Je suis myope cliquez pour afficher en grand

date: lundi 15/09/2008 (32 ans) lieu: Paris

En octobre 2007, j'avais besoin de nouvelles lunettes. Celles que je mettais depuis cinq ans étaient démodées. Elles me servaient uniquement au travail, pour corriger mon hypermétropie. Sur les conseils de Philippe, je suis allé voir une ophtalmologue près de la gare St Lazare. Ce médecin donnait des rendez-vous très rapidement, et je ne voulais pas attendre. Cette femme avait la soixantaine, mais elle en faisait moins car son visage était complètement refait. La chirurgie esthétique devait être pour elle une passion, mais il faut avouer que de près le résultat était assez monstrueux. Dans le cabinet où elle travaillait se trouvait également un orthoptiste. Comme par hasard, elle m'a fait une ordonnance pour des séances chez son collègue ! Je n'y suis bien sûr jamais allé. Une autre chose m'avait choqué, c'était la nécessité de payer en liquide. Comme je ne l'avais pas prévu, il a fallu que je descende retirer 60€ au distributeur à la fin de la consultation. Je lui avais parlé de mes yeux rouges, une sorte de conjonctivite. Elle m'a fait une ordonnance pour des gouttes de « Cromedil », un collyre antiallergique. Il fallait mettre les gouttes trois fois par jour dans chaque oeil, ce que j'ai fait consciencieusement dans les semaines qui ont suivi. Ce médicament avait eu comme conséquence de rendre ma vue « floue ». Je ne m'inquiétais pas outre mesure, cela devait être normal. Quand la luminosité a commencé à baisser en novembre 2007, je n'arrivais plus à voir clair. De loin, le contour des objets était trouble. Quand je regardais la lune, je ne voyais plus un cercle, mais une ellipse. Au cours d'une visite médicale, à mon travail, j'étais incapable de lire les petits caractères lors du test oculaire. Il n'y avait plus de doute possible, j'allais avoir besoin de nouvelles lunettes. Mais je n'arrivais pas à m'y faire. Pendant le début de l'automne 2008, j'étais dans le déni. J'avais la nostalgie de ma vue perçante, et j'imaginais que j'allais la récupérer comme par magie. Je plissais les yeux pour lire les horaires de départ des trains dans les gares, mais ça ne marchait pas. Moins il y avait de lumière, plus ma vue était brouillée. Incapable de lire les panneaux routiers quand je conduisais la voiture, et très malvoyant la nuit, il fallait bien que je me rende à l'évidence. Je suis allé voir l'ophtalmologue à côté de chez moi (à Houilles) pour qu'elle pose le diagnostic. Elle se rend bien compte que je ne vois pas bien de loin, mais je suis obligé de poser la question pour entendre le mot qui me fait peur: « Je suis myope ? ». Elle acquiesce, et je sais que ça ne va pas me plaire. Porter des lunettes toute la journée, c'est ce qui me chagrine. Ce n'est pas tant le changement d'apparence physique qui me gêne, que le fait de dépendre d'un artifice pour vivre normalement. Cette forme de handicap léger m'éloignait de mon idéal de vie simple et naturelle. J'avais arrêté le café pour cette raison. J'essayais de comprendre pourquoi j'avais perdu ma précision visuelle d'antan, je cherchais des coupables. J'ai fini par accepter cette perte comme un signe des années qui passent. Comment capter ce que mes yeux ne peuvent plus voir « à l’oeil nu » ? Et si je me remettais à la photographie ? Ce sont autant de questions qui me préoccupaient à cette époque. (écrit le: 2015-07-28) catégorie: santé - année: 2008

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