date: lundi 30/03/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

On installe un rideau de douche, car il paraît que les américains ne prennent pas de bains. Une jeune fille, correspondante américaine de ma grande soeur, va être hébergée dans notre appartement. Elle vient de Brooklyn, elle est d'origine juive. Venue avec quelques cadeaux, elle m'offrira une cassette des "Greatest Hits" de Queen. Il faut dire que ce groupe est revenu sur le devant de la scène après la mort de Freddy Mercury. Elle hésite un peu à nous parler français. Elle est brune et un peu boulotte, elle semble intelligente. Elle ne veux pas trop nous embarrasser, mais on sent que la France qu'elle découvre ne lui plaît pas tellement. C'est une sorte de retour en arrière dans le temps pour elle, et nous le comprenons bien. Nous savons par la télévision ce que sont devenus les États-Unis à cette époque. Sylvaine y est d'ailleurs allé deux fois. Nous allons ensemble au cinéma d'Enghien-les-Bains mais en sortant je l'emmène dans la mauvaise direction, et ma soeur nous attendais ailleurs avec la voiture. Bon, ce n'est pas si grave. Nous avons un débat sur le sens du mot "bitch", à ne pas confondre avec "beach". J'ai des progrès à faire en anglais... (écrit le: 2011-09-02) catégorie: rencontres année: 1992 son
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date: mercredi 08/04/1992 (16 ans) lieu: Margency

Cours d'anglais. Visionnage du film de George Cukor. Le rétroprojecteur restituait mal les couleurs et me donnait mal à la tête. Notre professeur est une quinquagénaire qui prend plaisir à parler avec un fort accent anglais. Elle s'imaginait sans doute naïvement qu'elle pouvait partager ses passions avec ses élèves adolescents. Sa vie tournait autour des maisons victoriennes, de la peinture anglaise romantique du XVIIIème siècle et du raffinement vestimentaire des spectatrices assistant aux courses d'Ascot. J'avais du mal à accrocher, cette comédie musicale ne me passionnait pas trop, même si certaines chansons restent encore dans ma mémoire, ainsi que le visage angélique d'Audrey Hepburn. Notre prof nous demandait aussi de visionner "Continentales" sur FR3 , l’émission d'Alex Taylor (un présentateur d'origine anglaise), mais je n'arrivais jamais à le faire... Ce programme présentait des extraits de journaux télévisés européens en version originale (dont des extraits de la BBC). Cela permettait à notre professeur "bien aimée" de nous poser des questions sur l'actualité. J'avoue que l'horaire de diffusion (très tôt le matin) n'était pas compatible avec mon rythme de sommeil ! Il est presque sûr que l'audience pour ce type de programme ne devait pas être extraordinaire, raison pour laquelle l'horaire était vraiment matinal. Je n'étais pas en phase avec la pédagogie de cette professeur en décalage avec la réalité. J'avais développé un accent américain assez prononcé à force d'entendre les chanteurs de rock. L'ex-femme de mon père, Christine parlait souvent anglais (elle a vécu aux USA pendant une grande partie de sa vie). J'avais donc plutôt un bon niveau mais des mauvaises notes dans cette matière qui n'était pas la plus importante de toutes. Mon niveau scolaire était assez faible dans les autres matières. (écrit le: 2020-03-23) catégorie: cinéma année: 1992
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date: jeudi 16/04/1992 (16 ans) lieu: Margency

Notre presseur d'économie insiste cette année encore pour que nous apportions des photos de publicités découpées dans des magazines. Cet homme est souvent mal coiffé, mal rasé, mais il porte un costume et une cravate. Il n'est pas vraiment du genre à se laisser faire. Il n'est pas non plus du genre à survoler son sujet. Ce ne sont pas des jeunes « imbéciles » comme nous qui allons le faire marcher. J'aime bien son cours, même si oralement, je ne participe pas beaucoup. J'échappe miraculeusement à sa verve sarcastique, bien que mes notes dépassent rarement la moyenne avec lui. Nous voici donc dans son cours d'analyse des images. Un homme averti en vaux deux, et je redouble ma seconde. L'année dernière, ce cours a eu lieu à peu près au même moment de l'année, j'ai donc pris mes précautions. Certains élèves moins au courant que moi ont apporté des images de publicités pour des biscuits, des voitures,... Mais la seule chose qui intéresse Mr Cuénot, ce sont des publicités, clairement sexistes, qui représentent des femmes dans des poses plus que suggestives. J'ai donc ramené une dizaine de pages découpées dans « Télérama », ou le magazine de cinéma « Première » auquel je suis abonné. Ce sont des publicités pour du parfum par exemple. Il n'en faudra pas plus pour faire démarrer la machine à analyser les images de notre cher professeur. « Regardez comme cette femme est penchée en avant, elle s'offre littéralement au regard lubrique des futurs clients ». Il met en lumière une autre tendance des publicitaires à ne faire apparaître que le corps des femmes. Les têtes disparaissent souvent comme par hasard du cliché! Nous sommes complètement fascinés par la description minutieuse qu'il fait de ces publicités. Pour une fois que le cours devient intéressant. Au delà du côté « voyeur » de cette leçon d'économie un peu spéciale, j'ai découvert grâce à lui un domaine passionnant que j'ignorais jusque là. Quand nous regardons la télévision, nous sommes assaillis par des tonnes d'images. Elles sont devenues tellement difficiles à « lire » qu'il faut beaucoup d'expérience pour les décoder. Dans l'émission « Culture Pub », on pouvait déjà assister à une analyse intéressante des tendances en matière de films publicitaires. J'ai été par la suite accro à l'émission de Daniel Schneidermann, « Arrêt sur images ». Derrière chacune de ces images se cachent des intentions, des manipulations,... et des clichés (sans jeu de mot !). Commencer à les analyser permet de se libérer de l'influence qu'elles peuvent avoir sur notre vie, sur notre opinion et nos choix. Sans ce cours, je ne me serai probablement pas autant intéressé à ce sujet. (écrit le: 2013-04-24) catégorie: scolarité année: 1992
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date: samedi 25/04/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'ai récupéré une nouvelle démo de jeu vidéo pour mon ordinateur Amiga. Ça s'appelle "Jim Power". Le personnage ? Une sorte de body-bulder au visage enfantin, avec une casquette et des lunettes de soleil. Il saute d'une plate-forme à l'autre en tirant sur des ennemis extra-terrestres. En même temps que je joue, j'écoute l'album de Nirvana en boucle sur mon lecteur de CD. Ça recouvre la musique du jeu composée par Chris Huelbeck, un nom qui est pourtant signe de qualité. Les couleurs du jeu (orange, vert et marron principalement) font mal aux yeux, et les graphismes sont infâmes, mais je joue quand même. Je me lassais très vite des anciens jeux, il me fallait de la nouveauté même si cela m'obligeait à gratter les fonds de tiroir. Le personnage était vraiment difficile à maîtriser, je recommençais donc régulièrement cette démo. J'essayais de finir sans me faire toucher par les abeilles géantes ou tomber sur des pics acérés, ce qui tuait le personnage dans une animation indigente. La raison pour laquelle j'étais quand même assis devant mon écran à jouer à cette poubelle vidéo-ludique ? C'est simple. Tout était bon pour ne pas faire mes devoirs... J'avais besoin d'un exutoire, et cet ordinateur me le fournissait à peu de frais. Ça calmait mon stress, mes crampes d'estomac disparaissaient. (écrit le: 2014-11-23) catégorie: jeux vidéo année: 1992 son
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date: mercredi 20/05/1992 (16 ans) lieu: St Leu la Forêt

J'ai faim. Très faim. Quand je rentre du lycée, mon estomac crie famine. A l'heure du goûter, la seule chose qui me permet de tenir, c'est une préparation relativement calorique. J'empile 4 ou 5 biscuits « Prince » de Lu à la vanille dans un bol de lait, puis je passe cette préparation au micro-onde. Le biscuit se gorge de lait et devient spongieux. Parfois, je suis obligé de faire un deuxième bol pour calmer mon ventre. Pour m'occuper pendant que je mange cette bouillie sucrée parfumée à la vanille, je regarde la télé. Des séries comme « Parker Lewis ne perd jamais », ou « Sauvé par le gong » passent à cette heure là. Ce sont des sitcoms qui ne monopolisent pas vraiment mon cerveau, mais m'amusent énormément. L'une des répliques cultes de Parker Lewis est « Aucun problème » (ou en latin "Nulla Questio"). Il garde son calme, malgré les pièges dans lesquels sa petite soeur et la principale de son lycée veulent le faire tomber. Un autre personnage, Larry Kubiak, ne dit rien à part "Manger..., Maintenant !". Il était interprété par Abraham Benrubi, une véritable armoire à glace. Cet acteur jouera le rôle de Jerry, le réceptionniste, dans la série, "Urgences". J'ai l'impression d'être un mélange entre Parker et Kubiak. Ca me permet surtout d'oublier que j'ai des tonnes de devoirs à faire, des cours à réviser, des fiches à mémoriser... (écrit le: 2012-09-22) catégorie: télévision année: 1992
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date: samedi 06/06/1992 (16 ans) lieu: Paris

Ce quartier du XIIIème arrondissement proche de la rue de Tolbiac était comme un immense terrain vague. Au milieu, il y avait un bâtiment assez imposant, les anciens frigos de Paris. Mon père nous y emmène avec Sylvaine pour voir les ateliers d'artistes qui ont organisé une opération porte ouverte. Il pleut, et nous marchons depuis la gare d'Austerlitz dans un no man's land en chantier. Qu'est-ce qu'on va faire là-bas? Une fois à l'intérieur, c'est la surprise: on a plus du tout l'impression d'être dans un entrepôt. L'art contemporain à l'état brut s'expose dans chaque recoin de ce lieu hors du commun. Derrière une porte rouge, nous tombons dans le baroque le plus total, le style Louis XIV construit avec des matériaux de récupération. C'est l'atelier de Paolo Calia, décoré avec du stuc et de la peinture dorée. L'artiste est là et guide les visiteurs dans l'espace extrêmement réduit qu'est devenue cette pièce remplie à raz bord de visiteurs de tous poils. Derrière une autre porte, il y a une installation vidéo. Certaines pièces ressemblent à des squats. Les lieux sont mal éclairés, mais il y règne une ambiance de liberté créatrice rafraîchissante. (écrit le: 2011-08-27) catégorie: expositions année: 1992
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date: samedi 25/07/1992 (16 ans) lieu: Au large de la Bretagne

Vacances d'été, les parents d'un ami m'ont invité sur leur bateau pour une croisière. Le voilier d'environ 12m de long est à Cherbourg. Les premiers jours sont difficiles, à cause du mal de mer. Je finis par prendre de l'assurance dans les derniers jours du voyage. Dans l'"espace" cuisine (tous est dans la même pièce en fait) je commence à parler du fait qu'il est impossible d'écraser un oeuf dans sa main du fait que les forces s'annulent. La forme particulière de l'oeuf équilibre la pression exercée par les muscles de la main. Je finis par une démonstration, en oubliant que ces derniers temps, la coque (de l'oeuf pas du bateau) devient de plus en plus fine. Clac ! L'oeuf explose, et repeint l'intérieur du bateau en jaune poussin. Les coussins s'en souviennent encore. La honte de ma vie... (écrit le: 2011-07-01) catégorie: imprudences année: 1992
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date: samedi 15/08/1992 (16 ans) lieu: Séville

A Séville, découverte de l'Espagne que je ne connais pas, avec mon père qui m'emmène dans ses "bagages". Notre train s'arrête dans une gare flambant neuve. La chaleur est étouffante. Nous allons dans un hôtel très luxueux, mais dans lequel nous n'aurons pas le temps de nous prélasser. Il y a beaucoup de choses à voir, entre le village de l'expo universelle, et la ville de Séville où les orangers nous tendent les bras. Les palais nationaux de la Suède et de la France sont très impressionnants. Nous mangeons des gaspacho, de la queue de taureau,… La musique qui passe à la radio, comme partout sur Terre à ce moment là, c'est Nirvana qui devient mon groupe préféré. Le soir, nous profitons de températures plus clémentes, et un spectacle son et lumière est présenté sur un plan d'eau artificiel. C'est aussi un période faste pour l'Espagne, avec les jeux Olympiques qui viennent de se terminer à Barcelone. Le référendum du traité de Maastricht arrive bientôt, mon père m'explique à quel point il est important qu'il soit adopté... mais il a déjà prévu que le résultat va être serré. (écrit le: 2011-09-19) catégorie: voyages année: 1992 son
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date: mardi 15/12/1992 (17 ans) lieu: St Leu la Forêt

L'arrivée de l'informatique personnelle a créé une révolution. Les personnes qui assistaient à ce phénomène avaient le sentiment d'appartenir à une communauté privilégiée. Le futur se fabriquait sous nos yeux, littéralement. Cela se passait quelques années avant que l'internet n'envahisse les foyers, et rende ces avancées technologiques plus banales. Pour ma part, je profitais de mon ordinateur Commodore Amiga en jouant gratuitement à des jeux de voitures, de plateforme ou de sport. Parmi mes disquettes de jeux copiés illégalement, j'avais quelques démos fabriquées par des développeurs indépendants. Il s'agit pour celui qui a piraté le jeu de démontrer ses qualités de programmeur ou tout simplement d'écrire son nom de manière suffisamment visible. De ce point de vue, on s'approche beaucoup de l'univers des « grapheurs ». De grand noms du jeu vidéo ont commencé en réalisant ce genre d'animations. Il restait souvent peu de place pour mettre des fichiers sur les disquettes, le programme devait donc être léger mais avoir un maximum d'impact. C'est donc avec ces contraintes qu'ils travaillaient. Ils devaient trouver des astuces pour compresser les images, et se servir de la puissance de calcul de la machine pour compenser l'absence de contenu. Parfois, les meilleurs programmeurs se réunissaient pour réaliser des concours de démos plus ambitieuses, qui tenaient sur une ou deux disquettes. Leurs productions se retrouvaient alors copiées et recopiées comme une traînée de poudre parmi les possesseurs d'Amiga. Les capacités de la machine étaient poussées à leur paroxysme, j'avais même peur que mon écran n'explose tant les images étaient contrastées et défilaient avec un rythme élevé. Je me souviens avec émotion de certaines démos. « State of the Art », créé par le groupe norvégien « Spaceballs », montrait des silhouettes qui dansaient sur une musique techno extrêmement énergique. « Hardwired », créé par les danois « Crionics & The Silents » regroupait une succession d'exploits techniques sur fond d'univers de science fiction. Le compositeur des musiques de cette démo (Jesper Kyd) a ensuite travaillé sur de nombreux jeux vidéo dont Assassin's Creed, Hitman et bien d'autres. (écrit le: 2017-07-30) catégorie: informatique année: 1992 son
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date: lundi 11/01/1993 (17 ans) lieu: St Leu la Forêt

Depuis le réveillon de Noël, Loris a eu une console de jeu « Super Nintendo ». Il joue à Street Fighter II, un jeu de combat. Il faut se battre contre la console ou contre un autre joueur. Le premier opus de cette série n'a pas marqué les esprits car les graphismes n'étaient pas du tout impressionnants. Par contre, cette version est quasiment la copie conforme de la version disponible en borne d'arcade, ce qui constituait un exploit pour l'époque. Le magazine « Joypad » lui a même décerné la note de 97%. Il faut noter aussi que le jeu coûtait près de 500F, et la console coûtait pas loin de 1000F, ce qui n'était vraiment pas donné. Les personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres sont sensés représenter les cinq continents. Il y a le karatéka, le sumotori, le lutteur russe, une sorte de militaire américain avec une coupe de cheveux en brosse,... Loris s'est entraîné à lancer des boules de feu avec Ryu et Ken et à faire l'hélicoptère avec Chun-Li. J'ai énormément de mal à gagner contre lui, les coups spéciaux n'arrivent pas à sortir de mon personnage. Il faut dire que ce jeu est relativement complexe à maîtriser. La petite manette de la console nous glissait entre les doigts dès qu'on transpirait. Les manipulations demandaient un rythme précis dans leur exécutions (droite,bas,droite+bas + Y pour le « Dragon punch »), certaines d'entre elles semblaient se déclencher quand elles voulaient. Les enchaînements de combinaisons de coups permettaient de gagner un match même si le combat semblait perdu. J'adorais les graphismes colorés, et les musiques entraînantes qui accéléraient progressivement jusqu'à ce que le match arrive à sa fin. Mes pouces étaient couverts de cloques à force d'appuyer sur la petite croix directionnelle de la manette. Je finissais par appuyer sur tous les boutons en espérant que cela finirait par déstabiliser mon adversaire. Je vous le dit tout de suite, cette méthode ne fonctionne pas du tout. (écrit le: 2012-10-09) catégorie: jeux vidéo année: 1993 son
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date: vendredi 11/06/1993 (17 ans) lieu: Margency

Au cours d'une partie de basket-ball, je me suis fêlé le petit doigt de la main droite. Il a fallu faire de nombreuses radios, et le médecin de l'hôpital m'a fait porter un attelle pendant un mois. Pile au moment du bac français… Ce n'est pas encore trop grave pour l'épreuve orale. Ça l'est un peu plus pour l'écrit. La plaque métallique qui protège mon doigt frotte sur la feuille quand je rédige mon résumé, du coup, ma copie est couverte de volutes grises qui suivent ma calligraphie hésitante. Pour l'oral, notre professeur nous fait présenter une liste de textes qui sont sur le thème du "culte de soi". Rousseau, Sartre et Voltaire sont dans cette liste, qui me sort par les yeux tellement je suis en désaccord avec le parti pris par notre prof. Si j'avais eu l'intelligence et le courage de faire ma propre liste, j'aurais certainement choisi d'autres textes. Plutôt que "cultiver son for intérieur", il me semblait plus important de "cultiver son rapport aux autres". Probablement qu'un extrait des "Raisins de la colère" de Steinbeck aurait été dans cette liste. L'un dans l'autre, j'ai passé l'épreuve, avec la moyenne puisque j'ai eu 11 à l'écrit et 9 à l'oral. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: scolarité année: 1993
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date: vendredi 25/06/1993 (17 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Le premier album de ce groupe de rock était sorti aux Etats-Unis en 1992. J'avais 17 ans quand j'ai entendu "Killing in the name" pour la première fois. Ça me rappelait la sensation que j'avais ressentie en écoutant Nevermind de Nirvana. Même si je ne comprenais pas toutes les paroles, je savais que le chanteur, Zack de la Rocha, parlait de rébellion, de renverser l'ordre établi et de reprendre le pouvoir. A mi-chemin entre le rap, le rock et la chanson engagée, cet album arrivait pile au bon moment dans ma vie. Ça me parlait, car j'étais dans un état d'esprit propice à entendre ce genre de discours. Pour un adolescent, c'est une évidence: il faut faire la révolution! A bas l'autorité ! Surtout celle des professeurs...et des parents. Dans les faits, je ne suis pas un rebelle, surtout à cette époque. Ma seule excentricité c'est de me faire pousser les cheveux. Les riffs de guitare de Tom Morello me mettent en transe, mon corps s'électrise complètement à chaque fois que j'entends "Bullet in the head". J'écoute en boucle la copie K7 faite par Martin qui était mon fournisseur officiel de musique gratuite. Il utilisait pour cela la chaîne Hi-Fi de ses parents. J'avais presque toutes les chansons, sauf la dernière, car il était impossible de tout enregistrer sur une cassette de 60 mn (une des chansons dépassait sur la première face). (écrit le: 2018-08-04) catégorie: musique année: 1993 son
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date: lundi 05/07/1993 (17 ans) lieu: Strasbourg

Lors du déménagement de mes affaires pour Strasbourg, j'ai reçu des cartons à remplir. Mes meubles en bois ont fait le voyage, ainsi que l'ordinateur Amiga 500. Un objet ne rentrait dans aucun carton, c'était ma stéréo. Ce lecteur de CD, K7 + FM de marque AIWA ne pouvait pas rentrer en longueur. J'ai quand même mis le scotch autour pour bien le protéger. Malheureusement, les déménageurs ont peut-être vu que cet objet était intéressant, ou ils n'ont pas regardé pendant qu'ils laissaient la porte du camion ouverte... Toujours est-il que je n'ai pas retrouvé ce compagnon musical à mon arrivée dans la capitale alsacienne. L'assurance a remboursé quelque chose comme 500F, mais je n'ai pas eu de musique dans ma chambre avant d'avoir un baladeur CD. (écrit le: 2011-07-12) catégorie: imprudences année: 1993
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date: lundi 12/07/1993 (17 ans) lieu: Santorin

Ma mère et moi allons en Grèce, sur l'île de Santorin. Il y a un certain nombre de sites archéologiques à visiter, et le lieu ne ressemble à aucun autre endroit sur Terre. La caldera est très impressionnante, ce sont les restes du volcan qui a explosé. Elle a fait pensé à certains scientifiques que ce lieu est l'endroit exact où la cité imaginaire de l'Atlantide se trouvait avant sa destruction. Pour nous, ce sera surtout un endroit où nous reposer, et profiter de la vue et de la piscine de l'hôtel. En fait, ce sont des vacances que je n'ai pas mérité. Mes profs ont fait des difficultés pour accepter mon passage en Terminale. J'ai été obligé de rédiger un texte ridicule où je devais expliquer les raisons pour lesquelles il fallait me laisser passer dans la classe supérieure. Outre le fait que je quittais l'établissement, et qu'il n'y avait donc aucun risque que je fasse baisser leurs statistiques, mes notes au Bac français étaient tout a fait moyennes mais acceptables (9 à l'oral et 11 à l'écrit). Quoi qu'il en soit, je me sentais comme un mendiant, à qui il manquait des neurones. Ce voyage m'a un peu changé les idées, et j'ai encore le souvenir d'un repas constitué d'une salade à la feta et d'une moussaka, sur la terrasse d'un restaurant, avec une vue inimaginable. (écrit le: 2011-11-02) catégorie: voyages année: 1993
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date: vendredi 10/09/1993 (17 ans) lieu: Strasbourg

Mon dossier scolaire était plombé. Impossible d'entrer dans le lycée qui était en face de chez moi. Me voilà inscrit dans une boîte à bac, le lycée des Essarts, à un peu plus d'un kilomètre de chez moi. L’établissement est tenu par une quinquagénaire au fort accent des pays de l’est. Ma classe était composée de quinze élèves tous plus insouciants les uns que les autres. Comme dans une prison, on faisait connaissance avec les camarades de classe en se posant une question "Pourquoi t'es là ?". Certains avaient été exclus du lycée public. D'autres étaient inscrits car leurs parents pensaient qu'ils seraient mieux encadrés dans une petite structure. En fait, c'était tout le contraire. J'étais libre comme l'air, la quantité de travail à fournir était à peine la moitié de ce que je devais faire à Notre-Dame de Bury. Pour le cours d’Histoire-Géographie, j’arrivais à la fin de la première heure, et personne ne trouvait à y redire. Je savais que j'aurai à le payer à la fin de l'année, mais en attendant je profitais de ma liberté pour faire connaissance avec Strasbourg et son quartier étudiant. Le plus étonnant était peut-être le prof de philo, un jeune type hirsute mais très rigoureux, et qui nous a fait faire le programme à sa manière. Nous avions du mal à comprendre ce qu'il disait à cause de sa barbe, et il désespérait de lire quelque chose d'intelligent sur nos copies. Il a remarqué avec une surprise émue un passage d'une de mes dissertations où j'expliquais que "l'instant est au temps ce que le point est à la géométrie, il n'a ni longueur, ni largeur". La plupart du temps, il était déçu par ce que j'écrivais. (écrit le: 2011-07-26) catégorie: scolarité année: 1993
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date: samedi 25/09/1993 (17 ans) lieu: Strasbourg

Dans la bibliothèque de mon père se trouvent des tas de livres, surtout des romans. Certains évoquent quelque chose pour moi, d'autres rien du tout. Je connaissais celui de Marguerite Duras, surtout grâce à l'adaptation réalisée par Jean-jacques Annaud. C'est "L'amant" bien sûr, et le film était sorti l'année précédente. Le nombre de pages, moins de 150, n'a pas l'air trop important. Comme je m'ennuie un peu, je commence à lire une feuille, puis deux... L'histoire, à Saïgon, de cette jeune fille qui tombe amoureuse d'un homme chinois, était en grande partie autobiographique. Elle avait reçu le prix Goncourt en 1984 pour ce livre. Je m'allonge dans le fauteuil Le Corbusier, mais j'ai le cou tordu et je n'arrive pas à trouver de position confortable. J'étais tellement passionné que je n'ai pas senti la douleur qui s'installait en moi tandis que je lisais. Cela ne m'empêchera pas de finir le livre, en quelques heures. Le petit coussin cylindrique peinait à amortir le poids de mon corps, alors que j'étais appuyé sur le bras droit. Le mal de dos va me poursuivre tout le reste de la journée. (écrit le: 2016-06-24) catégorie: livres année: 1993
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date: mercredi 20/10/1993 (17 ans) lieu: Strasbourg

Une personne de ma classe de Terminale B s'appelle Florent. Je n'avais pas l'habitude de rencontrer des gens qui portaient mon prénom jusqu'à présent, et surtout pas des gens de mon âge. Il y avait bien une personne connue: Florent Pagny, mais je ne connaissais personne d'autre. Florent est alsacien, contrairement à moi, qui incarnait le parisien auprès de mes camarades de classe. Il est surtout très sportif, et fait du VTT en compétition. Son asthme le fait souffrir de temps en temps, il doit prendre de la Ventoline pour calmer ses crises passagères. C'est la raison pour laquelle il ne sépare pas de son inhalateur. Il ne pense absolument pas aux études, et n'est pas ce qu'on peut appeler un bon élève. Je vais probablement être contaminé par son insouciance, dans cette école où il n'est pas vraiment nécessaire de faire des efforts. Nous profitons des pauses déjeuner pour nous balader avec Haingo en centre-ville. Il marche tellement vite que nous avons du mal à le suivre. Il crache par terre et n'a pas l'air de trouver ça dégoutant. Passionné par l'histoire de sa ville, il est intarissable sur l'origine du nom des places, des avenues ou des bâtiments remarquables de la capitale alsacienne. Nous mangeons dans un des restaurants universitaires de la ville. Il y a le choix: un self à côté de la Place St Etienne ou des pizzas dans le "Gallia". Nous rencontrons souvent là-bas des amis à lui qui sont déjà à la Fac. Certains étudient des langues étrangères, comme le sanskrit. Je dois avouer que j'ai besoin d'aide pour m'adapter aux changements. Je suis à Strasbourg depuis deux mois à peine. D'une certaine manière, mon homonyme est comme un guide touristique, qui organise tout. C'est bien pratique, car je ne sais absolument rien faire tout seul dans cette grande ville. C'est la première fois que je vis dans un centre urbain comme celui-là. Même si je vivais en banlieue parisienne, l'ambiance y était tout à fait différente et nécessitait des moyens de transports qui ne facilitaient pas les sorties. Ici, j'étais libre. (écrit le: 2013-02-17) catégorie: scolarité année: 1993
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date: mercredi 29/12/1993 (18 ans) lieu: Rome

Arrivé à Rome, ville chaotique par excellence, nous trouvons une place pour la Renault 21 de location de mon père. Parti le matin avec Christine, Sylvaine et Marie, la voiture est bien remplie. J'ai un bon livre à lire. Tout le monde sort de la voiture, nous allons à pied en direction de l'hotel. Je suis le dernier à sortir. La fermeture centralisée n'existait pas sur ce modèle. J'oublie de fermer une des portes, et il restait quelques affaires, dont le walkman de ma petite soeur. Les affaires ont disparues à notre retour à la voiture, et je suis bien sûr désigné comme responsable du vol. (écrit le: 2011-07-01) catégorie: voyages année: 1993
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date: lundi 31/01/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Le manga de Masamune Shirow sort en France. C'est une découverte totale pour moi, tant au niveau du dessin, du scénario que des idées qui y sont exposées. Des scènes d'action, des jolies filles, d'accord… mais pas que ça. La cité utopique d'Olympus est un îlot de calme sur une Terre futuriste dévastée. Cette ville est un symbole. Le dernier espoir que l'homme peut encore être autorisé à vivre sans surveillance, ni contrôle excessif. Qu'il n'a pas à être remplacé par des clones ou des cyborgs, bien plus faciles à manipuler ou à calmer. Les machines. Il y a celles qui aident les humains. Des armures articulées, des moyens de transport, des serviteurs humanoïdes. Mais on retrouve aussi l'obsession d'Isaac Asimov. L'ordinateur qui régente la ville est chargé de la protéger, à tout prix: Gaïa. La machine, assistée de quelques sages, prend des décisions logiques mais moralement inacceptables. Le seul moyen de l'arrêter, c'est de la désactiver. Le petit pépin d'une pomme génétiquement modifiée (Appleseed) que l'héroïne met dans une cartouche de Berretta est la seule chose permettant d'empêcher l'ordinateur de mettre ses plans à exécution. Entre deux exemples de "simplicité fonctionnelle, complexité structurelle", on assiste à un débat philosophique où l'un des sages nous invite à nous rappeler de Scipion. Et puis l'architecture. La ville est dessinée avec un niveau de détail inouï. Certaines planches de l'album représentent des bâtiments avec une précision saisissante. Il manquerait peu de chose pour les construire dans la réalité. Un ingénieur, capable de créer un Monde cohérent, voilà ce qu'est Shirow. (écrit le: 2013-11-10) catégorie: bandes dessinées année: 1994
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date: mardi 05/04/1994 (18 ans) lieu: Strasbourg

Le choc de la nouvelle m'a fait bondir. Comment en est-il arrivé là ? Rien ne pouvait arriver de pire pour moi que la mort de Kurt Cobain, si ce n'est que ce soit un suicide. C'est un peu comme si on m'avait amputé d'un bras. Toute la musique que j'écoute à l'époque est influencée par lui, ou son groupe, Nirvana. J'écoutais en boucle les albums Bleach, Nevermind et In Utero. J'y trouvais un univers qui me réconfortait. En classe, je tapais sur la table avec un stylo le rythme des chansons qui ne quittaient pas mon esprit: Lithium, Dumb, Aneurysm, Drain you,... Je fredonnais « The Man who sold the World » de Bowie, repris par Cobain dans ce fameux show « Unplugged in New York ». Ce n'est que plus tard que j'ai compris dans quel situation inextricable il était en 1994. Ses contradictions intérieures étaient pourtant bien visibles: il voulait réussir dans la musique, pas devenir célèbre. En conflit avec ses proches, drogué, sous médicaments, souffrant d'un ulcère,... j'en passe. Je m'imaginais, omniscient, remontant le cours du temps. J'allais réconforter cet homme avant qu'il passe à l'acte, essayant de trouver des solutions là où il n'en avait trouvé aucune. Puis je me réveillais, frustré, inutile, incapable de changer le passé: comme tout le monde. Personne n'aurait voulu être à sa place, si seulement on avait su l'enfer qu'il vivait au quotidien. Son attitude "punk" pure et dure lui valait l'inimitié de la plupart de ses pairs. Il maîtrisait l'ironie dans un pays qui la pratique si peu. Il était atteint d'une maladie mentale, probablement une bipolarité, qui l'empêchait de vivre une vie "normale". Seule la musique lui permettait de toucher du doigt ce qu'on cherche tous à atteindre, la plénitude, le nirvana. Comme la plupart des français, j'ignorais tout du massacre qui avait lieu au Rwanda à ce moment précis. (écrit le: 2014-04-05) catégorie: musique année: 1994
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