Télévision numérique terrestre: c’est de la bombe
ARTICLE DE NOVEMBRE 2002
La TNT, vous en avez entendu parler ? C’est une télévision totalement numérisée comme sur le câble ou le satellite, mais diffusée par votre antenne habituelle. La différence avec la TV hertzienne ? D’abord au niveau du contenu, 4 à 5 fois plus de chaînes, avec une offre complémentaire par rapport au satellite. La forme elle aussi surprendra, avec le son numérique et une qualité d’image parfaite même pour ceux qui se situent loin de l’antenne émettrice. Pour ceux qui sont dans des lieux très reculés, pas de changement, la réception ne se fera toujours pas, soit environ 15% de la population française. Par contre, la totalité de l’offre nouvelle (soit 30 chaînes environ avec les chaînes payantes) ne sera visible que par les habitants des grandes villes, les autres devront se contenter d’une vingtaine de chaînes.
Parmi les points négatifs, on risque d’avoir quelques désagréments, avec des images qui se figent ou qui se pixellisent à outrance. Ces problèmes, peu fréquents sont liés à la compression des images, c’est-à-dire le procédé qui permet de faire passer cinq fois plus d’informations dans un " tuyau " qui reste à la même taille. On risque aussi d’être surpris par une certaine " dilution " des programmes, surtout sur les chaînes thématiques. A moins de zapper constamment, les moments calmes vont sembler plus longs à ceux qui attendent un programme de type " généraliste ".
On pourra par contre apprécier le choix offert et la capacité d’interagir (le vote grâce à télécommande sera possible) . Il y aura des regroupements de programmes, comme sur TV5 par exemple qui diffuse le meilleur des chaînes publiques francophones, il s'agira du "best of" des chaînes de France Télévisions. Les programmes seront élargis, le service public prévoit le lancement d’une chaîne d’information continue pour concurrencer LCI. Quelques fréquences ont été gardées disponibles pour la création de canaux d'information locale ou associative.
Une télévision particulière
La force du numérique terrestre est l’information locale: l’augmentation du nombre de canaux facilite l’accès du réseau à des " petites " chaînes. Ce que TV-Breizh fait aujourd’hui en Bretagne pourrait être possible pour chaque région. Patrick Le Lay, PDG de la chaîne bretonne, déplore que celle-ci ne soit " jamais citée en exemple quand on parle de télévision locale ". Après ce coup de gueule d'un des décideurs du monde des médias on peut penser que les futures chaînes locales de la TNT seront calquées sur TV-Breizh.
A l’heure où on accuse le développement des institutions européennes de faire disparaître les particularismes, cette innovation technologique permet exactement le contraire. On peut citer par exemple les pays suivants qui ont déjà leur TNT, et qui proposent des informations en langues locales: la Grande-Bretagne, l’Espagne, les pays scandinaves. Dans le reste du Monde, on sait que les Etats-Unis, l’Australie, le Brésil,... sont déjà équipés du numérique.
L’élargissement de l’Europe à 25 pays est également un pas vers une " régionalisation " européenne. Chaque pays a ses particularismes régionaux, et ce mouvement européen contribue paradoxalement à renforcer ces identités locales, d'autant plus si celles-ci traversent les frontières (les basques, les celtes, les catalans…). Si cette localisation de l’information se poursuit, on peut imaginer une télévision de ville ou de quartier, qui viendrait en complément des programmes régionaux. Pourquoi ne pas imaginer un programme par immeuble, par maison,... alors que la vidéosurveillance prend des proportions inquiétantes, on peut tout imaginer !
Comment rentabiliser le numérique terrestre ? La profusion des programmes, l’afflux de nouvelles possibilités pour le téléspectateur est-il coûteux ?
Comme il y aura plus de chaînes, il y aura aussi plus de moyens de zapper d’une chaîne à l’autre pendant la pub ! Et ça c’est mauvais pour les recettes publicitaires.
D’abord, la multidiffusion du même programme à des horaires différents permettra de rentabiliser les investissements. Ensuite, puisque les programmes se spécialisent, il sera donc plus facile d’atteindre un public en particulier (sportifs sur les chaînes de sport, ...) . Enfin, les programmes vont être allongés, c’est le problème de la " dilution " des programmes, avec des sujets et des émissions dont on aurait coupé 20 minutes si on les avait diffusées sur une chaîne généraliste. Mais après tout, il s’agit de donner une nouvelle dimension à la télévision hertzienne accessible à tous, une sorte de " dépoussiérage " en sorte.
Le Ministre de la culture l’a confirmé, le début de cette aventure est fixé pour le début de l’année 2004, pas avant. Mais les chaînes hertziennes seront toujours diffusées de manière " classique " jusqu’à nouvel ordre après cette date. La réception du numérique présente un inconvénient, il faudra s’équiper d’un terminal capable de décoder le signal compressé. On pourra louer ou acheter ces machines, sortes de petits ordinateurs, plats comme un décodeur, dont les fonctions peuvent cependant aller beaucoup plus loin, comme le contrôle parental, la lecture de musique au format mp3, l’accès à internet,… Les émissions cryptées comme sur Canal + seront plus nombreuses, et la présence d'un lecteur de carte à puce sur ces terminaux laisse présager l'avènement du "pay per view" , soit le fait de payer par carte bleue pour voir un programme particulièrement alléchant.
Cryptages
La suppression du X à la télé semble être le nouveau cheval de bataille du CSA. Dominique Baudis a déjà réussi à imposer une nouvelle signalétique pour les programmes interdits aux moins de 10 ans, 12 ans, 16 ans et 18 ans. L'âge autorisé est inscrit dans un petit rond blanc en bas à droite de l'écran, c'est tout de même plus clair que les ronds, les carrés, les triangles et les
, on est pas sur Playstation 2 après tout ! L'autre acteur important de cette prise de conscience est le Ministre de la Famille, Christian Jacob, qui souhaite l'interdiction pure et simple de la pornographie à la télévision. Avec près de 900 films diffusés chaque mois, c'est la France qui arrive en tête dans le classement européen. La demande est donc très forte, avec une dizaine de chaînes concernées, et les occasions pour les enfants d'être confrontés à ce type d'image sont d'autant plus nombreuses. Pourtant il existe des moyens pour empêcher les mineurs de voir ce qu'ils ne doivent pas voir, en mettant un contrôle d'accès ou en enlevant la "clé" du décodeur de Canal+. Dans ces situations c'est bien sûr la responsabilité des parents qui est mise en cause. Le président du CSA semble pourtant conscient du problème et prétend qu’il ne fait qu’appliquer une directive européenne que nous sommes apparemment les seuls à ne pas respecter.
Canal + n’est toujours pas sorti de l’auberge, avec les déboires de Vivendi, ses abonnés qui désertent, mais aussi l’audience de sa première partie de soirée qui flanche. Même l’anniversaire des 18 ans de la chaîne s’est fait de manière extrêment confidentielle, à croire que les crédits sont gelés, même pour fêter un événement important.
Hypershow : Liquidation totale
Beigbeder : une fausse bonne idée ? Si l’audience n’est pas au rendez-vous, c’est surtout parce que les téléspectateurs ne se retrouvait pas dans cette ambiance un peu folle que l’animateur a installée à 18h30 sur la chaîne. Même après un recadrage et un coup de pouce du directeur de l’antenne, il semble que son remplacement soit inéluctable. Le nom du successeur est déjà connu : le 2 décembre, c’est Maurad qui remplacera l’auteur de " 99 francs ". Déjà connu sur NRJ pour ses émissions décalés et son franc parler, Maurad est l’homme de la situation d’après Dominique Farrugia. L’émission qu’il présentera remplacera l’ " Hypershow " , et sera tiré d’un concept britannique. Talia, la bombe atomique de "Tout le monde en parle" co-présenterait l'émission. C’est Nagui qui produira.
Toujours en quête de nouveaux abonnés et de téléspectateurs, Canal étudie la possibilité de produire un reality-show, ainsi que des fictions " familiales ". La télé-réalité selon Farrugia prendra le ton de " The Osbournes " diffusée sur MTV, une série sur la vraie vie de la star du rock Ozzy Osbourne, qui s'arrête après sa deuxième saison (pour cause de problème de santé de la femme du rockeur). Cette télé-réalité à base de personnalités du show-biz brise des tabous, mais on peut se questionner sur les dangers que peuvent présenter ce programme pour la famille des stars sous surveillance. La seule question qui se pose est : a-t-on en France une quelqu'un d'aussi déjanté qu'Ozzy ? Oui répond le directeur des programmes: Joey Starr ? et pourquoi pas Francis Lalanne pendant qu’on y est !

ARTICLE DE SEPTEMBRE 2002
? Publicité sur les portables
Publicité Orange "à la seconde" : « Allô, Sylvie ma chérie ? - Non c'est son mari » 4 secondes.
« Attends-moi j’arrive - Dis ça au train » 3 secondes.
Ces publicités plutôt drôles et sympathiques cachent en fait une autre réalité.
Sur un marché dominé par Orange de France Telecom (environ 50% des parts de marché) mais qui plafonne à 37,8 millions d'abonnés, l'opérateur a décidé de facturer ses appels à la seconde, à partir de la première seconde. S'il faut saluer cette initiative (même si les associations de consommateur l'attendent depuis longtemps) on doit aussi dire qu'Orange va surfacturer ses abonnés. Les appels qui seront passés vers les mobiles d'autres compagnies (SFR et Bouygues) coûterons 12 centimes par minute et ce même pour les personnes qui ont des forfaits, donnant lieu à une ligne supplémentaire sur les factures.
Ce n'est pas la première fois qu'un message "approximatif" est délivré par les opérateurs sur leur offre tarifaire. Il faut dire que les tarifs des appels ont atteint des sommets de complication. On nous faisait croire que les communications étaient facturées à la seconde,ce qui a entraîné les condamnations d'Orange et Bouygues (la facturation de la première minute est indivisible, puis se fait par paliers de 30 secondes). Quant à SFR, qui facturait à la seconde avant de passer aux paliers, il a été condamné pour modification abusive de contrat.
Arrivée de l'image et du son sur les mobiles : Retard sur l'UMTS.
Meilleur débit, qualité de l'image et du son, ce système permettrait de transformer les téléphones portables en véritable plate-forme multimédia, et de recevoir des clips, des émissions, et les infos. Pourquoi n'a-t-on toujours pas accès à cette véritable nouveauté en matière de communication ? La raison est simple: les grands projets concernant l'arrivée de cette nouvelle technologie en Europe sont de l'histoire ancienne. Les faillites et autres déconvenues dans le monde de la télécommunication, notamment celle de Worldcom, ne sont pas étrangères au ralentissement du développement de ces techniques coûteuses. On est loin de l'euphorie qui accompagnait le boom des valeurs technologiques en 2000. La plupart des projets sont reportés à 2004, s’ils ne sont pas tout simplement abandonnés.
L'arrivée de l'i-mode annoncé: Rival de l'UMTS, l'i-mode permet d'accéder à Internet à travers son mobile à moindre frais. Les informations accessibles ne sont que du texte. Bouygues sera le premier à mettre ce service en fonction d'ici quelques mois, alors qu'en Allemagne et aux Pays-Bas, celui-ci existe depuis 6 mois. Ce mode de communication existe par contre depuis plusieurs années au Japon
Au Japon justement, où la technique de pointe devient accessible au grand public bien plus rapidement, le lancement de téléphones qui permettent de prendre des photos et les envoyer à ses correspondants a eu beaucoup de succès. Le déclin de l'économie n'a pas vraiment affecté les telecom, même si un ralentissement se fait sentir. Par exemple, la société japonaise NTT DoCoMo a été la première à se lancer dans la technologie UMTS, l'année dernière. Mais la couverture du réseau, le prix des portables et la durée de vie des batteries n’ont pas permis à l'opérateur d'atteindre ses objectifs en terme de clients. La saturation atteint les réseaux de communication nippons, et les effets de la crise au Japon commencent à être sensibles dans ce domaine.
? La Télé réalité au Japon
Plus l'économie va mal, plus le besoin de voir des émissions voyeuristes se fait sentir. Cependant, et même si la récession fait des ravages au pays du Soleil levant, l'émission "Survivor" tirée de la version américaine du jeu de survie en groupe ("Koh-Lanta" pour la version française) n'a pas eu le succès qu'escomptait la chaîne japonaise TBS (Tokyo Broadcasting System). L'animateur n'est pas en cause dans cet échec, contrairement à la version française (Denis Brogniart, grand reporter, anime "Koh-Lanta 2" avec un manque de punch incroyable).
Ce qui a empêché les scores d'audience de décoller vient du caractère des japonais : l'émission insistait sur les différences entre les participants, et leur caractère apparaissait au premier plan. Les sentiments des 16 participants étaient décrits de façon minutieuse. Le vainqueur de ce jeu est celui qui arrive à franchir les obstacles et à éliminer les autres. Ce concept n'a vraiment pas scotché les téléspectateurs dans un pays où la peur de se faire exclure du groupe est toujours aussi forte.
Ils n’étaient pas nombreux à regarder, à peine 6% d’audimat ! Dans un autre registre, carrément opposé, une émission japonaise (Susunu ! Denpa shônen) présentait deux participants qui devaient traverser des continents entiers et trouver un travail, en voyageant grâce à l'argent récolté dans les pays visités. L'entraide et la tolérance que ces épreuves demandaient ont assuré un succès à l'émission. On est bien loin en effet de l'élimination style "Loft Story". Le travail en groupe, la communion des individus, toutes ces valeurs ont pour le Japonais un sens beaucoup plus fort que partout ailleurs. Une autre émission japonaise à succès fait appel aux téléspectateurs, il s'agit de "The Future Diary", également diffusé sur TBS. Ce sitcom tourné dans différents pays du Monde fait jouer des téléspectateurs dans des rôles qui sont écrits pour eux. Le dernier casting a vu 3500 personnes auditionnées pour l'épisode numéro 8. Même si les scènes ne représentent pas la réalité, le fait que les acteurs changent à chaque épisode rappelle la célèbre phrase d'Andy Warhol…Il ne fait aucun doute que la présence de "vrais" gens dans ce sitcom a entraîné l'audience à la hausse. Même si l'individu est prédominant dans cette émission, les Japonais ont le sentiment de se reconnaître dans cette représentation de leur réalité.
Le P.A.J. (paysage audiovisuel japonais) est un peu différent de notre P.A.F. : Les chaînes de la NHK forment le réseau public. Il s'agit de chaînes généralistes et autonomes, entièrement financées par la redevance. Elles ne diffusent absolument aucune page de publicité et créent elles-mêmes la majorité de leurs programmes. Bien sûr, elles achètent aussi des programmes dits clé-en-mains ou des films étrangers. Globalement, l'ambiance du service public est plutôt feutrée et sobre, ciblant un public âgé, mélomane et d'un niveau d'instruction assez élevé.
Ensuite, il y a les cinq chaînes hertziennes privées, répondant aux doux noms de Nippon Television (NTV 4), Tokyo Broadcasting System (TBS 6), Fuji Television (Fuji 8), Asahi Television (TV Tokyo 12). Toutes vivent des revenus de la publicité. Leur ligne de programmation est quasiment identique et peut se résumer par une seule expression : strass et paillettes. Voilà ce qu’en dit un spécialiste des émissions japonaises : « Si vous survivez à ces séries aseptisées et niaises au possible (à quelques rares exceptions près), vous devez ensuite affronter les émissions de cuisine ou de variétés. Mais le plus éprouvant reste le nombre d'écrans publicitaires qui coupent ces programmes (en moyenne dix minutes par heure). Il faut dire que les chaînes doivent débourser beaucoup d'argent pour payer toutes les stars qui animent leurs émissions (on retrouve d'ailleurs les mêmes présentateurs d'une chaîne à l'autre). En bref, les émissions japonaises se déroulent à peu près comme suit. La journée est composée uniquement de programmes pour les femmes au foyer, et ce quelle que soit la chaîne de télévision : feuilletons, émissions people (Voici et Gala version télévisée) et sur la mode. Bref, c'est vraiment TF1 multiplié par 5, y compris les plages de publicité. Ensuite, de 17 à 19 heures, la grille est occupée par les programmes pour enfant. Après ceux-ci, place aux informations du soir et aux jeux. » (Pierre Giner)
A partir de 21 heures, les programmes de la soirée débutent. En début de semaine, du lundi au mercredi soir, il y a des feuilletons et des émissions de cuisine ou de voyage (voire les deux en même temps). On trouve aussi des émissions de quizz ou d'épreuves sportives, genre Fort Boyard ou Intervilles réunis. Celles-ci sont cruelles pour les participants. La défaite est souvent synonyme de chute, de punition corporelle etc. Le Japonais n'hésite souvent pas à se moquer de lui-même pour passer à la télévision.
En fin de semaine, les dramas cèdent la place à des films souvent américains et de séries Z, auxquels succèdent des variétés. L'après-soirée est généralement dévolue aux japonais célibataires ou à ceux qui rentrent tard du bureau : films (américains ou japonais), magazines économiques ou politiques etc. Les émissions de genre « Big Brother » n’ont atterries que récemment dans leurs grilles de programme.
Luc Ferry juge les émissions de télé réalité dans une interview accordée au Monde le 10 août 2002. Récemment nommé Ministre de l'enseignement du gouvernement Raffarin, il n'est pas hostile à la télévision. Il dit même apprécier « Rive droite - Rive gauche » sur Paris Première. "Thierry Ardisson est l’un des meilleurs intervieweurs actuels. Il prépare bien ses entretiens et sait vous mettre à l’aise." :
Que pensez-vous de l’irruption de la télé réalité ?
C’est vrai qu’elle est parfois tragiquement nulle. Cela dit, je ne crois pas que ce soit si dangereux que certains le disent. Pour les gamins, « Loft Story » a été une sorte de cours d’éducation amoureuse diffusé en direct. Je me souviens d’une conversation entre Loana et une autre fille à propos d’un garçon dont elles assuraient doctement qu’il « embrassait très bien ». Je suis sûr que pour beaucoup d’adolescents c’était une information de premier ordre...
Ce qui me paraît grave, c’est la confusion des genres. Il y a danger lorsqu’on s’imagine assister à une représentation de forte valeur culturelle alors que c’est du fond de poubelle. Cela m’émeut toujours lorsque les gens se font avoir parce qu’ils viennent de milieux peu favorisés culturellement. Mais comme je suis démocrate, je crois que le public est en général assez intelligent pour se rendre compte que le « Loft », ce n’est pas aussi génial que ça. Ils ont parfaitement conscience qu’ils regardent une ânerie et je doute qu’ils prennent vraiment Doc Gyneco pour Mozart...
Reste que l’idéologie véhiculée par la télé réalité s’articule autour de l’exclusion, de l’humiliation...
C’est insupportable, mais il faut tenter de comprendre pourquoi ça marche. Lorsque l’on fait cet effort au lieu d’être dans une position d’intellectuel élitiste, on s’aperçoit qu’il y a des raisons, même si elles sont mauvaises... Face à cette idéologie que vous stigmatisez à juste titre, je ne vois pas d’autre réponse que l’éducation elle-même. L’élévation du niveau culturel des enfants reste l’objectif prioritaire. Quand on a eu la chance de comprendre réellement le sens d’une grande œuvre, qu’elle soit littéraire, philosophique ou artistique, on ne se laisse plus tromper par la « trash-TV »...
Luc Ferry est certainement le plus atypique des Ministres de l’éducation : philosophe, centriste et "posé". Avec un nom comme ça, on a du mal à imaginer les étudiants dans la rue crier «Ferry des sous ! ». On sait pourtant quelle sera la réaction des syndicats d’enseignants et des fédérations de parents d’élèves si les restrictions budgétaires dans l'enseignement étaient confirmées. Le rôle du rapporteur de mauvaises nouvelles était tenu par Xavier Darcos, le responsable chargé du budget de l'enseignement, et non par Ferry lui-même. Le gouvernement ne souhaite pas casser l'image de leur Ministre "sympathique" !
Pour l’éditorialiste de Libération (lundi 2 septembre 2002), la droite semble avoir déjà
oublié « ce qu’il advient quand on fanfaronne sur la graisse du mammouth»…La nouvelle politique de communication du gouvernement semble donc se dessiner. D'autre part Jean-Jacques Aillagon, le Ministre de la Culture, a annoncé une possible augmentation de la redevance télévisuelle.
La fin d'une hypocrisie, ou celle de l'indépendance des chaînes publiques ? Alors même que les dissonances dans la majorité commencent à se faire entendre, le ministre veut modifier le mode de perception de cette taxe. Le rattachement à la taxe d'habitation « figure parmi les hypothèses retenues ». Bien sûr, seuls ceux qui payaient la redevance paieront ce supplément sur leur taxe d'habitation. Estimant que le mode de perception de la redevance devait être modifié "dans un souci d’efficacité". « Il vaut mieux que la redevance finance des programmes plutôt qu’un mode de perception coûteux », souligne M. Aillagon en indiquant qu’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) évoque la nécessité « de simplifier les modes de recouvrement ». Dommage que le passage à l'euro puisse entraîner une augmentation de 3%, soit de 116,5 euros à 120 euros, un simple "ajustement", selon le Ministre, en ajoutant cependant qu’il appartient à J-Pierre Raffarin « d’apprécier cette proposition » . François Scellier, Président du Conseil Général UMP du Val d’Oise, juge quant à lui que la redevance est « une taxe aussi impopulaire qu’obsolète » et préconise sa disparition, les programmes seraient alors financés par les impôts sur le revenu.
? La redevance: qui la paye ? A quoi sert-elle ?
La quasi-totalité de cette taxe sert à ce qui est vraiment utile. La redevance a été instituée pour financer les programmes. Radio France, Arte, France 5 tirent leurs revenus de cette taxe. La croissance de la communication et des médias est telle que les chaînes publiques de radio et de télé ont de plus en plus recours à la publicité. La redevance n'a pas disparue pour autant, parce que les sommes reçues via la redevance doivent servir à diminuer les publicités. C'est donc une aubaine pour le Ministère de la Communication qui n'a pas à batailler avec le Budget pour obtenir une grande partie de son financement. La décision d’augmenter son taux est unilatérale et n’est pas soumis au vote du Parlement! Chaque année cet impôt coûte plus cher à récolter, à cause des vérifications que des agents doivent faire. De plus, beaucoup de gens essayent d'y échapper, et le montant à payer se voit reporter sur un nombre moins important de foyers. Plus de 7% des foyers équipés de télé ne paieraient pas la redevance selon un sondage!
Voici des exemples à ne pas suivre, inspirés par des petits malins qui arrivent à y échapper:
"La déclaration est obligatoire lorsqu'on achète un appareil de télé neuf. Des astuces consistent à faire acheter un appareil par quelqu'un qui paye déjà la redevance. Vous pouvez également l'acheter d'occasion à un particulier (en payant en liquide si possible !). Une autre personne a échappé à la taxe alors qu'un agent venait pour la contrôler : il avait dévissé le tuner (la boite qui sert à recevoir les images à partir de l'antenne de télévision) de son appareil. L'agent n'a pu que constater l'impossibilité de recevoir les images, et n'a pas pu obliger cette personne à payer. Après le départ de l'agent, la personne en question a rebranché son magnétoscope (ces appareils ont un tuner, même s'ils échappent à la redevance) et a regardé la télévision sans aucun problème."
Reste que la réforme de la redevance audiovisuelle est un sujet d'inquiétude pour les syndicats SNUI-FDSU, CGT et FO de Bercy, 1500 agents sont employés aujourd'hui pour gérer la perception et contrôler la présence d'un téléviseur dans chaque logement. Ces agents n'ont pas envie de perdre leur poste. Le secteur de l'audiovisuel est inquiet lui aussi, car la fin du mode actuel de perception entraînerait à coup sûr une budgétisation du financement de l’audiovisuel, posant le problème de son indépendance.
Le souci de M. Aillagon est de créer de réelles économies, il a choisi par exemple de diminuer le nombre de chaînes de service public qui seront diffusées sur la TNT (télévision numérique terrestre), le grand chantier des prochaines années en matière de diffusion de support télévisuel…
ARTICLE DE JUIN 2002
ŸLoft Story 2- la victoire de l’individu sur la majorité
extraits de dialogue :
Angela :"Tu vas voir la rassurance que tu vas prendre..."
Angela :"C'est pas ma faute, et quand je vois la langue chat, je vois les autres..."
Thomas: "Quand je DONNE ma langue au chat!"
Angela : "Faut que je fasse des mèches, je trouve qu'elles ont hyper beigi... Je sais pas si ça se dit..."
Angela: "Alors comment tu veux que je me todo... auto-dérise... C'est ça?"
Karine: "Ouais"...
Angela : "Y a pas une merde plus que l'autre ou une... un prétentieux... plus que l'autre!"
Angela: regarde les poules ! c’est cool de regarder des animaux manger... dormir...
Thomas: oui... ça s’appelle loft story ma cocotte
Il y a deux catégories de gens sur Terre: ceux qui ont la télé et ceux qui auraient préféré ne jamais l’avoir. Je m’adresse à la deuxième catégorie de gens, car je suis moi-même accro à la télé, mais quitte à choisir, j’aurais préféré qu’elle n’existe pas !
Ahh... cette impression de honte et cette fascination qui nous envahi lorsqu’on regarde Loft Story ! J’aurais du ajouter : l’impression d’ennui, vu que " tranquille " était le maître mot cette année (ça se prononce "trênnnqquuillllleeuu…"). Les résumés quotidiens de 50 mn sur M6 sont presque plus longs que la phase de réveil des lofteurs dans une journée!
Le progrès venait des participants cette année. Dépucelés (dans tous les sens du terme) par le succès de la version 1.0, les membres du Loft 2.0 n’ont pas la candeur de ceux de l’année dernière. Ils avaient tous l’intention de profiter de l’occase pour se faire un nom. la bonne surprise vient du casting. Deux lofteurs qui sortent un peu du lot et se remettent en question :
La fêtarde, barmaid, qui essaye d’étoffer son vocabulaire (l’ "ingénue" Angela) et le " p’tit pédé" (expression sortie du nouvel album de Renaud !) , qui n’est vraiment pas la moitié d’un con (Thomas). Ce dernier a une qualité incroyable : il lui arrive de changer d'avis après réflexion! Ces deux-là sont les vrais gagnants de cette année, deux individus humains, loin des caricatures qu' M6 aurait voulu qu'ils soient.
On sent que les producteurs de l'émission n'ont pas eu ce qu'ils voulaient cette année. La fameuse "salle CSA" dans laquelle il n'y a pas de caméra, est peut-être une des raisons de cette déception pour la production. La salle imposée par le CSA n'était prévue que pour 2 ou 3 personnes, et facilitait les ragots et les jalousies à l'intérieur du loft. Les participants faisaient dans cette salle tout ce qui était trop difficile à dire ou faire devant tout le monde.
Le débat de l'année dernière concernait l'avenir des lofteurs, on disait surtout que leur succès serait éphémère et que les individus en sortiraient "cassés" ou "minés à vie". Cette année, il n'a jamais été question de cela, peut-être à cause du moindre succès de l'émission, ou parce que les Loana, Laure et Steevy passent encore sur le petit écran.
La question que tout le monde se pose est : y aura-t-il un Loft 3.0 ?
ŸCanal + - toujours moins de canal
Le programme de Canal perd de + en + d’originalité, le groupe Vivendi Universal souffre en Bourse et avec lui la liberté de ton de la chaîne de la déconne. Avec le départ de Lescure, les programmes semblent aller vers plus de sport et de rediffusion de films. VU semble se désengager des médias progressivement, et cède Canal + Technologies, ce qui fait peser des menaces sur la chaîne cryptée
Si le " krach " du 25 juin pour Vivendi (-23.31%) n’a pas de retentissement direct sur les programmes de Canal, il pourrait handicaper la chaîne pour quelques temps. D’autant que J2M est sur la sellette, et que le Conseil d’Etat va rendre un avis sur la conformité de Canal avec la législation européenne. Une loi de 1986 interdit à une chaîne d’être détenue à + de 20% par des actionnaires extérieurs à l’Europe. Cette décision pourrait tout simplement entraîner le CSA à retirer l’autorisation d’émettre à Canal !
On peut noter quelques nouveautés tout de même, mais seulement après les vacances. La rentrée s’annonce " beigbedérienne ". L’ancien publicitaire Frédéric Beigbeder, encensé pour son best seller " 99 francs " (renommé " 14€99 ") co-présentera avec un ancien de la chaîne Comédie! (Jonathan Lambert) l’ "Hypershow ", une sorte de Nulle Part Ailleurs. Cette émission sera suivie du " JBN " le journal des bonnes nouvelles, dans le ton du " Vrai Journal ", et sera co-produite par Karl Zero.
On attend avec impatiente le résultat !
Ÿle journal télévisé - le thème de l’insécurité, la campagne politique de Jospin (reportage sur france2) , la ligne éditoriale des présentateurs de jt est-elle si différente d’une chaîne a l’autre ? pujadas contre ppda
Ÿla redevance: qui la paye ? A quoi sert-elle ?
Cette hypocrisie qui consiste à montrer que la redevance est le seul moyen de protéger notre exception culturelle en matière de Radio et Télévision est énervante. On paye la redevance pour que soient financée l'indépendance du Ministère de la Culture et de la Communication vis-à-vis du Ministère du Budget . Je m'explique ; il y a une somme allouée chaque année à chaque Ministère, en fonction des besoins, et des choix politiques du gouvernement. La quasi-totalité de ce budget alloué à la Culture sert à ce qui est vraiment utile. La redevance a été instituée pour financer les programmes sans la publicité. Mais la croissance de la communication et des médias est telle que les chaînes publiques de radio et de télé ont eu recours à la Pub. Mais la redevance n'a pas été abolie pour autant, parce que les sommes reçues via la redevance doivent servir à la communication et pas à autre chose. C'est donc une aubaine pour le Ministère de la Communication qui n'a pas à batailler avec le Budget pour obtenir une grande partie de son financement. Comme chaque année cet impôt coûte plus cher à récolter, à cause des vérifications que des agents doivent faire. De plus , beaucoup de gens essaye d'y échapper, et le montant à payer se voit reporter sur un nombre moins important de foyers. C'est donc un impôt à supprimer d'urgence, d'autant qu'il n'est pas proportionnel à la richesse des gens qui la paye, cet impôt ne sert qu'à maintenir un semblant d'indépendance à une poignée de gens.
Le débat est ouvert !
ŸStar academy 2 sur TF1-Pop Stars 2 sur M6 ¹ Noir Désir, Renaud et Aston villa.
Certains "vrais" groupes ne cachent pas leur hostilité à des groupes reconstitués, ou soi-disant choisis par le public à travers des émissions de télé-réalité, et dont l’ascension est médiatisée à outrance. Lors des dernières Victoires de la Musique sur France 2, on se souvient notamment du coup de gueule d'Aston Villa. Jean-Louis Foulquier, qui annonce " ses " Francofolies à La Rochelle, avec des groupes comme Benabar, Mass Hysteria, … ( du 7 au 18 juillet) a un avis très tranché sur la question. Il reproche un mode de création " de groupes qui apprennent en 3 mois à faire de la musique " (France Inter), gageons que la sélection de son festival, même si elle est jeune, a besoin de plusieurs années pour s’imposer sur la scène musicale. Si le succès rapide n’est pas forcement un gage de qualité, il ne signifie pas obligatoirement que Jennifer et consorts ne chantent que " de la Merde… Oui de la Merde ! ". L’important est que tout le monde y trouve sont compte, même si les chansons " à texte " de Benabar nous changent des beuglements d’un Jean-Pascal !
Ÿla publicité:
Suite au festival de pub à Cannes clos le 23 juin dernier, le Lion d’or a été attribué entre autres à " Champagne ", la publicité pour la console Microsoft X-Box qui montrait un bébé éjecté du ventre de sa mère, s’envole et vieillit à vue d’œil pour arriver finalement dans sa tombe. Le message est le suivant: "La vie est trop courte, alors jouez plus" (Life’s short, play more). Une pub réalisée par des anglais, mais dont les deux créatifs sont français (Farid Mokart et Fred Raillard), et qui est maintenant accusée de plagiat par une réalisatrice de court métrage. Le spot "Champagne" n'a donc pas été du goût d'Audrey Schebat, jeune réalisatrice française de 29 ans, dont le premier court-métrage "Life", sorti à l'été 2001, ressemble étrangement à la pub de la X-box, comme l'a affirmé Nathalie Chambaz, responsable de Cosa Nostra Entertainment, la société qui a produit ce film. Audrey Schebat est, quant à elle, convaincue qu'il y a eu copie. "Il s'agit pour moi d'une blessure intime et personnelle", a-t-elle confié. D'après la productrice, le film de Schebat montre la vie d'un homme, de la naissance à la mort, en un seul plan séquence. Le personnage passe de l'état de bébé à celui de vieillard grâce au morphing. Bref, il s'agirait du même concept, tout de même sans l'accouchement, la séquence de voltige et la fin funèbre teintée d'humour noir.
Nathalie Chambaz détaille pourquoi ils ont décidé de porter plainte: "Maintenant, on nous dit, "Tiens votre film ressemble à la pub de Microsoft!"". Présenté dans les festivals internationaux, ce film diffusé plusieurs fois à la télévision (dont Télé Monte-Carlo), aura plus de mal à attirer de nouveaux diffuseurs, se plaint la productrice. "Le film se trouve [désormais] dévalorisé par cet effet de "déjà vu", causé par la campagne mondiale de Microsoft", poursuit-elle. La société de production et Audrey Schebat ont donc engagé en avril dernier une procédure pour contrefaçon à l'encontre de Microsoft et de l'agence BBH devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris. Une saisie de cassettes vidéo du spot "Champagne" a été effectuée par un huissier chez Microsoft France, explique la productrice. Le 24 juin, les avocats des deux parties se sont rencontrés pour une audience de conciliation au TGI de Paris, qui n'a rien donné. Le juge a donc fixé une nouvelle audience sur le fond, cette fois, au 23 septembre prochain, devant la 3e chambre correctionnelle, celle traitant des affaires de contrefaçon. "Nous demandons des dommages et intérêts", a expliqué Nathalie Chambaz sans en préciser le montant. "Life", qui est la première production de Cosa Nostra, a coûté environ 38000 euros et demandé deux ans de travail, nous a précisé la responsable. Microsoft France ne se prononcera pas sur le fond de l'affaire. Précisant juste que ce spot, réservé pour une diffusion TV uniquement, n'a été diffusé que durant le mois de mars. Un représentant de l'agence BBH a déclaré au quotidien canadien de Toronto, The Globe and Mail, être "au courant de la procédure en justice initiée par Mlle Schebat en France, qui sera défendue vigoureusement". Enfin, la bible du monde de la publicité, l'hebdo américain Advertising Age, qui suit également l'affaire, indique par ailleurs que cette campagne de Microsoft a également déjà été critiquée pour la ressemblance de son slogan "Life is short. Play more", avec celui de Reebok, "Life is short. Play hard". (article Ó ZD-Net 26/6/02)