer un appartement dans ce quartier en particulier, c'est la facilité d'accès à mon travail grâce aux pistes cyclables. J'ai vu qu'un passage piéton permet de rejoindre facilement la route de Guyancourt depuis un quartier résidentiel, dans la rue Serpentine. Je vais d'abord essayer de deviner quels appartements correspondent à ma demande d'après les photos dans les annonces d'appartement en location. Il est assez facile de deviner où ont été pris les clichés en les comparant avec les images de Google Street view. Puis je contacte une première agence, pour me renseigner sur un studio situé près de la place des Douves, mais ils ne m'ont jamais rappelé. J'ai vu ensuite qu'un petit appartement au premier étage d'un immeuble de la rue Jean Racine est disponible. Je m'imagine bien habiter là-bas, comme pour rendre hommage au dramaturge qui fut le résident de Port-Royal. Cet ermitage situé à quelques kilomètres a été investi par des religieux au XVIIème siècle et la nature y a été préservée jusqu'à ce jour. Il y a un supermarché pas loin du studio, et des commerces en tous genres. J'ai un rendez-vous pour le visiter après avoir contacté l'agence Victoria de Montigny-le-Bretonneux. En sortant du travail, je vais marcher jusqu'au lieu de rendez-vous pendant plus d'une demi-heure. Il faut dire que l'agglomération de St Quentin en Yvelines n'est pas faite pour circuler à pied. Chaque point d'attraction, centre-ville, centre commercial, lieux de travail ou autres est éloigné de deux ou trois kilomètres. Tout est organisé pour que les déplacements se fassent en voiture. La femme de l'agence qui me reçoit est assez contente d'avoir trouvé un futur locataire pour le logement dont elle a la gestion. Je lui donne mes bulletins de salaire et lui pose des questions sur le quartier, le fonctionnement du tableau électrique et des volets roulants. J'évite de m'approcher trop d'elle car son haleine est nauséabonde. J'ai rendez-vous avec elle un autre jour pour l'état des lieux et l'échange des clés. Finalement, mes principaux critères de sélection sont bien respectés. Orienté au nord-ouest, l'isolation des murs est correcte, il est entouré par un quartier résidentiel et surtout très loin des transports en commun à pied. Les bonnes surprises, ce sont la cave, la place de parking et le garage à vélo. Ils vont bien me servir dans les mois qui viennent. Là où je suis moins content, c'est sur la décoration et l'aménagement des pièces. La moquette est sale, la cuisine et la salle de bain sont toutes petites. Le salon fait office de chambre. Mais pour mon budget de moins de 700 euros, c'est tout ce que je peux m'offrir. Cet endroit à l'abri de tout ce qui me déprime ou me dérange va devenir ma tanière pendant un peu moins de deux ans. Je n'ai même pas mis mon nom sur la sonnette. J'étais terrifié à l'idée de devoir me confronter à mon épouse dont je venais de me séparer, et j'étais sûr qu'elle ne me retrouverait pas ici. (écrit le: 2022-08-31) catégorie: déménagement

Stockholm
date: lundi 20/07/2015 (39 ans) lieu: Stockholm

Installé dans mon studio depuis quelques semaines, j'avais envie de me changer les idées. Je pense à Stockholm, un peu par envie de découvrir une ville que je ne connaissais pas, et un peu pour éviter les grandes chaleurs estivales. Les guides touristiques sont remplis de mensonges. Qui peut prédire quelle expérience il vivra en partant une semaine dans une grande ville ? Nul ne peut l'anticiper. Et pourtant je pars en Suède quelques jours avec les idées préconçues glanées ici et là. J'ai improvisé totalement, en réservant le vol et l'hôtel à la dernière minute sur Voyages-sncf.com. Le temps de boucler ma valise, je me rends compte que je ne peux pas la porter à bout de bras tout en chevauchant mon vélo jusqu'à la gare. Du coup je prends la lanière d'un autre sac, l'entoure sur la poignée, puis cale la valise sur mon épaule. Ni une, ni deux, je prends un avion Air France en début d'après-midi, après avoir fait le trajet en transport en commun (RER C puis B). Le sentiment de culpabilité qui m'habite depuis que j'ai quitté ma femme me rattrape douloureusement, sous forme de spasmes. Mes intestins se tordent dans tous les sens alors que l'avion décolle. Arrivé à Arlanda, il faut rejoindre le centre-ville de Stockholm avec un train de banlieue, je contemple le paysage composé principalement de sapins et de grandes prairies. En approchant de la destination, je constate que l'eau est omniprésente, chaque quartier est séparé des autres par des lacs ou des bras de mer. Je retire quelques billets (en couronnes suédoises), puis j'arrive dans le métro. Les distributeurs automatiques ne délivrent pas de tickets, et je demande donc de l'aide à un employé qui parle à peine anglais. Il me fournit alors une carte magnétique que je dois recharger sur l'automate. Mon guide Cartoville en poche, je cherche l'hôtel Alexandra, dans le quartier de Södermalm. Je constate que c'est un lieu ouvert à la diversité, en tout cas beaucoup plus que le reste de la ville, où presque tout le monde est blond. Après quelques minutes de marche, j'arrive vers 20 heures à l'accueil pour faire le check-in. Ma minuscule chambre est au rez-de-chaussée, et j'aurais peut-être dû réserver ailleurs. En effet, j'ouvre le rideau et me rends compte que j'ai un mur en face de moi... Peu importe, ce qui compte d'abord c'est la ville. Le lendemain, malgré le temps pluvieux, je commence par découvrir Gamla Stan, l'île centrale dans laquelle se trouve la vieille ville. J'arrive au musée Nobel, et une visite guidée en anglais commence au moment où j'entre dans ce beau bâtiment près de la cathédrale. La liste des grands hommes (pas beaucoup de femmes malheureusement) et découvreurs de notre temps s'affiche du sol au plafond, et j'en apprends beaucoup sur la vie de certains d'entre eux. Après une pause pour manger une pâtisserie à la cannelle, je pars vers un lieu moderne qui expose des photos: Fotografiska. Les clichés d'éléphants que Nick Brandt a rapporté de ses voyages en Afrique m'ont beaucoup impressionné, et j'en rapporte quelques reproductions sous forme de cartes postales. Le lendemain, j'arrive à Djurgarden, une île beaucoup plus végétale, avec de nombreux parcs, des musées, un zoo et des scènes de spectacle en plein air. J'en profite pour tester les vélos en libre-service "City Bikes". On peut en louer pendant trois heures pour un prix modique, et cela me permet de découvrir l'île toute entière sans avoir à trop marcher. Mais un sentiment de vide m'envahit alors que je termine le tour. Je n'ai pas le choix, je dois m'asseoir sur un banc, les jambes en coton. Je ne sais plus ce que je fais ici, et je me sens très seul. Il me faut un bon quart d'heure avant de reprendre mes esprits. Puis je me dirige vers le métro jusqu'à Ropsten pour marcher jusqu'à Lidingö en traversant un pont. Mon objectif est d'aller voir la maison et le jardin de Carl et Olga Milles, deux artistes dont la propriété a été transformée en lieu d'exposition. La très libre expression de ce couple s'illustre dans des sculptures fines et massives, disposées un peu partout sur le domaine fleuri et subtilement décoré que je visite avec mon appareil photo en main. Je sors vivifié de cet endroit unique au monde. Je me balade ensuite au hasard des îles du centre-ville le lendemain. J'avais emporté avec moi un livre de Saul Friedländer sur Kafka, que je lisais par moment, assis sur un banc, dans un parc, et les passants suédois ne faisaient pas attention à moi. Arrive le dernier jour de mon voyage. J'avais prévu de visiter le parc du château de Drottningholm à l'heure du déjeuner. Je vais jusqu'à Brommaplan en métro, puis profite de la météo qui s'est grandement améliorée pour marcher quatre kilomètres jusqu'au château. Je traverse des zones résidentielles plutôt jolies, ainsi que deux ponts, avec mes écouteurs sur les oreilles. Arrivé au parc, je suis accueilli par des cars de touristes chinois qui visitent ce monument incontournable de la Suède. Et les jardins sont d'une beauté étourdissante. Des gardes en uniforme sont vigilants et empêchent les touristes de s'approcher des zones encore occupées par les monarques et leurs descendants. Je m'installe sur une des pelouses qui m'offre une vue sur le théâtre afin de manger une salade de thon et une part de gâteau. J'hésite à visiter l'intérieur du château, puis renonce devant la foule importante qui fait la queue dans l'escalier. J'arrive difficilement à me convaincre de rentrer à l'hôtel. Je fais un détour par Gamla Stan pour me perdre un peu dans les ruelles pittoresques. Puis arrive le 25 juillet, jour du départ. Je prends un petit-déjeuner dans une salle exiguë en sous-sol, ce que je n'avais pas fait depuis mon arrivée. Puis c'est le chemin du retour qui m'attend, d'abord le métro, puis le train, et enfin l'avion. J'atterris vers 16 heures à Charles de Gaulle et rentre dans ma tanière à 18 heures 30. C'est l'heure de faire le bilan de cette escapade au nord de l'Europe. C'est un voyage qui m'a enchanté même si je me suis senti très seul par moment. Si je n'avais pas décidé de partir au dernier moment, sans doute ne l'aurais-je même pas fait. J'y retournerais volontiers, mais pas tout seul. (écrit le: 2021-09-03) catégorie: voyages

Piano
date: samedi 13/02/2016 (40 ans) lieu: Voisins-le-Bretonneux

J'achète un piano à 88 touches Yamaha, dans une grande enseigne avec des bons d'achat offerts par mon comité d'entreprise. Il m'a coûté plus de 400 euros, avec un support en forme de X. J'en rêvais depuis si longtemps. Mais il me reste maintenant à apprendre à m'en servir. J'avais pensé que je pourrais apprendre le solfège avec un support obtenu sur un site "pianofacile.com". Grossière erreur, la marche est tellement haute que j'ai l'impression de stagner pendant de longs mois en tâtonnant sur les touches noires et blanches. Et pourtant, la méthode est progressive et me permet de connaitre les rudiments de la pratique musicale. Je m'astreins à des sessions d'auto-formation tous les mercredis et les samedis après-midi. Ce qui me motive, c'est de donner vie aux chansons que j'aime écouter. J'ai fait une liste, en classant par niveau de difficulté les titres que je souhaite reproduire avec mon instrument. Le schéma est toujours le même. Je trouve la partition, puis je décrypte lentement les notes sur la portée. Pour une page, il me faut environ une heure. Une fois cette opération réalisée, je peux essayer de jouer les notes une par une, avec la main droite. Puis j'essaye avec la main gauche, même si j'ai beaucoup moins de souplesse avec cette dernière. Je me dit que la 1ère Gymnopédie d'Erick Satie est un bon moyen pour commencer. Certaines subtilités m'échappent, comme le fait d'appuyer au bon moment sur la pédale pour maintenir le son d'une note sans avoir à garder le doigt sur une touche. Mais j'avais aussi des chansons récentes dans cette liste, comme "Clocks" de Coldplay, ou "Mad World" de Gary Jules. Au bout de 2 ans et demi d'efforts, j'avais accumulé des connaissances, mais pas, ou peu, de pratique. Je n'ai jamais réussi à me convaincre d'aller voir un professeur. J'avais trop peur qu'on me dise qu'à 40 ans il était trop tard pour apprendre. Je me donne des objectifs atteignables: réussir à jouer "La Marseillaise", "Joyeux anniversaire", ou des comptines. Cela me demande un effort considérable, même pour jouer les plus simples mélodies. En fait, je joue de la main droite de plus en plus facilement, même si je ne me souviens pas des notes. Je joue assez lentement et fait beaucoup d'erreurs avant de réussir à jouer un morceau entier. Pour ne pas déranger les voisins, je joue avec le casque audio branché au piano. Alors qu'arrivent les fêtes de Noël, je m'entraîne à jouer "Douce Nuit" pendant des heures. Mais je me heurte à un palier que je n'arrive pas à franchir: ma main gauche n'est vraiment pas prête à se synchroniser avec la droite. J'ai beau essayer de m'entraîner à jouer la portée en clé de sol (main droite), puis la portée en clé de fa (main gauche), faire les deux en même temps relève du casse-tête. Il ne me reste plus qu'à trouver des mélodies qui ne demandent pas de trop jouer de la main gauche. J'essaye de simplifier les partitions pour jouer quand même, mais cela demande des compétences musicales que je n'ai pas. Je trouve de moins en moins d'intérêt à cette pratique artistique qui m'enferme dans la solitude. Au bout de 4 ans, je ne touche quasiment plus les touches de ce piano qui prend la poussière. (écrit le: 2023-10-09) catégorie: musique

Marseille Plus Belle La Vie
date: samedi 23/04/2016 (40 ans) lieu: Marseille

Ma première expérience dans la cité phocéenne en 2013 s'était passée divinement. Nous sommes au mois d'avri, et je repars pour une semaine à Marseille, en espèrant me détendre. J'ai prévu des balades, et réservé un tour de la ville en vélo électrique. Le guide de la société "e.bike tours" est un pur marseillais qui nous fait découvrir sa ville avec un groupe de touristes américains et australiens très sympathiques. Nous irons voir le bord de mer, jusqu'au bout dans les calanques et le paysage minéral hallucinant. Nous finirons par grimper à l'église Notre Dame de la Garde. L'une des touristes américaines a un problème avec sa chaîne dans la côte et je l'aide à la débloquer. Elle essaye de me draguer, mais je ne m'en rends même pas compte. Encore une fois je comprends à quel point je me sens seul. Je loge à l'Hôtel de la Gare, dans une chambre avec vue sur l'immeuble d'en face. Je vais au Vélodrome pour assister à la rencontre de l'O.M. contre Nantes. Plusieurs fois, je fais des photos avec l'appareil Fuji X30 que j'ai acheté à la Fnac, près de la Cannebière. Je porte des chaussures de marque Kappa que j'ai trouvé dans une poubelle de ma résidence à Voisins, mais elles me provoquent des ampoules. La plupart du temps, je vais à pied faire mes courses à Carrefour Market, et je me dit qu'il n'y a désormais pour moi aucun intérêt à aller en voiture au supermarché. Je décide alors que lorsque je rentrerai, j'irai faire mes achats alimentaires à pied ou à vélo. Je me souviens du temps où je vivais dans mon studio Avenue de Colmar à Strasbourg, et que j'allais à vélo jusqu'à Auchan d'Illkirch pour ramener la nourriture dans mon sac Eastpack plein à craquer. Cette escapade devait me permettre de m'éloigner de mes problèmes, mais je continue à les porter sur le dos. Avant de repartir, je prends un train pour La Ciotat, histoire de voir autre chose. Un hommage aux frères lumière m'accueille ici. Je suis habillé bien trop chaudement pour cette cité portuaire et la plage est presque prête pour les baigneurs. Le panorama m'évoque les peintures d'Albert Marquet. De retour dans la cité phocéenne, je prends encore quelques clichés du vallon des Auffes et des îles du Frioul. Puis je m'assois dans le tgv pour reprendre ma vie en main. (écrit le: 2023-10-13) catégorie: voyages

Départ pour New York
date: vendredi 06/10/2017 (41 ans) lieu: New York

Lever à 3h45, je pars en voiture vers l'aéroport Charles de Gaulle. Arrivée au parking Px « longue durée » à 5h. Je prends ensuite la navette pour le Terminal 2E. J'y retrouve une partie du groupe de 40 personnes, composé de collègues de travail et de leurs compagnes/compagnons. Malheureusement, je ne connais pas grand monde à part quelques personnes que j'ai croisées quelques fois. La carte d'embarquement en poche et les bagages enregistrés, je me dirige vers la douane. J'ai bien du mal à entendre la question "Où allez-vous ?" de la jeune femme préposée au contrôle des passeports. Je finis par répondre "New York" bien sûr ! Puis, nous attendons en salle d'embarquement, mais l'avion a une heure de retard à cause d'un problème lors de la préparation de la cabine. Nous partons finalement vers 9h30 heure de Paris. Bien installés dans nos sièges de classe économique, nous avons en face de nous des tablettes encastrées dans le siège du passager qui se trouve devant nous. Ces écrans nous permettent d'accéder à une sélection de chansons et de films, et servent à nous occuper pendant le trajet. J'écoute quelques chansons, puis lance des exercices de méditation pour me détendre. D'autres passagers lancent la lecture de films. Ma voisine de gauche regarde "Furious Drive 27", puis un film d'action-comédie sur des nageurs-sauveteurs à Los Angeles. Je finis par m'endormir avec les jambes croisées pour faire tenir mes genoux dans le minuscule espace laissé entre chaque sièges. Arrivé à 11h30 heure locale à JFK, nous sommes accueillis par la douane. Je boite un peu car ma jambe droite est très ankylosée. Puis c'est une guide française qui nous emmène en bus vers l'hôtel, non sans avoir fait deux arrêts: le premier pour nous recueillir devant le mémorial et les deux bassins construits en hommage aux victimes du 11 Septembre 2001. C'était l'occasion de voir la tour One WTC de très près. Le deuxième arrêt est fait à Chelsea Market, une rue commerçante qui serpente à l'intérieur d'un bâtiment proche de la "High Line", cette coulée verte dans laquelle se promènent les new-yorkais lorsqu'ils veulent se balader tranquillement. Notre guide est une française d'environ 50 ans qui vit à New York et connaît beaucoup d'astuces pour rendre le séjour plus agréable. Elle nous distribue des consignes, la carte de transport ainsi que le "City Pass", un carnet dans lequel se trouvent des coupons permettant d'accéder à plusieurs attractions dans la ville ou de couper les files d'attente par endroits. Après avoir donné un pourboire au chauffeur, nous entrons dans l'hôtel Courtyard Marriot à Times Square, situé entre la 8ème et la 9ème Avenue, dans la 37ème Rue. Nos clés en poche, nous filons dans nos chambres après avoir donné un pourboire à la guide. Ahmed est l'autre célibataire qui partage ma chambre située au 15ème étage, il part assez vite rejoindre ses amis. Je décide de prendre une douche et de faire un somme de 16h30 à 19h. Il faut dire qu'avec le décalage horaire, il est déjà minuit heure de Paris et je suis debout depuis plus de vingt heures d'affilé. Il fait nuit quand je sors me chercher à dîner, et après avoir avalé un sandwich, je prends la direction de Lincoln Square. Il y a beaucoup de monde autour du Théâtre et de la fontaine, à deux pas de la tour de Donald Trump. Je redescends en métro à Times Square, puis me dirige vers l'Empire State Building. Une vue sublime m'attend au 80ème étage. Les ascenseurs très rapides montent jusque là, puis il est possible d'aller à pied ou avec un autre ascenseur vers le 86ème étage. A cette altitude, l'observatoire permet de prendre la mesure de la ville. Il y règne un calme apaisant, malgré la foule de touristes qui s'y presse pour prendre des selfies en hauteur. Le passage par la boutique de souvenirs est obligatoire en sortant. Un homme m'y interpelle pour me demander si je reconnais l'artiste qui a peint le tableau affiché sur l'écran de son smartphone. "Van Gogh" bien sûr. Puis il me demande si je sais où se trouve "La Joconde", au grand dam de sa compagne, une jeune eurasienne au visage refait qui lève les yeux au ciel. "Le Louvre à Paris", lui dis-je avec mon meilleur accent français. La réponse le satisfait, il dit que les français ont de la culture contrairement à d'autres. J'ai l'impression qu'il est sous l'influence de substances illicites, ou bien maniaque. En sortant du gratte-ciel, je me dirige vers le Madison Park et le "Flat Iron Building", avant de rentrer me coucher. (écrit le: 2017-10-14) catégorie: voyages

Premier jour à New York
date: samedi 07/10/2017 (41 ans) lieu: New York

J'ai mis le réveil à 7h15, et vers 7h30 Ahmed passe chercher quelques affaires. Son lit n'est pas défait, et j'apprends qu'une chambre supplémentaire a été libérée. Ouafae s'occupe du groupe, et fait le lien avec l'agence de voyage. Elle nous a trouvé une autre chambre afin que nous soyons plus à l'aise. Puis c'est l'heure du petit déjeuner. J'essaye de comprendre comment fonctionne le buffet, puis demande de l'aide à des membres du groupe pour savoir ce qu'il faut faire. Au bout de trois allers-retours je finis par comprendre que les couverts sont cachés dans les serviettes en papier. Je remonte ensuite au 15ème étage, mais ma clé ne fonctionne plus. J'explique mon problème à l'accueil, et une hôtesse reprogramme la carte afin que je puisse à nouveau rentrer dans ma chambre. Puis je pars pour ma première destination de la journée: le marché bio d'Union Park. Ce quartier est directement accessible par Broadway, je décide donc de louer un vélo "Citi Bike". Il s'agit ni plus ni moins d'un Vélib' comme à Paris. On paye 12$ pour la journée et on peut rouler avec n'importe quel vélo pendant 30mn (4$ de plus par tranche de 15mn supplémentaires). Il suffit d'attacher le vélo et d'attendre 2mn pour en reprendre un autre (on passe sa carte de crédit à la borne pour obtenir un nouveau code à 5 chiffres à taper sur le système d'attache du vélo). Les voitures et les bus me frôlent mais malgré le danger je me sens bien dans le trafic. Je prends quelques photos, puis reprends une bicyclette pour aller à Battery Park. Le ferry part vers 11h30 pour visiter Liberty Island puis Ellis Island. C'est l'occasion de découvrir la statue depuis le bateau et de prendre quelques photos. Sur l'île, je marche autour du piédestal, mais j'hésite à faire la queue pour monter à l'intérieur. Puis je me dirige vers l'embarcadère pour aller vers Ellis Island où se trouve un musée de l'immigration américaine. De très émouvantes expositions nous permettent de nous mettre à la place de ces milliers de gens qui sont passés par ce point d'entrée privilégié vers les USA. Les histoires très personnelles des migrants ont un écho particulier dans mon esprit, surtout avec l'administration Trump actuellement au pouvoir. Puis, vers 14h, je prends un sandwich végétarien et un cookie sans gluten à la cafétéria (il ne restait plus que ça) avant de repartir vers Manhattan. On voit partout des papillons "Monarques", j'en prends quelques uns en photo dans Battery Park, puis me dirige vers le pont de Brooklyn, toujours à vélo. Je croise beaucoup de gens très excentriques, comme cet homme en sous-vêtements féminins en dentelles et couronne de la statue de la Liberté en mousse sur la tête. Une jeune femme au crâne rasé qui descend le bord de l'Hudson torse nu sur son vélo, et personne n'y trouve à redire. Je traverse ensuite le pont, encombré de piétons en ce samedi après-midi, puis rentre sur l'île principale par le pont de Manhattan. Cet exercice physique m'amène tout naturellement dans Chinatown et Little Italy. J'achète un thé glacé (ma boisson favorite pendant ce week-end) chez "Donkin' Donuts" puis rentre à Times Square en métro vers 18h. J'ai beaucoup transpiré, et les couloirs du métro sont tout simplement surchauffés, heureusement que les rames sont climatisées (ces deux évènements étant probablement liés). Après avoir pris une douche et fait une petite sieste, je sors dîner vers 20h puis fait un détour par les enseignes lumineuses de Times Square. On se croirait en plein jour tellement les écrans éclairent les rues bondées. Puis je me dirige vers une salle de cinéma pour aller voir "Blade Runner 2049" sur un très grand écran. L'entrée coûte 21$, le film commence vers 22h20 et se termine vers 1h du matin. L'absence de sous-titres m'empêche de tout comprendre au scénario, mais je suis impressionné par le travail effectué sur les couleurs et j'apprécie l'hommage au film original. (écrit le: 2017-10-14) catégorie: voyages

Musées et Central Park
date: Dimanche 08/10/2017 (41 ans) lieu: New York

Lever à 8h15, puis, après le petit déjeuner, direction le Musée d'Art Moderne (MoMA) sous une pluie légère. Les oeuvres présentes dans la collection font partie du patrimoine mondial. La foule se presse devant "La nuit étoilée" de Van Gogh. Les nymphéas de Monet sont présentés dans une pièce dédiée à ce chef-d'oeuvre, ce qui crée une surprise réconfortante. Puis on découvre des oeuvres iconiques de Picasso comme « les demoiselles d'Avignon », ou la fameuse guitare. Je redécouvre avec émotion "La Danse" de Matisse. Ce jour là, une exposition temporaire présente l'oeuvre de Louise Bourgeois, et une autre celle de Max Ernst. Puis direction Central Park après avoir assisté à une parade en hommage à la communauté hispanique de New York sur la 5ème Avenue. Les avenues vont du nord au sud et les rues de l'est vers l'ouest. Je prends un vélo "Citi Bike" (j'avais pris un abonnement de 3 jours), puis réponds à une jeune femme qui voulait savoir comment éviter de payer de supplément de 4$ si elle prenait un vélo. Il fait très chaud pour un mois d'Octobre, et la pluie ne rafraîchit pas l'atmosphère. Je dépose mon vélo après un petit tour du parc et finis à pied en passant devant le Metropolitan, le plus important musée de la ville. Il est 13h30 quand j'achète un plat dans un échoppe ambulante afin de me remplir l'estomac. J'entre enfin dans le Guggenheim, dans lequel je visite l'exposition sur l'art chinois post-1989. J'admire également la collection permanente de très haut niveau (Picasso, Toulouse-Lautrec, etc...). L'air conditionné est une bénédiction face à la moiteur tropicale des rues de New York. Puis je reprends un vélo pour tourner dans la partie sud de Central Park. Je croise quelques vélos-taxis, et évite les sportifs ainsi que les calèches, le mode de transport iconique du parc. Les cyclistes en vélos de course donnent des coups de sonnettes rageurs pour m'avertir qu'ils me doublent (les vélos les plus lents doivent serrer à gauche, ce que je n'avais pas compris). Je pose mon vélo, puis achète une boisson devant le Guggenheim avant de partir vers le nord direction Harlem. Je passe devant l'Apollo, une fameuse salle de jazz qui a révélé de très grands artistes. Enfin, je retourne à Times Square par le métro 2. Il fait une chaleur de bête sous terre. On dirait qu'une fermentation dégage cette température et crée le compost qui rend possible l'érection des grandes tours qui peuplent l'île de Manhattan. Je suis exténué, et après une douche et une très longue sieste, je sors dîner dans un fast-food "Wasabi" qui vend évidemment de la nourriture japonaise. En rentrant, je fais un détour pour m'acheter une bouteille d'eau gazeuse dans un distributeur. Il y a un gros glaçon dans la bouteille, et le gaz s'échappe violemment du goulot lorsque j'ouvre le bouchon. Puis je zappe un peu sur les chaînes de TV américaines avant de m'endormir. On attend les résidus de la tempête "Nate" demain, et donc de la pluie. (écrit le: 2017-10-14) catégorie: voyages

Studios NBC et Madison Square Garden
date: lundi 09/10/2017 (41 ans) lieu: New York

Réveil difficile vers 8h. J'ai encore besoin de sommeil mais c'est surtout la météo qui me démotive. Il pleut et la température ne baisse pas. Je pars vers les studios NBC dans le Rockfeller Center où j'ai réservé une place pour une visite guidée à 11h. Celle-ci commence par une vidéo, qui nous est présentée dans une petite salle juste assez grande pour les 15 visiteurs du groupe. Puis nos deux hôtesses nous guident dans le bâtiment pour découvrir d'abord le plateau du journal télévisé. Cet espace minuscule est bourré à craquer de câbles, de projecteurs et d'écrans. Des caméras téléguidées depuis la régie roulent autour d'une table, recouverte d'une nappe pour éviter que la poussière ne s'y dépose. La visite se poursuit par un arrêt devant le lieu de tournage du "Saturday Night Live". Nous passons ensuite sur un autre plateau de tournage du talk-show de Megyn Kelly. Enfin, après être passé devant les bureaux des techniciens, nous aurons l'occasion de nous essayer à la réalisation d'une émission. Chaque membre du groupe doit choisir son rôle: présentateur, speaker, invité, musicien, technicien ou spectateur. Tout est scripté bien sûr, mais cette petite mise en situation est un des moments fort de la visite. Nous repartirons avec un lien pour visualiser dans une vidéo le résultat de notre "travail". On m'y voit appuyer sur des boutons, en bon « technicien » que je suis. Je pars ensuite affronter la pluie et faire un peu de shopping. C'est le "Colombus Day", et la communauté italienne de la ville défile dans la 5ème Avenue. Ce jour est également une grande fête commerciale, avec des promotions dans la plupart des magasins. Je trouve un refuge pour faire sécher mes vêtements dans la "Grand Central Station". La salle principale est absolument magnifique, avec ses lampadaires baroques et son plafond éclairé par des spots qui figurent des constellations. Je fais une pause dans le magasin Apple, puis avale un sandwich près de la sortie nord de la gare. On trouve également un marché couvert particulièrement bien fourni en produits frais. Tout près de là se situe le Chrysler Building, que je prends en photo même si sa flèche est encastrée dans les nuages. Des hommes en costumes et chapeaux noirs m'interpellent parfois pour me demander si je suis juif. Mes chaussures glissent sur les plaques d'égouts métalliques couvertes de pluie. Après un détour par une salle dans laquelle on contrôle notre identité, j'entre aux Nations Unies. Il y règne une ambiance particulière, comme souvent dans les bâtiments qui hébergent des institutions internationales. Au sous-sol, je passe par la librairie, puis par le magasin de souvenirs. En sortant, je croise beaucoup de touristes coréens et chinois. Puis je vais à Macy's, un grand magasin du style des Galeries Lafayette. Je n'achète rien, mais j'ai le bonheur de voir mes vêtements un peu plus secs qu'à mon arrivée. Il est 16h30 et je rentre à l'hôtel prendre une douche. Vers 18h45, direction le "Madison Square Garden" pour voir un match de basket entre les Knicks de New York et les Rockets de Houston. Cette salle de spectacle se situe à deux pas de mon hôtel. Il s'y passe toujours quelque chose, des concerts de rock ou des compétitions de hockey sur glace. Avant le match, il y a un jeu avec les caméras qui filment les spectateurs. Quand ils apparaissent sur l'écran géant, ils doivent réagir le plus vite possible et danser, montrer leurs muscles ou s'embrasser. Certains spectateurs mettent un moment à comprendre qu'ils sont filmés, ce qui provoque l'hilarité générale. Avant le début du match, on interprète l'hymne américain, comme c'est de coutume avant une grande rencontre. Tout le monde se lève, et certains mettent la main sur le coeur. Il est cette fois joué à la guitare électrique. Un véritable show à l'américaine précède l'entrée des joueurs new yorkais. Le fils de Yannick Noah, Joakim, est sur le banc (il se remet de blessures). A la fin du premier et du troisième quart-temps, les pom-pom girls brillent de milles feux en exécutant leurs acrobaties. Un mini-match de basket en fauteuil roulant a lieu pendant la mi-temps. Les bleus gagnent d'un cheveu contre les blancs. Pendant les temps morts, des t-shirts sont propulsés sur les spectateurs dans des tubes à air comprimé. Un ballon gonflé à l'hélium, et équipé de petites hélices, tourne dans l'enceinte du stade. Il est équipé d'une caméra qui filme les spectateurs en grand-angle. Puis arrive la fin du match, et la défaite des Knicks. il faut dire qu'il leur manque un meneur de jeu comme James Harden, le meilleur marqueur de la rencontre côté Houston. En sortant de la salle, je reconnais dans la rue le trompettiste Dave Guy des Roots, un groupe qui se produit dans l'émission "The Tonight Show" présenté par Jimmy Fallon sur NBC. Je remonte quelques rues pour me chercher à manger, puis rentre à l'hôtel pour préparer mon escapade dans le Queens le lendemain. (écrit le: 2017-10-14) catégorie: voyages

Queens et retour à Paris
date: mardi 10/10/2017 (41 ans) lieu: New York

Dernier jour à New York ! Il est prévu un temps magnifique et des températures proches de 83° Fahrenheit, soit plus de 28° Celsius. Je quitte la chambre et laisse mes bagages à l'accueil puis décide de prendre un peu l'air à l'extérieur de Manhattan. Avec la ligne de métro qui a son terminus vers Flushing Meadows, le stade de tennis, je rejoins en moins d'une heure un parc situé à deux pas de l'aéroport de « La Guardia ». Des terrains de football (soccer) et de tennis se trouvent dans cet espace vert. Ce lieu a été aménagé en 1939 pour la Foire internationale de New York. J'arrive devant une fontaine au centre de laquelle se trouve un globe terrestre gigantesque, la fameuse "Unisphère". Je passe ensuite devant le théâtre du Queens et le "Centre de loisirs", dont la structure particulière a été remarquée dans une scène assez célèbre du film "Men in Black". Après avoir traversé l'autoroute, je rentre dans le Zoo, un lieu rempli d'animaux endémiques du nord de l'Amérique. Il y a des pumas, des coyotes, des bisons, des ours bruns. Des groupes de jeunes enfants s'émerveillent devant les perroquets de la volière. Je prends une bouteille d'eau dans la boutique du zoo, puis pars en direction de la station de métro pour rentrer vers le centre-ville. Je m'arrête à Court Square pour découvrir un quartier assez jeune et cosmopolite. Je finis par trouver un café dans lequel j'achète un sandwich à la mozzarella. Le rendez-vous à l'hôtel pour partir en bus vers l'aéroport est à 19h. Il me reste encore six heures devant moi. Je décide de monter vers Central Park pour faire quelques photos. C'est encore l'été ici, des promeneurs en t-shirt se baladent ainsi que des coureurs dans les allées ensoleillées. Je passe devant le "Bow Bridge" sur lequel des amoureux se prennent en photo. Des barques passent sous le pont. Des enfants jouent sur les pelouses et des lecteurs de romans sont assis sur les bancs, écoutant des musiciens qui jouent de la guitare à l'ombre des érables. Je marche ensuite vers l'hôtel et j'entre dans une boutique de souvenirs pour ramener quelques cadeaux dans mes bagages. Il est 18h45, et je rejoins le groupe à l'accueil. Nous attendons le bus ainsi que la guide (pas la même que le premier jour). Les valises un peu trop remplies sont rangées dans les coffres du bus qui nous amène à l'aéroport JFK. Les embouteillages massifs nous ralentissent un peu. Nous passons ensuite à l'enregistrement des bagages (certaines valises dépassent allègrement le seuil des 23 kg). La file d'attente pour passer la douane semble durer une éternité. Il faut enlever nos chaussures, ce qui ne me peine pas beaucoup étant donné que mes pieds sont meurtris à force d'avoir marché dans tous les sens. Nous sommes appelés à l'embarquement vers 23h30, et j'ai une place à côté du hublot. Mes ampoules me font souffrir, j'enlève mes chaussures puis attends la fin de la phase de décollage pour m'endormir. Nous sommes désormais Mercredi 11 Octobre. Je me réveille pour le dîner, puis me rendors jusqu'au petit déjeuner. Il est 12h20 lorsque l'avion pose ses roues sur le tarmac. Il est vraiment trop tôt ou trop tard, je ne sais plus, mais il me manque quelques heures de sommeil c'est certain. Je reprends ma voiture au parking Px de CDG. La circulation est fluide et je rentre facilement chez moi. La télécommande de la porte du parking sous-terrain ne marche pas, je gare ma voiture dans la rue. Il me reste deux jours de congés dont je compte profiter pour me remémorer mon expérience new-yorkaise. (écrit le: 2017-10-14) catégorie: voyages

Breath of the wild sur PC
date: lundi 23/10/2017 (41 ans) lieu: Guyancourt

Depuis mon retour de New-York, je traverse une période assez déprimante. Rien ne trouve grâce à mes yeux. Comme souvent quand je suis seul, je me concentre sur mon travail et les jeux vidéo. Le salut viendra de mon incapacité à l'ennui. Je découvre que des développeurs sont parvenus à émuler sur PC les jeux de la console "Wii U" de Nintendo. Or, celui auquel je rêve de jouer depuis des mois est disponible sur cette console. "Zelda, Breath of the wild", un jeu d'aventure en monde ouvert. Un frisson a traversé ma colonne vertébrale alors que je vois par hasard cette information sur le site internet "Kotaku". Auparavant, j'avais toujours acheté une console afin de jouer le plus tôt possible après leur sortie aux jeux Zelda: Game Boy, Nintendo 64, Gamecube, Wii... Par contre, j'avais ensuite attendu patiemment que ces consoles soient émulées sur PC pour pouvoir rejouer à ces classiques que sont "A link to the past", "Link's awakening", "Ocarina of time", et bien sûr "Wind Waker". Pour ce dernier, j'avais terminé l'aventure en 2006 sur console, et l'avais recommencée sur PC en savourant chaque instant entre 2015 et 2016. Rien que l'idée de ne pas avoir besoin de m'équiper d'un nouvel appareil me met en joie. La "Wii U" est une console qui ne me fait pas du tout envie, avec l'écran intégré à la manette. Pour l'émuler, il faut "simplement" récupérer une copie numérique du jeu (très volumineux), et configurer l'émulateur "cemu", un logiciel qui interprète le jeu pour qu'il soit executé sur PC. Autant le dire tout de suite, tout cela est purement et simplement illégal. J'ai longuement attendu que le jeu soit téléchargé. Mon PC est assez puissant. Un processeur Core i7, une carte graphique Nvidia assez récente et un disque SSD. Je suis impatient, et mes premiers pas décevants sont à la hauteur de mon attente. Le jeu démarre, mais des écrans s'affichent successivement toutes les deux ou trois secondes. Impossible d'imaginer jouer dans ces conditions. On pourrait en rester là, mais une lueur d'espoir finit par s'allumer. Des guides d'optimisation de réglages de "cemu" sont disponibles un peu partout sur internet. J'avance par bonds, 5 images par secondes après avoir paramétré la carte graphique, 10 images par secondes après avoir utilisé un "hack". Je commence à pouvoir faire bouger mon personnage sans trop de difficulté. J'en profite pour faire un tour dans une montagne et meurs glacé au bout de quelques minutes. Mes efforts pour réussir à jouer me donnent l'impression de donner des coups d'épaule dans une porte pour l'ouvrir. Une astuce pour charger des éléments (textures,...) avant de lancer le jeu me permet finalement de tourner autour des 20 images par seconde. Ca n'est pas extraordinaire, mais ça commence à être confortable (le jeu est limité à 30 images par secondes). Je découvre l'ambiance si particulière du monde d'Hyrule qui m'entoure. Je fais du feu, abats des arbres, tue des monstres et fais la cuisine. J'arrive à la Tour du Prélude, qui conclue l'introduction du jeu. Régulièrement, un événement provoque un plantage du jeu. Il s'agit de la "lune rouge", au cours de laquelle les monstres que l'on a fait disparaître renaissent de leurs cendres. Je perds souvent mes sauvegardes à cause de ce problème. Finalement, je comprends que la cause du bug qui survient pendant les cinématiques vient du réglage de la langue en français. Je continuerais donc mon aventure en anglais... Les contributeurs au logiciel cemu ont droit aux dernières versions du logiciel, mais je n'en fais pas partie. Je télécharge régulièrement les mises à jour, et découvre que les performances s'améliorent petit à petit. Tout est assez fluide désormais alors que j'arrive chez les Zoras. Des souvenirs d'enfance traversent mon esprit charmé par l'environnement enchanteur de l'univers. Je me rappelle de ce générique de ce dessin animé, "Heidi", dans lequel la petite fille cours dans une montagne de carte postale et se laisse rouler dans l'herbe. Il a été réalisé par Isao Takahata et Hayao Miyazaki dans les années 80 et je l'avais vu alors que j'avais 5 ou 6 ans. On voyait la petite fille allongée sur un nuage porté par le vent, observant la nature dans laquelle elle se sentait si bien, alors qu'elle avait été contrainte de vivre dans une grande ville, chez sa tante à Francfort. On peut en effet ressentir le même frisson dans le jeu "Breath of the wild", en déployant la "paravoile", une sorte de parachute permettant de parcourir une certaine distance en volant quelques instants dans les airs. C'est l'impression de liberté qui me fait revenir dès que je peux dans cette ambiance à la fois enfantine et immersive. Il faut penser à sa survie, et donc porter les vêtements adaptés au climat, prévoir de la nourriture et des potions. Mais il faut aussi atteindre l'objectif du jeu qui est de libérer le monde d'Hyrule du joug du maléfique Ganondorff, retrouver nos souvenirs perdus depuis une centaine d'années, aider des villageois et tellement d'autres tâches complexes. Afin d'améliorer l'expérience, je finis par connecter mon PC avec un vidéoprojecteur. Je diffuse l'image sur un mur blanc dans le salon, confortablement installé dans un fauteuil avec mon casque sur les oreilles. J'arpente les recoins de ce monde à cheval, à pied, ou en utilisant les points de téléportation. J'attends patiemment l'apparition d'un dragon, et tente à plusieurs reprises de lui arracher une écaille. Quand j'y arrive enfin, j'ai ce sentiment d'avoir réalisé un exploit. Chaque région semble cacher un secret, laisser une énigme à résoudre ou tout simplement inviter à la contemplation. A un bout de la carte, un temple ne semble accessible qu'après avoir franchi un précipice, avec un vent de face par dessus de le marché. Il cachait un labyrinthe, comme dans de nombreux autres lieux, inaccessibles sans avoir débloqué certaines compétences (sauter plus haut, gagner en endurance, mieux résister aux attaques,...). L'objet que l'on empoche en réussissant à atteindre le centre du labyrinthe ne m'a pas marqué outre mesure. Ce dont je me souviens, par contre, c'est la joie de découvrir un lieu, de s'y perdre en essayant de comprendre comment il a été construit. La persévérance donc. Mais aussi le temps de s'égarer, pour mieux se retrouver. C'est cela que je cherche et cela reste sans doute la plus belle expérience vidéo-ludique qu'il soit possible de vivre. Quand on termine ce jeu, on se rend compte de tout ce à côté de quoi on est passé. Comme le dit le personnage de Mathieu dans le film "Huit fois debout": celui qui atteint sa cible manque tout le reste... J'étais passé à côté de quelque chose, mais ces moments restent dans ma mémoire comme du temps magnifiquement gâché. (écrit le: 2021-05-28) catégorie: jeux vidéo

Fabriquer un meuble
date: Dimanche 12/11/2017 (41 ans) lieu: Guyancourt

La décoration laisse à désirer dans mon appartement un peu vide. Mon canapé acheté chez Alinea est confortable, mais quand je bois une tasse de thé, j'ai besoin de la poser quelque part. Il me manque une table basse. J'imagine qu'un petit meuble posé entre mon canapé et l'entrée de la pièce serait tout à fait à sa place. Mais je ne trouve pas mon bonheur chez les constructeurs de meubles. Comme j'ai beaucoup de temps libre, je vais chez Ikea un samedi. J'y trouve un meuble trop grand et pas très solide. Je le prends quand même au vu de son prix. Mais il ne correspond pas à mon besoin, le plateau est trop bas, et il gêne au niveau de l'entrée du salon. Depuis quelques mois, je passe du temps sur le site internet "Etsy", où je trouve une source d'inspiration chez les particuliers qui fabriquent des objets très personnalisés. Je me dis qu'un meuble plus adapté, solide et de la bonne taille pourrait y être vendu, si possible en France. Au bout de quelques jours de recherche, je tombe sur la photo d'une petite table aux dimensions idéales. Mais il est vendu par un anglais, et les frais de ports sont exhorbitants. J'ai alors l'idée de noter les dimensions du meuble afin de le reproduire, en l'adaptant à mes besoins. Je fais un croquis, et j'imagine les différentes pièces qui composent cet objet. J'essaye de penser à tous les détails. Puis vient le moment d'acheter les morceaux du puzzle. Je demande de l'aide à Gérard et ma mère pour ne pas me tromper dans les rayons de Leroy Merlin. Ils m'aident à trouver des pieds chromés qui sont pratiquement identiques à ceux que j'avais imaginé poser. Pour le découpage des tasseaux, cela m'a demandé beaucoup de précision, il fallait en effet qu'ils mesurent tous exactement la même taille. Là encore, Gérard qui m'a beaucoup assisté pour obtenir six morceaux identiques. Tous les éléments ont été fixés avec des vis à bois, et j'ai constaté avec bonheur que la table était très solide, au point que je pouvais m'assoir dessus sans problèmes. Puis est venu le moment de la peindre. J'ai trouvé une peinture à l'eau couleur "chocolat" et je vais poser une couche de vernis blanc sur le plateau supérieur. Il ne me restait plus qu'à profiter de ce nouveau meuble, pétri de satisfaction de l'avoir construit moi-même. (écrit le: 2022-09-23) catégorie: bricolage

Coupe du monde 2018
date: Dimanche 15/07/2018 (42 ans) lieu: Guyancourt

J'avais complètement abandonné l'idée de maintenir un site de pronostics sportifs en 2014, faute de participants. Pour cette Coupe du monde de football en Russie, je participe à un concours organisé par des collègues de travail. Les prédictions sont enregistrées sur le site "Scorecast", et le vainqueur pouvais gagner une boîte de bonbons. J'arrive enfin à obtenir un code d'accès de l'organisateur, alors que la compétition a déjà commencé depuis plus d'une semaine. J'ai donc beaucoup de points de retard. Alors que j'étais allé à Marseille il y a plus de deux ans, un guide d'excursion m'avait surpris en prédisant la victoire de la France en finale. Une deuxième étoile sur le maillot... on en rêvait, mais sans oser le dire. Alors que les premiers matchs commencent, un gros point noir se dessine, le décalage horaire qui était un peu gênant. Je suivais quand je le pouvais les rencontres, bien installé dans le canapé de mon salon. Certains matchs de l'équipe de France avaient lieu en pleine journée, notamment le huitième de finale contre l'Argentine et le quart de finale contre l'Uruguay. Notre employeur avait trouvé un moyen technique pour diffuser en streaming les rencontres sur l'écran de notre ordinateur professionnel. On a pas beaucoup travaillé, même si la productivité n'aurait pas été extraordinaire avec ou sans cette astuce. J'avais quelques succès dans mes pronostics. Il faut dire que l'étudiant en alternance qui m'accompagnait depuis septembre était beaucoup plus doué que moi pour prédire les résultats, et il me donnait quelques tuyaux. Je remontais tout doucement le classement général face à mes collègues. Le site de pronostics permettait de changer son pseudonyme quand on le souhaitait. Un jour, tous mes collègues ont changé leur nom en "biscotte" en hommage à au nom de famille d'un des participants. Ils avaient également changé leur avatar pour choisir le maillot du Barça. Du coup, personne ne savait qui était le premier du classement. J'ai fait rire tout le monde en changeant mon pseudo en "mascotte", étant donné que je ne travaillais avec eux qu'un jour par semaine. Tout le monde a fini par reprendre son nom au bout d'un moment, car à force de changer en "craquotte", "marmotte", etc... on ne s'y retrouvait plus. Le jour de la finale contre la Croatie, je me sentais galvanisé par l'enjeu. J'imaginais que la défaite de mon pays était impossible. Fidèle à mon score fétiche (1-0), je me suis carrément trompé. Certes, la France a gagné, mais sur un score de 4 buts à 2. Je n'ai pas fini premier du classement des pronostics, mais j'étais assez content d'avoir atteint la troisième place en partant de si loin. (écrit le: 2023-10-11) catégorie: sport

Bruxelles à vélo 1er jour
date: mardi 23/10/2018 (42 ans) lieu: Guise

Depart de Noyon pour Bruxelles, mais le vélo n'avance pas vite. Je prends beaucoup de retard, et finis par arriver péniblement au musée de la Résistance et de la déportation de Terguier. Je n'ai pas le temps de le visiter, en prends une photo puis j'enchaîne: La Fère, Brissay-Choigny, et vers 13h, je mange mon pique-nique à Mézières-sur-Oise. Puis, après la ville de Sissy, c'est le familistère de Guise que j'atteins. Cet ensemble de bâtiments du XIXème siècle est très bien restauré, et représente sans doute le meilleur exemple de réalisation d'une utopie sociale et industrielle. C'est ici que sont fabriqués les célèbres poêles en fonte depuis 1846. L'objectif de son concepteur, Jean-Baptiste Godin, était de rendre la vie des ouvriers plus heureuse, lui qui était issu d'une famille modeste et critiquait le capitalisme libéral. Une grande statue de cet homme altruiste trône au milieu de la place centrale. J'entre dans le pavillon central pour visiter les expositions, puis dans le théâtre et la buanderie-piscine. Le temps de prendre un thé à la buvette, je récupère mon vélo posé derrière la boutique puis repars. Osy, Fesmy-le-Sart, Maroilles (très jolie ville d'où vient le fameux fromage). Mes réserves en eau ont beaucoup baissé, et je n'ai plus de jambes. Ce coup de pompe m'oblige à m'arrêter au cimetière du Favril pour remplir ma gourde. Puis c'est Aulnoye-Aymeries, Haumont et enfin, au clair de la pleine lune, Maubeuge. Bourvil chante dans ma tête alors qu'il est 20h30 et que les 40 derniers kilomètres se terminent sur les rotules. Après avoir roulé 140 km, je n'ai pas le courage de chercher un restaurant, je vais manger à celui du Campanile où j'ai réservé une chambre. Je m'endors dans une literie confortable et standardisée. Je repense aux paysages rencontrés, parfois d'une sauvage domesticité. Mais aussi à cette France abandonnée, où des machines remplacent les hommes, où vivent seules des personnes âgées. Des maisons en brique rouge se succèdent, dont certaines sont très belles et bien entretenues. Des éoliennes, des champs de colza et de pommes de terre s'étendent à perte de vue. Des volutes de fumées blanches s'envolent des cheminées de l'usine sucrière d'Origny. Le long de l'Oise, des étangs aménagés pour la pêche affichent des promesses de carpes et de truites arc-en-ciel gigantesques. Dans certaines rues, tous les appartements et toutes les maisons arborent leur petit panneau "A vendre" délicatement plié au milieu et attaché à la rembarde des fenêtres. J'imagine le désarroi de ces gens qui ne peuvent partir, bloqués entre deux vies, puis sombre dans un sommeil profond. (écrit le: 2019-11-24) catégorie: voyages

Bruxelles à vélo 2ème jour
date: mercredi 24/10/2018 (42 ans) lieu: Bruxelles

Après un petit déjeuner à la gaufre, direction Bruxelles ! Je charge mon vélo de randonnée, qui était bien à l'abri, posé sur sa béquille à côté de mon lit dans la chambre de l'hôtel Campanile. Une belle ligne droite orientée au Nord m'attend. La bruine du matin est gênante, des gouttelettes se collent sur le verre de mes lunettes. La belle ville de Mons se découvre après une frontière inexistante. Des immeubles d'une grande diversité s'alignent autour du boulevard périphérique de cette ville universitaire. Puis direction Soignies, sur une route toujours aussi droite mais que j'espérais plus plate tant mes bagages pèsent lourd. Des canettes de bière "Jupiler" s'entassent au bord de cette route empruntée par de nombreux camions. J'arrive à Tubize pour le déjeuner, et m'assois sur le pilier de la clôture d'une maison à l'abandon. J'engloutis un sandwich acheté dans une station service. Une piste cyclable longe le canal entre Hal (Halle en néerlandais car la langue a changé depuis quelques kilomètres!) et Bruxelles. Finies les petites montées et les descentes, je suis sur du plat, au plat pays. Les quartiers de banlieue apparaissent à l'horizon, et l'architecture me déprime un peu. Heureusement, le paysage deviens moins monotone alors que j'approche du centre-ville, où des petits moulins à vent colorés longent le canal dans le quartier de Mollenbeek. Après 80 km de route, j'arrive à l'accueil de l'hôtel Ibis et laisse mon vélo à une hôtesse. Il est 15h30, l'heure de prendre une douche et de prévoir mes activités du lendemain. J'ai les jambes en feu, les fesses anesthésiées, et une troisième journée de trajet d'affilé m'aurait sans doute achevé. Mais c'est surtout la décision de couper le trajet en deux à Maubeuge que je remets en cause. J'aurais dû m'arrêter à Maroilles pour équilibrer les distances à 100 km par jour. Je sors dans le quartier de la Bourse pour m'acheter un sandwich et une boisson puis rentre dîner dans la chambre. (écrit le: 2019-11-24) catégorie: voyages

Bruxelles à vélo 3ème jour
date: jeudi 25/10/2018 (42 ans) lieu: Bruxelles

Réveillé à 8h, j'ai peine à lever mes jambes pour descendre dans la salle du petit déjeuner. Trois hommes et une jeune femme partagent avec moi l’ascenseur qui se dirige vers le rez-de-chaussée. Arrivé devant le distributeur à café, la jeune femme se coupe la main en ramassant une tasse brisée. Je la regarde se faire soigner par le personnel de l'hôtel, puis prends un plan de la ville en libre-service après avoir avalé un petit déjeuner copieux. Le "MIMA", un musée d'art moderne à Mollenbeek propose une expo sur les affiches contestataires des années 60-70. La collection est bien représentative de cette période qui a suivi Mai 68 où la sérigraphie à bon marché était en pleine explosion. Ces affiches envahissaient les villes en marquant les esprits. On y retrouve les slogans: "Il est interdit d'interdire", "Les frontières, on s'en fout !", etc... Je sors ensuite me balader dans le centre-ville, et passe devant le Manneken Pis, les galeries royales St Hubert et la Place Centrale. J'entre ensuite dans le musée des Beaux-Arts pour voir les tableaux de Bruegel, ainsi que les collections. Le self du musée propose des plats assez nourrissants pour un prix abordable. Je mange ma purée de pomme de terre moulée en forme de grosses sphères sur une assiette au format king-size. L'ambiance est feutrée, pareille à celle d'une boutique de luxe qui vendrait du prêt-à-porter. Des bruxelloises retraitées discutent de leur progéniture décevante autour de moi. Je me dirige ensuite vers le Palais de Justice puis le Jardin Botanique, qui accueille une exposition de Bernard Villers: "La couleur manifeste". Ce plasticien joue avec les matières et les couleurs en perfectionniste du monochrome. C'est harmonieux, même si on ne peut s'empêcher de noter une certaine provocation chez l'artiste ! On est parfois plus proche de la peinture en bâtiment que du chef d'oeuvre. Vers 19h30, je pars visiter la "Maison Autrique", du nom du mécène de Victor Horta. Il a commandé l'un de ses premiers chantiers à cet architecte passionné par les formes végétales. S'y tient une représentation de piano interprété par Mathilde Mazabrard. La maison participe à l'ouverture nocturne de certains musées le jeudi entre septembre et décembre. Une exposition d'étoffes et de papiers peints du XIXème s'y visite également, ainsi que le mobilier et la décoration Art nouveau. Je me trouve en présence d'un important morceau restauré du patrimoine architectural bruxellois. J'y retrouve l'ambiance si particulière des maisons de Sherbeek, que j'avais découvert en visitant celle de Magritte en 2008. Elle me rappelle aussi la maison d'Anne Franck à Amsterdam. Peu d'espace, mais de nombreux étages, un petit jardin à l'arrière, et le charme désuet de cette époque révolue. Je sors de là sans avoir vu le concert, car une foule nombreuse s'est pressée dans la pièce où le piano est installé. Heureusement la musique s'est propagée dans le bâtiment tout entier. Le quartier est peuplé d'habitants d'origine turque, et il y a peu de mixité sociale. J'achète de quoi dîner, puis rentre à l'hôtel en espérant que la marche n'aura pas trop usé mes muscles et mes articulations. Il faut dire que j'ai encore 80 km à faire le lendemain et 140 km samedi. (écrit le: 2019-11-24) catégorie: voyages

Bruxelles à vélo 4ème jour
date: vendredi 26/10/2018 (42 ans) lieu: Bruxelles

J'ai à peine réussi à faire sécher mes vêtements. Ils ont été lavés dans le lavabo de la petite salle de bain, avec le savon liquide fourni par l'hôtel dans un tube accroché au mur. Il faut dire que j'ai pris le strict nécessaire en terme d'équipements, afin de ne pas alourdir mon vélo. Je descends le récupérer après le "check-out" de l'Ibis. Un dernier tour en deux roues dans les rues si agréables de Bruxelles, puis je rejoins le canal direction Anderlecht. Celui-ci m'amène tout naturellement à Lot, Hal, puis le joli centre-ville de Tubize. J'ai accroché un téléphone portable équipé d'une radio au guidon de mon vélo de randonnée. Je roule en écoutant RTBF la 1ère. On y découvre des émissions qui ressemblent étrangement à celles diffusées par France Inter (cette station diffuse d'ailleurs "Sur les épaules de Darwin", qui vient de la chaîne française). Les kilomètres s'enchaînent et je ne ressens pas de fatigue particulière, juste des douleurs au dos, aux fesses et au cou. L'automne est déjà bien installé, et le voyage aurait été plus agréable en septembre, mais j'arrive à me consoler en pensant à la trop forte chaleur de l'été dernier. Les paysages, devenus familiers, s'offrent à mon regard contemplatif. Les jambes travaillent, la tête se libère. J'arrive à "Ma Campagne", puis Salmonsart, Soignies et Mons. Je reste concentré sur mon objectif, celui d'arriver en France sans avoir trop entamé mon capital énergie. Quand j'ai trop faim, j'ouvre un sac de congélation rempli d'un mélange de graines (cajou, noisettes, courge, raisins secs,...). C'est mieux que de se gaver de barres au chocolat et surtout, c'est plein de vitamines. J'arrive à Asquilles, puis Bettignies. Mes souvenirs de la visite de Bruxelles se bousculent dans mon crâne alors que je rejoins enfin Maubeuge. Il est encore tôt, je décide de me reposer un peu après avoir pris une douche. Je prends le temps de visiter le centre-ville en passant par le musée du Corps de Garde. Avant sa fermeture, je m'arrête dans une supérette afin de choisir mon repas du soir, un sandwich et une part de flan. (écrit le: 2019-11-24) catégorie: voyages

Bruxelles à vélo 5ème jour
date: samedi 27/10/2018 (42 ans) lieu: Maroilles

Les kilomètres s'accumulent dans mes jambes et j'arrive péniblement à me lever pour ce cinquième jour de voyage. Il est déjà 8h quand je décide d'aller prendre le petit déjeuner. La bruine s'est transformée en pluie, et le froid commence à se faire plus mordant. Équipé de mon imperméable, je me lance pour cette dernière journée avec peu d'entrain. Ma mère me contacte et me convainc d'aller me rejoindre à Maroilles pour m'emmener à ma voiture garée à Noyon. J'arrive à Haumont, puis Aulnoy-Aymeries. Assez rapidement, j'atteins les basses Noyelles. Puis, vers 12h, je m'arrête à Maroilles dans un restaurant qui sert les fameuses "flamiches", il s'appelle "Les Caves de l'Abbaye". Ma mère me rejoins vers 13h, alors que j'ai bu une bière et que je suis assis bien confortablement à la table située près de la porte d'entrée. Après un repas très copieux, nous partons en direction de Baboeuf. C'est là que se trouve le jardin des Monterelles. C'est le dernier jour d'ouverture avant l'hivernage de cet espace dédié à la nature. On y trouve des plantes et des arbres remarquables. Au bout d'un chemin de terre, l'entrée du parking se découvre enfin. Mais nous arrivons trop tard, et la porte reste fermée. Finalement, nous allons chercher ma voiture à Noyon. Ma mère m'invite ensuite à passer la nuit du samedi au dimanche à Eméville. Je calcule la distance parcourue, environ 330 km, sur les 440 prévus au départ. J'ai l'impression d'en savoir un peu plus à l'arrivée sur cette région. Je repense aux salariés de l'aciérie de St Saulve, qui se battaient pour ne pas perdre leur emploi. Aux centaines de milliers de gens qui se sentent abandonnés, inutiles. Aux conséquences que cet état d'esprit pourrait avoir sur notre société. Aux gilets jaunes qui se réunissaient sur les ronds-points... (écrit le: 2019-11-24) catégorie: voyages

Départ pour San Francisco
date: Dimanche 03/11/2019 (43 ans) lieu: San Francisco

Après nous être levés à 5h, nous partons à 5h45 en voiture pour l'aéroport. Destination le parking PR ECO de Roissy. Puis nous prenons le CDG Val jusqu'au Terminal 1 pour enregistrer les bagages. On passe la douane puis la sécurité. Christine constate que l'on ne sera pas assis l'un à côté de l'autre dans l'avion et demande à faire changer nos places. Nous allons ensuite à la Brioche Dorée pour prendre notre petit-déjeuner. A 7h30, on entre dans l'avion mais la guichetière n'a pas réussi à faire mieux que de nous donner des places plus faciles à échanger avec les autres passagers. A ma grande joie, une femme asiatique assise à côté du hublot finit par me proposer en anglais d'échanger sa place avec Christine qui est côté couloir sur les places du milieu. L'avion décolle vers 9h. On nous sert quatre repas légers. D'abord une gaufre, puis des oeufs brouillés avec un muffin et une salade de fruits. Puis un sachet contenant des abricots secs, de la vache qui rit et des biscuits petits écoliers. Enfin vers 1h30, avant l'atterrissage un sandwich à la dinde, des chips et une salade de fruits. Les stewards d'United Airlines sont très polis. On admire le paysage par le hublot. La couche de nuages au dessus de l'Ecosse, le soleil qui n'en finit pas de se lever, les lacs et les montagnes... La vitre se teinte automatiquement en fonction de l'éblouissement. On finira en beauté par une vue somptueuse sur la baie de San Francisco et bien sûr le Golden Gate ensoleillé par l'est car il est à peine 10h heure locale quand nous arrivons à destination après un peu moins de 11h de vol. Pour nous occuper, et vu qu'il est quasiment impossible de dormir, nous regardons des films et des séries sur l'écran fixé au siège situé devant nous. On ne retrouve plus le petit oreiller que Christine avait au décollage, perdu sans doute au moment d'aller aux toilettes. Elle regarde "The art of driving in the rain", et un film sur un chienne nommée "Bella" qui retrouve la famille qui l'avait adoptée après un long périple. Je regarde "Alita Battle Angel" puis trois épisodes de la série "Chernobil" sur la catastrophe de la centrale nucléaire en 1986. Nous sortons de l'appareil assez fatigués, j'ai mal à la tête et Christine a mal aux jambes et ses pieds la font souffrir. Après s'être enregistrés sur des machines qui nous ont pris en photo et on enregistré nos empreintes, nous faisons la queue pour passer la douane. C'est très long, ce qui laisse le temps à Christine pour appeler Emma qui a fait un cauchemar. L'agent des douanes nous fait venir tous les deux et nous demande combien de temps nous restons aux USA. Christine ne comprend pas bien ce qu'il dit, je fais la traduction. Le temps de récupérer nos bagages, nous allons sur le quai du train (B.A.R.T. l'équivalent de notre R.E.R.) vers le centre-ville où se trouve notre hôtel. Le distributeur automatique nous donne deux cartes chargées avec 20$ (le trajet coûte environ 10$, et nous pourrons les utiliser pour le retour). Les rames sont larges et les sièges profonds. Le train parcourt les quelques kilomètres qui nous séparent de Montgomery Street. Nous avons un peu de mal à nous repérer pour chercher la rue de l'hôtel Grant, "Bush Street". On arrive au guichet, un peu trop tôt et notre chambre 502 n'est pas prête. Voyant notre épuisement, l'hôtesse nous installe dans la chambre 510. Il est tard pour nous, même s'il n'est que 14h ici. On en profite pour se reposer un peu avant de sortir faire un tour du quartier. On achète deux ou trois choses à manger à Walgreens. Nous arrivons en quelques minutes à Union Square, puis nous prenons le tramway (les fameux Cable Cars) en direction de Fisherman's Wharf. Ce petit tour de manège est bien agréable. On mange nos m&m's dark chocolate et almond tout en passant devant les boutiques à touristes et les restaurants de fruits de mer. Puis c'est le retour par le tram afin de visiter Chinatown. Nous irons manger dans un des restaurants recommandés par notre guide, le "Great Western". On commande beaucoup trop de choses: Dim Sum, soupe Won Ton, crevettes et riz. La décoration est surprenante et authentique. On rentre à l'hôtel, épuisés et on s'endort vers 22h. (écrit le: 2022-11-02) catégorie: voyages

Musées, Coit Tower et Chase Center
date: lundi 04/11/2019 (43 ans) lieu: San Francisco

On prend le petit-déjeuner au rez-de-chaussée de l'hôtel Grant. Une française retraitée et son petit-fils nous interpellent et discutent un peu avec nous. Ils nous conseillent d'aller voir la Coït Tower. Nous partons ensuite au musée d'art moderne, le SF Moma, situé au centre-ville et qui n'est pas trop loin à pied. Des oeuvres contemporaines majeures s'étalent sur les sept étages de ce bâtiment récemment rénové. On parcourt les sculptures de Calder, les peintures d'Andy Warhol, de Cy Twombly, sur les terrasses, les grandes salles et les couloirs de ce lieu aérien et accueillant. Une exposition sur les photos "ratées" nous surprend par la variété des oeuvres présentées. Son titre est "Don't, the art of mistakes". Avant de sortir, on s'arrête déjeuner au rez-de-chaussée, dans le restaurant du musée justement nommé "In Situ". La carte propose des plats subtils mais pas très nourrissants. En entrée, j'ai pris une salade disposée feuille par feuille sur l'assiette et des brochettes de poulet. En dessert, Christine choisit une glace au potiron accompagnée d'une brioche au chocolat. Dans la coupelle, un cylindre blanc et mousseux, qui ressemble à une meringue, semble appétissant. Christine le met dans sa bouche et s'aperçoit qu'il s'agit d'une serviette ! Le serveur avait sans doute expliqué un peu vite ce que c'était et je n'avais pas compris. Quant à moi, j'ai commandé une glace au caramel au beurre salé, recouverte d'une sauce brune au goût exquis. La note était salée également. On va prendre un vélo en libre-service de la compagnie "Lyft" dans une station en face du musée, ce qui nous amènera près des escaliers qui mènent à la Coït Tower. Il y a beaucoup de marches pour arriver au sommet. Avant d'envisager un effort aussi conséquent, on s'arrête au Starbucks pour boire un café et un thé glacé. Les escaliers sont raides et bordés de jardins bien fleuris. Un Moro-Sphynx, ces petits papillons en forme de colibri, passe d'une fleur à l'autre au-dessus de nous. On arrive épuisés à la base de la tour où nous prenons l’ascenseur pour atteindre le 11ème étage. Puis nous montons deux autres étages à pied pour atteindre le sommet. La vue est magnifique et complètement dégagée. Il y a des fenêtres pour nous protéger du vent qui souffle fort. Nous redescendons par les "Filbert Stairs", entourés d'une végétation luxuriante et bien entretenue par les habitants de cette colline. Le temps d'acheter à manger dans l'épicerie du coin, et on se retrouve au bord de la baie, frigorifiés par le vent assez frais qui souffle ce soir-là. Je n'ai qu'une chemise et un blazer, et je commence à greloter. On prend à nouveau des vélos "Lyft" pour rejoindre le "Chase Center" en longeant la baie devant un magnifique panorama sur le "Bay Bridge". Nous arrivons devant le stade flambant neuf dans un quartier qui l'est tout autant. Le match de ce soir oppose les Golden State Warriors et les Trail Blazers de Portland. Il nous faut quelques minutes pour trouver une station où poser nos vélos, puis marcher jusqu'à l'entrée. Alors que nous avançons, les agents de sécurité nous font signe que le sac à dos de Christine n'est pas autorisé dans le bâtiment. Après avoir essayé de comprendre ce qui posait problème, on se dirige vers une autre entrée où le sac ne posera finalement aucun soucis à la personne qui nous fouille. Je présente ensuite mon téléphone avec les deux tickets d'entrée sous forme de QR Code et nous entrons dans l'enceinte du bâtiment. Il nous a fallu demander notre chemin pour atteindre les places qui nous attendaient en haut du gigantesque stade. Le match commence, et chaque temps mort est l'occasion de divertir les spectateurs. C'est une succession de shows à l'américaine qui se déroulent devant nous comme bien souvent pendant les matchs de la NBA. Nous encourageons les Warriors, qui jouent bien malgré l'absence des stars, notamment celle de Stephen Curry. Ils finissent par gagner 127 à 118. Nous sortons pour aller manger un morceau et rentrer à l'hôtel. Après avoir beaucoup cherché, on trouve deux vélos pour revenir dans le quartier de "Union Square". Il est 23 heures et on va se chercher un sandwich au magasin Walgreens avant d'aller dormir. (écrit le: 2022-12-02) catégorie: voyages

Cable cars et Alcatraz
date: mardi 05/11/2019 (43 ans) lieu: San Francisco

Nous démarrons notre deuxième jour à San Francisco. L'évènement de la journée sera la visite d'Alcatraz que j'ai réservé à 13h30, mais d'abord je propose que nous allions voir les "painted ladies". Ces maisons en enfilade à Alamo Square sont un des points d'attraction de la ville. Il nous faut d'abord rejoindre une ligne de bus (la 19), mais il ne passe pas avant quinze minutes. Nous allons donc à pied jusqu'au City Hall (la mairie qui est construite dans un style néo-classique), à partir duquel se trouve l'arrêt du bus 21 qui passe à Alamo Square. Le chauffeur ne prend pas la carte bleue, et refuse nos 20$. Il nous demande juste de payer le billet du retour quand nous aurons la monnaie (3$ par personne). Christine a très mal aux pieds. On essaye de marcher le moins possible pour éviter de la faire souffrir. Nous découvrons, émerveillés, les maisons qui bordent le parc. Des gens promènent leurs chiens, et ceux des autres, dans un parc ensoleillé. En fait, toutes les maisons du quartier sont sublimes. Des décorations d'Halloween, la fête vient de se terminer, se trouvent encore devant les façades. Pour le chemin du retour, j'achète deux billets avec l'application "Muni mobile", et quand je les montre au conducteur, il les regarde à peine. En fait, je crois que les passagers des transports publics sont assez rarement contrôlés ici. Nous arrivons au départ du Cable Car, et il me reste deux billets non compostés de dimanche soir. Nous allons donc en direction de Fisherman's Wharf pour aller chercher des hamburgers au "In'n Out". C'est un peu compliqué de se faire comprendre par le serveur, il y a tellement de monde qui vient commander ici, mais on finit par se faire servir. Nous marchons avec notre repas dans un sac en direction du Pier 33, d'où le ferry pour Alcatraz doit partir. Nous nous asseyons sur un banc près du bord de l'eau. Des pigeons et des goélands partagent notre repas, parfois sans notre consentement. On arrive enfin devant l'embarcadère pour accéder à la file d'attente. Un groupe de touristes japonais nous accompagne. Il fait un peu froid. Je suis bien content d'avoir mis un pull et une écharpe aujourd'hui. La traversée est rapide et nous sommes tout de suite accueillis par un guide qui nous explique brièvement ce que nous allons voir sur l'île. Tout commence par un film de quinze minutes, puis on accède aux anciennes cellules qui nous permettent de comprendre comment les prisonniers vivaient pendant la courte période où l'île a servit de prison de haute sécurité. De nombreuses anecdotes nous sont relatées via un audio-guide que nous gardons sur les oreilles pendant toute la visite. Certains prisonniers sont restés célèbres, Al Capone, Machine Gun Kelly et Birdman. On nous parle également de l'occupation de l'île par des amérindiens dans les années 70. Puis c'est l'heure de rentrer, après une petite balade à pied pour observer la faune et la flore de cette réserve naturelle. Le ferry part à 16h25 et nous voyons les visiteurs suivants arriver pour nous remplacer. Assis sur le pont le plus haut du bateau, nous en profitons pour faire quelques photos. Nous prenons ensuite un tramway E vers Ferry Bld puis le tramway F vers Montgomery. Ces trams historiques ont l'apparence de voitures des années 60. Ils ont des formes arrondies et des chromes rutilants. Par certains aspects, on dirait des avions de chasse ou des casques de football américain. On rentre assez tôt à l'hôtel. Je ressors après une petite sieste pour aller acheter à manger. Je finis par m'endormir, un peu après Christine qui avait eu jusqu'à présent beaucoup de mal à trouver le sommeil. Nous sommes bien fatigués après tous les efforts de ces quelques jours. (écrit le: 2022-12-14) catégorie: voyages

Silicon valley
date: mercredi 06/11/2019 (43 ans) lieu: San Francisco

Nous hésitons aujourd'hui entre deux activités. Soit nous allons traverser le Golden Gate à vélo, soit nous allons visiter la Silicon Valley en voiture. C'est la seconde option que nous choisissons finalement. C'est aussi un moyen de reposer nos pieds endoloris par la marche de ces derniers jours. Après le petit-déjeuner, nous allons dans un bâtiment proche de l'hôtel pour louer une voiture chez ACE Budget. L'employé nous donne toutes les informations nécessaires, et il est assez sympathique. Je lui dit que nous allons à Stanford, car c'est notre première destination. Après un peu plus d'une heure de route sur les "freeways" californiennes, nous arrivons sur le campus de l'université de Stanford, dans un environnement boisé et entouré de zones résidentielles tranquilles. Nous garons la Huyndai Elentra sur un parking payant proche du centre historique du campus. L'ambiance est décontractée, ce qui rappelle assez les films dans lesquels on voit des lieux comme celui-ci. On y voit des grandes maisons surmontées de lettres grecques surnommées des "fraternités", des vélos partout et des étudiants qui possèdent tous un MacBook recouverts d'autocollants bigarrés. On se dirige vers une grande tour d'où proviennent des sons de cloches, la "Hoover Tour". Elle est baptisée en hommage à l'ancien président des USA qui a fait un passage remarqué dans cette université. La visite coûte 4$, et nous sommes conviés à prendre un ascenseur qui nous amène au sommet. Il règne dans ce lieu une grande sérénité. La vue sur l'ensemble des bâtiments nous laisse entrevoir la taille imposante du complexe universitaire. Larry, un homme qui a sans doute dépassé les 80 ans, nous explique l'histoire des lieux avec un fort accent américain. Les salles de classe les plus anciennes datent de la fin du XIXème siècle. Histoire, Philosophie, Mathématiques, etc. Toutes les matières sont présentes. Il y a peu de visiteurs avec nous, c'est l'heure du déjeuner. Nous regagnons le plancher des vaches et retournons à notre point de départ. Nous y trouverons un ensemble de restaurants destinés à nourrir les étudiants. La plupart des grandes enseignes sont présentes (Starbucks, ...). Nous prenons un plat de viande cuite au barbecue, puis allons nous asseoir sur une table à l'extérieur. Il fait très beau, et même un peu trop chaud sous le soleil de novembre en Californie. Il est un peu plus de 14h lorsque nous partons en direction de Mountain View, le siège social de Google. De grandes sculptures représentant les différentes versions d'Android, le système d'exploitation pour smartphone, nous accueillent. Puis nous faisons un tour dans la boutique histoire de ramener quelques souvenirs (t-shirts, stylos, magnets, etc...). Il y a un grand écran sur lequel est installé Google Maps, ce qui nous permet d'afficher une vue satellite de notre résidence à Châtillon. La prochaine destination se situe à Cupertino. C'est là que se trouve le siège social d'Apple. Un bâtiment très épuré, principalement en verre, accueille les visiteurs. Nous serons sollicités pour observer une représentation d'un grand building circulaire en réalité augmentée. Sur l'écran d'un iPad que nous passons au dessus d'une maquette s'affichent les différents étages de la structure qui se trouve de l'autre côté de la rue, plus ou moins cachée par de la végétation. Dans la partie centrale du lieu qui nous accueille se trouve un magasin, et à l'extrémité nord un café. Sur le toit, une terrasse permet d'apercevoir un côté du grand cercle qui reste inaccessible au public. L'espace est visiblement dessiné par un ou des créateurs soucieux du détail. Je m'attarde un peu pour prendre en photo les escaliers en pierre blanche dont la simplicité me semble atteindre des sommets de sophistication. Après une pause technique, dans des W.C. qui me paraissent également avoir été conçus par des designers hors de prix, nous reprenons la route. En effet, au bout de trente minutes il faut obligatoirement avoir quitté le parking. La demi-heure est vite passée, elle est vraiment trop courte pour découvrir ces lieux faussement accueillants. Nous regardons le temps qui sera nécessaire pour rentrer à San Francisco sur Waze et constatons que des embouteillages se forment devant nous. On se dirige vers Oakland en traversant un pont au dessus d'une zone marécageuse pour rejoindre l'autre côté de la baie. La circulation n'est pas très bonne. Il nous arrive même parfois d'être à l'arrêt. Le soleil se couche sur le chemin d'Oakland que nous traversons de nuit. Puis nous arrivons sur le Bay Bridge que nous avions prévu de parcourir pour finir la balade en beauté. Il y a un péage à l'entrée de ce très long pont qui nous amène directement dans le centre-ville. Il reste à remplir le réservoir avant de rendre le véhicule. L'employé d'ACE Budget nous a conseillé de faire le plein sur Van Ness St. à quelques blocs de notre hôtel. Ma carte de crédit n'est pas acceptée par la pompe devant laquelle je m'arrête. Il nous a déjà fallu deviner quel carburant il fallait choisir, et là je suis coincé par un message qui m'invite à demander de l'aide au caissier. Celui-ci crédite la pompe de 60$ avec ma carte que sa machine accepte. Puis il soustrait la différence entre ce que j'ai versé dans le réservoir les 60$ pour recréditer ma carte. On arrive finalement à bon port pour laisser le véhicule qui nous aura coûté environ 80$ la journée. Il est plus de 19h, et nous allons juste chercher quelque chose à manger au Walgreens avant de retourner à la chambre de notre hôtel. (écrit le: 2022-12-14) catégorie: voyages

Golden Gate et Muir Woods à vélo
date: jeudi 07/11/2019 (43 ans) lieu: San Francisco

A force de le voir de loin, il fallait bien s'en approcher d'un peu plus près. Nous nous apprêtons à traverser le Gloden Gate. Des affiches accrochées dans la salle de petit déjeuner de notre hôtel représentent le parc de Muir Woods, qui sera notre destination finale aujourd'hui. Il nous faudra pousser un peu plus au nord après le pont et Sausalito pour visiter cet espace dédié à la préservation de la nature, et dans lequel poussent des séquoias centenaires. Pour cela, nous avons prévu de louer des vélos électriques à Fisherman's Wharf. Le temps d'aller là-bas en tramway et de choisir parmi les nombreuses compagnies qui proposent ce service, nous finissons à "Blazing Saddles". Nous sommes alors guidés vers un petit entrepôt où nous prenons possessions de nos deux bicyclettes à assistance électrique. Il faut dire que la côte qui mène au parc est assez raide. Nous commençons notre parcours en direction du parc Presidio, afin de voir de près le "Palace of fine arts", vestige d'une exposition du début du XXème. Ce palais ressemble de loin à une coupole antique construite dans un style néo-classique. Au centre du bâtiment, un dôme nous surplombe et renvoie l'étrange écho de nos voix. Nous reprenons les vélos et allons ensuite rejoindre le bord de la baie où une petite montée nous attend. L'occasion parfaite pour éprouver le fonctionnement de l'assistance électrique. Arrivés près de l'entrée du pont, nous achetons un sandwich dans la "Round House", une sorte de restaurant circulaire, afin de reprendre des forces. Le pont est presque entièrement envahi par la brume alors que nous commençons sa traversée. Nous roulons sur la voie réservée aux piétons et aux vélos située sur le côté droit. Les grands piliers rivetés sont majestueux, et il est impossible de rester impassible devant ce spectacle que nous offre le Gloden Gate Bridge. Les nuages qui nous entourent cachent la surface de l'eau et le sommet du pont, ce qui nous fait l'effet de flotter entre terre et ciel. Nous circulons en zig-zaguant entre les autres vélos, et certains cyclistes nous dépassent allègrement. Arrivés de l'autre côté, une éclaircie nous attend, et le soleil nous chauffe le visage à notre grande surprise. Des nappes de brouillard lèchent les collines qui nous entourent du côté de l'océan Pacifique. Nous descendons du pont pour rejoindre une place sur laquelle se garent les voitures pour observer le pont. La statue d'un soldat marin trône au milieu, sous un drapeau américain flottant dans le vent d'ouest qui souffle dans nos cheveux décasqués. Nous prenons ensuite le chemin de Sausalito, petite ville qui longe la baie et de laquelle part un ferry qui pourrait nous ramener à notre point de départ. Mais nous avons encore du chemin à parcourir avant de rentrer. Nous passons à travers une zone marécageuse dans laquelle des résidences semblent posées sur l'eau. Nous nous dirigeons ensuite vers Mill Valley, où des résidences pavillonnaires sont disposées en plein milieu d'une forêt. Une ambiance féérique nous attend, et j'imagine ces lieux enneigés à Noël, avec de la fumée qui sort du conduit de cheminée. Mais au vue de la végétation, il ne doit probablement pas souvent neiger ici. A gauche de la route qui serpente entre les maisons, c'est encore une côte assez raide qui nous attend. Elle nous permettra d'atteindre la réserve de Muir Woods. Nous choisissons l'assistance maximale sur nos vélos afin de passer le cap à partir duquel il n'y a plus aucune maison. Une descente en lacets à travers une forêt nous permet enfin d'arriver à destination vers 15h30. Après avoir attaché nos vélos et acheté nos billets d'entrée, nous prenons un chemin balisé qui nous permet d'admirer les arbres plusieurs fois centenaires. Le calme et la sérénité nous envahit. On se sent tout petits, spectateurs d'un monde dont l'homme serait encore absent. Le sentier s'arrête avant "Cathedral Grove", cet espace dans lequel les plus grands spécimens de séquoias se trouvent et qui a été fermé temporairement. Nous revenons sur nos pas, enchantés par le cadre inédit que nous venons de traverser. La boutique qui vend de nombreux objets en bois est malheureusement fermée quand nous arrivons au terme de notre visite. Je remplis ma bouteille d'eau à la fontaine, mais le liquide a un goût de terre assez prononcé. Nous remettons nos casques pour retourner vers Sausalito. Pour cela, il nous faut remonter la pente que nous avions si rapidement descendue. Malgré l'assistance électrique, ce n'est pas si facile. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il n'y avait que deux autres vélos garés devant le parc. La batterie est bien déchargée, et peu de gens tentent l'aventure comme nous. Nous arrivons finalement à côté de l'embarcadère de Sausalito, mais décidons de ne pas prendre le ferry. Le retour par le pont nous semble être une bonne option pour observer à nouveau les paysages, même si cela se fera de nuit cette fois. Nous arrivons à l'entrée du pont et un panneau nous indique qu'il faut traverser un souterrain pour gagner l'autre côté de la route, sur une voie réservée aux vélos. Après avoir cherché le bon chemin, et porté le vélo dans un escalier, nous arrivons sur le pont, et il fait nuit noire. Côté océan Pacifique il n'y a rien à voir, à part cette absence de lumière qui semble vouloir nous aspirer. Heureusement que le vent nous repousse vers l'intérieur du pont. Il règne une ambiance irréelle, et nous sommes baignés dans la lumière jaune des lampadaires qui jalonnent la voie qui nous est réservée. Nous arrivons ensuite sur la route que nous avions grimpé mais l'absence d'éclairage rend les croisements avec les autres passants assez dangereux. Nous finissons par longer la marina, puis par arriver dans le quartier où nous avions emprunté les vélos. Les employés de "Blazing Saddles" nous accueillent par des acclamations et des applaudissements. Nous payons la location, un peu plus de 160$, puis repartons vers le tramway afin de rentrer à l'hôtel. Il est 19h et nous sommes assez fatigués par les efforts de la journée mais revigorés par les souvenirs qui se bousculent dans nos têtes. (écrit le: 2023-01-13) catégorie: voyages

Golden Gate Park et Fillmore
date: vendredi 08/11/2019 (43 ans) lieu: San Francisco

Le Golden Gate Park est le poumon vert de San Francisco. Situé au nord-ouest de la ville, il s'étend en longueur, tel Central Park, et ne s'arrête qu'à partir du trait de côte d'Ocean Beach. Après quelques minutes de bus, nous arrivons devant l'entrée du parc sur Fulton St. Nous commençons par le De Young Museum, un bâtiment à l'architecture beaucoup trop prétentieuse entouré par de grands arbres. Nous avons admiré les nombreuses oeuvres issues de la collection d'arts premiers d'Amérique et du Pacifique. On y trouve également des installations d'art contemporain et des tableaux remarquables du XIXème et du XXème siècle. Arrivé en haut du bâtiment, nous nous attardons devant les baies vitrées. Les centaines d'arbres, les sculptures et au loin la tour Sutro s'offrent à notre regard légèrement alangui par la fatigue. Nous descendons dans la boutique qui propose un choix assez impressionnant de livres d'art. Des reproductions hors de prix des oeuvres présentes dans le musée sont également proposées. Puis c'est l'heure de déjeuner et nous trouvons un restaurant thaïlandais à proximité. Avec beaucoup de difficulté, nous arrivons finalement à comprendre la serveuse qui nous proposait du riz. Le repas était vraiment délicieux, surtout le dessert à la mangue et au riz gluant. Notre programme est de rester en Asie puisque nous prenons la direction du jardin de thé japonais. Ce lieu, le plus ancien jardin japonais du pays, invite à la contemplation et au ravissement. Nous prenons le temps d'admirer les cascades qui se jettent dans des bassins remplis de carpes koï. Des cyprès font la révérence à une pagode, les lanternes où les écureuils s'attardent semblent être posées là depuis des siècles. La maison de thé abrite une boutique délicieusement agencée, et à côté de laquelle on peut s'asseoir pour... boire un thé. Nous rentrons à l'hôtel avec la tête pleine de pensées zen. Nous sortons ensuite voir un concert au Fillmore. Avant d'entrer dans la mythique salle de concert, nous passons manger au Burger King sur Geary Blvd. Nous sommes à l'entrée de la salle de concert où sont accrochées des photos des plus grands artistes qui s'y sont produit. Ce soir c'est Peter Hook & The Light qui joue sur scène. L'ancien fondateur du groupe Joy Division est assez reconnaissable avec sa basse tenue très bas. Après le show, nous essayons de trouver un vélo en libre-service pour rentrer plus vite mais sans succès. Nous arrivons dans notre chambre avec les oreilles qui bourdonnent. (écrit le: 2024-10-01) catégorie: voyages

Marché au Ferry Building et Castro
date: samedi 09/11/2019 (43 ans) lieu: San Francisco

Jour de marché ce matin. Malgré les températures plutôt froides, nous sommes au pied du Ferry Building. Ce bâtiment situé au bout de Market St. abrite l'un des marketsplaces les plus réputés de la ville. Nous arrivons devant un étal qui propose des plats mexicains. C'est l'heure du brunch et nous en profitons pour prendre un repas copieux et savoureux. Il y a beaucoup de produits appétissants et bio. Nous prendrons une tarte à la citrouille en dessert (c'est Halloween), assis devant un groupe de goélands qui lorgnent sur les restes dans nos barquettes en carton recyclé et compostable. Pour nous réchauffer, rien de mieux qu'un bon café chez Peet's (une chaîne de coffee shops très connue aux Etats-Unis). Pour moi, ce sera un Chaï Tea Latte. Revigorés, nous partons ensuite vers Castro District situé à l'autre bout de Market St. pour découvrir le quartier gay. Nous marchons ensuite vers Noe Valley et ses rues en pente si impressionnantes. Les résidences qui s’y trouvent sont tout simplement magnifiques. Nous nous attardons devant la fameuse maison bleue, chantée par Maxime Le Forestier comme un endroit où l'on "vient à pied, on ne frappe pas, ceux qui vivent là, ont jeté la clé". Une plaque commémorative en bronze informe les passants que cette maison est bel et bien celle dont parle le chanteur (même si elle a changé de couleur de nombreuses fois au cours des dernières décennies). Pour rentrer au centre-ville, je propose de prendre le train Bart. Mais ma carte de transport ne fonctionne pas et me voilà coincé derrière les portes. J'essaye d'acheter un autre billet mais ma carte bleue est refusée. Je finis par sortir de la station 24th & Mission St. pour trouver un distributeur de billets de la BNP Paribas (ça ne s'invente pas). Je retire 5$ pour payer mon billet et retrouver Christine qui avait passé les portes sans problèmes et m'attendait tranquillement. Nous retrouvons notre chambre d'hôtel, les chevilles meurtries par ces montées et ces descentes, mais le coeur léger. Nous sommes évidemment un peu déçus de devoir quitter la ville le lendemain. Nous décidons de manger des pizzas chez "Uncle Vito's" au coin de la rue Bush et Powell. Je vais les chercher, car Christine a trop mal aux pieds. Sa douleur s'est intensifié avec les talons en silicone qui poussaient ses orteils au bout de ses chaussures Nike 270. J'arrive chez l'oncle Vito, et on me dit "Pick-up ?". Je ne comprends pas ce que le serveur me demande, mais il veut juste savoir si je viens chercher une commande. Je lui dit "I would like to order" et je lui demande deux petites pizzas, une « hawaïan » pour moi et une « biancho » pour Kiki. J'attends la cuisson, assis sur une petite chaise dans le couloir qui longe l'énorme four à l'entrée du restaurant. Les deux boîtes brûlantes en carton dans les mains, je remonte dans la chambre, et nous prenons ce repas assis sur notre lit, devant la télé. Demain, pas besoin de se presser. C'est dimanche et notre avion part à 14h. (écrit le: 2024-10-01) catégorie: voyages