Breath of the wild sur PC cliquez pour afficher en grand

date: lundi 23/10/2017 (41 ans) lieu: Guyancourt

Depuis mon retour de New-York, je traverse une période assez déprimante. Rien ne trouve grâce à mes yeux. Comme souvent quand je suis seul, je me concentre sur mon travail et les jeux vidéo. Le salut viendra de mon incapacité à l'ennui. Je découvre que des développeurs sont parvenus à émuler sur PC les jeux de la console "Wii U" de Nintendo. Or, celui auquel je rêve de jouer depuis des mois est disponible sur cette console. "Zelda, Breath of the wild", un jeu d'aventure en monde ouvert. Un frisson a traversé ma colonne vertébrale alors que je vois par hasard cette information sur le site internet "Kotaku". Auparavant, j'avais toujours acheté une console afin de jouer le plus tôt possible après leur sortie aux jeux Zelda: Game Boy, Nintendo 64, Gamecube, Wii... Par contre, j'avais ensuite attendu patiemment que ces consoles soient émulées sur PC pour pouvoir rejouer à ces classiques que sont "A link to the past", "Link's awakening", "Ocarina of time", et bien sûr "Wind Waker". Pour ce dernier, j'avais terminé l'aventure en 2006 sur console, et l'avais recommencée sur PC en savourant chaque instant entre 2015 et 2016. Rien que l'idée de ne pas avoir besoin de m'équiper d'un nouvel appareil me met en joie. La "Wii U" est une console qui ne me fait pas du tout envie, avec l'écran intégré à la manette. Pour l'émuler, il faut "simplement" récupérer une copie numérique du jeu (très volumineux), et configurer l'émulateur "cemu", un logiciel qui interprète le jeu pour qu'il soit executé sur PC. Autant le dire tout de suite, tout cela est purement et simplement illégal. J'ai longuement attendu que le jeu soit téléchargé. Mon PC est assez puissant. Un processeur Core i7, une carte graphique Nvidia assez récente et un disque SSD. Je suis impatient, et mes premiers pas décevants sont à la hauteur de mon attente. Le jeu démarre, mais des écrans s'affichent successivement toutes les deux ou trois secondes. Impossible d'imaginer jouer dans ces conditions. On pourrait en rester là, mais une lueur d'espoir finit par s'allumer. Des guides d'optimisation de réglages de "cemu" sont disponibles un peu partout sur internet. J'avance par bonds, 5 images par secondes après avoir paramétré la carte graphique, 10 images par secondes après avoir utilisé un "hack". Je commence à pouvoir faire bouger mon personnage sans trop de difficulté. J'en profite pour faire un tour dans une montagne et meurs glacé au bout de quelques minutes. Mes efforts pour réussir à jouer me donnent l'impression de donner des coups d'épaule dans une porte pour l'ouvrir. Une astuce pour charger des éléments (textures,...) avant de lancer le jeu me permet finalement de tourner autour des 20 images par seconde. Ca n'est pas extraordinaire, mais ça commence à être confortable (le jeu est limité à 30 images par secondes). Je découvre l'ambiance si particulière du monde d'Hyrule qui m'entoure. Je fais du feu, abats des arbres, tue des monstres et fais la cuisine. J'arrive à la Tour du Prélude, qui conclue l'introduction du jeu. Régulièrement, un événement provoque un plantage du jeu. Il s'agit de la "lune rouge", au cours de laquelle les monstres que l'on a fait disparaître renaissent de leurs cendres. Je perds souvent mes sauvegardes à cause de ce problème. Finalement, je comprends que la cause du bug qui survient pendant les cinématiques vient du réglage de la langue en français. Je continuerais donc mon aventure en anglais... Les contributeurs au logiciel cemu ont droit aux dernières versions du logiciel, mais je n'en fais pas partie. Je télécharge régulièrement les mises à jour, et découvre que les performances s'améliorent petit à petit. Tout est assez fluide désormais alors que j'arrive chez les Zoras. Des souvenirs d'enfance traversent mon esprit charmé par l'environnement enchanteur de l'univers. Je me rappelle de ce générique de ce dessin animé, "Heidi", dans lequel la petite fille cours dans une montagne de carte postale et se laisse rouler dans l'herbe. Il a été réalisé par Isao Takahata et Hayao Miyazaki dans les années 80 et je l'avais vu alors que j'avais 5 ou 6 ans. On voyait la petite fille allongée sur un nuage porté par le vent, observant la nature dans laquelle elle se sentait si bien, alors qu'elle avait été contrainte de vivre dans une grande ville, chez sa tante à Francfort. On peut en effet ressentir le même frisson dans le jeu "Breath of the wild", en déployant la "paravoile", une sorte de parachute permettant de parcourir une certaine distance en volant quelques instants dans les airs. C'est l'impression de liberté qui me fait revenir dès que je peux dans cette ambiance à la fois enfantine et immersive. Il faut penser à sa survie, et donc porter les vêtements adaptés au climat, prévoir de la nourriture et des potions. Mais il faut aussi atteindre l'objectif du jeu qui est de libérer le monde d'Hyrule du joug du maléfique Ganondorff, retrouver nos souvenirs perdus depuis une centaine d'années, aider des villageois et tellement d'autres tâches complexes. Afin d'améliorer l'expérience, je finis par connecter mon PC avec un vidéoprojecteur. Je diffuse l'image sur un mur blanc dans le salon, confortablement installé dans un fauteuil avec mon casque sur les oreilles. J'arpente les recoins de ce monde à cheval, à pied, ou en utilisant les points de téléportation. J'attends patiemment l'apparition d'un dragon, et tente à plusieurs reprises de lui arracher une écaille. Quand j'y arrive enfin, j'ai ce sentiment d'avoir réalisé un exploit. Chaque région semble cacher un secret, laisser une énigme à résoudre ou tout simplement inviter à la contemplation. A un bout de la carte, un temple ne semble accessible qu'après avoir franchi un précipice, avec un vent de face par dessus de le marché. Il cachait un labyrinthe, comme dans de nombreux autres lieux, inaccessibles sans avoir débloqué certaines compétences (sauter plus haut, gagner en endurance, mieux résister aux attaques,...). L'objet que l'on empoche en réussissant à atteindre le centre du labyrinthe ne m'a pas marqué outre mesure. Ce dont je me souviens, par contre, c'est la joie de découvrir un lieu, de s'y perdre en essayant de comprendre comment il a été construit. La persévérance donc. Mais aussi le temps de s'égarer, pour mieux se retrouver. C'est cela que je cherche et cela reste sans doute la plus belle expérience vidéo-ludique qu'il soit possible de vivre. Quand on termine ce jeu, on se rend compte de tout ce à côté de quoi on est passé. Comme le dit le personnage de Mathieu dans le film "Huit fois debout": celui qui atteint sa cible manque tout le reste... J'étais passé à côté de quelque chose, mais ces moments restent dans ma mémoire comme du temps magnifiquement gâché. (écrit le: 2021-05-28) catégorie: jeux vidéo - année: 2017

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