On a volé mon VTT cliquez pour afficher en grand

date: mardi 10/05/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Tout nouveau vélo. Un VTT de marque Specialized offert pour mon anniversaire. J'en suis tellement fier qu'il ne sort jamais de la cave de notre immeuble. Une sortie en forêt, une ballade de temps en temps. Quelques mois après l'avoir inauguré, je dois aller chercher un billet de train à la gare de Strasbourg pour aller à Paris. En travaux pour la construction du tramway, la gare n'offre aucun endroit sûr pour attacher mon vélo. Je l'accroche à une grille le temps d'aller chercher mon billet. 5 mn après le vélo n'est plus là. Un camarade de classe m'affirme quelques jours plus tard qu'il a vu des clochards avec un VTT orange. (écrit le: 2011-07-01) catégorie: imprudences année: 1994

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Nourredine cliquez pour afficher en grand

date: lundi 23/05/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Je n'ai pas beaucoup d'argent pour les loisirs, et notamment pour les magazines de cinéma ou de jeux vidéo. Heureusement, Nourredine est là pour nous fournir des journaux à bon prix. Ce camarade de classe a quelque chose d'Arsène Lupin. Il a des ardoises partout, deale un peu de shit. Avec ses tenues plutôt classiques et ses petites lunettes, on ne peut pas imaginer qu'il fait du trafic. Il sortait avec la jeune fille BCBG de l'école. Accessoirement, il passe dans des librairies pour les délester de quelques articles discrètement. Sa technique, bien rodée, consiste à laisser ouverte la pochette de sa sacoche, et à glisser dedans tout ce qui passe à sa portée, du moment que ce n'est pas trop épais. En classe, il participait à tous les cours, surtout s'il s'agissait de plaisanter. Il est poli avec tout le monde, et tient la porte aux vieilles dames. En somme, c'est le gendre idéal. On peut dire que je l'enviais un peu, même si je trouvais qu'il gâchais son temps, et son intelligence. On allait parfois jouer ensemble aux jeux d'arcade dans le bar 'la ville de Paris' où il avait ses habitudes. On jouait aussi à la console de jeu quand il passait chez moi. Un soir, son père m'a appelé, je ne sais pas comment il a eu mon numéro. C'était un peu avant la fin de l'année scolaire. Cet homme, né en Algérie, voulait me demander si son fils était sérieux, et s'il allait avoir son bac. Je n'ai pas eu le courage de lui répondre la vérité. Ceci dit, ce n'était pas vraiment à moi de le faire. Je l'ai revu une ou deux fois après le lycée, il essayait de suivre des cours pour entrer dans une école d'informatique, il était séparé de sa copine à l'époque. Il vivait chez son grand-frère, qui avait une plantation d'herbe installée sous les toits d'un immeuble. Les lampes marchaient 24/24 pour éclairer les plants de cannabis. Les clients venaient se fournir à leur appart. Autant dire qu'il y avait de la circulation dans cet espace confiné. Ça générait un revenu suffisant pour leurs dépenses courantes. Je ne sais pas combien de temps il est resté dans cette situation, mais j'ai pensé qu'il méritait mieux que de suivre l'exemple de son frère. (écrit le: 2013-03-20) catégorie: scolarité année: 1994

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Je passe mon Bac cliquez pour afficher en grand

date: vendredi 10/06/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Il faisait très beau, et j'attendais ce moment avec impatience. On va enfin passer notre baccalauréat. L'épreuve commence avec le devoir de philosophie. Notre boîte à bac n'a pas le droit d'organiser l'examen, nous sommes donc convoqués au Lycée Jean Monnet à 8h00. Les sujets étaient: « Peut-on attendre tout de l’État ? », « 
Le temps est-il pour l'homme une limite ? » et un texte d'Aristote. L'examinateur attend le début, puis nous annonce: "Vous avez 4 heures". Notre professeur de philo nous avait fait étudier longuement un texte de Bergson, extrait de son livre « Essai sur les données immédiates de la conscience ». Il y était question de temps, d'espace et de la perception que les hommes ont de ces deux notions. Mais je n'ai pas osé m'attaquer à ce sujet. Comme je ne fais pas confiance à mes capacités d'analyse (pour d'excellentes raisons !), j'ai laissé comme d'habitude le texte philosophique de côté. Je me suis donc mis à écrire sur le l’État, et ce qu'on pouvait en attendre. On peut citer des auteurs dans son devoir, mais pas trop (j'ai du citer Montesquieu). La structure classique (thèse-antithèse-synthèse) de mon texte de six pages n'a pas du être suffisante pour m'assurer un bonne note. 7/20, ça ne m'a pas trop surpris. La philo, c'est un peu la loterie: ça passe ou ça casse. Enfin, ça casse souvent quand on ne sait pas de quoi on parle. Heureusement que les mathématiques et le sport m'ont rapporté des points. Pour la dernière épreuve, l'oral d'anglais, je me retrouve dans le Lycée de Bischheim. Heureusement que Marjorie, une élève de notre classe, a une petite voiture pour nous amener à destination. C'était le 29 juin. Malgré mon aisance à parler anglais, j'ai un peu séché sur le vocabulaire. Incapable de me souvenir du mot « télécommande » en anglais ("remote control" !), j'ai du perdre quelques points. Il y avait aussi un texte sur les concerts de Woodstock en 1968 à analyser. Quelques jours après, j'avais mon bac avec une moyenne de 10,04. Mention « passable ». J'étais le seul de ma classe à l'avoir... (écrit le: 2013-09-21) catégorie: scolarité année: 1994

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X-Files cliquez pour afficher en grand

date: Dimanche 12/06/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Ma grande soeur m'a prévenu par téléphone: "X-Files" passe sur M6. Elle voulait que je regarde pour lui dire ce que j'en pensais. La série a eu un certain succès aux États-Unis, ce qui a fait parler d'elle jusqu'en France. Le générique est réussi: très bien réalisé pour l'époque, il invite déjà à croire que tout est possible. Mutations génétiques, soucoupes volantes,... il se termine traditionnellement par la phrase "The truth is out there": "La vérité est ailleurs". La musique colle parfaitement à cette ambiance inquiétante. Puis l'épisode commence, et je suis surpris par ce mélange si particulier de complot gouvernemental, d'invasion alien et de paranormal. La tension romantique sous-jacente entre les deux agents du FBI, Fox Mulder et Dana Scully, nous donne ce petit ingrédient supplémentaire sans lequel la sauce n'aurait pas pris. Afin de détendre un peu l'atmosphère, Mulder est toujours là pour apporter une pointe d'humour. Ses remarques sarcastiques seront plus tard désignées des « muldérismes ». Si on devait désigner l'origine de cette série, le lien avec "Twin Peaks" serait évident. En tout cas, l'univers des deux programmes télévisés est très proche. La présence d'agents du FBI, de mystères et de monstres (style "Freak Show") n'est pas étrangère à cette affinité. Il y a aussi les forêts du Nord-Ouest des États-Unis, qui rappellent fortement les alentours de Seattle, où a été tourné Twin Peaks. En fait la plupart des épisodes sont tournés à Vancouver au Canada. On doit d'ailleurs à nos amis québécois le titre "Aux frontières du réel", sous lequel M6 a commencé à diffuser la série. Cette chaîne diffusait aussi une série « Au delà du réel », ce qui a un peu créé la confusion dans la tête des gens. La chaîne passait deux épisodes à la suite le dimanche soir. En regardant la télévision, j'arrivais à ne pas penser au lendemain, alors que je venais tout juste de passer mon Bac. Par la suite, un nombre important de programmes ont emboîté le pas à X-Files, de par son succès et son originalité. L'excellente série « Fringe » de J.J. Abrams en est la plus digne représentante. (écrit le: 2014-03-30) catégorie: télévision année: 1994

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Concours Sciences Po cliquez pour afficher en grand

date: vendredi 15/07/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Motivé par un prof d'éco ambitieux, je tente le coup. J'envoie mon dossier à l'IEP, et j'attends. Je n'ai eu que la mention "passable" au Bac, il faut donc passer le concours, qui est payant. L'absence de préparation va me détourner de mon objectif. Le jour du concours arrive. Je vois un ancien camarade de classe de Notre-Dame de Bury, d'origine indienne, à quelques tables de moi. Il était beaucoup plus intelligent que moi, j'ai un peu peur de ne pas être à la hauteur. Sur la dissertation, j'utilise des trucs que j'ai appris en première B. En Histoire, je ne sais pas du tout quoi écrire. En langue, je choisis anglais, mais je suis meilleur à l'oral qu'à l'écrit, c'est d'ailleurs la seule matière où ce soit le cas. J'ai planté littéralement les épreuves, fin de l'histoire. Je crois que j'ai eu moins de 7/20 de moyenne sur les 3 épreuves. (écrit le: 2011-08-05) catégorie: concours année: 1994

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The Pandemonium Group cliquez pour afficher en grand

date: mardi 01/11/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Mon père m'avait demandé de choisir un ordinateur de marque Apple, et j'avais trouvé le modèle Performa 6200. Il correspondait aux critères qu'il m'avait demandé de respecter. Quelques mois après cet achat, j'étais chargé de trouver un moyen de nous connecter à internet. Autant parler de marcher sur la Lune quand on parlait d'internet en 1994. En tout cas, ils ne savaient pas grand choses sur le sujet à la Fnac. Un des employés du magasin Mac du quartier ne connaissait pas la différence entre Ethernet et Internet. Un collègue à lui semblait plus au courant, et me conseille d'acheter un modem "Global Village Teleport" et de contacter "The Pandemonium Group", ce qu'on appellerait aujourd'hui une start-up. Le siège de la société, aujourd'hui disparue, était en banlieue de Strasbourg. Je ne sais pas si le nom de l'entreprise était le signe d'une ambition démesurée chez leur dirigeant! En tout cas, la pandémie continue à se propager sans eux. Il y a trois ou quatre personnes, certainement les premiers associés de l'entreprise, qui reçoivent leurs clients dans un petit appartement. Ils s'occupaient de livrer un accès un peu aléatoire à un univers que les français résumaient encore un peu vite à un « Minitel en couleur ». Par un système d'abonnement mensuel, nous avons un accès 52k au réseau, la communication téléphonique au tarif local restant à notre charge. La connexion est d'ailleurs tout sauf aisée, d'autant que les réglages sont plus faciles sur PC. On appellera à l'aide les gens de Pandemonium plusieurs fois pour savoir comment régler les paramètres PPP, et entrer les signes cabalistiques qui permettent à Netscape de naviguer dans ce far-ouest qu'était le web à cette époque. Le quasi totalité du contenu accessible est en anglais, et la recherche se fait par le biais de la barre de navigation. Le moteur de recherche le plus efficace est Altavista, mais « efficace » n'est pas le maître mot, surtout quand on cherche une information précise sur ce média encore balbutiant. J'avoue que j'ai pesté plusieurs fois quand la connexion plantait, ou que les images mettaient plusieurs minutes à s'afficher. Pour ce qui est des e-mails, j'en ai envoyé très peu car personne d'autre dans mon entourage n'avait internet ! (écrit le: 2011-11-12) catégorie: informatique année: 1994

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Apprendre le japonais cliquez pour afficher en grand

date: Dimanche 15/01/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

Ca y est, je me suis décidé. Ma passion pour le Japon, les mangas et les jeux vidéos m'amène tout naturellement à m'intéresser à la langue de ce pays. J'ai envie de dépasser cette barrière et de comprendre enfin ce que je tente de deviner maladroitement. Je me penche vers la méthode "Assimil", un ouvrage assez simple à prendre en main et qui donne les rudiments de la langue nippone. Arrivé à la caisse de la Fnac, l'employée qui me voit arriver avec le petit livre à couverture blanche et brillante me met en garde. Elle pense qu'il me sera impossible d'apprendre quoi que ce soit avec pour seul atout les leçons illustrées de ce bouquin. Cette mise en garde a sonné en moi comme un défi. Dès que je suis rentré chez moi, je me suis mis sérieusement à étudier la langue du pays du Soleil levant avec une assiduité qui me manquait sans doute dans mes études de micro-économie à la fac. J'avais d'ailleurs déjà abandonné l'idée que je réussirais quoi que ce soit dans cette voie du DEUG de Sciences Eco, vu mon niveau en mathématiques. Le japonais "sans peine", comme le précise la couverture du livre, n'est pas tout à fait honnête dans sa promesse. Et de la peine, j'en ai eu à apprendre les hiéroglyphes qui me sautent aux yeux dès les premières pages. Ce sont d'abord les idéogrammes qui me semblent compliqués, tous petits et dessinés avec des pattes de mouches. J'arrive déjà un peu mieux à déchiffrer les hiraganas et les katakanas. Il s'agit de l'écriture japonaise dans laquelle les mots sont décomposés en syllabes. Les hiraganas sont en fait une forme simplifiée des "kanjis", les idéogrammes chinois qui sont utilisés au Japon. Les katakanas ont la même caractéristique mais sont encore plus simplifiés, avec leur forme rectiligne et plus proche des lettres alphabétiques "romaines" que nous connaissons. C'est pourquoi on les utilise principalement à exprimer un mot étranger dans la langue japonaise. Pour écrire des mots anglais surtout, mais également des mots français. Je suis avec attention les aventures d'un groupe d'amis qui s'amusent à décliner les subtilités grammaticales du japonais. Des mots à la consonance exotique se mettent à occuper mon esprit, sans que je sache vraiment si tout cela me sera utile un jour. (écrit le: 2021-09-17) catégorie: études année: 1995

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L'exponentiel cliquez pour afficher en grand

date: jeudi 01/06/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

J'écris un fanzine. C'est un magazine écrit par un fan sur un sujet qu'il affectionne. Par contre, le sujet n'est pas bien défini: j'écris un peu sur tout ce qui me plaît. Comme je suis incapable de faire un travail d'équipe, je fais tout. Écriture, mise en page, impression, photocopies,... Le principe est le suivant: le tirage est exponentiel (quelle idée ré-vo-lu-tion-naire !). Le numéro 0 est tiré à un exemplaire...logique non ? les numéros suivants seront tirés à 2.72, puis 7.39, 20.09 exemplaires. J'ai arrondi à l'entier supérieur pour faciliter la tâche! En ce mois de juin 1995, j'arrive au 4ème numéro, qui sera donc imprimé (photocopié) en 55 exemplaires noir & blanc. L'ordinateur de mon père, un Mac avec un logiciel relativement rudimentaire de mise en page (RagTime), me sert à réaliser chaque numéro. J'imprime sur une machine StyleWriter d'Apple. Je distribue ce magazine autour de moi, la famille, les amis. C'est gratuit. Il y a des articles sur les sujets qui me passionnent: la musique, la BD, le Japon, le cinéma. Le journalisme, ce n'est pas pour moi. Je sais déjà que ça ne sera pas mon métier. Les raisons qui me poussent à écrire sont plus simples. Le fait est que mes études se passent mal, c'est un échec complet, et je cherche à m'en échapper grâce à une activité sans enjeux particulier, qui m'amuse et fait appel à des techniques que j'ai envie d'apprendre. Qu'est-ce que les gens en pensent ? Ça peut sembler bizarre, mais je m'en fous un peu, je fais ça pour moi. C'est plein de fautes d'orthographe. Ce 4ème opus sera le dernier numéro de ce fanzine. L'année suivante, j'aurais un peu plus de passion pour mes études, et donc un peu moins de temps libre pour ce loisir jouissif qu'était ce "laboratoire" d'écriture complètement libre. (écrit le: 2011-12-12) catégorie: loisirs année: 1995

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Examen de conduite cliquez pour afficher en grand

date: vendredi 16/06/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

J'avais réussi de justesse le code. Il me restait à convaincre l'examinateur pour la conduite. Nous avions rendez-vous le matin, à Hautepierre dans un quartier un peu excentré de Strasbourg. Nous sommes nombreux à attendre notre tour pour passer avec les examinateurs. Il m'a fallu plusieurs cours supplémentaires de conduite dans les semaines précédentes pour réviser les nombreux pièges à éviter pour ce jour important. Angles morts, retrogradages, priorités à droite et démarrages en côte n'ont plus de secret pour moi. Seul problème, je n'ai pas réussi à faire le créneau pour garer la voiture pendant ces cours supplémentaires. Nous partons dans la Clio blanche à double commande avec les deux examinateurs et une jeune fille. Je suis le deuxième à passer. La jeune fille qui se fait examiner n'est pas très sure d'elle. Elle cale souvent, oublie de regarder dans le rétroviseur de temps en temps, et bien sûr n'arrive pas à faire son créneau. C'est mon tour, je suis prêt. Je passe sans problèmes les vitesses, je roule dans les limites autorisées, et je sens que tout va bien. Au moment de faire le fameux créneau, mes mains deviennent moites. Je passe la marche arrière, et je recule doucement. Un des examinateurs m'arrête. -"Vous ne regardez pas dans le rétroviseur?" -"Si, si". Ouf, ça passe. Je suis garé, je débraye et j'arrête le moteur. Sur le chemin du retour, un véhicule me laisse la priorité car il y avait une chicane, je fais un signe de la main au conducteur. Là je sais que j'ai mon permis. Yeeessss! On me donne le fameux papier rose, et je souffle comme si j'avais évité une météorite. Je rentre chez moi fier comme un paon, sauf que je suis à pied, évidemment. (écrit le: 2011-07-25) catégorie: voiture année: 1995

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Fou rire cliquez pour afficher en grand

date: lundi 10/07/1995 (19 ans) lieu: Roquefort-sur-Soulzon

Nous étions dans la région des grands Causses. C'était pendant un détour par le Massif Central alors que nous nous dirigions vers les Pyrénées. Partis faire une visite guidée dans le lieu de production d'un des fromages français les plus "prestigieux", j'ai eu le plus long fou rire de ma vie. La raison m'en échappe encore. Les deux marques "Papillon" et "Société" fabriquent leur produits dans le sous-sol calcaire de cette région. Il faisait chaud, et entrer dans ces souterrains à l'ambiance plus fraîche était une véritable bénédiction. Nos étions dans les caves du Roquefort Société. Quand le guide a commencé à nous décrire l'activité du site, je me suis montré intéressé. A partir du moment où une présentation vidéo (dithyrambique) a été lancée, je n'arrivais plus à m'arrêter de rire. Le petit film qu'il nous a montré laissait penser que la découverte du Roquefort avait sauvé l'humanité. Dans cette vidéo, les termes 'magie', 'miracle' et 'légendes' passaient en boucle. Le contraste entre la réalité et la fiction m'ont fait sourire. Puis, n'y tenant plus, j'ai franchement rigolé. Le problème est que les voûtes de ces caves ont tendance à amplifier les bruits. Je me bouchais le nez pour essayer de ne pas trop gêner le guide qui nous menait d'une salle à l'autre. J'étais rouge pivoine, et à ce moment là, mon fou rire m'empêchait presque de respirer. Je me tenais à l'écart du groupe pour éviter de me faire trop remarquer, mais l'écho de mes éclats de rire ne pouvait pas passer inaperçu. Il m'a fallu quelques dizaines de minutes à l'extérieur des caves pour retrouver mon état normal. Le manque d'oxygène était-il à l'origine de mon état ? A chaque fois que quelqu'un me parle du Roquefort, je pense à cette histoire, et je ne peux m'empêcher de sourire... (écrit le: 2013-06-08) catégorie: voyages année: 1995

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Parapente dans les Pyrénées cliquez pour afficher en grand

date: lundi 17/07/1995 (19 ans) lieu: Luchon

Stage de parapente pendant une semaine à Luchon. Nous sommes ma mère, Gérard et Loris, partis en Renault Espace direction les Pyrénées. Je fais le stage avec les débutants, et Loris et Gérard font le stage "avancé", car ils ont déjà pratiqué avant. Loris et moi dormons sous des tentes igloo, ma mère et Gérard délaissent assez vite leur tente pour aller à l’hôtel tout proche. Les cours ont lieu sur des pentes douces des alentours. Nous revoyons nos exploits en vidéo le soir, pour comprendre nos erreurs. Il y a également des cours théoriques de météorologie pour comprendre les masses d'air, et les dangers de ce sport de vol libre. Après quelques sauts de puce, de quelques dizaines de mètres, nous sommes prêts à nous élancer sur les pentes de la montagne. Les sauts sont très encadrés, nous prenons de l’élan face au vent, puis nous sommes guidés par radio dans le casque pour tourner à gauche ou à droite. L’atterrissage se fait sur le bord d’un lac dans la vallée. Nous avons fait quatre ou cinq sauts. Comme nous avons des VTT, nous faisons également des balades aux alentours. Malheureusement, je crève un pneu, et je dois rentrer à pied au milieu d’un parcours. Après le stage, nous sommes invités à participer à du canyoning dans l'Espagne toute proche. Cette activité n’était pas prévue, et les sensations fortes sont au rendez-vous. Le moniteur me demande si mon sac à dos est résistant, car le parcours est assez exigeant. Avec une combinaison en néoprène, nous nageons dans un cours d’eau vive, mais glacé. Quand il y a une cascade, nous devons sauter parfois de plusieurs mètres dans les vasques. Mon sac à dos craque sous la pression, et le moniteur doit prendre les affaires qui étaient dedans, j’étais pourtant sur qu’il tiendrait. Nous finissons par rentrer à Paris, je dois me préparer à un stage de protection du patrimoine qui commence bientôt. (écrit le: 2011-07-27) catégorie: voyages année: 1995

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BD Expo cliquez pour afficher en grand

date: samedi 14/10/1995 (19 ans) lieu: Paris

Situé à Bercy Expo, aujourd'hui appelé « Immeuble lumière », ce festival se tient une fois par an. Mais un clivage s'est créé entre l'espace animation/culture japonaise, et la bande dessinée traditionnelle. Personne du côté bande dessinée franco-belge...les dessinateurs pleuraient devant les rares visiteurs pour leur proposer une dédicace. Les éditions suivantes vont devenir plus compliquées pour les organisateurs, qui n'arriveront plus à réunir ces deux genres à l'intérieur de cet événement consacré au « 9ème art ». Puis la Japan Expo va être créée en 1999 et deviendra l’événement phare du domaine du manga en région parisienne. Pour l'instant, je fais des aller-retours entre deux espaces qui s'ignorent. J'étais abonné à un fanzine "Coyote", je vois l'éditrice de ce magazine très spécialisé, qui se faisait appeler « Kaori », mais je n'ose pas m'approcher. Je vois Greg, un rédacteur très connu dans le domaine de la presse jeux vidéo japonais, entouré d'une horde de suiveurs. Dans la partie plus traditionnelle, j'achète un exemplaire de la BD d'Enki Bilal « La foire aux immortels », 65F ? non c'est une erreur, c'est 650F. Je prend quand même, mais c'est limite au niveau de mon compte en banque. Ça doit être ça être fan. (écrit le: 2011-08-17) catégorie: festival année: 1995

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Trust Me cliquez pour afficher en grand

date: samedi 28/10/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

Le film « Trust Me » de Hal Hartley est diffusé dans un amphi de la fac un samedi soir. C'est l'association des élèves qui a organisé cette projection, à petit prix pour les étudiants fauchés comme nous. J'invite Elka à voir le film avec moi. Cette élève d'origine bulgare est un peu perdue à Strasbourg. Son accent et ses cheveux bruns et bouclés me plaisaient. Elle était dans le même cours de sciences économiques que moi l'année dernière. J'imagine que j'ai une chance de la séduire, mais je découvre qu'elle a un petit ami. Il s'agit donc de profiter de la soirée, sans arrières pensées. Quoi qu'il arrive, j'ai déjà vu cette comédie dramatique sortie en 1991, quelques années plus tôt. Il s'agit d'une rencontre entre deux personnages paumés. L'action se passe dans un New Jersey industriel, une banlieue typique du Nord-Est des États-Unis. Lui ne supporte pas les carcans et vit chez son père alors qu'il a déjà plus de 30 ans. Il est incapable de garder un boulot car il a du mal à supporter les compromis. Il lit beaucoup et a du mal à s'opposer à l'autorité que lui impose son père. Elle, beaucoup plus jeune, vient de découvrir qu'elle est enceinte et n'arrive pas à se persuader d'avorter. Elle se sent coupable d'avoir provoqué l'infarctus de son père et fugue dans l'espoir de trouver la force de se pardonner à elle-même. Sa mère l'oblige finalement à se comporter en adulte, mais elle manipule son entourage pour y parvenir. Dans ce rôle de jeune fille à la moue boudeuse, Adrienne Shelley est parfaite. Elle change physiquement entre le début et la fin du film, signe que le passage à l'âge adulte est en cours. C'était un choc d'apprendre que cette actrice est décédée en 2006, après avoir presque disparue des écrans. J'avais aimé cette ambiance un peu irréelle, le jeu des acteurs assez théâtral, et la relation des deux personnages est délicatement saisie par Hartley. Certaines scènes, un peu burlesques, semblent sorties d'un rêve. D'une certaine façon, cela représentait bien la frange indépendante du cinéma américain. L'économie de moyens n'enlevait rien à l'émotion transmise par les images. Hal Hartley a continué à sortir quelques films dans la même veine (Simple Men, Amateur,...). Dommage que les films suivants de ce réalisateur n'aient pas trouvé leur public. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: cinéma année: 1995

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Univers >Interactif cliquez pour afficher en grand

date: lundi 15/01/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Parmi tous les magazines disponibles chez le libraire, il y en a un qui sort du lot. Alors qu'internet fait ses premiers pas sur le sol français, Univers >Interactif nous accompagne vers le changement que cela implique, à plus ou moins long terme. Ce mensuel analyse la nouvelle technologie, défriche les tendances, le tout dans une maquette résolument futuriste. Toutes les pages contiennent des photos en couleur, ça fait même un peu mal aux yeux quand on le relit aujourd'hui. Un CD-ROM était offert aux lecteurs, dans lequel on trouvait une sélection pointue de vidéos, de musiques et d'images inédites. Des planches de la BD "Dilbert" se trouvaient à l'intérieur, c'est là que j'ai découvert les histoires de cet employé de bureau un peu geek. Quand on pense à la révolution qu'Internet a provoqué dans le monde de l'édition et du journalisme dix ans plus tard, on imagine que cet univers "interactif" n'est pas devenu un rêve mais plutôt un cauchemar pour certaines professions. Sans doute le caractère précurseur de ce magazine et son coût de fabrication ont précipité sa chute. Il a disparu en juin 1996 après seulement 11 numéros. (écrit le: 2017-03-31) catégorie: magazines année: 1996

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Théâtre du Peuple cliquez pour afficher en grand

date: mercredi 15/05/1996 (20 ans) lieu: Bussang

J'ai un examen important la semaine prochaine, c'est déjà la fin de la première année à la fac d'administration économique et sociale. Mais je n'en parle à personne. Je ne sais pas comment réussir mes épreuves de toutes façons. L'année a été dure, je n'ai pas compris certains cours, il y a peu d'espoir que mon année soit validée. La semaine précédent l'examen, il y a un festival de théâtre à Bussang, qui s'adresse à des étudiants du monde entier. Ce sont les « Théâtrales pour les jeunes » au sein du Théâtre du Peuple. Nous y allons avec mon père et mes deux soeurs, mais j'avais clairement autre chose à faire. Je vais assister aux spectacles et, de loin, à quelques cours. Les « jeunes » dont il est question prennent en effet des cours d'art dramatique, et participent à des débats auxquels je ne comprends rien. Le lieu est magnifique, et il y a une ambiance assez détendue. Il faut au moins une fois dans sa vie voir cette salle de théâtre nichée dans les Vosges. De grandes portes au fond de la scène s'ouvrent parfois au milieu du spectacle, laissant apercevoir la forêt, dans toute sa splendeur. L'inconvénient c'est qu'il fait très froid, même quand ces portes sont fermées. Les spectateurs doivent amener des vêtements chauds, à cause des courants d'air. En dehors de ces instants, magiques certes, je n'ai pas fait grand chose. J'ai amené mes notes de cours, et quelques bouquins pour réviser. Malheureusement, je n'ai pas vraiment le courage de travailler. D'autant que les conditions ne sont pas optimales, nous sommes souvent sortis de la chambre du logement où nous dormons, et les moments où je peux me concentrer sont rares. Du coup je suis en complet décalage avec les personnes réunies pendant ce festival. J'ai soit montré franchement ma mauvaise humeur, soit je me suis isolé en fermant carrément la porte à ceux qui pouvaient essayer de me faire sortir de cette bulle. En faisant une balade avec ma petite soeur, je prend un sentier un peu raide, en oubliant que Marie n'est pas équipée pour crapahuter dans les bois. Heureusement la fin de ce tour en forêt se termine bien, nous rentrons sans problèmes, à part des chaussures crottées. Je pensais que je n'aurais pas du venir, mais finalement il aurait été dommage que je ne vois pas à quoi ressemblait ces rencontres. (écrit le: 2012-03-05) catégorie: quiproquo année: 1996

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Putain, 10 mois… cliquez pour afficher en grand

date: mardi 28/05/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Le service militaire va disparaître… C'est ce que les journalistes ont annoncé en tout cas. Je me fait toute une histoire de cette période de ma vie que je m'apprête à traverser. L'idée de pouvoir échapper à tout ça me rassure. Ce soir, Chirac fait une intervention. Il va nous expliquer ce qu'il a décidé: "Je propose donc que le service national tel que nous le connaissons aujourd'hui soit supprimé dès le 1er janvier 1997". Ça commence bien, je me dit que c'est bon pour moi. Les jeunes pourront faire un service civil à l'âge de 18 ans, s'ils le décident. C'est le fameux 'rendez-vous citoyen', qui sera remplacé par l'appel de 'préparation à la Défense' et enfin par la 'Journée défense et citoyenneté'. Mais revenons au discours! Chirac continue, et quelques phrases plus tard: "Le nouveau système s'appliquera à partir du 1er janvier 1997 à tous les jeunes gens nés après le 1er janvier 1979." Aïe, j'ai parlé trop vite. On dirait bien que je vais être obligé de le faire ce service militaire. Je prend un coup au moral...Je me suis renseigné, ça dure 10 mois, mais ils attendent qu'on ne soit plus étudiant pour venir nous chercher. Pas de temps à perdre, j'ai un sursis de 2 ans. Je peux essayer de passer un BAC+2 ? En tout cas, il me faut un diplôme avant de servir sous les drapeaux. C'est évident que je n'aurais plus le courage d'étudier après cette épreuve. (écrit le: 2012-05-05) catégorie: service militaire année: 1996

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Le magazine BIKINI cliquez pour afficher en grand

date: samedi 01/06/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

J'achète régulièrement un magazine à la librairie près de la Place de l'homme de fer. Contrairement à ce que son nom pourrait faire croire, BIKINI n'est pas un journal érotique ! C'est un mensuel américain qui décode les styles, la musique, l'art et la mode. Son format carré et sa mise en page d'avant-garde est un souffle d'air frais dans le monde de la presse. Classé tout en haut de l'étalage, avec les magazines étrangers, il faut vraiment le connaitre pour avoir l'idée de l'acheter. Les photos en couleur un peu retro donnent une impression étonnante, on ne sait plus trop dans quelle époque ont été rédigés les articles. Il y a des interviews d'acteurs américains, des articles sur le skate, la musique, et des pages de bandes dessinées. Certaines phrases me semblent carrément obscures car mes capacités de traduction sont limitées. J'avais envie de faire la même chose, avec mes moyens bien sûr. Je reprend donc certaines de leurs idées dans mon fanzine "L'exponentiel". La vendeuse de la librairie m'a dit une fois: "C'est super ce magazine, et puis la forme des pages, carrées, c'est original". Je n'ai su que lui répondre "Ouais, c'est vrai", et je suis parti. (écrit le: 2012-05-30) catégorie: magazines année: 1996

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Un Rempart au bord de la Loire cliquez pour afficher en grand

date: lundi 05/08/1996 (20 ans) lieu: Montjean-sur-Loire

Je me suis à nouveau inscrit à un stage de bénévole « Rempart ». Cette association organise des chantiers dans toute la France afin de sauvegarder le patrimoine en péril. L'année dernière, j'avais fait ce type de stage au château du Coudray-Salbart, mais en avais gardé un souvenir très douloureux. Peu à l'aise dans le groupe, je m'étais senti exclu. Mais je vais quand même essayer de tenter ma chance sur un autre site. La brochure parlait d'un chantier à Montjean-sur-Loire, au bord du fleuve. Mon inscription a été acceptée par l'association, j'organise donc mon voyage. D'abord Strasbourg-Paris, je fais une escale chez ma mère à St-Leu-la-Forêt. Puis je prends le train à Paris Montparnasse, direction Champtocé-sur-Loire, après un changement à Angers. Arrivé dans cette petite gare perdue au milieu des champs, je rencontre un homme souriant qui me tend une main ferme et calleuse. Il se présente: « -Gaby ». Cet homme est un agriculteur quinquagénaire qui porte le bouc. Il a un caractère un peu bourru mais s'avère sympathique et peu causant. Cet été, il est en charge du groupe de bénévoles pour l'association. En quoi consiste le chantier ? Il s'agit de participer à la restauration des Fours à Chaux. Ces énormes bâtisses en pierre de forme conique servaient à fabriquer la chaux à partir du calcaire. Gaby m'accueille dans sa 4L, et m'emmène à Chateaupanne, le lieu-dit où se trouvent les fours. Il semble un peu dépité, mais essaye de garder un certain enthousiasme. Il faut dire que l'endroit est bien détérioré : un corps de ferme délabré cache une vieille cuisine ainsi que les sanitaires. Une grange sert à ranger les outils. Les ronces et les ruines s'éparpillent sur le reste du site, au bord de la Loire. Dans le groupe se trouvent trois étudiants (un couple et leur ami qui viennent du Sud de Paris), ainsi qu'une jeune femme seule. Le soir même, nous allons à Montjean visiter l'éco-musée et assister à un spectacle de Chants marins. Nous dormons sous des tentes individuelles, sauf Gaby qui a sa maison à côté. Les trois étudiants sont scouts, et mettent une bonne ambiance dans le groupe, même s'ils ne travaillent pas beaucoup. Je me souviens être allé boire du muscat de Frontignan avec eux en regardant le coucher du soleil. Ce n'est pas du goût de notre responsable de chantier, qui tel un vieux sage, me demande si c'est bien raisonnable. Plutôt que de remettre en état le four, cette grande tour cachée par la végétation, nous essayons de réparer une petite maison attenante. Au vu des « ouvriers » présents, ce manque d'ambition apparent est à mettre au crédit de la sagesse. Et Gaby n'en manque pas, d'ailleurs il aura l'occasion de nous le montrer lors de nos discussions au coin du feu le soir après le dîner. Malheureusement, les moyens et la main d’oeuvre sont trop limités pour réaliser le moindre ouvrage. Le travail consiste à mélanger le sable, la chaux et l'eau pour faire un mortier. On charge ensuite une brouette pour remonter cette colle à l'intérieur du bâtiment. Un tas de pierres est entassé au centre de cette ruine. Il faut poser ces pierres les unes sur les autres avec le mortier en suivant la verticalité du mur. La jeune fille scout se met parfois en haut de l'échafaudage, et je lui passe les pierres ainsi que le mortier dans un seau. Elle me donne ainsi l'occasion de remarquer qu'elle ne porte pas de culotte. Et je pense qu'elle le fait exprès. Bref. Je m'inspire des techniques apprises à Coudray-Salbart, mais n'arrive pas à faire avancer les travaux car les pierres sont ici dures comme du silex. Arriver à emboiter ces objets aux formes aléatoires relève du casse-tête. Dès qu'il se met à pleuvoir, la colle qui n'a pas séché se désagrège, ce qui nous oblige à tout recommencer. Entre les séances de travaux, Gaby organise des activités, comme des cours de vannerie, une balade à cheval ou des concours de pétanque. Nous irons également visiter la carrière, toute proche. Nous ferons également un tour en « Gabarre », ces bateaux à voile dont le fond plat permettait la circulation de marchandises sur la Loire avant l'invention des péniches. Pour nous occuper avant le dîner, nous faisions parfois un tour à Montjean. Nous allions à la piscine municipale ou au cinéma. Il fallait un peu plus de 3/4h à pied pour faire le trajet jusqu'au centre-ville par la route, et nous tendions quelques fois le pouce pour faire du stop (ce qui marchait assez peu). Un vieil homme en 2CV nous a pris une fois, mais il a conduit tellement mal que nous aurions préféré qu'il nous laisse derrière lui. Quelques jours plus tard, la jeune femme seule s'en va alors que nous n'avions pas vraiment fait connaissance. Elle est assez vite remplacée par deux garçons, des cas sociaux envoyés par la justice, pour être remis dans le droit chemin en accomplissant un travail d'intérêt général. Le premier est un jeune homme qui vit dans les environs, et passe son temps à boire. Il est sympathique mais un peu collant et surtout très bavard. Toutes ses anecdotes se terminent irrémédiablement par « j'étais blindé », c'est-à-dire qu'il avait trop bu. Le deuxième garçon tremble constamment. Il vient d'une grande ville, et semble planer très haut dans le ciel. Il tape des clopes à un des scouts, jusqu'à ce que celui-ci en ait assez de lui en donner. Son regard est perdu, son discours décousu. Cela suffira à nous inquiéter, si bien qu'il finira par nous raconter son histoire: la drogue dure, la folie, l'internement. Ces deux arrivants ont donc une histoire assez similaire : l'addiction à l'alcool pour le premier, et à la drogue pour le second. Inutile de préciser qu'avec ces deux lascars, les travaux n'avancent pas très vite. D'autant que les scouts vont devoir partir, car leurs vacances se terminent. Le soir, avant de m'endormir dans ma tente, je lis le roman de Milan Kundera, « La Lenteur », que Christine m'a prêté. Un jour, le capitaine qui nous a fait faire un tour de Gabarre m'appelle. Il organise une sortie pour des chinois en balade à Montjean, et a besoin de mon aide pour mener la barque. Son coéquipier habituel n'est pas là, il me confie donc la barre ainsi qu'un gilet de sauvetage. Ma tâche consiste simplement à guider le bateau en bois entre les bouées rouges à droite, et les bouées vertes à gauche. Je me souviens du tracé parcouru quelques jours plus tôt, et je mène la Gabarre avec habileté. Arrivé au milieu du trajet, le capitaine me fait un léger signe de la tête que je ne comprends pas. Il essayait de me prévenir que je me dirigeais à gauche d'une bouée verte... Il saute sur la barre mais n'arrive pas à faire changer de cap à temps à son bateau. En fait, la bouée s'était détachée de son support et se trouvait dans une mauvaise position. J'avais donc pris la bonne décision, mais les chinois à bord ont eu la peur de leur vie ! Rentré au port, le capitaine me remercie pour mon aide. Afin de me récompenser, il remet en état un vieux vélo qui me permettra de faire le trajet plus rapidement entre le chantier et le centre-ville. Arrive le dernier jour, et je dois bien admettre que les travaux n'ont pas avancé du tout. Pour protéger notre travail jusqu'à l'été prochain, Gaby pose un mortier imperméable au dessus des pierres. Nous allons faire une dernière balade, au cours de laquelle nous allons rencontrer un des élus de la région. Il me demandera ce qui pousse quelqu'un comme moi à m'intéresser au patrimoine, et plus particulièrement aux Fours à Chaux. J'ai eu un peu de mal à lui répondre ! Le lendemain, mon train part de la gare de Champtocé. Gaby n'a pas osé me demander le paiement du séjour (une très faible somme qui permet de payer les repas). Je signe le chèque sur le capot de la 4L en lui disant que j'aurai du y penser avant. « Voilà mon chauffeur » lui dis-je. Le train me ramène à Paris tard dans la soirée. (écrit le: 2016-12-07) catégorie: stages année: 1996

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2 ans de comptabilité cliquez pour afficher en grand

date: lundi 23/09/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Cette fois, il faut choisir une école. L'ESIG est l'école supérieure d'informatique et de gestion, un petit établissement qui prépare les élèves aux différents cursus en BAC+2. On me reçoit dans les locaux du centre-ville de Strasbourg: je décris mon parcours à l'université, et demande comment se déroule la scolarité. Il va falloir sortir une grosse somme d'argent pour les frais de scolarité, et trouver un stage ou un contrat de qualification dans une entreprise. Je me suis fait à l'idée que la comptabilité était la seule chose que j'allais réussir à apprendre. Il faut aussi se ré-habituer à une salle de classe, et à des camarades pas toujours très sympathiques. Heureusement, les professeurs sont très rigoureux, ce qui n'est pas le cas des dirigeants de la boîte qui semblent constamment en train de plaisanter. C'est parti, coûte que coûte, il me faut un BTS. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: scolarité année: 1996

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Tout seul cliquez pour afficher en grand

date: mardi 01/10/1996 (20 ans) lieu: Strasbourg

Déménagement dans un petit studio 301 rue de Colmar dans le sud de Strasbourg. Lorsque j'étais allé visiter ma future chambre, le gardien voulait me proposer un appart au black. J'ai du lui expliquer que j'avais déjà signé le bail au mois de juillet avec l'agence, il était confus. C'était un alsacien de 45 ans, avec un visage très rouge. Il souffrait probablement d'hypertension et décèdera l'année suivante. Le tram vient d'être inauguré, je peux donc aller rapidement au centre-ville de Strasbourg. Le premier soir, après l'état des lieux, je me souviens que l'ambiance a été mortelle. J'ai eu l'impression d'être enfermé dans une boîte vide de 19 m2 où chaque bruit résonnait à l'infini. Personne à qui parler, ma fenêtre donne sur un parking et je suis stressé à l'idée de ne pas trouver de stage rapidement. Grâce à Sylvaine, j'ai un vieux poste de télévision pour tromper ma solitude. Elle m'a aussi fourni des ustensiles de cuisine dont personne ne se servait à Evian. Il y a aussi mon ancien radio-réveil, qui me permet d'écouter un peu de musique. Le téléphone que me loue France Telecom (à un prix prohibitif) sonne avec un bruit strident, quelle que soit la sonnerie que je choisis. A chaque fois qu'on m'appelle, je sursaute. Comme je ne sais pas faire la cuisine, je mange n'importe quoi. J'ai un lit trop petit pour moi, dont il manque des lattes au sommier. Mon moral chute en flèche. (écrit le: 2011-09-19) catégorie: déménagement année: 1996

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