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Appleseed cliquez pour afficher en grand

date: lundi 31/01/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Le manga de Masamune Shirow sort en France. C'est une découverte totale pour moi, tant au niveau du dessin, du scénario que des idées qui y sont exposées. Des scènes d'action, des jolies filles, d'accord… mais pas que ça. La cité utopique d'Olympus est un îlot de calme sur une Terre futuriste dévastée. Cette ville est un symbole. Le dernier espoir que l'homme peut encore être autorisé à vivre sans surveillance, ni contrôle excessif. Qu'il n'a pas à être remplacé par des clones ou des cyborgs, bien plus faciles à manipuler ou à calmer. Les machines. Il y a celles qui aident les humains. Des armures articulées, des moyens de transport, des serviteurs humanoïdes. Mais on retrouve aussi l'obsession d'Isaac Asimov. L'ordinateur qui régente la ville est chargé de la protéger, à tout prix: Gaïa. La machine, assistée de quelques sages, prend des décisions logiques mais moralement inacceptables. Le seul moyen de l'arrêter, c'est de la désactiver. Le petit pépin d'une pomme génétiquement modifiée (Appleseed) que l'héroïne met dans une cartouche de Berretta est la seule chose permettant d'empêcher l'ordinateur de mettre ses plans à exécution. Entre deux exemples de "simplicité fonctionnelle, complexité structurelle", on assiste à un débat philosophique où l'un des sages nous invite à nous rappeler de Scipion. Et puis l'architecture. La ville est dessinée avec un niveau de détail inouï. Certaines planches de l'album représentent des bâtiments avec une précision saisissante. Il manquerait peu de chose pour les construire dans la réalité. Un ingénieur, capable de créer un Monde cohérent, voilà ce qu'est Shirow. (écrit le: 2013-11-10) catégorie: bandes dessinées année: 1994

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La mort de Kurt Cobain cliquez pour afficher en grand

date: mardi 05/04/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Le choc de la nouvelle m'a fait bondir. Comment en est-il arrivé là ? Rien ne pouvait arriver de pire pour moi que la mort de Kurt Cobain, si ce n'est que ce soit un suicide. C'est un peu comme si on m'avait amputé d'un bras. Toute la musique que j'écoute à l'époque est influencée par lui, ou son groupe, Nirvana. J'écoutais en boucle les albums Bleach, Nevermind et In Utero. J'y trouvais un univers qui me réconfortait. En classe, je tapais sur la table avec un stylo le rythme des chansons qui ne quittaient pas mon esprit: Lithium, Dumb, Aneurysm, Drain you,... Je fredonnais « The Man who sold the World » de Bowie, repris par Cobain dans ce fameux show « Unplugged in New York ». Ce n'est que plus tard que j'ai compris dans quel situation inextricable il était en 1994. Ses contradictions intérieures étaient pourtant bien visibles: il voulait réussir dans la musique, pas devenir célèbre. En conflit avec ses proches, drogué, sous médicaments, souffrant d'un ulcère,... j'en passe. Je m'imaginais, omniscient, remontant le cours du temps. J'allais réconforter cet homme avant qu'il passe à l'acte, essayant de trouver des solutions là où il n'en avait trouvé aucune. Puis je me réveillais, frustré, inutile, incapable de changer le passé: comme tout le monde. Personne n'aurait voulu être à sa place, si seulement on avait su l'enfer qu'il vivait au quotidien. Son attitude "punk" pure et dure lui valait l'inimitié de la plupart de ses pairs. Il maîtrisait l'ironie dans un pays qui la pratique si peu. Il était atteint d'une maladie mentale, probablement une bipolarité, qui l'empêchait de vivre une vie "normale". Seule la musique lui permettait de toucher du doigt ce qu'on cherche tous à atteindre, la plénitude, le nirvana. Comme la plupart des français, j'ignorais tout du massacre qui avait lieu au Rwanda à ce moment précis. (écrit le: 2014-04-05) catégorie: musique année: 1994

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On a volé mon VTT cliquez pour afficher en grand

date: mardi 10/05/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Tout nouveau vélo. Un VTT de marque Specialized offert pour mon anniversaire. J'en suis tellement fier qu'il ne sort jamais de la cave de notre immeuble. Une sortie en forêt, une ballade de temps en temps. Quelques mois après l'avoir inauguré, je dois aller chercher un billet de train à la gare de Strasbourg pour aller à Paris. En travaux pour la construction du tramway, la gare n'offre aucun endroit sûr pour attacher mon vélo. Je l'accroche à une grille le temps d'aller chercher mon billet. 5 mn après le vélo n'est plus là. Un camarade de classe m'affirme quelques jours plus tard qu'il a vu des clochards avec un VTT orange. (écrit le: 2011-07-01) catégorie: imprudences année: 1994

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Nourredine cliquez pour afficher en grand

date: lundi 23/05/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Je n'ai pas beaucoup d'argent pour les loisirs, et notamment pour les magazines de cinéma ou de jeux vidéo. Heureusement, Nourredine est là pour nous fournir des journaux à bon prix. Ce camarade de classe a quelque chose d'Arsène Lupin. Il a des ardoises partout, deale un peu de shit. Avec ses tenues plutôt classiques et ses petites lunettes, on ne peut pas imaginer qu'il fait du trafic. Il sortait avec la jeune fille BCBG de l'école. Accessoirement, il passe dans des librairies pour les délester de quelques articles discrètement. Sa technique, bien rodée, consiste à laisser ouverte la pochette de sa sacoche, et à glisser dedans tout ce qui passe à sa portée, du moment que ce n'est pas trop épais. En classe, il participait à tous les cours, surtout s'il s'agissait de plaisanter. Il est poli avec tout le monde, et tient la porte aux vieilles dames. En somme, c'est le gendre idéal. On peut dire que je l'enviais un peu, même si je trouvais qu'il gâchais son temps, et son intelligence. On allait parfois jouer ensemble aux jeux d'arcade dans le bar 'la ville de Paris' où il avait ses habitudes. On jouait aussi à la console de jeu quand il passait chez moi. Un soir, son père m'a appelé, je ne sais pas comment il a eu mon numéro. C'était un peu avant la fin de l'année scolaire. Cet homme, né en Algérie, voulait me demander si son fils était sérieux, et s'il allait avoir son bac. Je n'ai pas eu le courage de lui répondre la vérité. Ceci dit, ce n'était pas vraiment à moi de le faire. Je l'ai revu une ou deux fois après le lycée, il essayait de suivre des cours pour entrer dans une école d'informatique, il était séparé de sa copine à l'époque. Il vivait chez son grand-frère, qui avait une plantation d'herbe installée sous les toits d'un immeuble. Les lampes marchaient 24/24 pour éclairer les plants de cannabis. Les clients venaient se fournir à leur appart. Autant dire qu'il y avait de la circulation dans cet espace confiné. Ça générait un revenu suffisant pour leurs dépenses courantes. Je ne sais pas combien de temps il est resté dans cette situation, mais j'ai pensé qu'il méritait mieux que de suivre l'exemple de son frère. (écrit le: 2013-03-20) catégorie: scolarité année: 1994

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Je passe mon Bac cliquez pour afficher en grand

date: vendredi 10/06/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Il faisait très beau, et j'attendais ce moment avec impatience. On va enfin passer notre baccalauréat. L'épreuve commence avec le devoir de philosophie. Notre boîte à bac n'a pas le droit d'organiser l'examen, nous sommes donc convoqués au Lycée Jean Monnet à 8h00. Les sujets étaient: « Peut-on attendre tout de l’État ? », « 
Le temps est-il pour l'homme une limite ? » et un texte d'Aristote. L'examinateur attend le début, puis nous annonce: "Vous avez 4 heures". Notre professeur de philo nous avait fait étudier longuement un texte de Bergson, extrait de son livre « Essai sur les données immédiates de la conscience ». Il y était question de temps, d'espace et de la perception que les hommes ont de ces deux notions. Mais je n'ai pas osé m'attaquer à ce sujet. Comme je ne fais pas confiance à mes capacités d'analyse (pour d'excellentes raisons !), j'ai laissé comme d'habitude le texte philosophique de côté. Je me suis donc mis à écrire sur le l’État, et ce qu'on pouvait en attendre. On peut citer des auteurs dans son devoir, mais pas trop (j'ai du citer Montesquieu). La structure classique (thèse-antithèse-synthèse) de mon texte de six pages n'a pas du être suffisante pour m'assurer un bonne note. 7/20, ça ne m'a pas trop surpris. La philo, c'est un peu la loterie: ça passe ou ça casse. Enfin, ça casse souvent quand on ne sait pas de quoi on parle. Heureusement que les mathématiques et le sport m'ont rapporté des points. Pour la dernière épreuve, l'oral d'anglais, je me retrouve dans le Lycée de Bischheim. Heureusement que Marjorie, une élève de notre classe, a une petite voiture pour nous amener à destination. C'était le 29 juin. Malgré mon aisance à parler anglais, j'ai un peu séché sur le vocabulaire. Incapable de me souvenir du mot « télécommande » en anglais ("remote control" !), j'ai du perdre quelques points. Il y avait aussi un texte sur les concerts de Woodstock en 1968 à analyser. Quelques jours après, j'avais mon bac avec une moyenne de 10,04. Mention « passable ». J'étais le seul de ma classe à l'avoir... (écrit le: 2013-09-21) catégorie: scolarité année: 1994

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X-Files cliquez pour afficher en grand

date: Dimanche 12/06/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Ma grande soeur m'a prévenu par téléphone: "X-Files" passe sur M6. Elle voulait que je regarde pour lui dire ce que j'en pensais. La série a eu un certain succès aux États-Unis, ce qui a fait parler d'elle jusqu'en France. Le générique est réussi: très bien réalisé pour l'époque, il invite déjà à croire que tout est possible. Mutations génétiques, soucoupes volantes,... il se termine traditionnellement par la phrase "The truth is out there": "La vérité est ailleurs". La musique colle parfaitement à cette ambiance inquiétante. Puis l'épisode commence, et je suis surpris par ce mélange si particulier de complot gouvernemental, d'invasion alien et de paranormal. La tension romantique sous-jacente entre les deux agents du FBI, Fox Mulder et Dana Scully, nous donne ce petit ingrédient supplémentaire sans lequel la sauce n'aurait pas pris. Afin de détendre un peu l'atmosphère, Mulder est toujours là pour apporter une pointe d'humour. Ses remarques sarcastiques seront plus tard désignées des « muldérismes ». Si on devait désigner l'origine de cette série, le lien avec "Twin Peaks" serait évident. En tout cas, l'univers des deux programmes télévisés est très proche. La présence d'agents du FBI, de mystères et de monstres (style "Freak Show") n'est pas étrangère à cette affinité. Il y a aussi les forêts du Nord-Ouest des États-Unis, qui rappellent fortement les alentours de Seattle, où a été tourné Twin Peaks. En fait la plupart des épisodes sont tournés à Vancouver au Canada. On doit d'ailleurs à nos amis québécois le titre "Aux frontières du réel", sous lequel M6 a commencé à diffuser la série. Cette chaîne diffusait aussi une série « Au delà du réel », ce qui a un peu créé la confusion dans la tête des gens. La chaîne passait deux épisodes à la suite le dimanche soir. En regardant la télévision, j'arrivais à ne pas penser au lendemain, alors que je venais tout juste de passer mon Bac. Par la suite, un nombre important de programmes ont emboîté le pas à X-Files, de par son succès et son originalité. L'excellente série « Fringe » de J.J. Abrams en est la plus digne représentante. (écrit le: 2014-03-30) catégorie: télévision année: 1994

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Concours Sciences Po cliquez pour afficher en grand

date: vendredi 15/07/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Motivé par un prof d'éco ambitieux, je tente le coup. J'envoie mon dossier à l'IEP, et j'attends. Je n'ai eu que la mention "passable" au Bac, il faut donc passer le concours, qui est payant. L'absence de préparation va me détourner de mon objectif. Le jour du concours arrive. Je vois un ancien camarade de classe de Notre-Dame de Bury, d'origine indienne, à quelques tables de moi. Il était beaucoup plus intelligent que moi, j'ai un peu peur de ne pas être à la hauteur. Sur la dissertation, j'utilise des trucs que j'ai appris en première B. En Histoire, je ne sais pas du tout quoi écrire. En langue, je choisis anglais, mais je suis meilleur à l'oral qu'à l'écrit, c'est d'ailleurs la seule matière où ce soit le cas. J'ai planté littéralement les épreuves, fin de l'histoire. Je crois que j'ai eu moins de 7/20 de moyenne sur les 3 épreuves. (écrit le: 2011-08-05) catégorie: concours année: 1994

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The Pandemonium Group cliquez pour afficher en grand

date: mardi 01/11/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Mon père m'avait demandé de choisir un ordinateur de marque Apple, et j'avais trouvé le modèle Performa 6200. Il correspondait aux critères qu'il m'avait demandé de respecter. Quelques mois après cet achat, j'étais chargé de trouver un moyen de nous connecter à internet. Autant parler de marcher sur la Lune quand on parlait d'internet en 1994. En tout cas, ils ne savaient pas grand choses sur le sujet à la Fnac. Un des employés du magasin Mac du quartier ne connaissait pas la différence entre Ethernet et Internet. Un collègue à lui semblait plus au courant, et me conseille d'acheter un modem "Global Village Teleport" et de contacter "The Pandemonium Group", ce qu'on appellerait aujourd'hui une start-up. Le siège de la société, aujourd'hui disparue, était en banlieue de Strasbourg. Je ne sais pas si le nom de l'entreprise était le signe d'une ambition démesurée chez leur dirigeant! En tout cas, la pandémie continue à se propager sans eux. Il y a trois ou quatre personnes, certainement les premiers associés de l'entreprise, qui reçoivent leurs clients dans un petit appartement. Ils s'occupaient de livrer un accès un peu aléatoire à un univers que les français résumaient encore un peu vite à un « Minitel en couleur ». Par un système d'abonnement mensuel, nous avons un accès 52k au réseau, la communication téléphonique au tarif local restant à notre charge. La connexion est d'ailleurs tout sauf aisée, d'autant que les réglages sont plus faciles sur PC. On appellera à l'aide les gens de Pandemonium plusieurs fois pour savoir comment régler les paramètres PPP, et entrer les signes cabalistiques qui permettent à Netscape de naviguer dans ce far-ouest qu'était le web à cette époque. Le quasi totalité du contenu accessible est en anglais, et la recherche se fait par le biais de la barre de navigation. Le moteur de recherche le plus efficace est Altavista, mais « efficace » n'est pas le maître mot, surtout quand on cherche une information précise sur ce média encore balbutiant. J'avoue que j'ai pesté plusieurs fois quand la connexion plantait, ou que les images mettaient plusieurs minutes à s'afficher. Pour ce qui est des e-mails, j'en ai envoyé très peu car personne d'autre dans mon entourage n'avait internet ! (écrit le: 2011-11-12) catégorie: informatique année: 1994

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