Ocarina Of Time 
date: lundi 21/12/1998 (23 ans) lieu: St Leu La Forêt
J'ai quelques jours de répit au cours de cette épreuve qu'est mon service militaire. Les fêtes de fin d'années sont l'occasion pour moi de retourner chez ma mère en région parisienne. Loris vit encore chez son père et ma mère, dans la maison qu'ils occupent à St Leu la forêt. Je me laisse prendre en charge totalement, car la période qui vient de s'écouler m'a épuisé nerveusement. J'ai peu d'idées sur mon avenir, si ce n'est de chercher un travail en tant que comptable après le service militaire. Je pensais avoir le courage de reprendre des études après ces dix mois passés à Colmar, mais cela me semble désormais impossible. Cet état d'esprit défaitiste est contrasté par l'enthousiasme que je ressens à l'idée d'essayer un nouveau jeu que Loris a acheté. C'est le nouveau « Zelda », le premier développé pour la console Nintendo 64. L'attente des joueurs était donc forte, comme la mienne (même du haut de mes 23 ans !) et elle n'a pas été déçue. La presse est unanime sur « Ocarina Of Time », l'Ocarina du Temps, puisque c'est de ce grand classique vidéoludique dont il s'agit. Tout le monde est en admiration devant cette grande réussite. Faisons la liste de tout ce qui a été inventé pour ce jeu. D'abord, c'est le premier Zelda en trois dimensions, avec un monde ouvert, la plaine d'Hyrule, un espace gigantesque dans lequel des évènements se déroulent de manière scripté. Mais c'est aussi un univers cohérent, avec une alternance du jour et de la nuit dans certaines zones du jeu. C'est également la première fois qu'on peut verrouiller un ennemi avec un bouton situé derrière la manette (le bouton « Z »). Sous le pouce gauche, on trouve également un stick analogique en plastique dur, sur lequel je me souviens m'être fait quelques ampoules. Parlons justement de la manette de cette console qui était vraiment très particulière. Sa forme, et le nombre de boutons qui la composait se prêtait tout particulièrement à une utilisation en tant qu'instrument de musique. Car certaines séquences du jeu ne peuvent être résolues qu'avec l'exécution de petites mélodies d'ocarina sur la manette. Le moteur sonore du jeu permettait donc de laisser libre court à l'imagination du joueur afin qu'il compose lui-même des mélodies à l'ocarina. Mais tout était plutôt encadré, car ils avaient peu de chances d'inventer des mélodies harmonieuses avec les cinq notes mises à leur disposition ! On peut aussi parler des sauts automatiques, de la gestion de la caméra, qui se place souvent au bon endroit, à quelques exceptions près ! D'autant que l'on peut recentrer la visée, toujours en appuyant sur ce fameux bouton « Z »... Tout cela ne serait rien sans une bonne histoire, et surtout une cohérence immersive. C'est ce qui permet de rejouer encore aujourd'hui à ce phénomène de l'histoire des jeux vidéo. Comme un bon roman, ce Zelda nous entraîne avec lui dans un univers que l'on accepte assez facilement. Imaginez être dans un rêve où on vous rappelle toutes les cinq minutes que vous êtes en train de dormir, vous n'auriez pas envie d'y rester ! Les énigmes, l'interaction avec les personnages rencontrés, les phases d'exploration, tout concourt à vous arracher à votre quotidien. Le joueur est impliqué dès le début dans une aventure où il joue un rôle central. On ne peut rester insensible à ce monde qui va basculer dans les ténèbres. Les qualités requises pour le sauver, ainsi que la princesse Zelda en détresse, sont toujours les mêmes : Le courage, la force, la sagesse. Ce sont les piliers de la fameuse « triforce ». Sans l'une de ces qualités, tout s'effondre. Les pouvoirs que nous donnent les trois déesses peuvent servir à faire le bien ou le mal. Cette allégorie du libre arbitre fait écho à nos vies, comme pourrait le faire une religion. Et il ne s'agit pas simplement d'imaginer comment appliquer les principes, il va falloir les mettre en application, même si tout cela est bien virtuel. Le courage, d'abord, en osant affronter des ennemis effrayants. La force, en sortant son épée face à des monstres qui nous agressent. La sagesse, en trouvant la faille qui permettra de les battre. En corollaire, on pourrait ajouter la patience, la persévérance, l'intelligence. Car il faut quelques heures pour finir ce jeu, une cinquantaine tout de même !! Je n'aurais évidemment pas le temps de le finir pendant ces vacances de Noël, mais j'aurais l'occasion de le faire un an et demi plus tard sur une console achetée d'occasion, alors que je vivais dans un studio après avoir trouvé du travail en région parisienne. (écrit le: 2018-12-23) catégorie: jeux vidéo - année: 1998
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