date: lundi 26/12/1988 (13 ans) lieu: Allevard

Sports d'hiver dans un centre de vacances du nom de "Valcoline" à côté de Chambéry. Nous sommes avec Sylvaine Loris, Cédric, ma mère et Gérard. C'est la première fois que j'apprécie le ski. Les fois précédentes avaient été catastrophiques. Je refusais autrefois de prendre des cours collectifs, je tombais sur le tire-fesse et ne voulais plus me relever, etc... L'ambiance est familiale, et il y a une piscine au sous-sol. Cédric ne peut pas se séparer de ses Stan Smith, alors qu'elles sentent le rat crevé. A la fin des cours de ski, on prend un goûter dans la cantine, je me régale de tartine de pain beurré avec de la confiture dans du chocolat chaud. (écrit le: 2011-08-05) catégorie: voyages année: 1988
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date: Dimanche 15/01/1989 (13 ans) lieu: St Leu la Forêt

Mon poisson rouge est dans un aquarium sur un meuble de ma chambre. Je l'ai appelé Plouf, et je lui donne à manger tous les jours. Le bulleur fait beaucoup de bruit. En retour, cet animal me regarde en bougeant les lèvres comme s'il mâchait du chewing-gum. J'ai beaucoup de mal à changer son eau. Il faut d'abord l'attraper avec une épuisette, et il ne se laisse pas faire. Ensuite, il faut le mettre dans un verre d'eau, et vider le contenu du bac dans les toilettes. Ca pèse vraiment lourd. Quand l'eau est propre, je verse un liquide qui neutralise le chlore, puis je remet Plouf dans l'aquarium. Au bout de quelques mois, ce poisson n'était plus très en forme. Il a fini par mourir, mais je n'en ai pas racheté d'autre. Quelle corvée quand même que de s'occuper d'un poisson. (écrit le: 2012-09-23) catégorie: animaux année: 1989
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date: mercredi 01/02/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Parmi tous les sports que j'ai pratiqué, le volley-ball est celui que j'ai préféré. Pourtant, ce n'était pas évident. On ne peut pas dire que ce sport soit très agréable à regarder, contrairement au football où la situation peut basculer à tout instant. Le fait de smasher, de contrer, de réceptionner, tout ça me plaît énormément. Pour commencer, il y avait un dessin animé japonais "Jeanne et Serge", qui a contribué à populariser ce sport en France. C'était l'histoire d'une jeune fille assez extravertie, Jeanne Hazuki. Elle voulait devenir la meilleure joueuse de volley, et elle était amoureuse d'un joueur professionnel. Dans la série télévisée, le ballon se déformait sous les smashs pour prendre la forme d'une balle de rugby. Les balles flottantes ressemblaient à des météores, impossibles à rattraper. Tout cela nous inspirait énormément. Je crois qu'une grande partie de mes camarades qui ont commencé à jouer à ce moment là étaient fans de ce dessin animé. Je m'étais inscrit dans le club de St-Leu-la-forêt. Le gymnase était tout neuf, et le revêtement du sol sentait encore le plastique. L'équipe était composée principalement de gens de ma classe au collège. On se connaissait bien, et on avait un niveau correct, même si certains étaient plus doués que d'autres. J'étais dans la moyenne, à part en "passes" où j'étais assez mauvais. Je suis assez grand, sans plus, mais ma taille convenait plus à ce sport qu'au basket. Un problème se posait quand je prenais un ballon sur le visage, les bagues en acier collées sur mes dents me coupaient l'intérieur de la bouche, et me faisait saigner. Nous participions à des tournois départementaux, contre des villes proches, comme Enghien, Ermont ou St-Prix. Nous avions parfois l'impression que nos adversaires avaient le double de notre âge, certains avaient de la barbe. Enfin, nos profs de volley-ball avaient un niveau excellent, ce qui nous a donné du courage pour affronter des montagnes, sans toutefois nous permettre de les soulever. (écrit le: 2012-03-26) catégorie: sport année: 1989
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date: samedi 18/02/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Un de mes amis au collège s'appelle Romuald. Il habite dans une maison avec sa mère et sa grande soeur à côté de l'école. Assez petit, avec ses grosses lunettes, il fait plus que son âge. On dirait qu'il a emprunté sa manière de parler à un grand-père. Ses vêtements d'un autre temps sentent un peu le renfermé, et il garde un mouchoir en tissu plié en boule au fond d'une des poches de son pantalon en velours côtelé. Je le trouvais gentil avec moi, ce qui n'était pas le cas de beaucoup de mes camarades de classe. Il était un des meilleurs élèves, en tout cas il était beaucoup plus intelligent que moi. On dirait aujourd'hui qu'il était un "geek". Nous sommes allés un week-end à la patinoire, car il y allait souvent faire du hockey sur glace. Sa soeur m'a appris à avancer à reculons avec des patins à cette occasion. Une fois rentrés chez lui, je me souviens qu'il m'a fait écouter une chanson sur son lecteur de cassette. Ça n'était pas du tout de la musique de son âge, on aurait dit du cor de chasse ou quelque chose dans le genre. Je l'ai répété à un autre élève de ma classe en sa présence, ce qui a beaucoup choqué Romuald. Il faut dire que j'ai tendance à traiter les gens que je connais de façon assez dure, peut-être car j'attends la même chose de leur part. Un copain qui ne vous dit pas tout est forcément un peu hypocrite. Les gens les plus seuls sont ceux qui disent toujours ce qu'ils pensent être la vérité. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas gardé beaucoup d'amis. Je le regrette aujourd'hui. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: scolarité année: 1989
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date: mercredi 01/03/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Au collège, mes camarades de classe m'appellent « Penette », ils me connaissent comme ça. Il faut dire que mon nom composé est difficile à retenir. J'aurais préféré qu'ils m'appellent Florent. Mes notes sont souvent assez basses, mais je suis dans une classe dont le niveau est quand même assez élevé. Les professeurs se tournent souvent vers moi pour poser une question à quelqu'un « au hasard ». Ils essayent peut-être d'améliorer mon niveau en m'obligeant à répondre. Ma timidité rentre évidemment en ligne de compte pour choisir la personne à qui ils posent des questions. Étant donné qu'ils n'entendent pas souvent le son de ma voix, il faut bien qu'ils m'interpellent pour me faire réagir. "Comment appelle-t-on la droite passant par le centre et limité par les points du cercle ? Je choisis un élève au hasard... Penette". Comme je suis celui sur lequel tombe toujours le hasard, ma classe change mon surnom: je deviens « Au hasard, Penette ». L'explication est évidente, pour eux je dois forcément attirer la malchance. De même, il est facile de désigner quelqu'un, quand on ne veut pas faire une tâche ingrate: "Qui va chercher la balle, tombée dans le ravin ? Au hasard... Penette". Être le sujet de moqueries n'est jamais agréable. Tout les élèves ne me traitaient pas de cette façon, heureusement. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: scolarité année: 1989
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date: mercredi 15/03/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Au collège, on s'ennuie un peu pendant la récré. Du coup, on joue à la pelote, avec une balle de tennis. C'est un jeu qui consiste à taper chacun son tour dans une balle: elle doit toucher le sol puis le mur. Si on laisse la balle retomber, on a perdu, et les autres continuent la partie. Le gagnant est celui qui reste à la fin et gagne le duel. On joue parfois à 6 personnes, devant un mur de 3m de large et on se bouscule énormément. A force de taper dans cette balle, on finit par avoir la paume de la main complètement tannée. On jouait partout où il y avait un mur, aussi petit soit-il. Le professeur de technologie nous chassait souvent car on jouait sur la porte métallique de son atelier, ce qui faisait un bruit monstrueux. Parfois, la balle roulait dans la bouche d'égout, et il fallait la rechercher en passant le bras assez profondément (au risque de se coincer l'épaule, ce qui est arrivé parfois). La technique payante dans ce jeu était de taper le plus fort possible, pour que la balle soit impossible à rattraper. Une autre technique consistait à donner une trajectoire en cloche à la balle, ce qui la faisait rebondir à la base du mur (c'est l'équivalent de l'amorti en tennis). Je passais parfois l'intégralité de la récréation à jouer à ce jeu, même sous la pluie. Si elle était mouillée, la balle se gorgeait de saletés qui restaient collées au mur à chaque impact. Quand nous n'avions plus de balles, car elle s'abimaient et étaient parfois confisquées, on jouait avec des chiffons recouverts d'élastiques. Ça ne rebondissait pas très bien... (écrit le: 2012-10-09) catégorie: scolarité année: 1989
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date: samedi 10/06/1989 (13 ans) lieu: Chambord

Nous partons avec l'école visiter les châteaux de la Loire. Un bâtiment destiné aux colonies de vacances a été réservé spécialement pour les élèves de quatrième de mon collège, soit environ une centaine d'adolescents. Depuis notre foyer près de Chambord, nous allons à bicyclette sur les routes pour en apprendre un peu plus sur cette région. Nous verrons Amboise, Cheverny, les usines de chocolat Poulain à Blois. Nous irons également voir une centrale nucléaire à St Laurent des eaux. Depuis l'explosion de la centrale de Tchernobyl, la psychose s'est emparée des gens autour du nucléaire. Le guide a beau nous rassurer, en nous expliquant les mesures de sécurité qui entourent cette activité, nous sommes totalement paniqués. La visite de cette usine nous a fait froid dans le dos. Le soir, il y a des fêtes organisées. On devait participer à des jeux, comme deviner un mot en le mimant, ou sauter d'une chaise avec les yeux bandés. Mais il y avait aussi des soirées dansantes. Ça flirtait beaucoup dans les chambres, bien qu'elles n'étaient pas mixtes. Pour ma part, je continuais à regarder Elise avec des yeux de merlan frit, alors qu'elle était en couple avec un camarade de classe. Une autre fille "s'intéresse" à moi, et me prête une montre, alors que c'est celle d'un autre garçon. Il est venu la récupérer un peu plus tard, sans comprendre pourquoi elle me l'avait prêtée. Pendant nos balades à pied ou à vélo, on s'ennuyait toujours un peu. On s'amusait à lancer des cailloux dans la Loire. L'un d'entre nous était fort en maths. Il disait qu'à force égale, on envoyait plus loin le caillou en le lançant à un angle de 45° que sous n'importe quel autre angle. Il avait cependant oublié que nous les lancions depuis un chemin situé à 10 mètres au dessus du fleuve. Du coup, il n'arrivait jamais à prouver son hypothèse ! L'ambiance était décontractée. J'essayais de m'amuser, mais je me sentais mal à l'aise dans cette promiscuité. (écrit le: 2013-02-17) catégorie: scolarité année: 1989
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date: vendredi 30/06/1989 (13 ans) lieu: Pologne

Nous partons pour une expédition. Nous sommes 8 dans un van Volkswagen de couleur jaune. Il y a ma mère, Gérard, ma grande soeur, Cédric, Loris, Anna et son mari. Anna est notre guide polonaise. Elle a une soixantaine d'années, et s'occupe d'une association qui envoie des colis dans son pays natal, pour améliorer le quotidien des personnes qui sont restées là-bas. Son mari est hémiplégique, et ne parle quasiment pas. Nous avons prévu de passer par différents endroits: Varsovie, Cracovie, Poznan. Il faut aussi aller voir la famille éloignée de Gérard, une cousine de son père notamment. Après une nuit en Allemagne de L'Ouest, où tout nous semble confortable, nous arrivons à la frontière, le fameux "rideau de fer". De l'autre côté, le contraste est saisissant. Tout est gris, sale ou rouillé. Le premier soir, nous dormons chez l'habitant. Anna a réussi à trouver un hébergement dans une ferme. Comme il n'y a pas d'éclairage, il est difficile de voir où nous allons. Les draps sont froids et humides, mais nous arriverons à dormir. Les jours suivants nous permettrons de nous acclimater aux rigueurs des pays de l'Est. Nous arrivons dans des restaurants vides, où les Menus sont remplis de plats que le cuisinier ne peut pas nous préparer. A chaque fois que nous pointons notre doigt sur une photo sur le menu, la serveuse nous réponds "Nie ma" (il n'y en a pas). Nous mangerons donc à chaque repas une escalope panée et des haricots. Il est aussi prévu une escale à Auschwitz. Le silence et la solennité du lieu étaient vraiment pesants. Le mari d'Anna profite de ce silence pour nous adresser quelques phrases, émouvantes mais incompréhensibles. Il terminera par ce mot: "Kaputt", en désignant sa tête. Il mourra quelques semaines plus tard. (écrit le: 2013-12-15) catégorie: voyages année: 1989
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date: vendredi 14/07/1989 (13 ans) lieu: Colombes

200 ans depuis la Révolution française. Mitterrand voulait que ce soit une grande fête. Comme il avait été réélu l'année précédente, on était encore dans cet état de grâce qui suit l'euphorie des élections présidentielles. Il a demandé à Jean-Paul Goude de faire un "show", et de voir grand. Par conséquent, Goude avait prévu un défilé le long des Champs-Élysées, de nuit, comme un contrepoint au traditionnel défilé militaire. Cette semaine là, nous étions chez mon père pendant la moitié des vacances que nous passions chez lui. Nous regardons ce spectacle sur la petite télévision du salon, dans l'appartement qu'il occupait avec Christine et Marie avenue François Bernier. De nombreux spectateurs s'étaient massés sur les deux côtés de l'avenue. Des danseuses avançaient en valsant dans des robes rondes gigantesques équipées de roues. La fanfare passait en tapant sur de grosses caisses. On peut dire que l'ambiance était à mi-chemin entre un Fest-noz de Quimper et un défilé de mode de Jean-Paul Gaultier. Christine attendait avec impatience le premier "couac" de la soirée. A un moment, un des artistes équipé d'un chapeau en forme de tube s'étale de tout son long et Christine était contente. Une grande locomotive, escortée par des musiciens qui tapaient sur des bidons, évoquait la révolution industrielle. De petites lampes portatives éclairaient les visages des comédiens qui défilaient. Les différentes révolutions du Monde entier étaient représentées dans de véritables tableaux vivants. Vu depuis la lucarne de la TV, ce show semblait un peu lointain, tout était surtout très sombre, car les caméras captaient mal les faibles lumières. Les costumes rappelaient le passé colonial, les manifestations politiques, et la diversité des origines de la France. Le sommet du G7 avait lieu à Paris ce jour là. Georges et Barbara Bush étaient donc dans le public, et semblaient dans leur élément, ce qui peut sembler étonnant, car l'état d'esprit de cette fête était franchement éloigné de leurs valeurs. A un moment, Jessye Norman a chanté la Marseillaise, et a éclairé la soirée d'une lumière inoubliable. (écrit le: 2012-12-09) catégorie: évènements année: 1989
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date: mardi 05/09/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Mes genoux me font souffrir. J'ai mal quand je joue au volley-ball, un sport très exigeant avec les articulations. Les plongeons me font de plus en plus peur malgré les genouillères. Je vais voir un médecin, pour me faire prescrire un traitement. Vous avez dit « surmédicalisé »? Le médecin est spécialisé dans le sport. Il va me faire une ordonnance pour une pommade gélifiée à appliquer tous les soirs sur les zones douloureuses. Cette crème transparente a un parfum très fort (probablement à cause du camphre). Ce médecin a une idée très arrêtée sur ce qui provoque ces douleurs: « C'est la circulation sanguine». Il va me demander de prendre de l'aspirine. Une tonne d'aspirine. Je me retrouve à prendre de l'aspégic 500 tous les jours, ce qui fluidifie mon sang. Très utile pour saigner dès qu'on se fait une égratignure. Je ne sais pas si ça m'a beaucoup aidé, en tout cas, ça ne m'a pas évité d'avoir mal aux genoux. Cette histoire m'a servi de leçon. L'adolescence est une période de remise en question des opinions dominantes, surtout celle de nos parents. A partir de cet instant, j'ai compris qu'il n'était pas nécessaire de voir le médecin trop souvent... du moins quand on peut supporter la douleur. (écrit le: 2012-04-22) catégorie: santé année: 1989
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date: jeudi 12/10/1989 (13 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Je pratique depuis peu le tir à l'arc dans le gymnase à côté du collège tous les jeudis soir. Il faut s'équiper en arc, flèches, carquois,… Le professeur est très doué pour nous apprendre les subtilités de ce sport. C'est un homme qui bégaye, mais bizarrement, il perdra son bégaiement l'année suivante. Les cibles sont à environ 25 mètres, mais les débutants commencent à 10 mètres environs. Les élèves ont de 10 à 70 ans, et l'ambiance est agréable. En plus de l'arc classique, démontable, j'ai été obligé d'acheter beaucoup d'accessoires, notamment des protections. La palette sert à protéger les doigts quand on tire la corde, le protège-bras évite de recevoir la corde sur le bras gauche quand on la relâche. Les branches de l'arc sont interchangeables, pour s'adapter à notre force. Les flèches en aluminium sont moins chères mais plus fragiles que les flèches en carbone. Nous pouvons également ajouter des stabilisateurs, qui facilitent la visée. Il y a plusieurs phases à respecter pour réussir un tir. L'arc est dirigé vers le sol. On met la flèche sur son support. Puis on ramène l'arc à la verticale d'un même mouvement, en tirant la corde avec la main droite, et en poussant l'arc avec la main gauche. Ensuite, on met la corde en contact avec le bout des lèvres, le pouce droit en contact avec la mâchoire et on vise (en fermant un oeil). Enfin, on essaye de se décontracter, on lâche la corde dans un mouvement ample. Quand la flèche touche son but, on dirige l'arc vers le sol. C'est un sport exigeant. J'ai énormément de mal à tenir la position avant de lâcher la corde car mes bras ne sont pas très musclés. La position du corps et les mouvements sont très précis, il n'y a pas de place pour l'improvisation. Parfois, on va chercher des fournitures dans une remise à l'intérieur du gymnase. Dans cette petite pièce se trouvent des feuilles qui seront fixées sur les supports en paille, ce sont les blasons. Bleu, vert, rouge, jaune, plus la couleur est chaude, plus on se rapproche du centre. Mais il y a aussi des dessins assez réalistes d'animaux sauvages, que le professeur n'utilise pas avec nous. Pour s'entraîner, on accroche parfois des ballons de baudruche sur la cible, histoire de varier un peu. Au bout d'un moment, les cours deviennent inutiles, car nous ne nous améliorons qu'avec la pratique. Ce qui compte le plus, c'est alors les conseils de ceux qui visent mieux que nous. Je n'étais pas un très bon archer, ce qui explique que j'ai fini par arrêter ce sport dans le courant de l'année suivante. Un arc est un accessoire de sport, mais c'est aussi une arme. Un soir, j'ai raté mon tir, et ma flèche est partie sur la gauche, à 3 ou 4 mètres d'un spectateur (qui ne devait pas se trouver là de toutes façons). J'ai une peur bleue de lui infliger une blessure. Je suis allé le voir pour lui demander de s'assoir ailleurs, et j'en ai profité pour m'excuser. C'est à ce moment là que je me suis dit que ce sport n'était pas fait pour moi. (écrit le: 2012-03-05) catégorie: sport année: 1989
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date: mardi 28/11/1989 (13 ans) lieu: Paris

Nos professeurs de Français et d'Histoire avaient décidé de nous amener au Tribunal de Paris. L'exercice judiciaire était quelque chose de nouveau pour moi qui était au collège en classe de 3ème. Nous voyons des consommateurs de drogue défiler, refusant des avocats commis d'office, avec les conséquences dramatiques qu'on peut imaginer. Puis nous changeons de salle, et nous devenons les spectateurs d'un combat assez coquasse sur le thème des droits d'auteurs. Lio était assignée en justice par Mattel, la société qui vend les poupées Barbie. Sur une pochette d'album, elle ressemblait à la fameuse poupée. Certains de mes camarades de classe ont demandé un autographe à la chanteuse mais j'ai toujours senti une gêne en présence de gens connus, alors je ne l'ai pas fait. Nous avons appris plus tard que les juges n'avaient pas donné suite à la plainte de Mattel. (écrit le: 2011-07-14) catégorie: scolarité année: 1989
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date: mercredi 07/02/1990 (14 ans) lieu: St Leu la Forêt

Suite au jumelage de notre ville avec Wendlingen, nous accueillons une allemande à la maison. Elle est très curieuse et me pose beaucoup de questions. Par contre, elle n'est pas très jolie. Suite à un quiproquo, elle me croit plus âgé qu'elle, ce qui est possible car j'ai beaucoup grandi depuis deux ans. Elle m'a demandé dans quelle classe j'étais, et j'ai dit "Zum Gymnasium", donc elle croit que je vais au lycée, alors qu'en fait je suis encore au collège. Comme elle rigolait à toutes mes blagues, je crois qu'elle avait un faible pour moi, mais je n'avais aucune envie de le vérifier. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: rencontres année: 1990
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date: vendredi 09/02/1990 (14 ans) lieu: Paris

Nos profs de français et d'anglais ont organisé une sortie au cinéma. Nous allons voir « Le cercle des poètes disparus » au cinéma UGC de Châtelet-les-Halles. 21 F pour le ticket d'entrée, et 13,10 F pour le billet SNCF aller-retour à Paris. Le débat qui suivra ce film, dans lequel un prof charismatique incite ses élèves à l'anti-conformisme, sera un des plus enrichissants dont je me souvienne au collège. L'attitude du professeur, joué par Robin Williams, aboutit en effet au suicide d'un des élèves, interprété par Robert Sean Leonard, qui ne supporte pas que ses parents refusent qu'il devienne acteur. Faut-il encourager l'imagination, quitte à risquer ce genre de conséquence ? Faut-il garantir une éducation minimale à tous, quitte à brider le développement intellectuel de certains ? Il n'y a pas eu de réponses définitives lors de ce débat qui a eu lieu en classe, après avoir vu ce film. La question restera ouverte. (écrit le: 2011-09-18) catégorie: cinéma année: 1990
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date: jeudi 15/03/1990 (14 ans) lieu: St-Leu-la-forêt

Cours de mathématiques, en classe de 3ème. Notre professeur est calme, assez enveloppé, un visage très rouge et les cheveux couverts de Pento, avec un brushing "mini-vague". Lorsqu'il nous rendait les copies, il commençait par les meilleures notes. Autrement dit, quand on recevait son devoir corrigé en dernier, cela ne signifiait rien de bon... J'étais parfois avant-dernier, ante-pénultième, mais rarement dans les premiers. Ce jour là, le professeur nous remet nos devoirs de géométrie, et j'avais une note correcte. Ni le premier, ni le dernier: au milieu du troupeau. 14 sur 20, j'étais content pour une fois ! A la relecture de ma copie, il s'avère que le prof a fait une erreur d'addition. Il m'a mis trois points en trop. J'hésite, j'en parle à mon voisin de table qui me chuchote: « Ne lui dit paaaaas! ». Finalement, je lui rend ma copie en lui disant qu'il y a une erreur. Je n'ai jamais su s'il avait mis des points en trop pour m'encourager ou s'il avait réellement fait une erreur. Je me souviens lors de la réunion parent-professeur qu'il avait prévenu ma mère: "Attention: au lycée, le niveau est plus élevé. Pour lui ça va être dur, très dur...". (écrit le: 2012-02-11) catégorie: scolarité année: 1990
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date: samedi 05/05/1990 (14 ans) lieu: Colombes

Christine m'offre un livre de Jean-Denis Bredin paru chez Gallimard, « Un enfant sage ». Elle rajoute une note manuscripte sur la page de garde qu'elle termine par: "...nous en reparlerons...". La politesse extrême de cet enfant lui rappelle mon caractère. C'est l'histoire d'un garçon dont les parents sont divorcés. Il obéit à tous les ordres de son père et de sa mère, qui viennent de deux univers très différents. L'action se situe dans les années 30 et s'inspire fortement de la vie de l'auteur. Ça ne me dérangeait pas de lire des romans, mais celui-ci était sans doute trop sérieux. Je crois me souvenir de ne pas avoir apprécié l'ambiance stricte et le désarroi que vivait le personnage principal, plus jeune que moi. Quand on m'a donné ce livre, il est possible aussi que je l'ai ressenti comme une nouvelle tentative de me catégoriser: timide, étourdi et maintenant... sage, trop sage. Quand on essaye de capturer un adolescent, il s'échappe. Les grosses ficelles de ceux qui pensaient devoir me bousculer pour me faire réagir, je les voyais arriver à des kilomètres. Pour me dire ce que je devais faire, il suffisait de me le demander, et quand on me posait une question, je prenais le temps avant de répondre. Tout cela n'explique pas vraiment mon état d'esprit à l'époque, mais les coups que je prenais dans la figure me faisaient plus mal que ce que je voulais bien exprimer. Revenons au livre. Sans doute l'auteur voulait-il exorciser son excès de docilité, ce comportement qui a accompagné la séparation de son père et de sa mère. On finit par dire à chacun d'entre eux ce qu'ils veulent entendre, pour leur faire plaisir. C'est une réaction que doivent avoir eu de nombreux enfants, comme moi, dans cette situation. Ce réflexe n'aide évidemment pas un individu à se définir lui-même comme la synthèse de deux parties, lorsque celles-ci se déchirent. Comment suis-je né, et de quelle façon se comporter, si les personnes dont je suis issu ne s'accordent sur rien ? Il est difficile de répondre à cette question avant d'avoir pris un peu de bouteille. J'imagine qu'à 60 ans, Bredin avait l'expérience nécessaire pour accepter la situation et rédiger ce livre. (écrit le: 2014-09-13) catégorie: livres année: 1990
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date: vendredi 25/05/1990 (14 ans) lieu: Cork

La famille d'accueil nous a trouvé une chambre dans leur grande maison, que je partage avec Romuald, celui qui fait les photos du voyage avec moi. Ce couple assez âgé nous fait goûter les spécialités de la région. Ils ont un fils qui est un peu plus jeune que nous. La journée, nous allons visiter différents lieux aux alentours. Nous verrons Cork, Galway et de nombreux châteaux. La chanson des Christians, "Words", atteint des sommets au TOP50 et passe tout le temps à la radio. Cette chanson, inspirée de "Women of Ireland", composée par Seán Ó Riada colle tout à fait à l'endroit où je me trouve. Le père de la famille d'accueil souhaite savoir si nous voulons aller à l'église. Je dis "Pourquoi pas?", mais en fait il veut savoir si nous sommes croyants au point de devoir aller prier le dimanche. Le malentendu dissipé, nous n'irons finalement pas à l'église. Nos parcours se font la plupart du temps en bus. La couleur qui prédomine est le vert, ce n'est pas un hasard si le "shamrock", le trèfle, figure partout sur les drapeaux et les enseignes en Irlande. Les publicités pour la bière "Guiness", fleurissent également sur notre parcours. Le jour de notre départ, des profs ont retrouvé un tag dans les toilettes publiques (les seules du village). Catastrophe: les correspondants irlandais ont peur que cette mode s'exporte chez eux. Nous aurons droit à un sermon de la part des accompagnateurs. Le retour en ferry sera beaucoup plus tranquille que l'aller, sur une mer d'huile. On aurait dit qu'il s'agissait d'une croisière. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: scolarité année: 1990 son
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date: vendredi 01/06/1990 (14 ans) lieu: St Leu la Forêt

On mange bien à la cantine ? Pas vraiment, mais bon ça reste mangeable. Matthieu m'invite à déjeuner chez lui certains midis. Nous devons aller jusqu'à l'entrée de la cantine et tromper la vigilance des surveillants pour mettre notre carte de cantine dans une boîte. En effet, les élèves qui ne mangent pas à la cantine sont punis s'ils n'ont pas prévenus à l'avance de leur absence. Si une carte manque dans la boîte, cela signifie que l'élève n'est pas venu. Et comme on veut faire ça en douce, sans prévenir personne, il faut un peu tricher. Une fois le forfait réalisé, nous sortons de l'école par un trou dans le grillage. Arrivé dans la grande maison, chez Matthieu, il faut se préparer rapidement un repas. En général, il fait des oeufs brouillés, avec un peu de rhum pour donner du goût. Puis on a la maison pour nous tout seuls. C'est surtout les matchs de Roland-Garros à la télévision qui nous intéressent en fait ! Et si les cours ne reprennent pas avant 15 heures, on peut retourner au collège au dernier moment. Le problème c'est que la conseillère d'éducation va se rendre compte de mon absence une fois, un peu avant la fin de l'année scolaire. Je vais être obligé de faire une heure de colle ! Pas cher payé pour les nombreuses fois où on a mangé à l'extérieur sans rien dire à personne. (écrit le: 2012-09-18) catégorie: scolarité année: 1990
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date: lundi 11/06/1990 (14 ans) lieu: Margency

Pour la rentrée de septembre, ma mère m'inscrit dans un lycée privé à Margency. Elle avait constaté l'effet bénéfique des méthodes éducatives de cette école sur ma grande soeur. Elle espère qu'il en sera de même pour moi, même si elle ne m'a pas demandé mon avis. Cet établissement assure principalement l'enseignement secondaire pour les enfants des villes avoisinantes. Le catéchisme y est assuré par des pères maristes. Ils s'occupent de l'éducation religieuse facultative. C'est la première fois que je ne serai pas scolarisé dans une institution publique. Le proviseur souhaite me rencontrer, ma mère va donc m'accompagner là-bas. Cet établissement privé sous contrat s'appelle "Notre-Dame de Bury". J'aurais du me méfier, ou disons me préparer. En anglais "to bury" signifie "enterrer", c'est la sensation que me fait cet endroit en y entrant. Le domaine, qui appartient aux pères, est assez grand. Il y a un château du XIXème et un grand parc à entretenir. Dans des constructions d'un ou deux étages se trouvent les classes. Nous arrivons dans le bâtiment moderne mais déjà bien fatigué où se trouvent les lycéens. Le proviseur a un bureau au rez-de-chaussée, il nous invite à entrer. Il me pose des questions, sur ce que je souhaite faire dans la vie. On dirait un entretien d'embauche, sauf que je ne m'étais pas du tout préparé à ça. "Qu'est-ce que tu regardes à la TV?". Je me voyais mal lui répondre que je passais mon temps devant le "Club Dorothée". Épuisant dans ma tête la liste des programmes tous plus inavouables les uns que les autres, j'ai fini par répondre "La Météo" en bafouillant. Ça l'a bien fait rire. Je me souviens aussi de ses airs supérieurs. J'avais les larmes aux yeux, de celles qui montent quand on se sent impuissant. Il devait avoir l'impression de nous rendre à ma mère et à moi un immense service en m'acceptant dans "son" école. J'avais surtout le sentiment de lui inspirer de la pitié, au regard de mes bulletins de note et des revenus pourtant honorables de ma mère. Il faut dire que l'admission se fait sur la base de critères scolaires et financiers, le tarif évoluant en fonction du quotient familial. Je mettais les pieds dans un univers totalement étranger à mon mode de pensée. Beaucoup d'élèves de Bury étaient plus doués que moi, ce qui n'était pas difficile, et les revenus de leurs parents dépassaient largement la moyenne nationale. Encore peu enclin à soutenir une confrontation, je faisais aussi l'entrée dans un monde compétitif qui ne me plaisait pas. J'étais prêt à me faire gober comme un huître. Je n'ai compris cela qu'après les vacances scolaires... (écrit le: 2014-11-23) catégorie: scolarité année: 1990
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date: lundi 18/06/1990 (14 ans) lieu: Saint-Leu-la-forêt

Je passe le brevet. Je planche sur l'examen dans une relative décontraction. Ce sont des questions très faciles. On nous demande par exemple ce que signifie 'TGV' ? Quoi qu'il arrive, échouer à cette épreuve n'empêchait pas de passer du collège au lycée. Après l'annonce des résultats, je n'ai pas osé allé voir sur les panneaux affichés à l'extérieur du collège pour savoir si je l'avais eu ou pas. J'ai menti en disant à ma mère que j'avais été voir et que j'étais admis. J'avais un peu honte de ce mensonge, surtout que je n'étais pas sûr d'avoir eu une bonne note. Mathieu ne comprends pas pourquoi je me retrouve dans cette situation, il insiste pour que nous allions vérifier. Je suis retourné au collège quelques jours plus tard avec lui pour voir si les résultats étaient toujours disponibles. Malheureusement, les affiches avaient été détachées. Il faut dire que l'année scolaire était terminée. Le gardien du lycée a bien voulu nous ouvrir la porte et nous a expliqué que les résultats étaient rangés dans un coin. J'ai vu mon nom avec la mention 'Admis'. J'ai remercié le gardien et je suis parti. (écrit le: 2017-03-31) catégorie: scolarité année: 1990
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