date: dimanche 16/03/1986 (10 ans) lieu: Colombes
Les élections législatives de 1986 ont mis un peu de piment dans la vie politique. Je me souviens être allé à l'école avec mon père pour le voir mettre le bulletin dans l'urne. A l'annonce du résultat, je dois avouer que je n'ai pas vraiment compris ce qui se passait. Raphaël, un camarade de classe en CM2 se moque de moi quand je lui dit que mes parents ont voté Divers Gauche: "C'est le plus petit score!". Il est hilare, mais je ne sais pas quoi lui répondre. Il faut dire que ce copain de classe, fan de football, est un vrai compétiteur. Il veut toujours être le meilleur. Il était toujours en survêtement, ses cheveux bruns en frange sur son front, et la forme de son nez était bizarre. Je me souviens être allé avec lui à vélo au Stade de Colombes. Ça faisait une grande distance à parcourir tout seuls pour des enfants de notre âge. il y avait une rumeur sur une éventuelle distribution de ballons de football là-bas. Nous étions rentré bredouilles, et il en était malade. A chaque fois qu'il ratait quelque chose, ça le mettait dans une colère noire. Dans une certaine mesure, je suis mauvais perdant, mais j'étais battu à plates coutures par ce gars là. Quoi qu'il en soit, Chirac est devenu Premier Ministre. Nous avons eu un cours d'éducation civique, mais je n'ai pas bien compris ce qu'était la cohabitation. C'est un peu comme si des parents divorcés devaient à nouveau vivre ensemble ? J'avais du mal à l'imaginer à ce moment là étant donné les discours que j'entendais de la part de mon père et de ma mère. (écrit le: 2012-08-19) catégorie: politique - année: 1986
date: samedi 12/04/1986 (10 ans) lieu: Colombes
Christine fait la cuisine avec nous. On lit les recettes sur des livres de Michel Oliver: "La cuisine est un jeu d'enfants", et "La pâtisserie est un jeu d'enfants". Il y a des dessins aux crayons de couleurs. Ça ressemble beaucoup à une histoire à lire aux enfants avant qu'ils s'endorment. Il fallait cependant être suffisamment réveillé pour suivre les recettes! Les plats que nous préparions étaient assez simples, mais souvent assez réussis. Chaque étape est très bien illustrée. Certaines phrases sont manuscrites, souvent pour souligner une information importante à ne pas oublier. On peut dire que la pédagogie et l'esthétique se rencontrent de façon très harmonieuse dans cette série de livres. Je me souviens de la salade niçoise, du lapin à la moutarde et autres bananes fondues. Quand nous avons fait le poulet au sel, il a fallu casser la croûte de sel avec un marteau. Ça mintéressait de préparer tout ces plats. J'avais dit sans savoir ce que ça impliquait, que je voulais être cuisinier quand je serai grand. Quand on y pense, beaucoup d'enfants ont du avoir la vocation à la lecture des livres de Michel Oliver. Cette idée m'a vite passé. (écrit le: 2012-09-18) catégorie: cuisine - année: 1986
date: jeudi 15/05/1986 (10 ans) lieu: Colombes
Avec l'école, on va une fois par semaine apprendre à se servir d'un ordinateur. Nous allons en centre-ville de Colombes pour découvrir une machine fabriquée par Thomson: le TO7. Nous étions deux par poste de travail. Ces machines fonctionnaient avec un clavier, et un boîtier muni d'un lecteur de K7. On relie tout ça à un téléviseur. Je fais mes premiers pas en langage Basic. On lance des programmes, et au bout de 5 minutes le logiciel est en mémoire. Mes rares satisfactions venaient d'un programme pour dessiner. Je me souviens d'une de mes créations: il s'agissait d'une fusée. On utilisait des fonctions qui définissaient la position de début et de fin du rectangle, ainsi que la couleur de remplissage (par exemple: box[15,10, 20,25, blue]). Ma mère a fait l'achat d'un MO5 à la même époque. Ce modèle était légèrement différent du TO7, mais permettait de faire la même chose. Les touches du clavier étaient fabriquées dans un plastique souple, et elles restaient souvent coincées quand on appuyait trop fort dessus. En suivant péniblement les instructions trouvées dans un livre, nous avions réussi à créer un jeu, qui consistait à lâcher des bombes sur une ville depuis un petit avion qui descendait progressivement. Si les immeubles n'étaient pas détruits, l'avion se crashait dessus. (écrit le: 2012-09-18) catégorie: informatique - année: 1986
date: vendredi 15/08/1986 (10 ans) lieu: Porto Heli
Avec Sylvaine et ma mère direction Ancône en Italie. En bateau jusqu'à Patra. Nous sommes dans un club de vacances Nouvelles Frontières à Porto Heli. Il y a une île proche (Hydra) sur laquelle nous serons déposés en bateau pendant une après-midi. Nous verrons ensuite Athènes, et tout ses trésors. Il sera ensuite temps de rentrer chez nous. Des paysages magnifiques mais déserts nous émerveillerons en chemin. Ma mère pensait qu'il n'était pas nécessaire de réserver le bateau vers l'Italie, et nous sommes un peu pressés. Il n'y a plus de places sur le bateau. Du coup, il va falloir passer par la Yougoslavie, et foncer en voiture. Le premier jour, nous nous arrêtons pour acheter des légumes sur le bord de la route. Nous allons ensuite faire un pique-nique dans l'actuelle Serbie, qui sera écourté car des gens s'approchaient de nous. Nous dormons au camping de Belgrade, brrr, l'ambiance est glaciale. Le lendemain matin, nous prenons rapidement notre petit déjeuner, puis sans nous arrêter nous roulons pour vite sortir de ce pays arrêté dans le temps, et terriblement anxiogène. (écrit le: 2011-09-07) catégorie: voyages - année: 1986
date: lundi 01/09/1986 (10 ans) lieu: St Leu la forêt
Ça y est, j'entre en 6ème. Je suis terrifié à l'idée d'aller au collège. Ce n'est pas tant le fait d'aller à l'école qui me gêne que d'arriver dans un groupe déjà constitué. Mes futurs camarades de classe étaient ensemble en CM2, moi j'arrive de nulle part. Le matin de la rentrée, je fais ma crise. Je me retient aux poignées des portes de l'appartement mais ma mère arrive quand même à me porter jusqu'à la sortie. Devant l'entrée du collège, on énonce les noms des élèves par classe. J'ai un pic de stress quand ils prononcent mon nom.
(écrit le: 2011-08-05) catégorie: scolarité - année: 1986
date: mercredi 01/10/1986 (10 ans) lieu: St Leu la Forêt
Comme tous les enfants de parents enseignants, je fais allemand première langue au collège. D'abord parce que nous avons des heures de cours en plus, ma mère sait que je suis en classe plutôt que dans la cours de récréation! Ensuite, c'est bien connu, les classes d'élèves qui font allemand en première langue sont meilleures que les autres. Me voici donc dans un groupe manifestement plus intelligent que moi. Comme je suis de la fin de l'année, j'ai en plus de cela un petit retard de croissance sur les autres. Je suis déjà à l'écart, du fait de ma timidité. Premier cours de langue vivante N°1. Mme Cazenave, une femme d'origine allemande, nous lit la première leçon du livre illustré qui nous a été confié au début de l'année, "Komm mit nach Deutschland". Stefen et Uwe, deux collégiens allemands, se rencontrent dans la rue. Ils se saluent, et se demandent tout simplement s'ils ne vont pas aller jouer au football sur le terrain de jeu (?). Notre professeur d'allemand met en route la bande magnétique audio. Il s'agit d'une mince bobine accrochée à une sorte de lecteur relié à un haut-parleur de couleur noire. "-Hallo Stefen -Hallo Uwe -Wohin gehst du ? - Auf den Spielplatz -Willst du Fußball spielen ? -Ja natürlich -Moment, ich komme auch !". Puis une flûte joue un petit morceau. La raison pour laquelle je m'en souviens encore, c'est qu'il fallait apprendre le dialogue par coeur. Tous les cours vont être basés sur des discussions virtuelles entre de jeunes élèves allemands. On apprend à conjuguer les verbes et à maîtriser la grammaire complexe de la langue de Goethe. Enfin, maîtriser c'est un grand mot... Le but de ces exercices consiste à noter notre application à faire la différence entre le datif et le gérondif, et à connaître le genre des noms propres qui traversent les discussions de "Stefen" et "Uwe". Nos évaluations sont entièrement basées sur des devoirs écrits dans lesquels on doit restituer ce que l'on a péniblement retenu. Ce n'est pas glorieux, mais à la fin de l'année, je ne savais toujours pas tenir une simple discussion sur la pluie et le beau temps en langue allemande. A de rares exceptions près, ceux qui ont appris l'allemand à l'école ne s'en servent jamais dans leur vie professionnelle. D'abord parce que les allemands sont très bons en langues étrangères, et ensuite parce que l'anglais s'est imposé en Europe comme langue "par défaut". Ce qui ne veut pas dire que ceux qui ont appris l'anglais dans une école française sachent le parler. On peut se demander d'une manière générale pourquoi le système éducatif français met l'accent sur l'écrit plutôt que sur l'oral. Combien d'élèves de troisième sortent du collège en sachant conjuguer les verbes irréguliers en anglais, mais seraient incapables à Londres de demander un « fish and chips » à un vendeur dans la langue de Shakespeare ?... (écrit le: 2012-07-01) catégorie: scolarité - année: 1986
date: samedi 29/11/1986 (11 ans) lieu: St Leu la Forêt
Mes amis de Colombes ont fait le déplacement pour venir fêter mon anniversaire. Quelle chance, la distance en aurait rebuté plus d'un. En plus, il fait très froid, comme souvent fin novembre. Je porte plusieurs vêtements les uns sur les autres, avec un Teddy bleu et rouge par dessus. C'est sûr, je ne reverrais plus certains d'entre eux, même si je retourne souvent à Colombes pour voir mon père. En attendant, je leur montre les terrains de jeu de la résidence des Diablots, et je m'amuse avec des copains qui me manquent. C'est déjà l'heure de partir, cette journée sera passée trop vite. (écrit le: 2011-08-20) catégorie: anniversaires - année: 1986
date: samedi 06/12/1986 (11 ans) lieu: Paris
Pour notre anniversaire, mon père et Christine vont nous offrir une montre Swatch. Je n'avais jamais mis les pieds dans la boutique des Champs-Élysées et j'étais émerveillé par tous les modèles exposés. Je me souviens des montres colorées, brillantes, elles étaient toutes originales, on peut dire aussi un peu 'kitsch'. La plupart d'entre elles sont complètement démodées aujourd'hui. J'ai flashé sur une montre transparente, avec un cercle jaune-vert fluorescent tout autour du boitier. L'aiguille des heures est rose fluo, celle des minutes représente un éclair blanc et la trotteuse est vert foncé. Le bracelet est en plastique gris. C'est celle là que je veux, elle me plaît! Le modèle s'appelait 'Techno Sphere'. Ma grande soeur a choisi également une montre partiellement transparente. Elle était plus petite (bien sûr, un modèle féminin). Le décor au fond du boîtier représentait une paysage marin stylisé: le bleu du ciel, la mer turquoise et des végétaux au premier plan. Pour suivre cette logique, les deux morceaux du bracelet étaient bleu ciel en haut et bleu turquoise en bas, avec une boucle rouge. C'était le modèle 'Black Coral'. On est sorti de la boutique avec les longues boîtes transparentes contenant nos montres, et on était vraiment contents. Je crois qu'ils n'auraient pas réussi à trouver un plus beau cadeau d'anniversaire à nous faire que celui-là. Malheureusement, nous n'en avons pas vraiment pris soin. Ces montres sont fabriquées dans un plastique assez fragile, et leur point faible est le cadran qui se raye très facilement. J'étais également déçu par la qualité du plastique transparent du boitier qui devenait de plus en plus jaune, et le bracelet s'abîmait. Au bout d'un an ou deux, on ne pouvait plus les mettre. La Swatch est un produit périssable, un accessoire de mode qui capte l'essence d'une époque. J'étais assez amoureux de celle-là. (écrit le: 2014-07-24) catégorie: cadeaux - année: 1986
date: samedi 27/12/1986 (11 ans) lieu: Paris
Mon père se passionnait toujours pour l'art textile. Son magazine évoquait les artistes et les techniques liées à cette activité. Il avait participé à la préparation d'une exposition à la Cité des sciences et de l'industrie. Un numéro de son magazine bi-mensuel décrivait les stands et servait de catalogue à cette occasion. Ce journal de grande taille, "Textile Arts industries" avait une couverture en couleur, mais la plupart des pages étaient en noir et blanc. De grand artistes, mais également des mécènes, étaient présents pour l'évènement. Cette expo, dont il était l'un des commissaires, représentait les avancées technologiques liées à la mode. La mécanique, la robotisation, mais également la chimie, ont radicalement changé notre façon de nous vêtir en quelques décennies. C'était l'époque du Minitel, et la micro-informatique était évidemment présente sur ces stands. Les appareils étaient fournis par la marque française "Bull", aujourd'hui disparue. Pour ma part, je me souviens avec difficulté de ce qui était présenté à cet espace Diderot, sur un espace relativement important. C'est la première fois que j'ai vu du tissu Lycra, sous forme d'une sorte de collant moulant fabriqué avec de l'élasthanne. Il y avait une machine, entourée de vitres en plastique transparent, qui pouvait fabriquer des chaussettes complètement personnalisées, juste en appuyant sur un bouton. On pouvait choisir la taille, la couleur et le motif qui était cousu dans la fibre. J'étais fier d'en rapporter une paire chez moi. Des écrans présentaient des individus, vêtus de manière futuriste, incrustés sur un paysage imaginaire. Il fallait faire correspondre (ou pas) le modèle avec l'univers dont il était issu. C'était « La Banque des Imaginaires ». Il y avait aussi des mannequins habillés avec des vêtements dont les tissus venaient des dernières nouveautés de la recherche scientifique. Un appareil permettait de faire l'essayage virtuel d'un vêtement par l'intermédiaire d'un écran. Cela préfigurait les évolutions technologiques que nous avons connues par la suite. C'est d'ailleurs surprenant qu'avec tout ces trouvailles, cette industrie de pointe ait disparue du continent européen. Qui sait, avec l'ère post-pétrole, serons-nous obligé de relocaliser toute la production de vêtements réalisés aujourd'hui en Asie... (écrit le: 2012-11-03) catégorie: expositions - année: 1986
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