date: vendredi 22/06/1990 (14 ans) lieu: St Malo

Vacances avec ma grande soeur. Nous sommes hébergés chez des amis de ma mère à St Malo. Des oiseaux passent leur temps sur les toits des immeubles, et un goéland finit par atterrir à côté de la fenêtre de ma chambre. Je lui met du pain sec sur le rebord de la fenêtre. Chaque matin, il revient à heure fixe, tapant au carreau pour obtenir sa pitance. Après notre départ, j'apprends que l'oiseau continue à réclamer du pain, et j’espère qu'il ne salit rien. Drôle d'animal de compagnie quand même. (écrit le: 2011-07-17) catégorie: voyages année: 1990
commentez
[0] 
date: mardi 24/07/1990 (14 ans) lieu: Pont-Saint-Martin

Colonies de vacances à l'époque de l'adolescence. A un moment donné, on croit qu'il est impossible d'avoir moins d'intimité que dans ces instants là. C'était dans les Alpes, et nous apprenions à jouer au tennis. A l'époque, on écoutait l'album de la Mano Negra: Puta's Fever. L'hébergement était dans des bâtiments en dur pour les filles, et des tentes militaires pour les garçons. On peut dire que les soirées étaient agitées, sûrement à cause des hormones. Ca flirtait, et pour certains groupes de garçons, le challenge était de conclure le plus vite possible. Pour les plus cons, dans la tente d'à côté, l'occupation se limitait à des concours de branlette. Du coup, en arrivant dans notre tente même au milieu de la nuit, les moniteurs vérifiaient qu'on se tienne à carreau. L'un d'eux me dit un soir, "sors les mains de ton slip !", je lui réponds, un peu outré, qu'elles sont sur mon ventre. (écrit le: 2011-07-16) catégorie: voyages année: 1990
commentez
[0] 
date: jeudi 02/08/1990 (14 ans) lieu: Colombes

Il y a des évènements qui marquent. Parfois, il n'est pas nécessaire d'être personnellement impliqué dans une histoire, pour avoir le sentiment de la vivre de l'intérieur. C'était la première fois que des images aussi précises d'une guerre en cours nous parvenaient par les écrans de télévision. Plus tard, la guerre de Yougoslavie nous marquera par l'absence d'images qui la rendait encore plus mystérieuse. Cette transparence était assez suspecte. Surtout, aux yeux des français, on était là-bas "pour le pétrole". Il y avait d'autres conflits armés sur Terre, mais nous ne n'y envoyions pas nos soldats rendre la justice. On craignait sûrement un nouveau choc pétrolier. Je me souviens des conférences de presse du Général Schwartzkopf, nous détaillant les objectifs à atteindre par le "dispositif" mis en place. Les journaux télévisés passaient en boucle des images filmées en infra-rouge, montrant des colonnes d'obus vert clair s'envolant dans les airs comme des feux d'artifice dans un ciel vert foncé. On pouvait également voir des vidéos en noir et blanc, montrant un missile à tête chercheuse s'abattre sur des sites irakiens 'stratégiques'. Ce sont les frappes soi-disant chirurgicales de l'armée américaine. C'était fascinant. Le présentateur nous mettait en garde: "ces images peuvent heurter". Et pourtant, on ne voyait pas de morts. A posteriori, c'est terrifiant quand on pense aux dommages collatéraux. Tout se passait en direct, devant nos yeux, on ne pouvait donc pas nous mentir se disait-on. (écrit le: 2012-12-09) catégorie: évènements année: 1990
commentez
[0] 
date: samedi 06/10/1990 (14 ans) lieu: Paris

Je vais à Paris voir un film de David Lynch. D'habitude, je vais à Enghien-les-Bains, mais la salle de cinéma ne joue pas « Sailor & Lula » (« Wild at Heart » en version originale). Ce film raconte la cavale d'un couple éperdument amoureux sur fond d'hommage au Magicien d'Oz et à Elvis Presley. Présenté à Cannes en Mai, le film y a gagné la Palme d'Or. Ce qui m'a attiré, c'est d'abord la bande-annonce. La musique que j'y ai entendue me mettait en transe. Les violons de Richard Strauss y côtoient les guitares métalliques de Powermad. Et puis les images très colorées, l'inquiétante étrangeté toute particulière au cinéma de David Lynch, tout cela me semble familier. Enfin, la beauté des décors et celle de l'actrice principale ont fini de me décider à aller dans une salle parisienne pour voir ce film que j'imagine déjà culte. Avec sa violence morale et physique, teinté de phénomènes surnaturels, il a de quoi perturber les jeunes enfants. C'est pourquoi l'entrée de la salle est interdite aux moins de douze ans. Le film passe en version originale, « V.O. » est aussi le nom que nous avons donné avec Mathieu à notre fanzine de passionnés de cinéma. Je me souviens de cette allumette, filmée en très gros plan, et de cet incendie criminel dans lequel le père Lula décède. Laura Dern, et sa mère, Diane Ladd, jouent le rôle de la mère et de la fille. Nicolas Cage, y campe un gangster au grand coeur, admirateur du « King », brutal et peu porté sur l'ironie. Sa belle-mère fera tout pour le faire disparaître, croyant qu'il a assisté au meurtre de son défunt mari. C'est aussi un « road-movie », dans lequel les personnages passent de la Nouvelle-Orléans au Texas, en donnant une certaine vision désabusée des Etats-Unis. Lula, à bout de nerf, éteint l'auto-radio après avoir écouté le récit de faits divers choquants (et sans doute réels) sur différentes stations. De bout en bout, la chanson de Chris Isaac « Wicked Game » hante une scène dans laquelle le couple, au volant d'une décapotable, discute au milieu de la nuit quand ils croisent une famille victime d'un accident de la route. Une jeune femme, seule survivante du crash, est sérieusement blessée à la tête. Soucieuse uniquement de son apparence physique, elle décèdera sous leurs yeux quelques instants plus tard. La route des amants croisera celle de Perdita, jouée par une Isabella Rossellini méconnaissable, et compagne de Lynch à l'époque. Willem Dafoe y joue le rôle de Bobby Peru, un braqueur de banque pervers au rire niais et aux dents gâtées. Il est inoubliable lorsque, le visage masqué par un bas, il se fait sauter la cervelle d'un coup de fusil à pompe. Seule l'intervention de la bonne fée à la fin du film permettra au personnage principal de retourner vers sa femme et son fils, alors qu'il sort à nouveau de prison. Nicolas Cage, de sa propre voix, termine le film en chantant à sa belle « Love Me Tender », symbole de son amour absolu. Le spectateur ne sort pas indemne de cette expérience traumatisante, dans le bon sens du terme. (écrit le: 2017-07-30) catégorie: cinéma année: 1990 son
commentez
[0] 
date: vendredi 23/11/1990 (14 ans) lieu: Paris

Nous allons assister au tournage d'une émission de télévision présentée par Claude Sérillon. Réalisée au studio 102 de la Maison de la Radio, « Une fois par jour » est un programme qui est diffusé depuis quelques jours sur la chaîne Antenne 2. Sérillon ne présentait plus le journal télévisé depuis 1987, en partie à cause de son indépendance et la façon dont il avait interviewé le préfet de Paris sur l'affaire Malik Oussékine. Je me souviens avoir vu Isabelle Giordano, Cabu et Wolinski, ainsi que d'autres chroniqueurs, dans cette émission qui était diffusée entre 18h30 et 20h. Malheureusement, en face d'elle se trouvait des programmes plus populaires (la Roue de la Fortune, Santa Barbara,...). Diffusée pendant quelques mois, cette émission a finalement été déprogrammée faute d'audience. Après avoir attendu dans le hall de la Maison Ronde, nous entrons dans un studio où tout semble beaucoup plus petit qu'à la télévision. Nous ne voyions pas grand chose, assis au balcon, à part les spots accrochés au plafond et qui servaient à éclairer le plateau. Le décor était assez typique des années 1990, brillant, fluorescent. Le costume du présentateur était visiblement trop grand pour lui, au sens propre comme au figuré. (écrit le: 2018-08-04) catégorie: télévision année: 1990
commentez
[0] 
date: lundi 17/12/1990 (15 ans) lieu: Paris

Nous étions obligés de trouver un stage en entreprise pendant notre année de seconde. C'était le moyen qu'avait trouvé le lycée pour nous frotter au monde de l'entreprise, car les années suivantes étaient consacrées au Bac. J'avais signé quelques semaines auparavant ma convention de stage avec ma mère dans les anciens locaux parisiens de Science et Vie Junior. J'étais abonné à ce journal depuis quelques temps, et travailler dans le domaine de la vulgarisation scientifique était mon rêve. Me voici donc dans les locaux un lundi matin, très tôt, accueilli par une jeune femme qui n'a pas l'air de savoir où m'installer. Dans le sud de Paris, à côté de l'héliport, les bureaux sont tout neufs. Finalement, le rédacteur en chef Sven Ortoli arrive et me met dans un coin. Il me demande de rédiger des brèves sur des sujets qu'il a choisi. Aucune ne sera publiée. Je dois taper mes textes sur un Macintosh Classic, un ordinateur que je trouve très pratique. Entre midi et deux, il y a un jeu de Mah-jong qui me permet de passer le temps. La secrétaire que tous le monde appelle "Coco" s'occupe de moi le reste du temps, on déjeune ensemble à la cantine. Le slogan de ce mensuel était "la curiosité n'est plus un défaut". Je leur conseille de le ré-utiliser pour une publicité. Ça sera ma seule participation active au cours de cette semaine. J'ai eu le sentiment d'être là où les décisions étaient prises, malgré mon incompétence je n'ai jamais été mis de côté. Pour cela, je leur suis évidemment reconnaissants. (écrit le: 2011-10-23) catégorie: stages année: 1990
commentez
[0] 
date: lundi 31/12/1990 (15 ans) lieu: Londres

Nouvel an 1991. C'est la liesse sur Trafalgar Square. On est collés les uns aux autres. Mon père, et ma grande soeur sont là. On me colle la main aux fesses (c'était un homme ou une femme ?), pas grave. J'arrive devant le barrage de policiers en tenue, les bobbies, qui fouillent les passants. Ma mère avait eu la bonne idée de me prêter un porte-monnaie assez féminin. le flic me prend pour un pickpocket, je ne comprend rien à ce qu'il me dit, mais mon père arrive à lui expliquer la situation. Ouf ! On peut faire le compte à rebours avec les autres... (écrit le: 2011-07-01) catégorie: voyages année: 1990
commentez
[0] 
date: Dimanche 20/01/1991 (15 ans) lieu: St Leu la forêt

Le premier volume du manga de Katsuhiro Otomo est édité chez Glénat. Ma mère l'a commandé chez France Loisirs. On peut dire que c'est le premier manga disponible en français. C'est vraiment un choc, et pour moi c'est la découverte d'un continent. Akira était une porte d'entrée vers un autre monde. L'offre de mangas est gigantesque, et ne s'adresse pas qu'aux enfants. Bien sûr, la plupart sont en noir et blanc, et très peu sont déjà traduits à l'époque. Mais chaque volume est vraiment plus long que la très grande majorité des bandes dessinées proposées par les dessinateurs européens ou américains. Cela laisse le temps de rentrer dans un univers foisonnant de personnages et de lieux qui me permettent de m'évader. Dans Akira, cet univers est composé d'un monde futuriste apocalyptique. La ville de Néo-Tokyo se remet péniblement d'une explosion cataclysmique qui a entraîné la troisième guerre mondiale. L'auteur a commencé à dessiner cette histoire au début des années 1980, mais pour moi qui débute la lecture dix plus tard, le style est vraiment actuel. Au coeur de cette intrigue se trouvent deux amis se déchirent. Tetsuo et Kaneda se disputent le leadership de leur gang de motards junkies. Suite à une expérience scientifique, Tetsuo acquiert des pouvoirs psychiques et devient l'enjeu de machinations politico-militaires. Le récit est dense et laisse imaginer les raisons du cataclysme fondateur. L'ombre d'Hiroshima plane sur cette histoire où Akira, un jeune garçon (Little Boy en anglais), a le rôle d'un outil de destruction. Le dessin est très fouillé, presque documentaire, et les éléments futuristes sont finalement assez discrets. Un film est sorti en cassette vidéo peu de temps après. La musique était un élément important de ce dessin animé. Elle est influencée par des sonorités balinaises, japonaises et la musique classique, j'ai acheté le CD quelques années plus tard. Ce film a fait l'objet d'une polémique quant à l'animation de certaines scènes, effectuée image par image à partir de prises de vue réelle. Mais la vraie polémique est la fin du manga: contrairement au film, l'armée des Nations Unies débarque à Néo-Tokyo pour y instaurer l'ordre. Les japonais, menés par Kaneda, s'insurgent contre eux et déclarent leur souveraineté. Il faut savoir que le Japon n'a plus le droit de se doter d'une armée depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Un conflit armé impliquant ce pays est donc un véritable tabou. Cette fin a fait l'objet d'une censure aux États-Unis. Elle a toutefois été publiée dans une des versions françaises. (écrit le: 2013-08-13) catégorie: bandes dessinées année: 1991
commentez
[0] 
date: mercredi 06/02/1991 (15 ans) lieu: Paris

Le texte de Thomas Bernhard est adapté par Claude Porcell, et la pièce a été mise en scène par Jorge Lavelli. Annie Girardot jouait le rôle de la gouvernante. La pièce se jouait au Théâtre national de la Colline dans le 20ème arrondissement. Nous allons voir cette pièce avec mon père et ma grande soeur. 50 ans après le cataclysme qui s'est abattu sur cette famille juive de Vienne, l'histoire est vécue par les personnages comme une fatalité. Hitler a réalisé l'Anschluss, et l'occupant allemand a appliqué des persécutions contre les juifs. Ils habitent sur la "place des héros", d'où le nom de la pièce. Pourquoi le propriétaire de cet appartement s'est-il défenestré ? Sa famille s'est réunie. Au début, ces gens se souviennent. Ils ont été obligés d'envisager toutes les possibilités: l'exil, la lutte? La colère laisse place à la dépression, jusqu'à la folie. Quand mon père m'a dit que nous allions voir une pièce de théâtre, j'ai fait une drôle de tête. J'y suis allé à reculons. Après avoir vu la pièce, j'avais des sentiments plus mitigés. "Non, je ne peux pas dire que je n'aime pas", dirait Thérèse dans "Le Père Noël est une ordure". Ce qui m'a le plus surpris, c'est quand quelques mois plus tard, notre professeur d'histoire-géographie a évoqué Thomas Bernhard dans un de ses cours. Cet enseignant, Mr Cuenot, nous exhortait à suivre les programmes de France Culture, et à n'écouter comme musique que celle de Mozart (comme si c'était la seule qui vaille d'être entendue). "Qui ici a vu une pièce de cet auteur ? Personne bien sûr!". Il avait une vision un peu désabusée de notre génération. Je réponds: "Si, moi...". Je participais peu, voire jamais pendant son cours. Ça m'a un peu surpris moi-même d'être le seul à avoir fait une chose aussi simple que d'aller voir une pièce de théâtre. D'habitude, en classe, il fallait lire en diagonale de grands livres classiques, pour pouvoir se vanter d'en avoir retenu le sens. "J'ai vu 'Heldenplatz' ". "Ça raconte l'histoire d'une famille juive de Vienne qui voit sa fin arriver quand les nazis envahissent l'Autriche dans les années 30". Comme toujours, je résumais beaucoup. Je résume encore énormément. (écrit le: 2012-07-29) catégorie: théâtre année: 1991
commentez
[0] 
date: lundi 20/05/1991 (15 ans) lieu: St Leu la forêt

Cette série télévisée était diffusée sur la Cinq tous les lundi soir. David Lynch débutait dans la réalisation pour le petit écran. Au départ du scénario, il y avait la découverte au bord d'un lac du corps de Laura Palmer, une adolescente. Mais c'était pour Lynch le prétexte à toutes sortes d'expérimentations visuelles. Cette histoire n'avait ni queue ni tête. Dès le départ, Lynch nous dévoile les petits secrets, et la condition humaine des personnages. Adultères, alcoolisme, folie douce ou troubles plus profonds, cette communauté n'est pas celle de la « Petite maison de la Prairie ». Dale Cooper, joué par Kyle MacLachlan (l'alter-ego du réalisateur), est un agent du FBI chargé de trouver le tueur de Laura. Très maniéré, toujours souriant et mystérieux, il avait une méthode bien à lui de mener l'enquête. Roi de la digression, il se faisait des remarques à lui-même sur des tartes aux fraises ou des arbres de la région. Dès qu'il le pouvait, il enregistrait sur son magnétophone un compte-rendu à destination d'une mystérieuse « Diane ». Seul le shérif semble avoir gardé un peu de santé mentale. L'ambiance pesante de la série tenait d'abord au lieu du tournage, le nord-ouest des Etats-Unis, dans une ville imaginaire près de Seattle. Ensuite, il y a la musique composée par Angelo Badalamenti et Julee Cruise, planante et parfois inquiétante. Au bout de quelques épisodes, on était véritablement hypnotisé par le rythme extrêmement lent de l'enquête, la découverte des personnages secondaires, et la mise en scène qui mélangeait le rêve à la réalité. Il fallait vraiment avoir envie de regarder pour tenir sur la longueur. D'autant que ma mère n'était pas particulièrement contente de nous laisser devant ce programme atypique, plutôt que de faire nos devoirs... (écrit le: 2013-08-13) catégorie: télévision année: 1991
commentez
[0] 
date: jeudi 01/08/1991 (15 ans) lieu: Mouzon

Mon père anime un stage artistique à Mouzon. Ce stage "workshop", fait intervenir des artistes européens dans le cadre d'une recherche plastique iconoclaste et non conventionnelle sur le thème du feutre (la matière obtenue par cuisson de la laine). Inutile de préciser que je n'y comprend absolument rien. Ma grande soeur va nous rejoindre plus tard. En attendant, je suis un peu livré à moi-même, car mon père est l'intermédiaire entre les artistes et les directeurs du musée de fabrication de feutre. Grâce à la petite radio de mon père, j'écoute France Info et je perd mon temps. L'atelier baigne dans l'humidité et les odeurs de mouton. L'un des jeunes qui travaille dans le musée viendra me voir et me dira "Sowa?". Je lui ferais répéter trois fois, sans comprendre qu'il me demandait comment j'allais (vive l'accent ch'ti). C'est la dernière fois qu'il m'adressera la parole. L'une des artistes autrichienne a besoin d'un traducteur, pour donner des instructions à un ouvrier. C'est un peu la seule chose d'utile que j'ai eu à faire pendant ces deux semaines. (écrit le: 2011-08-08) catégorie: voyages année: 1991
commentez
[0] 
date: Dimanche 18/08/1991 (15 ans) lieu: Bruxelles

Voyage dans un pays que je connais peu. Mes seuls souvenirs de traversée de la Belgique en voiture sont assez mauvais. Bruxelles fait exception. Cette ville est à part dans un pays qui n'a selon moi jamais réussi à trouver son identité. Nous allons avec mon père et ma soeur visiter le Musée Horta, dont le style flamboyant est représentatif des années 20 et de "l'art nouveau". Nous allons au musée de la bande dessinée, ainsi que sur la fameuse Grand-Place. Nous touchons l'Everard 't Serclaes, qui paraît-il rend amoureux pendant un an. Puis nous irons à une exposition sur Tintin à Welkenraedt. Mon père s'énerve contre un contrôleur, car nous avons pris un train qui va à la même destination que celui pour lequel nous avons pris un billet, mais qui passe par un autre chemin. L'exposition temporaire est très impressionnante, et toute la ville est décorée aux couleurs des dessins d'Hergé. Un excellent souvenir. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: voyages année: 1991
commentez
[0] 
date: samedi 26/10/1991 (15 ans) lieu: St Leu la Forêt

Je vais voir ce film, et je m'attend à du grand spectacle: j'ai vu les bandes annonces à la télévision. Un camarade de classe me décerne le titre de fan N°1 du film...Il faut dire que je collectionne les images de « Terminator 2 » dans le magazine "Première" auquel je suis abonné, et que j'ai acheté l'album des Gun's and Roses « Use your illusion » juste pour la chanson que John Connor écoute sur le ghetto blaster de son pote dans le film. Je m'imagine sur une moto-cross au guidon de ma 103 Peugeot, en train d'échapper à un robot fabriqué en métal liquide. Je dessine aussi des têtes de Terminator dans mon agenda. Avec mon argent de poche, je me suis acheté aussi le jeu « Terminator 2 Judgment Day» pour Amiga. Quand on sait qu'il faut moins d'une heure pour finir le jeu, j'ai regretté un peu cette dépense par la suite. A cette époque, je mâchais des chewing-gum pour avoir l'air cool et ressembler à un dur à cuire. Mon baladeur de marque SABA crachait un son relativement pourri dans mes écouteurs, mais ça me suffisait largement pour m'isoler dans les transports en commun. Le titre "You could be mine" tournait en boucle dans mes oreilles. (écrit le: 2013-09-21) catégorie: cinéma année: 1991 son
commentez
[0] 
date: vendredi 01/11/1991 (15 ans) lieu: Paris

A peine commencée, mon année scolaire s'annonce difficile, surtout en maths. Impossible de comprendre certains concepts, ou alors quand je finis par les comprendre, l'exercice est terminé, et la méthode de résolution ne nous servait plus jamais. Ma mère a insisté pour que je fasse des mathématiques pendant cette semaine de congés. Du coup, j'ai des cours de soutien scolaire pendant mes vacances de la Toussaint. Les cours ont lieu près de la station Boulainvilliers dans le très chic XVIème arrondissement de Paris. Pour arriver à l'heure, je dois prendre plusieurs correspondances dans les transports en commun. Je ne sais pas trop ce que je fais là. Les élèves sont accueillis dans l'appartement d'un immeuble haussmannien, converti en école privée. On nous offre un carambar au début de chaque cours, ce qui nous fait comprendre que l'ambiance sera décontractée. Les autres élèves sont dans les mêmes difficultés que moi. Le niveau était quand même beaucoup moins élevé que dans les cours que j'avais au lycée. L'un dans l'autre, je finis donc la semaine en ayant eu très peu de mal à faire les exercices. Je soupçonnais les professeurs de brider la difficulté pour nous redonner confiance en nous. Quant aux mathématiques, ça ne servait à rien de s'acharner. L'année prochaine, je ne ferai pas de 1ère scientifique. (écrit le: 2013-06-08) catégorie: scolarité année: 1991
commentez
[0] 
date: vendredi 29/11/1991 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'ai fêté, comme l'année d'avant, mon anniversaire en famille. Je n'avais aucune envie de m'amuser. J'essaye déjà de survivre à l'épreuve du lycée, principalement en faisant le gros dos. La chanson de Nirvana "Smells like teen spirit" fait un carton, et je l'écoute en boucle. C'est un défouloir. Quand la chanson passait à la télé, j'avais juste envie de sauter au plafond. Pourtant, le clip présente les membres du groupe comme des mecs qui n'en ont rien à foutre. Il y a des pom-pom girls, et des joueurs de basket dans un gymnase sombre et enfumé. Un vieil homme de ménage chauve a l'air de battre la mesure au ralenti avec son balai à franges. Cette vidéo ne répondait cependant pas à la question suivante: "Comment peut-on marquer un panier quand on ne vise même pas". C'est la question principale que tout le monde se pose. Les mimiques de Kurt Cobain sont comme un signal "n'achetez pas mon disque", devant une armée de champions du marketing. Et pourtant il s'est vendu ce CD, je l'ai même acheté. Le titre est numéro un partout dans le Monde. "Je ne suis pas un putain de porte-parole" aimait à rappeler Kurt. Et pourtant, on aimait sa musique car elle disait quelque chose sur nous, les ados des années 90. Je n'étais plus la même personne après avoir découvert Nirvana. Sur toutes les chansons de l'album, je me suis rendu compte que le titre phare ne représentait pas vraiment l'ensemble du style musical de ce groupe. J'ai fini par préférer une autre chanson, "Lithium", pour sa richesse rythmique. Découvrir de nouveaux horizons, c'était ça mon cadeau d'anniversaire. (écrit le: 2013-08-13) catégorie: musique année: 1991
commentez
[0] 
date: lundi 16/12/1991 (16 ans) lieu: Paris

Nous sommes à nouveau invités à faire un stage en entreprise. Comme je n'ai pas trouvé, je m'adresse à l'administration du lycée, qui se charge de trouver des stages. Un membre de la famille d'un des profs du lycée travaille à France-Soir. J'ai donc rendez-vous au mois de novembre à Paris pour rencontrer cette personne qui doit me présenter le stage que je vais faire au mois de décembre. Je stresse. Je me perds, je rate le rendez-vous avec ce Monsieur. Heureusement, il n'est pas susceptible et le rendez-vous est reporté la semaine suivante. La rencontre a lieu dans les locaux du journal "Le Figaro". Mon stage doit commencer en décembre, dans les bureaux de Bercy du journal. La loi Évin est passé peu de temps auparavant, ce qui aura des conséquences financières importantes sur l'entreprise. Par contre, il n'y a pas encore d'interdiction de fumer sur le lieu de travail, ce qui ne m'arrange pas! Les cigarettes se consument dans l'ensemble des locaux et créent cette atmosphère particulière, que je trouve irrespirable. Je suis accueilli lundi matin par le responsable des ressources humaines. Certains journaux sont vendus sous la marque « L’Aurore », que France-Soir a racheté, car des clients sont nostalgiques de ce nom, synonyme de l'article d’Émile Zola "J'accuse". D'ailleurs, l'histoire prend une part importante dans l'organisation de la salle de rédaction. La trace de Pierre Lazareff est encore présente lorsque je fais ce stage. Évidemment, le tirage a fondu depuis l'époque glorieuse de cette légende. Les corps de métier me sont présentés par le responsable de mon stage: rédacteurs, correcteurs, comptables, vendeurs d'espace publicitaire... Le quotidien de ce journal, ce sont surtout les plans de licenciement et les grèves. Je vais passer chaque jour dans un bureau différent, mais l'ambiance est délétère et les employés ont peu de temps à me consacrer. A leur décharge, je dois dire que je n'insiste pas beaucoup pour participer: je dégage assez peu d'enthousiasme. Je ne sais même plus à quoi j'ai passé mes journées: sûrement à la rédaction de mon rapport de stage bidonné. Le jeudi, le responsable de mon stage me demande d'accompagner en Seine et Marne un vendeur-placeur balafré qui écoute "Les Grosses Têtes" sur son auto-radio. Celui-ci m'offre le "Pariscope", alors que nous allons voir les imprimeurs du journal. Il m'explique les ficelles du métier, comment fidéliser les buralistes pour placer le journal à un endroit stratégique sur les présentoirs, offrir des exemplaires gratuits, etc... Le lendemain, dernier jour du stage, je présente ma journée de la veille de manière désabusée: "J'ai fait une balade". Cette réponse va rendre le responsable des ressources humaines furieux. En gros, je leur ai fait perdre leur temps pendant ce stage. Ce à quoi je lui répond doucement que mon but est d'écrire des articles, pas de vendre du papier. Il m'annonce que mon stage est terminé, à 10 heures du matin. Je rentre chez moi, et je n'ai plus aucune envie de devenir journaliste. (écrit le: 2011-10-23) catégorie: stages année: 1991
commentez
[0] 
date: mardi 31/12/1991 (16 ans) lieu: Vienne

Voyage à Vienne. Quand nous marchons dans les rues, il fait très froid, et mes chaussures ne sont pas adaptées à ces conditions. Je dois régulièrement me réchauffer les pieds. Voir la maison de l'artiste Hundertwasser a été une grande expérience, tant nos repères sont chamboulés par l'architecture atypique. Sinon, l’autrichienne que mon père est venu voir s'appelle Elisabeth Weissensteiner. Cette artiste était présente au stage de travail sur le feutre à Mouzon. Nous irons voir où elle vit, rencontrons sa famille. Puis elle veut nous faire visiter un endroit. Nous verrons l'entrée d'un monastère, où un moine semble agréablement surpris de voir une femme. Cette année là, c'est le bicentenaire de la mort de Mozart, pour nous ce sera surtout l'occasion de voir des portraits de lui partout, y compris sur les emballages des confiseries ou les cartes postales. Après avoir passé la journée à visiter cette ville magnifique avec mon père et Sylvaine, nous rentrons nous préparer pour le repas du soir. Malheureusement il ne se passe pas comme prévu. Le réveillon a lieu dans le bar d'à côté, faute d'avoir réservé une table dans un vrai restaurant. Les clientes qui mangent à côté de nous sont probablement des prostituées. (écrit le: 2011-08-13) catégorie: voyages année: 1991
commentez
[0] 
date: mercredi 15/01/1992 (16 ans) lieu: Margency

Un de mes camarades de classe possède des jeux vidéo sur disquettes pour l'ordinateur Amiga 500, que je possède également. Je vais parfois le ramener chez lui sur le porte-bagage de ma mobylette, ce qui était dangereux car il n'avait pas de casque. Il me prête parfois des jeux que je copie avec le logiciel X-Copy. Il n'y avait aucune protection. Même si les disquettes vierges coûtaient beaucoup moins cher que les jeux originaux, ça commençait à faire de grosses dépenses. Surtout quand le jeu tenait sur 9 disquettes (comme « Legend of Kyrandia »!). Il arrivait souvent que j'efface un jeu auquel je ne jouais plus pour arriver à copier l'intégralité d'un nouveau titre. Cependant, tous les modèles ne convenaient pas à l'utilisation qu'on voulait en faire. Simple couche, double couche, haute densité,... la quantité de données qui pouvaient être copiées dessus passait de 360 Ko à 1,4 Mo. Ce support était extrêmement lent en comparaison des disques durs, et trop restreint, déjà à l'époque. Le lecteur faisait un bruit de brosse métallique ou une sorte de cri d'animal assez rauque. Avec les démos qui étaient distribuées dans des magazines, les disquettes vierges achetées au supermarché, les jeux originaux et les compilations, je croulais littéralement sous ces petits rectangles en plastique. D'ailleurs, certaines ne fonctionnaient plus du tout, car elles se démagnétisaient très facilement, ou bien le cache métallique ne s'ouvrait tout simplement plus car le ressort était cassé. Ce n'était pas le plus sûr moyen d'archiver ses données. Les disquettes étaient donc destinées à disparaître, malgré le côté « portable » bien pratique. Il a fallu attendre les graveurs de CD et les clés USB vers 2001-2002 pour les remplacer définitivement. C'est d'autant plus frappant que le logo qui symbolise la sauvegarde de données dans les interfaces informatiques reste cette disquette, alors que les plus jeunes d'entre nous n'en n'ont jamais touché une de leur vie. (écrit le: 2014-05-08) catégorie: jeux vidéo année: 1992
commentez
[0] 
date: jeudi 20/02/1992 (16 ans) lieu: Margency

A la suite de son prix Nobel de Chimie, Pierre Gilles de Gennes avait décidé de rencontrer les étudiants, lycéens et collégiens de France, à travers une série de conférences. 200 conférences, un vrai marathon! Ce jour là, il était à Notre-Dame de Bury, et nous étions rassemblé pour écouter la parole du sage. Le spécialiste des matières molles, les « objets fragiles » qu'il évoquera dans un livre paru en 1994, nous parle simplement de choses compliquées. Il souhaite aussi savoir ce que nous pensons, nous invite à poser des questions. Très peu d'entre nous ont eu le courage de parler face à ce génie des sciences. Il a un drôle de look: un mélange entre le professeur Tournesol et Fernandel. Les questions que nous avons posé portaient principalement sur ce qui l'avait amené sur la voie de la recherche scientifique. Très peu de gens connaissaient les motivations qui l'on conduit sur ce chemin, ce qu'on sait aujourd'hui, c'est que ce prix Nobel l'a incité à partager son savoir avec le plus grand nombre. C'est un grand honneur de l'avoir vu en personne. (écrit le: 2012-04-10) catégorie: scolarité année: 1992
commentez
[0] 
date: mercredi 04/03/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

Avec ma soeur, on aimait jouer à un jeu de voitures sur mon ordinateur Amiga 500. Ce jeu en 2D en vue arrière était fortement inspiré de « Out Run », une référence à l'époque. Il permettait à chacun de commander son bolide sur le même écran, coupé en deux dans le sens de la longueur (écran splitté). Les véhicules étaient exclusivement de la marque « Lotus » (Esprit, Elan,...). Avec mes deux manettes, il était possible de nous affronter sur des courses qui se déroulaient en contre-la-montre (on devait atteindre des checkpoints pour gagner). Très fluide, le jeu était extrêmement bien réalisé, et il permettait de se concentrer sur la course. La principale difficulté était d'éviter les autres concurrents et les obstacles sur la route. On devait prendre les virages parfaitement pour aller plus vite, et même parfois faire sauter sa voiture sur des rondins de bois (!) pour ne pas être ralenti par des flaques d'eau... Quand on finissait un niveau, il fallait noter le code qui permettait d'accéder au stage suivant (par exemple 'SLEEPERS'), on pouvait ainsi commencer sur le niveau qu'on choisissait en tapant le code. A part les bruitages, le jeu n'avait pas de musique, j'allumais donc ma stéréo pour mettre un peu d'ambiance. Ma radio faisait également lecteur de K7 et CD. Je n'avais pas beaucoup de CD et Sylvaine non plus, et on avait pas tout à fait les même goûts en matière de musique. Je lui proposais donc souvent d'écouter le best-of de Cock Robin. Je savais qu'elle aimait bien les chansons de ce groupe, comme moi. Malgré le niveau de difficulté du jeu, j'avais parfois l'impression de conduire sur une autoroute bien tranquille, avec en fond sonore les balades du groupe de Peter Kingsbery sur mon autoradio. Quand ma soeur était ralentie par les autres voitures ou par moi, elle troublait cette atmosphère en criant pour se motiver. Aujourd'hui quand elle conduit sa voiture, c'est sur les autres automobilistes qu'elle se défoule en les insultant... (écrit le: 2013-06-08) catégorie: jeux vidéo année: 1992 son
commentez
[0] 