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Trois jours cliquez pour afficher en grand

date: jeudi 08/01/1998 (22 ans) lieu: Mulhouse

Je savais que je n'y couperais pas. Ma lettre de convocation arrive, et je dois me rendre à Mulhouse en plein mois de janvier. Les fameux "trois jours", se sont résumées à quelques heures. J'arrive par le train de bonne heure, et je me trompe de bus en arrivant à Mulhouse. Je me perds, il y avait bien 30 cm de neige sur le trottoir. Je finis par arriver frigorifié et avec 3 heures de retard au rendez-vous. Il n'ont pas l'air de s'en inquiéter, et puis nous sommes nombreux. Les tests se déroulent au pas de charge: audition, vision, analyse d'urine, coordination des mouvements. Un petit jeu vidéo dans lequel il fallait déplacer une fusée dans un labyrinthe, pour savoir si je pouvais être pilote de char. Finalement, je rencontre un conseiller d'orientation. Je lui dit que j'irai là où on me dira d'aller: ce sera l'armée de Terre. "Merci, au revoir". (écrit le: 2011-07-16) catégorie: service militaire année: 1998

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Etudier tout seul cliquez pour afficher en grand

date: lundi 12/01/1998 (22 ans) lieu: Strasbourg

L'école n'a plus de fond propres et doit assurer notre enseignement malgré l'absence d'argent. Déjà que je n'avais pas de cours d'informatique, il va être difficile d'assurer le minimum pour réussir les épreuves. En plus, le déménagement va encore m'éloigner de l'école qui s'installe à Schiltigheim, au nord de Strasbourg, donc à l'opposé de mon logement. Je suis obligé de prendre le tram, puis de faire un changement pour prendre un bus en centre-ville. Je vais d'ailleurs essayer de gagner du temps en y allant parfois à vélo, ce qui est épuisant. C'est un bâtiment qui appartenait à une entreprise dans lequel l'école a du se déplacer pour faire des économies. Rien n'est adapté pour les cours. Il y a des bureaux assez grands pour faire des réunions, mais pas de tableaux: on doit se débrouiller avec les paper-board. Je suis seul à passer le BTS comptabilité-gestion, car les autres se sont découragés ou ont changé d'école. Le stress va monter progressivement jusqu'au mois de mai. (écrit le: 2011-09-02) catégorie: scolarité année: 1998

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Migraines ophtalmiques cliquez pour afficher en grand

date: mercredi 15/04/1998 (22 ans) lieu: Strasbourg

Je travaille beaucoup pour atteindre mon objectif, passer mon BTS comptabilité-gestion. En même temps, je continue mon stage de comptable dans la salle de Café-Théâtre qui m'accueille en alternance une semaine sur deux avec l'école. J'ai le sentiment de devoir franchir une barre qui est placée très bas, si je regarde mes compétences en toute objectivité. Mais cette barre pourrait me faire trébucher tant elle est stressante pour moi. Derrière un échec, je n'aurais d'autre choix que de partir au service militaire sans autre diplôme que mon baccalauréat. Je suis bien loin de mes ambitions d'adolescent. Pour éviter de faire un faux pas, je révise mes cours, je rédige mon dossier-mémoire, et je dors très peu. Quand je n'ai pas assez dormi, et que je me concentre sur un écran, je m'expose directement à une conséquence inévitable, la migraine ophtalmique ou migraine "accompagnée". Le cerveau nous joue parfois des tours improbables. J'imagine que les adeptes des paradis artificiels voient aussi toutes sortes de choses défiler devant leurs yeux quand ils se shootent. Voici l'expérience que me provoquent ces migraines... Je ressens d'abord une fatigue oculaire, et une grande sensibilité à la lumière. Ensuite, vient un petit point lumineux clignotant quelque part dans mon champ de vision. Ce point commence à s'étendre comme une tâche, sur laquelle mon regard n'arrive pas à se poser. C'est un peu comme une guirlande de Noël composée de tout petits points de lumière qui clignotent indépendamment les uns des autres. Les médecins appellent cela des scotomes. La tâche s'étend et devient de plus en plus translucide. Même en gardant les yeux fermés, cette pollution visuelle est présente. Inutile de dire qu'à cette étape j'essaye de m'isoler dans le noir et de ne pas trop bouger. On ne voit pas grand-chose et on est un peu déboussolé dans cette situation. Cela m'oblige à arrêter complètement le travail que je suis en train de faire. Ce genre de migraine arrive toujours au moment où on ne l'attend pas. Si on ne peut pas s'enfermer dans le noir, la seule chose à faire est de fixer un objet du regard. Si on nous pose des questions, il suffit d'expliquer la situation, si on y arrive ! Puis la tâche vibrante quitte doucement le champ de vision. C'est là que la douleur commence. Le mal de crâne arrive très fort, comme un étau qui entoure la tête, des vagues lancinantes de pointes enfoncées dans le cerveau. C'est à ce moment que je prends un comprimé d'ibuprofène. En général, ça calme un peu l'inflammation. On est partagé entre la joie de retrouver la vue et la peur de devoir affronter la souffrance physique, on a plus que ses yeux pour pleurer. Ce sentiment ambivalent est très déstabilisant. Les gens qui n'ont pas vécu cette expérience ne comprennent pas ce qui nous arrive. Le corps nous dit stop, et on est las. Toute résistance est inutile, signe que le repos est absolument nécessaire. Je suis hypermétrope, mais je n'avais pas de lunettes de vue. Même quand j'ai eu des lunettes par la suite, si la correction n'est pas bonne, les migraines arrivaient plus souvent. Je me suis demandé si la cause venait de là. Ce type de migraine pouvait arriver fréquemment, une à deux fois par mois. Cela n'arrive probablement que les jours où je n'ai pas assez dormi, mais c'est assez terrifiant. Quand je les sens venir, j'essaye de les empêcher en arrêtant immédiatement de travailler ou de me concentrer. Parfois, ça marche. (écrit le: 2014-10-04) catégorie: santé année: 1998

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Conseiller pour un piano cliquez pour afficher en grand

date: jeudi 04/06/1998 (22 ans) lieu: Haguenau

Après les épreuves du BTS comptabilité-gestion au lycée technique, j'avais besoin de me détendre. J'étais à Haguenau, et il faisait une chaleur étouffante. J'avais une méthode de piano, et suffisamment de temps libre pour me lancer dans l'apprentissage du solfège et des gammes. Il me manquait juste un clavier, et pour débuter, je pensais m'équiper d'un petit synthétiseur, vu l'état de mes finances.
Je rentre dans un magasin d'instruments de musique sur le chemin entre le lycée et la gare, et je demande si ils ont des pianos pour enfants. "C'est pour quel enfant ?", je commence à m'embrouiller tout seul, "C'est pour ma petite soeur". Je me rend vite compte qu'il ne s'agit pas du style d'objet qu'ils vendent dans cette boutique. Il commence à me montrer un piano droit à 5000F. "Ca lui fera une bonne base pour commencer". Sauf que j'étais loin d'avoir plus de 400F à mettre dans un loisir que je n'aurai certainement pas le temps de pratiquer pendant mon service militaire. Le magasin était climatisé, j'en profite pour me rafraîchir, quitte à m'enferrer dans mon mensonge. Il commence à me faire écouter le son d'un autre piano, encore plus cher, et me joue un morceau entier. Le vendeur est vraiment doué, et je n'ose pas lui dire la vérité. Je botte en touche: "Il faut que je demande à mon père, c'est lui qui va lui offrir, et puis je n'habite pas ici". Je sors du magasin un peu honteux. (écrit le: 2011-07-18) catégorie: quiproquo année: 1998

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Trois zéros cliquez pour afficher en grand

date: Dimanche 12/07/1998 (22 ans) lieu: Strasbourg

La victoire de la France à la Coupe du Monde de Football. Avant cette date, je dois dire que le foot évoquait quelques mauvais souvenirs pour moi. Je n'ai jamais été un bon joueur de champ, j'avais donc souvent le rôle du gardien de but. C'est un sport où on s'emporte souvent, grisé par l'objectif de marquer. On oublie parfois qu'on joue sans protections, et j'ai parfois blessé quelqu'un sans le vouloir, et pris aussi quelques coups. Il est vrai que le niveau d'une cour d'école est très différent de celui d'une Coupe du Monde! Cette fois, il était question de beau jeu, celui qu'on aime voir. C'est un sport télégénique, et cette fois, c'était au tour de la France de l'organiser, et de la gagner. Les français n'arrivent toujours pas à admettre que leur tactique en 1998 consistait à fermer le "cadenas" plutôt qu'à créer des occasions. Et puis, reconnaissons-le, on jouait à la "maison". On peut quand même tirer un coup de chapeau à ces joueurs: Zinédine Zidane, David Trézeguet, Thierry Henry... Lizarazu, Blanc, Thuram. Ils nous ont montré qu'il y avait quelque chose d'harmonieux dans ce sport qui dépasse parfois les barrières culturelles et idéologiques. Ce qui m'a définitivement réconcilié avec le foot, c'est cette émission sur France 5, qu'animait Stéphane Paoli: "Planète Ronde". Il évoquait avec le footballeur Max Bossis l'histoire des Coupes du Monde successives, et leur impact sur la société. Il y a quelque chose d'universel dans ce sport. Mais c'est aussi un des derniers à donner un sentiment de fierté aux européens. Les premières places sont souvent occupées par les Etats-Unis et la Chine dans les autres évènements internationaux. Je n'ai suivi que les matchs importants, sur mon petit poste de télévision dans le studio de Strasbourg que j'occupais. Ce 12 juillet, je suis sorti de chez moi après le match pour voir les cortèges de voiture agitant le drapeau tricolore, et voir les gens heureux faire la fête. L'"effet" Coupe du Monde n'a pas duré longtemps, mais je dois avouer que j'en ai un peu bénéficié dans les mois qui ont suivi cet évènement. Moi qui ne vais pas naturellement vers les autres, je dois dire que ce sujet de conversation a favorisé le dialogue. D'autant que je me préparais à entrer dans une période incertaine, où les rapports humains allaient prendre une part importante: le service militaire ! (écrit le: 2012-02-11) catégorie: évènements année: 1998

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Avant de partir au service… cliquez pour afficher en grand

date: jeudi 30/07/1998 (22 ans) lieu: Saint-Leu-la-forêt

Plus que quelques jours avant de devoir partir faire mon service militaire. De passage en région parisienne pour dire au revoir à ma mère, je suis stressé. J'ai surtout mal aux dents. Plus précisément, j'ai une dent de sagesse qui pousse. Ma gencive est infectée, à droite, au fond de la bouche. Ma mère prend un rendez-vous avec la remplaçante de la dentiste, partie en vacances tout le mois de juillet. Cette jeune femme regarde le fond de ma bouche écarlate. Elle me demande si j'ai pris un anti-inflammatoire. Je lui réponds que non, j'ai pris un comprimé d'ibuprofène. Elle me répond que c'est un anti-inflammatoire ! Après quelques hésitations, elle remarque ma molaire du haut qui semble un peu saillante et décide de la limer pour éviter que ma gencive du bas saigne. Je rentre à la maison mais j'ai toujours mal, cette dentiste a du louper quelque chose. Je sens avec ma langue comme un morceau de dent qui bouge en bas. Je m'enferme dans la salle de bain. Avec mon index, j'essaye de l'enlever en poussant avec mon ongle, mais ça résiste. J'ai du sang plein la bouche et sous mes ongles. Le morceau finit par venir, mais ça ne provient pas d'une dent. C'est de l'os, un petit tétraèdre de 3mm environ, responsable de ma grande douleur depuis quelques semaines. En poussant, la dent de sagesse l'avait détaché de ma mâchoire. Cette fois, le problème est réglé, je peux partir à l'armée l'esprit tranquille. Sans que cela ait le moindre rapport, ma mère m'offre un couteau suisse, en m'expliquant que ça va me servir dans les prochains mois. Je dois dire qu'elle avait complètement raison. (écrit le: 2014-09-14) catégorie: service militaire année: 1998

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Servir cliquez pour afficher en grand

date: mardi 04/08/1998 (22 ans) lieu: Colmar

Incorporation 152ème régiment d'infanterie: les « diables rouges ». Arrivée Caserne Rapp, un endroit sinistre, à 10 minutes en camion de la caserne Walter. Pour les repas, le paquetage et les démarches administratives, il faut prendre ces satanés camions de transport de troupe. Le coiffeur coupe mes cheveux à 1 cm du crâne, je me regarde dans la glace et ne peux m'empêcher de sourire. Nous apprenons rapidement les contraintes: promiscuité, levé à 5h30, TIG (travaux d'intérêts généraux), rangement de l'armoire et lit au carré. Il faut saluer les gradés constamment: on se tient droit et on porte la main au béret, sauf à l'intérieur d'un bâtiment, où il faut lever le menton et taper sur sa cuisse droite pour faire du bruit. Extinction des feux à 22 h. Chaque jour, nous apprenons de nouveaux mots. La cantine s'appelle l' « ordinaire », le postier un « vaguemestre ». On nous prend en photo le 9 aout. Le plus dur reste l'"ordre serré". Il faut marcher au pas cadencé pendant des heures, et apprendre à suivre les ordres à la seconde près. Le caporal dit "ça roule", sauf que ce n'est pas un compliment. Ça signifie que tout le monde ne pose pas le pied par terre en même temps. Je sens que ces 10 mois vont être longs. (écrit le: 2011-08-04) catégorie: service militaire année: 1998

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Orientation cliquez pour afficher en grand

date: lundi 10/08/1998 (22 ans) lieu: Colmar

Suite à notre incorporation, il faut décider de notre affectation: dans quelle compagnie allons-nous être orienté ? Nous partons à la Caserne Walter, où nous rencontrons un par un l'officier orienteur au BGRH (bureau de gestion des ressources humaines). C'est mon tour, je m'assoie sur la chaise et j'enfonce malencontreusement mes grands genoux dans son bureau en acier. "Ce n'est pas grave". Le lieutenant Poidevin est l'un des premiers militaires sympathiques que je rencontre. Il veut savoir d'où je viens, ce que je fais dans la vie. Je lui parle de mes compétences, de ma mère qui travaille à Cergy. Il a besoin de deux développeurs pour créer des applications et d'un secrétaire pour son bureau. Il me demande quel logiciel tourne sur son ordinateur « Excel ? » raté, c'était « Access ». Bon, secrétaire après tout ça ne serait pas mal. La semaine suivante, je passe faire un test bureautique avec d'autres soldats appelés. Il faut reproduire une lettre dans Word à l'identique d'après un modèle sur papier et dans un temps limité. L'autre candidat avec lequel je passe les tests essaye vainement d'enlever les « vagues » rouges sous les mots qui apparaissent à l'écran. « Tu sais comment faire ? », c'est juste des fautes d'orthographe. Je lui dit, mais il n'a pas l'air de connaître les subtilités de Word 97...Bon, on dirait que j'ai le poste. (écrit le: 2011-08-27) catégorie: service militaire année: 1998

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BGRH cliquez pour afficher en grand

date: lundi 14/09/1998 (22 ans) lieu: Colmar

Je travaille au bureau de gestion des ressources humaines. Je suis secrétaire, derrière un bureau. Photocopier, faire le café, rédiger des courriers. C'est dans mes cordes ! Je partage mes tâches avec Emmanuelle, une jeune fille assez paumée qui s'est engagée volontairement dans l'armée. D'ailleurs, la quasi totalité des femmes de la caserne travaillent dans mon service. Il y a peu de tâches à accomplir, mais elles sont répétitives. Les journées sont longues. Chaque matin, nous découvrons de nouvelles notes de service pour telle opération à l'étranger, ou des courriers insignifiants qui doivent être archivés soigneusement. Dans le couloir d'en face travaille Thierry, qui est le clown de l'équipe. Arrivé quelques mois avant nous, cet appelé originaire de Picardie multiplie les facéties, et frôle le manque de respect à chaque fois qu'il est en présence d'un gradé. Le service est dirigé par le lieutenant Poidevin. C'est lui qui m'a reçu pendant les classes. Visiblement abimé par un cancer des poumons, il dirige le bureau d'une main de fer dans un gant de velours. Son grade assez bas en comparaison du travail qu'il effectue me surprend un peu. En effet, il gère tous les effectifs pour les différentes compagnies du régiment. Sébastien et François sont arrivés avec moi. Leur parcours dans l'informatique leur permet quelques libertés, car ils sont chargés de créer des programmes, et personne d'autre qu'eux ne sait faire ce genre de chose. Ils ont donc droit à un bureau où ils sont seuls. Du point de vue pratique, notre tenue veste et pantalon de treillis est vraiment incongrue par rapport à notre environnement. Notre uniforme et nos rangers sont totalement inadaptés à nos journées de travail, mais il faut suivre les règles. Ce ceinturon ma serre à la taille et mes reins me font souffrir. (écrit le: 2011-09-19) catégorie: service militaire année: 1998

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Acronymes cliquez pour afficher en grand

date: lundi 05/10/1998 (22 ans) lieu: Colmar

Efficace. Il faut faire vite, quitte à oublier un peu le sens des mots. Les militaires nous mettent vite au parfum, mais en tant qu'appelés du contingent, on s'y perd un peu. Du coup, on commence à faire une overdose de mots comprimés. RAS: rien à signaler. MEP: montée en puissance. TIG: travaux d'intérêt général. VBL: véhicule blindé léger. VAB: véhicule amphibie. les acronymes à trois lettres nous envahissent la tête. VSL: volontaire service long (il faut être un peu dingue pour être volontaire à ça!). Le LTC est le CDC (lisez lieutenant-colonel, et chef de corps). Tous les grades sont abrégés (1CL, CPL, CCH, SGT, SGC, ADJ, ADC, MJR, ASP, LTN, CPT, CDT, LTC, COL, GEN, GBD, GDI), on oublie pas ceux qui sont TAB (ça signifie qu'ils sont au tableau d'avancement pour passer au grade supérieur). Evidemment, on finit par tout mélanger. Le CPL fait son TIG à la CCL (Compagnie de commandement et de logistique, qui se nomme aussi compagnie des chaises longues !). Hé oui, même les compagnies portent des noms abrégés: CEA (compagnie d'éclairage et d'appui), etc... D'un autre côté, il faut avouer que c'est très pratique, car les rapports sont très courts à écrire et dépassent rarement une page. C'est aussi un moyen de classer très facilement dans des cases tous les courriers que l'on reçoit dont l'objet, la référence et les expéditeurs sont codifiés à l'extrême, ne laissant aucune place à l'ambiguïté. C'est d'autant plus drôle quand le contenu de la lettre est écrit dans un français approximatif ou quand les phrases prennent des tournures qui laissent parfois dubitatif... (écrit le: 2012-03-05) catégorie: service militaire année: 1998

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Ocarina Of Time cliquez pour afficher en grand

date: lundi 21/12/1998 (23 ans) lieu: St Leu La Forêt

J'ai quelques jours de répit au cours de cette épreuve qu'est mon service militaire. Les fêtes de fin d'années sont l'occasion pour moi de retourner chez ma mère en région parisienne. Loris vit encore chez son père et ma mère, dans la maison qu'ils occupent à St Leu la forêt. Je me laisse prendre en charge totalement, car la période qui vient de s'écouler m'a épuisé nerveusement. J'ai peu d'idées sur mon avenir, si ce n'est de chercher un travail en tant que comptable après le service militaire. Je pensais avoir le courage de reprendre des études après ces dix mois passés à Colmar, mais cela me semble désormais impossible. Cet état d'esprit défaitiste est contrasté par l'enthousiasme que je ressens à l'idée d'essayer un nouveau jeu que Loris a acheté. C'est le nouveau « Zelda », le premier développé pour la console Nintendo 64. L'attente des joueurs était donc forte, comme la mienne (même du haut de mes 23 ans !) et elle n'a pas été déçue. La presse est unanime sur « Ocarina Of Time », l'Ocarina du Temps, puisque c'est de ce grand classique vidéoludique dont il s'agit. Tout le monde est en admiration devant cette grande réussite. Faisons la liste de tout ce qui a été inventé pour ce jeu. D'abord, c'est le premier Zelda en trois dimensions, avec un monde ouvert, la plaine d'Hyrule, un espace gigantesque dans lequel des évènements se déroulent de manière scripté. Mais c'est aussi un univers cohérent, avec une alternance du jour et de la nuit dans certaines zones du jeu. C'est également la première fois qu'on peut verrouiller un ennemi avec un bouton situé derrière la manette (le bouton « Z »). Sous le pouce gauche, on trouve également un stick analogique en plastique dur, sur lequel je me souviens m'être fait quelques ampoules. Parlons justement de la manette de cette console qui était vraiment très particulière. Sa forme, et le nombre de boutons qui la composait se prêtait tout particulièrement à une utilisation en tant qu'instrument de musique. Car certaines séquences du jeu ne peuvent être résolues qu'avec l'exécution de petites mélodies d'ocarina sur la manette. Le moteur sonore du jeu permettait donc de laisser libre court à l'imagination du joueur afin qu'il compose lui-même des mélodies à l'ocarina. Mais tout était plutôt encadré, car ils avaient peu de chances d'inventer des mélodies harmonieuses avec les cinq notes mises à leur disposition ! On peut aussi parler des sauts automatiques, de la gestion de la caméra, qui se place souvent au bon endroit, à quelques exceptions près ! D'autant que l'on peut recentrer la visée, toujours en appuyant sur ce fameux bouton « Z »... Tout cela ne serait rien sans une bonne histoire, et surtout une cohérence immersive. C'est ce qui permet de rejouer encore aujourd'hui à ce phénomène de l'histoire des jeux vidéo. Comme un bon roman, ce Zelda nous entraîne avec lui dans un univers que l'on accepte assez facilement. Imaginez être dans un rêve où on vous rappelle toutes les cinq minutes que vous êtes en train de dormir, vous n'auriez pas envie d'y rester ! Les énigmes, l'interaction avec les personnages rencontrés, les phases d'exploration, tout concourt à vous arracher à votre quotidien. Le joueur est impliqué dès le début dans une aventure où il joue un rôle central. On ne peut rester insensible à ce monde qui va basculer dans les ténèbres. Les qualités requises pour le sauver, ainsi que la princesse Zelda en détresse, sont toujours les mêmes : Le courage, la force, la sagesse. Ce sont les piliers de la fameuse « triforce ». Sans l'une de ces qualités, tout s'effondre. Les pouvoirs que nous donnent les trois déesses peuvent servir à faire le bien ou le mal. Cette allégorie du libre arbitre fait écho à nos vies, comme pourrait le faire une religion. Et il ne s'agit pas simplement d'imaginer comment appliquer les principes, il va falloir les mettre en application, même si tout cela est bien virtuel. Le courage, d'abord, en osant affronter des ennemis effrayants. La force, en sortant son épée face à des monstres qui nous agressent. La sagesse, en trouvant la faille qui permettra de les battre. En corollaire, on pourrait ajouter la patience, la persévérance, l'intelligence. Car il faut quelques heures pour finir ce jeu, une cinquantaine tout de même !! Je n'aurais évidemment pas le temps de le finir pendant ces vacances de Noël, mais j'aurais l'occasion de le faire un an et demi plus tard sur une console achetée d'occasion, alors que je vivais dans un studio après avoir trouvé du travail en région parisienne. (écrit le: 2018-12-23) catégorie: jeux vidéo année: 1998 son

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