L'optimum religieux

Les trois grandes religions monothéistes posent toutes le même type de questions :

D’où venons-nous ? Pourquoi sommes-nous doté d’une conscience ? Doit-on nous classer parmi les animaux ? Y’a-t-il une raison à nos souffrances ? Et que pense ce vieil homme à barbe blanche qui nous observe de son nuage ?

Imaginez le temps que vous passez à vous inquiéter pour le bien-être de vos proches, la faim dans le Monde, l’environnement, la vie des animaux et le rôle de l’homme sur Terre…Pour toutes ces questions, la religion donne des pistes et quelques guides. Si vous êtes satisfait par ces démonstrations, il est probable que vous allez gagner du temps, mais aussi de l’assurance dans vos convictions personnelles. Dans le cas contraire, vous allez chercher des réponses, parfois malgré vous – en somatisant par exemple – afin de calmer cette angoisse du vide intersidéral et de la vacuité du Monde. Les groupes sectaires se nourrissent de ce vide de sens pour attirer l’attention vers eux, et vous promettent ce soulagement, à condition que vous en ayez les moyens ! Il est possible aussi que vous trouviez du réconfort dans une dépendance plus ou moins destructrice à une substance ou à une activité addictive. Ces conséquences négatives liées à la perte de repères et des valeurs traditionnelles ne surviennent pas chez tout le monde heureusement. D’autant que la tendance générale est à une forme d’indifférence religieuse, en tout cas dans certains pays d’Europe. En France, le nombre de personnes qui disent que la religion est importante dans leur vie quotidienne est de 25% environ. Certains se disent de culture musulmane, juive, catholique ou hindoue, mais à peine la moitié de ceux-là prétendent avoir la foi. Pessoa, et l'intranquilité

illustration tirée de Wikipedia

Qu’est-ce qui nous éloigne de Dieu ? Replaçons-nous dans le contexte historique : les habitudes associées à la pratique religieuse sont en concurrence directes avec d’autres formes de rituels. Sans le vouloir, les besoins matériels et les moyens de les satisfaire nous éloignent progressivement des relations sociales induites par la « culture » religieuse. La société de consommation a-t’elle remplacé des désirs d’éternité par des désirs immédiats ? C’est certainement plus compliqué que cela.

La fragmentation de la société et de la structure familiale ont aidé à faire disparaitre une culture commune à la société. Finalement, les problèmes courants de tous les êtres humains sont gérés différemment en fonction de la tribu à laquelle vous appartenez. Le terreau religieux s’est envolé avec la fin des modèles sociaux bien connus et à l’apparition de multiples codes et rites, d’ailleurs très rapidement obsolètes. Ce qui est ancien est bien souvent considéré comme faux par les jeunes générations, avant même d’avoir été analysé. Difficile alors pour eux de regarder deux mille ans en arrière, quand on regarde avec méfiance ce qui existait il y a dix ans. Même s’il est difficile d’échapper à cette tendance, certains penseurs tracent une troisième voie en défrichant des territoires inconnus.

Les grands philosophes ont des réponses à nous apporter, si vous êtes prêt à consacrer des heures à la lecture de leurs textes…sans compter les migraines. J’avoue que j’ai mis six mois pour lire un livre d’Henri Bergson. Je m’arrêtai à chaque phrase, de longues minutes. Pas de quoi se vanter. Et pourtant, cet « Essai sur les données immédiats de la conscience » m’a ouvert les yeux sur des problèmes que mon esprit n’aurait pas résolus en un siècle. Une fois la boîte de Pandore ouverte, il est plus difficile de se réfugier dans la religion. La philosophie ne guérit pas de l’intranquillité. Quand vous avez répondu à certaines de vos questions, vous en avez deux fois plus qui se posent. Cet inconvénient ne se présente pas si vous avez une confiance absolue dans certains préceptes. La religion ne serait donc pas l'opium du peuple, mais l'optimum d’une sorte de courbe poids/puissance. Quand on pense à l’énergie dépensée à s'interroger, puis qu’on rapporte cela au poids que l’on a sur sa conscience, il est probable que certains choix soient plus rationnels que d’autres. Tout dépend des sacrifices que vous êtes prêt à faire en termes d’implication ou d’obéissance.

Il ne vous reste plus qu’à choisir entre trois solutions : 1. Le cocon de la religion, 2. La chimère entretenue par le marketing 3. Une étendue infinie de connaissances. Je vous laisse choisir, (ou ne pas choisir !) la solution qui vous semble la mieux adaptée à votre cas personnel.

 

« Cancel my subscription to the resurrection»

The Doors

 

Une chose est sûre, nous allons tous mourir un jour. Il est donc hasardeux de se lancer sur une route qui n’a pas de fin. Cette idée de vie après la mort est donc un concept confortable pour soulager la conscience de ceux qui croient en Dieu. Pour illustrer cette idée, prenons un exemple dans le monde animal. Si vous étiez un oiseau, et que votre terrain d’atterrissage était infini, vous n’auriez plus peur de vous écraser. La vie après la mort est comme cette étendue d’eau sur laquelle vous feriez glisser vos pattes palmées avant d’amerrir : quel soulagement de contempler une surface immense et non d’une flaque d’eau. Cette surface, c’est l’océan et il n’est pas infini, mais la courbure de la Terre vous le fait croire. La religion est pour moi comme cette ligne d’horizon sur laquelle notre regard se laisse tromper. Je ne vois pas au-delà, donc je suppose que cet espace n’a pas de limite. Trouver des réponses, être pardonné ou disons soulagé, libéré de ses problèmes existentiels: ce sont des choses que l’on souhaite parfois à la fin de sa vie. Peut-être qu’avant de mourir, certaines personnes deviennent mystiques pour ces raisons là.

Montaigne et Rabelais

aspro

la religion est un choix rationnel

la courbe d'optimum implication/obéissance

 

« Imagine there's no Heaven
It's easy if you try
No hell below us
Above us only sky
Imagine all the people
Living for today »

J. Lennon

Disons que vous n’avez aucun problème. Vous avez tout ce que vous vouliez avoir dans la vie. « Happy few », dirons certains, et vous n’êtes pas nombreux dans ce cas, mais c’est un exemple. Rien ne se présente à l’horizon qui vous fait douter de votre avenir radieux. Pourquoi auriez-vous besoin de soulager vos souffrances ou de chercher à résoudre les problèmes des autres ? La société nous persuade que le danger est partout, qu’il faut se protéger des autres. On peut alors avoir tendance à s’inquiéter pour tout et à se calfeutrer chez soi. Comme souvent, la bonne attitude se situe entre ces deux extrêmes et à garder la porte ouverte à l’inconnu, au bon et au moins bon que la vie met sur notre chemin.

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mis à jour le 16/02/2024 à 23h42