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Article du 3/11/14

Analogie entre la calligraphie et l'art du graph

 

Les mouvements délicats de la main sur le papier, ceux du dessinateur, prennent une dimension particulière quand le texte et les courbes esthétiques se marient et donnent vie à la calligraphie.

Les calligraphies latines, arabes et chinoises sont les plus remarquables de l'histoire.

-La pratique de la calligraphie latine est traditionnellement associée à la copie de manuscrits par les moines chrétiens. Elle est largement inspirée de la graphie grecque, qui tire son influence des écritures sémitique, etc...

-Quant à l'arabe, l'utilisation de l'écriture comme un art est l'une des composantes les plus caractéristiques des arts de l'Islam. L'arabe tire également son influence des écritures sémitiques.

-La tradition veut que les caractères chinois aient été inventés en 2650 avant J.C.

Ses compositions étaient fondées sur l'observation de la nature. De toutes les écritures, c'est celle dont les formes se rapprochent le plus des objets et concepts qu'elle est sensée exprimer. Peut-être la relative stabilité des traditions dans cette région du Monde a évité les remises en question des modèles établis, tels que celui de l'écriture. Ce conservatisme est-il pour quelque chose dans la ressemblance entre certains idéogrammes et le sujet qu'ils désignent ? Pour désigner un homme, on représente deux branches en équilibre sur un tronc central, quoi de plus simple. Pour représenter une foule, dessinez trois idéogrammes « homme » en pyramide.

le kanji "Aïkido"

La calligraphie japonaise est née de l'enseignement délivré par des moines bouddhistes chinois, qui ont transmis cet art au Japon en 500 avant J.C. N'oubliez pas que presque toute la culture japonaise a été copiée de la culture chinoise: thé, bonsaïs , soie, arts martiaux, etc…

Comme dans de nombreux sujets, les japonais ont perfectionné la pratique de leur art. Il est vrai que les japonais sont connus pour être un peu perfectionnistes.

le printemps

Vers 210 avant Jésus-Christ Li Sseu déclarait : « Dans l'écriture d'un caractère ce n'est pas seulement la composition qui importe, c'est aussi la force du coup de pinceau. Faites que votre trait danse comme le nuage dans le ciel, parfois lourd, parfois léger. C'est seulement alors que vous imprégnerez votre esprit de ce que vous faites et que vous arriverez à la vérité. »

Le souffle d'air sur le papier, expiré de manière délicate, entraîne un séchage plus ou moins rapide de l'encre. Tous les détails comptent. Il y a une filiation avec l'art du Taï-Chi, qui oblige à penser le mouvement avant de le faire. Quand le geste imprime une marque de manière définitive, il faut réfléchir pour prévoir ce que l'on va faire. En choisissant les moyens les plus indélébiles pour prendre possession de l'espace, les graffeurs sont certainement les élèves inconscients de cette tradition calligraphique.

Les grottes habitées par les premiers hommes sont souvent couvertes de marques et de dessins, c'est dire si cet usage qui consiste à écrire sur les murs est ancien. Dans les rues de Pompéï, conservées grace à l'éruption du Vésuve, on a trouvé des graffiti sous forme de marques sur les murs grattés au couteau, et des peintures plus élaborées. Depuis les années 60, quand on parle de graffiti, on pense aux tags dans les transports en commun. Il est rare que les graffiti dans le métro soient écrits au crayon à papier. Les graffiti au marqueur et à la peinture aérosol sont né avec le hip-hop, mais se sont nourris d'influences diverses, dont l'Orient fait partie. Associé à la délinquance et la dégradation des lieux publics dans les premiers temps, l'image de cet pratique est devenue plus nuancée avec l'arrivée de dessinateurs de talent. Alors qu'il était Ministre de la Culture, Jack Lang s'est attiré les foudres du Figaro en élevant le graffiti au rang d'art !

 
 

Nés aux Etats-Unis à la fin des années 60, les tags n'étaient au départ qu'une manière de crier son nom. Certains tagueurs ont évolué vers autre chose. Au début des années 1970, les rames du métro de New-York et certaines rues de Brooklyn étaient recouvertes littéralement de graffiti. C'est évidemment là-bas que les premiers artistes reconnus sont entrés dans les galeries d'art. La France, avec dix ans de retard sur New-York, a également connu ses figures importantes. C'est bien sûr à Paris que le mouvement a pris son envol. Les affiches contestataires style Mai 68 et les « pochoirs » d'artistes célèbres ont donc cohabités avec cet envahisseur qu'était le graph à l'époque. Le côté artistique des débuts s'est un peu essoufflé, on trouve maintenant les plus belles œuvres dans les galeries. Le street-art s'est embourgeoisé et c'est la culture hip-hop qui remplit les rues et les pallissades de la capitale. Il y a malgré tout quelques grandes fresques, de véritables chefs-d'œuvre dans certains quartiers, notamment près du Louvre, sur les quais ou à la sortie des grandes gares parisiennes. Certaines dégradations ont émues l'opinion, les répliques de statues de la station de métro "Louvre", couvertes de tags en 1991: quel symbole de la lutte entre les anciens et les modernes! On se pose alors la question, comment empêcher ce "barbouillage". La RATP est en première ligne de cette guerre de l'espace d'affichage.

La lutte contre le graffiti a commencée juste après sa naissance, et elle dure encore aujourd'hui. Difficile de défendre ceux qui dégradent les lieux publics, et il faut avouer que ce n'est pas toujours beau un graffiti ! Le terme le plus courant, quand on parle de dégradations, est la « pollution visuelle ». On laissera à chacun le soin de choisir quelle pollution est la plus dangereuse ! Actuellement, ce sont les collectifs anti-pub qui sont dans le collimateur des transports en commun. Certains murs sont nettoyés pour être recouverts de nouvelles fresques le lendemain, il est donc un peu désespérant de mener cette lutte. Un mur de couleur claire est comme une page blanche, objet rare et convoité. La place est rare. Il est mal vu de recouvrir le graffiti d'un autre par le sien. Dans la communauté des graffeurs, c'est comme une déclaration de guerre.

Le fait de peindre sans autorisation sur un mur est puni par la loi. Il s'agit au minimum d'une amende de 7 500 euros et d'une condamnation pouvant aller du travail d'intérêt général à une peine de prison, en fonction de la gravité des faits Dans ce contexte, certains artistes sortent leur épingle du jeu, et contournent la loi. Il y a celui qui nettoie les murs à certains endroits pour faire un dessin en noir et blanc. Difficile d'arrêter quelqu'un qui rend service ! Ou ceux qui découpent les affiches au cutter pour fabriquer de véritables œuvres d'art en trois dimensions. Je ne sais pas si on peut être blâmé pour ça.

En commençant par écrire son nom, son surnom plutôt, on est obligé d'en passer par la typographie, et même la calligraphie. L'aspect esthétique du dessin déforme les lettres, par exemples les lignes droites peuvent devenir courbes et inversement. Faire passer un message n'est pas obligatoire, les meilleurs graffeurs sont surement ceux qui ont su tirer de leur imaginaire des formes abstraites et évocatrices. Le subtil équilibre entre l'œuvre d'art et le texte est selon moi le signe d'une œuvre réussie. La lisibilité n'est surement pas un but en soi, l'illisibilité non plus. La calligraphie n'est-elle pas ce mariage entre le signe et le signifiant ?

Ceux qui maîtrisent l'écriture ont toujours eu un statut social à part: scribes, moines, écrivains publics... Les artistes de rue sont loin d'avoir ce type de reconnaissance. Certains ont cependant réussi à s'en sortir.

C'est au Grand Palais que s'est déroulée la dernière exposition en date (du 27 mars au 3 mai 2009). La fondation Cartier présente quant à elle depuis le 7 juillet une exposition "Né dans la rue".

FTP

 

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http://www.calligraphie-japonaise.fr/index.html

http://fondation.cartier.com/?_lang=fr&small=0&i=143692 Né dans la rue: expo du 7 juillet au 29 novembre 2009.

http://www.tagaugrandpalais.com/

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