Spiderman en Divx cliquez pour afficher en grand

date: samedi 28/09/2002 (26 ans) lieu: Houilles

Nous venions d'arriver dans un appartement de deux pièces, que nous louait un couple de retraités. Après avoir passé plusieurs jours à nettoyer, repeindre et enfin meubler les lieux, il ne manquait plus que la connexion à internet pour rendre ce lieu confortable. J'ai commandé la Freebox, afin d'avoir l'ADSL pour un prix raisonnable de 30 euros par mois. Une vraie révolution! Enfin pour moi, c'était surtout l'arrivée d'une nouvelle source de divertissement: les films piratés. Avec une vitesse de téléchargement de presque 300kb/s, je pouvais me permettre d'aller piocher dans le catalogue du cinéma (surtout américain), sur les réseaux peer-to-peer. Le "Divx" (prononcer divix), une méthode de compression vidéo, associée au mp3, pour restituer le son, permettait de faire tenir un film de 2h sur 700 MB, soit l'équivalent d'un CD. Des "pirates" les convertissaient dans ce format et nous les mettaient à disposition. A l'époque, le meilleur moyen pour trouver des films récents en "partage", était de lancer le logiciel "eMule". Il suffisait de choisir un titre dans une liste et d'attendre, attendre, et ...encore attendre. Hé oui, ce n'était pas rapide. On regardait la barre grise se transformer en barre verte avec impatience. Chaque petit bout du fichier reçu était en effet matérialisé à l'écran par une ligne verte très fine. L'indisponibilité d'une section du fichier chez l'ensemble des « participants » était colorée en rouge: c'était le signe qu'il serait sans doute impossible d'obtenir le fichier entier, quel que soit le temps que j'attendrais. Dans ce cas il fallait abandonner le téléchargement. Sinon, j'allumais l'écran du PC de temps en temps afin d'estimer grosso modo à quel moment le fichier serait complètement téléchargé. Avec un peu de chance, et en sélectionnant un « blockbuster », on arrivait finalement à l'obtenir en un peu moins d'une semaine. Plus le nombre de gens qui partageaient était élevé, plus on avait de chances de recevoir le fichier rapidement. Le premier film que j'ai réussi à obtenir ainsi, c'est « Spiderman », avec Tobey Maguire. Il était sorti en salles quelques mois plus tôt, mais n'était pas encore disponible en DVD. Bref, il était temps de profiter de mon petit larcin, je m'en frottais déjà les mains. J'avais tourné l'écran de l'ordinateur qui était sur le bureau afin de nous permettre de regarder ce film gratuit, confortablement installés dans notre lit. Le sentiment que j'avais à ce moment là, était une légère impression de culpabilité. J'étais un hors-la-loi à la petite semaine. Pour décoder le fichier, j'avais récupéré un "pack" de codecs qui s'appelait "K-Lite" et permettait de le regarder sur un ordinateur. On constatait à cette occasion que la décompression du film avait des conséquences sur sa qualité. De grands aplats de couleur verte apparaissaient parfois quand il y avait beaucoup de mouvements de caméra, comme dans les scènes d'action. Les images se mélangeaient ensuite étrangement à celles qui suivaient, puis tout redevenait normal. Les plans un peu sombres n'étaient pas très détaillées. Dans ce cas, l'image ressemblait souvent à une bouillie de pixels marrons. C'était le cas du célèbre "baiser inversé" entre Peter Parker et Mary Jane, une scène inoubliable qui avait lieu après une bagarre sous la pluie, dans une rue peu éclairée de New York. Le plus amusant était la voix des acteurs qui faisaient le doublage. Comme ces films américains étaient disponibles au Québec avant de l'être en France, on les trouvait le plus souvent dans des versions doublées avec l'accent de Robert Charlebois. Tabernacle ! L'homme araignée en québecois, ça vaut son pesant de cacahuètes. Après tout, c'est gratuit. On ne va pas faire la fine bouche me disais-je. (écrit le: 2016-05-28) catégorie: cinéma - année: 2002

Anti 4x4 cliquez pour afficher en grand

date: vendredi 09/06/2006 (30 ans) lieu: Carrières-sur-seine

En m'intéressant à la pollution générée par les véhicules, je me suis arrêté sur celle que provoquait les voitures "tous terrains". Avoir un 4x4 en ville me semblait être une pure aberration. La seule raison valable de posséder ce type d'automobile avait quelque chose à voir avec l'égoïsme de son propriétaire. Quand on est assis dedans, on est un peu plus haut que les autres conducteurs. Très probablement, on prend moins de risque d'être blessé lors d'un accident. Certains, m'a-t-on dit, posaient de la fausse "boue" sur leurs jantes pour faire croire qu'ils avaient vraiment roulé sur de la terre. La vanité était donc à l'origine de la mode du véhicule tout-terrain ? Je le pense en tout cas, surtout quand ces quatre roues motrices ne touchent jamais autre chose que le bitume. Je vais faire imprimer un autocollant dans des centaines d'exemplaires. Il y est écrit: "4x4 PLUS DE POLLUTION. J'AUTO STOP. CLIMAT CHAUFFE QUI PEUT". Mon but ? Coller ce message sur le plus de Rav4 tout propre, de Tiguan, de Cayenne ou de Qashquai (casse-couilles) possible. Il s'avère que j'ai des convictions mais assez peu de courage. Je n'arrivais pas à passer à l'acte. Je n'ai posé que deux autocollants. C'était sur des voitures garées dans des parkings sous-terrains. A chaque fois, je m'étais assuré que personne ne me voyait faire. (écrit le: 2016-02-06) catégorie: lâcheté - année: 2006

Tennis après l'école cliquez pour afficher en grand

date: mercredi 14/09/1983 (7 ans) lieu: Colombes

J'allais faire du tennis au gymnase Smirliant, à côté de l'école, dans la rue Hoche. Cette activité sportive avait lieu tous les Mercredi. Notre professeur était chauve, et nous faisait faire le B.A.B.A. du petit tennisman en herbe. Il fallait faire rebondir la balle à la verticale sur le tamis de la raquette. Ensuite, le niveau se corsait car il fallait utiliser chaque côté de la raquette alternativement. Enfin, pour valider notre apprentissage, il fallait faire rebondir cinq fois de suite la balle à l'intérieur du cercle d'un panier de basket. D'autres exercices consistaient à viser un carré dessiné sur un mur. Je me souviens de la méthode pour ramasser la balle sans se baisser, en coinçant la balle entre son pied et la raquette, puis en pliant la jambe pour la soulever suffisamment et la faire rebondir. J'étais assez habile et j'adorais ma raquette en bois qui était recouverte de peinture noire et orange. L'odeur des balles fraîchement sorties de leur tube sous pression était synonyme de bon moments passés sur le court. On gagnait une sorte de badge métallique en forme de raquette après avoir validé notre apprentissage. Quand est venu le temps d'apprendre à servir, à rattraper la balle au filet, à faire un passing-shot, un lob ou un coup « slicé » j'arrivais encore à suivre. Les conseils de l'instructeur nous permettaient de prendre les bonnes postures. Je manquais encore de précision dans mes tirs, mais je m'amusais. Puis est venu le moment, inévitable, du premier « match ». Là, je me suis rendu compte qu'il fallait mettre en oeuvre d'autres compétences que celles que j'avais apprises. Le prof devait penser que l'envie de gagner allait de soit. Il me manquait évidemment cet esprit compétitif, que j'aurais sans doute acquis avec un peu d'encouragements. Mais il me manquait surtout la capacité à supporter l'échec. Surpris par la hargne et l'énergie déployée par mes adversaires, je perdais tous mes moyens. Je ne gagnais jamais un seul point. Ajoutez à cela la colère que je ressentais à chaque match qui se terminait, l'amusement avait disparu. J'ai donc assez rapidement abandonné le tennis. (écrit le: 2016-02-06) catégorie: sport - année: 1983

Lavage automatique cliquez pour afficher en grand

date: samedi 28/05/1983 (7 ans) lieu: Gennevilliers

Avant de passer au supermarché Carrefour de Gennevilliers, ma mère va parfois laver la Renault 14 dans la station de nettoyage automatique à rouleaux. Après avoir acheté un jeton, il faut faire la queue et attendre que la place soit libre. Avec ma soeur, on négocie souvent pour rester dans la voiture pendant le nettoyage. Il faut dire que c'est un spectacle fascinant ! Les fenêtres bien fermées, on assiste au déchaînement des éléments. En somme, il s'agit de "montagnes russes" sans mouvement. Les tuyaux envoient de fortes quantités d'eau sur les vitres et le pare-brise. Puis ce sont les rouleaux qui se mettent à tourner d'un seul coup, envoyant taper contre le véhicule des milliers de gouttes d'eau qui créent une écume dans un fracas ahurissant. En tournant, les rouleaux occultent la lumière du jour et occupent une place énorme autour de nous. On se fait tout petit, tant on a l'impression d'être entré dans le corps d'une baleine. La seule chose qui nous protège de ce monstre bruyant est cette fine couche de verre Securit. C'est impressionnant de voir ces lamelles bleues qui tournent à toute vitesse. Les rouleaux glissent d'avant en arrière pour nettoyer entièrement l'auto, ce qui nous donne l'impression de faire des mouvements, alors que les roues sont bien calées dans des fentes sur le sol. Enfin, la machine commence à s'arrêter, et l'eau savonneuse disparaît au profit d'une pluie translucide qui glisse en grosses perles sur les vitres de la voiture. La rotation des cylindres s'arrête tout aussi soudainement qu'elle a démarré. La machine ne fait plus aucun bruit. Le jour revient tout doucement à mesure que l'eau s'écoule de la lunette arrière. Ma mère ouvre la porte côté conducteur et met en route les essuie-glaces pour mettre fin à ce spectacle son et lumières. (écrit le: 2016-02-06) catégorie: enfance - année: 1983

Concert au Bataclan d'Avishai Cohen cliquez pour afficher en grand

date: samedi 11/04/2009 (33 ans) lieu: Paris

Le dernier album d’Avishai Cohen, Aurora, était sorti. Philippe nous avait conseillé cet artiste jazz, un célèbre contrebassiste israélien. En écoutant ses titres « Elli » et « Remembering » du précédent album, nous étions vite devenus fans de ce musicien édité par le label Blue Note. Comme j’avais envie de le voir en « live », j’ai cherché les dates de ses concerts sur Paris. Il se trouve qu’il se produisait au Bataclan, un week-end de la fin de l’hiver, dans le cadre d'un Festival de jazz. Nous avions réservé une place assise près de la scène, le placement était libre. Je m’apprêtais à passer une bonne soirée, comme pour oublier les nombreuses déconvenues qui avaient émaillé ce début d’année. Sauf que non. Les musiciens arrivent sur scène mais le concert ne commence pas. D'un coup, le signal d’alarme nous explose les oreilles sans prévenir! C’est une alerte incendie, et la sirène ne s'arrête plus. Nous entendons un message qui nous demande de sortir de la salle. Tout est annulé ? Cela fait quelques dizaines de minutes que nous attendons les consignes. Doit-on sortir ? Doit-on rester ? C'est le chaos, mais nous préférons attendre à nos places. Les mains sur les oreilles, à cause du bruit strident, l’attente devient interminable. Puis, au bout de 45 minutes, nous entendons une annonce: “c'était une fausse alerte”. Le signal d'alarme s'arrête. Tout le monde se rassoit. Nous attendons encore une demi-heure pour que les techniciens remettent tout en place. Les musiciens reviennent, visiblement émus et, la main sur le coeur, nous remercient de ne pas être partis. Avishai Cohen lance un « You're the best audience i've ever had ». Nous applaudissons en retour. Le contrebassiste commence, mais une corde de son instrument se détache. Il faudra qu'une spectatrice lui prête une lime à ongles pour résoudre le problème. "Décidément". Un magnifique concert suivra ce qui aurait pu être une grosse déception. Je me souviens des improvisations talentueuses de ce grand gaillard au crâne rasé, jamais avare avec son public. Je me souviens aussi de son percussionniste (Itamar Doari) qui rythmait les morceaux à mains nues sur les cymbales et les djembés posés à côté de lui. Enfin, je me souviens de la voix lumineuse de Karen Malka, associée au piano délicat de Cohen. Lui aussi a chanté (il ne le faisait pas dans ses précédents albums), en anglais en espagnol et en hébreu. Évidemment, on peut se demander si l'origine israélienne du musicien a provoqué des réactions déplacées de certaines personnes. Je me suis dit, ce soir là, que cette alarme ne s'était pas déclenchée par hasard. Associer des individus à la politique d'un pays, voilà ce que font tous les extrémistes "Si vous n'êtes pas avec moi, vous êtes contre moi". Pour ma part, je préfère retenir l'élan créatif des personnes qui résistent à l'adversité, qu'ils soient juifs ou arabes. J'étais dans cet état d'esprit après cette soirée. L'attentat du 13 novembre 2015 dans cette même salle de concert nous a une nouvelle fois prouvé à quel point le spectacle vivant est fragile et à quel point on doit le défendre. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: concert - année: 2009

Trust Me cliquez pour afficher en grand

date: samedi 28/10/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

Le film « Trust Me » de Hal Hartley est diffusé dans un amphi de la fac un samedi soir. C'est l'association des élèves qui a organisé cette projection, à petit prix pour les étudiants fauchés comme nous. J'invite Elka à voir le film avec moi. Cette élève d'origine bulgare est un peu perdue à Strasbourg. Son accent et ses cheveux bruns et bouclés me plaisaient. Elle était dans le même cours de sciences économiques que moi l'année dernière. J'imagine que j'ai une chance de la séduire, mais je découvre qu'elle a un petit ami. Il s'agit donc de profiter de la soirée, sans arrières pensées. Quoi qu'il arrive, j'ai déjà vu cette comédie dramatique sortie en 1991, quelques années plus tôt. Il s'agit d'une rencontre entre deux personnages paumés. L'action se passe dans un New Jersey industriel, une banlieue typique du Nord-Est des États-Unis. Lui ne supporte pas les carcans et vit chez son père alors qu'il a déjà plus de 30 ans. Il est incapable de garder un boulot car il a du mal à supporter les compromis. Il lit beaucoup et a du mal à s'opposer à l'autorité que lui impose son père. Elle, beaucoup plus jeune, vient de découvrir qu'elle est enceinte et n'arrive pas à se persuader d'avorter. Elle se sent coupable d'avoir provoqué l'infarctus de son père et fugue dans l'espoir de trouver la force de se pardonner à elle-même. Sa mère l'oblige finalement à se comporter en adulte, mais elle manipule son entourage pour y parvenir. Dans ce rôle de jeune fille à la moue boudeuse, Adrienne Shelley est parfaite. Elle change physiquement entre le début et la fin du film, signe que le passage à l'âge adulte est en cours. C'était un choc d'apprendre que cette actrice est décédée en 2006, après avoir presque disparue des écrans. J'avais aimé cette ambiance un peu irréelle, le jeu des acteurs assez théâtral, et la relation des deux personnages est délicatement saisie par Hartley. Certaines scènes, un peu burlesques, semblent sorties d'un rêve. D'une certaine façon, cela représentait bien la frange indépendante du cinéma américain. L'économie de moyens n'enlevait rien à l'émotion transmise par les images. Hal Hartley a continué à sortir quelques films dans la même veine (Simple Men, Amateur,...). Dommage que les films suivants de ce réalisateur n'aient pas trouvé leur public. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: cinéma - année: 1995

Je suis myope cliquez pour afficher en grand

date: lundi 15/09/2008 (32 ans) lieu: Paris

En octobre 2007, j'avais besoin de nouvelles lunettes. Celles que je mettais depuis cinq ans étaient démodées. Elles me servaient uniquement au travail, pour corriger mon hypermétropie. Sur les conseils de Philippe, je suis allé voir une ophtalmologue près de la gare St Lazare. Ce médecin donnait des rendez-vous très rapidement, et je ne voulais pas attendre. Cette femme avait la soixantaine, mais elle en faisait moins car son visage était complètement refait. La chirurgie esthétique devait être pour elle une passion, mais il faut avouer que de près le résultat était assez monstrueux. Dans le cabinet où elle travaillait se trouvait également un orthoptiste. Comme par hasard, elle m'a fait une ordonnance pour des séances chez son collègue ! Je n'y suis bien sûr jamais allé. Une autre chose m'avait choqué, c'était la nécessité de payer en liquide. Comme je ne l'avais pas prévu, il a fallu que je descende retirer 60€ au distributeur à la fin de la consultation. Je lui avais parlé de mes yeux rouges, une sorte de conjonctivite. Elle m'a fait une ordonnance pour des gouttes de « Cromedil », un collyre antiallergique. Il fallait mettre les gouttes trois fois par jour dans chaque oeil, ce que j'ai fait consciencieusement dans les semaines qui ont suivi. Ce médicament avait eu comme conséquence de rendre ma vue « floue ». Je ne m'inquiétais pas outre mesure, cela devait être normal. Quand la luminosité a commencé à baisser en novembre 2007, je n'arrivais plus à voir clair. De loin, le contour des objets était trouble. Quand je regardais la lune, je ne voyais plus un cercle, mais une ellipse. Au cours d'une visite médicale, à mon travail, j'étais incapable de lire les petits caractères lors du test oculaire. Il n'y avait plus de doute possible, j'allais avoir besoin de nouvelles lunettes. Mais je n'arrivais pas à m'y faire. Pendant le début de l'automne 2008, j'étais dans le déni. J'avais la nostalgie de ma vue perçante, et j'imaginais que j'allais la récupérer comme par magie. Je plissais les yeux pour lire les horaires de départ des trains dans les gares, mais ça ne marchait pas. Moins il y avait de lumière, plus ma vue était brouillée. Incapable de lire les panneaux routiers quand je conduisais la voiture, et très malvoyant la nuit, il fallait bien que je me rende à l'évidence. Je suis allé voir l'ophtalmologue à côté de chez moi (à Houilles) pour qu'elle pose le diagnostic. Elle se rend bien compte que je ne vois pas bien de loin, mais je suis obligé de poser la question pour entendre le mot qui me fait peur: « Je suis myope ? ». Elle acquiesce, et je sais que ça ne va pas me plaire. Porter des lunettes toute la journée, c'est ce qui me chagrine. Ce n'est pas tant le changement d'apparence physique qui me gêne, que le fait de dépendre d'un artifice pour vivre normalement. Cette forme de handicap léger m'éloignait de mon idéal de vie simple et naturelle. J'avais arrêté le café pour cette raison. J'essayais de comprendre pourquoi j'avais perdu ma précision visuelle d'antan, je cherchais des coupables. J'ai fini par accepter cette perte comme un signe des années qui passent. Comment capter ce que mes yeux ne peuvent plus voir « à l’oeil nu » ? Et si je me remettais à la photographie ? Ce sont autant de questions qui me préoccupaient à cette époque. (écrit le: 2015-07-28) catégorie: santé - année: 2008

J'arrête le café cliquez pour afficher en grand

date: samedi 15/03/2008 (32 ans) lieu: Paris

J'adorais le café. Mon truc, c'était le café serré, type expresso. J'avais une cafetière de type italienne en acier inoxydable. Le rituel était immuable. Je commençais par verser de l'eau dans la partie basse, puis le café moulu (gardé au réfrigérateur) dans le récipient en métal équipé d'une grille, et enfin je vissais la partie haute destinée à recevoir le breuvage. Je mettais ensuite la cafetière à moka sur la plaque électrique et j'attendais que le précieux liquide remonte par la cheminée sous l'effet de la pression. Ça c'était le matin. Le midi, je buvais le café du bureau, très amer. Parfois, je buvais une tasse à quatre heure. Et parfois, j'arrivais à boire quatre ou cinq tasses par jour. Des effets secondaires difficiles à supporter m'ont incité à arrêter de boire du café. Le week-end, j'avais des sensations de manque si je n'avais pas ma "dose". Des problèmes gastriques se rajoutaient à cela, ainsi qu'une forme légère de tachycardie. C'est décidé, j'essaye de me désintoxiquer, mais je vais boire un peu de thé pour remplacer. le thé contient un peu de caféine, la théine. Pendant les deux premiers mois, j'avais besoin de ma tasse de café, je le ressentais physiquement. Je ne buvais plus de Coca-Cola/Pepsi, car ce genre de soda contient de la caféine. Chaque fois qu'une personne s'approchait de moi un café à la main, je me sentais mal à cause de l'odeur. Par la suite, j'ai eu une forme de dégoût pour le "mauvais" café, les cafetières qui restent branchées toute la journée, ou les gobelets des distributeurs automatiques dans lesquelles restait un peu de ce liquide brunâtre. Au bout de six mois, je n'y pensais même plus. Finalement, j'ai réussi sans problèmes à m'en passer complètement. Ce n'est pas l'addiction la plus difficile à arrêter. J'imagine la galère pour ceux qui sont alcooliques. (écrit le: 2015-07-05) catégorie: santé - année: 2008

L'Ours et l'amateur des jardins cliquez pour afficher en grand

date: jeudi 10/05/2001 (25 ans) lieu: Houilles

« Certain Ours montagnard, Ours à demi léché, Confiné par le sort en un bois solitaire, Nouveau Bellérophon vivait seul et caché : Il fût devenu fou ; la raison d'ordinaire N'habite pas longtemps chez les gens séquestrés :». Je me suis mis en tête d'apprendre par coeur une fable de la Fontaine que j'apprécie particulièrement. D'un certain point de vue, cette fable parle de moi, elle parle de nous. « Il est bon de parler, et meilleur de se taire, Mais tous deux sont mauvais alors qu'ils sont outrés. ». Allongé sur ma mezzanine, assis sur ma chaise de bureau, en ballade dans les rues de Houilles, chaque moment libre est l'occasion de répéter les vers ciselés du fabuliste. Il faut dire que l'histoire de cet homme, qui s'entiche d'un Ours pour tromper sa solitude, mérite bien l'adjectif de « tragi-comique ». « Non loin de là certain vieillard S'ennuyait aussi de sa part. Il aimait les jardins,(...) Les jardins parlent peu ; si ce n'est dans mon livre ; De façon que lassé de vivre avec des gens muets, notre homme un beau matin, va chercher compagnie, et se met en campagne. ». Tous les mots sont importants, et les fables les plus courtes sont les meilleures (c'est mon avis). Celle-ci fait deux pages, et n'est pas si facile à retenir. La Fontaine doit nous présenter les personnages et nous faire comprendre pourquoi deux individus si incompatibles se retrouvent « bons amis » ! Les deux anachorètes finissent en effet par se rencontrer et à trouver un « gentlemen's agreement ». L'ours et l'homme vivent ensemble. A la fin, arriva ce qui devait arriver: la maladresse du plantigrade finit par tuer l'amateur de jardin. Pour quelle raison ? Une simple mouche s'était posée sur le nez de l'homme qui dormait, et l'Ours écrase l'insecte avec un pavé...« Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ; Mieux vaudrait un sage ennemi.». Finalement, la morale de cette Fable n'a pas beaucoup d'importance. Pour La Fontaine, le chemin est souvent plus intéressant que le but du voyage. Dans « Le Fou qui vend la sagesse », la morale précède le texte, comme si l'auteur voulait s'en débarrasser le plus vite possible. Dans « Le Héron La Fille », deux Fables jumelles se succèdent, et la morale (carpe diem) se glisse entre les deux. Ici, la leçon que nous donne La Fontaine tient en deux parties: il faut de la mesure dans la parole et dans le silence - et - mieux vaut être seul que mal accompagné. Le moment le plus savoureux de l'histoire est le récit de la rencontre des deux solitaires, quand l'Ours dit « Viens-t'en me voir » et que l'homme lui propose des fruits et du lait! J'avais imprimé le texte sur une feuille A4, plié dans une poche de mon pantalon. Cela me permettait de rectifier les erreurs que je faisais en déclamant la fable à haute voix. J'essayais d'imiter la voix rauque de l'animal qui tentait de se faire un ami. Le simple fait d'imaginer la scène me fait encore sourire. Ajoutons une morale toute personnelle à cette histoire: à trop chercher un environnement calme, par misanthropie sans doute, je finissais par m'éloigner des amis qui me supportaient encore ! J'avais l'impression que si peu de gens arrivaient à le faire à l'époque... (écrit le: 2015-05-23) catégorie: livres - année: 2001

Berlin cliquez pour afficher en grand

date: lundi 18/08/2003 (27 ans) lieu: Berlin

Les vacances étaient posées depuis quelques mois et l'hôtel avait été réservé. Avec la Renault Clio rouge de Véronique, nous partons pour l'Allemagne. Après 8 heures de route, nous passons une nuit à l'Etap Hotel de Dortmund. Le réceptionniste était aimable comme une porte de prison. Nous avons diné dans un restaurant grec où les portions étaient trop généreuses, impossible de finir nos assiettes. Le lendemain, encore 5 heures et demi de route, puis nous arrivons enfin à Berlin, le but de notre voyage. Nous avions réservé quatre nuits à l'hôtel Christophorus, tenu par des religieuses. Il se situe à Spandau, un quartier au nord-ouest de Berlin. Cet endroit avait été choisi pour le calme de la forêt qui environne la résidence. C'est Véronique qui avait fait la réservation. Comme elle parle très bien allemand, nous n'avons eu aucun mal à nous faire comprendre. Évidemment, il s'agissait d'un lieu plutôt destiné aux personnes âgées, mais le personnel était aux petits soins, et le petit-déjeuner délicieux. Pour aller au centre-ville, nous devions rejoindre la gare à environ 5 km en voiture, puis avions une vingtaine de minutes de train dans une sorte de RER jusqu'à Potsdamer Platz. Dans mon sac à dos, j'avais mon appareil photo reflex argentique avec 2 bobines de 24 poses. Il faisait bon, nous n'avions pas trop chaud. Après nous être installés, nous sommes partis diner au Tiergarten Quelle. Nous avons vu le centre-ville et l'église du souvenir, ainsi que le Kurfurstendamm. Le lendemain, après avoir mangé dans un bar à soupes, nous sommes passés devant le Reichstag, la porte de Brandebourg et avons visité le musée historique. Nous sommes ensuite partis dans le quartier typique d'Oranienburg, via le Neues Museum, et la tête de Nefertiti. Nous sommes allé voir le musée de Checkpoint Charlie (témoin de l'époque sombre pendant laquelle le "Mur" se dressait encore). Puis nous avons vu Gendarmenmarkt dans la partie Est de la ville. Ce soir là, nous avons mangé dans un restaurant chinois près de la gare de Spandau. Le troisième jour, nous sommes partis à Potsdam. Le parc et les monuments de cette ville nous ont vraiment surpris. Pour décrire cet endroit, je dirais que cela m'a fait penser à un château de Versailles qui aurait été coincé dans un pays de l'Est pendant 50 ans. Les bâtiments de l'époque de Frédéric II sont tout de même bien conservés. Le château Sanssouci, entouré de vignes en escalier, est absolument magnifique. Le jeudi, nous avons vu une partie du mur de Berlin qui a été conservée car des peintures très célèbres le recouvre. C'est une véritable galerie d'art à ciel ouvert, dont les oeuvres ont été rénovées. Puis nous avons vus Charlottenburg, la colonne des Victoires, le parc Tiergarten et le mémorial Rosa Luxemburg. Il est difficile de quitter une ville aussi agréable. Ce n'est pas tant l'accueil des habitants (on réserve souvent ce traitement aux touristes du Monde entier) qu'un ensemble de petits détails qui font la différence. L'aménagement de la ville, l'équilibre entre les zones vertes et les habitations, la place laissée aux activités humaines... mais aussi la vie culturelle foisonnante, c'est tout cela qui est charmant dans cette cité que l'histoire a déchirée plusieurs fois. Le vendredi, nous sommes partis de Berlin vers Altena pour aller voir Andrea, la correspondante allemande que Véronique a rencontrée au lycée. Sur la route du retour, je me suis dit que si je devais vivre ailleurs (pour paraphraser J.F.K.), je choisirais sans doute d'être un berlinois. Si le front national passe aux élections présidentielles, je sais où me réfugier. (écrit le: 2014-12-26) catégorie: voyages - année: 2003

Précédent(-)Suivant(+)

les propos tenus n'engagent que son auteur, les souvenirs relatés dans ces anecdotes sont subjectifs | Contactez-moi