date: vendredi 19/03/1999 (23 ans) lieu: Strasbourg
L'ordinateur Mac de mon père a complètement planté. C'est un peu de ma faute, j'ai voulu mettre à jour le système d'exploitation (passer du 7 au 8) sans vérifier la compatibilité du matériel. Impossible de redémarrer l'ordinateur "Performa 6200". J'ai peur de perdre toutes les données ! Il faut que je demande de l'aide à la boutique "Mac" du quai St Nicolas. Il me donnent l'adresse d'une société, en banlieue nord de Strasbourg, qui récupère les données sur les disques durs. Comme je n'ai aucun moyen de transport, à part mon vélo, je vais faire l'aller-retour à la force de mes mollets pour déposer le fameux disque. Il faut quand même attendre un jour où j'ai une permission: on ne fait pas toujours ce qu'on veut quand on fait son service militaire ! Après avoir réussi à démonter le boîtier de l'ordinateur, je dévisse le disque de son support. Puis, muni d'un plan de Strasbourg et de l'adresse du réparateur, je pars avec mon sac à dos vers l'objectif situé à une dizaine de kilomètres de chez moi. J'arrive à l'accueil, dans une sorte de PME, probablement une 'start-up'. Ils me demandent de repasser la semaine d'après, pour récupérer le disque formaté, ainsi que la sauvegarde sur CD. J'y retourne le samedi d'après, un peu en avance, et ils m'annoncent que le travail n'est pas terminé. Je dois repasser dans une heure. Comme c'était le temps qu'il me fallait pour rentrer chez moi, j'ai préféré attendre...en me baladant dans les environs. Je fais le tour de cette zone d'activité économique, où il n'y a pas grand chose à faire. J'essaye de rentrer chez "Office Depot", mais on m'arrête rapidement, car je n'ai pas de carte d'entreprise. Ce magasin est en effet réservé aux professionnels. Au bout de l'ennui, je me balade dans les rues vides de ce quartier industriel. Finalement, je retourne les voir pour savoir si le travail est terminé. Ils ont enfin terminé de graver le CD. Je paye, l'équivalent de ma solde du mois, même si je trouve ça un peu cher. Puis je rentre, et réinstalle le système d'exploitation sur le Mac. Après avoir entré le CD de sauvegarde dans la machine, je me rends compte que tous les fichiers sont triés par ordre alphabétique... Des extensions de Photoshop et des fichiers sons "Midi" côtoient les textes de mes rapports de stage, dans un mélange savant qui me donne des sueurs froides. Des milliers de fichiers dont le nom m'évoque vaguement quelque chose doivent donc être replacés au bon endroit sur le disque dur. Il faut parfois créer des répertoires qui manquent, et faire confiance à la chance. Je lance une cinquantaine de fois le logiciel "Word", juste pour voir le message d'erreur qui me dit à quel endroit manque tel fichier, et ainsi régler les problèmes un par un. Petit à petit, j'arrive péniblement à rendre l'ordinateur fonctionnel. Les applications se lancent parfois après avoir affiché des dizaines d'avertissements de sécurité. Mais ça marche, malgré tout. Je me dis que si j'avais fait des sauvegardes régulières, j'aurais évité cette mésaventure. (écrit le: 2013-02-17) catégorie: informatique - année: 1999
date: samedi 08/05/1999 (23 ans) lieu: Siegolsheim
Les cérémonies du 8 Mai 1945, nous sommes chargés de participer à des démonstrations d'ordre serré au Ladhof à Colmar, puis à Siegolsheim. Nous sommes en treillis camouflé tout neufs. Il pleut, mais il faut faire bonne figure. Nous tapons sur les crosses de nos fusils quand le sous-officier dit « Portez...Armes ! ». Nos mains claquent sur nos FAMAS après que l'adjudant crie « Présentez...Armes ! ». Les anciens combattants ont l'air d'apprécier notre prestation. Je me demande ce que je fais là, encore une fois. (écrit le: 2011-08-04) catégorie: service militaire - année: 1999
date: lundi 12/07/1999 (23 ans) lieu: Schiltigheim
La conseillère de l'agence d'intérim m'avait prévenu, une mission ça peut être n'importe où, pour faire n'importe quoi. Je suis pris pour une semaine, et je suis relativement bien payé. L'employeur est Neckermann, une entreprise de vente par correspondance. Cette succursale de Quelle en Alsace est aujourd'hui fermée. Ma mission précisait « rédaction des documents suite à la mise en place du plan social ». J'improvise un costume avec des vêtements usés et des emprunts à la garde-robe de mon père. Louis me prête sa voiture, sans laquelle je ne pourrais pas aller travailler. J'ai un peu d'appréhension, car mon travail consiste à envoyer des courriers aux personnes qui vont être dans la charrette. Le DRH est très avenant, il a même acheté un sandwich le premier jour car on navait pas prévu de repas pour moi le midi. Les jours suivants, je mange à la cantine, mais j'ai comme consigne de n'adresser la parole à personne. La secrétaire du DRH est très méfiante, et refuse mes diverses propositions pour faire mon travail plus rapidement. Le directeur financier est un alsacien assez débonnaire, qui semble assez proche de la retraite, et sinquiète énormément de la réaction des représentants syndicaux. Le deuxième jour, il y a des soldes dobjets invendus. Le DRH me presse de choisir quelque chose: jachète une montre de très mauvaise qualité pour 15F. Le 14 Juillet l'entreprise est fermée, mais je suis payé quand même, cest comme ça dans lintérim. La fin de semaine arrive. Je finis la rédaction des lettres, et prépare un compte-rendu. Le vendredi, avant de partir, la secrétaire est finalement assez impressionnée par ma méthode de publipostage dans Word. Elle me demande si je peux lui montrer comment ça marche. Je lui fais une formation accélérée. Je quitte cet endroit, et je sens quil na pas davenir. (écrit le: 2011-08-01) catégorie: travail - année: 1999
date: mercredi 11/08/1999 (23 ans) lieu: Dambach-Neunhoffen
Éclipse solaire de 1999, j'ai décidé d'aller dans les Vosges pour la voir. Train jusqu'à Niederbronn-les-bains, puis avec mon vélo jusqu'à Dambach pour être plus proche de la zone de totalité. Je visite un peu la ville, un peu déçu par la météo qui va nous gâcher le spectacle. Arrivé sur un terrain de foot, je suis entouré par une centaine de personne, des curieux, équipés des fameuses lunettes qui étaient vendues dans certains magazines. J'ai encore les miennes aujourd'hui. 12h, ça y est, le spectacle commence, il fait un peu plus sombre. Malheureusement il pleut. Progressivement, on entend les chiens aboyer, puis les oiseaux chanter. Par une trouée dans les nuages, nous observons le soleil se cacher. Il est 12h30, la nuit tombe, les oiseaux arrêtent leurs chants. Je prend une photo avec l'appareil de mon père. Les gens sont médusés. Quelques minutes qui durent des heures. Le jour revient, j'ai l'impression d'avoir vécu la même chose que des millions d'autres gens. Je redescend la colline et reprend le train. Retour sur Terre. (écrit le: 2011-08-04) catégorie: évènements - année: 1999
date: mercredi 15/09/1999 (23 ans) lieu: Paris
Je n'ai pas trouvé de poste à Strasbourg, à part en intérim. Je vais donc tenter ma chance à la capitale. Il me faut un travail, je ne peux plus étudier après ces 10 mois de service militaire. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je n'ai plus l'état d'esprit pour apprendre de nouveaux concepts. Je loge chez ma mère en attendant de trouver un travail, et postule à des entretiens pour des offres que j'ai trouvé dans les petites annonces du Figaro. Ça commence mal: alors que je me rend à un rendez-vous à la Tour Société Générale de la Défense, j'ai le tournis. La foule en habits uniforme qui se hâte d'arriver à l'heure au bureau m'oppresse. Incapable de marcher vers cette "usine à bureaux", je me défile et je ne retournerai plus jamais là-bas. J'ai un rendez-vous à côté des Champs-Élysées, mais l'entretien se passe mal: ils me posent des questions sur la dernière loi de finance...je ne sais évidemment pas y répondre. Dans une société d'affacturage, dans le sud de Paris, le recruteur veut savoir comment je m'exprime quand je dois imposer mes décisions. Je lui réponds que ça m'arrive rarement, il n'arrive pas à me croire. Il insiste, et me demande à quelle occasion j'ai exercé des compétences de leadership... j'essaye de me souvenir d'un chantier Rampart à Montjean-sur-Loire, en 1996. J'y ai donné des consignes à un jeune gars de la campagne, bourré la moitié du temps, et à un drogué en phase de sevrage qui taxait des clopes à tout le monde. Il fallait leur dire comment fabriquer du mortier, et choisir des pierres pour le mur que nous étions en train de monter. Ce n'était pas le meilleur souvenir de ma vie. Même en y mettant de la bonne volonté, j'avais du mal à expliquer ce que j'avais fait à ce moment là, à part leur crier dessus. Essayer de prouver que j'avais de l'autorité était mission impossible. Tout simplement parce que je n'en avais aucune. Après ces entretiens peu glorieux, il faut changer de stratégie. Je dois chercher un travail dans lequel les bureaux ne sont pas étouffants, le niveau de connaissances à avoir n'est pas trop élevé et où j'aurais à obéir à des ordres. Pas si facile à trouver. (écrit le: 2011-12-07) catégorie: travail - année: 1999
date: lundi 04/10/1999 (23 ans) lieu: Paris
J'arrive sur mon poste de travail, rue Laffitte dans le 9ème. Il m'a d'abord fallu passer un premier entretien, puis un test de compétences. Mon poste consiste à liquider des dossiers retraite. En fait, il s'agit surtout de comprendre l'organisation interne très codifiée du monde du travail. Comme souvent, les nouveaux arrivants sont rapides et inexpérimentés, et les plus expérimentés sont moins rapides mais ne font pas d'erreurs. L'un dans l'autre, les gens font donc la même quantité de travail, mais pas pour le même salaire. Ça ne me pose aucun problème. Pour ma part, toucher un peu plus que le SMIC est suffisant pour prendre pied et ne pas avoir trop de responsabilités. Je rentre le soir en ayant les doigts et les yeux meurtris par tant de saisie à l'écran. Je repense à mon grand-père qui avait prévu une "génération de presse-boutons". Je ne vais pas me plaindre, il me reste assez d'énergie le soir pour me détendre sur des jeux vidéos, lire un livre ou "Les Fables de la Fontaine". Je prend un abonnement à "OLA", le service de téléphonie portable de France Telecom. En fait, je souhaite pouvoir appeler ma famille, et lorsqu'ils ne sont joignables que sur le portable ça coûte une fortune par le fixe. Mais dans le studio de la rue Beaubourg, on ne capte rien. Jespère quitter cet endroit de toutes façons. Je renomme le modèle Alcatel que j'ai choisi: "la brique", ça ne passe pas inaperçu un engin pareil. (écrit le: 2011-09-03) catégorie: travail - année: 1999
date: mardi 12/10/1999 (23 ans) lieu: Paris
Je cherchais un studio sur Paris et la Région, mais je suis incapable de trouver un appartement tout seul. Ma grande soeur a demandé à Jean-Christophe, un pote à elle, de me montrer une des chambres de bonne qu'il loue dans le 7ème arrondissement. J'ai rendez-vous avec lui en sortant du travail à la sortie du métro "Ecole Militaire". J-C est photographe, il a un cheveu sur la langue et est accompagné d'une jeune femme coréenne avec qui il semble intime. Elle a l'air contrariée de ce contre-temps que je leur impose. Nous finissons par arriver dans l'"appartement", situé au dernier étage sans ascenceur d'un immeuble haussmanien, dans une des avenues les plus cotées de Paris. Nous entrons dans ce studio meublé de 12 m² sous les toits. Les toilettes sont sur le palier. Dans un coin: douche-lavabo-kitchenette, dans l'autre: une table. Je demande "Et pour dormir ?". J-C me montre le matelas, qui doit rester debout sur un mur si la table n'est pas repliée. Puis il monte sur la chaise et ouvre le vasistas. Il me demande de regarder sur la droite, "Tu vois la Tour Eiffel ?". Il a tous les arguments, et le loyer est a 2500F au black. "C'est une aubaine dans le quartier". Il me dit que pour quelqu'un qui sort le soir, ça permet de rentrer à l'heure qu'on veut. Sauf que je ne sors jamais, et que les beaux quartiers ne m'attirent pas du tout, je préfère le calme. "Je vais réfléchir...". Évidemment, j'ai déjà réfléchi, c'est impossible pour moi de vivre là-dedans. Je vais continuer à chercher. (écrit le: 2011-07-25) catégorie: déménagement - année: 1999
date: samedi 30/10/1999 (23 ans) lieu: Paris
Je ne supportais plus les transports de la gare du Nord, alors j'ai déménagé dans le studio de ma grande soeur à Paris, quartier Beaubourg. Elle ne se servait plus de ce petit appart, que mon père avait gardé et utilisait un peu comme pied à terre. Mon domicile était comme ça beaucoup plus près du boulot, même si je détestais ce quartier. Je m'ennuyais un peu le soir, j'ai donc acheté une console de jeu Playstation d'occasion chez "Cash Converters". En rentrant, j'ai ouvert la trappe du CD, et j'ai eu comme une hallucination, un petit insecte est passé et a disparu le temps que je cligne les yeux. Quelques jours après, c'est sur les persiennes que je vois un cafard. Puis, encore un peu plus tard, dans le radio-réveil. Ma technique pour m'en débarrasser consistait d'abord à asperger les zones contaminées de spray anti-odeur, parfum marine (aucun résultat). Comme mes poumons étaient intoxiqués par cette odeur maritime, j'ai investi dans des boîtes à appât au BHV, ce qui a éradiqué immédiatement l'invasion. Par contre, la Playstation n'a jamais vraiment marché correctement après ça, et je suis persuadé qu'il devait rester quelques insectes morts dedans quand je l'ai revendue sur une brocante en 2008. (écrit le: 2011-07-19) catégorie: imprudences - année: 1999
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