07/02/2010 à 13h45
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Les Raisins de la colère.
Jusqu'où peut-on résumer un texte ? Le premier chapitre du livre de John Steinbeck peut-il être résumé en 320 mots ? Puis en 110?, en 35?, en 10? et finalement en 1 mot ??

CHAPITRE PREMIER
Sur les terres rouges et sur une partie des terres grises de l’Oklahoma, les dernières pluies tombèrent doucement et n’entamèrent point la terre crevassée. Les charrues croisèrent et recroisèrent les empreintes des ruisselets. Les dernières pluies firent lever le maïs très vite et répandirent l’herbe et une variété de plantes folles le long des routes, si bien que les terres grises et les sombres terres rouges disparurent peu à peu sous un manteau vert. À la fin de mai, le ciel pâlit et les nuages dont les flocons avaient flotté très haut pendant si longtemps au printemps se dissipèrent. Jour après jour le soleil embrasa le maïs naissant jusqu’à ce qu’un liséré brun s’allongeât sur chaque baïonnette verte. Les nuages apparaissaient puis s’éloignaient. Bientôt ils n’essayèrent même plus. Les herbes, pour se protéger, s’habillèrent d’un vert plus foncé et cessèrent de se propager. La surface de la terre durcit, se recouvrit d’une croûte mince et dure et de même que le ciel avait pâli, de même la terre prit une teinte rose dans la région rouge, et blanche dans la grise. Dans les ornières creusées par l’eau, la terre s’éboulait en poussière et coulait en petits ruisseaux secs. Mulots et fourmis-lions déclenchaient de minuscules avalanches. Et comme le soleil ardent frappait sans relâche, les feuilles du jeune maïs perdirent de leur rigidité de flèches ; elles commencèrent par s’incurver puis, comme les nervures centrales fléchissaient, chaque feuille retomba toute flasque. Puis ce fut juin et le soleil brilla plus férocement. Sur les feuilles de maïs le liséré brun s’élargit et gagna les nervures centrales. Les herbes folles se déchiquetèrent et se recroquevillèrent vers leurs racines. L’air était léger et le ciel plus pâle ; et chaque jour, la terre pâlissait aussi. Sur les routes où passaient les attelages, où les roues usaient le sol battu par les sabots des chevaux, la croûte se brisait et la terre devenait poudreuse. Tout ce qui bougeait sur la route soulevait de la poussière : un piéton en soulevait une mince couche à la hauteur de sa taille, une charrette faisait voler la poussière à la hauteur des haies, une automobile en tirait de grosses volutes après elle. Et la poussière était longue à se recoucher. À la mi-juin les gros nuages montèrent du Texas et du Golfe, de gros nuages lourds, des pointes d’orage. Dans les champs, les hommes regardèrent les nuages, les reniflèrent, et mouillèrent leur doigt pour prendre la direction du vent. Et tant que les nuages furent dans le ciel les chevaux se montrèrent nerveux. Les pointes d’orage laissèrent tomber quelques gouttelettes et se hâtèrent de fuir vers d’autres régions. Derrière elles, le ciel redevenait pâle et le soleil torride. Dans la poussière, les gouttes formèrent de petits cratères ; il resta des traces nettes de taches sur le maïs, et ce fut tout.
Une brise légère suivit les nuages d’orage, les poussant vers le nord, une brise qui fit doucement bruire le maïs en train de sécher. Un jour passa et le vent augmenta, continu, sans que nulle rafale vînt l’abattre. La poussière des routes s’éleva, s’étendit, retomba sur les herbes au bord des champs et un peu dans les champs. C’est alors que le vent se fit dur et violent et qu’il attaqua la croûte formée par la pluie dans les champs de maïs. Peu à peu le ciel s’assombrit derrière le mélange de poussières et le vent frôla la terre, fit lever la poussière et l’emporta. Le vent augmenta. La croûte se brisa et la poussière monta au-dessus des champs, traçant dans l’air des plumets gris semblables à des fumées paresseuses. Le maïs brassait le vent avec un froissement sec. Maintenant, la poussière la plus fine ne se déposait plus sur la terre, mais disparaissait dans le ciel assombri. Le vent augmenta, glissa sous les pierres, emporta des brins de paille et des feuilles mortes et même de petites mottes de terre, marquant son passage à travers les champs. À travers l’air et le ciel obscurcis le soleil apparaissait tout rouge et il y avait dans l’air une mordante âcreté. Une nuit, le vent accéléra sa course à travers la campagne, creusa sournoisement autour des petites racines de maïs et le maïs résista au vent avec ses feuilles affaiblies jusqu’au moment où, libérées par le vent coulis, les racines lâchèrent prise. Alors chaque pied s’affaissa de côté, épuisé, pointant dans la direction du vent. L’aube se leva, mais non le jour. Dans le ciel gris, un soleil rouge apparut, un disque rouge et flou qui donnait une lueur faible de crépuscule ; et à mesure que le jour avançait, le crépuscule redevenait ténèbres et le vent hurlait et gémissait sur le maïs couché. Hommes et femmes se réfugièrent chez eux, et quand ils sortaient ils se nouaient un mouchoir sur le nez et portaient des lunettes hermétiques pour se protéger les yeux. Quand la nuit revint, ce fut une nuit d’encre, car les étoiles ne pouvaient pas percer la poussière et les lumières des fenêtres n’éclairaient guère que les cours. À présent, la poussière et l’air, mêlés en proportions égales, formaient un amalgame poudreux. Les maisons étaient hermétiquement closes, des bourrelets d’étoffe calfeutraient portes et fenêtres, mais la poussière entrait, si fine qu’elle était imperceptible ; elle se déposait comme du pollen sur les chaises, les tables, les plats. Les gens l’époussetaient de leurs épaules. De petites raies de poussière soulignaient le bas des portes. Au milieu de cette nuit-là le vent tomba et le silence s’écrasa sur la terre. L’air saturé de poussière assourdit les sons plus complètement encore que la brume. Les gens couchés dans leur lit entendirent le vent s’arrêter. Ils s’éveillèrent lorsque le vent hurleur se tut. Retenant leur souffle, ils écoutaient attentivement le silence. Puis les coqs chantèrent, et leur chant n’arrivait qu’assourdi, alors les gens se tournèrent et se retournèrent dans leurs lits, attendant l’aube avec impatience. Ils savaient qu’il faudrait longtemps à la poussière pour se déposer sur le sol. Le lendemain matin, la poussière restait suspendue en l’air comme de la brume et le soleil était rouge comme du sang frais caillé. Toute la journée la poussière descendit du ciel comme au travers d’un tamis et le jour suivant elle continua de descendre, recouvrant la terre d’un manteau uniforme. Elle se déposait sur le maïs, s’amoncelait au sommet des pieux de clôtures, s’amoncelait sur les fils de fer ; elle s’étendait sur les toits, ensevelissait les herbes et les arbres. Les gens sortirent des maisons, humèrent l’air chaud et corrosif et se protégèrent le nez. Les enfants sortirent eux aussi des maisons, mais ils ne criaient pas, ils ne couraient pas comme ils eussent fait après la pluie. Les hommes se tenaient près de leurs clôtures et regardaient leur maïs dévasté qui se desséchait vite maintenant, ne montrant plus qu’un tout petit peu de vert sous la mince couche de poussière. Les hommes se taisaient et ne bougeaient guère. Et les femmes sortirent des maisons pour venir se placer près de leurs hommes – pour voir si cette fois les hommes allaient flancher. À la dérobée, elles scrutaient le visage des hommes, car le maïs pouvait disparaître, pourvu qu’il restât autre chose. Les enfants étaient là tout près, traçant de leurs orteils nus des dessins dans la poussière, et avec leurs sens en éveil ainsi que des antennes, les enfants cherchaient à deviner si les hommes et les femmes allaient flancher. Les enfants guignaient les visages des hommes et des femmes, puis avec application ils se remettaient à tracer du bout de leurs orteils des lignes dans la poussière. Des chevaux venaient aux abreuvoirs et soufflaient des naseaux sur la surface de l’eau pour en chasser la poussière. Au bout d’un moment, les visages des hommes qui observaient perdirent leur expression de perplexité stupéfaite et devinrent durs, colères, et résolus. Alors les femmes comprirent que le danger était passé et qu’il n’y aurait pas d’effondrement. Elles demandèrent alors :
— Qu’est-ce qu’on va faire ?
Et les hommes répondirent :
— Je ne sais pas.
Mais tout allait bien. Les femmes savaient que tout allait bien et les enfants, sagaces, savaient que tout allait bien. Femmes et enfants savaient au fond d’eux-mêmes que nulle infortune n’est trop lourde à supporter du moment que les hommes tiennent le coup. Les femmes rentrèrent chez elles et retournèrent à leurs besognes et les enfants se mirent à jouer, mais timidement, au début. À mesure que le jour avançait le soleil devenait moins rouge. Il dardait ses rayons sur la campagne emmitouflée sous la poussière. Les hommes s’assirent sur le seuil de leurs maisons, tripotant des bâtons et des petits cailloux. Assis devant les portes, immobiles, les hommes réfléchissaient... calculaient.

Résumé du 1er Chapitre en 320 mots:
Les dernières pluies tombèrent dans l'Oklahoma et permirent aux céréales et aux herbes de recouvrir ses terres rouges et grises. Fin mai, le soleil commença d'assécher les cultures et fit même blanchir la terre. Puis la poussière fit son apparition tandis que le soleil attaquait les feuilles du maïs. En juin, les épis séchaient de plus en plus. La poussière recouvrait tout et se soulevait au moindre mouvement. Parfois les orages grondaient mais seulement quelques gouttes de pluie tombaient.
Puis vint le vent, qui d'une brise devint bourrasque et emportait la poussière avec lui. Le maïs à son passage devenait plus sec encore. Chaque coup de vent emportait la terre, si bien que les racines des plants de maïs cédèrent et que les épis se couchèrent. Sous ce soleil voilé par la poussière, les hommes devaient s'abriter et protéger leur visage. La nuit était sombre, car les rares sources de lumière étaient cachées par cette poudre. Cette poussière, malgré les efforts des hommes pour la cantonner à l'extérieur, finissait par se déposer à l'intérieur des maisons et sur les vêtements.
Quand le vent s'arrêta, une nuit, rien ne résonnait à cause de cette matière en suspension. Les hommes se réveillèrent à cet instant, mais ils devraient attendre le lever du soleil pour constater l'étendue du désastre. La poussière mettrait quelques jours à se déposer, recouvrant tout.
Puis les gens, hébétés, sortirent pour constater l'état des cultures. Les femmes scrutaient la réaction de leurs maris pour savoir ce qu'ils feraient.
Les enfants, tout en dessinant dans la poussière avec leurs pieds, voulaient savoir si leurs parents flancheraient. Alors les hommes changèrent d'attitude, et firent place à la colère et à la détermination. Ceci rassura leurs femmes, car elles avaient peur que leurs maris baissent les bras. Les enfants étaient toujours sur le qui-vive. Puis les femmes se remirent à leurs occupations. Les hommes quant à eux restaient assis à réfléchir…

Résumé du 1er Chapitre en 110 mots:
Les pluies de printemps tombèrent dans l'Oklahoma. Fin mai, le soleil commença à assécher le maïs. En juin, la poussière apparut, pluie ne tombait plus.
Lorsque le vent se leva, la poussière envahit tout. La sécheresse de la terre et ce vent finirent d'achever les épis de maïs. Rien ne pouvait empêcher cette poussière d'entrer, de se déposer partout.
Le vent s'arrêta enfin, une nuit. La situation était désastreuse, et la poussière retomba au sol.
Les gens sortirent pour voir la situation. Les femmes et les enfants étaient inquiets. Les hommes réagirent avec colère et détermination, ce qui les rassura. Ils restèrent assis à réfléchir.

Résumé du 1er Chapitre en 35 mots:
En mai dans l’Oklahoma le soleil attaqua le maïs. La poussière puis le vent le fit tomber.
Quand le vent s'arrêta, les hommes, les femmes et les enfants constatèrent les dégâts et réfléchirent.

Résumé du 1er Chapitre en 10 mots:
L'Oklahoma printanier, la sécheresse, le vent. Le maïs perdu.

Résumé du 1er Chapitre en 1 mot:
Oklahoma
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