Catégorie: 'concert'

Concert au Bataclan d'Avishai Cohen cliquez pour afficher en grand

date: samedi 11/04/2009 (33 ans) lieu: Paris

Le dernier album d’Avishai Cohen, Aurora, était sorti. Philippe nous avait conseillé cet artiste jazz, un célèbre contrebassiste israélien. En écoutant ses titres « Elli » et « Remembering » du précédent album, nous étions vite devenus fans de ce musicien édité par le label Blue Note. Comme j’avais envie de le voir en « live », j’ai cherché les dates de ses concerts sur Paris. Il se trouve qu’il se produisait au Bataclan, un week-end de la fin de l’hiver, dans le cadre d'un Festival de jazz. Nous avions réservé une place assise près de la scène, le placement était libre. Je m’apprêtais à passer une bonne soirée, comme pour oublier les nombreuses déconvenues qui avaient émaillé ce début d’année. Sauf que non. Les musiciens arrivent sur scène mais le concert ne commence pas. D'un coup, le signal d’alarme nous explose les oreilles sans prévenir! C’est une alerte incendie, et la sirène ne s'arrête plus. Nous entendons un message qui nous demande de sortir de la salle. Tout est annulé ? Cela fait quelques dizaines de minutes que nous attendons les consignes. Doit-on sortir ? Doit-on rester ? C'est le chaos, mais nous préférons attendre à nos places. Les mains sur les oreilles, à cause du bruit strident, l’attente devient interminable. Puis, au bout de 45 minutes, nous entendons une annonce: “c'était une fausse alerte”. Le signal d'alarme s'arrête. Tout le monde se rassoit. Nous attendons encore une demi-heure pour que les techniciens remettent tout en place. Les musiciens reviennent, visiblement émus et, la main sur le coeur, nous remercient de ne pas être partis. Avishai Cohen lance un « You're the best audience i've ever had ». Nous applaudissons en retour. Le contrebassiste commence, mais une corde de son instrument se détache. Il faudra qu'une spectatrice lui prête une lime à ongles pour résoudre le problème. "Décidément". Un magnifique concert suivra ce qui aurait pu être une grosse déception. Je me souviens des improvisations talentueuses de ce grand gaillard au crâne rasé, jamais avare avec son public. Je me souviens aussi de son percussionniste (Itamar Doari) qui rythmait les morceaux à mains nues sur les cymbales et les djembés posés à côté de lui. Enfin, je me souviens de la voix lumineuse de Karen Malka, associée au piano délicat de Cohen. Lui aussi a chanté (il ne le faisait pas dans ses précédents albums), en anglais en espagnol et en hébreu. Évidemment, on peut se demander si l'origine israélienne du musicien a provoqué des réactions déplacées de certaines personnes. Je me suis dit, ce soir là, que cette alarme ne s'était pas déclenchée par hasard. Associer des individus à la politique d'un pays, voilà ce que font tous les extrémistes "Si vous n'êtes pas avec moi, vous êtes contre moi". Pour ma part, je préfère retenir l'élan créatif des personnes qui résistent à l'adversité, qu'ils soient juifs ou arabes. J'étais dans cet état d'esprit après cette soirée. L'attentat du 13 novembre 2015 dans cette même salle de concert nous a une nouvelle fois prouvé à quel point le spectacle vivant est fragile et à quel point on doit le défendre. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: concert - année: 2009

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