Catégorie: 'cinéma'

Tron avec Catherine cliquez pour afficher en grand

date: mercredi 15/12/1982 (7 ans) lieu: Paris

J'ai toujours aimé la science-fiction. Le film "Tron" est sorti en 1982, et a innové dans beaucoup de domaines. Si "Avatar" a introduit la 3D au cinéma, "Tron" a été le premier long métrage incluant des images de synthèse, un peu "fil de fer" quand même. Catherine, la petite soeur de ma belle-mère nous a amené voir la film avec ma grande soeur. Après le film, nous avons retrouvé mon père et ma belle-mère dans un café. (écrit le: 2011-07-07) catégorie: cinéma - année: 1982

Le cercle des poètes disparus cliquez pour afficher en grand

date: vendredi 09/02/1990 (14 ans) lieu: Paris

Nos profs de français et d'anglais ont organisé une sortie au cinéma. Nous allons voir « Le cercle des poètes disparus » au cinéma UGC de Châtelet-les-Halles. 21 F pour le ticket d'entrée, et 13,10 F pour le billet SNCF aller-retour à Paris. Le débat qui suivra ce film, dans lequel un prof charismatique incite ses élèves à l'anti-conformisme, sera un des plus enrichissants dont je me souvienne au collège. L'attitude du professeur, joué par Robin Williams, aboutit en effet au suicide d'un des élèves, interprété par Robert Sean Leonard, qui ne supporte pas que ses parents refusent qu'il devienne acteur. Faut-il encourager l'imagination, quitte à risquer ce genre de conséquence ? Faut-il garantir une éducation minimale à tous, quitte à brider le développement intellectuel de certains ? Il n'y a pas eu de réponses définitives lors de ce débat qui a eu lieu en classe, après avoir vu ce film. La question restera ouverte. (écrit le: 2011-09-18) catégorie: cinéma - année: 1990

Sailor & Lula cliquez pour afficher en grand

date: samedi 06/10/1990 (14 ans) lieu: Paris

Je vais à Paris voir un film de David Lynch. D'habitude, je vais à Enghien-les-Bains, mais la salle de cinéma ne joue pas « Sailor & Lula » (« Wild at Heart » en version originale). Ce film raconte la cavale d'un couple éperdument amoureux sur fond d'hommage au Magicien d'Oz et à Elvis Presley. Présenté à Cannes en Mai, le film y a gagné la Palme d'Or. Ce qui m'a attiré, c'est d'abord la bande-annonce. La musique que j'y ai entendue me mettait en transe. Les violons de Richard Strauss y côtoient les guitares métalliques de Powermad. Et puis les images très colorées, l'inquiétante étrangeté toute particulière au cinéma de David Lynch, tout cela me semble familier. Enfin, la beauté des décors et celle de l'actrice principale ont fini de me décider à aller dans une salle parisienne pour voir ce film que j'imagine déjà culte. Avec sa violence morale et physique, teinté de phénomènes surnaturels, il a de quoi perturber les jeunes enfants. C'est pourquoi l'entrée de la salle est interdite aux moins de douze ans. Le film passe en version originale, « V.O. » est aussi le nom que nous avons donné avec Mathieu à notre fanzine de passionnés de cinéma. Je me souviens de cette allumette, filmée en très gros plan, et de cet incendie criminel dans lequel le père Lula décède. Laura Dern, et sa mère, Diane Ladd, jouent le rôle de la mère et de la fille. Nicolas Cage, y campe un gangster au grand coeur, admirateur du « King », brutal et peu porté sur l'ironie. Sa belle-mère fera tout pour le faire disparaître, croyant qu'il a assisté au meurtre de son défunt mari. C'est aussi un « road-movie », dans lequel les personnages passent de la Nouvelle-Orléans au Texas, en donnant une certaine vision désabusée des Etats-Unis. Lula, à bout de nerf, éteint l'auto-radio après avoir écouté le récit de faits divers choquants (et sans doute réels) sur différentes stations. De bout en bout, la chanson de Chris Isaac « Wicked Game » hante une scène dans laquelle le couple, au volant d'une décapotable, discute au milieu de la nuit quand ils croisent une famille victime d'un accident de la route. Une jeune femme, seule survivante du crash, est sérieusement blessée à la tête. Soucieuse uniquement de son apparence physique, elle décèdera sous leurs yeux quelques instants plus tard. La route des amants croisera celle de Perdita, jouée par une Isabella Rossellini méconnaissable, et compagne de Lynch à l'époque. Willem Dafoe y joue le rôle de Bobby Peru, un braqueur de banque pervers au rire niais et aux dents gâtées. Il est inoubliable lorsque, le visage masqué par un bas, il se fait sauter la cervelle d'un coup de fusil à pompe. Seule l'intervention de la bonne fée à la fin du film permettra au personnage principal de retourner vers sa femme et son fils, alors qu'il sort à nouveau de prison. Nicolas Cage, de sa propre voix, termine le film en chantant à sa belle « Love Me Tender », symbole de son amour absolu. Le spectateur ne sort pas indemne de cette expérience traumatisante, dans le bon sens du terme. (écrit le: 2017-07-30) catégorie: cinéma - année: 1990

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Terminator 2 cliquez pour afficher en grand

date: samedi 26/10/1991 (15 ans) lieu: St Leu la Forêt

Je vais voir ce film, et je m'attend à du grand spectacle: j'ai vu les bandes annonces à la télévision. Un camarade de classe me décerne le titre de fan N°1 du film...Il faut dire que je collectionne les images de « Terminator 2 » dans le magazine "Première" auquel je suis abonné, et que j'ai acheté l'album des Gun's and Roses « Use your illusion » juste pour la chanson que John Connor écoute sur le ghetto blaster de son pote dans le film. Je m'imagine sur une moto-cross au guidon de ma 103 Peugeot, en train d'échapper à un robot fabriqué en métal liquide. Je dessine aussi des têtes de Terminator dans mon agenda. Avec mon argent de poche, je me suis acheté aussi le jeu « Terminator 2 Judgment Day» pour Amiga. Quand on sait qu'il faut moins d'une heure pour finir le jeu, j'ai regretté un peu cette dépense par la suite. A cette époque, je mâchais des chewing-gum pour avoir l'air cool et ressembler à un dur à cuire. Mon baladeur de marque SABA crachait un son relativement pourri dans mes écouteurs, mais ça me suffisait largement pour m'isoler dans les transports en commun. Le titre "You could be mine" tournait en boucle dans mes oreilles. (écrit le: 2013-09-21) catégorie: cinéma - année: 1991

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My Fair Lady cliquez pour afficher en grand

date: mercredi 08/04/1992 (16 ans) lieu: Margency

Cours d'anglais. Visionnage du film de George Cukor. Le rétroprojecteur restituait mal les couleurs et me donnait mal à la tête. Notre professeur est une quinquagénaire qui prend plaisir à parler avec un fort accent anglais. Elle s'imaginait sans doute naïvement qu'elle pouvait partager ses passions avec ses élèves adolescents. Sa vie tournait autour des maisons victoriennes, de la peinture anglaise romantique du XVIIIème siècle et du raffinement vestimentaire des spectatrices assistant aux courses d'Ascot. J'avais du mal à accrocher, cette comédie musicale ne me passionnait pas trop, même si certaines chansons restent encore dans ma mémoire, ainsi que le visage angélique d'Audrey Hepburn. Notre prof nous demandait aussi de visionner "Continentales" sur FR3 , l’émission d'Alex Taylor (un présentateur d'origine anglaise), mais je n'arrivais jamais à le faire... Ce programme présentait des extraits de journaux télévisés européens en version originale (dont des extraits de la BBC). Cela permettait à notre professeur "bien aimée" de nous poser des questions sur l'actualité. J'avoue que l'horaire de diffusion (très tôt le matin) n'était pas compatible avec mon rythme de sommeil ! Il est presque sûr que l'audience pour ce type de programme ne devait pas être extraordinaire, raison pour laquelle l'horaire était vraiment matinal. Je n'étais pas en phase avec la pédagogie de cette professeur en décalage avec la réalité. J'avais développé un accent américain assez prononcé à force d'entendre les chanteurs de rock. L'ex-femme de mon père, Christine parlait souvent anglais (elle a vécu aux USA pendant une grande partie de sa vie). J'avais donc plutôt un bon niveau mais des mauvaises notes dans cette matière qui n'était pas la plus importante de toutes. Mon niveau scolaire était assez faible dans les autres matières. (écrit le: 2020-03-23) catégorie: cinéma - année: 1992

Trust Me cliquez pour afficher en grand

date: samedi 28/10/1995 (19 ans) lieu: Strasbourg

Le film « Trust Me » de Hal Hartley est diffusé dans un amphi de la fac un samedi soir. C'est l'association des élèves qui a organisé cette projection, à petit prix pour les étudiants fauchés comme nous. J'invite Elka à voir le film avec moi. Cette élève d'origine bulgare est un peu perdue à Strasbourg. Son accent et ses cheveux bruns et bouclés me plaisaient. Elle était dans le même cours de sciences économiques que moi l'année dernière. J'imagine que j'ai une chance de la séduire, mais je découvre qu'elle a un petit ami. Il s'agit donc de profiter de la soirée, sans arrières pensées. Quoi qu'il arrive, j'ai déjà vu cette comédie dramatique sortie en 1991, quelques années plus tôt. Il s'agit d'une rencontre entre deux personnages paumés. L'action se passe dans un New Jersey industriel, une banlieue typique du Nord-Est des États-Unis. Lui ne supporte pas les carcans et vit chez son père alors qu'il a déjà plus de 30 ans. Il est incapable de garder un boulot car il a du mal à supporter les compromis. Il lit beaucoup et a du mal à s'opposer à l'autorité que lui impose son père. Elle, beaucoup plus jeune, vient de découvrir qu'elle est enceinte et n'arrive pas à se persuader d'avorter. Elle se sent coupable d'avoir provoqué l'infarctus de son père et fugue dans l'espoir de trouver la force de se pardonner à elle-même. Sa mère l'oblige finalement à se comporter en adulte, mais elle manipule son entourage pour y parvenir. Dans ce rôle de jeune fille à la moue boudeuse, Adrienne Shelley est parfaite. Elle change physiquement entre le début et la fin du film, signe que le passage à l'âge adulte est en cours. C'était un choc d'apprendre que cette actrice est décédée en 2006, après avoir presque disparue des écrans. J'avais aimé cette ambiance un peu irréelle, le jeu des acteurs assez théâtral, et la relation des deux personnages est délicatement saisie par Hartley. Certaines scènes, un peu burlesques, semblent sorties d'un rêve. D'une certaine façon, cela représentait bien la frange indépendante du cinéma américain. L'économie de moyens n'enlevait rien à l'émotion transmise par les images. Hal Hartley a continué à sortir quelques films dans la même veine (Simple Men, Amateur,...). Dommage que les films suivants de ce réalisateur n'aient pas trouvé leur public. (écrit le: 2015-11-28) catégorie: cinéma - année: 1995

Ciné Concert Métropolis cliquez pour afficher en grand

date: samedi 27/09/1997 (21 ans) lieu: Strasbourg

Un film muet, en noir et blanc, ça n'est pas très engageant. Mais, il s'agissait de Metropolis. Un des films de science-fiction les plus impressionnants de l'histoire du cinéma, réalisé 70 ans plus tôt par Fritz Lang, et que j'allais redécouvrir ce soir-là. Je profite d'une invitation que mon père m'a donné pour aller voir ce film avec une orchestration inédite, au Palais de la Musique et des Congrès. Le film est projeté dans le cadre du festival Musica à Strasbourg. Alors qu'un écran est suspendu au dessus des musiciens, c'est l'Ensemble Avanti!, dirigée par Ernest Martinez-Izquierdo qui est à la manoeuvre. La musique est composée par Martin Matalon. J'arrive dans la salle de concert. Alors que je lis le programme, je reconnais un des techniciens au fond de la salle. Je le salue, car il travaille un peu pour le Kaf'teur, le café-théâtre dans lequel je fais mon stage. Puis le spectacle commence. Ouf, le film est sous-titré. Je ne sais pas si j'aurai réussi à tout comprendre en allemand. Imaginez la puissance des caisses et des cymbales dans les scène où Fritz Lang montre cette immense machine industrielle en action. Ou encore les violons et la flûte traversière quand le héros essaye d'échapper à ses poursuivants. La musique est clairement influencée par Pierre Boulez. Même si le film est assez long, je n'ai pas senti le temps passer. J'étais chez moi un peu avant minuit, après avoir vu un spectacle musical de très grande qualité. En tout cas, c'est une expérience qu'on n'oublie pas. (écrit le: 2012-12-23) catégorie: cinéma - année: 1997

Millenium Mambo cliquez pour afficher en grand

date: samedi 03/11/2001 (25 ans) lieu: Paris

Je vais au cinéma avec Isabelle et son petit frère à côté de la place de la Bastille. Le film nommé au festival de Cannes de 2001 est réalisé par le taïwanais Hou Hsiao Hsien. Ce qui m'a marqué d'abord quand j'ai regardé l'affiche, c'est le visage parfaitement harmonieux de l'actrice Shu Qi. J'ai essayé de la dessiner, car elle me fascinait. J'étais assez satisfait du résultat. Cette jeune femme assez connue à Hong-Kong se révèle au public occidental dans ce drame réaliste. L'histoire est celle de Vicky, en couple avec Hao-Hao, un jeune homme violent et très jaloux qui travaille comme DJ dans une boîte de nuit. Ce qui rythme la vie de Vicky, c'est la drogue, l'alcool et le clopes. Elle va quitter son compagnon devenu insupportable et se réfugier chez Jack, un homme plus âgé et un peu mafieux avec lequel elle va nouer une relation ambiguë. Le côté contemplatif et hypnotique de la réalisation est sans doute ce dont je me souviens le plus de ce film. L'intrigue est assez secondaire, et le réalisateur s'en désintéresse assez vite. Il prend visiblement plaisir à filmer l'actrice marcher au ralenti en soufflant de manière désinvolte sa fumée de cigarette. J'avoue n'avoir pas compris les raisons qui poussaient cette magnifique jeune femme dans les bras d'hommes aussi énigmatiques. Il faut dire que j'ai très peu d'expériences des relations amoureuses. La plupart des femmes que j'ai aimé ne m'aimaient pas en retour, et la séduction reste un mystère, ou un poison, selon mon humeur. A la fin du film, les personnages se retrouvent étonnamment dans un ville japonaise enneigée. Ces scènes ont été tournées dans les rues de Yubari, sur l'île d'Hokkaido. Un festival de cinéma y avait lieu tous les ans, ce qui explique que le réalisateur ait pensé à cet endroit pour terminer par une ouverture lumineuse ce film assez noir. Je rêve de visiter le Japon, et j'étais aux anges en sortant de la projection. (écrit le: 2021-03-25) catégorie: cinéma - année: 2001

Spiderman en Divx cliquez pour afficher en grand

date: samedi 28/09/2002 (26 ans) lieu: Houilles

Nous venions d'arriver dans un appartement de deux pièces, que nous louait un couple de retraités. Après avoir passé plusieurs jours à nettoyer, repeindre et enfin meubler les lieux, il ne manquait plus que la connexion à internet pour rendre ce lieu confortable. J'ai commandé la Freebox, afin d'avoir l'ADSL pour un prix raisonnable de 30 euros par mois. Une vraie révolution! Enfin pour moi, c'était surtout l'arrivée d'une nouvelle source de divertissement: les films piratés. Avec une vitesse de téléchargement de presque 300kb/s, je pouvais me permettre d'aller piocher dans le catalogue du cinéma (surtout américain), sur les réseaux peer-to-peer. Le "Divx" (prononcer divix), une méthode de compression vidéo, associée au mp3, pour restituer le son, permettait de faire tenir un film de 2h sur 700 MB, soit l'équivalent d'un CD. Des "pirates" les convertissaient dans ce format et nous les mettaient à disposition. A l'époque, le meilleur moyen pour trouver des films récents en "partage", était de lancer le logiciel "eMule". Il suffisait de choisir un titre dans une liste et d'attendre, attendre, et ...encore attendre. Hé oui, ce n'était pas rapide. On regardait la barre grise se transformer en barre verte avec impatience. Chaque petit bout du fichier reçu était en effet matérialisé à l'écran par une ligne verte très fine. L'indisponibilité d'une section du fichier chez l'ensemble des « participants » était colorée en rouge: c'était le signe qu'il serait sans doute impossible d'obtenir le fichier entier, quel que soit le temps que j'attendrais. Dans ce cas il fallait abandonner le téléchargement. Sinon, j'allumais l'écran du PC de temps en temps afin d'estimer grosso modo à quel moment le fichier serait complètement téléchargé. Avec un peu de chance, et en sélectionnant un « blockbuster », on arrivait finalement à l'obtenir en un peu moins d'une semaine. Plus le nombre de gens qui partageaient était élevé, plus on avait de chances de recevoir le fichier rapidement. Le premier film que j'ai réussi à obtenir ainsi, c'est « Spiderman », avec Tobey Maguire. Il était sorti en salles quelques mois plus tôt, mais n'était pas encore disponible en DVD. Bref, il était temps de profiter de mon petit larcin, je m'en frottais déjà les mains. J'avais tourné l'écran de l'ordinateur qui était sur le bureau afin de nous permettre de regarder ce film gratuit, confortablement installés dans notre lit. Le sentiment que j'avais à ce moment là, était une légère impression de culpabilité. J'étais un hors-la-loi à la petite semaine. Pour décoder le fichier, j'avais récupéré un "pack" de codecs qui s'appelait "K-Lite" et permettait de le regarder sur un ordinateur. On constatait à cette occasion que la décompression du film avait des conséquences sur sa qualité. De grands aplats de couleur verte apparaissaient parfois quand il y avait beaucoup de mouvements de caméra, comme dans les scènes d'action. Les images se mélangeaient ensuite étrangement à celles qui suivaient, puis tout redevenait normal. Les plans un peu sombres n'étaient pas très détaillées. Dans ce cas, l'image ressemblait souvent à une bouillie de pixels marrons. C'était le cas du célèbre "baiser inversé" entre Peter Parker et Mary Jane, une scène inoubliable qui avait lieu après une bagarre sous la pluie, dans une rue peu éclairée de New York. Le plus amusant était la voix des acteurs qui faisaient le doublage. Comme ces films américains étaient disponibles au Québec avant de l'être en France, on les trouvait le plus souvent dans des versions doublées avec l'accent de Robert Charlebois. Tabernacle ! L'homme araignée en québecois, ça vaut son pesant de cacahuètes. Après tout, c'est gratuit. On ne va pas faire la fine bouche me disais-je. (écrit le: 2016-05-28) catégorie: cinéma - année: 2002

Une vérité qui dérange cliquez pour afficher en grand

date: dimanche 11/02/2007 (31 ans) lieu: Carrières-sur-seine

Je ne crois pas être quelqu'un d'influençable. Et pourtant, il a suffit d'un film pour m'aider à prendre conscience d'un problème auquel je n'avais pas vraiment pensé jusque là. La pollution visible, le manque de considération pour notre environnement, la destruction de la faune et de la flore, tout cela n'avait pas de secret pour moi. Je me rendais compte que j'avais peu de moyens d'agir, et j'avais presque réussi à me convaincre qu'il n'y avait rien à y faire. Mais depuis la canicule de 2003, une vérité échappait à mon esprit focalisé sur mon travail, mon quotidien et l'organisation d'un mariage qui avait lieu en juillet. Al Gore, cet ancien vice-président des USA, était passé à deux doigts d'être élu président lui-même. Le scrutin de 2000 était entaché de quelques irrégularités, mais on ne va pas refaire l'histoire. Dès lors, il était assez disponible pour se consacrer à d'autres tâches, comme parcourir les Etats-Unis et d'autres pays pour présenter ses découvertes sur... le réchauffement climatique. Car c'est la première fois que je comprends ces mots, même si je les ai entendus souvent jusqu'à cette date. Ce film documentaire réalisé par Davis Guggenheim alterne le one-man-show du politicien dans des amphithéâtres, et des images de sa vie quotidienne, alors qu'il répond à une interview sur sa vie en voix off. L'exposé est simple, compréhensible, indéniable. La très grande majorité des scientifiques s'accordent à le dire, mais ils crient dans un désert. D'ailleurs, le désert est l'environnement qui va sans doute finir par recouvrir la plupart des surfaces émergées de la Terre d'ici quelques décennies. En tout cas, la survie de l'espèce humaine est en jeu. La faune et la flore finiront par revenir, mais qu'en est-il de nos enfants, et des enfants après eux ? Pas d'avenir, ou en tout cas un avenir peu radieux, avec des températures caniculaires toute l'année. Al Gore commence tout simplement par rappeler le principe d'incertitude et les bases de la technique scientifique. Dans sa présentation, il utilise un écran géant, des dessins animés, des graphiques et l'humour ou l'ironie. Tout est éminemment visuel. Comment faire comprendre au plus grand nombre ce qui est si compliqué à voir ? Le CO2 est invisible, mais plus on en consomme, et plus l'économie se porte bien. Il est donc logique que les acteurs économiques aient intérêt à ne pas freiner la consommation de combustibles fossiles. Le problème est que cette tendance s'aggrave, car les pays émergents rattrapent leur retard sur les pays riches car ils puisent dans leurs gisements de gaz, charbon et de pétrole. Et la seule réponse que l'on imagine apporter à ce danger, c'est la technologie. Toujours plus de technologie, alors qu'il faudrait surtout moins de consommation d'énergie. La sobriété, à laquelle personne ne souhaite s'astreindre, ou plutôt à laquelle on souhaite que "les autres" s'astreignent. Car il en est de ce sujet comme de celui de la pauvreté ou des guerres. "Débrouillez-vous, car je ne suis pas coupable" nous semblent dire les masses silencieuses dont je fais partie. C'est cette passivité que je ressens tout d'un coup comme une faute. Ce film a profondément influencé ma vie. Et à compter de cette date, toute ma grille de lecture, tous mes choix se feront à l'aune de la lutte contre le réchauffement climatique. A-t-on vraiment besoin de rouler si vite sur l'autoroute ? Comment capter le CO2 qui sort inexorablement des cheminées et des pots d'échappement ? Ai-je vraiment envie de manger une mangue qui vient du Pérou ? Je remets en cause mes décisions antérieures, et pèse le poids de la responsabilité de faire naître un enfant dans ce monde condamné. Se pose alors la question de la méthode utilisée pour que le doute s’immisce dans les esprits, y compris celui de représentants de la communauté scientifique. L'homme est-il à l'origine du réchauffement ? Comment se fait-il que nous n'ayons pas vu le fossé qui existait entre les rapports sérieux et les articles de presse ou les débats télévisés qui terminaient souvent par une absence de conclusion entre l'origine humaine ou celle de la nature. La raison est simple, pour alimenter le débat et la "culture du clash", on oppose l'un des milliers de chercheurs qui savent ce qui nous attend dans 25 ou 30 ans à un soi-disant expert qui prétend, sans prouver quoi que ce soit, que tout cela est une théorie et que rien ne permet de conclure à l'influence de l'homme. Ce statu quo a duré quelques années, et nous a permis de continuer à polluer sans se sentir coupables. Mais il a bien fallu se rendre à l'évidence, et installer des climatiseurs dans les Ehpad pour éviter de voir mourir tous nos anciens chaque été. Il reste quelques climato-sceptiques, surtout aux USA, mais on voit désormais concrètement les effets du réchauffement. Crues, inondations, tempêtes, disparition des glaciers et de la calotte glaciaire... Vient alors le temps du désespoir. Al Gore nous met en garde, et nous invite à rester entre ces deux extrêmes: le déni ou la dépression. Rester conscients, mais se dire que tout est encore possible et que l'être humain ne va pas disparaître, même si on peut imaginer que les conséquences du réchauffement vont mettre un frein à son expansion. Si nous arrivons un jour à dix milliards d'êtres humains, et nous y arriverons, il sera sans doute impossible de maintenir une certaine qualité de vie à tous. La grande pauvreté, que certains pays ont réussi à réduire fortement ces dernières années, va toucher de plus en plus de gens. Les réfugiés climatiques en sont les premiers représentants. Comment agir ? Le documentaire y répond en partie, avec les solutions imaginables en 2006... En fait, chacun d'entre nous peut agir pour réduire, recycler et ré-utiliser, ce sont les trois "R". Mais le chemin pour parvenir à la diminution des émissions de gaz à effet de serre est semé d'embûches. La première est l'absence de tableau de bord, le fait qu'on ne voit pas l'influence de nos choix sur l'environnement, et qui les rend inutiles à nos yeux. D'ailleurs, notre horizon sur ce point se limite souvent à notre quartier, notre région ou notre pays. La seconde est notre addiction aux énergies fossiles. Notre plaisir et notre confort augmentent à mesure qu'on rejette du CO2 dans l'atmosphère. La troisième est bien sûr le mirage de l'invention providentielle, qui n'arrivera pas. Pour donner un exemple, ce n'est pas la voiture électrique qui va résoudre le réchauffement climatique. Le générique de fin l'explique assez bien, c'est un ensemble de mesures qui vont nous mettre sur la bonne voie: planter des arbres, économiser l'énergie, choisir des fruits et légumes de saisons... On sort de ce film secoué, mais motivé par l'objectif de sauver notre mode de vie. Dans le film "Une suite qui dérange" réalisé en 2017, juste après l'élection de Donald Trump, Gore y expose ses doutes d'arriver un jour à ce résultat. (écrit le: 2021-03-31) catégorie: cinéma - année: 2007

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