Migraines ophtalmiques 
date: mercredi 15/04/1998 (22 ans) lieu: Strasbourg
Je travaille beaucoup pour atteindre mon objectif, passer mon BTS comptabilité-gestion. En même temps, je continue mon stage de comptable dans la salle de Café-Théâtre qui m'accueille en alternance une semaine sur deux avec l'école. J'ai le sentiment de devoir franchir une barre qui est placée très bas, si je regarde mes compétences en toute objectivité. Mais cette barre pourrait me faire trébucher tant elle est stressante pour moi. Derrière un échec, je n'aurais d'autre choix que de partir au service militaire sans autre diplôme que mon baccalauréat. Je suis bien loin de mes ambitions d'adolescent. Pour éviter de faire un faux pas, je révise mes cours, je rédige mon dossier-mémoire, et je dors très peu. Quand je n'ai pas assez dormi, et que je me concentre sur un écran, je m'expose directement à une conséquence inévitable, la migraine ophtalmique ou migraine "accompagnée". Le cerveau nous joue parfois des tours improbables. J'imagine que les adeptes des paradis artificiels voient aussi toutes sortes de choses défiler devant leurs yeux quand ils se shootent. Voici l'expérience que me provoquent ces migraines... Je ressens d'abord une fatigue oculaire, et une grande sensibilité à la lumière. Ensuite, vient un petit point lumineux clignotant quelque part dans mon champ de vision. Ce point commence à s'étendre comme une tâche, sur laquelle mon regard n'arrive pas à se poser. C'est un peu comme une guirlande de Noël composée de tout petits points de lumière qui clignotent indépendamment les uns des autres. Les médecins appellent cela des scotomes. La tâche s'étend et devient de plus en plus translucide. Même en gardant les yeux fermés, cette pollution visuelle est présente. Inutile de dire qu'à cette étape j'essaye de m'isoler dans le noir et de ne pas trop bouger. On ne voit pas grand-chose et on est un peu déboussolé dans cette situation. Cela m'oblige à arrêter complètement le travail que je suis en train de faire. Ce genre de migraine arrive toujours au moment où on ne l'attend pas. Si on ne peut pas s'enfermer dans le noir, la seule chose à faire est de fixer un objet du regard. Si on nous pose des questions, il suffit d'expliquer la situation, si on y arrive ! Puis la tâche vibrante quitte doucement le champ de vision. C'est là que la douleur commence. Le mal de crâne arrive très fort, comme un étau qui entoure la tête, des vagues lancinantes de pointes enfoncées dans le cerveau. C'est à ce moment que je prends un comprimé d'ibuprofène. En général, ça calme un peu l'inflammation. On est partagé entre la joie de retrouver la vue et la peur de devoir affronter la souffrance physique, on a plus que ses yeux pour pleurer. Ce sentiment ambivalent est très déstabilisant. Les gens qui n'ont pas vécu cette expérience ne comprennent pas ce qui nous arrive. Le corps nous dit stop, et on est las. Toute résistance est inutile, signe que le repos est absolument nécessaire. Je suis hypermétrope, mais je n'avais pas de lunettes de vue. Même quand j'ai eu des lunettes par la suite, si la correction n'est pas bonne, les migraines arrivaient plus souvent. Je me suis demandé si la cause venait de là. Ce type de migraine pouvait arriver fréquemment, une à deux fois par mois. Cela n'arrive probablement que les jours où je n'ai pas assez dormi, mais c'est assez terrifiant. Quand je les sens venir, j'essaye de les empêcher en arrêtant immédiatement de travailler ou de me concentrer. Parfois, ça marche. (écrit le: 2014-10-04) catégorie: santé - année: 1998